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19 livres

créée il y a plus de 10 ans · modifiée il y a 10 mois
La Maison du chat-qui-pelote
7.2

La Maison du chat-qui-pelote (1830)

Sortie : 1830 (France). Roman

livre de Honoré de Balzac

Chanclissard a mis 5/10.

Annotation :

"Augustine avait reçu du hasard une âme assez élevée pour sentir le vide de cette existence. "

"Rien de plus naturel que ces deux passions inverses nées dans le silence de ces comptoirs obscures comme fleurissent des violettes dans la profondeur d'un bois. La muette et constante contemplation qui réunissait les yeux de ces jeunes gens par un besoin violent de distraction au milieu de travaux obstinés et d'une paix religieuse, devait tôt ou tard exciter des sentiments d'amour."

"Virginie, donnant le bras à son père, suivait sa jeune sœur humblement et dans de plus simples atours, comme une ombre nécessaire aux harmonies de ce tableau."

Lorenzaccio
7.3

Lorenzaccio (1834)

Sortie : 1834 (France). Théâtre

livre de Alfred de Musset

Chanclissard a mis 6/10.

Annotation :

"Le sourire, ce doux épanouissement qui rend la jeunesse semblable aux fleurs, s’est enfui de ses joues couleur de soufre, pour y laisser grommeler une ironie ignoble, et le mépris de tout."
"Pour dormir tranquille, il faut n’avoir jamais fait certains rêves."

Le Comte de Monte-Cristo
8.3

Le Comte de Monte-Cristo (1844)

Sortie : 1844 (France). Roman, Aventures

livre de Alexandre Dumas

Chanclissard a mis 9/10.

Annotation :

"Quand je travaille, il y a des moments où je ne me souviens plus, et quand je ne me souviens plus, je suis heureux à la manière des morts; mais cela vaut encore mieux que de souffrir"

"C'est un des orgueils de notre pauvre humanité, que chaque homme se croie plus malheureux qu'un autre malheureux qui pleure et qui gémit à côté de lui. "

Madame Bovary
7.1

Madame Bovary (1857)

Sortie : 1857 (France). Roman

livre de Gustave Flaubert

Chanclissard a mis 6/10.

Annotation :

"(ils) se détachaient comme des comètes sur l’immensité ténébreuse de l’histoire"

Psychologie des foules
7.2

Psychologie des foules (1895)

Sortie : 1895 (France). Essai, Psychologie

livre de Gustave Le Bon

Chanclissard a mis 6/10.

Annotation :

"Les foules agissent comme ces microbes qui activent la dissolution des corps débilités ou des cadavres. Quand l’édifice d’une civilisation est vermoulu, ce sont toujours les foules qui en amènent l’écroulement."

"Les foules n’ont jamais eu soif de vérités. Devant les évidences qui leur déplaisent, elles se détournent, préférant déifier l’erreur, si l’erreur les séduit. Qui sait les illusionner est aisément leur maître ; qui tente de les désillusionner est toujours leur victime. [...] L’histoire ne peut guère éterniser que des mythes. [...] Quand on analyse une civilisation, on voit que c’est, en réalité, le merveilleux et le légendaire qui en sont les vrais supports. Dans l’histoire, l’apparence a toujours joué un rôle beaucoup plus important que la réalité. L’irréel y prédomine toujours sur le réel. Aussi, tous les grands hommes d’État de tous les âges et de tous les pays, y compris les plus absolus despotes, ont-ils considéré l’imagination populaire comme la base de leur puissance, et jamais ils n’ont essayé de gouverner contre elle."

"L’acquisition de connaissances dont on ne peut trouver l’emploi est un moyen sûr de faire de l’homme un révolté."

"Ce sont parfois les mots dont le sens est le plus mal défini qui possèdent le plus d’action [...] Ils synthétisent les aspirations inconscientes les plus diverses et l’espoir de leur réalisation."

