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17 livres

créée il y a plus de 3 ans · modifiée il y a presque 3 ans
De la démocratie en Amérique, tome 2
8.3

De la démocratie en Amérique, tome 2 (1840)

Sortie : 1840 (France). Essai, Histoire, Culture & société

livre de Alexis de Tocqueville

Polobreitner l'a mis en envie.

Annotation :

« Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde : je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme… Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres : ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l’espèce humaine. Quant au demeurant de ses concitoyens, il est à coté d’eux, mais il ne les voit pas ; il les touche et ne les sent point ; il n’existe qu’en lui-même et pour lui seul, et, s’il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu’il n’a plus de patrie. Au-dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer dans l’enfance. Il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur ; mais il veut en être l’unique agent et le seul arbitre. Il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages ; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ? C’est ainsi que tous les jours il rend moins utile et plus rare l’emploi du libre-arbitre ; qu’il renferme l’action de la volonté dans un plus petit espace, et dérobe peu à peu chaque citoyen jusqu’à l’image de lui-même. L’égalité a préparé les hommes à toutes ces choses : elle les a disposés à les souffrir et souvent même à les regarder comme un bienfait. Après avoir pris ainsi tour à tour dans ses puissantes mains chaque individu, et l’avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur la société tout entière. Il en couvre la surface d’un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasser la foule. Il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige ; il force rarement d’agir, mais il s’oppose sans cesse à ce qu’on agisse ; il ne détruit point, il empêche de naître. Il ne tyrannise point, il gêne,

Contes et récits fantastiques
7.6

Contes et récits fantastiques (1850)

Sortie : 1850 (France). Recueil de contes

livre de Théophile Gautier

Polobreitner a mis 9/10.

Annotation :

"N’avez-vous pas vous-même été envahi par un sentiment de mélancolie inexprimable dans une galerie d’anciens maîtres, en songeant aux beautés disparues représentées par leurs tableaux ? Ne voudrait-on pas donner la vie à toutes ces figures pâles et silencieuses qui semblent rêver tristement sur l’outremer verdi ou le noir charbonné qui leur sert de fond ? Ces yeux, dont l’étincelle scintille plus vivement sous le voile de la vétusté, ont été copiés sur ceux d’une jeune princesse ou d’une belle courtisane dont il ne reste plus rien, pas même un seul grain de cendre ; ces bouches, entr’ouvertes par des sourires peints, rappellent de véritables sourires à jamais envolés. Quel dommage, en effet, que les femmes de Raphaël, de Corrége et de Titien ne soient que des ombres impalpables ! et pourquoi leurs modèle n’ont-ils pas reçu comme leurs peintures le privilège de l’immortalité ? – Le sérail du plus voluptueux sultan serait peu de chose à côté de celui que l’on pourrait composer avec les odalisques de la peinture, et il est vraiment dommage que tant de beauté soit perdue."

"Ah ! Tiburce, Tiburce, qui voulez enfermer dans vos bras un idéal réel, et baiser votre chimère à la bouche, prenez garde, les chimères, malgré leur gorge ronde, leurs ailes de cygne et leur sourire scintillant, ont les dents aiguës et les griffes tranchantes. Les méchantes pomperont le pur sang de votre coeur et vous laisseront plus sec et plus creux qu’une éponge ; n’ayez pas de ces ambitions effrénées, ne cherchez pas à faire descendre les marbres de leur piédestaux, et n’adressez pas des supplications à des toiles muettes : tous vos peintres et vos poètes étaient malades du même mal que vous ; ils ont voulu faire une création à part dans la création de Dieu. — Avec le marbre, avec la couleur, avec le rythme, ils ont traduit et fixé leur rêve de beauté : leurs ouvrages ne sont pas les portraits des maîtresses qu’ils avaient, mais de celles qu’ils auraient voulu avoir, et c’est en vain que vous chercheriez leurs modèles sur la terre. Allez acheter un autre bouquet pour Gretchen qui est une belle et douce fille ; laissez là les morts et les fantômes, et tâchez de vivre avec les gens de ce monde."

Night Ocean et autres nouvelles
7.4

Night Ocean et autres nouvelles (1986)

Sortie : octobre 1986. Recueil de nouvelles

livre de H. P. Lovecraft

Polobreitner a mis 6/10.

