Ces livres qui me consolent

Ces livres que je déguste par petits morceaux quand j'ai besoin de beau ou d'humanité.
Ceux qui parlent un peu pour moi.
Ces quelques livres dont je connais de longs passages par cœur.

En bref, mes gars sûrs.

Liste de

8 livres

créée il y a plus de 9 ans · modifiée il y a plus de 8 ans
Élégies de Duino
8.2

Élégies de Duino (1922)

(traduction François-René Daillie)

Duineser Elegien

Sortie : 2006 (France). Poésie

livre de Rainer Maria Rilke

Lo. mel a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

L'Herbe rouge
7.3

L'Herbe rouge (1950)

Sortie : 1950 (France). Roman

livre de Boris Vian

Lo. mel a mis 10/10, l'a mis dans ses coups de cœur, l'a mis en envie et a écrit une critique.

Annotation :

"Assez long…, répéta Wolf. Quel calvaire ! Seize ans… seize ans le cul sur des bancs durs… Seize ans de combines et d’honnêteté alternées. Seize ans d’ennui… Qu’en reste-t-il ? Des images isolées, infimes…L’odeur des livres neufs le premier octobre, les feuilles que l’on dessinait, le ventre dégoûtant de la grenouille disséquée en travaux pratiques, avec son odeur de formol, et les derniers jours de l’année où l’on s’aperçoit que les professeurs sont des hommes parce qu’ils sont partis en vacances et que l’on est moins nombreux. Et toutes ces grandes peurs dont on ne sait plus la cause, les veilles d’examen…Une régularité d’habitudes…Ca se bornait à cela…Mais savez vous monsieur Brul, que c’est ignoble d’imposer à des enfants une régularité d’habitudes qui dure seize ans ? Le temps est faussé, monsieur Brul. Le vrai temps n’est pas mécanique, divisé en heures, toutes égales…Le vrai temps est subjectif…On le porte en soi… Levez vous à sept tous les matins…, déjeunez à midi, couchez vous à neuf heures…et jamais vous n’aurez de temps à vous…Jamais vous ne saurez qu’il y a un moment, quand la mer s’arrête de descendre et reste, un temps, étale, avant de remonter, ou la nuit et le jour se mêlent et se fondent, et forment une barre de fièvre pareille que celle que font les fleurs à la rencontre de l’océan. On m’a volé seize ans de nuit, monsieur Brul.

On m’a fait croire en sixième que passer en cinquième devait être mon seul progrès… en première il m’a fallu le bachot… et ensuite un diplôme…Oui, j’ai cru que j’avais un but, monsieur Brul…et je n’avais rien…J’avançais dans un couloir sans commencement, sans fin, à la remorque d’imbéciles, précédant d’autres imbéciles. On roule la vie dans des peaux d’ânes. Comme on met dans les cachets les poudres amères, pour vous les faire avaler sans peines….

Mais voyez, monsieur Brul, je sais que j’aurai aimé le vrai goût de la vie."

Walden ou La Vie dans les bois
7.4

Walden ou La Vie dans les bois (1854)

(Traduction Louis Fabulet)

Walden; or, Life in the Woods

Sortie : 1922 (France). Récit

livre de Henry David Thoreau

Lo. mel a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

"Je quittais les bois pour un aussi bon motif que j’y étais allé. Peut-être me sembla-t-il que j’avais plusieurs vies à vivre, et ne pouvais plus donner de temps à celle-là. C’est étonnant la facilité avec laquelle nous adoptons insensiblement une route et nous faisons à nous-mêmes un sentier battu. Je n'avais pas habité là une semaine, que mes pieds tracèrent un chemin de ma porte au bord de l'étang; et quoique cinq ou six ans se soient écoulés depuis que je ne l'ai foulé, encore est-il fort distinct. Je crains, il est vrai, que d'autres ne l'aient adopté, contribuant de la sorte à le laisser visible. La surface de la terre est molle et impressionnable au pied de l’homme; tel en est-il des chemins que parcourt l’esprit. Que doivent être usées autant que poudreuses les grand’routes du monde – que profondes les ornières de la tradition et de la conformité! Je ne souhaitais pas de prendre une cabine pour le passage, mais d’être plutôt un matelot de pont, sur le pont du monde, car c’était là que je pouvais le mieux contempler le claire de lune dans les montagnes."

