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35 films

créée il y a presque 4 ans · modifiée il y a presque 4 ans
40 ans, toujours dans le flow
6.3

40 ans, toujours dans le flow (2020)

The Forty-Year-Old Version

2 h 09 min. Sortie : 9 octobre 2020. Comédie, Drame

Film de Radha Blank

Gramscillance a mis 5/10.

Annotation :

28/11 // Meilleure BO entendue depuis bien bien longtemps. Rien à jeter, irréprochable bon goût qui raconte très bien le personnage principal, ce qu'elle est, ce qu'elle aspire à être, ce qu'elle n'est pas parvenu à être. On est pas loin de Kendrick. Forcément, c'est validé.

Ecriture assez caricaturale, tous les personnages sont clichés de ouf, la structure dramaturgique sort tout droit d'un manuel de scénariste, prévisible à la minute près, ça invente des embrouilles de toutes pièces parce que la règle dit qu'à ce moment-là il doit y en avoir une, alors embrouille il y aura. On parle d'artiste qui se veut authentique, qui ne veut plus jouer selon les codes des producteurs, alors que le film lui-même en est l'exacte anti-thèse. So Sundance.

Sympathique au demeurant quand on outrepasse ces tue-l'amour, aucun risque n'est pris mais pas de faux-pas rédhibitoire non plus, c'est l'avantage. L'amour dépeint pour le hip-hop de kickeurs n'est pas feint ou usurpé, c'est d'autant plus facile de se prendre au jeu.

Toujours déconcertant malgré tout de regarder un film qui oppose la street et les vendus, l'authenticité et l'artifice, se vautrer aussi complaisamment dans ce qu'il dénonce.

Ad Astra
6.5

Ad Astra (2019)

2 h 05 min. Sortie : 18 septembre 2019 (France). Science-fiction, Aventure, Drame

Film de James Gray

Gramscillance a mis 6/10.

Annotation :

21/12 // Pas trop mal, mais quand même la sale impression d'avoir déjà vu ce film 1597 fois. Fascination de la fuite, de la perte dans le mouvement, dans l'annihilation méthodique du soi jusqu'au tout dernier moment, où le personnage (masculin, exclusivement) se rend compte que la vie c'est pas si tout pourri que ça. Ulysse et Orphée sont dans une fusée, partis défier Neptune.

Hormis son papounet et Brad, rien n'a de valeur dans ce récit, personne n'a d'importance, ne mérite d'être regardé, de capter l'attention du cinéaste. Les espaces n'existent pas, ne sont que des zones intermédiaires où aller traîner son spleen. C'est ce nombrilisme d'enfant gâté qui rend le film parfois franchement antipathique. Tant bien même que ça soit le sujet, on peut tout de même faire exister d'autres personnages, ne serait-ce que pour accentuer le fait que ça soit vraiment un Nowhere Man qui a largué les amarres pour de bon. Là, on vagabonde avec lui, on l'écoute parler, et on se demande quand est-ce qu'il la fermera un peu et qu'il regarde un peu autour de lui.

Ariel
7

Ariel (1988)

1 h 13 min. Sortie : 30 août 1989 (France). Drame, Comédie, Policier

Film de Aki Kaurismäki

Gramscillance a mis 6/10.

Annotation :

17/12 // Tâtonne encore avec sa recette, encore pas mal de choses à affiner. Je pense que c'est vraiment une question de musicalité du découpage. Ça manque de swing tout ça. Trop rapide, trop efficace, les scènes manquent de temps pour installer la drôlerie inimitable, ces silences absurdes, la rigidité hilarante des corps, des expressions faciales, cette manière de se tenir entre ivresse contenue et contenance toute nordique. Et puis, aussi une volonté de rendre son personnage vraiment cool, flirtant parfois avec le dandysme jarmuschien. C'est pas que ça soit une faute de goût, mais disons que la beauté du geste esthétique de Kaurismaki ne se définit pas nécessairement en premier lieu par sa coolitude.

Au loin s'en vont les nuages
7.3

Au loin s'en vont les nuages (1996)

Kauas Pilvet Karkaavat

1 h 36 min. Sortie : 2 octobre 1996 (France). Comédie dramatique

Film de Aki Kaurismäki

Gramscillance a mis 8/10.

Annotation :

16/12 // Ce qu'il y a de plus beau chez Kaurismaki, c'est qu'il n'épargne rien à ses personnages. Pendant tout le film, c'est merde sur merde qui leur tombent dessus. Et pourtant, aucun pathos, aucun misérabilisme, aucune complaisance envers la situation et les miséreux, bagarreurs, alcooliques, à la fierté parfois mal placée. Ce qui sauve, c'est cette artificialité ostentatoire de la mise en scène. Éclairage plein pot, jeu à la limite de l'anti-jeu, dialogues au verbe théâtral : tout sonne faux à l'écran, si ce n'est ses interprètes.

