Carnet de lectures 2019

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Commencer l'année par des relectures pour le travail - et le plaisir, bien sûr, de plonger dans une langue pure, sublime, élévatrice.

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Bis repetita placent

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Cela fait des années que je n'étudie des extraits de cette pièce qu'avec mes latinistes - le collège ne permettant pas, dans ses programmes, de s'y plonger. Bonheur.

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Idem.

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Dernière exposition de 2018, que cette première rétrospective française vouée à Khnopff, dont j'aime infiniment le I locked the door upon myself, que je voyais ici pour la troisième fois "en vrai" (les deux autres fois, c'était à Münich). Intéressant de découvrir, du coup, les dessous de la formation d'une oeuvre que je ne connaissais que par fragments - le rapport à la photographie, qui m'explique tellement sur le grain de certains de ses tableaux, par exemple, la découverte de ces quelques sculptures, dont cette Méduse fascinante, porteuse d'histoire, ou encore la récurrence de certains motifs - le visage perçu comme masque, le miroir ou cercle révélateur, etc.

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Cadeau du père Noël, qui connaît mon plaisir coupable pour les civilisations disparues et les mystères propres à inspirer des enquêtes à la Indiana Jones/The Librarian/Warehouse 13... Ici, une recension assez fascinante et complète des dérives de l'atlantologie et des pistes d'identification de cette civilisation disparue, richement illustrée.

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Et son pendant terrestre, qui m'a fait redécouvrir certaines cités grecques disparues dans des tremblements de terre/tsunami et découvrir des cités sud-américaines et leur histoire. Là encore, abondamment illustré, de quoi rêver pendant des heures comme une gamine.

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Même Père Noël, même volonté de me fournir de l'inspiration en me faisant redécouvrir les motifs cachés de certaines de mes légendes préférées.

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Une interrogation sur le fameux cliché du matriarcat breton : est-il réel ? Le matriarcat celtique s'est-il réellement conservé dans la société bretonne ? Psychologiquement, par bien des aspects - la mère colonne de la famille, transmettant morale et énergie, tandis que le père, taiseux, ne prend la parole que pour transmettre les légendes : j'ai connu cela, dans les couples de mes grands-parents et de mes parents -, même si la réalité historique est tout autre. Intéressant, pour décrypter certains aspects de ma mythologie familiale.

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Autre cadeau du père Noël, cette analyse des névroses récurrentes chez les Bretons (alcoolisme, dépression, suicide), passant par l'analyse de certaines oeuvres (dont les Mémoires d'un paysan bas-breton, lu quand j'étais adolescente, qu'il faudrait que je relise) ou auteurs (Paul Féval). L'angle d'attaque historique/sociétal est intéressant, mais pour les analyses psychologiques, elles m'ont semblé trop générales et appliquables à d'autres régions.

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Acheté à Londres, en sortant de l'exposition Burne-Jones ; autant le texte de Morris est intéressant, autant la "réponse"/"continuation poétique et philosophique" contemporaine en face gâche le rythme de lecture et n'apporte pas grand chose si ce n'est des évidences. Dommage.

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Acheté et lu avant de partir à Londres, utilisé sur place, ce petit guide fort knowledgable autour des femmes importantes et/ou oubliées ayant participé à la vie de la capitale. Pour regarder d'un autre oeil les alternative blue plaques et les statues fleurissant ça et là.

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Acheté en anglais chez Forbidden Planet et lu dans l'Eurostar, cette délicieuse novella dans l'univers de PC Grant qui me fait regarder la Metropolitan Line d'un autre oeil.

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Toujours aussi délectable, que cette chasse au Faceless Man bourrée de références geek et d'humour british... Les aspects sombres s'intensifient, Aaronovitch continue à déterrer des pans méconnus de l'histoire de Londres, bref, la recette fonctionne.

