Bubbles
Ma culture en matière de BD tutoyant le néant, il était grand temps que je m'y attèle. Je garderai ici une trace de mes lectures. N'hésitez pas à m'en recommander !
57 BD
créee il y a presque 3 ans · modifiée il y a 8 joursLe Jeune Acteur, tome 1 (2021)
Sortie : 4 novembre 2021.
Roman graphique de Riad Sattouf
Paul_ a mis 7/10.
Annotation :
Je commence Sattouf par la fin, mais j'ai cru comprendre qu'il écrivait toujours un peu les mêmes albums. La simplicité de son trait est idéale pour découvrir la BD, et il n'en reste pas moins expressif, on reconnaît d'emblée la démarche de Lacoste, son visage atypique. On entendrait presque aussi sa voix, grâce aux dialogues qui n'hésitent pas à sacrifier la ponctuation afin de retranscrire le langage parlé de manière plus fluide. Le regard adolescent est toujours aussi fin, l'humour est efficace et l'histoire réserve de jolies petites choses, des anecdotes sur la genèse des Beaux gosses (une fracture la veille du tournage, le premier baiser de la vie de Lacoste qui aurait été celui fait pour le film), et aussi cette planche inspirée où les cases reproduisent les plans du film.
La Ballade de la mer salée - Corto Maltese, tome 1 (1967)
Una ballata del mare salato
Sortie : mai 1975 (France).
BD (divers) de Hugo Pratt
Paul_ a mis 8/10.
Annotation :
Je dois admettre que le noir et blanc austère, le dessin brut, l'intrigue un peu emberlificotée et les dialogues naïfs (peut-être mal traduits ?) m'ont d'abord déstabilisé, avant que je puisse savourer pleinement la mélancolie qui se dégage de certaines très belles planches, quand le texte s'amenuise et que le plan s'élargit. Il est vrai qu'il y a une certaine élégance à introduire de tels personnages « en passant », comme si on les connaissait déjà, et que leur psychologie toujours incertaine – le passionnant Moine ! –, s'attachant seulement aux contours, leur donne une forme terriblement mystérieuse que le lecteur n'a plus qu'à remplir selon ses désirs. Je suis sûr que je me rendrai davantage compte de la valeur de ce tome après avoir lu les autres, en attendant je sens que les images de cette ballade vont grandir longtemps en moi.
Château de sable (2010)
Sortie : 24 septembre 2010 (France).
BD de Pierre Oscar Levy et Frederik Peeters
Paul_ a mis 6/10.
Annotation :
J'ai bien aimé les planches du début, le silence, les zooms progressifs et ce regard caméra. Puis le mystère est vite dissipé, l'histoire commence et, si elle n'est pas sans effet sur le lecteur, peut se résumer finalement à un simple carpe diem, dont le message est d'ailleurs surligné à la fin par une fable superflue. Il y a aussi quelque chose d'un peu vulgaire dans ces personnages caricaturaux, le père de famille raciste, le bouc émissaire maghrébin ou l'ado rebelle, tout comme dans la répétition des scènes de sexe. Il faut féliciter malgré tout le dessinateur qui a dû avoir la tâche laborieuse de vieillir les figures et les corps au fil des pages. Peut-être que la minceur de l'album empêche aussi la lecture d'une traite de devenir très mémorable ?
Une jeunesse au Moyen-Orient (1978-1984) – L'Arabe du futur, tome 1 (2014)
Sortie : 7 mai 2014.
BD franco-belge de Riad Sattouf
Paul_ a mis 7/10.
Annotation :
Les trognes, l'humour toujours aussi efficace (les blagues hilarantes du père), les couleurs, les petits riens du quotidien. Il y a parfois un léger parfum proustien dans cette mention de l'air piquant de la France ou de l'odeur de sueur que dégage les femmes syriennes, et j'aimerais bien savoir à quel point Sattouf brode sur des souvenirs réels ou s'en invente des nouveaux au fil de l'écriture. Il faut dire enfin que son art est entier et ne connaît pas la compromission, comme le prouvent le portrait peu reluisant de ses parents ou la description assez tranchée de la culture musulmane. Hâte de lire la suite.
Quelque part entre les ombres - Blacksad, tome 1 (2000)
Sortie : 10 novembre 2000.
