Carnet de glanures : « Fragments »
Des citations, bouts, bribes, extraits trop longs pour tenir dans le cadre restreint de la longueur de caractères des annotations des listes de lecture.
[+ d'autres bouts encore plus longs en commentaires]
572 livres
créée il y a presque 5 ans · modifiée il y a 2 joursLibertés urbaines (2024)
Sortie : 3 octobre 2024 (France). Histoire
livre de Patrick Boucheron
Nushku a mis 6/10.
Annotation :
« Tous deux ont accompagné cette conversion du regard qui fait l'œil historien, cet art de voir autrement.Si je dis conversion, ce n'est pas dans un esprit religieux. La conversion n'est pas ici l'adhésion aveugle à un corps de doctrine ou l'adoption d'une foi nouvelle. Tout au contraire, un maître est quelqu'un qui nous apprend sans asséner,sans dominer, qui ne réclame ni silence ni révérence et qui surtout saura toujours le moment venu, et c'est cela aussi que j'ai retenu, décourager les dévots. Si j'ai suivi leurs voix et leurs voies, je n'ai pas eu de vocation au sens propre.L'histoire fut pour moi un exercice, un plaisir et une chance, mais je ne lui voue pas ma vie.Et puis une dernière chose : j'ai eu la bonne fortune d'avoir des maîtres matérialistes. C'est toujours ainsi qu'on devrait commencer - il est temps, ensuite, de compléter. »
« D'où ce que j'ai appelé d'abord une théorie des espacements, puis une théorie des emplacements. Espacement d'abord. Il me semble que raconter l'histoire, c'est tenter d'espacer le temps. Dans ce livre paru en 2012 sous le signe,justement, de L'entretemps, j’analysais cette scène : François d'Assise, encore lui, s'adresse à une foule à Bologne en 1222. Il parle devant le palais public. Quoique laïc, il fait un sermon et dans nos catégories, nous dirions qu'il tient un discours religieux. Mais justement, son horizon de réception le transforme en harangue, s'engouffre dans une brèche qui la politise. »
De l'espace et du temps
Sortie : 21 mars 2024 (France). Science-fiction
livre de Alastair Reynolds
Nushku a mis 6/10.
Annotation :
« La nuit, il rêvait de cosmologie, au fil de songes qui se faisaient de plus en plus épiques et ambitieux à mesure que ses connaissances scientifiques s'affinaient. Dans une frénésie répétitive, il récapitulait toute l’histoire de l'univers, de ses balbutiements jusqu'à la grandiose et symphonique expansion de l'intelligence.
Au début, il y avait toujours le vide, une absence non seulement d'espace et de temps, mais aussi de vie. En même temps, Renfrew avait conscience d'un potentiel en gestation, une sensation que le rien se trouvait à la charnière d'une instabilité hors-norme, comme s'il tardait au futur univers de voir le jour. Puis, aussi inévitable que la nuit, il venait au monde : pas tant une explosion qu'une sorte de mécanisme qui se déploie, des structures astucieusement compactées qui se déplient avec une rapidité croissante, se cristallisent pour former un vide tout neuf s'étendant plus vite que la lumière. Le colon rêvait de symétries qui se brisaient, de masse et d'énergie qui se séparaient, de force et de matière élaborant des motifs complexes. Il rêvait d'atomes qui se stabilisent et s'associent pour fabriquer des molécules et des cristaux, et depuis ces briques de construction, il rêvait les débuts simples de la chimie. Il rêvait de galaxies se condensant à partir de gaz, de jeunes soleils supermassifs s'embrasant brièvement avec un éclat aveuglant au sein de ces galaxies. Chaque nouvelle génération d'étoiles devenait plus stable que la précédente, et leur évolution, puis leur mort, donnait naissance à des métaux éjectés dans l'espace interstellaire. Des mondes se formaient ensuite depuis ces matières condensées, d'abord brûlants, jusqu'à ce que des comètes frappent leurs croûtes, les éteignent et leur fournissent des océans et des atmosphères.
Il rêvait des planètes qui vieillissaient. Sur certaines d'entre elles, les conditions étaient réunies pour la création d'une vie microbienne. Mais il fallait que l'univers gagne en maturité et en taille avant d'y voir des choses plus intéressantes. Même alors, cela restait exceptionnel, et les mondes où les animaux quittaient les océans pour barboter et respirer sur la terre ferme d'une extraordinaire rareté.
[suite en commentaires…]
La Marche funèbre des marionnettes (1997)
The Funeral March of the Marionettes
Sortie : 23 mai 2024 (France). Nouvelle, Science-fiction
livre de Adam-Troy Castro
Nushku a mis 5/10.
Annotation :
« Voilà plus d’un millier d’années que les bureaux, en tant que meuble doté d’une réelle utilité pratique, sont devenus obsolète. Leur présence se justifiait quand l’essentiel du travail se faisait sur papier, ou sur des écrans d’ordinateur censés se trouver à peu près au niveau des yeux. Mais depuis que ce n’est plus le cas, ils ne rendent plus de service assez important pour mériter l’espace qu’ils occupent. Ils ne doivent leur survie qu’à leur efficacité en tant qu’outil psychologique, ne serait-ce qu’à travers l’effet de distanciation que cette grande étendue lisse introduit, amplifiant en soi l’autorité de la figure qui en est investie juchée de l’autre côté. Nul doute que les hommes comme Dhiju en sont conscients. Quand j’entrai dans ses quartiers, il m’attendait donc derrière son bureau, me lançant des regards noirs comme depuis le sommet du mont Olympe. »
*
« — Je sais juger les gens.
— Vous savez juger que dalle. Vous restez le cul assis sur cette foutue tribune, à pousser des "oh" et des "ah" face au spectacle, et vous y allez de votre petite larme pour toutes ces marionnettes qui se hachent mollis, et en même temps,ça vous excite. Vous portez ces machins ridicules, ajoutât-elle en montrant mes fouets artificiels, et vous écrivez des traités débiles sur la beauté du Ballet. Vous prétendez essayer d'y comprendre quelque chose, alors que vous ne voyez rien, que vous ne savez rien. Vous entravez que dalle.Vous n'avez même pas conscience du mal qu'ils se sont donné pour éviter de vous hacher mollis. Ils se sont concentrés sur vous au lieu du Ballet, utilisant toute la marge de manœuvre que leur permet leur scénario. Juste pour vous,monsieur "je sais juger les gens". Mais si vous continuez à baller dans cette direction, ils ne pourront plus veiller sur vous sans foutre en l'air tout le Ballet. Alors, croyez-moi,ça risque de hacher mollis avant que vous ayez le temps de dire ouf ! »
L'Uræus (2014)
Sortie : 21 mai 2014. Poésie
livre de Salah Stétié
Nushku a mis 5/10.
Annotation :
« La nuit, son regard de poisson glacé
La nuit ne voit pas le mur
S'y heurte
C'est résonance infinie
Dans le greli-grelot des galaxies Existantes inexistantes galaxies Dehors dedans
Traversées au plus loin par les fumées »
*
« Les villes les continents
Sous le rabot du vide
Désépinglés
Les noms d'avec le sens
Les errantes lumières
Une écharpe d'Isis
A l'horizon flambé de la matière »
*
« Tout le temps tout le temps
Ni temps ni tout ni temps
Des enfants pourtant crient sur un préau d'école
Ils vivent tous sur un seul grain de sable,
échappé
Inexistantes galaxies
Dedans dehors
Le temps s'attable et mange vos lamproies »
Morteparole (2014)
Sortie : 1 septembre 2014 (France). Roman
livre de Jean Védrines
Nushku a mis 5/10.