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Cadeau de Noël. Intéressante analyse de l'évolution du rapport au vêtement mais aussi au corps de la femme - son appropriation par les hommes et les créateurs de mode, sa libération, les codes sociaux qu'il repousse ou auxquels il se soumet, les produits dont il s'enduit, son rapport au vieillissement... Fascinant de constater combien, derrière l'histoire de la mode, on découvre l'histoire des moeurs et des femmes.

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Cadeau de Noël : superbe livre de référence comprenant une introduction synthétique expliquant l'évolution de la mode au fil de la décennie et proposant une titanesque somme d'images (photographies, publicités, gravures de mode, affiches de films) commentées permettant de ne pas réduire les années 20 aux seules flappers.

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Même père Noël, même enthousiasme - ici le retour à une mode plus embourgeoisée, caractérisée par le biais, les drapés antiques, les corolles....

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Idem - et toujours en anglais - pour redécouvrir la diversité des 40's, entre aspects pratiques et glamour hollywoodien, découverte du New Look en fin de décennie et uniforme des Land Army Girls... Passionnant & inspirant. J'espère que celui sur les années 50 finira par sortir !

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Relu pour préparer le contrôle de lecture de mes STMG

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Une approche académique du glamour, pour explorer au fil du XXe siècle comment cette notion est devenue une dynamique d'une certaine notion de la féminité puis de l'empowerment féminin (et non du "depowerment" comme on pourrait le penser)... doublé d'un historique du marketing cosmétique. Intéressant - on l'aimerait plus engagé, parfois.

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Une histoire du Women's Voluntary Services pendant la 2e guerre mondiale : leur rôle dans l'évacuation et la prise en charge des réfugiés (notamment les enfants - avec ce problème prosaïque mais nécessaire : comment faire pour les empêcher de mouiller leur lit de peur, alors que le linge ne pouvait être sans cesse lavé), fournir des vêtements, de la nourriture, des soins et des cartes postales (pour rassurer les familles) aux soldats revenant du front, créer des cantines et des bibliothèques mobiles pour ravitailler les corps et les esprits de ceux qui se faisaient bombarder pendant le Blitz, organiser des zones de confort (écoles, cafés, danses) pour offrir des moments d'évasion aux esprits brutalisés par la guerre...
Autant de fascinantes anecdotes, retrouvées dans les journaux de certaines volontaires ou leurs rapports, ici compilés de façon à former un documentaire passionnant, quoique répétitif.

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Ah, j'aurais voulu l'aimer ce rendez-vous avec le Diable qui propose, contre un jour de vie, de faire disparaître certains éléments de la vie du narrateur (le téléphone, les chats, le cinéma, les montres...), pour lui permettre de se reconcentrer, finalement, sur l'essence de la vie.
Mais l'ensemble m'a paru ne pas savoir de quel côté osciller, entre poésie philosophique et légèreté, et finir par n'être qu'un petit soupir. Ca se lit fort bien, je ne te doute pas qu'il touchera certainement ceux qui aiment les romans un peu feel good ou la littérature japonaise quand elle oscille vers les collections de fragments de pensée et de vie, mais il me manque quelque chose pour me laisser emporter, un peu de profondeur ou de maturité, une dose de gravité, peut-être, pour ne pas avoir l'impression de ne lire qu'un joli script de drama. Rien de mauvais, mais que m'en restera-t-il ?

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Se servir des exactions japonaises à Nankin lors de la seconde guerre mondiale... Voilà de quoi poser les bases d'un excellent polar, si ce n'est politique, du moins horrifique...
Ici, il y a bien du trash, mais l'écriture est tellement appliquée/prévisible et déploie tous les clichés entourant tant la réalité historique que celle du quotidien des hostess bars tokyoïtes qu'on finit par se lasser.
J'irai lire, plutôt, des essais autour de l'unité 731, pour me frotter au douloureux réel.

