Camille in Paris

Annotation :

« Quand une personne qui se croit importante se présente devant vous, demandez-lui d'abord où est sa douleur. »

https://www.youtube.com/watch?v=EZLMBRoOrw4

Annotation :

« Dès le début, il s'y est mal pris avec elle. D'abord, elle se laissait faire. Elle attendait un peu que les caresses, les baisers produisent leur effet. Mais rien, jamais, ne venait voiler sa conscience. Alors, avant que le désir lui-même s'atomise, elle se mettait en route. C'est au fond d'elle-même qu'elle allait chercher sa jouissance. Elle la ramenait patiemment à la surface, toute seule, et la glissait entre eux pour faire semblant de la recevoir. Plus tard, dans l'obscurité de la chambre, elle se serrait contre lui. Il dormait. Elle n'était pas vraiment frustrée, puisque du plaisir, finalement, elle en avait eu, mais plutôt étonnée de n'avoir rien perdu, rien dépensé. De n'avoir rien partagé, surtout. D'être restée intacte. Comme vierge.
Mais peut-être, se dit-elle, une passion trop forte aurait-elle calciné toutes les tendresses qu'ils ont si savamment tissées jour après jour jusqu'à n'avoir plus qu'un seul coeur. Chaque fois qu'un homme lui a vraiment procuré du plaisir, elle a eu l'impression de tomber. Elle a eu peur. »

https://www.youtube.com/watch?v=NEGhXANBBec

Au fait, ne jamais JAMAIS lire ce livre sur la ligne 9 du métro de Paris, ou n'importe laquelle qui mène à Nation.

Annotation :

« C'est l'avantage de voler de l'ouest vers l'est : le temps file deux fois plus vite et toutes les phases colorées de la nuit se déroulent en accéléré. Vers une heure trente, quelque chose l'intrigue. Au loin, les nuages deviennent bleu et rouge. Presque des couleurs primaires. Cela trahit une immense différence de température entre le haut et le bas des cumulonimbus. Parfois, ils deviennent jaune vif, l'espace de quelques millisecondes, naissance d'un éclair. Première secousse. »

https://www.youtube.com/watch?v=Exx-jLU1zuw

Annotation :

« Confier à l'autre son sommeil est peut-être la seule impudeur. Laisser se regarder en train de dormir, d'avoir faim, de rêver, de se tendre, de s'évaser, est une étrange offrande. »

https://www.youtube.com/watch?v=XQhXYJfI0S8

Annotation :

« Ma fille me prit la main un instant - je ne refusais jamais que l'on me réchauffât le coeur quand l'occasion se présentait. Je ne savais pas comment nous nous étions débrouillés pour franchir les abîmes, pour traverser les ouragans, pour courir au milieu des flammes, pour avaler une simple bouchée de nourriture par moments, mais une chose était sûre : elle n'aurait pu y parvenir sans mon aide comme je n'aurais pu y parvenir sans la sienne. »

https://www.youtube.com/watch?v=87b6lt8HUpw

Annotation :

« Elle gagnait des sommes considérables qu'elle dispensait avec une fièvre compulsive. Ne se déplaçait qu'en taxi, n'habitait qu'à l'hôtel, arrivait dans les bars, sortait sa liasse, mettait la sienne, donnait un argent fou à ceux qu'elle estimait être de vrais amis - on rentrait aussi facilement dans la liste qu'on en était exclu avec fracas. Par dessus-tout, elle aimait recruter de la bonne racaille, et l'embarquer claquer dans de grands endroits, taper le scandale à l'entrée parce qu'on ne voulait pas les laisser rentrer, taper le scandale dans les restos parce que le garçon parlait mal à Untel, cracher par terre et parler fort avec les mains. Vérifiant, à chaque fois, avec un plaisir malsain, jusqu'où on la laisserait aller aller avec une liasse à la main. Quand elle n'était pas rouge de colère, elle était écarlate de rire, en pleurait souvent, devait s'asseoir quelque part parce que le fou rire lui durait trop longtemps, la secouait toute entière. »

https://www.youtube.com/watch?v=EctynXELdvM&list=LL&index=10

Annotation :

