Carnet Cinéma 2023

Annotation :

Brac frappe encore avec un film solaire. Entre Rozier et Romer (les relations amoureuses Romérienne mais la simplicité des dialogues et personnages et la spontanéité de Rozier). Brac filme toujours à distance respectable ses personnages et laisse respirer ses acteurs qui parviennent à faire transparaître une authenticité presque inégalable. Ce film c'est le soleil incarné et on le sent, il réchauffe nos corps à travers l'écran. On aime ou on n'aime pas les personnages selon notre personnalité, on voit des vrais gens, et la vraie vie, on a envie de (re)partir en vacances, mais ça sera pour l’année prochaine, merci m’sieur Brac.

Annotation :

Showgirls c’est le paroxysme de la représentation des « basics instincts » (la réussite, le sexe, l'argent, le pouvoir, l'ambition) de Verhoeven dans la société du spectacle américaine et hollywoodienne. Machine à écraser les individus, l’industrie du spectacle des basic instincts consume les idéals, repousses les individus à un « devoir jouer le jeu » sournois en faisant miroiter l’illusion que tout cela découle de leur choix.

Ce qui est impressionnant, c’est le travail de Verhoeven sur la dépossession du corps des femmes par cette société du spectacle capitalisée et aux mains des hommes. Devenus marchandises, ces corps ne sont plus qu’objets de représentations, de transactions, dans une industrie où même le regard des femmes sur leur corps se retrouvent contaminés, ôtés de leur vision propre. Verhoeven n’oublie aucun rouage de la machine et met ainsi aussi en scène le conditionnement que subissent les femmes par le miroir de la réussite et les amène elle-mêmes à reproduire un comportement masculinisé, capitalisé, poussée par une mise en concurrence/rivalité insoutenable. Une dépossession des corps mais aussi des esprits, puisqu’en faisant exister ces femmes qu’à travers leur chair marchandisée, le spectacle capitaliste masculin les détruits de tout esprit et donc de toute volonté/désir propre, les réduisant ainsi à des servantes chargées de subir les envies masculines.

Showgirls est un grand film qu’Hollywood ne pouvait que réfuter tant il le met face à une réalité qu’il ne peut même pas envisager. Car si les spectacles se déroulent bien à Vegas, Los Angeles n’est qu’à 270 miles...

Annotation :

Si le film tombe un tout petit peu dans de la surenchère sur la fin, c'est juste trop brillant pour mettre moins que 9. Un ou deux plans fixes par scènes, des cadres qui vivent. Notre regard est appelé à bouger, à choisir. Ce qui nous posent bien en observateur actif de la scène et pas en voyeur de l'horreur comme j'ai pu le lire. Franco ne nous manipule pas, il observe, tente de créer comme il le dit "seulement des scènes justes" sans justement de figuration d'un propos qui se voudrait préventif ou que sais-je. Cette fausses sobriété est au contraire de la manipulation puisqu'elle n'utilise aucun artifice émotionnel. Et puis ces non-dits, entre ce père et cette fille, les silences, parler des sujets de tous les jours sans jamais effleurer les réalités. Et ces scènes à contre-pied des scènes de voyages étudiants, la baignade nocturne, les chambre transformée en lieu de soirée détruites par l'horreur