BD franco-belge de Juan Díaz Canales et Juanjo Guarnido
Paul_ a mis 8/10.
Annotation :
Gros coup de cœur pour les sublimes aquarelles de cette réécriture anthropomorphique du film noir. Le personnage éponyme a une classe folle, l'intrigue est courte et simple mais demeure appréciable et on sent un véritable plaisir à reproduire ces codes, non sans recul et second degré. Les cadrages sont parfaits, et certains plans généraux ressemblent à des tableaux. Le choix des animaux paraît aussi d'une évidence incroyable par rapport à la fonction ou au caractère de leur personnage. La suite, vite !
Arctic-Nation - Blacksad, tome 2 (2003)
Sortie : 1 mars 2003 (France).
BD franco-belge de Juan Díaz Canales et Juanjo Guarnido
Paul_ a mis 7/10.
Annotation :
Je descends un peu de mon nuage, ou plutôt de ma bulle, avec ce deuxième album. J'ai trouvé le scénario trop sophistiqué, comme si Canales s'était forcé à imaginer une intrigue plus retorse après la petite objection qu'on a pu formuler au premier tome. Il faut dire aussi que le combo Ku Klux Klan et pédophilie m'a paru assez lourd, et l'idée d'appliquer le racisme au monde des animaux, si elle est séduisante, aurait pu être encore mieux exploitée. En fait il m'a semblé qu'en délaissant le polar urbain à proprement parler et son univers très codifié, la série perdait en même temps de sa légèreté distanciée bienvenue. Ceci étant dit, le travail de Guarnido reste évidemment un plaisir pour les yeux.
Corto Maltese en Sibérie - Corto Maltese, tome 4 (1974)
Corte sconta detta arcana
Sortie : avril 1979 (France).
BD (divers) de Hugo Pratt
Paul_ a mis 9/10.
Annotation :
J'attends de découvrir les autres tomes pour éventuellement monter à 9. En fait je ressens la même impression en lisant Corto Maltese qu'en écoutant du shoegaze : c'est un plaisir qui ne se donne pas immédiatement, il y a quelque chose qui résiste, mais au bout du compte une certaine puissance mélancolique éclate d'autant mieux qu'elle a été longtemps soigneusement étouffée. Dans La Ballade la mer salée cette mélancolie investissait des cases de plus en plus épurées, ici elle surgit avec une merveilleuse citation de Rimbaud et un final où une série de témoignages vient rompre la linéarité, après une intrigue assez dense, dont la complexité politique et la multiplication des antagonistes pouvaient fatiguer. Si l'on passe aussi sur les nombreuses coïncidences et les scènes d'action souvent hasardeuses – même si elles participent au style nonchalant de la série –, il faut avouer que les répliques sont mythiques instantanément (« Ce que je suis, c'est mon affaire... Je peux seulement vous dire qu'un bon coup de couteau se donne toujours du bas vers le haut. », « Corto, je vous présente l'un des plus gros fils de chienne qui existent au monde. » ou encore « Si l'occasion se présente, rappelez au monde que j'ai eu un destin tragique. »), que littéralement chaque personnage est un chef-d'œuvre d'ambiguïté, depuis Corto lui-même jusqu'au boss ultime qui a l'élégance d'être sport dans la défaite (c'est vraiment la BD avec les meilleurs méchants : après Le Moine, mention ici à ce baron fou, à peine romancé !), et que cette façon d'aborder l'Histoire par le petit bout et dans ses zones d'ombres est décidément passionnante. Il y a cette jolie phrase de Mathias Énard dans la préface qui résume tout : « Corto promène son spleen au milieu du tumulte de l'Histoire. »
Une jeunesse au Moyen-Orient (1984-1985) - L'Arabe du futur, tome 2 (2015)
Sortie : 11 juin 2015.
BD franco-belge de Riad Sattouf
Paul_ a mis 7/10.
Annotation :
Le regard de Sattouf semble s'affiner encore, son traitement du détail est toujours plus impressionnant, et on en a de nouveau pour notre argent avec ce lot d'anecdotes drôles, sordides, souvent les deux à la fois, et de micro-récits impayables sur une seule planche. Dans l'obscurité du régime syrien, le plaisir d'apprendre l'arabe, les prémices de la vocation du jeune Riad avec la découverte de Tintin, illuminent véritablement la lecture.