C'est si rare d'avoir des vrais trognes de prolo au cinéma, alors c'est doublement satisfaisant quand ils sont mis en scène avec une telle intelligence. Le décalage crée par la mise en scène ne fait pas perdre de vue qu'il y a une réalité très concrète et désespérante qui est racontée là, que la population ouvrière ne connaît que trop bien. Mais au lieu de nous faire goûter le sel de leurs larmes, Kaurismaki a la digne tendresse de nous faire partager leur tragédie par le rire. Et puis de toute façon, rien de plus bourgeois que de s'apitoyer sur son sort, luxe dont les prolos finlandais ne semblent même pas connaître l'existence. Cette existence n'a rien d'une farce, mais c'est en les présentant sous leurs vrais visages, sans fards, à visage découvert, que le film parvient à en faire des putains de héros des temps modernes.

Dans la chambre de Vanda
7.6

Dans la chambre de Vanda (2000)

No Quarto da Vanda

2 h 50 min. Sortie : 19 septembre 2001 (France). Drame

Film de Pedro Costa

Gramscillance a mis 6/10.

Annotation :

05/12 // Beau, mais pas très intéressant. On éprouve le quotidien des personnages, leur quotidien, l'ennui, l'absence de récit, la répétition, la mort lente... Tout en en étant tout à fait exclu. Est-ce cela la bonne distance?

Le film n'est pas aimable, il ne nous fait pas aimé plus que ça les personnages, il n'essaie certainement pas de nous charmer. Peut-être le but de la démarche éthique de Costa. Alright, mais ça reste un peu trop théorique ; en pratique, on s'ennuie, on réfléchit plus à autre chose qu'au film lui-même, qu'à ce qui se passe à l'écran.

Le respect est peut-être aussi à trouver là, à faire accéder ceux qu'ils filment au rang de héros de cinéma, de retourner la machine de propagande, d'invisibilisation des corps parasites en faveur des exclus du système.

Formellement, de l'avant-garde classique. Intelligent, mais pas très généreux. Pas de l'art bourgeois, pas de l'art populaire non plus. Parangon du film intello?

Days
6.4

Days (2020)

Rizi

2 h 07 min. Sortie : 30 novembre 2022 (France). Drame, Romance

Film de Tsai Ming-Liang

Gramscillance a mis 7/10.

Annotation :

10/12 // Film de vieux maître, épure maximal, on enlève tout pour voir où se joue l'essentiel, où le coeur du geste esthétique gît. Un peu roublard quand même parce qu'il sait que son spectateur transi d'amour pour lui est captif, qu'il accepterait tout sans broncher. Forcément, il en profite et étire au-delà du raisonnable pour voir quand est-ce que ça casse, avec quoi il peut s'en tirer.

Pas parfait donc, toujours en recherche. Mais il sait aussi pourquoi il le fait, il y a une justification au vide, à l'ennui, à la souffrance : le bonheur éphémère mais infini que nous procure celui qui nous l'ôtera dans un moment de compassion et d'amour.

The Duke of Burgundy
6.6

The Duke of Burgundy (2014)

1 h 43 min. Sortie : 17 juin 2015 (France). Drame

Film de Peter Strickland

Gramscillance a mis 2/10.

Annotation :

23/12 // Pas de safeword pour le spectateur malheureusement, c'est sans doute là la pire des cruautés du scénario.

Beaucoup d'effets de style pour au mieux ne rien dire, au pire raconter quelque chose qui n'a aucun sens. Le climax dramaturgique du récit, c'est quand même que Machine à cirer les bottes sales de celle à qui il ne fallait pas cirer les bottes. Même chez les lesbiennes sado-masochistes, tout n'est que tromperie de propriétaire et puérilité sentimentale. Désappointant.

Mais encore si ça n'était que ça, bon ben ce serait inintéressant mais vaguement regardable. Sauf qu'aux enjeux ineptes s'ajoute toute cette prétention formelle qui embrouille et tente de rendre mystérieux un propos bien incapable de se soumettre à une telle gymnastique stylistique. Ou plutôt si, pourquoi pas, mais alors le cinéaste n'en a rien à dire ; ce qui le titille, on le voit bien dès le début, c'est de filmer des jolies bourgeoises dans des situations inconvenantes.

Un si grand écart entre ambition formelle et fond narratif que le film nous en devient très antipathique, résolu à nous faire subir la vacuité de cet exercice jusqu'à la lie.

En avant, jeunesse !
7.6

En avant, jeunesse ! (2006)

Juventude Em Marcha

2 h 36 min. Sortie : 13 février 2008 (France). Drame

Film de Pedro Costa

Gramscillance a mis 6/10.

Annotation :

07/12 // Avec l'âge, moins en moins de patience pour ces morceaux de bravoure éthiquement irréprochables mais qui semblent se ficher du spectateur. Il n'y a pas de dialogue, seulement un geste d'amour pour ses collaborateurs où le public serait une présence intrusive, excédentaire, à qui il ne faudrait rien accorder ou si peu.