Annotation :
« C’est cet abri, dans son entier, qu’un jour on a décidé d’appeler notre « cabane ». Oui, on s’est dit : tout grand qu’il est, il va à peine suffire à nos exploits, aux héros, aux bonshommes qu’on incarne, dont on prend la silhouette, les poses, la voix. Certains jours, ils sont douze, quinze à la fois, en bisbille, jaloux les uns des autres, à nous tyranniser pour avoir leur place dans le concert, à nous épuiser pour qu’on les entende, qu’on les distingue bien, et Paul est d’abord à demi caché dans les sureaux, une de ses préférences, l’instant d’après dressé sur sa caisse de planches qui lui sert à tout – chaire de curé à l’enterrement, scène de théâtre, colline perchée au-dessus de la bataille –, tandis que moi, dans un angle opposé, je mène l’assaut sabre pointé et fais aussi le gars de l’armée ennemie, l’étripé, avec les bruits du combat, les dialogues surtout, les fameuses voix, des accents, des graves, des aigus. »
*
« Il faut dire qu’au milieu des champs de blé rôdent d’autres dangers, des menaces qui font froid dans le dos. On se le répète, tous deux, quand on doit faire le chemin ensemble. On se le répète pour jouer à se faire peur, bien sûr : des tas de saloperies rampent et furètent à même le sol, des diableries à incisives, affamées, voraces. « Gare !, on se murmure en riant jaune. Si tu tombes, t’es mangé cru. » »
*
« Mais non, impossible que l’institution récompense de cette manière, par le déplacement de son plus puissant symbole, la longue et modeste carrière de mon ami dans des petites villes à chômeurs, des collèges de banlieue pauvre et, pour finir, comme un couronnement à son abnégation, à l’humilité de sa condition, cette place réputée belle, ces cours dans un lycée parisien, riche et bourgeois : la république, ses ors écœurants, ses pompes, ses bouffissures, ne célèbrent jamais les vies grises, sacrifiées, dont elle se nourrit. »
La Cité diaphane (2023)
Sortie : 3 février 2023. Roman, Fantasy
livre de Anouck Faure
Nushku a mis 6/10.
Annotation :
« Ses parois abruptes s’arrachaient de la surface du lac en forme de demi-lune. Et la falaise devenait cité, dentelle de basalte, flèches aériennes menaçant les nuées, allées d’arcades marmoréennes. L’on n’aurait su dire où commençait le travail de la main de l’homme, où finissait celui de la terre. Sans nul doute ses créateurs espéraient donner l’illusion que Roche-Étoile avait surgi tout entière des feux chthoniens qui avaient forgé son promontoire. À cet instant, je songeai qu’il fallait être animé d’une foi inébranlable pour bâtir ici ces monuments démesurés, à l’orée des terres des démons et de leurs noires magies, loin des royaumes humains. Désormais, l’orgueil et la folie me paraissent une bien meilleure explication. »
*
« Cette ville soi-disant morte s’avérait bien trop peuplée à mon goût. Les seuls témoins qu’il me plaisait d’interroger étaient des journaux, des manuscrits à décrypter, à la rigueur des cadavres, non des vivants imprévisibles et menteurs. »
*
« — Les légendes racontent que cette île est née de la chute d’une étoile, lui appris-je. Elle aurait traversé l’écorce de la terre et fait jaillir les feux souterrains qui se sont figés en créant cet à-pic rocheux. Des siècles avant que les premiers rois partis en croisade contre les démons ne fondent la cité et n’y amènent le culte de la déesse, d’anciennes tribus venaient déjà ici en pèlerinage adorer la roche tombée du ciel.
— Les fondateurs de Roche-Étoile espéraient donc toucher le ciel, s’émerveilla-t-elle.
— Cela ne les a menés qu’au néant, conclus-je avec morgue. »
« Mais je m’égarais, et le prince, seulement à demi mort et par conséquent moins sujet à de telles contemplations, avait déjà traversé les jardins pour gagner une partie interdite du sanctuaire. Ces chemins autrefois ombragés d’arbres majestueux n’avaient jamais abrité que les conversations des princes et des princesses, les pensées sombres des rois et, parfois, les confessions que l’avenir adressait aux oracles. »
Les Écosystèmes, un bien commun
Essai, Sciences, Écologie
livre de Sandra Lavorel
Nushku a mis 5/10.
Annotation :
« Ces classifications étaient alors encore hyper simples, voire simplistes, mais suffisantes pour les objectifs poursuivis de modélisation à l'échelle globale. [...] Car les écologues sont des gens qui ont la passion du terrain, qui observent ce qui s'y passe, les plantes qu'on y trouve, leurs différentes formes, et qui essaient de relier ces formes à des fonctions. Il nous a donc semblé naturel de partir non pas de modèles globaux, mais de nos connaissances de terrain,des infinis détails, de la forme des feuilles des plantes, de celle de leurs graines, de leur modalité de dispersion (par le vent, les fourmis, etc.) pour remonter au fonctionnement de l'écosystème.
Dit ainsi, cela paraît assez simple, mais c'était à l'époque non seulement très ambitieux mais également très contesté, dans la mesure où, à l'inverse des modélisateurs, les spécialistes de la végétation et les botanistes refusaient ce type de simplification, considérant que chaque espèce est particulière, et que c'est une par une qu'il faut chercher à les comprendre. De notre côté, nous pensions qu'en partant de choses relativement simples, nous pourrions parvenir à expliquer le fonctionnement général des plantes. »
*
« Il s'agit donc d'un travail collectif d'accumulation de données, qui permet petit à petit de construire une connaissance. Nous alimentons des bases de données avec ces traits fonctionnels végétaux, ce qui permet de tirer des conclusions générales, mais aussi de mettre à disposition les données, ce qui est important, beaucoup d'espèces étant distribuées très largement à l'échelle régionale, continentale, voire mondiale. Il nous a fallu convaincre nos collègues, habitués à travailler minutieusement dans leur coin loin des grands réseaux internationaux, de l'intérêt de suivre l'exemple d'autres disciplines, comme la génomique, et de partager leurs données, ces précieuses mesures de terrain acquises au fil de nombreuses heures de travail.
Le défi était non seulement technique mais aussi conceptuel, puisqu'il ne s'agissait pas seulement de mettre en place ces bases de données, mais aussi d'être sûrs d'y mettre des choses comparables, avec une systématique très précise de la description de ce qui est mesuré sur chaque site. D'une certaine façon, ce fut aussi un travail de sociologie des sciences :avec quelques collègues - notamment Sandra Díaz, collègue argentine, et Éric Garnier au Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive de Montpellier - nous avons démarché d'autres écologues
Le Veilleur du jour (1986)
Le Cycle des contrées, tome 2
Sortie : 26 mars 2015 (France). Roman
livre de Jacques Abeille / Léo Barthe
Nushku a mis 6/10.
Annotation :
« On n’avait rien dit de l’entrepôt – les vestiges importants, s’il fallait en croire ses employeurs, résidaient strictement dans le cimetière où on le conduisait –, or il lui semblait, à lui qui ouvrait dans l’espace des yeux étrangers, tandis que ses pas martelaient les dalles et faisaient résonner les grandes salles noyées d’ombre où il cheminait, qu’il était entré, sitôt le seuil franchi, dans un espace différent, comme si cette bâtisse elle-même appartenait à une lointaine tradition et comme si les pierres dont elle était constituée étaient un lourd conglomérat d’âges révolus dont elles eussent caché les caractères et les violences sous leurs faces opaques. Ce dépôt des temps lointains et des passions humaines qui les avaient traversés était par instants si dense qu’on était irrésistiblement porté à l’illusion d’en sentir encore le frémissement diffus, en sorte que s’aventurer dans l’épaisseur de l’édifice était comme hanter d’une démarche hasardeuse le sommeil séculaire de quelque monstre antédiluvien assoupi seulement sous le cours profond de l’histoire, tapi dans un rêve géologique et prêt, quoi-qu’il se fût abandonné depuis des millénaires aux rets pesants d’une vie infiniment ralentie, à s’éveiller en rassemblant sa masse amorphe et à faire crouler les monts dans les vals et la ville au fleuve. Or, tandis que ces imaginations le traversaient presque à son insu, Barthélemy Lécriveur n’éprouvait aucune angoisse. Il se sentait le cœur conquis par la sourde puissance minérale qui l’enveloppait et cédait à une sorte de charme qui, lent, tenace, pénétrait son être et l’enrobait d’une souveraineté nocturne à la faveur de quoi il finissait par s’éprouver comme un organe vital du monstre reposant et non plus comme un visiteur occasionnel. »
« — La ville.
— C’est grand, la ville.
— Est-ce qu’un auteur a jamais songé à parler du cœur de la ville ?
