Carnet de Curiosités : Lectures 2025
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13 livres
créée il y a 21 jours · modifiée il y a 1 jourLibertés urbaines (2024)
Sortie : 3 octobre 2024 (France). Histoire
livre de Patrick Boucheron
Nushku a mis 6/10.
Annotation :
J'avais découvert l'animal avec l'Entretemps, très plaisante, riche, nuancée réflexion sur l'Histoire et le Temps à partir d'un délicat tableau de Giorgione selon la stratégie de l'énigme de Bonnefoy.
« Mais il faut être bien peu archéologue pour croire que le temps s'empile sagement, le plus ancien demeurant toujours enfoui au plus profond. Non, les couches anciennes ne sont pas les moins actives, et pas seulement lorsqu'elles remontent à la surface, inversant l'ordre du temps en des chevauchements inattendus. On parle alors de sédimentation tourmentée, car il en est du sol archéologique comme de l'esprit humain. »
Ne rentrons pas dans les (pas si) récentes polémiques. On connaît la chanson, toujours le même refrain qui en fait crisser des dents certains. Il faut toutefois admettre que cela fait longtemps que Boucheron ne parle plus que de Léonard, Machiavel et qu'il est sorti de son domaine (règne ?) pour toucher à tout, sur tous les sujets, tous les fronts.
À l'image des autres textes de cette collection : court, frustrant. Moins sec que d'autres. Texte qui m'a nonobstant donné envie d'aller relire du Boucheron bien que ce qu'il me reste de lui à lire est soit trop vaste soit trop spécialisé, tout du moins de l'histoire antique, médiévale — J'ai le Purgatoire de Le Goff à reprendre depuis.... 2015)
Machiavel cet été ?
« Parce que le monde médiéval n'existe que sous la forme d'un réseau de mondes fermés mais articulés. Très rares sont les individus qui passent les seuils : à eux le pouvoir et la richesse, ou plus exactement aux gatekeepers qui en contrôlent les accès. De ce monde fragmenté, l'histoire connectée apprend à reconnaître les familiarités déplacées. »
Pablo Carpio (2024)
Art.Box
Sortie : 2 octobre 2024. Beau livre & artbook, Peinture & sculpture
livre de Pablo Carpio
Nushku a mis 5/10.
Annotation :
Caurette, éditeur d'artbooks ultra-chers par exemple Delval, Alex Alice, Raphaël Lacoste qui a travaillé chez Ubisoft sur les AC, etc. édite également une collection plus humble, moins chère au format album souple sur des illustrateurs actuels. Que j'admets volontiers ne pas connaître le moins du monde. Je me demande comment se déroule leur choix éditorial.
Sans surprise avec de tels cadrages, une telle lumière mordorée, sa source d'inspiration première est la Hudson River School. Pour des cyborgs anges bioniques qui font très Bayonetta et des ruines à l'architecture brutaliste, dunesque, que l'on voudrait explorer.
Pour le prix, pas si petit au reste, on pourrait s'attendre à un chouia plus de matière qu'une interview expédiée sur une demi-page... Par exemple, 90% de ses images sont de la 3D ! quand j'aurais supposé au contraire 90% de Photoshop ! J'aurais donc été curieux d'avoir un WIP avec tout son processus, la 3D, le cadrage, le rendu, la surcouche Photoshop...quelques croquis, références et inspirations plus ciblées pour certaines œuvres, contexte sur sa carrière. Pourquoi les beaux-livres et autres Artof rechignent-ils tant à nous donner des billes rédigées ?
(Bon en plus ils passent par des campagnes de financement participatif... comme les Moutons Électriques en leur temps. Or l'on a vu ce que ça a donné...)
https://www.artstation.com/pablocarpio
De l'espace et du temps
Sortie : 21 mars 2024 (France). Science-fiction
livre de Alastair Reynolds
Nushku a mis 6/10.
Annotation :
« Manipuler les concepts de la cosmologie classique requérait de l'imagination, mais également une capacité à considérer l'espace et le temps comme les facettes d'un même objet. »
Comme toujours avec Reynolds les blogs, critiques et forums me vendent du rêve d'un vertige cosmique qui va loin, étourdit et... ça va loin mais pas aussi loin que je l'espérais. Sans doute est-ce d'avoir du lu du Baxter et Stapledon dont on sent dans ce texte l'ombre tutélaire, qui me gâte ainsi le goût des échelles en-deça des super-amas ? J'entends toutefois que Baxter est bien plus médiocre écrivain que Reynolds.