Après avoir dit tout ça, y a quand même du talent évidemment, beaucoup même. Une réflexion sur la spacialisation très belle, entre paradis et enfer où la lumière est trompeuse, faux-ami que les personnages identifient vite, mieux que nous. La mémoire de Ventura aussi, tenace mais comme si évidée de sa vitalité (ça reste une impression, j'ai du ma à raccrocher ça à une séquence particulière). Les corps enfin, qui se meuvent comme des morts-vivants, pas tout à fait à leur place dans ses beaux appartements vides et lumineux, si loin de leurs habitats naturels.

Mais Dieu qu'on s'emmerde.

La Favorite
7.2

La Favorite (2018)

The Favourite

1 h 59 min. Sortie : 6 février 2019 (France). Historique, Drame, Comédie

Film de Yórgos Lánthimos

Gramscillance a mis 3/10.

Annotation :

22/12 // Moins irregardable que d'habitude, peut-être parce qu'il est très facile de tourner en ridicule l'aristocratie de l'Ancien Régime, parce qu'il est communément admis que cette société-là était férocement gangrénée par une remarquable dégénérescence morale. En somme, parce qu'il était sûr d'avoir les rieurs de son côté, et plus il était cruel et féroce plus grande encore serait l'hilarité provoquée.

Sinon, quoi de neuf à la petite boutique des horreurs de Lanthimos ? L'humanité est toujours aussi détestable et pathétique, le monde une jungle où la loi du plus fort est la seule qui règne, l'amour cette chose insignifiante et vaguement méprisable dans ce qu'elle provoque d'imprévus dans les ambitions personnelles de chacun, le désir une arme que seule les plus malins sauront manier avec art et duplicité... Bref, encore une fois, une vraie régalade.

La Fille aux allumettes
7.1

La Fille aux allumettes (1990)

Tulitikkutehtaan tyttö

1 h 10 min. Sortie : 2 mai 1990 (France). Comédie dramatique

Film de Aki Kaurismäki

Gramscillance a mis 6/10.

Annotation :

31/12 // Frappé par une évidence : c'est du Lubitsch. Même sens de l'ellipse élégante, du goût pour les plans métonymiques. Sauf qu'aux fastes du Hollywood joyeux de l'entre-deux guerres, la Finlande prolétaire des '90s n'a pas vraiment de quoi répondre. On rêve tout aussi fort cependant, en tout cas on a rien oublié de la promesse de vie heureuse du cinéma. C'est dans cet interstice qu'Iris est bloquée, entre Zola et la screwball comedy.

Kaurismaki est à son paroxysme de cruauté, en ce que tout ce qu'il lui balance dans la tronche n'est pas nécessaire ou découlant naturellement du monde qu'il crée autour d'elle, de sa mystique à lui. Les gens sont rarement méchants pour l'être en temps normal, ils ont toujours une justification un peu minable que Kaurismaki arrive à retourner sur elle-même. Là, la violence est très autrichienne. La scène du restaurant particulièrement, ç'aurait pu être du Haneke.

Il cherche encore, mais on voit qu'il commence à tenir quelque chose de très fort, comme une survivance, dans le jeu de Kati Outinen, du grandiose qui a été dérobé par la crise économique des '80s. Le réel a encore ses griffes venimeuses plantées dans sa chair, même si on aperçoit par bribes l'extase réparatrice qui vient.

The Gentlemen
7.1

The Gentlemen (2019)

1 h 53 min. Sortie : 5 février 2020 (France). Action, Comédie, Gangster

Film de Guy Ritchie

Gramscillance a mis 4/10.

Annotation :

02/12 // Fini les films de petites crapules, place aux récits de grands truands. La recette reste la même, seuls les habits changent. C'est aussi quelque peu contre-intuitif, mais en déplaçant le gangstérisme vers la classe supérieure, on se rapproche sans doute plus du réel. Pas bien plus, mais quand même.

Rien véritablement à retenir de ce film, qui n'est pas conçu pour ça. On est là pour kiffer, pour se divertir, s'oublier soi et le monde pendant la durée de la projection, une pochade sans conséquence qui a l'honnêteté de ne pas se prendre au sérieux, de connaître sa place et sa fonction, et de l'investir avec toute la diligence et la décontraction requises.

Qui dit film de bonhommes dits stars venus cachetonner, et sans doute l'intelligence du projet a été de mettre ses vedettes au diapason stylistique. Hugh Grant et Colin Farrell sont délicieux de seconds degrés, leur présence justifie presque à elle seule le visionnage du film.

The Host
7

The Host (2006)

Gwoemul

1 h 59 min. Sortie : 22 novembre 2006 (France). Action, Épouvante-Horreur, Science-fiction

Film de Bong Joon-Ho

Gramscillance a mis 10/10.

Annotation :

18/12 // Revu un peu dans l'optique de vérifier, de réévaluer à la baisse, me dire que le temps enjolive décidément bien les choses. Mais non, c'est bien un sommet indépassable de grand divertissement, capable de branler en à peine deux heures tout ce qu'il y a de plus aimable et admirable dans cet art populaire qu'est le cinéma.