— Le cœur de la ville, répéta-t-elle rêveusement. Ah ! il y a bien des livres d’histoire qui expliquent par le menu autour de quel village archaïque, lointain, enterré désormais sous dix strates de fondations successives, la ville s’est développée. Mais est-ce bien là le cœur à proprement parler ? C’est qu’on en trouve partout des vestiges, et ce n’est pas fini. Je ne sais trop que vous proposer, je vais voir." »
Tech Noir (2021)
L'art de James Cameron
Tech Noir: The Art of James Cameron
Sortie : 29 mars 2024 (France). Album
livre de James Cameron et Guillermo del Toro
Nushku a mis 6/10.
Annotation :
[science exacte]
« J'ai sûrement dessiné l'illustration ci-dessus pendant ma première année de fac.Lorsque je rendais un devoir, je dessinais sur la couverture pour pousser le prof à me donner un A. À ce stade, la science était devenue une grosse influence,comme on peut le voir sur la couverture de mon cahier de sciences de troisième,à droite. Pendant le lycée, je me suis plus intéressé à la pop culture, même si j'ai aussi lu plein d'ouvrages scientifiques. Mais, à la fac, j'achetais Scientific American en kiosque et je me concentrais davantage sur la science pure et dure.Vers le milieu de mon adolescence, j'ai cessé de m'intéresser à la fantasy. J'ai tiré un trait sur les sorcières, les magiciens, les elfes, les trolls, les gobelins et tous ces trucs-là. Je m'intéressais davantage aux scénarios plausibles et concrets, la SF plutôt que la fantasy. J'ai vraiment évolué pendant cette période. Pourtant,j'aurais adoré Le Seigneur des Anneaux si j'avais su ce que c'était. Étonnamment,il n'a croisé ma route que quand je suis arrivé à la fac, à dix-sept ans. Or, j'avais déjà décidé que j'étais un amateur de hard SF. La fantasy, c'était pour les filles ! Mais j'ai vite compris que, pour attirer l'attention des nanas intéressantes, il fallait connaître un peu Le Seigneur des Anneaux. Alors j'en ai lu une version abrégée ! »
*
« Je savais qu'on ne se contente pas de vendre un seul tableau ; il faut créer tout un portfolio, peut-être se faire exposer dans une galerie, et entrer dans ce milieu de cette manière. Mais je n'avais pas d'objectif précis. J'avais seulement envie — besoin de dessiner. Je ne savais pas où j'allais, je n'avais pas d'objectif prédéfini. C'était juste une image dans ma tête et il fallait que je la peigne. C'était toujours comme ça. »
*
« Piranha II n'a pas été un choix de carrière judicieux.C'était même l'idée la plus stupide de toute l'histoire des piranhas volants. Mais, à l'époque, je n'étais personne, donc je n'avais rien à perdre. J'avais besoin de mettre un pied sur le premier barreau de l’échelle. Mais un peu plus tard, jai essayé d'engager Sting pour le rôle de Kyle Reese dans Terminator. Il avait lu le script, et le pitch lui plaisait. Après la réunion, on a pris l'ascenseur ensemble. Il m'a dit : "Alors, Piranha Il ? " J'ai protesté : "Ouh là, non! Tu dois comprendre que... " Mais la discussion s'est arrêtée là. »
Terremer - Intégrale (2018)
Introduction, postface et nouvelles inédites
The Books of Earthsea
Sortie : octobre 2018. Roman, Fantasy
livre de Ursula Le Guin
Annotation :
Préface [sur les couv. :]
« J’avais honte de ces couvertures, qui induisaient tout un tas de faux préjugés sur les personnages et les lieux de mes ouvrages. J’en voulais aux services artistiques des maisons d’édition qui avaient rejeté toute suggestion de ressemblance entre les contenus des livres et leurs couvertures, m’opposant leur Savoir arrogant sur ce qui se vend – un mystère qu’aucun graphiste digne de ce nom n’oserait jamais prétendre avoir percé à jour. Les éditeurs de poche voulaient du commercial, de la fantasy passe-partout ; les départements jeunesse ne voulaient quant à eux aucune allusion à des thèmes adultes. J’ai donc découragé toute suggestion d’illustration. »
[Cartes en fantasy, un trope (Jaworski fait son intéressant à les refuser), accessoire ? Le Guin en part :]
« Ces histoires parlent des Îles, des Lointains, des riches et illustres îles de l’Archipel, des Lignes Intérieures, des rades blanches de navires, et des toits dorés d’Havnor. Terremer se trouve bien là, encore inexplorée. […]J’ai commencé par m’asseoir pour dessiner une carte – celle de Terremer, et de toutes ses îles. Je ne connaissais rien d’elles, sinon leurs noms. Et dans le nom réside la magie.
[…]
Ledit plan me servait d’outil de travail. Un navigateur a besoin d’une carte. Si mes personnages prenaient la mer, je devais savoir quelles distances séparaient les îles les unes des autres, et dans quelle direction ils devaient naviguer pour les rallier. Le premier livre suivait une sorte de spirale allant de Gont à Roke, pour ensuite revenir à Astowell sans quitter l’Archipel. Pour le deuxième livre, la carte m’a guidée jusqu’aux Terres Kargues d’Atuan. Et après ça, il y avait toujours une île ou un lieu que je n’avais pas encore visité, et une histoire à en rapporter. Quelle île trouve-t-on aux confins de l’Est ? Selidor… Regardez Havnor : assez grande pour que des gens vivant à l’intérieur des terres n’aient jamais vu la mer. Quelle sorte de magie se pratique à Palne ? Et que dire du grand territoire kargue d’Hur-at-Hur, situé aussi loin à l’est qu’Astowell, et presque inconnu des Archipéliens : y a-t-il jamais eu de dragons par ici ? »
Le Sorcier de Terremer (1968)
Le Cycle de Terremer, tome 1
A Wizard of Earthsea
Sortie : 1977 (France). Roman, Fantasy
livre de Ursula Le Guin
Nushku a mis 7/10.
Annotation :
[Ce que j’aime dans la fantasy, ce sont ces bribes :]
« C’est ainsi que pour Ged, qui n’était jamais descendu des hauteurs, Port-Gont était un endroit impressionnant et merveilleux, avec ses grandes maisons et ses tours en pierre de taille, son front de mer et ses jetées, quais, bassins et mouillages, et le port lui-même où une cinquantaine de navires et de galères se balançaient à quai ou gisaient la coque retournée pour être radoubés, ou bien encore étaient mouillés dans la rade, voiles ferlées et sabords de nage clos. On pouvait y entendre les marins s’interpeller dans d’étranges dialectes, voir les débardeurs lourdement chargés au milieu des barils, caisses, glènes de cordes et amas de rames, les marchands barbus dans leurs robes de fourrure devisant tranquillement en se frayant un chemin sur les dalles moussues, les pêcheurs qui déchargeaient leurs prises, les caréneurs qui martelaient, les charpentiers qui sciaient, les vendeurs de palourdes qui chantaient, les maîtres de vaisseau qui hurlaient, et par-delà toute cette agitation, la baie silencieuse et ensoleillée. Dans une totale confusion des sens, Ged suivit le Maître du Port jusqu’au grand quai où était amarré l’Ombre, et il fut conduit au maître du vaisseau. »
*
« Il dormit donc longtemps, et lorsqu’il se réveilla, la neige tombait doucement. Il s’en alla flâner par les allées et les ruelles de la ville, et observer les gens vaquant à leurs occupations. Il regarda les enfants emmitouflés dans des houppelandes fourrées faire des bonshommes de neige et construire des châteaux ; il écouta les commères bavarder sur le pas de leur porte dans la rue, et contempla le travail du fondeur de bronze, aidé par un petit apprenti au visage rougeaud qui suait à grosses gouttes en attisant le brasier au moyen de l’énorme soufflet. Par les fenêtres éclairées d’une lueur mordorée, alors que la brève journée s’obscurcissait déjà, il aperçut des femmes filant au rouet et se détournant de temps à autre pour sourire ou parler à leurs enfants, à leurs époux, dans la chaleur du foyer. Ged vit toutes ces choses de l’extérieur ; il était à l’écart, isolé, et son cœur était lourd, bien qu’il eût refusé de reconnaître qu’il était triste. À la nuit tombante, il s’attarda encore dans les rues, car il n’avait aucune envie de retourner à la taverne. »
Sur la peinture (2023)
Cours mars-juin 1981
Sortie : 5 octobre 2023. Peinture & sculpture, Philosophie, Essai
livre de Gilles Deleuze
Nushku a mis 6/10.
