Cover Citations

Citations

Comme d'autres ici, je suis obligé de créer une liste pour faire tenir tous les extraits que je veux garder pour moi — d'autant plus avec la dernière mise à jour qui ne prévient même plus quand on dépasse le nombre de caractères autorisé. Ce site est en ruines depuis longtemps maintenant, et je ne ...

Afficher plus
Liste de

14 livres

créée il y a 8 mois · modifiée il y a 2 mois
La Tentation de saint Antoine
7.4

La Tentation de saint Antoine (1874)

Sortie : 1874 (France). Roman

livre de Gustave Flaubert

Paul_ a mis 7/10.

Annotation :

« C'est que je connais tous les dieux, tous les rites, toutes les prières, tous les oracles ! J'ai pénétré dans l'antre de Trophonius, fils d'Apollon ! J'ai pétri pour les Syracusaines les gâteaux qu'elles portent sur les montagnes ! j'ai subi les quatre-vingts épreuves de Mithra ! j'ai serré contre mon cœur le serpent de Sabasius ! j'ai reçu l'écharpe des Cabires ! j'ai lavé Cybèle aux flots des golfes campaniens, et j'ai passé trois lunes dans les cavernes de Samothrace ! »

Syllogismes de l'amertume
7.7

Syllogismes de l'amertume (1952)

Sortie : 1952 (France).

livre de Emil-Michel Cioran

Paul_ a mis 8/10.

Annotation :

« Si de la tristesse j'ai à peine tiré quelques idées, c'est que je l'ai trop aimée pour permettre à l'esprit de l'appauvrir en s'y exerçant. »

« Nous sommes tous des farceurs : nous survivons à nos problèmes. »

« Objection contre la science : ce monde ne mérite pas d'être connu. »

« C'est porter atteinte à une idée que de l'approfondir. »

« Ce besoin de remords qui précède le Mal, que dis-je ! qui le crée... »

« La pâleur nous montre jusqu'où le corps peut comprendre l'âme. »

« J'ai journellement des apartés avec mon squelette, et cela, jamais ma chair ne me le pardonnera. »

« Toutes les eaux sont couleur de noyade. »

« Voulez-vous multiplier les déséquilibrés, aggraver les troubles mentaux, construire des maisons d'aliénés dans tous les coins de la ville ? Interdisez le juron. »

« Peut-on parler honnêtement d'autre chose que de Dieu ou de soi ? »

« Espérer, c'est démentir l'avenir. »

« Réfutation du suicide : n'est-il pas inélégant d'abandonner un monde qui s'est mis si volontiers au service de notre tristesse ? »

« Sentir son cerveau : phénomène pareillement néfaste à la pensée et à la virilité. »

« Un moine et un boucher se bagarrent à l'intérieur de chaque désir. »

« Le dernier recours de ceux que le sort a frappés est l'idée du sort. »

« Paris, point le plus éloigné du Paradis, n'en demeure pas moins le seul endroit où il fasse bon désespérer. »

Mémoires d'Hadrien
8

Mémoires d'Hadrien (1951)

Sortie : 1951 (France). Roman

livre de Marguerite Yourcenar

Paul_ a mis 9/10.

Annotation :

« Cloué au corps aimé comme un crucifié à sa croix, j'ai appris sur la vie quelques secrets qui déjà s'émoussent dans mon souvenir, par l'effet de la même loi qui veut que le convalescent, guéri, cesse de se retrouver dans les vérités mystérieuses de son mal, que le prisonnier relâché oublie la torture, ou le triomphateur dégrisé la gloire. »

« J'ai ma chronologie bien à moi, impossible à accorder avec celle qui se base sur la fondation de Rome, ou avec l'ère des Olympiades. Quinze ans aux Armées ont duré moins qu'un matin d'Athènes ; il y a des gens que j'ai fréquentés toute ma vie et que je ne reconnaîtrai pas aux Enfers. »

« J'hébergeai ainsi l'officier méticuleux, fanatique de discipline, mais partageant gaiement avec ses hommes les privations de la guerre ; le mélancolique rêveur des dieux ; l'amant prêt à tout pour un moment de vertige ; le jeune lieutenant hautain qui se retire sous sa tente, étudie ses cartes à la lueur d'une lampe, et ne cache pas à ses amis son mépris pour la manière dont va le monde ; l'homme d'État futur. Mais n'oublions pas non plus l'ignoble complaisant, qui, pour ne pas déplaire, acceptait de s'enivrer à la table impériale ; le petit jeune homme tranchant de haut toutes les questions avec une assurance ridicule ; le beau parleur frivole, capable pour un bon mot de perdre un bon ami ; le soldat accomplissant avec une précision machinale ses basses besognes de gladiateur. »

Madame Bovary
7.1

Madame Bovary (1857)

Sortie : 1857 (France). Roman

livre de Gustave Flaubert

Paul_ a mis 9/10.