Les Archives de la gaffe - Gaston (2009), tome 1 (2009)
Sortie : novembre 2009 (France).
BD franco-belge de André Franquin et Jean De Mesmaeker (Jidéhem)
Paul_ a mis 7/10.
Annotation :
(Re)découverte d'un personnage mythique, dont la maladresse légendaire est rattrapée par une inventivité folle. J'attends de lire la suite pour me faire un avis plus sûr, mais je sens que Gaston va me devenir attachant.
Idées noires : Intégrale (2001)
Sortie : mai 2001.
BD franco-belge de André Franquin
Paul_ a mis 6/10.
Annotation :
Un peu déçu par ces Idées noires qui jouissent d'une excellente réputation. Je ne suis peut-être pas le meilleur client de l'humour noir, mais outre de jolis traits d'esprit, un trait noir visqueux et un dessin minutieux (qui oblige parfois à revenir quelques cases en arrière pour retrouver des indices), les chutes n'ont pas toujours marché sur moi, et j'ai trouvé les cibles de Franquin, chasseurs, militaires ou nucléaire assez faciles ou peut-être datées, ce qui m'a rendu son humour moins corrosif, et finalement pas si noir...
Le Secret de l'Espadon (1/3) - Blake et Mortimer, tome 1 (1950)
Sortie : 1950 (France).
BD franco-belge de Edgar P. Jacobs
Paul_ a mis 7/10.
Annotation :
L'entrée en matière, très bavarde et qui pose le cadre d'une véritable dystopie post-apocalyptique, est assez déstabilisante. Puis les personnages posent le pied à terre, se font moins rigides et robotiques, sans que le rythme de leurs aventures ne batte de l'aile un instant. Le méchant aussi est charismatique. Enfin mention spéciale aux superbes dessins sur planche entière.
Zaï zaï zaï zaï (2015)
Sortie : 21 mai 2015 (France).
BD franco-belge de Fabrice Caro (Fabcaro)
Paul_ a mis 8/10.
Annotation :
Lecture vraiment hilarante, un peu à mi-chemin entre l'humour des Nuls et celui du Gorafi. L'album laisse avec l'impression qu'on aurait pu l'écrire, que ses vannes sont à notre portée mais Fabcaro a un vrai savoir-faire dans la précision des répliques et dans le rythme en général, avec ces planches autonomes où des cases silencieuses préparent souvent parfaitement la chute. Le dessin aux contours informes et aux couleurs douteuses, en transformant les personnages en des figures fantomatiques, ajoute au côté pince-sans-rire et donne par contraste encore plus de tranchant au texte. L'humour, qui égratigne la société de consommation, les médias et plus globalement notre époque, n'est peut-être pas d'un absurde très poussé mais fonctionne efficacement grâce à de simples transferts (une carte de réduction devient un titre de séjour, un auteur de BD un potentiel criminel). Seul bémol, la lecture est jouissive mais le fond manque peut-être d'une part d'implicite pour la rendre tout à fait mémorable.
Grasse Carcasse - Blast, tome 1 (2009)
Sortie : 5 novembre 2009 (France).
Roman graphique de Manu Larcenet
Paul_ a mis 8/10.
Annotation :
Les pages se tournent toutes seules tant le dessin paraît d'une rare évidence, avec ces grandes cases silencieuses qui ressemblent à de véritables tableaux. Et ça c'est un vrai personnage, qu'on prend le temps d'effeuiller, et qui reste bien ambigu grâce au contrepoint apporté par les deux policiers. Il y a presque un côté célinien dans ce récit à la première personne au style aphoristique et ce traitement sans concession de la noirceur humaine. Mais j'attends quand même de voir la profondeur de cette vision du monde, et comment la suite va répondre aux fortes attentes générées par ce premier tome.
Âme rouge - Blacksad, tome 3 (2005)
Sortie : 18 novembre 2005.
BD franco-belge de Juan Díaz Canales et Juanjo Guarnido
Paul_ a mis 7/10.