Annotation :
« Pourquoi la peinture aujourd’hui ? Quelle est la réponse ? Elle ne peut sortir que de ce qu’on appelait le diagramme. Qu’ils le disent ou pas, tous les peintres, il me semble, disent que, si la peinture vaut encore la peine, c’est précisément parce qu’elle a un certain rapport avec le chaos, tantôt en termes philosophiques, tantôt en termes très lyriques, que tout le monde reconnaît à l’homme moderne. Notre monde est devenu un chaos. Notre monde est tumulte et chaos. »
« Un tableau qui soit un abîme, c’est rien. Un tableau qui soit de l’ordre, c’est rien. Mais l’instauration d’un ordre propre à l’abîme, ça, c’est l’affaire du peintre. »
« On peut faire une échelle des temps qui recule de plus en plus. Vous aviez les trois temps calmes de la Renaissance : fond blanc, ébauche, position des couleurs en faux glacis. Vous avez au XVIIe siècle et déjà avec le Titien une précipitation : fond qui devient épais et tend à se colorer, travail en pleine pâte. L’ébauche est court-circuitée. Enfin, triomphe de la couleur avec les accents du Titien. Au XVIIe siècle, vous avez donc cette espèce de recul dans le temps où les choses se précipitent. Si j’essayais de résumer ce problème du colorisme au XIXe siècle, la couleur, c’est les accents, il n’y a plus que les accents. On va faire tout un monde avec ce qui, pour les autres, était les derniers accents. »
« Il y a des couleurs qui manquent sur la palette d’un peintre. C’est aussi intéressant de questionner un peintre en fonction des couleurs qui lui manquent qu’en fonction des couleurs qu’il utilise. Toutes sortes d’exercices pratiques seraient possibles. Lorsqu’une couleur reçoit le nom propre d’un peintre… »
« Car la peinture s’adresse à l’œil, d’accord. Mais quel œil ? Je suggérerais que la peinture fait peut-être naître un œil dans l’œil. Elle a peut-être affaire à ce qu’il faudrait appeler, à la lettre, le troisième œil. »
The Heart of Dead Cells: A Visual Making-Of (2018)
Sortie : décembre 2018. Beau livre & artbook, Jeu vidéo
livre de Benoît "ExServ" Reinier
Nushku a mis 4/10.
Annotation :
Des liens :
https://www.gamedeveloper.com/production/art-design-deep-dive-using-a-3d-pipeline-for-2d-animation-in-i-dead-cells-i-
https://www.youtube.com/watch?v=OfSpBoA6TWw
https://www.youtube.com/watch?v=CpX4KFktrJo
https://carduus.artstation.com/
« A l'image de nombreux créateurs de jeux vidéo, les membres de Motion Twin participent à des game jam en marge du travail, et durant la Ludum Dare #324, Thomas Vasseur présente ScarKrow. En plus de similitudes au niveau du rythme de l'action, ce sont vraiment les ambiances et les choix d'éclairage de ce titre qui posent les bases des environnements de Dead Cells. On retrouve l'utilisation d'une palette de couleurs restreinte, avec des teintes particulièrement saturées, un choix qui facilite la lisibilité de l'action à l'écran, tout en donnant une forte identité au jeu. C'est avec cette logique que Thomas aborde les premiers travaux de recherche des environnements de Dead Cells, où l’on reconnaît très tôt l'atmosphère unique de l’île maudite.
Les intentions de l'artiste sont claires : il faut se détacher des représentations habituelles du genre médiéval-fantastique. L'usage de couleurs pures et intenses y participe, mais pas seulement. »
« Cet amour pour les ambiances colorées fait que l'on retrouve énormément de violet dans le jeu, à tel point. que l’équipe parle du a « violet Carduus » pour se moquer de la tendance de Vasseur à utiliser cette couleur en toutes occasions. Il ne peut néanmoins réaliser l’intégralité des éléments visuels seul et c’est Gwenael Massé qui se charge des environnements des son arrivée fin 2016. Loin de revenir sur le penchant pour le violet de son collègue, il embrasse au contraire cette tendance, et l'ambiance des différents lieux en extérieur sen ressent. Thomas Vasseur me confiait qu'il est particulièrement fier du résultat dans le niveau des Toits de la Prison, où l'on peut admirer un magnifique coucher de soleil, donnant à l’ensemble des teintes allant du jaune au violet, en passant par l’orange. »
Le Voyage de Hollande (1964)
et autres poèmes
Sortie : 1964 (France). Poésie
livre de Louis Aragon
Nushku a mis 6/10.
Annotation :
« Je suis venu par à travers le pays de nulle part
Je suis venu par un chemin de vent vide et glacé
De fatigue d’appels sans réponse et de pas effacés
De fondrières comme une étoffe tout à coup qui part
Une vaine forêt d’hiver un silence absent d’oiseaux
Un tournant après l’autre et ce n’est jamais le bout du songe
Les poumons brûlés par la peur les yeux que ne pas voir ronge
Le sang seul qui fait au fond de l’oreille un bruit de ciseaux
Je suis venu vers toi trébuchant de calvaire en calvaire
Avec des bras d’aiguilles de verre et des genoux qui crient
Colin-maillard perpétuel univers de tromperie
Où manquera toujours une marche à l’escalier pervers
Quel labyrinthe où c’est moi sans cesse par moi poursuivi
Comme un acteur qui ne sait que les premiers mots de son drame
Je suis venu vers toi dans la nuit sans lumière que l’âme
Sur cette scène où sans fin je crois recommencer ma vie
Je suis venu par les brouillards intérieurs les secrets
Les faux pas le doute qui retourne à soi-même l’angoisse
Je suis venu vers toi dans ces joncs coupants à qui les froisse
Par la traîtrise de la terre et l’eau morte des marais »
« Les arbres le vent
L’ombre et la charrette
Un moment avant
Que le cœur s’arrête
Le moulin la roue
Les roses trémières
La brume se troue
D’un brin de lumière
On voit le chemin
Pourtant sans le prendre
Aujourd’hui demain
Que sert-il d’attendre
L’étang les fossés
Rien n’est que paresse
Pourquoi se presser
Puisque rien ne presse
Une fine pluie
De vagues tourelles
Dont vaguement luit
Le toit tourterelle »
« Je te donne ce chant comme un trèfle
Un trèfle c’est toujours un trou dans le cœur
Et quand cela fleurit tout au fond cela saigne
Mauve ô sang triste
Mais la feuille la feuille frêle au moindre souffle
Et que te fait qu’il soit à trois ou quatre s’il
Respire ce trèfle faible
Vers ta bouche
Je te donne ce chant comme un pauvre trèfle tombé
Du livre ou du lit De ma lèvre
Ce chant muet ce mendiant couleur de baiser »
Coulée brune (2024)
Comment le fascisme inonde notre langue
Sortie : 10 octobre 2024. Essai, Culture & société, Politique & économie
livre de Olivier Mannoni
Nushku a mis 5/10.
Annotation :
« Un langage nébuleux, allusif, tirant d'hypothèses non confirmées des conclusions définitives et conspirationnistes : est la technique utilisée dans Mein Kampf telle que nous l'avons analysée et décrite dans Traduire Hitler, qui revient s'infiltrer ici. Le fantasme teinté de xénophobie et de racisme prend la place du réel, désigne un adversaire imaginaire contre lequel tout est possible, mais dont on ne pourra jamais venir à bout puisqu'il n'existe pas. La langue en loques vient servir une représentation du monde délirante. »
*
« Affrontements verbaux et bagarres physiques sont bientôt monnaie courante. Et dans cette course, l'aspiration démocratique laisse la place à une autre compétition : celle à l'audience, au passage en télévision, aux phrases qui seront les plus reprises sur les "réseaux sociaux", sans oublier la course aux postes politiques. S'il y a eu un langage spécifique des Gilets jaunes, il est déjà mort à cet instant et a laissé place à la langue du buzz et du simplisme. »
*
« Seulement, voilà, le choc n'est pas un instrument politique. Il ignore que toute progression sociale, toute avance des idées, est au contraire le fruit d'un long travail de pensée et de dialogue. Le 'choc' n'est une manière d'affirmer que, dans l'action, toute cette longue réflexion n'a aucune valeur. Même quand on organise des "conventions citoyennes" ou des "concertations" qui ne trouvent aucun débouché concret.