À Elton John qui m'a toujours paru être l'incarnation vivante du kitsch et ringard anglo-saxon et dont je peine à écouter plus de deux titres, j'aurais préféré Bowie, autre Starman.
// Bon et à quand la traduction du Nord galactique, de Zima Blue et autres histoires et d’Au-delà du Rift de l'Aigle ? //
La Marche funèbre des marionnettes (1997)
The Funeral March of the Marionettes
Sortie : 23 mai 2024 (France). Nouvelle, Science-fiction
livre de Adam-Troy Castro
Nushku a mis 5/10.
Annotation :
Xéno-diplomatie.
Je n’ai pas lu d’autres textes dans l’univers partagé de l’auteur.
Un récit trop simple voire simpliste au regard du sujet, de ses prémisses qui attisent la curiosité et de ses thématiques passionnantes sur l’Autre, incompréhensible, indicible, la curiosité plus ou moins bien placée, etc. Le rejet absolu du suicide de la part du diplomate me semble également une excuse facile, peu solide, pour justifier l’incident à venir. De plus, comme plus bas Abeille ou Védrines, le désir du protagoniste principal-faux héros pour la mystérieuse femme, me semble court-circuiter les possibilités d’un texte ethnographique à la ‘La Voix des morts’. Manque d'un brin complexité, d'une autre couche, ce malgré l'excuse de vitesse du texte. (souvent on se prend alors à imaginer le thème exploité par un autre auteur... Liu, Watts, Chiang, Larson, Tchaikovsky ?)
*
« Il s'ensuivit l'un de ces intervalles complètement silencieux, comme il s'en produit de façon aléatoire même au cœur du pire des chaos, une période qui n'indique pas la fin de la destruction, mais fait office de ponctuation, mettant tout ce qui suit entre parenthèses. »
« — Je suppose que… si j’aimais uniquement ce que je comprends parfaitement, j’aurais une vie avec bien peu d’amour. Parfois l’amour c’est juste… l’envie de comprendre.
— Ce n’est pas l’amour, ça, seulement de la curiosité. »
« À l’instar de tous les diplomates de carrière, il avait passé sa vie à travailler la vérité à la manière d’une sculpture, lui conférant les formes qui convenaient le mieux au besoin du moment ; que j’en fasse autant maintenant lui aurait parfaitement convenu. »
L'Uræus (2014)
Sortie : 21 mai 2014. Poésie
livre de Salah Stétié
Nushku a mis 5/10.
Annotation :
L'insecte cosmique épinglé, le fossile galactique à ressortir d'une glaise sidérale du moins est-ce ce qui s'évapore de ces fines pages, pourquoi pas ? Carrément même. Full client. C'est ce que j’écrirais si j'étais poète. Mais là c'est maigre pour ne pas dire chiche.
Je crois ne plus pouvoir me lover larver glisser couler dans ces coquilles de poèmes pour y trouver chaleur.
Quant au dessin original d'Alenchinsky, du foutage de gueule. A pris un Crayola mauve, a entouré le texte imprimé et baste, on réimprime.
« La danseuse au long soin couleur de vent solaire
Du talon frappe un sol incandescent
Et danse invisiblement dans l'invisible »
*
« Cela, cela est songe
Chênes, reflets. Diaprures
Insubstantielles.
Songe que l'On songea
Qui : On ? N'est On qui veut
ON n'est personne. On, nenni,
Buvant aux deux seins du néant fornicateur Qui n'a de crépuscule qu'au lointain horizon Voilé de sable noir
Et qui n'a de matière diamantée que le Rien »
*
« Passerelle épineuse
Donne un oreiller à la tête osirienne
Où pullulent les scarabées cycliques
Portes du rien, Porte de Chine, seuil souverain
Ouvre-toi puis referme tes deux battants
Sur l'Osiris aveuglé de hannetons »
Phénomènes (2023)
De la pollinisation à l'origine des comètes en 124 planches illustrées
Sortie : 30 août 2023. Sciences, Document
livre de Camille Juzeau
Nushku a mis 6/10.
Annotation :
Comme un gamin à feuilleter, les soirs d'orage en automne, les vieilles encyclopédies du fond de la classe ou données par le paternel avec l'esthétique si particulière des dessins de vulgarisation de la première moitié du XXe siècle.