Annotation :

"L'océan est vaste et solitaire, et, de même que toutes choses en proviennent, elles y retourneront. Dans les lointaines profondeurs du temps, plus personne ne régnera sur la Terre, et il n'y aura plus aucun mouvement, sauf dans les eaux éternelles. Elles viendront battre les rivages sombres de leur écume assourdissante, bien qu'en ce monde mourant plus personne ne puisse voir la froide lumière d'un soleil affaibli jouer sur les marées tourbillonnantes et le sable grossier. Il ne subsistera, à la limite des profondeurs, qu'une écume stagnante, où se rassembleront les coquilles et les os des êtres disparus qui vivaient au fond des eaux. Des objets silencieux et mous, privés d'une vie paresseuse, seront ballottés le long des rivages vides. Puis tout sera noir, car pour finir même la lune sur les vagues lointaines disparaîtra. Il ne restera rien en dessus comme au dessous des eaux sombres. Et, jusqu'à la fin des temps, au delà de la mort de tous les êtres, la mer continuera de battre à travers la sinistre nuit."

Tactique du diable
8.4

Tactique du diable (1942)

Lettres d'un vétéran de la tentation à un novice

The Screwtape Letters

Sortie : 1943 (France). Roman

livre de C. S. Lewis

Polobreitner a mis 8/10.

Annotation :

« Seuls les érudits lisent les vieux livres, mais nous avons fait le nécessaire pour que, de tous les hommes, ceux-là risquent le moins d'acquérir de la sagesse en les lisant. Nous sommes arrivés à ce résultat en leur inculquant la méthode historique. En deux mots, cela veut dire que lorsque l'un de ces savants se trouve devant un texte quelconque d'un auteur ancien, il cherche à savoir tout sauf si ce qu'il dit est vrai. Il se demande qui a pu influencer l'auteur, dans quelle mesure ce texte s'accorde avec ce qu'il a écrit dans ses autres ouvrages, quelle partie du développement de la pensée de l'auteur - et de la pensée humaine en général - il illustre, quel effet il a eu sur des auteurs plus récents, à quel point il a été mal compris (surtout par ses propres confrères), quelle était l'orientation générale de la critique pendant les dix dernières années et quel est "l'état actuel de la question". La pensée que l'auteur ancien aurait quelque chose à lui apprendre ou que ses écrits pourraient éventuellement modifier sa façon de penser et d'agir - l'érudit la qualifierait de puérile et de simpliste. Comme nous ne pouvons pas séduire tout le temps la race humaine tout entière, il est très important de couper ainsi les ponts d'une génération à l'autre. Car là où la culture a établi des liens entre les hommes de différents siècles, il y a un danger que les erreurs caractéristiques d'une époque soient corrigées par les vérités caractéristiques de l'autre. Mais grâce à notre Père et à la méthode historique, les grands savants se nourrissent aussi peu du passé que le plus ignorant des mécaniciens qui considère que "l'histoire, c'est de la blague". »

Itinéraire de l'égarement
7.3

Itinéraire de l'égarement

Du rôle de la science dans l'absurdité contemporaine

Sortie : 13 septembre 2003 (France). Essai

livre de Olivier Rey

Polobreitner a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

« "L’époque de la psychologie" n’aurait été, chez les hommes, que transitoire. Pour autant qu’on puisse en croire Homère, les hommes de la Grèce archaïque n’avaient pas à proprement parler de "psychologie", ils agissaient en tant qu’hôtes temporaires d’idées et de passions envoyées par les Dieux. Au moins était-ce le cas dans les occasions décisives. […] Cette façon d’éprouver les comportements humains, devenue si étrangère aux consciences modernes, il se pourrait que ces mêmes consciences la retrouvent sous l’influence des progrès scientifiques, et plus particulièrement de la neurobiologie. Le monde problématique inauguré par les philosophes grecs, dans leur affranchissement du mythe, serait refermé par la science. On reviendrait au monde pré-historique – mais purgé de son mystère. […] Au lieu d’être visités par Zeus ou Athéna, nous serions la proie des hormones et des neurotransmetteurs, au lieu de faire des sacrifices aux dieux nous avalerions des comprimés. Certains vont jusqu’à prétendre que la conscience, au moins sous la forme que nous lui connaissons, est un phénomène récent, presque historique, dont l’existence pourrait s’avérer provisoire. Réduite par la science, la conscience subjective n’aurait caractérisé qu’une ère transitoire d’individuation culminante. Non en vertu d’un retour en arrière mais par l’avènement d’un monde où cette conscience subjective se serait dissoute et dans lequel on ne rencontrerait plus que des phénomènes anonymes, réglés par des propositions universellement et éternellement valables. […]
L’esprit a fait son temps. Il est mis au rancart. C’en est terminé de lui et d’autres balivernes qui ont si longtemps désolé l’humanité, enfin l’homme se trouve entièrement résorbé dans l’agitation particulaire universelle. »

