Cinéaste : Sidney Lumet - Injustes justices

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Revu le 22/10/20

Un chef d’œuvre. Une tension incroyable, une mise en scène brillante (encore une fois chez Lumet) et une fin qui est peut-être une de mes fins préférées de l'histoire du cinéma. Le film pose de nombreuses questions sur le fonctionnement de l'armée et la place des individualités dans celle-ci, notre rapport aux machines bien évidemment (si l'intrigue du film tourne autour d'un bug informatique, les personnages ne se parlent que par téléphone ou avec d'autres machines également). L'absurdité de la guerre y est évidemment soulignée, la seconde moitié du film n'étant qu'une grande collaboration absurde entre russes et américains. Comme le dit Jean-Baptiste Thoret : avec Lumet, on ressort toujours avec un tas de questions ou de pensées, ses films ne sont ni noirs ni blanc mais gris. Et c'est vraiment la grande force de Lumet : il met beaucoup de nuances, il sait très bien qu'il n'y a ni bon ni mauvais mais des justices justes pour certains et injustes pour d'autres. Et puis Henry Fonda en président américain, ça a de la gueule quand même.

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Revu le 20/10/20

Revu pour la énième fois récemment, et ça marche toujours aussi bien. La mise en scène est discrète, étouffante et magistrale, les personnages sont tous assez typés pour s'y retrouver et tous profondément humains dans leurs réflexions, leurs désirs et préjugés. Un film profond qui pose tellement de questions sur le fonctionnement de la justice, la pression du groupe, la capacité à décider ensemble... La construction du film est à la fois maligne et prévisible, chaotique et hyper ordonnée à la fois. Rythmé à la perfection, ni trop long, ni trop court, pudique et pas moralisateur tout en donnant une profonde leçon de justice, on touche vraiment au film parfait. A chaque fois que je pense à un vieux film toujours aussi facile à regarder aujourd'hui, je pense à celui-là.

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Vu au cinéma le 26/06/23

Deux sentiments différents se mélangent en sortant de cette séance de Daniel au cinéma. Une sensation que des films résolument militants comme celui-ci n'existent malheureusement presque plus aujourd'hui. C'est d'ailleurs à se demander comment un film aussi critique envers les USA et "pro-communiste" a pu se faire financer en pleine période Reagan. L'autre sentiment est celui d'avoir vu un film riche, peut-être trop entre son message politique, sa fiction découpée en deux époques et ses nombreuses ellipses. En effet, je n'ai pu me départir de l'idée pendant tout le film de voir une ébauche de "A bout de course". Alors certes, l'ambition des deux films n'est pas tout à fait la même. "Daniel" met en lumière l'affreuse cabale anti-communiste qui est allé jusqu'à tuer des complets innocents sur des prétextes fallacieux, tandis qu'à bout de souffle privilégie l'histoire familiale à la chronique politique. Mais le jeu d'acteur est plus faible ici (Timothy Hutton n'est malheureusement pas de la même trempe que River Phoenix), le montage moins bien senti, les dialogues très longs et parfois mal écrits, et la structure un peu trop alambiquée même si intéressante. On ne s'attache finalement que peu à cette famille, et en particulier aux personnages de Daniel et Susan, un peu faiblards pour créer une réelle empathie. Certaines scènes sont tout de même assez virtuoses, notamment les deux exécutions sur la chaise électrique en plan fixe, clairement terrorisantes. Le film est mémorable pour son ambition politique, mais clairement pas pour ses qualités cinématographiques. Un moyen Lumet !