"L’affirmation pure et simple, dégagée de tout raisonnement et de toute preuve, est un des plus sûrs moyens de faire pénétrer une idée dans l’esprit des foules. Plus l’affirmation est concise, plus elle est dépourvue de toute apparence de preuves et de démonstration, plus elle a d’autorité."
" La chose affirmée arrive, par la répétition, à s’établir dans les esprits au point qu’ils finissent par l’accepter comme une vérité démontrée."
"Le prestige discuté n’est déjà plus du prestige."

"Le meneur peut être quelquefois intelligent et instruit ; mais cela lui est généralement plus nuisible qu’utile. En montrant la complexité des choses, en permettant d’expliquer et de comprendre, l’intelligence rend toujours indulgent, et émousse fortement l’intensité et la violence des convictions nécessaires aux apôtres."

Du côté de chez Swann
8

Du côté de chez Swann (1913)

À la recherche du temps perdu / 1

Sortie : 14 novembre 1913. Roman

livre de Marcel Proust

Chanclissard a mis 8/10.

Annotation :

- "Il se rappela les becs de gaz qu’on éteignait boulevard des Italiens, quand il l’avait rencontrée contre tout espoir parmi les ombres errantes, dans cette nuit qui lui avait semblé presque surnaturelle et qui en effet ― nuit d’un temps où il n’avait même pas à se demander s’il ne la contrarierait pas en la cherchant, en la retrouvant, tant il était sûr qu’elle n’avait pas de plus grande joie que de le voir et de rentrer avec lui ― appartenait bien à un monde mystérieux où on ne peut jamais revenir quand les portes s’en sont refermées. Et Swann aperçut, immobile en face de ce bonheur revécu, un malheureux qui lui fit pitié parce qu’il ne le reconnut pas tout de suite, si bien qu’il dut baisser les yeux pour qu’on ne vît pas qu’ils étaient pleins de larmes. C’était lui-même."


-"Parfois, au bord de l’eau entourée de bois, nous rencontrions une maison dite de plaisance, isolée, perdue, qui ne voyait rien du monde que la rivière qui baignait ses pieds. Une jeune femme dont le visage pensif et les voiles élégants n’étaient pas de ce pays et qui sans doute était venue, selon l’expression populaire, « s’enterrer » là, goûter le plaisir amer de sentir que son nom, le nom surtout de celui dont elle n’avait pu garder le cœur, y était inconnu, s’encadrait dans la fenêtre qui ne lui laissait pas regarder plus loin que la barque amarrée près de la porte. Elle levait distraitement les yeux en entendant derrière les arbres de la rive la voix des passants dont avant qu’elle eût aperçu leur visage, elle pouvait être certaine que jamais ils n’avaient connu, ni ne connaîtraient l’infidèle, que rien dans leur passé ne gardait sa marque, que rien dans leur avenir n’aurait l’occasion de la recevoir. On sentait que, dans son renoncement, elle avait volontairement quitté des lieux où elle aurait pu du moins apercevoir celui qu’elle aimait, pour ceux-ci qui ne l’avaient jamais vu. Et je la regardais, revenant de quelque promenade sur un chemin où elle savait qu’il ne passerait pas, ôter de ses mains résignées de longs gants d’une grâce inutile."

À l'ombre des jeunes filles en fleurs
8.7

À l'ombre des jeunes filles en fleurs (1919)

À la recherche du temps perdu / 2

Sortie : 1919 (France). Roman

livre de Marcel Proust

Chanclissard a mis 8/10.

Annotation :