Le Moine
7.7

Le Moine (1796)

The Monk

Sortie : 1797 (France). Roman, Fantastique

livre de Matthew Gregory Lewis

Polobreitner a mis 9/10.

Annotation :

"Écoutez-moi ! poursuivit-elle, homme au cœur dur ! écoutez-moi, orgueilleux, impitoyable, cruel ! vous auriez pu me sauver, vous auriez pu me rendre au bonheur et à la vertu, mais vous ne l’avez pas voulu ; vous êtes le destructeur de mon âme, vous êtes mon assassin, et sur vous tombe la malédiction de ma mort et de celle de mon enfant à naître ! Fier de votre vertu encore inébranlée, vous avez dédaigné les prières du repentir ; mais Dieu sera miséricordieux, si vous ne l’êtes pas. Et où est le mérite de votre vertu si vantée ? Quelles tentations avez-vous vaincues ? Lâche ! vous avez fui la séduction, vous ne l’avez pas combattue. Mais le jour de l’épreuve arrivera : oh ! alors, quand vous céderez à la violence des passions, quand vous sentirez que l’homme est faible, et sujet à errer ; lorsque, en frissonnant, vous jetterez l’œil en arrière sur vos crimes, et que vous solliciterez, avec effroi, la miséricorde de Dieu ! Oh ! dans ce moment terrible, pensez à moi !"

Frankenstein ou le Prométhée moderne
7.6

Frankenstein ou le Prométhée moderne (1818)

Frankenstein; or, The Modern Prometheus

Sortie : 1821 (France). Roman, Science-fiction, Fantasy

livre de Mary Shelley

Polobreitner a mis 8/10.

Annotation :

« Je ne demande pas de compassion pour ma misère. Jamais personne ne m'accordera sa sympathie. Quand je l'ai recherchée pour la première fois, je tenais à partager avec autrui l'amour de la vertu ainsi que les sentiments de bonheur et d'affection qui habitaient mon être. Maintenant que cette vertu n'est plus qu'une ombre, que le bonheur et l'affection ont fait place à un désespoir amer et détestable, que me reste-t-il pour susciter la sympathie ? Je me contenterai de souffrir dans la solitude aussi longtemps que se prolongera mon calvaire ; je sais qu'à ma mort l'horreur et l'opprobre entacheront ma mémoire. Autrefois, mon imagination caressait des rêves de vertu, de gloire et de joie. Autrefois, j'espérais follement rencontrer des êtres qui, oubliant ma laideur, m'aimeraient pour les qualités dont je savais faire montre. Je me nourrissais de pensées élevées d'honneur et de dévouement. Hélas, le crime m'a désormais rabaissé à un rang inférieur à celui de l'animal le plus vil. Il n'existe pas de crime, pas de haine, pas de cruauté, pas de misère qui se puisse comparer à la mienne. Quand je songe à la liste effrayante de mes péchés, je ne puis croire que je fus bien cette créature dont l'esprit était rempli de visions sublimes et transcendantes de la beauté et de la majesté de la bonté. Mais ainsi va la vie, l'ange déchu devient un démon malfaisant. Pourtant, cet ennemi de Dieu et des hommes, lui-même, avait des amis et des compagnons dans sa désolation ; hélas, je suis seul. »

Retour au meilleur des mondes
7.4

Retour au meilleur des mondes

Brave New World Revisited

Sortie : 1958 (France). Essai, Culture & société

livre de Aldous Huxley

Polobreitner a mis 7/10.