Annotation :

« Et il ouvrait les narines pour aspirer les bonnes odeurs de la campagne, qui ne venaient pas jusqu'à lui. »

« On s'était dit adieu, on ne parlait plus ; le grand air l'entourait, levant pêle-mêle les petits cheveux follets de sa nuque, ou secouant sur sa hanche les cordons de son tablier, qui se tortillaient comme des banderoles. »

« Entre la fenêtre et le foyer, Emma cousait ; elle n'avait point de fichu, on voyait sur ses épaules nues de petites gouttes de sueur. »

« La conversation de Charles était plate comme un trottoir de rue. »

« Elle avait envie de faire des voyages ou de retourner vivre à son couvent. Elle souhaitait à la fois mourir et habiter Paris. »

« C'était la quatrième fois qu'elle couchait dans un endroit inconnu (...) et chacune s'était trouvée faire dans sa vie comme l'inauguration d'une phase nouvelle. Elle ne croyait pas que les choses pussent se représenter les mêmes à des places différentes, et, puisque la portion vécue avait été mauvaise, sans doute ce qui restait à consommer serait meilleur. »

« Quant à Emma, elle ne s'interrogea point pour savoir si elle l'aimait. L'amour, croyait-elle, devait arriver tout à coup, avec de grands éclats et des fulgurations, — ouragan des cieux qui tombe sur la vie, la bouleverse, arrache les volontés comme des feuilles et emporte à l'abîme le cœur entier. Elle ne savait pas que, sur la terrasse des maisons, la pluie fait des lacs quand les gouttières sont bouchées (...) »

« la parole humaine est comme un chaudron fêlé où nous battons des mélodies à faire danser les ours, quand on voudrait attendrir les étoiles. »

« Jamais madame Bovary ne fut aussi belle qu'à cette époque (...) On eût dit qu'un artiste habile en corruptions avait disposé sur sa nuque la torsade de ses cheveux : ils s'enroulaient en une masse lourde, négligemment, et selon les hasards de l'adultère, qui les dénouait tous les jours. »

« — Ah ! pas encore ! restons ! dit Bovary. Elle a les cheveux dénoués : cela promet d'être tragique. »

Pensées à moi-même
7.9

Pensées à moi-même (180)

(traduction Cyril Morana)

Ta eis heauton

Sortie : 7 septembre 2005 (France). Aphorismes & pensées, Philosophie

livre de Marc-Aurèle

Paul_ a mis 8/10.

Annotation :

« Rien de plus misérable que l'homme (...) qui cherche à deviner ce qui se passe dans les âmes d'autrui. »

« En moins de dix jours tu paraîtras un dieu à ceux qui maintenant te regardent comme un fauve ou un singe, pourvu que tu reviennes aux principes et au culte de la raison. »

« Qui a vu ce qui est dans le présent a tout vu, et tout ce qui a été de toute éternité et tout ce qui sera dans l'infini du temps ; car tout est semblable et de même aspect. »

« Il est parfaitement possible, en effet, d'être un homme divin et de n'être remarqué par personne. »

« Je ne mérite pas de m'affliger moi-même, car je n'ai jamais volontairement affligé autrui. »

« Ce concombre est amer ; jette-le. Il y a des ronces dans le chemin ; évite-les. Cela suffit. N'ajoute pas : "Pourquoi cela existe-t-il dans le monde ?" »

« En te rappelant, en effet, qu'il est impossible qu'il n'existe pas des gens de cette sorte, tu deviendras plus indulgent pour chacun d'eux. »

« Tous ces spectacles étaient les mêmes, mais seulement avec d'autres acteurs. »

« Maintes fois je me suis étonné de ce que chaque homme, tout en s'aimant de préférence à tous, fasse pourtant moins de cas de son opinion sur lui-même que de celle que les autres ont de lui. »