Il n’y a pas d’homme si sage qu’il soit, me dit-il, qui n’ait à telle époque de sa jeunesse prononcé des paroles, ou même mené une vie, dont le souvenir ne lui soit désagréable et qu’il ne souhaiterait être aboli. Mais il ne doit pas absolument le regretter, parce qu’il ne peut être assuré d’être devenu un sage, dans la mesure où cela est possible, que s’il a passé par toutes les incarnations ridicules ou odieuses qui doivent précéder cette dernière incarnation-là. Je sais qu’il y a des jeunes gens, fils et petits-fils d’hommes distingués, à qui leurs précepteurs ont enseigné la noblesse de l’esprit et l’élégance morale dès le collège. Ils n’ont peut-être rien à retrancher de leur vie, ils pourraient publier et signer tout ce qu’ils ont dit, mais ce sont de pauvres esprits, descendants sans force de doctrinaires, et de qui la sagesse est négative et stérile. On ne reçoit pas la sagesse, il faut la découvrir soi-même après un trajet que personne ne peut faire pour nous, ne peut nous épargner, car elle est un point de vue sur les choses. Les vies que vous admirez, les attitudes que vous trouvez nobles n’ont pas été disposées par le père de famille ou par le précepteur, elles ont été précédées de débuts bien différents, ayant été influencées par ce qui régnait autour d’elles de mal ou de banalité. Elles représentent un combat et une victoire. Je comprends que l’image de ce que nous avons été dans une période première ne soit plus reconnaissable et soit en tous cas déplaisante. Elle ne doit pas être reniée pourtant, car elle est un témoignage que nous avons vraiment vécu, que c’est selon les lois de la vie et de l’esprit que nous avons, des éléments communs de la vie, de la vie des ateliers, des coteries artistiques s’il s’agit d’un peintre, extrait quelque chose qui les dépasse.

Le Côté de Guermantes
8.4

Le Côté de Guermantes (1921)

À la recherche du temps perdu / 3

Sortie : 1921 (France). Roman

livre de Marcel Proust

Chanclissard a mis 7/10.

Annotation :

C’est aux bords du lac qui conduisent à cette île et le long desquels, dans les dernières semaines de l’été, vont se promener les Parisiennes qui ne sont pas encore parties, que, ne sachant plus où la retrouver, et si même elle n’a pas déjà quitté Paris, on erre avec l’espoir de voir passer la jeune fille dont on est tombé amoureux dans le dernier bal de l’année, qu’on ne pourra plus retrouver dans aucune soirée avant le printemps suivant. Se sentant à la veille, peut-être au lendemain du départ de l’être aimé, on suit au bord de l’eau frémissante ces belles allées où déjà une première feuille rouge fleurit comme une dernière rose, on scrute cet horizon où, par un artifice inverse à celui de ces panoramas sous la rotonde desquels les personnages en cire du premier plan donnent à la toile peinte du fond l’apparence illusoire de la profondeur et du volume, nos yeux passant sans transition du parc cultivé aux hauteurs naturelles de Meudon et du mont Valérien ne savent pas où mettre une frontière, et font entrer la vraie campagne dans l’œuvre du jardinage dont ils projettent bien au delà d’elle-même l’agrément artificiel ; ainsi ces oiseaux rares élevés en liberté dans un jardin botanique et qui chaque jour, au gré de leurs promenades ailées, vont poser jusque dans les bois limitrophes une note exotique. Entre la dernière fête de l’été et l’exil de l’hiver, on parcourt anxieusement ce royaume romanesque des rencontres incertaines et des mélancolies amoureuses [...]. Et le dernier équipage passé, quand on sent avec douleur qu’elle ne viendra plus, on va dîner dans l’île ; au-dessus des peupliers tremblants, qui rappellent sans fin les mystères du soir plus qu’ils n’y répondent, un nuage rose met une dernière couleur de vie dans le ciel apaisé. Quelques gouttes de pluie tombent sans bruit sur l’eau antique, mais dans sa divine enfance restée toujours couleur du temps et qui oublie à tout moment les images des nuages et des fleurs. Et après que les géraniums ont inutilement, en intensifiant l’éclairage de leurs couleurs, lutté contre le crépuscule assombri, une brume vient envelopper l’île qui s’endort ; on se promène dans l’humide obscurité le long de l’eau où tout au plus le passage silencieux d’un cygne vous étonne comme dans un lit nocturne les yeux un instant grands ouverts et le sourire d’un enfant qu’on ne croyait pas réveillé. Alors on voudrait d’autant plus avoir avec soi une amoureuse qu’on se sent seul et qu’on peut se croire loin.

Le Bal du comte d'Orgel
7.1

Le Bal du comte d'Orgel (1924)

Sortie : 1924 (France). Roman

livre de Raymond Radiguet

Chanclissard a mis 6/10.