Annotation :

« Que tant de jeunes spectateurs bien nourris de la télévision, dans la plus puissante démocratie du monde, soient si totalement indifférents à l'idée de se gouverner eux-mêmes, s'intéressent si peu à la liberté d'esprit et au droit d'opposition est navrant, mais assez peu surprenant. "Libre comme un oiseau", disons-nous, et nous envions les créatures ailées qui peuvent se mouvoir sans entrave dans les trois dimensions de l'espace, mais hélas, nous oublions le dodo. Tout oiseau qui a appris à gratter une bonne pitance d'insectes et de vers sans être obligé de se servir de ses ailes renonce bien vite au privilège du vol et reste définitivement à terre. Il se passe quelque chose d'analogue pour les humains. Si le pain leur est fourni régulièrement et en abondance trois fois par jour, beaucoup d'entre eux se contenteront fort bien de vivre de pain seulement - ou de pain et de cirque. "En fin de compte", dit le Grand Inquisiteur dans la parabole de Dostoïevski, "ils déposeront leur liberté à nos pieds et nous diront : faites de nous vos esclaves, mais nourrissez-nous" »

Les Elixirs du diable
7.7

Les Elixirs du diable (1815)

Die Elixiere des Teufels

Sortie : 1815. Roman

livre de E. T. A. Hoffmann

Polobreitner a mis 8/10.

Annotation :

« Y a-t-il une existence où l’étrange mystère de l’amour caché au plus profond du cœur ne se soit pas révélé au moins une fois ? Qui que tu sois, toi qui plus tard liras ces feuillets, rappelle tes souvenirs de ce temps le plus lumineux de la vie ! Contemple à nouveau la gracieuse image féminine qui t’est autrefois apparue comme l’essence même de l’amour ! Alors tu ne voyais, certes, en elle, que ton reflet, le reflet de ton moi divin. Te souviens-tu encore avec quelle clarté les sources murmurantes, les buissons chuchotant, le vent caressant du soir te parlaient de ton amour ? Vois-tu encore comment les fleurs te regardaient de leurs yeux clairs et doux, t’apportant saluts et baisers de ta bien-aimée ? Et elle vint, elle voulut être toute à toi. Tu la pris dans tes bras, plein d’un brulant désir, et tu voulus détacher de la terre ton être plongé dans les flammes d’une ardente passion. Mais le mystère resta inaccompli, un sombre pouvoir te fit retomber lourdement et violemment, lorsque tu t’apprêtais à prendre ton essor avec elle vers les lointains au-delà des paradis promis. Avant même d’avoir osé l’espérer, tu avais perdu déjà ta bien-aimée. Toute voix, tout son s’étaient évanouis et l’on entendait plus que la plainte désespérée de l’homme seul qui gémissait horriblement à travers la sombre solitude.
Toi, étranger inconnu, si jamais douleur pareillement indicible t’a broyé l’âme, joins tes plaintes au désespoir inconsolable du moine aux cheveux blancs qui, se souvenant, dans sa cellule obscure, des jours ensoleillés de son amour, baigne de larmes sanglantes sa dure couche, et dont les sanglots mortels retentissent dans le calme de la nuit à travers les sombres couloirs du cloître.
Mais toi, toi qui te rapproches alors intérieurement de moi, tu crois aussi comme moi, n’est-ce pas, que la félicité suprême de l’amour, que l’accomplissement du mystère se réalisent dans la mort. C’est ce que nous annoncent les voix prophétiques qui nous parviennent confusément de ces temps primitifs dont aucune mesure humaine ne peut calculer la distance ; et, de même que dans les mystères célébrés par les premiers enfants de la nature, la mort est aussi pour nous la consécration de l’amour. »

Mea Culpa
7.9

Mea Culpa (1936)

Sortie : 28 décembre 1936. Essai

livre de Louis-Ferdinand Céline

Polobreitner l'a mis en envie.