It Follows
6.9

It Follows (2014)

1 h 40 min. Sortie : 4 février 2015 (France). Épouvante-Horreur

Film de David Robert Mitchell

Gramscillance a mis 6/10.

Annotation :

29/11 // Pas sûr de vraiment comprendre le propos du film, qui de loin à l'air quand même vaguement conservateur. Pas sûr que le film sache lui-même de quoi il parle véritablement.

J'entends que le sexe puisse être source d'angoisse, de terreur légitime pour un ado, sauf que le sujet n'est pas du tout traité sous cet angle. On se refile juste la maladie d'amour mais sans amour, avec crainte et égoïsme, avec un tout petit petit peu de désir aussi. En cela, c'est un vrai film d'horreur, dans tout ce que le genre brasse de pudibonderie protestante.

Dommage parce que l'épouvante fonctionne, mais ça n'est au service de rien. Les personnages sont vraiment pas travaillés, on se contente d'ambiancer le récit sans s'intéresser à ceux qui le mettent en mouvement.

Très peu de vie, trop de survie. Subsiste malgré tout cette belle idée de la menace qui vient de loin, qui prend son temps, qui sait qu'elle vaincra, si ce n'est aujourd'hui alors demain. Les héros ne sont même pas des survivants, simplement des condamnés à mort en sursis.

Et tout ça pour avoir ken. Il n'y a encore que les Américains pour continuer à être mortifiés à ce point par leur zob.

Jersey Boys
6.4

Jersey Boys (2014)

2 h 14 min. Sortie : 18 juin 2014 (France). Biopic, Drame, Comédie musicale

Film de Clint Eastwood

Gramscillance a mis 5/10.

Annotation :

22/12 // Tout le long, je me suis dit qu'Eastwood faisait ce film en ayant Scorsese en tête. Plutôt réussi dans sa peinture de la communauté italo-américaine, qui embrasse tous les clichés pour mieux s'en éloigner et finir par mieux y revenir.

Évidemment, son personnage préféré c'est Nick, le Ringo du groupe, celui fait le choix courageux de quitter le navire en pleine gloire, de rentrer au quartier, de refuser la gloire de Troie et retrouver Pénélope et Télémaque. Tout le monde n'a pas les épaules, ou l'ego, pour être Ulysse. L'héroïsme d'une vie ne se joue pas forcément sous les feux de la rampe.

Frankie décide de sacrifier sa vie pour deux choses : la gloire et la loyauté. Faire corps avec les siens, tout en étant incapable de se voir avec eux. Et c'est quand il goûte enfin à la liberté totale qu'il se rend compte que c'est trop tard, que sa fille est morte, que malgré tous ses efforts il aura quand même tout perdu, ou en tout cas perdu à l'essentiel.

Le Kid
8.1

Le Kid (1921)

The Kid

52 min. Sortie : 10 juillet 2019 (France). Comédie dramatique, Muet

Film de Charlie Chaplin

Gramscillance a mis 7/10.

Annotation :

07/12 // Meilleur que dans mon souvenir. Je suis aussi moins casseur de couilles sur la forme toussa toussa, plus focalisé sur la très belle histoire qui est racontée.

Je comprends que l'universalisme chaplinien puisse insupporter, parfois je reconnais que c'est un brin trop commode, que ce soit sur le politique ou le gag, ce qui chez Chaplin revient au même. Mais il est simplement trop génial pour qu'on lui en tienne rigueur. Il dévoile la beauté dans la fange, sa démarche est à l'exact opposé du misérabilisme, il regarde les gens qui ne sont rien à hauteur de regard, et il essaie de leur donner tout l'amour qu'il est capable de leur offrir. Et il le fait avec des trouvailles comiques fabuleuses, dans des registres très variés.

Le versant mélo est pas ouf, le surgissement de l'adversité est trop caricatural, comme s'il était embarrassé d'employer une cause plus triviale, plus ordinaire, plus cruel parce que si banale, que l'horreur de la vie des miséreux ne peut pas s'offrir le luxe du coup de théâtre pour vivre avec le drame. Séquence onirique aussi un peu kitsch, mais elle passe, ric-rac.

Le Livre d'image
6.6

Le Livre d'image (2018)

1 h 24 min. Sortie : 24 avril 2019. Expérimental

Film de Jean-Luc Godard

Gramscillance a mis 8/10.

Annotation :

15/12 // "Même si rien ne devait être comme nous l’avions espéré
Cela ne changerait rien à nos espérances
Elles resteraient une utopie nécessaire et le domaine des espérances est plus vaste que notre temps
De même que le passé était immuable
De même les espérances resteraient immuables."

Une des plus belles conclusions jamais formulées au cinéma. A part peut-être celle des Histoire(s) du cinéma.