Annotation :

Mais tout rentra bientôt dans l'ordre, c'est-à-dire dans les ténèbres.
(c'est le titre de la critique de NadineSarah)

Anna, soror...
7.3

Anna, soror... (1981)

Sortie : 1981 (France). Récit

livre de Marguerite Yourcenar

Chanclissard a mis 6/10.

Annotation :

"Les étroites flaques luisantes des marécages s'éteignaient une à une"
"Il finit par s'appuyer au battant. Il sentit qu'elle s'y appuyait aussi; le tremblement de leurs deux corps se communiquaient aux boiseries. Il faisait entièrement noir : chacun écoutait dans l'ombre le halètement d'un désir pareil au sien"

Le Soulier de satin
7.2

Le Soulier de satin (1929)

Sortie : 1929 (France). Théâtre

livre de Paul Claudel

Chanclissard a mis 7/10.

Annotation :

Allons tout doucement à notre aise. C'est délicieux de tremper dans cette espèce de lumière liquide qui fait de nous des êtres divins et suspendus, des corps glorieux.
Il n'y a plus besoin de mains pour saisir et de pieds pour vous porter.
On avance comme les anémones de mer, en respirant, par le seul épanouissement de son corps et la secousse de sa volonté.
Tout le corps ne fait plus qu'un seul sens, une planète attentive aux autres planètes suspendues.
Je sens directement avec mon coeur chaque battement de ton coeur.
L'eau porte tout. C'est délicieux, l'oreille au raz de l'eau, de percevoir toutes ces musiques confuses, les danseurs autour de la guitare,
La vie, les chants, les paroles d'amour, l'innombrable craquement de toutes ces paroles imperceptibles

L'Œuvre au noir
7.7

L'Œuvre au noir (1968)

Sortie : 1968 (France). Roman

livre de Marguerite Yourcenar

Chanclissard a mis 7/10.

Annotation :

- "Elle n'aurait de lui que l'aumône d'un petit rêve"
- "Tout de suite, Messer Alberico s'éprit de cette fillette aux seins fluets, au visage effilé, vêtue de raides velours brochés qui paraissaient la soutenir [...] Des paupières nacrées, presque roses, sertissaient ses pâles yeux gris, sa bouche un peu tuméfiée semblait toujours prête à exhaler un soupir, ou le premier mot d'une prière ou d'un chant [...] Par un soir de neige qui faisait rêver davantage de lits bien chauds dans des chambres bien closes, une servante subornée introduisit Messer Alberico dans l'étuve où Hilzonde frottait de son ses longs cheveux crêpelés qui l'habillaient à la façon d'un manteau. L'enfant se couvrit le visage, mais livra sans lutte aux yeux, aux lèvres, aux mains de l'amant son corps propre et blanc comme une amande mondée. Cette nuit là, le jeune Florentin but à la fontaine scellée, apprivoisa les deux chevreaux jumeaux, apprit à cette bouche les jeux et les mignardises de l'amour. A l'aube, une Hilzonde enfin conquise s'abandonna tout entière, et le matin, grattant du bout des ongles la vitre blanche de gel, elle y grava à l'aide d'une bague de diamant ses initiales entrelacées à celles de son amant, marquant ainsi son bonheur dans cette substance mince et transparente, fragile, certes, mais à peine plus que la chair et le coeur. Leurs délices s'accrurent de tous les plaisirs du temps et du lieu : musiques savantes qu'Hilzonde exécutait sur un petit orgue hydraulique que lui avait donné son frère, vins fortement épicés, chambres chaudes, promenades en barque sur les canaux encore bleus du dégel ou chevauchées de mai dans les champs en fleur."

Mammifères
6.1

Mammifères

Sortie : 2003 (France). Roman

livre de Pierre Mérot

Chanclissard a mis 4/10.

Annotation :

- "des lambeaux de famille"

L'Insurrection qui vient
6.6

L'Insurrection qui vient (2007)

Sortie : mars 2007. Essai

livre de Comité Invisible

Chanclissard a mis 5/10.