Annotation :

« La supériorité pratique des grandes religions chrétiennes, c’est qu’elles doraient pas la pilule. Elles essayaient pas d’étourdir, elles cherchaient pas l’électeur, elles sentaient pas le besoin de plaire, elles tortillaient pas du panier. Elles saisissaient l’Homme au berceau et lui cassaient le morceau d’autor. Elles le rencardaient sans ambages : “Toi petit putricule informe, tu seras jamais qu’une ordure… De naissance tu n’es que merde… Est-ce que tu m’entends ?… C’est l’évidence même, c’est le principe de tout ! Cependant, peut-être… peut-être… en y regardant de tout près… que t’as encore une petite chance de te faire un peu pardonner d’être comme ça tellement immonde, excrémentiel, incroyable… C’est de faire bonne mine à toutes les peines, épreuves, misères et tortures de ta brève ou longue existence. Dans la parfaite humilité… La vie, vache, n’est qu’une âpre épreuve ! T’essouffle pas ! Cherche pas midi à quatorze heures ! Sauve ton âme, c’est déjà joli ! Peut-être qu’à la fin du calvaire, si t’es extrêmement régulier, un héros, ‘de fermer ta gueule’, tu claboteras dans les principes… Mais c’est pas certain… un petit poil moins putride à la crevaison qu’en naissant… et quand tu verseras dans la nuit plus respirable qu’à l’aurore… Mais te monte pas la bourriche ! C’est bien tout !… Fais gaffe ! Spécule pas sur des grandes choses ! Pour un étron c’est le maximum !…” Ça ! c’était sérieusement causé ! Par des vrais pères de l’Église ! Qui connaissaient leur ustensile ! qui se miroitaient pas d’illusions ! »

Énergie et équité
8.2

Énergie et équité

Sortie : 1 janvier 1973 (France). Essai

livre de Ivan Illich

Polobreitner a mis 7/10.

Annotation :

« Devenu un objet qu’on achemine, l’homme parle un nouveau langage. Il va en voiture "retrouver" quelqu’un, il téléphone pour "entrer en contact". Pour lui, la liberté de mouvement n’est que la liberté d’être transporté. Il a perdu confiance dans le pouvoir politique qui lui vient de la capacité de pouvoir marcher et parler. Il croit que l’activité politique consiste à réclamer une plus large consommation de ces services qui l’assimilent à une simple marchandise. Il ne demande pas plus de liberté pour des citoyens autonomes, mais de meilleurs services pour des clients soumis. Il ne se bat pas pour garantir sa liberté de se déplacer à son gré et de parler aux autres à sa manière, mais pour asseoir son droit d’être véhiculé et informé. Il désire de meilleurs produits et ne veut pas rompre l’enchaînement à ces produits. Il est urgent qu’il comprenne que l’accélération appelée de ses vœux augmentera son emprisonnement et qu’une fois réalisées ses revendications marqueront le terme de sa liberté, de ses loisirs et de son indépendance. »

La Chose
8.9

La Chose (1929)

Pourquoi je suis catholique

The Thing: Why I Am a Catholic

Sortie : 8 avril 2015 (France). Essai

livre de G. K. Chesterton

Polobreitner a mis 7/10.

Annotation :

« Lorsqu’un journaliste répète pour la millième fois : « La religion vivante ne se trouve pas dans les dogmes ennuyeux et poussiéreux », nous devons l’interrompre en poussant une sorte de cri, avant de dire : « Vous êtes dans l’erreur dès la première ligne. » S’il condescendait à s’interroger sur ce que sont les dogmes, il découvrirait que ce sont précisément les dogmes qui sont vivants, qui inspirent et sont intellectuellement passionnants. Le zèle, la charité et l’onction sont des fleurs et des fruits admirables, mais si vous vous intéressez vraiment au principe vivant, vous devez vous concentrer sur la racine ou la semence. En d’autres termes, vous devez vous intéresser de façon intelligente à la formulation grâce à laquelle tout a commencé – même si c’est pour la nier. À supposer que le critique ne puisse s’entendre avec le catholique, il en vient tout de même à voir que ce sont certaines idées sur le cosmos qui l’ont fait catholique. Il peut constater que cette façon d’être cosmique et cette façon d’être catholique sont bien ce qui le rend différent des autres, ce qui fait de lui, pour le moins, une figure qui n’est pas inintéressante dans l’histoire humaine. Il ne s’en approchera jamais en multipliant les attaques sentimentales contre le sentiment catholique ou en pontifiant contre les pontifes. Il lui faut saisir l’idée en tant que telle et découvrir que les idées les plus intéressantes de toutes sont celles que les journaux rejettent en les disqualifiant sous l’étiquette de « dogmes ».