Les Perdants magnifiques
7.8

Les Perdants magnifiques (1966)

Beautiful Losers

Sortie : novembre 1993 (France). Roman

livre de Leonard Cohen

Lo. mel a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

“Catherine Tekakwitha, who are you? Are you (1656 – 1680)? Is that enough? Are you the Iroquois Virgin? Are you the Lily of the Shores of the Mohawk River? Can I love you in my own way? I am an old scholar, better-looking now than when I was young. That’s what sitting on your ass does to your face. I’ve come after you, Catherine Tekakwitha. I want to know what goes on under that rosy blanket. Do I have any rights? I fell in love with a religious picture of you. You were standing among birch trees, my favorite trees. God knows how far up your moccasins were laced. There was a river behind you, no doubt the Mohawk River. Two birds in the left foreground would be delighted if you tickled their white throats or even if you used them as an example of something or other in a parable. Do I have any right to come after you with my dusty mind full of the junk of maybe five thousand books? I hardly even get out to the country very often. Could you teach me about leaves? Do you know anything about narcotic mushrooms? Lady Marilyn just died a few years ago. May I say that some old scholar four hundred years from now, maybe of my own blood, will come after her in the way I come after you? But right now you must know more about heaven. Does it look like one of these little plastic altars that glow in the dark? I swear I won’t mind if it does. Are the stars tiny, after all? Can an old scholar find love at last and stop having to pull himself off every night so he can get to sleep? I don’t even hate books any more. I’ve forgotten most of what I’ve read and, frankly, it never seemed very important to me or to the world. My friend F. used to say in his hopped-up fashion: We’ve got to learn to stop bravely at the surface. We’ve got to learn to love appearances. F. died in a padded cell, his brain rotted from too much dirty sex. His face turned black, this I saw with my own eyes, and they say there wasn’t much left of his prick. A nurse told me it looked like the inside of a worm. Salut F., old and loud friend! I wonder if your memory will persist. And you, Catherine Tekakwitha, if you must know, I am so human as to suffer from constipation, the rewards of a sedentary life. Is it any wonder I have sent my heart out into the birch trees? Is it any wonder that an old scholar who never made much money wants to climb into your Technicolor postcard?”

Les Cahiers de Malte Laurids Brigge
7.5

Les Cahiers de Malte Laurids Brigge (1910)

Sortie : 1926 (France). Roman

livre de Rainer Maria Rilke

Lo. mel a mis 9/10.

Annotation :

"C’est ridicule. Je suis assis dans ma petite chambre, moi, Brigge, âgé de vingt-huit ans, et qui ne suis connu de personne. Je suis assis ici et ne suis rien. Et cependant ce néant se met à penser et, à son cinquième étage, par cette grise après-midi parisienne, pense ceci :

Est-il possible, pense-t-il, qu’on n’ait encore rien vu, reconnu et dit de vivant ? Est-il possible qu’on ait eu des millénaires pour observer, réfléchir et écrire, et qu’on ait laissé passer ces millénaires comme une récréation pendant laquelle on mange sa tartine et une pomme ?

Oui, c’est possible.

Est-il possible que, malgré inventions et progrès, malgré la culture, la religion et la connaissance de l’univers, l’on soit resté à la surface de la vie ? Est-il possible que l’on ait même recouvert cette surface – qui après tout eût encore été quelque chose – qu’on l’ait recouverte d’une étoffe indiciblement ennuyeuse, qui la fait ressembler à des meubles de salon pendant les vacances d’été ?

Oui, c’est possible.

[…]

Est-il possible qu’il y ait des gens qui disent : « Dieu » et pensent que ce soit là un être qui leur est commun. Vois ces deux écoliers : l’un s’achète un couteau de poche, et son voisin, le même jour, s’en achète un identique. Et après une semaine ils se montrent leurs couteaux et il apparaît qu’il n’y a plus entre les deux qu’une lointaine ressemblance, tant a été différent le sort des deux couteaux dans les mains différentes.

« Oui, dit la mère de l’un, s’il faut que vous usiez toujours tout… »

Et encore : Est-il possible qu’on croie pouvoir posséder un Dieu sans l’user ?