La colère, le choc, l'indignation sont les trois principaux carburants de ce bouillonnement perpétuel. Mais l'indignation et la colère sont une drogue : si le toxicomane veut se procurer le même effet, il doit augmenter les doses. De l'indignation, on passe vite au scandale. Le scandale est aussi une arme du langage politique. »
*
« Si l'indignation pose ici un problème, c'est qu'elle efface au bout du compte tout autre mode de réaction plus positive. Elle épargne au lecteur toute réflexion réelle sur les faits, leurs causes et, le cas échéant, sa propre responsabilité dans le phénomène. Elle provoque ce contact électrique immédiat susceptible d'inspirer un "choc". »
Les Essaims
Sortie : 26 septembre 2024 (France). Roman, Science-fiction
livre de Chloé Chevalier
Nushku a mis 6/10.
Annotation :
« Les trois sphères conservent toujours leur nom, continue, placide, celui qui se fait appeler Papio. Kaoni reste Kaoni, la rouge aux fleuves-mers. Mourdzou reste Mourdzou, la mouillée de mangroves. Tsapira reste Tsapira,avec ses volcans et ses geysers, son brouillard et sa neige.Il n'y a que leur fonction qui change. Chaque corps suit ce cycle : d'abord cinquante et une années comme sphère des Bêtes, puis cinquante et une années comme sphère des Hommes, qui la préparent à devenir celle du Monde pour cinquante et une autres années. Ensuite le cycle recommence. Toujours. »
🪐
« Ce n'est sans doute pas le plus accueillant des systèmes,avec sa planète unique, très grosse, autour de laquelle gravitent cinq lunes. La pesanteur y sera élevée. Une naine rouge l'éclaire.
Tenyka ne se demande pas quelle faune et quelle flore y implanteront les Ouvrières. Son rôle se limite à choisir des corps pouvant accueillir la vie humaine, et à les essaimer. Celui-ci remplit toutes les conditions, bien qu'à leur limite, et surtout c'est le plus proche. Tenyka sait qu'elle ne tiendra pas longtemps avec Galine, dont la simple présence redonne un sens au mot longtemps. Déjà, ses questions incessantes l'épuisent. La jeune Kaonienne n'est que mouvement et curiosité, bruit et agitation, appétits impatients. Elle est tout ce que Tenyka n'a jamais été, et ne sera jamais.
"C'est encore loin ?" la harcèle l'adolescente. »
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« Ponte pour le Vide (réflexions)
Qui avons-nous rencontré, dans l'univers ? Quelques virus, trois souches bactériennes, un mycélium méthanophile.
Qu'on se le dise : le vieux rêve de notre humanité, la découverte d'un Autre, n'a abouti qu'à la triste et exponentielle reproduction du Même.
Nous giclons à l'aveugle, comme des poissons dans l'océan, et comptons sur le hasard des courants pour perpétuer la débilité de notre espèce.
La Ruche se voulait principe femelle et matriciel- Reines, Ouvrières, alvéoles où la vie bourgeonne dans la gelée pourpre - mais notre essaimage restera à jamais une mâle vanité.
Conductrice Kân-Kall Pi, pour le 19e essaimage de la Reine-Algaminde »
Bande dessinée (1964-2024) (2024)
Exposition, Paris, Centre Pompidou, 29 mai - 4 novembre 2024
Sortie : juin 2024. Beau livre & artbook, Culture & société
livre de Thierry Groensteen, Anne Lemonnier, Emmanuèle Payen, Benoît Peeters, Johanna Schipper et Paul Gravett
Nushku a mis 7/10.
Annotation :
[Ellipse]
« L'un des enjeux essentiels est de construire des liens entre ces images, dans l'espace de la page et dans celui de la séquence. Il s'agit de transformer les contiguïtés en continuités, d'entraîner l'œil d'une case à l'autre, d'un strip à l'autre et d'une page à la suivante. Selon la belle formule d'Art Spiegelman, Comics are time turned into space : auteurs et autrices s'efforcent de convertir du temps en espace, ou, si l'on préfère, de spatialiser le temps.
Contrairement au cinéma, ou les photogrammes se succèdent les uns aux autres, les cases sont d'abord perçues simultanément, dès le premier regard sur la page ou la double page : avant même de lire, on appréhende une atmosphère, on entrevoit les images les plus marquantes. Composer une bande dessinée, c'est donc faire coexister une série de textes et de dessins, jouer avec les pleins et les vides, ménager ses effets, préparer des surprises, éviter souvent les cases trop spectaculaires qui dévoreraient leurs voisines La bande dessinée est aussi un art de la mise en scène. »
[Ellipses, mangas, comics]
« La relation à l'ellipse est l'une des différences les plus évidentes entre la bande dessinée occidentale et les mangas. La plupart des mangakas décomposent les actions davantage que ne le font les auteurs occidentaux, privilégiant une lecture visuelle. Ils multiplient les vignettes et réduisent la longueur du texte dans chacun des phylactères pour que la case soit perçue de façon quasi instantanée. En Europe comme en Amérique du Nord, la case est plutôt d'ordre synthétique : elle propose à la fois l'amorce d'une action et son prolongement; et souvent elle accueille plusieurs répliques d'un dialogue. Mais dans l'un et l'autre système, la fluidité des enchaînements constitue un enjeu fondamental. Loin de simplement juxtaposer les images, il s'agit d'organiser une dynamique visuelle et narrative. »
« Ce rapport paradoxal au temps m'apparaît comme une donnée essentielle. Si importantes que soient les évolutions de la bande dessinée depuis un demi-siècle, il reste sans doute quelque chose d'archaïque dans les liens que ses lecteurs les plus assidus entretiennent avec elle. Nous aimerions que nos personnages favoris continuent de vivre leurs aventures, que nous soyons assurés de les retrouver, quoi qu'il arrive. C'est ce que l'on pourrait nommer le principe de familiarité, une forme de vivre ensemble qui n'est pas étrangère à la magie de ces séries. »
Petits travaux pour un palais (2018)
Aprómunka egy palotaért
Sortie : 4 septembre 2024 (France). Récit
livre de László Krasznahorkai
Nushku a mis 7/10.
Annotation :
« ...l'art est seulement relié à la beauté, sans se confondre avec la beauté, et il ne se réduit pas à un charme, on peut même dire qu'à sa façon,il le refoule, par conséquent ce n'est pas dans un livre, dans une sculpture, dans une peinture, dans la danse ou dans la musique qu'il faut le chercher, quand on parle d'art, il nest pas du tout question de ça, en fait, il ne faut pas le chercher, puisqu'on le reconnaît dès qu'il est là, et ainsi de suite, car en présence de l'art, comment dire, il règne une atmosphère exceptionnelle dans un espace donné, et cela peut être provoqué par un livre, une sculpture, une peinture, une danse, une musique, mais également par un homme, pour moi la seule façon de formuler les choses pourrait être la suivante : l'art est un nuage qui procure de l'ombre dans la chaleur, ou un éclair qui brise le ciel à un endroit, et sous cette ombre, et sous la lueur de cet éclair, le monde n'est tout simplement plus le même qu'avant, un espace s'ouvre à nous, où ce qui existe devient brusquement très chaud ou très froid, autrement dit, sous l'influence d'une lointaine force insaisissable, toutes les composantes d'un espace donné deviennent sans transition autres par rapport à leur environnement, bon, ça suffit, je ne pense pas qu'un simple petit bibliothécaire tel que moi puisse avoir les bons mots pour décrire ce qu'il veut dire, et n'allez pas croire que l'expression simple petit bibliothécaire me pose secrètement un problème, non, cela ne me pose aucun pro blème, je ne suis absolument pas frustré, et je ne l'ai jamais été, j'expose simplement les faits,que les choses soient claires, je le dis, et je ne me lasserai pas de le répéter, je suis bel et bien un petit bibliothécaire gris, je sais à quoi je ressemble et comment je m'habille, je ne suis ni grand, ni petit, ni gros, ni maigre, je m'habille souvent en gris, et dès que possible, je mets mon costume marron, ma couleur préférée, je porte les deux en alternance, le costume gris et le costume marron, que puis-je dire à cela ? que ce n'est pas vrai ? eh bien si, c'est vrai, je sais que cela ne me met pas en valeur, mais je n'ai jamais souhaité sortir du lot, j'occupe la place que je souhaitais occuper, dans une bibliothèque, en tant que bibliothécaire, lequel, pour en revenir à notre sujet, a toujours eu du mal à trouver les mots justes, c'est une réalité, commencer à écrire, à exprimer quelque chose, représente la pire des tortures pour moi, comment ai-je, par exemple, commencé ce carn
Le Jeune Homme (2022)
Sortie : 5 mai 2022. Roman
livre de Annie Ernaux
Nushku a mis 5/10.