« Pour ce qui provient de la nature, il ne faut pas s'en prendre aux Dieux, car volontairement ou involontairement ils ne se trompent jamais ; ni aux hommes car ils ne faillissent qu'involontairement. Il ne faut donc s'en prendre à personne. »

« Combien est ridicule et étrange l'homme qui s'étonne de quoi que ce soit qui arrive en la vie ! »

« Tous ces spectacles étaient les mêmes, mais seulement avec d'autres acteurs. »

« Songe que tout n'est qu'opinion, et que l'opinion elle-même dépend de toi. Supprime donc ton opinion ; et, comme un vaisseau qui a doublé le cap, tu trouveras mer apaisée, calme complet, golfe sans vagues. »

« Le propre de l'homme est d'aimer même ceux qui l'offensent. Le moyen d'y parvenir est de te représenter qu'ils sont tes parents ; qu'ils pèchent par ignorance et involontairement ; que, sous peu, les uns et les autres vous serez morts ; et, avant tout, qu'on ne t'a causé aucun dommage, car on n'a pas rendu ton principe directeur pire qu'il n'était avant. »

Le Metteur en scène polonais
7.6

Le Metteur en scène polonais (2015)

Sortie : 27 août 2015. Roman

livre de Antoine Mouton

Paul_ a mis 8/10.

Annotation :

« Je ne peux pas, en conséquence, me permettre de mourir. Je fais attention aux camions et aux tuiles, Roland Barthes est mort ici-même renversé par la camionnette du laitier en sortant de chez sa maman, et Cyrano non loin de là, du fait d’une tuile glissant d’un toit, tandis qu’Isadora Duncan est morte plus au sud étranglée par sa propre écharpe, qui s’était prise dans les roues d’une voiture, alors que, plus au nord, Émile Verhaeren a été poussé par la foule sous un train. Je suis extrêmement attentif à tout cela, écharpe, train, foule, voiture, tuiles et laitiers. »

Aucun de nous ne reviendra
8.8

Aucun de nous ne reviendra (1965)

Auschwitz et après, tome 1

Sortie : 1965 (France). Récit

livre de Charlotte Delbo

Paul_ a mis 8/10.

Annotation :

« Ô vous qui savez
saviez-vous que la faim fait briller les yeux que la soif les ternit
Ô vous qui savez
saviez-vous qu'on peut voir sa mère morte et rester sans larmes
Ô vous qui savez
saviez-vous que le matin on veut mourir
que le soir on a peur
(...) »

« Je suis debout au milieu de mes camarades et je pense que si un jour je reviens et si je veux expliquer cet inexplicable, je dirai: "Je me disais : il faut que tu tiennes, il faut que tu tiennes debout pendant tout l’appel. Il faut que tu tiennes aujourd’hui encore. C’est parce que tu auras tenu aujourd’hui encore que tu reviendras si un jour tu reviens." Et ce sera faux. Je ne me disais rien. Je ne pensais rien. La volonté de résister était sans doute un ressort beaucoup plus enfoui et secret qui s’est brisé depuis, je ne saurais jamais. Et si les mortes avaient exigé de celles qui reviendraient qu’elles rendissent des comptes, elles en seraient incapables. Je ne pensais rien. Je ne regardais rien. Je ne ressentais rien. J’étais un squelette de froid avec le froid qui souffle dans tous ces gouffres que font les côtes à un squelette. »

Corps et biens
7.6

Corps et biens (1930)

Sortie : 1930 (France). Poésie

livre de Robert Desnos

Paul_ a mis 7/10.

Annotation :

« Croyez-vous que Rrose Sélavy connaisse ces jeux de fous qui mettent le feu aux joues ? »

« Maudit !
soit le père de l'épouse
du forgeron qui forgea le fer de la cognée
avec laquelle le bûcheron abattit le chêne
dans lequel on sculpta le lit
où fut engendré l'arrière-grand-père
de l'homme qui conduisit la voiture
dans laquelle ta mère
rencontra ton père. »

« Je suis marqué par mes amours et pour la vie
Comme un cheval sauvage échappé aux gauchos
Qui retrouvant la liberté de la prairie
Montre aux juments ses poils brûlés par le fer chaud »

« Buvons joyeusement ! chantons jusqu'à l'ivresse !
nos mains ensanglantées aux tessons des bouteilles
Demain ne pourront plus étreindre nos maîtresses.
Les verrous sont poussés au pays des merveilles. » (dernier quatrain du recueil)

Lieux
7.7

Lieux

Sortie : 29 avril 2022 (France). Autobiographie & mémoires

livre de Georges Perec

Paul_ a mis 7/10.