Oui, c’est possible.

Mais si tout cela est possible, si tout cela n’a même qu’un semblant de possibilité, mais alors il faudrait, pour l’amour de tout au monde, il faudrait que quelque chose arrivât. Le premier venu, celui qui a eu cette pensée inquiétante, doit commencer à faire quelque chose de ce qui a été négligé ; si quelconque soit-il, si peu désigné, puisqu’il n’y en a pas d’autre. Ce Brigge, cet étranger, ce jeune homme insignifiant devra s’asseoir et, à son cinquième étage, devra écrire, écrire jour et nuit. Oui, il devra écrire, c’est ainsi que cela finira."

Les Racines du ciel
8

Les Racines du ciel (1956)

Sortie : 1956 (France). Roman

livre de Romain Gary / Émile Ajar

Lo. mel a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

"Quant à Morel… Tout a été dit là-dessus. Je crois que c’était un homme qui, dans la solitude, était allé encore plus loin que les autres – véritable exploit, soit dit en passant, car lorsqu’il s’agit de battre des records de solitude, chacun de nous se découvre une âme de champion. Il vient souvent me retrouver, pendant mes nuits d’insomnie, avec son air en rogne, les trois rides profondes de son front droit, têtu, sous les cheveux ébouriffés, et cette fameuse serviette à la main, bourrée de pétitions et de manifestes pour la défense de la nature, qui ne le quittait jamais. J’entends souvent sa voix me répéter, avec cet accent faubourien assez inattendu chez un homme qui avait, comme on dit, de l’éducation : “C’est bien simple, les chiens, ça suffit plus. Les gens se sentent drôlement seuls, ils ont besoin de compagnie, ils ont besoin de quelque chose de plus grand, de plus costaud, sur quoi s’appuyer, qui puisse vraiment tenir le coup. Les chiens ne suffisent plus, les hommes ont besoin des éléphants. Alors, je ne veux pas qu’on y touche.” Il me le déclare avec le plus grand sérieux et il frappe toujours un coup sec sur la crosse de sa carabine, comme pour donner plus de poids à ses paroles.
On a dit de Morel qu’il était exaspéré par notre espèce et acculé à défendre contre elle une sensibilité excessive, les armes à la main. On a affirmé gravement qu’il était un anarchiste, décidé à aller plus loin que les autres, qu’il voulait rompre, non seulement avec la société, mais avec l’espèce humaine elle-même – “volonté de rupture” et “sortir de l’humain”, furent, je crois, les expressions les plus fréquemment employées par ces messieurs. Et comme s’il ne suffisait pas de ces sornettes, je viens de trouver dans une ou deux vieilles revues qui me sont tombées sous la main, à Fort-Archambault, une explication particulièrement magistrale. Il paraît que les éléphants que Morel défendait étaient entièrement symboliques et même poétiques, et que le pauvre homme rêvait d’une sorte de réserve dans l’Histoire, comparable à nos réserves africaines, où il serait interdit de chasser, et où toutes nos vieilles valeurs spirituelles, maladroites, un peu monstrueuses et incapables de se défendre, et tous nos vieux droits de l’homme, véritables survivants d’une époque géologique révolue, seraient conservés intacts pour la beauté du coup d’œil et pour l’édification dominicale de nos arrière-petits-enfants. » "

Je voudrais pas crever
7.6

Je voudrais pas crever (1962)

Sortie : 1962 (France). Poésie

livre de Boris Vian

Lo. mel a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

"Et il y a z aussi
Tout ce que je connais
Tout ce que j'apprécie
Que je sais qui me plaît
Le fond vert de la mer
Où valsent les brins d'algues
Sur le sable ondulé
L'herbe grillée de juin
La terre qui craquelle
L'odeur des conifères
Et les baisers de celle
Que ceci que cela
La belle que voilà
Mon Ourson, l'Ursula
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir usé
Sa bouche avec ma bouche
Son corps avec mes mains
Le reste avec mes yeux
J'en dis pas plus faut bien
Rester révérencieux"

Mon frère le Carso

Mon frère le Carso (1912)

Il mio Carso

Sortie : 1921 (France). Roman

livre de Scipio Slataper

Lo. mel a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Lo. mel

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