Annotation :
« J’avais conscience qu’envers ce jeune homme, qui était dans la première fois des choses, cela impliquait une forme de cruauté. Invariablement, à ses projets d’avenir avec moi, je répondais : « le présent suffit », ne disant jamais que le présent n’était pour moi qu’un passé dupliqué. Mais la duplicité, dont il avait l’habitude de m’accuser dans ses accès de jalousie, ne se situait pas, contrairement à ce qu’il imaginait, dans les désirs que j’aurais pu avoir pour d’autres que lui, ni même, comme il en était persuadé, dans le souvenir de mes amants. Elle était inhérente à sa présence à lui dans ma vie, qu’il avait transformée en un étrange et continuel palimpseste. »
« Mon corps n’avait plus d’âge. Il fallait le regard lourdement réprobateur de clients à côté de nous dans un restaurant pour me le signifier. Regard qui, bien loin de me donner de la honte, renforçait ma détermination à ne pas cacher ma liaison avec un homme « qui aurait pu être mon fils » quand n’importe quel type de cinquante ans pouvait s’afficher avec celle qui n’était visiblement pas sa fille sans susciter aucune réprobation. Mais je savais, en regardant ce couple de gens mûrs, que si j’étais avec un jeune homme de vingt-cinq ans, c’était pour ne pas avoir devant moi, continuellement, le visage marqué d’un homme de mon âge, celui de mon propre vieillissement. Devant celui d’A., le mien était également jeune. Les hommes savaient cela depuis toujours, je ne voyais pas au nom de quoi je me le serais interdit. »
Shining (1977)
The Shining
Sortie : 1979 (France). Roman, Fantastique
livre de Stephen King / Richard Bachman
Nushku a mis 5/10.
Annotation :
« Tous les grands hôtels ont leurs scandales. De même que tous les grands hôtels ont leurs fantômes. Pourquoi ? Parce que des gens vont et viennent…
Soudain, Jack eut l’impression de se sentir écrasé par le poids de l’Overlook au-dessus de sa tête : cent dix chambres, les réserves, les cuisines, le garde-manger, la chambre froide, le bar, la salle de bal, le restaurant…
(Dans la pièce, les femmes vont et viennent)
(… et la Mort Rouge les tient en son pouvoir.) »
« C'est pareil dans cet hôtel. Je ne sais pas pourquoi, mais c’est comme s’il restait des petits bouts de toutes les vilaines choses qui sont arrivées ici ; des rognures d’ongles ou des crottes de nez qu’une personne dégoûtante aurait collées sous une chaise, en quelque sorte. Et je ne sais pas pourquoi ça se passe uniquement ici. Des sales histoires, il y en a dans tous les hôtels du monde, j’imagine, et pourtant dans tous ceux où j’ai travaillé, il ne s’est jamais rien passé. C’est juste ici. Mais je ne pense pas que ces choses puissent faire du mal à quelqu’un, Danny. »
Poésies
Tancrède. Ludions. Poëmes. Pour la musique.
Sortie : 24 novembre 1967 (France). Poésie
livre de Léon-Paul Fargue
Nushku a mis 6/10.
Annotation :
« L'enfant pourra bien mourir
S'il se fatigue à courir
Parmi les objets aimés.
On écoute à la croisée
Le pauvre faire sa cour
Au silence du grand jour.
Bruit du jour, fais ta prière.
L'heure passe lente et claire
Sur la place somnolente,
Sous le ciel d'hiver tremblant.
Comme la vie fait souffrir,
Sans reproche, sans mot dire,
Pour un rien, pour le plaisir... »
« De la tendresse – et de la tristesse – pour que tu m'aimes davantage.. Mais les jours où mon cœur écoute, il me semble que je ne t'ai rien dit encore.. On déborde en secret d'une chère présence.. On la contiendra plus tard, peut-être.. Il y est, le dernier mot de nous-mêmes. Il est dans la Chambre noire, il y dort. Mais comme une épreuve qu'on révélera sans doute un jour.. Il est couvé par tous les cœurs. J'ai longtemps rêvé de le dire.. »
« Que l'aube emmêle le vent rêche
Dans l'arbre où se peigne la lune
Et qu'elle réveille la mare
Couverte d'un duvet de prune
Où d'étranges insectes tremblent
Sensibles comme des balances
Sur un vieux nuage qui dort..
Il suffit – pour que tu te chantes
Une chanson basse, égarée,
Où il est question de femmes,
De bleus retours à des campagnes,
De promesse et de poèmes,
– Et que ton cœur se fonce et pleure
De pleurer sur d'anciennes larmes. »
Bruegel (1994)
La Ferveur des hivers
Sortie : 10 décembre 1994. Poésie, Peinture & sculpture
livre de Claude-Henri Rocquet
Nushku a mis 6/10.
Annotation :
[Bruegel chez Tarkvoski. Imaginer un film brueglien, à moitié fait dans Le Moulin et la Croix :]
« La caméra s'approche et nous entrons dans l'image immense comme dans un paysage, un pays. Une jeune femme de l'avenir, voyageuse, contemple avec nous ces petites maisons et ces chemins dans l'hiver. Elle entend, et nous entendons avec elle, les pas des lourds chasseurs qui font crisser la neige, le bruit des cloches, l'aboi lointain des chiens dans les villages,la voix des gens sur la route, le roulement d'une charrette, la rumeur éternelle des campagnes, les mille bruits de la vie d'ici-bas, de jadis, d'aujourd'hui même, encore. Comme c'est beau et saisissant d'entendre ainsi cette peinture, de l'habiter, d'y pénétrer, et de voir de près ces maisons ou ces bouquets d'arbres que nous ne devinions même pas à l'horizon, au bas du ciel! Nous cheminons dans ce pays vaste comme l'enfance.Nous entendons les voix maternelles de la terre, et tous ces bruits qui étreignent le cœur d'Ulysse, quand il revient du fond du monde, avec l'odeur bleue de la fumée d’Ithaque, la lumière d'automne sur le village et sur le monde.
J'étais ému, Ulysse moi-même, au cour de ces images, de ces peintures ; je marchais ébloui dans la splendeur des neiges,dans la candeur des givres et, parmi les fourrés noirs, vers la mare verte, enfantine, glacée, où j'ai glissé, enfant dans la file des enfants, les bras tendus, pour l'équilibre, dans le rire et la buée de l'hiver, l'haleine et son petit nuage. Je me disais: quel film ! quel film on ferait si l'on se promenait ainsi, longtemps,dans les paysages de Bruegel, ses moissons serrées, ses neiges,ses horizons. On suivrait ses chemins, on marcherait dans les
rues des villages, on se pencherait aux fenêtres pour voir devant l’église la place et les danseurs. On serait dans la peinture de Bruegel comme dans un pays. On serait dans cette peinture qui est un pays. Ce film, au cour du sien, le cinéaste l'avait esquissé. Il avait suffi de se rapprocher, il avait suffi de quelques cloches lointaines, du rauque aboi des chiens, là-bas, pour que l'image peinte nous soit comme un souvenir d'enfance, un rêve retrouvé. Et j'étais ému en songeant que ce cinéaste russe avait choisi ce peintre ancien du Nord et de la Flandre pour dire,tout simplement, la Terre, lointaine et proche, la Terre du cœur, plus vraie encore d'être rêvée. »
La Cathédrale (1898)
Sortie : 1898 (France). Roman
livre de Joris-Karl Huysmans
Nushku a mis 5/10.