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Je n'ose noter ce voyage bouleversant à travers 60 photos prises "un an après", aux endroits les plus touchés, en laissant entrer la lumière hivernale au maximum pour transformer les lieux en fantômes purs.
On ne remarque pas toujours les vestiges des dégâts - mais on sent malgré tout les ravages, à travers l'oeil du photographe, qui cherche la juste distance entre son sujet et lui, pour le traiter avec prudence et respect, pour montrer avec la justesse nécessaire la façon dont la nature est venue bouleverser la notion de quotidien et d'alentours, mais comment, aussi, elle est venue reprendre ses droits dans certains paysages fracassés, comment l'activité humaine (dans ce qu'elle peut avoir de banal, parfois, comme ces surfers attendant sur la plage) s'y est à nouveau insérée.
Bouleversant.

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Relecture - j'ai presque envie de dire lecture tant mes yeux de première L n'avaient pas tout vu, de cette succession de névrose religieuse, névrose sadienne et névrose érotique entre les mains desquelles Suzanne passe.

C'est un ensemble à la fois très touchant et très drôle (ah, la naïveté de Suzanne face aux orgasmes de sa succube de troisième mère supérieure...), que ce scam créé par Diderot pour montrer comment de toutes jeunes filles pouvaient se faire enfermer et priver de leur liberté de conscience, de croire, de posséder leur propre corps et leurs plaisirs, et traîner leurs innocences et leur ennui existentiel (quelle était la place possible, dans le monde, d'une bâtarde qui s'ignore et se retrouve à expier la "faute" de sa mère ?) dans des lieux où la religion, glaçante, opprime des femmes à travers d'autres femmes.

Fascinant "conte" édifiant qui donne tant envie de brûler des couvents...

"Je demande à être libre, parce que le sacrifice de ma liberté n'a pas été volontaire."

Un passage qui m'a beaucoup fait rire et qui est fort représentatif de la naïveté de l'héroïne : "Cependant j’avais l’oreille au guet, j’attendais avec impatience que notre mère sortît de chez sœur Thérèse ; cette affaire fut difficile à accommoder apparemment, car elle y passa presque la nuit. Que je la plaignais ! Elle était en chemise, toute nue, transie de colère et de froid."

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Relecture - la première fois, c'était en hypokhâgne, je crois, et je manquais malgré tout des clés pour m'approprier la modernité joyeuse de ce récit picaresque où l'on éprouve la frustration gaie d'être interrompu dans sa lecture et dans le projet de Jacques de conter ses amours malheureuses. C'est divertissant - mais difficile d'en isoler des passages à partager avec des secondes d'aujourd'hui, même à très bon niveau : il y aurait tant à expliquer en amont pour que les enjeux savoureux de cette lecture puissent leur apparaître. Ce ne sera donc pas sur ce Diderot-là que je m'appuierai en cours, même si je le mentionnerai, pour encourager les âmes curieuses.

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Relecture, toujours - et c'est donc dans celui-ci que je choisirai quelques passages, pour montrer à mes élèves la fermentation des Lumières, les contradictions entre nos désirs et les exigences de la vie en société (la vertu, l'amitié, l'éducation...), entre les principes de la morale et les lois établies, nos exigences d’universalité et les particularités des individus.

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Relecture, toujours, pour mon plaisir personnel cette fois-ci, en diagonale seulement car cet exotisme libertin dans lequel se glisse, de temps à autre, des considérations relativement misogynes mal mêlées à de la philosophie farfelue, m'a fatiguée et fait accélérer.

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C'est un beau détricotage de différents contes slaves, de la place des Juifs dans la société, de la puissance tranquille des femmes, de la manière dont les enfants peuvent grandir au sein de la violence et trouver malgré tout leur place... Beau et parfois un peu trop lent à mon goût - mais la fièvre n'aide pas.

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Un peu déçue - j'ai de meilleurs souvenirs des romans vampiriques de Newman, dévorés quand j'étais adolescente. Ici, les névroses des personnages, exaltées par les fantômes, m'ont semblée fort scriptée ; dommage, j'aimais bien l'idée de "la maison hantée d'avant toutes les maisons hantées" et des fantômes plus ouvertement psychanalistes - même sur le mode creepy.