Un peu décevant, la tranche de graphisme n'est pas poussée jusqu'au bout, c'est-à-dire jusqu'à se passer totalement de texte. Elles ne fourmille pas assez de détails, chiffres, pictos — cette effervescence visuelle, ce monde-microcosme dans un grain de papier est ce que j'aime en regardant les infographies (plus que l'illusion de se cultiver à moindres frais sur quelques anecdotes ou menues statistiques comme dans les mauvaises vidéos YouTube.)
Une critique d'ailleurs (encore ! cela devient une sale habitude de me placer contre) affirme que les sujets traités sont peu passionnants. Elle prend en exemple l'intelligence du Blob et la datation au Carbone 14. C'est drôle, car entre le Blob qui a connu mille livres, documentaires, articles... et la datation qui nous ouvre les portes du passé, ce jugement me semble très péremptoire.
Morteparole (2014)
Sortie : 1 septembre 2014 (France). Roman
livre de Jean Védrines
Nushku a mis 5/10.
Annotation :
Morteparole présente l'odeur et la tête d'un roman des années 40. La mélancolie scolaire qui baigne ce roman n'évoque-t-elle pas tant Vialatte que Fournier et certains bouts de Gadenne ? Comme un classique oublié que l'on serait allé repêcher dans une bibliothèque locale de livres non-publiés en Bretagne. Du moins au début. Il n'en possède pas le goût réel, subtil et fort. Car une désagréable impression d’une volonté de tour de force, de monstration stylistique (et éthique) fait jour. Le style n'est au demeurant pas aussi virtuose qu'il le croit, à savoir une sorte de néo-simili-Céline (ou plutôt Cendrars car il n'y a pas la violence) oratoire timide. Il fonctionne notamment par ajouts, derrière la virgule finale, entassements et non par ciselure. Cela ressemble fort à du Bergounioux sans la rigueur, à du Michon sans les coulées mais Védrines se place loin des auteurs Verdier dont les thèmes, motifs sont similaires.
Il y a de la pose chez Védrines.
« Quand je lui remontrais qu’il aimait chez elles bien plus que les boucles d’or ou l’œil très bleu, un don de parole qu’il passait sa vie à repérer partout – dans la poésie de Rimbaud, de Jaccottet, les romans de Giono, de Céline –, il se contentait, supérieur, de hocher la tête. »
Quant au fond c'est plutôt de la même eau que du Delerm alors que Giovan se voit subversif sur l'école les vieux la modernité et les révolutions ratées. Mais ce thème, annoncé, n'est jamais traité. En effet, car quand Dora, la femme-mystère teasée tout du long débarque après tous ces ronds de jambe, bim, c'est comme si Védrines n’avait plus rien à dire, notamment sur les usines, la révolution, Turin, non, le désir comme chez Abeille écrase tout, le roman coupe court, pliez bagages et finit en queue de poisson.
« Enfin, c’était son espérance, la Manche, les bourrasques : qu’il y eût au moins des mots puissants, un grondement, des phrases qui roulent au rivage et disent cette terre presque étrangère. »
La Cité diaphane (2023)
Sortie : 3 février 2023. Roman, Fantasy
livre de Anouck Faure
Nushku a mis 6/10.
Annotation :
Combien de jeunes romancières s’inspirent de Miyazaki ? Sauf que pour une fois… ce n’est Hayao mais Hidetaka ! Une fanfiction FromSoft clairement. Faure s’inspire ouvertement de ses architectures, de son lore, de ses personnages ambivalents et piégés. Lors des scènes d’action, l’on s’imagine manette en main à rouler, esquiver.
Existe-t-il a la ville ce que la Maison des feuilles fût pour la maison ? Une grande ville étoilée et son livre attenant avec son palimpseste, sa bigarrure de polices et de couleurs, truffée ras la brochure de mystères.
J'aurais apprécié plus de densité, de détails, à vrai dire de concret, dans le lore et les descriptions de cette cité ; ville diaphane mais aussi abstraite : le contact des pierres froides, les textures des murs, les scories des statues, le froissement des parchemins, toutes ces odeurs ! la bibliothèque est vite oubliée et la question archivistique annulée. L'écriture a certes de l'allant et de la fermeté mais manque de naturel et de nuances dans sa volonté baroque.
Avec ses 4 personnages qui se tournent autour dans un tourbillon dramatique à coup de prophéties, de jumeaux, d’un roi fou et de son conseiller maléfique, un forgeron mutique, ces rares décors étiques on dirait du théâtre, une scène, même du Shakespeare.
Du moins pour la 1ère partie.