Saint Thomas du Créateur
8.2

Saint Thomas du Créateur

Sortie : 11 novembre 2011 (France). Essai, Biographie

livre de G. K. Chesterton

Polobreitner l'a mis en envie.

Annotation :

« L’Incarnation apporte une nouvelle raison de considérer les sens et les sensations du corps humain avec une révérence qui eût étonné Aristote, et qu’aucun Ancien n’aurait commencé d’admettre. C’est que le corps n’est plus cette chose morte que nous ont abandonné Platon, Porphyre et les mystiques d’autrefois. L’âme depuis a perdu le droit de mépriser les sens qui ont été les instruments du surnaturel. Platon peut mépriser le corps; mais Dieu ne l’a pas méprisé. Les sens ont été réellement sanctifiés, bénis comme lors d’un baptême catholique. Du moment où l’Incarnation était devenue le point central de notre civilisation, un retour au matérialisme s’imposait; c’est-à-dire une sérieuse réévaluation de la dignité de la matière et du corps. Dès lors que le Christ s’était levé, il était inévitable qu’Aristote se levât à son tour. »

L'âme de la nature

L'âme de la nature

Sortie : 3 mai 2001 (France). Essai

livre de Rupert Sheldrake

Polobreitner a mis 7/10.

Annotation :

« Si la notion d’une mémoire inhérente à la nature est mystérieuse, il faut bien admettre que celle de lois mathématiques transcendant la nature l’est plus encore ; en effet, ces lois sont plus métaphysiques que physiques. La manière dont des lois mathématiques existeraient indépendamment de l’univers en évolution, tout en agissant sur celui-ci, constitue une énigme profonde. Pour ceux qui acceptent l’idée d’une divinité, ce mystère est un aspect de la relation entre Dieu et le domaine naturel ; pour ceux qui la rejettent, le mystère est encore plus obscur. Un domaine quasi mental de lois mathématiques aurait une existence indépendante de la nature – et de Dieu – et régirait le monde physique en évolution sans être lui-même physique.
De nombreux scientifiques évitent d’envisager ce problème et, s’ils y sont poussés, reconnaissent que les modèles mathématiques de la physique n’existent que dans nos esprits […] Mais si ces modèles n’existent que dans nos esprits, comment justifier les régularités de la nature, les phénomènes répétables que les scientifiques étudient et dont ils tirent leurs modèles ? Face à ce problème, la plupart des scientifiques se retranchent derrière l’idée que les lois mathématiques de la nature existent indépendamment des esprits humains ; que ce sont des réalités objectives et ce, que nous puissions les décrire ou non. Ils évitent alors la question de savoir ce que sont réellement ces lois immatérielles et comment elles fonctionnent, en déclarant que ce ne sont que des modèles dans nos esprits. »

Essai sur le catholicisme, le libéralisme et le socialisme
8.9

Essai sur le catholicisme, le libéralisme et le socialisme

Essai sur le catholicisme, le libéralisme et le socialisme considérés dans leurs principes fondamentaux

Sortie : 1851 (France). Essai

livre de Juan Donoso Cortés

Annotation :

« Croire à l’égalité de tous les hommes, lorsque je les vois tous inégaux ; croire à la liberté, lorsque je trouve la servitude établie partout ; croire que tous les hommes sont frères, lorsque l’histoire me les montre toujours divisés, toujours ennemis ; croire qu’il y a une masse commune de gloires et d’infortunes pour tous les mortels, lorsque je ne puis découvrir que des infortunes et des gloires individuelles ; croire que j’existe pour l’humanité, lorsque j’ai la conscience que je rapporte l’humanité à moi-même ; croire que cette même humanité est mon centre, quand je me fais le centre de tout ; enfin croire que je dois croire toutes ces choses, lorsque ceux qui me les proposent comme objet de ma foi affirment que je ne dois croire qu’à ma raison qui les rejette toutes, quelle inconcevable aberration ! quelle étrange folie !