Annotation :

« L'intérêt des bombes du temps est double : il laisse quelque chose d'un passé supposé annulé par une catastrophe ; il renseigne surtout sur la pensée de ceux qui ont suffisamment cru au temps pour concevoir l'idée d'une bombe du temps. Il en va de même de mon projet. »

« Il me donna un conseil qui me marqua beaucoup : quand vous parlez d'un objet, il faut le décrire de manière à ce que le lecteur le voie ou puisse au moins l'imaginer. »

« J'ai vécu ces derniers jours avec une espèce de haine contre Roland Barthes.
(...)
Je ne suis qu'un pitre. Je n'ai pas le droit de me réclamer de Roussel ni de Queneau
(...)
Je suis envieux, je suis méchant : la gloire de Sollers (ou de Le Clézio) m'empêche de dormir
Je suis un con
Ou même celle de Jacques Roubaud
Empiler des titres ; et se voir consacrer des thèses, des émissions
C'est mon ambition et je la partage
Aucune modestie ; j'en ai marre
(...)
Patience. Être patient. »

« Parabole des lits : nous avons dormi dans un lit de 1 mètre (rue de l'Assomption) puis 1,20 m (Quatrefages) 1,40 m (rue Larbi-Zarrouk) 1,60 m (Bac) ensuite nous nous sommes séparés. »

« Je rêve de greniers où retrouver mes joujoux d'enfant mais ils n'existeront jamais : il ne reste pas de trace des lieux que j'ai habités ; j'ai choisi pour terre natale des lieux publics, des lieux communs. »

« La machine à écrire électrique est une révolution dans l'écriture : j'écris beaucoup plus vite qu'à la main, sans effort, presque au fil de ma pensée. Le problème serait d'avoir une pensée ; en attendant, il est agréable (sécurisant ?) de noircir du papier : JE TRAVAILLE !!! »

« Foule toujours. Beauté des femmes, parfois, souvent. »

La Fontaine des lunatiques
8.1

La Fontaine des lunatiques (1932)

Sortie : 1932 (France). Roman

livre de André de Richaud

Paul_ a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

« Peut-être au mois de mai, le vieux bois des fauteuils est-il triste de ne pas sentir circuler dans ses veines la sève qui court dans tous les arbres du pays ? »

« Les yeux du père étaient inquiets et fébriles, comme ils étaient toujours quand ils n'écoutaient pas de la musique – réelle ou imaginaire. Sans elle il était comme ces amateurs de stupéfiants, dont le monde vrai n'est pas le monde réel mais celui de leur drogue, et qui – lorsqu'ils en sont privés – sont douloureux à voir comme des poissons hors de l'eau, comme serait grotesque un Dieu qui, par hasard, serait tombé sur notre monde. »

« À cette heure où, dans tous les pays du monde, les hommes parlent de leurs petites affaires, mesurent leurs minuscules intérêts, soupèsent leurs petites vanités, eux, ils parlaient familièrement des grands événements de leur terre, des grands désirs de la nature...
— Tu as vu, le premier platane à droite, quand on vient de Sabran ? Il ne passera pas l'hiver. Il a l'air d'être touché par la maladie...
Et ces deux hommes, qui possédaient toute une forêt, s'attendrissaient sur le sort d'un platane. »

« Bref, si le bonheur est le contraire du malheur, on peut dire que les habitants de la Maison étaient heureux. »

« Ils couraient, fuyant l'orage, et Hugues ne souriait pas en les regardant. »

« L'amant abandonné songe que l'absence est aussi terrible que la mort et pourtant son malheur est plus grand que celui qu'il éprouverait si l'être aimé lui était enlevé pour toujours, parce qu'au tourment de ne plus sentir sa maîtresse près de lui, s'ajoute celui de penser qu'elle n'a pas quitté la terre, que son visage est à la merci du premier regard, que le corps aimé est parmi les autres et qu'il peut être touché, souillé, comblé de bonheur. Ce n'est qu'après avoir essuyé beaucoup de ruptures, versé beaucoup de larmes sur des absences, qu'on est parfaitement entraîné à recevoir la mort, même celle qui frappe les personnes que nous aimons seulement d'une affection toute familiale, c'est-à-dire de convenance. Cette profonde comédie de la séparation pour l'éternité a besoin d'être répétée souvent. »

Description d'Olonne
7.9

Description d'Olonne

Sortie : 1 avril 2010 (France). Roman

livre de Jean-Christophe Bailly

Paul_ a mis 8/10.