Puisque le dernier tiers part en full FromSoft, du Dark Souls avec un splash de BB ; voyez. Larves lumineuses, mère abominables aux milles visages, sang vicié et sang blanc aux progénitures corrompues, fioles d'argent, homme-cheval, lances que l'on esquive en roulant et des grottes au sol de lave qui ouvrent sur des cieux inédits.
La Cité est un petit livre mais de ces livres autophages qui posent pions et mystères puis car il faut bien se résoudre à en dénouer les nœuds s’astreignent - comme La Maison des soleils – à s’auto-expliquer, tout éclairer de bout en bout, à méthodiquement revenir sans cesse sur ses quelques brins de son ADN dans une boucle de rétro-action fermée qui ne peut que la(i)sser le lecteur sur le carreau. Ce que Faure ne retient pas de l’écriture FromSoft c’est bel et bien ce qui en fait la sève à savoir le creux, les béances dans le récit, ses points aveugles pour prendre le terme cercasien, qui laissent un flottement, un doute, des troubles dans le non-dit. Tout mettre en lumière ne fait qu’abraser les textures et anéantir les reliefs.
En un mot : maladroit. En deux : maladroit mais sympathique.
Je connaissais Faure via ses illus.
Les Écosystèmes, un bien commun
Essai, Sciences, Écologie
livre de Sandra Lavorel
Nushku a mis 5/10.
Annotation :
Un peu court (comme ma notule).
« Dans le cas des valeurs dites non matérielles ou culturelles, comme l'appréciation esthétique d'une prairie, la question devient hautement subjective, et l'on va alors interroger directement les gens, sur ce qui,selon eux, rend une prairie plus belle qu'une autre. On se trouve alors à l'interface avec d'autres disciplines, en particulier la sociologie.
Pour les prairies des Alpes sur lesquelles nous travaillons, et qui sont gérées humainement depuis longtemps, nous avons constaté que ce qui les rend belles pour les habitants de la région, ce sont, sans surprise, les couleurs variées des fleurs, la diversité des espèces,l'étalement dans le temps des floraisons successives : tout cela, on sait le mesurer, même si c'est coûteux en temps. Mais aussi, et c'était plus surprenant, la quantité de litière, donc de matières mortes, accumulées au sol: il ne s'agissait pas ici d'une valeur esthétique, mais d'une preuve de la qualité de l'entretien et du respect des traditions.
Ainsi, pour mesurer un service écosystémique, il faut combiner les mesures habituelles en écologie avec des entretiens avec la population. »
Le Veilleur du jour (1986)
Le Cycle des contrées, tome 2
Sortie : 26 mars 2015 (France). Roman
livre de Jacques Abeille / Léo Barthe
Nushku a mis 6/10.
Annotation :
2-7.5/10
Abeille semblait écrire pour moi avec un style gracquien, des descriptions minutieuses, des bibliophiles et des géologues en goguette… Abeille celait pourrait être ce Marcheur, cet ami lointain, vu de loin en loin, à la fois mystérieux et proche (n'est-il pas comme ça avec tout le monde dans d'autres villes ?).Une voix arrachée au Surréalisme, débarrassée de ses oripeaux factices factieux, passée au tamis de la fantasy.
Néanmoins quelque chose grippe, grince.
Car ne sort que son côté vicelard, l'écrivain érotique. Un male-gaze permanent. Abeille me fait penser à ces vieux dégueux qui se disent galants, s'érigent en amoureux des femmes mais ne font juste qu’étaler leur désir adiepux non-sollicité. Sauf qu’Abeille démiurge, ici elles attendent littéralement nues dans la chambre des protagonistes au charisme d’endive. Malheureusement, je ne peux faire la part des choses, séparer la lie du vin qui pour Léo Bart... Abeille pour c'était sa mousse, la part des anges. Sans aucun doute ne l'aurait-il pas voulu que son œuvre soit ainsi non-miscible. Tourné les pages avec crainte, appréhension et répugnance d'une énième scène de cul. Certains ne supportent pas les descriptions de Balzac, moi je suis gavé de ces descriptions de jeunes vierges pâles. (fausse normalité des corps. Déjà les statues ne poussant pas dans la norme n'étaient-elles pas jetées ?) Étrange à quel point ça me chiffonne chez lui et pas tant chez d’auteurs auteurs masculins pourtant logés à la même enseigne ?
