Chro : Top 10 musique 2007

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Panda Bear plutôt qu'Animal Collective, parce que le meilleur album d'Animal Collective reste d'abord Sung tongs (2004). Répétition de boucles jusqu'à l'hypnose, les mantras pop de Person pitch se déploient avec une ferveur extatique tenant à la fois du gospel et du rituel animiste, convergeant vers une ode à la vie lumineuse. Tektonic polynésienne basculant dans une pop hallucinée, comme une session de Pet sounds enregistrée par un Joe Meek sous champis, entre la gigue hypnotique et le bain d'éther, il y a le soleil, les oiseaux et la mer. Et quelques molécules chimiques aux vertus euphorisantes. Parce que notre époque a besoin de se perdre dans les strates joyeuses, les chants vaudous et les entrelacs enivrants, à la poursuite du lapin blanc, disque de l'année, donc.

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La musique des américains Matthew et Eleanor Friedberger, masculin-féminin, frère et soeur, accomplit comme un androgyne parfait, depuis leur premier Gallowbird's bark (2003) jusqu'à cette sixième pièce maîtresse Widow city, la synthèse de la matière et de la forme, de la forme et du fond, des mots et des mélodies, achevant l'agenda Beatlesien de l'harmonie selon nos modalités de réception modernes. Un album important dans vingt ans.

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L'écoute abrutissante des 37 minutes immobiles du monstre Fizheuer zieheuer semble poser une question : peut-on dire d'un échantillon qu'il est hanté ? Formellement, c'est un énième monument minimal érigé à la gloire de la répétition et du déphasage, martelé par un filtre delay actionné à la main ; fondamentalement, c'est un mastodonte de lyrisme fou, un monument d'étrangeté dangereuse et cruciale qui rend les danseurs fous furieux.

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Nouveau petit sommet pour Deerhoof : Friend opportunity arrive à point nommé pour sceller le passage du groupe de l'underground culte vers l'overground qui pétille. Coups de butoir rock violent vs. pop optimiste compliquée, new-wave sucrée, funk liquide, comptine électronique blip-blop et sombres tranchées d'ambiant triste dangereux, joli labyrinthe dont les seules constantes sont l'invention mélodique souveraine.

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Entre funk blanc, folk folle et afro magique, les Dirty Projectors nous donnent des visions. L'album a tout du concept-album arty, en même temps qu'il se donne comme pure création spontanée, décrivant sur un mode paranoïaque et adolescent l'aliénation contemporaine et toutes les polices de l'esprit. Les violentes fluctuations musicales et vocales ressemblent alors aux mouvements de l'aliéné, qui se débat et essaie de se libérer, entre éclats et torpeur.

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Nouveau tressaillement dans la carrière du plus beau ressortissant du territoire Americana avec ce condensé sanguin de classic rock émaillé de détours fulgurants, de thèmes lead guitar affriolants, et de chansons supérieures. Enième résurrection pour le chantre dépressif Jeff Tweedy, et victoire totale du plus grand beautiful loser actuel. Sky blue sky est paradoxalement le plus mélancolique, et le plus joyeux des albums de Wilco.

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L'utilisation de la religion par les va-t-en guerres de tous poils traverse Comicopera comme un faucon inquiétant, sa critique pouvant avoir des atours ironiques ou dramatique. Ce qui n'empêche pas un certain mysticisme de Wyatt, panthéiste et compassionnel, comme si le communisme s'était transformé en une belle religion. Wyatt est ainsi un actuel-inactuel, touchant à la fois au pur contemporain et à l'universel sans âge. Un vrai petit père du peuple.

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M.I.A fait le lien entre ces deux façons de marier le souffle et la parole. Pour mieux s'imposer dans cet univers de fausses primadonnas qui ne sont finalement que des speakerines sans couronnes, M.I.A développe et pose sa voix sur une carte musicologique qui adaptent les gimmicks du rock, les rythmes d'une drum & bass electrique décalqué au ralenti, la fougue du bailey funk issu des favelas brésiliens, sans pour autant se perdre dans les méandres d'une soupe pop aux poids cassés.

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Assurément primitif, moderne en tous les cas, habité par la même fougue mystique que les Boredoms et bariolé comme un patchwork pyramidal de monochromes fluos peints par une famille de Barbapapa cannibales, les géniaux bricolos arty de Black Dice ont eux aussi trouvé refuge chez Paw Tracks. Plus que jamais, les réminiscences de musique ethnique rentrent en collision avec les abstractions electro-psychédéliques, culbuto de fréquences bégayantes et oscillations répétitives.

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Huit albums et encore trop confidentiels par chez nous, Of Montreal mériteraient pourtant une place au panthéon des petits maîtres de la pop. Sucrée d'enrobage mais à l'arrière goût plus acide, la leur explose sur Hissing fauna, simultanément groovy et groggy, hagard et bigarré, patiné et spontané : Of Montreal rejoint la catégorie, rare, des « mêleurs d'humeurs ». Rappelons que tous les disques de Of Montreal sont essentiels.