« Rares sont les bienfaits de la civilisation dans les villes isolées de l'Ouest : il n'y a pas de tout-à-l'égout, pas d'hôpital, rarement un médecin ; les aliments, après de longs transports, sont insipides et peu variés ; l'eau a mauvais goût ; l'électricité est réservée à ceux qui peuvent se permettre d'installer leur propre groupe électrogène ; les routes sont quasi inexistantes ; il n'y aucun théâtre, aucune cinéma et seulement quelques salles de bal. Une seule intrusion tolérée du progrès, enracinée sur des milliers de kilomètres à l'est, au nord, au sud et à l'ouest du Cœur mort empêche la population de sombrer dans la démence la plus absolue : la bière est toujours fraîche. »

https://www.youtube.com/watch?v=Hf0Dm-OaTNk

Annotation :

« Il ne nous suffit pas, à nous, d'enregistrer, de construire, déduire le sens des événements qui se produisent autour de nous. Non : nous avons besoin que ce sens se déploie - et ce qui le fait se déployer, ce n'est pas le langage mais le récit. C'est pourquoi tous les humains élaborent des façons de marquer le temps (rituel, dates, calendriers, fêtes saisonnières, etc.) - marquage indispensable à l'éclosion des récits. »

https://www.youtube.com/watch?v=grn2uVoWQ2w&list=LL&index=53

Annotation :

« Papa disait toujours que j'étais un ciel de mer du Nord. Versatile. Imprévisible. Capable de passer en un clin d'oeil du rire aux larmes, du gris charbon au bleu azur. Lui c'était tout le contraire : d'un calme imperturbable, d'une humeur égale, il ne s'exprimait qu'à mots comptés et à voix basse. »

Annotation :

« Est-ce que tu l'aimes ?
- Oui, dit Leisha. Je regrette.
- C'est ton choix, nota froidement Richard. Que fais-tu quand il dort ? Tu regardes ?
- Tu en parles comme d'une perversion ! »

https://www.youtube.com/watch?v=0WAYKeefp0M

Annotation :

« Je sens que je peux tout te donner sans me perdre moi-même, ai-je murmuré dans le lit de ton sous-sol. C'est un privilège qu'on obtient par le respect de la solitude de l'autre. »

https://www.youtube.com/watch?v=jsgCZKASA3s

Annotation :

« LE MÉDECIN.
Il est simplement exécrable. et par conséquent incurable. Je suis navré.
PHÈDRE.
Je ne sais plus quoi faire.
LE MÉDECIN.
Vous en guérir. »

https://www.youtube.com/watch?v=tUnWvfGF6kw

Annotation :

« MARK. - Écoute. Je veux que tu comprennes parce que. J'ai une personnalité, tu vois ? Une partie de moi est accro. J'ai tendance à me définir purement en termes de relations à l'autre. Je n'ai pas de définition de moi-même, tu vois. Alors je m'attache aux autres, c'est un moyen de m'éviter, d'éviter de me connaître moi-même. Ce qui est potentiellement destructeur. Pour moi - destructeur pour moi. Je ne sais pas si tu me suis, mais tu vois, si je ne me réfrène pas, je répète ces schémas. Je m'attache aux gens, à ces émotions et je reviens à la case départ. Voilà pourquoi, même si ça paraît désobligeant, je vais devoir partir. »



https://www.youtube.com/watch?v=HR5zpFs7YpY

Annotation :

« Je sais bien que vous m'aimez, mais que vais-je faire de cet amour fou ? Que vais-je faire de cet amour fou ? [...]
Quelle merveille... Je ne peux pas m'en priver... Certainement pas... Cette folie m'appartient aussi. »

https://www.youtube.com/watch?v=DuC1eP7FhNA

Annotation :

« Je n'ai pas dit que je ne t'aimais pas. J'ai dit que je ne pouvais pas aimer. »


https://www.youtube.com/watch?v=QyH6tO65plY&list=LL&index=2

Annotation :

« Moi, je suis d'un genre très spécial, qu'on ne trouve qu'à cinq ou six milliards d'exemplaires dans le monde : mon rêve, depuis que je me suis faite à l'idée que ça ronfle la nuit, c'est un bonhomme, peu importe finalement lequel, grand ou petit, beau ou moche, riche ou pauvre, con ou pas, pourvu qu'il soit à moi, pas trop casse-machins et très, très gentil. »

https://www.youtube.com/watch?v=59aXNmdUIPw

Annotation :