Annotation :
« — Expliquez ces inconséquences ; voici un Parisien qui aime si peu sa cité qu’il choisit, pour y habiter, le coin le moins bruyant, le plus obscur, celui qui ressemble le plus à un quartier de province. Il a horreur des boulevards, des promenades fréquentées, des théâtres ; il se confine en un trou et se bouche les oreilles pour ne pas entendre les rumeurs qui l’entourent ; et alors qu’il convient de perfectionner ce système d’existence, de mûrir dans un silence authentique, loin des foules, alors qu’il importe de renverser les termes de sa vie, de devenir, au lieu d’un provincial de Paris, un Parisien de province, il s’ébaubit et s’indigne ! »
« Consterné par la pénurie de ces désolantes rengaines, Durtal se jetait dans les monographies moins connues des Bienheureuses ; mais là encore, quelle barigoule de lieux communs, quelle colle d’onction, quelle bouillie de style ! Il y avait vraiment une malédiction du Ciel sur les ganaches de sacristie qui n’appréhendaient pas de manier une plume. Leur encre se muait aussitôt en une pâte, en un galipot, en une poix qui engluaient tout. »
« — Oui, imitant la pharmacopée homéopathique qui se sert encore de substances infâmes, de jus de cloporte, de venin de serpent, de suc de hanneton, de sécrétion de putois et de pus de variole, le tout enrobé dans du sucre de lait pour en céler la saveur et l’aspect, le monde des lettres triture, lui aussi, dans le but de les faire absorber sans hauts de cœur, les plus dégoûtantes des matières ; c’est une incessante manipulation de jalousie de quartier et de potins de loges, le tout, globulé dans une perfidie de bon ton, pour en masquer et l’odeur et le goût. Ingérés à des doses voulues, ces grains d’ordures agissent, tels que des détersifs, sur l’âme, qu’ils débarrassent presque aussitôt de toute confiance ; j’avais assez de ce traitement qui ne me réussissait que trop et j’ai jugé utile de m’y soustraire. »
L'Effondrement (2024)
Sortie : 1 octobre 2024. Récit, Biographie, Culture & société
livre de Édouard Louis
Nushku a mis 5/10.
Annotation :
« Mon frère a toujours eu cette tendance à vouloir le monde, il n’a jamais su que rêver grand, jamais de petits rêves, jamais les petits rêves que la plupart des gens formulent au quotidien, trouver un pavillon, acheter une voiture pour les promenades du dimanche, non, il n’a jamais su rêver que de gloire, et je crois que c’est la dimension de ses rêves, et le désajustement entre leur dimension et toutes les impossibilités qui ont formé sa vie, la misère, la pauvreté, le nord de la France, son destin, je crois que ce sont toutes ces contradictions qui l’ont rendu si malheureux. »
« Dans l’analyse existentielle proposée par la psychiatrie alternative de Ludwig Binswanger, on comprend que la Blessure ou la dépression sont des réalités qui brisent le temps et sa possibilité même. L’être blessé, chez Binswanger, n’a plus ni passé, ni présent, ni futur : le passé n’est jamais passé puisque l’être blessé ressasse ses souvenirs malheureux, ne les laisse jamais derrière lui, ne les laisse jamais passer. Le futur n’est pas un futur puisque l’être blessé ne le voit que comme un risque de répétitions des souffrances déjà éprouvées. Le présent lui-même se dissout, écrasé sous les fantômes de ce passé jamais passé et sous l’angoisse d’un futur qui n’est plus – plus rien que la projection d’un cauchemar ancien toujours sur le point de faire son retour.
« Tout l’avenir du présent s’épuise à devenir son propre passé », commente Michel Foucault dans sa lecture de Binswanger.
Peut-être mon frère avait-il perdu le temps. »
« Il a précisé que la sélection pour faire partie des Compagnons du Devoir était sévère et sans pitié, c’était comme lorsqu’il fantasmerait sa carrière de plus grand boucher de France, il était important pour lui de nous faire savoir que ce qu’il s’apprêtait à faire n’était pas une chose normale, pas une chose que tout le monde fait tous les jours mais quelque chose de grand, un destin, c’est ça, il nous annonçait les prémices d’un destin, pas simplement le début d’un nouveau travail, pas quelque chose d’aussi banal et d’aussi trivial que le début d’une carrière professionnelle, mais le début d’une gloire à venir. »
Anime Architecture (2020)
Mondes imaginaires et mégalopoles infinies
Anime Architecture - Imagined Worlds and Endless Megacities
Sortie : 14 octobre 2021 (France). Cinéma & télévision
livre de Stefan Riekeles
Nushku a mis 8/10.
Annotation :
[La partie immergée de l’iceberg :]
« Il aurait été impossible de déterminer le périmètre et l'étendue de cette publication sans les conseils avisés de plusieurs spécialistes. Je remercie du fond du cœur Ryusuke Hikawa, qui a joué un rôle essentiel dans la préparation et les recherches, et qui a régulièrement amélioré la qualité de mon travail par ses connaissances sans fin et ses archives exhaustives. De nombreux aspects de cette publication s'appuient sur ses recherches, et sans son aide, ce livre n'aurait tout simplement pas eu la même pontée Merci à Keiji Naito de m'avoir aidé à trouver les dessins originaux d'AKIRA et pour cette après-midi productive dans les archives de Kodansha. À l'université de Nigata, Joon Yang Kim a été d'une grande aide pour nous mettre en relation avec Gainax. Si nous n'avons pas pu inclure les illustrations des Ailes d'Honnéamise, cette relation a été très précieuse pour façonner le contenu de cet ouvrage. Kaichiro Morikawa a passé un dimanche après-midi avec moi dans son bureau pour m'expliquer son travail et partager son point de vue,ce pour quoi je le remercie. Kan Miyoshi a été un grand soutien dans notre travail avec le studio Khara et a passé toute une après-midi avec M. Hikawa et moi-même au bureau d'ATAC pour m'enseigner les bases du tokusatsu. Les connaissances de Toshio Yabe sur l'urbanisme dans les anime, notamment sur l’œuvre d'Oshi, ont été très instructives. Nae Morita a été d'une grande aide pour retrouver les archives des Ailes d'Honnéamise et m'a aidé à mieux comprendre les liens entre le manga et l'anime. »
« Dans la vision radicale d'Anno, la ville est la somme de toutes les technologies disponibles. C'est le prolongement ultime de l'être humain, de ses sens et de ses organes.Elle est donc à la fois organique et artificielle. Autrement dit, Tokyo-3 est elle-même un cyborg. Les layouts présentés ici ont été créés pour les longs-métrages Rebuild of Evangelion, remake de la série télévisée de 1995. Malheureusement, la plupart des dessins originaux de la série ont été perdus ou détériorés, mais ces nouveaux layouts ont tous été réalisés par Anno en personne et transmettent à la perfection sa vision architecturale. Ces layouts étaient la dernière étape du processus de création sur papier : toutes les étapes suivantes ont été exécutées sur ordinateur. C'est pourquoi certaines parties de ces illustrations sont vides et qu'l est simplement indiqué que les éléments manquants devront être ajoutés par la suite en 3D.
Spider-Man Across the Spider-Verse (2023)
The Art of the Movie
Sortie : 3 juillet 2023 (États-Unis). Beau livre & artbook, Cinéma & télévision, Version originale
livre de Ramin Zahed
Nushku a mis 6/10.
Annotation :
"Thompson points out that the sequel gave him and the other directors the chance to pay homage to some of the brilliant comic-book artists they had admired all their lives. "All the different comic-book artists that have ever drawn Spider-Man or Spider-Woman or Ghost-Spider have done so with different media, and they've all drawn them slightly differently" he points out. "Some use markers, sore use paintbrushes, or pen and ink, or pencils. So what's exciting is being able to explore all those different techniques of media and bring them into a three-dimensional space, so that it all feels immersive. You get to go into those worlds and actually step inside one of those comic books, with the eclectic media becoming a tangible part of what those worlds are made out of."
"There was a time when everybody just drew on paper, and you could feel each artist's intention and hand,” he says. “To make a film of this scale and scope, we need to make it through a CG pipeline. It’s also intrinsic to the style of the storytelling, and yet we want these traditional techniques married to this futuristic modern-day technology. So new tools are being made to outline our characters with ink lines as theyre moving through space; instead of shaders that just sit on the character, they bleed and blend like wet-on-wet painting.” (Referring to painting directly on top of wet paint without allowing the lower layer to dry.)"
