Carnet de Curiosités : Bulles 2025

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« Pauvre bougresse ! C'est aussi sa vie à elle qui, engorgée par les larmes de cette insoutenable tristesse, remontait en surface. Et les larmes se mêlant aux larmes...»

Je ne rejoins guère Darieussecq dans les louanges. Notamment car contrairement à ce qu'elle énonce dans sa préface, ces images je les ai déjà vues. Ce trait tremblant et jamais fermé mais minutieux, ce faux jeanfoutrisme, ces grands yeux qui se déforment, ces corps pliés, ces couleurs qui jurent, bavent, cette désagréable sensation de foutraque en somme, je l'ai déjà vu. Mille fois. Chez Sfar.

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[Dans une intégrale]

J'avoue, j'ai rien pané. Trop wtf, trop 70's, trop FG pour ma pauvre petite caboche.

« - Par exemple si nous partions à la recherche de "l’Omoplate de Diderot" ?
- Qu’est-ce que c’est ?
- On l’appelle la "pierre des philosophes", née d’une hypothèse de d’Alembert, volée par Gagliostro qui se la fait subtiliser par Saint-Germain qui la passe à Nicolas Flamesh qui marque… mais je m’embrouille… Heu… C’est un caillou parallélépipédique vert [...]
- Ce caillou là ?
- On dirait un petit sucre… Je pense que tous les aventuriers perdent leur énergie à courir après leur ombre…… si vous le voulez, vous trouverez dans ma poche tous ces trésor à découvrir – prenez-les, je vous les donne, n’y attachant moi-même aucune importance… Mon empire, il est dans ma poche-revolver…. Mes mes conquêtes tiennent dans le creux de la main, et pourtant j’ai pris possession du monde !!! »

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[dans l'Intégrale]

Comme tout un chacun j'avais lu du Agrippine ici ou là, des bouts, une tête ronchon dans la mémoire, sans jamais vraiment me pencher sur la question. Alors je sais bien que je fais les choses à l'envers, mais oui et je fais sûrement le lien après tout le monde on voit bien à quel point Sattouf s'est inspiré dans le ton, l'humour le rythme surtout (un peu les couleurs aussi, non ?) et même physiquement puis que Riad est (était ?) succède à Brétécher dans la page du Nouvel Obs.

« Je viens d’apprendre avec tristesse la mort de Claire Bretécher. Pas une semaine ne se passe sans que je pense à elle en dessinant “les Cahiers d’Esther” dans “l’Obs”, à la page qu’elle a si longtemps habitée. Je me rappelle l’avoir rencontrée une fois, il y a vingt ans, chez Dargaud. »

C'est un sabir tout de même ! Parfois à peine compréhensible. Parlaient-ils vraiment comme ça, de bout en bout, tous ? Ça me troue... [le parler d'Esther va-t-il autant vieillir ?]

Annotation :

Naïf, niais sans doute ? Du solarpunk WIP sans ce qui en fait son charme, je trouve. Un peu amateur dans le découpage : confus, l'action trop resserrée et les ellipses trop marquée, on se perd deux ou trois fois, à commencer par l'ordre de lecture des cases, des textes...

« - Où est la magie des anciens ?
- Il n’y a pas de magie. Tout ce qu’ai trouvé est là.
- Mais… et les fusées ? Les ordinateurs ?
- Je croyais que c’était ça votre livre ! On nous a raconté que vous étiez capable de…
- On raconte bien des choses sur moi et je vous assure que ça n’a rien de magique. Presque tout est faux. Je recueille seulement le savoir oublié des anciens. Le peu qu’il en reste avant qu’il n’en reste plus rien.
- Rien de magique ?! … est-ce que vous savez faire marcher les téléphones ? On sait qu’ils les utilisaient pour se parler. Alors on s’est dit qu’on pourrait peut-être les appeler pour leur dire. Que nous sommes toujours là. »

« Qu'on haïsse les anciens ou qu'on attende leur retour... ce qu'ils ont laissé est à nous, c'est notre héritage. Même si c'est peu, même si c'est inutile. Puis le transmettre à nos enfants. Comme mes parents m'ont appris à lire alors qu'il n'y a plus de livre. »

Annotation :

Trop Dupré la Tour, cela saute aux yeux. Trop similaire dans ces organes géants qui diffusent du rose pastel et, entre ces planches, une sorte de chronique quotidienne au gaufrier classique, façon BD humoristique. Et un problème de rythme.
Manque de profondeur sur le poids des impératifs sociétaux, sur le regard de ses proches — le père pourtant présent est quasi-absent, point aveugle jamais exploré, les attitudes contrastées des soignants. Bref, il manque, je crois, pour qu’elle soit d’avantage qu’un simple témoignage, ce qu’il y a chez DLT, chez Meurisse, chez toute cette vague de BD autobiographiques, une sorte de recul sur le fait de faire de la BD, de (se) raconter et que la littérature a depuis près d’un siècle.