« Comme tous les genres, le remerciement obéit à des lois. C'est un genre centrifuge, au sens ondulatoire du terme. Comme un caillou qu'on lance dans une mare, le remerciement fait des cercles...centrifuges, de plus en plus...larges ...de plus en plus éloignés du centre. »

https://www.youtube.com/watch?v=BK2CuSQHNMs&list=LL&index=1

Annotation :

« Nous devons donc en conclure [...] que la révolution sexuelle occidentale est foireuse. »
(Naomi Wolf)

https://www.youtube.com/watch?v=IBubojgHRq0&list=LL&index=7

Annotation :

« On dirait que tu redoutes de le léser comme la majesté même. Quelque chose de plus grand que lui te menace et décuple son poids et sa force. Tu redoutes les représailles. Les siennes et celles de tous. Tu n'es rien, il est tout. La société crie avec lui. Tu as peur de la prison si tu le blesses, le tues, le castres. [...]
Tu te tords, tu mords, tu tentes de t'échapper en glissant telle ces serpents qu'on a le droit d'écraser. Tu te souviens des vaccins, petite. Plus vite tu tendais ton bras, plus tôt c'était fini. L'infirmière tamponnait la piqûre. Une odeur d'alcool. Elle repliait ton coude sur le coton. Tout ce qui est voué à passer n'existe pas. Le temps tuera ce maintenant et tout ce qu'il y a dedans. »

https://www.youtube.com/watch?v=IjTcvE13CX8

Annotation :

« Ils s'embrassaient. Ils étaient jeunes. Les baisers naissent si naturellement sur les lèvres quand une fille a vingt ans ! Ce n'est pas l'amour, c'est un jeu ; on ne cherche pas le bonheur, mais un moment de plaisir. Le cœur ne désire rien encore : il a été comblé d'amour dans l'enfance, saturé de tendresse. Qu'il se taise maintenant. Qu'il dorme ! Qu'on l'oublie ! »

https://www.youtube.com/watch?v=IBubojgHRq0&list=LL&index=8

Annotation :

« Tes parents font une tête d'enterrement, toi tu es enterrée vivante et tu l'as bien mérité : tu n'avais qu'à être un garçon, on se serait mieux consolé de tes sœurs. Ta benjamine ne meurt qu'une fois, mais toi… Tu meurs dans le regard de ta mère, qui ne te voit plus. Tu meurs dans le regret de ton père, qui n'y croit plus. Tu meurs dans la jalousie de ton aînée, qui rêve toujours de te faire la fête. Tu meurs même dans la mort de ta sœur, puisque tu ne la remplaces pas. »

https://www.youtube.com/watch?v=QyH6tO65plY&list=LL&index=30

Annotation :

« Je m'accroche à ma colère avec le peu d'humanité qu'il me reste subsistant dans mon corps ruiné, mais c'est inutile. Elle s'en va, comme la mer découvrant le rivage à marée basse. Je médite cette sombre vérité, quand je m'aperçois que les ténèbres du sommeil m'encerclent. Elles étaient là depuis longtemps, prenant leur temps et se rapprochant à chaque révolution. J'abandonne ma rage, qui n'est de toute façon plus que de pure forme, et me jure de me remettre en colère demain. Puis je me laisse aller, car la lutte est par trop inégale. »

https://www.youtube.com/watch?v=ts3_q4icXOw&list=LL&index=7

Annotation :

« On était souvent déçu par la vie, par soi, par les autres. On pouvait tenter d'être positif, quelqu'un finissait par vous cracher sa négativité au visage, ça s'annulait, on crevait de cet équilibre médiocre, mais lentement, par à-coups, avec des pauses lénifiantes qui proposaient une brève euphorie : une gratification quelconque, l'amour, le sexe - des fulgurances, l'assurance d'être vivant. C'était dans l'ordres des choses. On naissait, on mourait ; entre les deux, avec un peu de chance, on aimait, on était aimé, cela ne durait pas, tôt ou tard, on finissait par être remplacé. Il n'y avait pas à se révolter, c'était le cours invariable des choses humaines. »

https://www.youtube.com/watch?v=N4gv78TPgvA&list=LL&index=1

Annotation :