Annotation :

"D’une gare, d’un centre commercial, d’une banque d’affaires, d’un hôtel à l’autre, partout cette étrangeté, si banale, tellement connue qu’elle tient lieu de dernière familiarité."

"On ne se débarrasse pas de ce qui nous entrave sans perdre dans le même temps ce sur quoi nos forces pourraient s’exercer."

Le Grand Paris
6.6

Le Grand Paris (2017)

Sortie : 12 janvier 2017. Roman

livre de Aurélien Bellanger

Chanclissard a mis 7/10.

Annotation :

"Ma mère était catholique et j’allais retrouver [...] ce même universalisme bienveillant qui reste, avec tout le recul que j’ai pourtant pris, l’une des grandes vertus de la religion de ma mère — et sa principale faiblesse, tant il est aisé d’y voir une forme de relativisme et d’indifférence quant au destin de la civilisation chrétienne."

"Le parc Astérix avait obtenu une bretelle d’autoroute, Euro Disney une station RER et une gare d’interconnexion TGV […] le Gaulois moustachu était au mieux connu des francophones, quand Mickey était une icône planétaire.
J’étais gêné des efforts vains que faisait mon père pour imposer au monde ce personnage obèse et gaulliste à gros nez, j’étais mal à l’aise avec tout cela, j’avais honte, tout simplement, d’être du côté du gros Obélix plutôt que du léger Mickey. Tout me semblait perdu d’avance, gâché et inutile. Je ne comprenais pas la rationalité économique du projet et j’ai passé l’après-midi, au lieu d’essayer les attractions, à me cacher pour pleurer, certain que ma famille ne survivrait pas à une seconde faillite. Je me souviens de m’être ainsi appuyé, dans le village gaulois reconstitué, sur une pierre factice qui diffusait des chants d’oiseaux, pleurant au-dessus de la grille qui dissimulait le haut-parleur en désirant confusément que mes larmes conduisent à mon électrocution."

"Je n’avais pas été aussi heureux depuis des années — depuis la mort de ma mère et les nuits de travail passionnées et mélancoliques qui l’avaient suivie. J’avais même, parfois, entre les grands doubles vitrages des salles qui entouraient le jardin interdit de la bibliothèque, un sentiment confus d’utilité, assez semblable, du moins c’était ainsi que je me le représentais, à celui des moines qui s’étaient jadis réfugiés loin des villes, moins parce qu’ils en fuyaient la corruption que parce qu’ils en admiraient sincèrement les beautés et qu’ils voulaient prier pour leur survie et servir de contrepoids à leurs splendeurs fragiles et babéliennes."

"La raison demeurait à Londres un outil, là où Paris en avait fait un
défi adressé à l’univers."

Sur la télévision
7.5

Sur la télévision (1996)

suivi de l'Emprise du journalisme

Sortie : 1996 (France). Essai, Cinéma & télévision

livre de Pierre Bourdieu

Chanclissard a mis 5/10.

Annotation :

"Ils se conforment par une forme consciente ou inconsciente d’autocensure, sans qu’il soit besoin de faire des rappels à l’ordre."

"On manipule d'autant mieux, bien souvent, qu’on est plus manipulé et plus inconscient de l'être."

"Nous disons beaucoup moins de choses originales que nous ne le croyons. "

"Il y a simplement une trentaine d'années, et ce depuis le milieu du XIXe siècle [...], dans le milieu des écrivains d'avant-garde [...] ou, de même, parmi les artistes reconnus par les artistes [...] le succès commercial immédiat était suspect : on y voyait un signe de compromission avec le siècle, avec l'argent [...] Alors qu’aujourd’hui, de plus en plus, le marché est reconnu comme instance légitime de légitimation. On le voit bien avec cette autre institution récente qu’est la liste de best-sellers.
[...] Or, il est important de savoir que, historiquement, toutes les productions culturelles [...] qu’un certain nombre de gens considèrent comme les productions les plus hautes de l’humanité, les mathématiques, la poésie, la littérature, la philosophie, toutes ces choses ont été produites contre l’équivalent de l’audimat, contre la logique du commerce. Voir se réintroduire cette mentalité audimat jusque chez les éditeurs d’avant-garde, jusque dans les institutions savantes, qui se mettent à faire du marketing, c’est très inquiétant parce que cela risque de mettre en question les conditions mêmes de la production d’œuvres [...] qui ne vont pas au devant des attentes de leur public, mais qui, à terme, sont capables de créer leur public."