Gros tricheur aussi d'utiliser deux séquences du Plaisir comme sommets émotionnels de son film (course de Gabin pour saluer le train de Darrieux et lui dire adieu, la danse de la vie et de la mort du vieillard), et en même temps geste suprêmement humble et intelligent. Le XXe siècle a été un désastre sans précédent, mais a aussi produit une éternité d'amour.

Visionnage chaotique, tempêtueux, qui se finit dans la simplicité, le dénuement, la majesté. Cette forme-là est très difficile à appréhender, mais Godard arrive à la faire fonctionner, et plus que ça bien sûr, il la rend évidente.

La Llorona
6.4

La Llorona (2019)

1 h 37 min. Sortie : 22 janvier 2020 (France). Drame, Fantastique, Historique

Film de Jayro Bustamante

Gramscillance a mis 3/10.

Annotation :

01/12 // La vengeance d'outre-tombe n'a de vertu que si elle est un exutoire ludique, un moyen de réparation cathartique, jouissif. Mais quand les faits sont trop graves, quand le réel est trop insoutenable, quand la mémoire est un devoir qui impose le plus grand sérieux sur le terrain de jeu qu'est le récit fantastique, la marge de manoeuvre est plus qu'étroite, elle est impraticable. Le pari était risqué, la plantade prévisible.

La réflexion est très naïve. Que nous dit-on ? Tout d'abord, que les salauds ne dormiront pas en paix car les morts viendront les hanter. C'est beau et illusoire à la fois. Le monde est cruel et brutal, et les tyrans ont jusqu'ici et depuis la nuit des temps parfaitement perduré sans qu'aucune justice poétique ne vienne à la rescousse des disparus ou des survivants. Faire le récit contraire ne répare rien, ne révèle rien, ne dévoile rien d'une vérité transcendante, vengeresse. La réalité continuera à exister une fois que le rideau sera tombé, et la consolation proposée ici est un fantasme hors-sujet et nocif. Ce n'est que dans le réel, que le film ne regarde que distraitement, qu'une réparation peut et doit être poursuivie.

Deuxièmement, la punition consiste à faire vivre le calvaire des victimes à leurs bourreaux, en somme à les emmener au cinéma et les mettre face à la mise en scène des atrocités qu'ils leur ont fait subir. Justification à peine déguisée du film. Et encore une fois, le coche est loupé. Ca n'a jamais été l'image de l'agonie des victimes qui gêne les assassins, ils l'envisagent, la connaissent même, jusqu'à un certain degré, mais ils choisissent de s'en moquer. De la même manière qu'on reste indifférent à la mort de ceux qu'on ne connaît pas. L'image n'est pas le réel. Voir représentée la douleur ne sera jamais éprouver cette douleur. La souffrance est une affaire strictement personnelle, un savoir strictement empirique. La distance entre les êtres ne s'abolira que lorsque l'on acceptera de se reconnaître une humanité et une réalité communes, rédemptrices, miséricordieuses.

On compatit avec les victimes, on condamne les coupables, mais on n'aura entendu ni compris aucun des deux camps. La morale fait souvent ça, empêche le discours de s'instaurer, perpétue le ressentiment et la peur, fait obstruction au pardon et à l'amour. La morale ne veut pas comprendre le réel, mais vaincre le Mal et châtier les méchants. Pas de place là-dedans pour voir clairement, dévoiler avec lucidité, le monde tel qu'il est.

Mank
6.3

Mank (2020)

2 h 11 min. Sortie : 4 décembre 2020. Biopic, Comédie dramatique

Film de David Fincher

Gramscillance a mis 4/10.

Annotation :

04/12 // Le plus intéressant reste encore lorsqu'on s'intéresse aux rouages politiques de l'usine à rêve, son pouvoir délirant de nuisance et d'ingérence dans la fabrication de l'opinion publique. Un système hollywoodien complètement soumis à l'idéologie du capital, qu'il défend pas tant par conviction mais parce qu'elle fait partie intégrante de son identité, de sa nature profonde, de sa raison d'être.

Mais tout ça, à moins peut-être d'être Américain, c'est une affaire depuis longtemps entendue et réglée de ce côté-ci de l'Atlantique. Rien de nouveau sous le soleil David, tu nous apprends rien.

Tout le reste est excédentaire, plutôt mal fichu et indigeste. La différence flagrante de niveau suggérerait que Fincher aussi n'en a rien à secouer de tout ce squelette narratif, là que pour lui permettre de creuser une thématique autrement plus critique. Mais encore une fois, tout est relatif.

Bref, dire qu'on a raté une troisième saison de Mindhunter pour ça. Il est sans doute là le vrai drame de ce film.

Margaret
5.9

Margaret (2011)

2 h 30 min. Sortie : 29 août 2012 (France). Drame

Film de Kenneth Lonergan

Gramscillance a mis 8/10.

Annotation :

23/12 // La grande singularité de Lonergan, c'est cette extrême précision pour capturer et retranscrire la fabrique de l'incommunicabilité.