« Je me suis dit, toi tu crées du lien ce soir dans ton appartement de Deuil-l'Alouette. Tu mets des bougies, tu arranges les coussins pour tes invités, tu as mis au frais des tortillas aux oignons et tu appliques ta crème par mouvements circulaires comme prescrit. Tu donnes un petit coup de jeune à l'existence. La femme doit être gaie. Contrairement à l'homme qi a droit au spleen et à la mélancolie. À partir d'un certain âge une femme est condamnée à la bonne humeur. Quand tu fais la gueule à vingt ans c'est sexy, quand tu la fais à soixante c'est chiant. On ne disait pas créer du lien quand j'étais jeune, je ne sais pas de quand date ce singulier. Ni ce qu'il veut dire ; le lien réduit à son abstraction n'a aucune vertu en soi. Encore une de ces expressions creuses. »

https://www.youtube.com/watch?v=N4gv78TPgvA&list=LL&index=3

Annotation :

«ALBOURY. - La seule chose que j'ai apprise de vous, malgré vous, c'est qu'il n'y a pas assez de place dans votre tête et dans toutes vos poches pour ranger tous vos mensonges ; on finit par les voir. »

https://www.youtube.com/watch?v=xhdGipqrKNY&list=LL&index=2

Annotation :

« On vit... comme des cons. On mange, on dort, on baise, on sort. encore et encore. Et encore... Chaque jour est l'inconscienté répétition du précédent : on mange autre chose, on dort mieux, ou moins bien, on baise quelqu'un d'autre, on sort ailleurs. Mais c'est pareil, sans but, sans intétêt. On continue, on se fixe des objectifs factices. Pouvoir. Fric. Gosses. On se défonce à les réaliser. Soit on ne les réalise jamais et on est frustrés pour l'éternité, soit on y parvient et on se rend compte qu'on s'en fout. Et puis on crève. Et la boucle est bouclée. »

https://www.youtube.com/watch?v=V6nbFZtxAL4

Annotation :

« Manon avançait dans le décor, sans se douter que le décor avançait avec elle. Le temps passait et Manon se déglinguait chaque jour davantage. Elle vivait dans une non-zone, qui n''existait qu'à ses yeux, pour ses yeux, par ses yeux, séquestrée dans un château de carton-pâte qu'elle pensait fait d'or et de marbre. »

https://www.youtube.com/watch?v=yAyFguILuaA

Annotation :

« - On va la retrouver, n'est-ce pas ? gémit-elle, au bord de la nausée.
Un silence terrifiant succède à sa question. Puis une réponse, enfin, plus terrifiante encore :
- Je ne sais pas. »

https://www.youtube.com/channel/UCzPoB9861NGtJRt-uwMDPyw

Annotation :

« Les femmes ne voient rien, que ce que veulent les hommes, ne pensent rien, que ce que veulent les hommes, voilà quelles étaient les convictions de Rose. Les femmes ne se voyaient pas entre elles mais pour Rose c'était le contraire, elle les voyait trop, pour elle chaque existence de femme était à questionner, et elle était convaincue que toutes les femmes payaient, c'était forcé, empirique, non sujet à interprétations, d'être trop nombreuses par rapport aux hommes. »

https://www.youtube.com/watch?v=lrJrlsAU3AQ

Annotation :

« Je me sentis soudain très triste et comme toujours dans ce genre de circonstances, une légère odeur de charogne me monta aux narines, cette odeur qui m'est venue d'avoir passé toute une semaine en compagnie du cadavre de mon oncle dans l'obscurité d'une cave. Depuis, elle ne m'avait jamais lâché, comme si, lorsqu'on avait brûlé le corps de mon oncle, la puanteur s'était incorporée à la fumée et était allée se mêler au bleu du ciel ; et maintenant, à tout moment, le vent pouvait la porter jusqu'à moi. Elle arrivait comme un nuage de pluie et jamais je n'en remarquais l'approche avant que les premières gouttes ne me mouillent le nez. Le plus souvent, elle venait quand j'étais triste; et c'était bien le cas à ce moment, face à ces gens qui s'étonnaient que je sache la langue des serpents, chose à mon avis aussi naturelle et banale que le fait de parler en général, ou bien d'avoir des jambes pour marcher et des bras pour travailler. »

https://www.youtube.com/watch?v=uyFUsHgsc_I&list=LL&index=2