Annotation :
Toujours un plaisir de retrouver notre héros, et de voir son univers continuer à se développer. Bon, le scénario est encore lacunaire mais j'aime bien la relative indifférence avec laquelle il est traité au profit de l'ambiance, celle de la chasse aux sorcières cette fois-ci, avec ces douze apôtres qui font de sympathiques personnages. On ne se lasse pas du dessin, c'est bien l'essentiel.
L'Enfer, le silence - Blacksad, tome 4 (2010)
Sortie : 17 septembre 2010.
BD franco-belge de Juan Díaz Canales et Juanjo Guarnido
Paul_ a mis 7/10.
Annotation :
Le dessin est déjà moins fin, les couleurs moins éclatantes. On peut avoir l'impression que la série est sur une pente descendante mais en même temps la recette ne change pas, et si on a apprécié les précédents on aimera celui-là. Quelques cases, la patte graphique suffisent toujours à passer un bon moment.
Les Intrus (2015)
Killing and Dying
Sortie : 22 octobre 2015.
BD de Adrian Tomine
Paul_ a mis 9/10.
Annotation :
Avec une délicatesse toute japonaise, Tomine peint des tranches de vie apparemment insignifiantes, mais rendues touchantes par un parfait mélange d'ironie et d'empathie. Si elles expriment peut-être moins radicalement la solitude que chez Chris Ware, il se dégage de ces planches épurées une forme de paranoïa urbaine, une défiance envers la société dont sont victimes les personnages, mais à laquelle ils ne peuvent pas non plus s'empêcher de participer. Et ces personnages ne semblent pas parvenir à s'exprimer, on a toujours l'impression que l'essentiel est hors-champ, Tomine croque à merveille le non-événement et coupe quand il y a de l'« action », à l'image de cette ellipse pudique dans la nouvelle éponyme. Il a aussi l'audace de faire tenir une autre histoire, « Traduit du japonais », sur dix pages sans jamais nous en montrer les figures, en restituant uniquement les paysages qu'ils traversent sur une voix-off. C'est sans doute grâce à cette douceur de la forme que l'on se sent bien entre ces pages, il y a une bienveillance derrière l'humour parfois féroce qui égratigne ces vies médiocres, comme pour combler le désespoir latent. Quant à la libre adaptation d'Audiard, même si le travail de montage de ses scénaristes est intéressant, je ne vois pas trop l'intérêt de venir piocher de pures idées narratives ici sans en même temps rendre un peu à l'écran du style de Tomine, chez qui le fond ne me paraît pas grand-chose sans la forme. Le choix de l'adaptation était donc déjà aussi arbitraire et superficiel que le film lui-même !
Saga, tome 1 (2012)
Sortie : 15 mars 2013 (France).
Comics de Brian K. Vaughan et Fiona Staples
Paul_ a mis 7/10.
Annotation :
C'est sans doute de très mauvais goût – les premières pages peuvent décontenancer tant les couleurs, le trait, les arrière-plans peu travaillés sont douteux – mais l'intrigue est prenante et fait naître un vrai plaisir coupable. C'est assez marrant comme ça marche, les auteurs misent constamment sur le kitsch décomplexé de cet univers WTF sorti tout droit d'un cerveau d'ado dérangé, et il y a une forme de jouissance dans le côté « tout est possible », dans cette illusion que l'imagination des auteurs ne semble pas avoir de limites.
Rubrique-à-brac, tome 1 (1970)
Sortie : avril 1970.
BD franco-belge de Marcel Gottlieb (Gotlib)
Paul_ a mis 6/10.
Annotation :
J'ai peur d'avoir un peu perdu de mon âme d'enfant quand je constate l'hilarité générale que provoque Gotlib. D'abord assez découragé par ces doubles pages où des bulles pleines de texte débordent de chaque case, je n'ai pas trouvé de quoi rire et je me suis forcé à poursuivre la lecture tête baissée, pour commencer à trouver un intérêt à l'album à partir de la moitié. C'est bavard et puéril mais il faut reconnaître l'inventivité folle de ces rubriques qui renversent les fables de La Fontaine ou les contes de Perrault, et globalement dynamitent joyeusement l'imaginaire collectif. On a l'impression que Gotlib peut se saisir de n'importe quel sujet, et un univers cohérent prend forme au fil des planches avec des running gags qui font mouche. La double page sur « Le boueux de mon enfance » clôt l'album de manière magnifique.