Ma stupéfaction augmente encore quand j’entends ces mêmes hommes qui affirment la solidarité humaine, nier celle de la famille : n’est-ce pas affirmer que les ennemis sont frères et que les frères ne doivent pas l’être ? quand ces mêmes hommes qui affirment la solidarité humaine nient la solidarité politique : n’est-ce pas affirmer que je n’ai rien de commun avec mes concitoyens et que tout m’est commun avec les étrangers ? quand ces mêmes hommes, qui affirment la solidarité humaine, nient la solidarité religieuse : n’est-ce pas affirmer l’effet et nier la cause ? sans la solidarité religieuse, la solidarité humaine est-elle explicable ? Je vois donc clairement que les écoles socialistes sont à la fois illogiques et absurdes [...]. »

Aphorismes et insultes
5.8

Aphorismes et insultes

Sortie : 19 avril 2012 (France). Essai

livre de Arthur Schopenhauer

Polobreitner a mis 6/10.

Annotation :

« La philosophie de Hegel convient tout à fait à une sagesse universitaire en bonne et due forme ; car elle contient, au lieu d'idées, simplement des mots, et il faut des mots aux jeunes gens pour qu'ils répètent leur prière, prennent des notes et rentrent chez eux ; quant aux idées ils n'en ont que faire. Elle accomplit donc complètement la tâche que son auteur lui assignait. Ajoutez à cela que ses résultats sont tout bonnement les grands principes de la religion du pays, que chacun a sucés avec le lait maternel et a, par la suite, établis à son tour irrévocablement. Or avoir la chance de les retrouver dans un galimatias entortillé, ambitieux, ayant grand air, pompeux au suprême degré, cela doit faire beaucoup de plaisir.
Voyons-en un exemple emprunté à l'Encyclopédie de Hegel, deuxième édition, p. 120. On y lit sous cette rubrique : "Seconde partie de la logique, la doctrine de l'existence" : "L'existence, comme l'être s'entremettant avec lui-même par la négativité de lui-même, est le rapport à soi-même, seulement en ce qu'elle est un rapport à une autre chose, qui n'est directement que posée et entremise."
L'impudente scélératesse de ce charlatan, l'improbité réelle de sa manière consistent à assembler des mots qui désignent des opérations impossibles de l'intellect, notamment des contradictions et des non-sens de toute espèce. »

La Nuit de Gethsémani
8

La Nuit de Gethsémani (1923)

Essai sur la philosophie de Pascal

Sortie : 1923 (France). Essai, Philosophie

livre de Léon Chestov

Polobreitner a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

« Notre raison, par ses vérités propres, fait de notre monde le royaume enchanté du mensonge. Nous vivons tous comme des ensorcelés, et nous le sentons. Mais ce que nous craignons surtout, c’est le réveil, et les efforts que nous faisons pour rester dans notre engourdissement, aveuglés par Dieu ou, pour mieux dire, par les « vérités » que cueillit notre aïeul sur l’arbre défendu, nous les considérons comme l’activité naturelle de notre âme.

Nous considérons comme nos amis et bienfaiteurs ceux qui nous aident à dormir, qui nous bercent, qui glorifient notre sommeil, tandis que dans ceux qui essaient de nous réveiller nous voyons nos pires ennemis et une sorte de malfaiteurs. Nous ne voulons pas penser, nous ne voulons pas étudier nous-mêmes, pour ne pas voir la vraie réalité. C’est pourquoi l’homme préfère tout à la solitude. Il recherche ses pareils, les hommes qui rêvent, dans l’espoir que les « rêves en commun » (Pascal n’a pas craint de parler de « rêves en commun ») l’affermiront encore en ses illusions. Par conséquent, l’homme hait surtout la Révélation, car la Révélation c’est le « réveil », la libération des chaînes imposées par les vérités « immatérielles », auxquelles les descendants d’Adam déchu se sont tellement habitués qu’en dehors d’elles, la vie même leur paraît inconcevable. La philosophie voit le bien suprême dans un repos que rien ne trouble, c’est-à-dire dans un sommeil profond sans visions inquiétantes.

C’est pourquoi elle écarte d’elle avec tant de soin l’incompréhensible, l’énigmatique et le mystérieux, et évite tellement les questions pour lesquelles elle n’a pas de réponses toutes prêtes. »

Polobreitner

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