Son affaire n'est pas du tout de susciter de l'empathie pour ses personnages ; ce qui l'intéresse, c'est de donner vie à des personnages, les incarner pour qu'à la fin du film, on ait eu la certitude d'avoir vécu quelques heures avec une poignée de personnes loin d'être parfaites, égocentriques et habités par des petites névroses, se débattant du mieux qu'ils peuvent avec un monde qui ne fait pas forcément sens, où les autres sont tout aussi accaparés par leur propre nombril que nous, où la consolation ne vient pas parce que tout le monde l'attend et sans que personne ne pense à offrir la sienne.

Ils vivent à l'écran, et c'est une des choses les plus difficiles à faire. À part Kechiche, il n'y en a pas beaucoup qui soient à un tel niveau de compréhension de la psychologie humaine.

Scène finale magnifique évidemment. Énormément d'autres brillantes séquences, mais cette main prise par la mère, qui n'a besoin d'aucune autre parole, qui n'aurait pu que forcément être superflue et incomprise, pour enfin tout entendre de la douleur de Lisa, c'est vraiment quelque chose. La parole n'est qu'une trahison, et il n'y peut-être que l'art pour retranscrire avec justesse ce qui nous habite qui soit aussi informulable que vitale à résoudre. Grand film.

Memories of Murder
8.1

Memories of Murder (2003)

Salinui Chueok

2 h 10 min. Sortie : 23 juin 2004 (France). Policier, Drame, Thriller

Film de Bong Joon-Ho

Gramscillance a mis 7/10.

Annotation :

14/12 // Moins bien que Zodiac tout de même, même si Bong Joon-Ho sera toujours plus capable que Fincher pour faire rentrer la vie dans son système.

Analogie astucieuse sur le pouvoir et l'impunité, la prérogative régalienne et démoniaque de faire disparaître les gens en toute impunité, selon son bon-vouloir, par pur caprice, par simple désir. Personne n'est à l'abri d'être enivré par sa toute-puissance d'agir, que l'on soit intègre, simplet, beau garçon, quelconque. Le Mal n'a pas de visage, n'est pas individuel, est contagieux, diffus, impalpable, sans coupable défini que l'on puisse arrêter. On remarque en revanche que les moches, les idiots, les miséreux ont souvent la tête du coupable idéal pour le Prince. Eux n'ont pas voix au chapitre, on leur impose un récit du réel, on abat leur résistance, l'histoire telle qu'elle sera relatée appartient toujours aux vainqueurs, aux dominants.

Mercuriales
6.7

Mercuriales (2014)

1 h 48 min. Sortie : 26 novembre 2014. Drame

Film de Virgil Vernier

Gramscillance a mis 8/10.

Annotation :

03/12 // Le deuxième visionnage dissipe pas mal la brume ésotérique que j'entretenais à l'égard du film, l'inscrivant dans une économie formelle moins opaque, plus lisible, un peu plus brouillonne aussi.

Evidemment, ça demeure superbe, admirable même pour un premier long. On ne peut s'empêcher tout de même de remarquer qu'on esquisse beaucoup de choses sans parvenir à aller au bout de la logique, à dévoiler le ressort ultime qui unifierait toutes ces thématiques éparses. Les pistes d'interprétation sont nombreuses, trop sans doute pour que cela ne révèle pas un manque de maîtrise, tout à fait compréhensible et pardonnable, du format. Cela étant dit, toutes ces ébauches décrivent un imaginaire vraiment passionnant, un de plus singuliers du paysage ciné mondial.

Ce monde qu'il nous dévoile ressemble à celui que nous habitons, et pourtant il y a là-dedans quelque chose comme une source lumineuse tarie, aussi immense qu'oubliée, enterrée, bannie par les Molochs qui règnent sans merci sur notre civilisation. Du mysticisme gnostique donc. Des personnages errant sans repère et sans but, hébétés face à l'agencement monstrueux et fascinant d'un monde dépourvu de sens. Ils cherchent sans savoir la transcendance, à travers l'amour essentiellement. C'est en cela que les larmes de Joanne à l'église sont quasi épiphaniques, témoignent d'une révélation. Sauf que rien ne change. On essaie de se consoler, à défaut de pouvoir se sauver.

Entre Allah et les strip-clubs, sur la planète la plus chaude au ciel éternellement noir, un monde disparu sommeille et n'attend rien d'autre qu'à être révélé à nouveau.

OSS 117 - Le Caire, nid d'espions
7.1

OSS 117 - Le Caire, nid d'espions (2006)

1 h 39 min. Sortie : 19 avril 2006. Action, Aventure, Comédie

Film de Michel Hazanavicius

Gramscillance a mis 7/10.

Annotation :

10/12 // Ca me fait toujours autant rire, le nombre de visionnages ne tarit rien au contraire. Dujardin est sans doute le plus grand acteur comique de l'époque, aucun concurrent sérieux. Il a tout et peut tout faire. Mélange de Jim Carrey et de Cary Grant.

Petite Fille
7.6

Petite Fille (2020)

1 h 28 min. Sortie : 2 décembre 2020.