Amarillo - Blacksad, tome 5 (2013)
Sortie : 15 novembre 2013.
BD franco-belge de Juan Díaz Canales et Juanjo Guarnido
Paul_ a mis 6/10.
Annotation :
L'intrigue est clairement plus légère et expédiée, à l'image de cette fin tarabiscotée, tout comme le dessin qui ne peut que décevoir un peu au regard de la belle ambiance promise par le titre et la couverture. Il y aurait eu matière à faire quelque chose de plus marquant sur un sujet sur les beatniks, mais on sent que les auteurs sont moins motivés par leur série qu'à ses débuts, ce qui peut se comprendre. Malgré tout c'est toujours aussi plaisant à lire, John reste un héros attachant parce qu'il est à la fois plus bienveillant et détaché que jamais. Le premier album mis à part, c'est aussi difficile de dire si la série perd vraiment en qualité au fil des années, ou si on ne se lasse pas un peu de son univers une fois perdu l'attrait de la nouveauté.
Jimmy Corrigan (2000)
Jimmy Corrigan: The Smartest Kid on Earth
Sortie : novembre 2002 (France).
Roman graphique de Chris Ware
Paul_ a mis 9/10.
Annotation :
C'est un objet forcément déstabilisant au début, long, déstructuré, expérimental, écrit beaucoup trop petit, avec un ordre des cases qui peut s'avérer fatigant à suivre, et des ornements bizarres qui semblent singer des annonces publicitaires... Mais si on accepte de faire l'effort de se plonger dans ses méandres, le récit de Jimmy Corrigan, où les souvenirs, les cauchemars et les fantasmes se mêlent constamment au présent, se révèle d'un intérêt exceptionnel. Chris Ware tire profit des acquis du roman moderne (on pense à Proust pour la saga familiale et le travail sur la mémoire, et à Joyce pour le stream of consciousness) pour les intégrer parfaitement au sein d'un art séquentiel qui est l'apanage du médium qu'il utilise. Art du détail, sens du cadrage et du montage (ce qu'il faut montrer et ne pas montrer), notations physiques et psychologiques d'une sensibilité extrême, l'auteur invente vraiment un « nouveau langage pictural » pour reprendre les mots de sa préface facétieuse, et on a un peu l'impression d'une BD totale, qui peut toucher par tous les moyens et où la moindre petite case, coincée tout là-haut à droite, peut concentrer une puissance poétique exceptionnelle. Avec son sujet d'inspiration autobiographique, Ware s'inscrit dans une éthique du care toute américaine, pleine de bienveillance pour les laissés-pour-compte, et son titre, d'abord énigmatique, va peu à peu prendre tout son sens pour illuminer son personnage d'une certaine grâce. C'est une œuvre extrêmement touchante et absolument unique en son genre.
Saga, tome 2 (2013)
Sortie : 2 juillet 2013 (France).
Comics de Brian K. Vaughan et Fiona Staples
Paul_ a mis 7/10.
Annotation :
J'ai peur que mon intérêt faiblisse déjà... Le dessin ne me convainc toujours qu'à moitié, et l'intrigue fait un peu du surplace, j'aurais aimé qu'elle prenne plus rapidement son envol, mais la fin est prometteuse sur ce point. Et les cliffhangers sur pleine page sont toujours aussi jouissifs.
Saga, tome 3 (2014)
Sortie : 11 avril 2014 (France).
Comics de Brian K. Vaughan et Fiona Staples
Paul_ a mis 7/10.
Annotation :
Vaughan a la bonne idée de prendre son temps en retardant la gestion du cliffhanger de la fin du tome précédent. L'intrigue se complique, les personnages s'épaississent et on s'y attache. Le traitement des différents thèmes (deuil, vie de couple) me paraît par contre toujours un peu forcé. Je suis à la fois curieux de lire la suite et pas sûr de tenir la longueur jusqu'au tome 9.
Le Secret du janissaire - De cape et de crocs, tome 1 (1995)
Sortie : 1 novembre 1995 (France).
BD franco-belge de Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou
Paul_ a mis 8/10.
Annotation :
Le verbe ! Et le dessin, pittoresque, qui n'est pas en reste. C'est génial, plein d'esprit et de légèreté, et nos deux héros sont immédiatement attachants. Ayroles trouve un parfait équilibre dans le mélange tourbillonnant des références, qui empêche de tomber dans la simple réécriture.