Pour rester sur ce Veilleur, tout encore pour me séduire par des airs kafkaesques mais surtout par son côté Borges en diable avec pierres cyclopéennes qui dessinent les runes archaïques d'une langue intraduisible. Pourtant il y a comme chez Cendors, la promesse d'une fiction archéologique qui fait long feu : pas une fin lovecraftienne c'est sûr, trop vu, un mystère historique plus ancien ? une documentation plus riche et consistante : inventer tout un monde et même plusieurs mondes empilés (les auteurs se limitent toujours à une seule civilisation ancienne) ? chronologie suggérée par quelques trous de poteaux, murs détruits, menues monnaies ? Alors l'envie d'aller les écrire moi-même. / ...fictions archéologiques rigoureuses en un contre-point au sense of wonder cosmique dans le feuillet des pierres (sense of the deep/of ponder ?) sans tomber dans le facile indicible ni le pastiche du roman péplum à la Gautier. (Pas une mince affaire. J'en suis bien incapable.)
Tech Noir (2021)
L'art de James Cameron
Tech Noir: The Art of James Cameron
Sortie : 29 mars 2024 (France). Album
livre de James Cameron et Guillermo del Toro
Nushku a mis 6/10.
Annotation :
On savait que Cameron himself avait dessiné le dessin de Kate dans Titanic et nous avions vu la révélation des Navi — déception alors… de grands indiens bleus — via ses dessins au crayon.
Une expo non par le truchement de making-of, non par l’histoire des films mais par les croquis et les concept-arts.
Créations des années ‘80, l'imaginaire jusqu'au bout des mains. Cameron n'évite pas les clichés de l'époque. Il se gausse d’avoir découvert l’aérographe pour faire des halos lumineux… il y a clairement du kitsch qui tâche et nous avons échappé au pire. Quoique ce pire aurait l’air de rien modelé le présent et n'aurait plus alors ce parfum ringard. Imaginez les découvrir les concepts de Terminator sans les films...
Suis-je fan du cinéma de Cameron ? Pas tant que ça ou alors admiratif avec le ciboulot et non séduit avec le cœur, malgré le détail militaire au parfum martial. Je m’identifie un peu au jeune Cameron à vrai dire : petiot esseulé dans sa province ; lecteur goulu de SF et particulièrement d’A. C. Clarke, dessinateur avide remâchant ses lectures, passionné de vaisseaux et sciences. Certes sans le talent, ni les réflexions très précoces, évidemment sans la carrière qui aura suivi...
Côté texte, il est plaisant d'avoir plutôt que des périphrases visuelles ou des circonvolutions psychanalytiques, la voix de Cameron qui ne fait pas le semblant de l’humilité. Malgré quelques incartades récentes et son délire d'IA pour ses remasters (paradoxe compréhensible : sa technophilie de toujours qui vient s’opposer à son goût pour tout faire lui-même, son exigence minutieuse) vieillit mieux que Scott. Gros bémol : pas de cartel avec la date même un ca., la technique, les dimensions…
Quel dommage de s’être coincé dans son trou de souris qu’estAvatar. Malgré (à cause ?) de cette planète où tout est possible, de cette 3D azimut, le jeune Cameron dépeint dans cette exposition semble avoir disparu.
Au surplus, lorsqu'on voit à quel point il puise dans ses idées de Xénogénésis encore aujourd'hui je suis étonné que Jake n'ai pas perdu un bras pour recevoir un bras bionique. Peut-être l'un de ses enfants ? Idem pour les méduses flottantes : sûrement dans le 3, au-dessus des volcans ou le 4 dans les nuages ?*
* Entre la rédaction de la notule et le retour de SC des images d’Avatar dévoilées montrent des… méduses flottantes !
Sur la peinture (2023)
Cours mars-juin 1981
Sortie : 5 octobre 2023. Peinture & sculpture, Philosophie, Essai
livre de Gilles Deleuze
Nushku a mis 6/10.
Annotation :
Jamais eu d’admiration ni la nostalgie, ce malgré quelques pas passés dans des amphis de philo, pour tout ça Vincennes, enfin ici Saint-Denis. Je ne doute pas que mes éclaireursmettront 9 ou 10. J'aimerais aimer le D. M'y fondre. Au double sens de dissoudre et mouler, comme une sculpture — voyez je suis deleuzien dans l'âme. Y revenir, former ma vision avec.
Est-ce du lard ou du cochon ? De l’escroquerie de haut vol joliment dite ou de la pensée à la fine et profonde ? mon cœur hésite toujours et à coup sûr hésitera toujours parfois au sein même d'une seule phrase.