Documentaire de Sébastien Lifshitz

Gramscillance a mis 6/10.

Annotation :

29/11 // Plaidoyer qui n'aspire à aucun moment être autre chose qu'une chronique intime de la lutte. En ce sens, c'est évidemment très beau.

Difficile de ne pas être bienveillant face à des personnages qui ne sont tiraillés que par deux pôles affectifs : celui de la douleur, qui contamine le monde extérieur, où il y a l'école, le directeur réac, le réel en somme qui se refuse à eux ; et puis l'autre, celui de la tendresse, infinie, mise en oeuvre au sein de la famille, la seule arme dont ils ont été pourvus pour lutter pour leur bonheur, leur droit de vivre comme ils l'entendent, de transformer le réel, de créer les paramètres qui permettent à cette petite fille d'être.

Dès lors que l'on s'attaque à un sujet de société de ce genre, le contre-point à l'argumentaire avancé est toujours attendu, bienvenu même. Il ne vient pas, ce qui se conçoit : là n'est pas le sujet, la réalité de la douleur n'est pas à remettre en cause. Cet angle mort demeure malgré tout regrettable. Notre point de vue embrasse totalement celui de la bulle protectrice construite par les parents, hors de laquelle seules la barbarie et l'étroitesse d'esprit semblent faire loi. Libre au spectateur de remettre ou non en cause la vérité construite par cette famille.

Une séquence survole, par-delà les querelles d'adultes. Au cours de danse, la maîtresse distribue les costumes du spectacle. Seule Sasha reçoit celui de garçon, puisqu'elle est le seul garçon du cours, perdue au milieu de toutes ces petites filles dont elle ne partage pas le secret, celui du bonheur simple d'habiter un corps qui serait sien, d'être regardée comme on se regarde soi-même, bref d'être reconnue. Face à cela en effet, toute opposition n'est que barbarie.

Le Pont du Nord
6.8

Le Pont du Nord (1982)

2 h 10 min. Sortie : 24 mars 1982. Comédie dramatique, Policier, Thriller

Film de Jacques Rivette

Gramscillance a mis 4/10.

Annotation :

03/12 // Tenu jusqu'à mi-parcours.

Sur le papier, j'étais et je reste encore favorable à l'idée derrière le projet, à la philosophie innervant l'esthétique de Rivette. Liberté totale, vagabondage narratif, délire du réel, plaisir ludique de réinventer le monde par le simple fait de l'appréhender avec un regard neuf, délesté de tout préjugé.. C'est une tentative louable de créer une utopie cinématographique, débarrassé des carcans dirigistes de l'Auteur tyrannique régnant sur son cadre en monarque absolu.

Je commence quand même à croire que tout ça n'est que bagatelles, rêvasseries de petit-bourgeois convaincu que ses idées sont si puissantes qu'elles n'ont plus besoin d'être communiquées par des voies intelligibles au commun des mortels, que seuls les happy few y accéderont et que c'est tant mieux. En soi pourquoi pas, il y a toujours eu une élite culturelle, intellectuelle, spirituelle qui a attendu que la masse la rattrape pour que leur parole de sagesse soit enfin entendue et comprise pour ce qu'elle est, une vérité inaliénable et transcendante.

Or Rivette n'a rien d'un sage, et tout d'un gamin pourri gâté et capricieux. Il n'entend pas éclairer l'esprit et élever l'âme de son spectateur, il veut juste le convoquer pour assister à son jeu enfantin, celui de démonter son jouet pour le refaire autrement. Il y a beaucoup de joie qui transpire de ce spectacle. Mais il épuise aussi très vite, tant il ne rime à rien.

Le Seigneur des Anneaux - La Communauté de l'anneau
8

Le Seigneur des Anneaux - La Communauté de l'anneau (2001)

The Lord of the Rings: The Fellowship of the Ring

2 h 58 min. Sortie : 19 décembre 2001. Aventure, Fantasy

Film de Peter Jackson

Gramscillance a mis 4/10.

Annotation :

24/12 // De plus frappant en plus frappant comme il n'y a, à proprement parler dans ce film, aucun style, aucune forme, aucune idée saillante. Les images ne racontent rien, la bande sonore fait tout toute seule, qu'il s'agisse de faire avancer le récit ou de moduler l'intensité émotionnelle d'une séquence. Un film à voir les yeux fermés, littéralement.

Étonnant donc que ça soit les images qui reviennent tout de suite à la mémoire, quand c'est précisément elles qui manquent à ce film. En somme, édifiante illustration de l'esthétique publicitaire.

Sang pour sang
7.2

Sang pour sang (1984)

Blood Simple

1 h 36 min. Sortie : 3 juillet 1985 (France). Policier, Drame, Thriller

Film de Joel Coen et Ethan Coen

Gramscillance a mis 5/10.