La Foire aux immortels - La Trilogie Nikopol, tome 1 (1980)
Sortie : juillet 1980 (France).
BD franco-belge de Enki Bilal
Paul_ a mis 8/10.
Annotation :
L'univers de Bilal trouve son intérêt et sa poésie dans la collision d'éléments a priori incompatibles : un Mussolini français, des dieux égyptiens, Baudelaire. Et depuis La Jetée on sait ce qu'un Paris post-apocalyptique peut receler de charme. Au niveau du fond j'attends quand même de voir la suite, en tout cas je ne suis pas sûr que la réflexion proposée jusque-là soit très profonde. La fin est aussi expédiée avec – littéralement – un deus ex machina.
Londres - Peter Pan (Vents d'Ouest), tome 1 (1990)
Sortie : novembre 1990 (France).
BD franco-belge de Régis Loisel
Paul_ a mis 7/10.
Annotation :
Réécriture audacieuse, qui renforce les pouvoirs de l'imagination, comme la fleur dans la boue, à proportion de la noirceur saisissante de ce tableau de Londres, qui m'a rappelé les récits hallucinés de Céline ou de Pons. Ça me paraît possiblement très fort mais le brusque crochet final vers le Capitaine et le merveilleux m'a un peu désarçonné. La suite me permettra peut-être d'apprécier davantage l'impression que m'aura laissée ce premier tome.
La Femme piège - La Trilogie Nikopol, tome 2 (1986)
Sortie : avril 1986 (France).
BD franco-belge de Enki Bilal
Paul_ a mis 7/10.
Annotation :
Intrigue beaucoup plus étique et taiseuse que dans le premier, mais ce n'est pas pour me déplaire, étant donné que l'écriture n'est pas la qualité principale de Bilal. De larges cases plus épurées et intimistes font la part belle aux dessins toujours aussi riches et colorés, et empreints d'une jolie mélancolie urbaine.
Froid équateur - La Trilogie Nikopol, tome 3 (1992)
Sortie : septembre 1992 (France).
BD franco-belge de Enki Bilal
Paul_ a mis 6/10.
Annotation :
Encore un beau renouvellement géographico-poétique, avec la faune qui va avec. Et l'invention du chessboxing. Mais l'intrigue est cette fois franchement en roue libre, et Bilal semble à court d'idées. Avec un peu de recul, la trilogie n'a ni queue ni tête mais survit grâce à une étrange cohérence formelle. J'en retiendrai surtout ses chambres d'hôtels et ses compartiments de trains.
Saga, tome 4 (2014)
Saga Volume 4
Sortie : 30 janvier 2015 (France).
Comics de Brian K. Vaughan et Fiona Staples
Paul_ a mis 7/10.
Annotation :
J'y reviens toujours, c'est que la série doit avoir un charme mystérieux.
Quai d'Orsay : Chroniques diplomatiques, tome 1 (2010)
Sortie : mai 2010 (France).
BD franco-belge de Christophe Blain et Antonin Baudry (Abel Lanzac)
Paul_ a mis 8/10.
Annotation :
Le film est très fidèle, sans doute trop. Blain est parfait pour dessiner le mouvement, et la grande santé de Villepin, son romantisme nous le rendent attachant. C'est assez subtil et il y a un vrai souffle politique derrière la caricature de façade. Et j'ignorais que Lanzac était l'alias de Baudry, le réalisateur du Chant du Loup. Quel parcours !
Une jeunesse au Moyen-Orient (1985-1987) - L'Arabe du futur, tome 3 (2016)
Sortie : 6 octobre 2016.
BD franco-belge de Riad Sattouf
Paul_ a mis 7/10.
Annotation :
Sattouf continue son petit bonhomme de chemin, on pourrait s'enliser dans une linéarité un peu répétitive mais les personnages continuent de se révéler. Le père et les religions en général en prennent à nouveau pour leur grade. Et puis il y a toujours ces allers-retours culturels permanents, Conan, le Ramadan, Goldorak, la circoncision, et ce beau passage en France où, tel le Usbek des Lettres persanes, le petit Riad, désormais habitué à ses lunettes syriennes, ne comprend pas les mœurs occidentales.