Annotation :

« les villes sont de la couleur des chambres où l'on a dormi »

« J'attends que repasse "celle de qui la rencontre m'étonne" — ainsi disait Maurice Scève en parlant de la Délie. »

« Il y avait cette pluie, il y avait souvent cette pluie en novembre — une pluie pour bibliothécaire et parfois Olonne au lieu de s'ouvrir rétrécissait comme une petite conjuration provinciale étouffée par elle-même dans son œuf, ce qui donnait à ma retraite les allures d'un ratage complet dont cette image de la sortie du Tivoli avec le type qui attend en face résume l'essence, si bien et si mal aussi que je la retire, elle et l'attente frauduleuse qui la tramait. »

La Barette rouge
8.4

La Barette rouge (1938)

Sortie : 1938 (France). Roman

livre de André de Richaud

Paul_ a mis 9/10.

Annotation :

« Sa pensée courait, comme court toujours la pensée dans la nuit surtout, après une émotion violente. Dans ces heures-là le pleutre arrive à admettre l'idée de l'assassinat pour la plus petite injure reçue ; l'être timide est doué de la plus grande audace ; l'homme le plus chaste devient un monstre à ses yeux ; le plus modeste des poètes invente des compositions géniales. »

Le Hussard sur le toit
7.4

Le Hussard sur le toit (1951)

Sortie : 17 novembre 1951 (France). Roman

livre de Jean Giono

Paul_ a mis 9/10.

Annotation :

« À partir d'ici il y avait un tapis dans l'escalier. Quelque chose passa entre les jambes d'Angelo. Ce devait être le chat. Il y avait vingt-trois marches entre le grenier et le troisième ; vingt-trois entre le troisième et le second. Angelo était sur la vingt et unième marche, entre le second et le premier quand, en face de lui, une brusque raie d'or encadra une porte qui s'ouvrit. C'était une très jeune femme. Elle tenait un chandelier à trois branches à la hauteur d'un petit visage en fer de lance encadré de lourds cheveux bruns.
"Je suis un gentilhomme", dit bêtement Angelo.
Il y eut un tout petit instant de silence et elle dit :
"Je crois que c'est exactement ce qu'il fallait dire."
Elle tremblait si peu que les trois flammes de son chandelier étaient raides comme des pointes de fourche. »

« Elle avait les yeux verts et elle pouvait les ouvrir si grands qu'ils tenaient tout son visage. »

« Ils marchèrent par des bois montueux, sous un ciel de plus en plus couvert qui faisait des gestes menaçants. Les coups de vent tiède sentaient l'eau. Des trottinements de pluie semblables à ceux de rats couraient dans les feuillages. Du haut d'un tertre ils aperçurent le dessus de la grande forêt qu'ils étaient en train de traverser. Elle était fourrée comme une peau de mouton. Elle couvrait un pays bossu, bleu sombre, sans grand espoir. Les arbres se réjouissaient égoïstement de la pluie proche. »

« Être dans ses bottes, se disait-il, est peut-être le fin mot de la puissance. »

« Toutefois, maintenant qu'il n'avait plus faim, il aurait bien voulu n'avoir pas mangé. »

Rimbaud le fils
7.6

Rimbaud le fils (1991)

Sortie : novembre 1991. Essai

livre de Pierre Michon

Paul_ a mis 7/10 et le lit actuellement.

Annotation :

« il ne voulut pas savoir à temps qu'il faut passionnément embrasser une seule manie, un art comme on dit, mais un seul, s'y tenir, férocement, s'enfermer avec comme dans un sac au fond de quoi on a jeté la mère qu'on a, des enfants qu'on n'aura pas, tous les hommes, et sur ce grand piétinement broder le travail ténu qui vous changera en fils perpétuel. »

Paul_

Liste de

Liste vue 21 fois

1