Annotation :

15/12 // Film noir texan, où la femme fatale a été substituée par une blanche colombe, un personnage féminin vierge de toute souillure morale. Un peu la seule (et mauvaise, en plus de cela) surprise que le récit nous accorde, tout le reste est dans les clous, bien fichu, adéquatement retors, se regarde sans peine mais sans grand intérêt non plus. Plan final étrange aussi, où le grand méchant meurt avec comme dernière image la plomberie de l'évier de la salle de bain.

On reconnaît très bien le style Coen, ce regard très moraliste qui ne condamne personne et donc tout le monde, où l'appât du gain est le moteur de tout, où l'explosion de violence a toujours quelque chose d'absurde et de fortuit, où on accorde quand même la clémence à la figure de l'innocence au milieu de la barbarie inouïe des hommes, où règne celle ultra charismatique du Mal absolu... Tout y est, quoiqu'encore brouillon.

Séjour dans les monts Fuchun
7.1

Séjour dans les monts Fuchun (2020)

Chun jiang shui nuan

2 h 30 min. Sortie : 1 janvier 2020. Drame, Romance

Film de Gu Xiaogang

Gramscillance a mis 4/10.

Annotation :

30/11 // Réputation plus que surfaite, probablement répandue par des amateurs de chinoiseries n'y entendant rien en cinéma chinois.

On identifie assez vite les traits qui ont pu séduire l'Occidental en manque d'exotisme : le thème familial, le projet ambitieux de fresque s'étendant sur plusieurs générations, les mouvements de caméra tout en lenteur et en longueur taoïstes... Autant de clichés qui en restent là, à une surface séduisante certes mais dont le charme s'évapore après la première heure, où l'on finit par capter que rien ne sera vraiment approfondi. Par manque d'idées, manque de talent, manque de temps ?

Aucun des arcs narratifs n'est vraiment rendu intéressant, chacun des membres de la fratrie ayant ses propres soucis, ses propres raisons de ne penser qu'à leur gueule, de tracer sa propre route, sans qu'aucun ne parvienne à captiver l'intérêt. Grosse lacune au niveau de l'écriture des personnages, ce qui est problématique quand c'est littéralement les seuls points focaux du film, hormis quelques grigris de la caméra qui ne leurrent personne sur la vacuité de ce qui est mis en scène. Enfin, peut-être pas personne puisque la France du cinéma a adoré paraît-il...

Le seul moment qui m'a accroché se trouve à la toute fin du film, quand il est annoncé qu'il s'agit là de la première partie seulement. J'en ai sursauté d'effroi.

Soul
7.4

Soul (2020)

1 h 40 min. Sortie : 25 décembre 2020. Animation, Aventure, Comédie

Long-métrage d'animation de Pete Docter et Kemp Powers

Gramscillance a mis 8/10.

Annotation :

26/12 // "Pour savoir écrire, il faut avoir lu, et pour savoir lire, il faut savoir vivre." Debord. Et Pixar, indistinctement. Extension du domaine de la lutte.

Splendeur.

Stories We Tell
7

Stories We Tell (2013)

1 h 48 min. Sortie : 27 mars 2013 (France). Comédie dramatique

Documentaire de Sarah Polley

Gramscillance a mis 6/10.

Annotation :

11/12 // Assez gros décalage entre le souvenir et la réalité, l'ironie étant que ça se marie plutôt bien avec le motif majeur du film, à savoir la reconstruction de notre mémoire et le(s) récit(s) que l'on s'en fait de nos vies.

Je pense être tombé tellement amoureux du sujet du film que j'ai complètement extrapolé ce qu'en faisait réellement Polley, qui se cantonne au traitement de son histoire en ne s'aventurant que très timidement, en fin de course, en nota bene, à ce qui se joue dans cette histoire intime de plus universelle, sa sève philosophique et théorique, son versant proustien quoi.

Elle mène bien sa barque, plus avec habileté qu'avec inspiration, efficacité très américaine du storytelling et de la maîtrise du tempo dramaturgique. Donc assez plaisant à suivre, mais pas vraiment de surprises parce qu'aucun espace n'est aménagé pour qu'elles surviennent. C'est joueur mais discipliné, rigueur technicienne, sans vraiment de romantisme. On se laisse pas porter, on agit avec maîtrise et contrôle.

Jolie idée malgré tout de rejouer les souvenirs en super 8, comme pour souligner que tout ça n'est que chimère et tragédie, que les fantômes ne ressuscitent jamais mais qu'entretenir le souvenir reste une belle consolation.

Strasbourg 1518
5.9

Strasbourg 1518 (2020)

10 min. Sortie : 20 juillet 2020 (Royaume-Uni). Expérimental, Musique

Court-métrage de Jonathan Glazer

Gramscillance a mis 8/10.

Annotation :

09/12 // Meilleur film sur le confinement (en même temps, y en a-t-il vraiment eu d'autre pour l'instant?). Des corps enfermés dans une routine névrotique, restless à en mourir d'épuisement, incapables de se reconnecter avec son esprit, bloqués dans leur folie créatrice. Incroyable film d'aliénation du confiné.

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