"You really get to see the artist's hands on the screen. Miles's world is obviously a huge love letter to classic comics. It's all the Ben-Day dots, and all those techniques are explored even further. Our villain Spot sort of becomes this intrusion onto all these worlds. One of the things that was a telltale of this in the first film were these amazing,colorful array of Kirby Krackle that would appear whenever the Super-Collider went off. In this movie, Spot takes that to the next level."We were inspired by the look of those early comics which were made with the more limited printing processes of their times," explains art director Dean Gordon. "They used two or three colors, and frequently misregistered color, floating inside and outside the lines that define figures and environments. We embrace that and make sure that color doesn't always line up with the boundaries of objects. It's a signature of the look. Another element are the screen tones used in printing. These are imprinted in our artwork to give the feel of the printed comic book page."
Parabole (1954)
A Fable
Sortie : 1958 (France). Roman
livre de William Faulkner
Nushku a mis 6/10.
Annotation :
« Ils étaient tous là : les commandants des deux autres armées qui constituaient le groupe d'armées, avec leurs grosses moustaches, prenant déjà la forme de la cuiller de midi, qu'avait rendues magnifiquement touffues le rite quotidien de la soupe ; le chef d'état-major anglais auquel il eût été impossible de paraître encore immuablement jeune si son corset eût été lacé ostensiblement par-dessus sa tunique, avec ses rubans multicolores, ses torsades dorées, ses bandes écarlates, ses cheveux blancs, sa moustache blanche et ses yeux bleus couleur de guerre gelée, et le colonel américain avec sa figure de gros armateur bostonien (ce qu'il était en vérité, ou, du moins, le légitime descendant de I’un d'eux) — ou plutôt une figure du dix-huitième siècle : celle de cet ancêtre qui, a vingt-cinq ans, avait pris sa retraite après avoir fait fortune sur un vaisseau négrier qui faisait la traite entre l'Afrique et les Antilles, et, à trente, avait son nom inscrit en lettres d'or sur un vitrail au-dessus de son banc à l'église de Beacon-Hill. Il était l'invité, le privilégié, puisque, pendant trois ans, son pays n'avait même pas été en guerre, et il avait déjà introduit dans le conclave l'air légèrement vieille fille et désapprobateur de l'invité de marque, - un air, une manière d'être, une apparence, en vérité, presque victoriens, qui provenaient de ses confortables chaussures de vieux monsieur et de ses simples jambières de cuir comme en aurait eu un marchand de bestiaux du Northumberland (les unes et les autres — chaussures et jambières — admirablement cirées mais visiblement achetées à des époques et à des endroits divers, et qui ne seraient jamais de la même couleur, pas plus qu'elles n'étaient assorties au ceinturon et au baudrier d'ordonnance, manifestement achetés, eux aussi, dans deux endroits différents, ce qui faisait quatre couleurs distinctes de cuir) et de la culotte sans aucun chic coupée dans la même pièce que la tunique écourtée, vierge de boutons de cuivre jusqu'au col rigide avec la lisière immaculée de son faux col ouvert par-derrière comme celui d'un ecclésiastique. »
L'Odyssée des graines (2024)
Sortie : 3 octobre 2024. Beau livre & artbook, Sciences, Jeunesse
livre de Cruschiform
Nushku a mis 7/10.
Annotation :
« Depuis des centaines de millions d'années les plantes mettent en place de savants stratagèmes pour permettre à leurs progénitures de s'émanciper et de se disperser.Au fil des générations, elles ont perfectionné leur design, optimisé le rapport entre forme et fonction, et donné naissance à une prodigieuse diversité de graines et de fruits. Encapsulées dans une baie charnue, une gousse, une coque, ou dotées d'ingénieuses excroissances, les graines saisissent les opportunités, associant parfois plusieurs tactiques pour prolonger leurs formidables épopées.
Observez toute cette inventivité, les graines sont une source d'émerveillement illimitée ! »
🌱 PIN D'ALEP
« Forteresse de bois.
Dans les pinèdes de l'Empire ottoman, un crépitement résonne à la cime des pins. Ce sont les écailles des pommes de pin qui, jusqu'alors scellées par la résine, se dilatent et éclatent sous la vigueur de l'été. En cas d'incendie, les pignes, véritables forteresses de bois, protègent du feu chaque semence du royaume. Elles peuvent attendre des années après le passage des flammes pour délivrer enfin leurs graines ailées. Seuls les descendants les plus vigoureux reprendront le flambeau de leurs aînés. »
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🌱 IMPATIENTE
« Ne me touchez pas !
Tapie dans l'ombre d'un bosquet, une délicate plante joue les princesses des sous-bois,Discrète, mais impulsive, elle réagit à la caresse la plus légère...d'où son nom "impatiente ne-me-touchez-pas". Arrivés à maturité, ses petits fruits renflés, qui encapsulent les graines,deviennent extrêmement sensibles. Difficile de résister à l'envie de les titiller ! Dès qu'on les effleure, les valves de la capsule s'enroulent, les fruits explosent et les graines nous filent entre les doigts.. Et la belle s'évanouit dans les bois ! »
Le Livre des maisons extraordinaires (2020)
L'Art de Seiji Yoshida
Monogatari no ie
Sortie : 27 octobre 2022 (France). Beau livre & artbook, Architecture, Fantasy
livre de Seiji Yoshida
Nushku a mis 7/10.
Annotation :
« Il faut beaucoup de patience pour peindre des cailloux et des briques parce qu’ils présentent beaucoup de petites irrégularités et les nuances varient légèrement, mais c’est une passion pour moi, je peux donc le faire sans effort. »
« Dans le Livre des maisons extraordinaires, le binôme illustrations et descriptions a exigé un processus de travail et de révision long et complexe. Je présente ici, à titre d'exemple, les étapes de réalisation de la a Salle des machines du mineur.
Avant de commencer, j'essaie de penser à quel type de construction je vais dessiner. Souhaitant créer une narration grâce aux illustrations, j’essaie de m'imaginer un bâtiment qui ne soit pas seulement esthétiquement agréable, mais qui puisse aussi communiquer quelque chose de son origine et qui fasse percevoir son histoire.
Dans cette illustration, j’ai choisi le thème de la mine, commun à beaucoup d'autres histoires.J'ai commencé à me renseigner sur les mines, pour comprendre notamment quel genre de vie ont les personnes qui y travaillent. j'ai appris le fonctionnement du moteur à vapeur et j’ai découvert que certaines de ces installations sont inscrites au patrimoine mondial au Royaume-Uni. D'ici, j’ai imaginé comme sujet un jeune mineur vivant dans la salle des machines abandonnée. »
Kid Wolf et Kraken Boy (2022)
Kid Wolf and Kraken Boy
Sortie : 23 mai 2024 (France). Fantastique, Nouvelle
livre de Sam J. Miller
Nushku a mis 6/10.
Annotation :
« Toute ma vie, j'ai eu l'impression de devoir être quelque chose. Un homme. Pour éviter que les gens me détestent, il fallait que je sois... comme eux. Empli de haine et de violence. Je veux devenir meilleur. Je crois que tu peux me rendre meilleur. Tu n'es pas... paumé comme moi.
— Je suis franchement paumé, corrigeai-je. Mais peut-être de manière différente. »
« "Ton employeuse semble être une femme honorable au sein d'un monde qui ne l'est pas beaucoup. Je suppose que cela nous décrit tous. Mais tu dois te rappeler que la magie de l'encre est une toile d'araignée. Une suite de liens entre individus — l'artiste et le bénéficiaire, l'artiste et la lignée, l'artiste et sa communauté, sa famille, et des gens qui vivent de l'autre côté de la planète, dont il ne connait même pas l'existence. Quand on encre quelqu'un, on se retrouve à jamais lié à cette personne — et à quiconque elle-même est liée. Tu comprends ?
Je hochai la tête. Je croyais comprendre.
Je me trompais. »
*
« Bon, je n’ai pas la nostalgie du capitalisme. La pauvreté, l’exploitation, le patriarcat, la marginalisation — le monde se porte bien mieux maintenant, sans eux.
Néanmoins, il y avait de bons moments. Parfois, repenser à cette époque rude, à fleur de peau, avant que l’humanité ne e s’achète enfin une conduite, m’inspire une pointe de regret. Comme on peut avoir le mal du pays natal de merde. »