L'Aménagement du territoire
6.6

L'Aménagement du territoire (2014)

Sortie : 21 août 2014. Roman

livre de Aurélien Bellanger

Annotation :

"Le château et son parc, figés dans un flou latéral, semblaient devoir rester prisonniers du passé, condamnés à s'étirer comme les vaisseaux spatiaux des théories relativistes pris dans un puits gravitationnel sans fond et certains de ne jamais rejoindre leur point d'arrivée.
La nationale et le chemin de terre auraient ainsi dessiné une éternelle asymptote, s'excluant l'une l'autre, si un événement ne les avait pas forcés à entrer en collision.
[...] L'enquête établit que la Mercedes roulait à plus de 210 km/h. Isabelle avait tout juste 6 ans [...] Sa mère venait de se faire décapiter. [...]

Le marquis avait voulu garder son épouse auprès de lui. Il fallut faire venir un maçon pour restaurer la chapelle, qui n'avait plus servi depuis la mort de son père. Il s'était ainsi écoulé quelques jours pendant lesquels il avait veillé seul sa défunte épouse. Sa tête avait été reposée sur son cou délicat et son corps avait été embaumé, mais des pertes de formol se produisaient au niveau de la cicatrice.

Gênée par l'odeur incompréhensible de la mort, Isabelle avait passé ces journées dans le parc. Marchant jusqu'au bout de l'allée, elle avait minutieusement ramassé les morceaux de verre orange et transparent qui recouvraient encore le sol, sur le lieu de l'accident. Accroupie au bord de la nationale, elle entendait le souffle des camions qui dévalaient vers elle et se voyait mourir.
Elle déposa ces fragiles débris dans les tiroirs d'une boîte à bijoux que lui avait offerte sa mère, rêvant de reconstruire un jour, comme les débris des vases antiques qu'elle avait vus au musée archéologique de Jublains, un sarcophage de verre."
"Le marquis jouait chaque soir, au piano, ses compositions à sa femme, en se souciant peu de les voir toucher un plus large public. La disparition soudaine de sa seule auditrice fut fatale à la vocation du marquis."

Notre joie
7.1

Notre joie (2021)

Sortie : 15 septembre 2021 (France). Essai

livre de François Bégaudeau

Chanclissard a mis 3/10.

Annotation :

"Enfants se servant de pièces d’échecs comme de jetons de dames, ils n’ont pas de scrupule à plier le subtil concept d’hégémonie culturelle[...]"

Mémoires d'outre-tombe
7.2

Mémoires d'outre-tombe (1850)

Sortie : 1850 (France). Autobiographie & mémoires

livre de François-René de Chateaubriand

Annotation :

Sur Mirabeau :

Mirabeau remuait l’opinion avec deux leviers : d’un côté, il prenait son point d’appui dans les masses dont il s’était constitué le défenseur en les méprisant ; de l’autre, quoique traître à son ordre, il en soutenait la sympathie par des affinités de caste et des intérêts communs. Cela n’arriverait pas au plébéien, champion des classes privilégiées, il serait abandonné de son parti sans gagner l’aristocratie, de sa nature ingrate et ingagnable, quand on n’est pas né dans ses rangs.
[...]

Mirabeau a déjà subi la métamorphose qui s’opère parmi ceux dont la mémoire doit demeurer ; porté du Panthéon à l’égoût, et reporté de l’égoût au Panthéon, il s’est élevé de toute la hauteur du temps qui lui sert aujourd’hui de piédestal. On ne voit plus le Mirabeau réel, mais le Mirabeau idéalisé, le Mirabeau tel que le font les peintres, pour le rendre le symbole ou le mythe de l’époque qu’il représente : il devient ainsi plus faux et plus vrai.

Chanclissard

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