Séduit par la verve dès lors plus que convaincu par la méthode flotteuse, par l'esthétisme un peu comme je le disais par les symbolismes inopérants, les zodiaques déformés… J’ai pris ces concepts tout du long comme un jeu de l'esprit, des brindilles jetées au vent qui façonnent une belle cathédrale, des châteaux en Espagne dont je ne retire rien ou si peu. Parfois le ton prend les tours et atours d'un gourou crudivore qui nous parle d'énergies… On dira que c’est de ma faute.
« Il ne faut surtout pas que vous vous reposiez ni que vous réfléchissiez. »
Reste qu'à la fin je n'en ressors pas l’œil changé ni la sacoche garnie d’outils neufs. À la limite, de temps en temps, tenterai-je de distinguer un diagramme. En vain. Ne serait-ce parce qu’il s’intéresse essentiellement à des peintres « faciles » : abstraction, Expressionnismes, Van Gogh.
Si j'affectionne particulièrement le ton de la discussion, c'est l'Hdl'a telle que je ne la goûte guère. Probablement car de par ma formation, de par mes goûts, je garde une approche très concrète, technicienne, pisse-froid sans doute ? Celle le nez collé aux œuvres, signatures, style, indices icono, retraçant le jeu des écoles ; n'oubliant pas, justement, les maîtres dits petits.
« J'ai honte de vous montrer ... »
(Peu aimé les interventions lèche-cul. Surtout celles de G. Comtesse, psychanalyse et vent. Me fait penser à ce type suffisant à la voix désagréable qui intervient souvent au M&lP film pour ne rien dire. // Lorsque les intervenants ne sont pas d'accord, D. balaie toujours ça d'un revers désinvolte : on est d'accord, ça passe, ça connecte.
« - Donc, il faut changer.
- Non, je ne crois pas. [...]
- Ça ne marche pas.
-Non [...]
- Je suis en profond désaccord avec toi. [...]
- Eh bien, je vois que nous sommes tous d’accord ! »)
Relire Riegl & Woflinn, aller lire Maldiney qu’il cite tant et tant, trop ?
Le Sorcier de Terremer (1968)
Le Cycle de Terremer, tome 1
A Wizard of Earthsea
Sortie : 1977 (France). Roman, Fantasy
livre de Ursula Le Guin
Nushku a mis 7/10.
Annotation :
Ouvrons l'année avec un nouveau cycle que je gardais dans ma besace depuis déjà quelques années.
Prenons par la bande.
Est-ce la faute au fils Miyazaki ou à la langue simple, claire et limpide, sans fioriture aucune d’Ursula que j’ai imaginé les paysages, les habits dans une clarté limpide aux couleurs pures ? Loin en vérité des atours rudes, salins, burinés voulus par l’autrice pour son monde terraqué.
Étonné de voir ailleurs des critiques négatives sur ce roman par des admirateurices de Hobb tant leur ton, leur style, leurs paysages — Castelcerf est aussi pays de sel — leur rythme me paraissent proches, pour ne pas dire semblables. S’il est vrai que Le Guin va plus vite que Hobb, allant aussi vite de vieux contes là où Hobb prend le temps du temps long, du quotidien, c’est une fantasy sans fracas, à hauteur d’homme, intime.
La magie trouve bel et bien un équilibre entre la magie floue des Tolkien ou de HP aux sorts sortis du chapeau de l’autrice et les délires hard, techniques, d’auteurs contemporains. Il y a bien dans la magie des règles, des limites, des risques mais garde aussi son mystère, donc sa puissance.
Grand plaisir, gros charme.
-
Sur les couvertures dénaturées :
https://medievalpoc.tumblr.com/post/73847767314/fiction-week-the-earthsea-cycle-by-ursula-k/amp
https://colorfulbookreviews.wordpress.com/2020/10/26/rant-about-coverfail-in-earthsea/
*
« — À quoi sert-elle, Maître ?
— À rien que je sache.
Ils reprirent leur chemin et Ged garda la cosse un moment, mais il finit par la jeter.
— Lorsque tu connaîtras la quatrefeuille en toutes saisons, sa racine, sa feuille et sa fleur, son aspect, son parfum et sa graine, alors tu pourras apprendre son vrai nom, car tu en connaîtras l’essence, ce qui est mieux que d’en connaître l’utilité. Après tout, quelle est ton utilité ? Ou la mienne ? La Montagne de Gont est-elle utile, ou bien la Haute Mer ?
Et cinq cents pas plus loin, Ogion ajouta enfin :
— Pour entendre, il faut être silencieux. »