Annotation :

Idem que le Puit en quelque sorte. Existe-t-il un nom ou un terme pour désigner non ce groupe ? ce style peut-être ? ou plutôt cet élan de néo-fantasy pastel aux échos ghibliens où règnent les bio-formes ?

Curieux, étrange, très étrange. Rapide, aux réminiscences bien que différent de in-Humus. Pas compris la fin.

*

« J'ai seulement créé des demi-mondes, des éléments dispersés, des possibilités. Mais je n'en suis jamais satisfait.

Il manque toujours quelque chose.

Je commence à les construire, et puis, avant même d'en être arrivé a la moitié, je me dis... Est-ce vraiment le mieux que je puisse faire ? Je continue à les retravailler encore et encore.
Mais je ne les laisse jamais grandir. Est-ce qu'un être sentient voudrait seulement apparaître dans un endroit pareil ? »

« — Rapidement, je laisse tomber ou je les oublie. Je fais ça depuis tellement longtemps que je ne me souviens même plus quand j'ai commencé. Il va sans dire que personne n'a jamais visité mes mondes. Ni ne s'est jamais manifesté à l'intérieur.

— Peu importe quelles sortes de mondes tu crées. Un monde de nuages, un océan de verre. Ou un monde avec des palmiers et des sources chaudes. Tu dois juste les terminer. Quelqu'un voudra les voir. Et même vivre dedans. »

Annotation :

« Le courage, c’est de faire ce qui est juste, indépendamment du danger. »

Je suis client sans doute un peu trop facile de ce genre de truc au dessin très à la mode, au carrefour d'un dessin animé CN, d'une influence manga, airs indés de comics pour ces univers de fantasy aux dominantes pastels, douces, organiques, loin de la dark fantasy un peu facile des années 80's, ou alors pour n'en garder que l'aspect télépathique, perché, LSDesque.

Je ne doute pas que d'ici 20, 25 ans cela sera aussi daté que de nos jours les BD à papa des années 70.

« Tu pensais vraiment que le puits serait rempli de requêtes nobles ? Tu es assez grande pour savoir que les gens désirent rarement ce qui est bon pour eux. Ou les autres d’ailleurs. »

« L’argent n’a aucune valeur. Le vrai trésor du puits réside dans les désirs, les rêves et les vieux que ces pièces renferment. »

« Ils bâtirent un puits dessus et l’honorèrent, car cette source les avait sauvés après les agressions du sel et du soleil. Et ils confièrent à ce puits leurs prières mais aussi leurs souhaits. Celui-ci les accueillait et nos ancêtres prospéraient. Ils remplirent les îles de commerces, de vie et de culture, et les peuplèrent d’habitants chaleureux et généreux. »

Annotation :

Jolis dégradés. Pas tant d'étés que ça.

Annotation :

[Avec le bug SC plus sûr de ce qui a été lu fin 2024 et début 2025. Entre Noël et le réveillon, les trains, la semi-reprise, tout devient toujours flou, non ?]

J'ai été attiré par la couverture. Forcément on s'en doute : de l'espace ! Sauf que dès l'ouverture, c'est la douche froide : un vaisseau guitare ? J'ai toujours trouvé les guitares électriques immondes et les solos me cassent les tympans là où d'autres crient au génie. Alors cette idée de bouillie noire qu'il faut repousser avec des sons, ça ressemble à une nouvelle de Damasio avec des punk à chiens qui "kifferaient la zik" pourrait-il écrire entre deux citations de Deleuze sur les ondes et à un clip de Muse. Si le dessin se tient, même pas à des sakuga de FLCL. J'y ai perçu, peut-être à tort, quelques références visuelles à Evangelion : les écrans orange sur fond noir avec le diagramme qui sort de ses limites, l'hallucination dans l'espace.
Les personnages du peu, très très peu qu'on les voit en action ou en musique et ce malgré la 1ère moitié allouée à leur présentation, ne sont guère intéressants, voire tête à claque lorsqu'il s'agit de boire, reluquer, être lourdinque, etc. En fait le rythme conviendrait mieux à un serial ou à une série).

L'aspect SF, à peine existant, n'apporte rien. On retiendra un dessin soigné, précis avec, clairement, une volonté de justesse et de vraisemblabilité, si ce n'est de véracité.