Classement Commenté \ 2022

Annotation :

Le Menu nous invite à vivre "une expérience inédite", et j'étais loin de m'imaginer la vraie claque que j'allais subir. Au départ, le pitch aguicheur et la promesse qu'un rebondissement va avoir lieu suffisent à titiller notre appétit et à nous saisir. On assiste vite à une parodie maligne des émissions de gastronomie à travers une succession de plats décalés, exacerbés par des invités hauts en couleur. Puis comme prévu, le repas dégénère et amène de nouvelles thématiques. L'intrigante relation entre le Chef de l'hypnotisant Ralph Fiennes et la protagoniste de l'éclectique Taylor-Joy, laisse entrevoir le véritable propos de l'histoire, à savoir la lutte de classes et l'hypocrisie du self-made man américain, que le Chef est supposé incarner suite à la révélation de ses origines. En cédant à la folie, le Chef montre qu'un tel succès ne peut exister et que la fin est inévitable pour lui et tous les gourmets de la table (dont la sympathique critique culinaire incarnée par Judith Light). Après avoir emprunté avec + ou - de succès des codes de sous-genres de film variés, comme le survival ou le slasher, le Menu recentre son scénario autour d'un ultime propos sur le cinéma lui-même. Le film teste ainsi différents plats avant de finir par revenir à l'essentiel, à travers son héroïne qui s'en sort en demandant un simple burger et fait appel à la corde sensible du Chef comme des spectateurs. Le coup de génie du Menu est d'avoir associé la dégustation avec la séance de film, titillé notre esprit analyste et critique, pour finir par offrir ce qu'on était venu chercher dès le départ : un divertissement à toute épreuve. Certes, on aime savourer les mets fins, les films cérébraux ou abstraits, même quand c'est abscon et qu'on n'appartient pas à ce monde, comme le montre le personnage de Nicolas Hoult. Mais parfois, on a juste envie d'un fucking burger. L'héroïne reconnecte avec le Chef à travers leurs origines, et le film renoue ainsi avec son audience, en nous faisant apprécier le plaisir simple de cet art, qu'on emporte avec nous en sortant. C'est pour moi une réponse aux Scorsese & co qui évoquent la mort cérébrale du cinéma : un film visuellement impeccable et millimétré, ambitieux dans son expérience, au climax aussi satisfaisant et cohérent qui prône à la fois la simplicité du cinéma et sa richesse. C'est une des séances qui m'a laissé le plus satisfait et rassasié, avec ce que je considère être comme une des meilleures fins tout film confondu.
9

Annotation :

A l'heure où le multivers est à la mode, Everything Everywhere All At Once propose la version la plus folle et la plus aboutie du concept à mes yeux, au service d'un film tellement riche et dense qu'il est difficile de le qualifier : j'ai ri, j'ai réfléchi, j'ai été transporté, j'ai été dans l'incompréhension, j'ai pleuré. Ce film parle de tout et de rien à la fois et c'est présent dès le titre. Un film d'action, de science-fiction, sur la famille, sur l'ouverture d'esprit, sur le nihilisme, sur l'absurde, sur les relations humaines : on y trouve de tout et chaque thème est interconnecté à tous les autres dans une histoire qui navigue d'un genre à l'autre avec une aisance et un naturel ahurissant. Dans son aspect très composite, il peut parfois être déroutant, et il y a tellement de bonnes idées qu'il peut être parfois étourdissant et difficile à digérer, avec certains concepts qui sont traités rapidement. Mais difficile de faire la fine bouche face à cette vraie leçon de cinéma, qui avance une nouvelle idée incroyable toutes les 5 minutes, qui regorge de nouvelles interprétations dès que je le regarde, bref qui parvient à faire un film moderne et classique, généreux et subtil, et qu'on a constamment envie de revoir. Le meilleur exemple qu'un cinéma moderne, créatif, tourné vers le passé mais aussi vers le futur, avec un casting et une équipe dédiée, existe encore et donne toujours ce genre de chef d'oeuvre !
9

Annotation :

Après un premier opus assez intime, qui décortiquait le genre du Whodunnit pour lui donner des lettres modernes, Rian Johnson se retrouve malgré lui embarqué dans un succès inattendu et décide donc pour réaliser sa suite, de se servir de la hype et du buzz pour mettre les bouchées doubles sur tout ce qu'il a à dire. On y retrouve donc un casting aussi dantesque que le premier, un budget décuplé pour des décors plus léchés où le paraître est central, le tout pour faire illusion et mieux dissimuler son excellent twist (devinable dès le titre si on y prête attention) qui révèle à quel point tout l'argent du monde peut-être vain. Ce qui est fort, c'est qu'avec une histoire très différente du premier et respectant bien plus les codes du Whodunnit (ce qui l'a rendu un poil plus prévisible pour ma part), Rian Johnson parvient à reprendre les mêmes thèmes que le premier, à savoir l'hypocrisie d'un groupe riche vivant sous l'influence et la botte d'un très riche, la légitimité d'une oeuvre, ou le ridicule détective Benoît Blanc qui impressionne lorsqu'il s'agit de comprendre au-delà des apparences bling bling. Rian Johnson continue donc de développer une vraie cohérence dans son oeuvre en faisant des films grand public riches et pertinents. J'ai hâte de voir ce qu'il peut proposer dans un troisième opus pour continuer son propos et se réinventer, mais sur la base de Knives Out et Glass Onion, je trouve qu'il est le seul réalisateur moderne à parvenir à moderniser le genre tout en lui insufflant sa propre vision.
8

Annotation :

Un film injustement décrié pour ses dramas en coulisse et son manque d'idées neuves. Au contraire, Don't Worry Darling utilise des symboles traditionnels et usés du cinéma et du rêve américain, pour justement les dénoncer et appuyer une vision très crue et engagée de l'hypocrisie des conservateurs, qui idéalisent un passé plus "simple" où tout le monde était heureux, surtout les femmes qui ne passaient pas leur temps à se plaindre... ou à penser. L'esthétique particulièrement léchée, la caméra envoûtante et la performance alléchante et magnétique des acteurs comme Chris Pine, rend l'énigme imperméable et inutilement compliquée, alors que la réponse est très simple et sous nos yeux depuis le début. Si la fuite finale manque un peu de punch, et que le twist arrive un brin tardivement à mes yeux - j'aurais aimé plus de confrontation entre l'héroïne et le grand manitou pour exposer les manipulations de ce dernier, le script reste habilement ficelé et regorge de détails intéressants jusque dans les seconds rôles discrets mais efficaces de Gemma Chan et Olivia Wilde, ou dans ses symboles utilisés pour teaser la supercherie et la renverser (l'avion, le verre de whisky...). Le drama en coulisse et la performance jugée inégale d'Harry Styles servent selon moi au contraire le propos du film, qui montre qu'on accorde beaucoup trop d'importance à des hommes qui ne devraient être en contrôle de rien. Don't Worry Darling est un thriller d'angoisse jeune et fougueux, qui s'emporte un peu jusqu'à embarquer des imperfections, mais c'est avant tout un film riche et fort, qui fait un point sur l'état du patriarcat et du rôle du cinéma pour le contrer, dans une histoire plus complexe que ce à quoi on peut la réduire, qui s'approprie un passé idéalisé pour dire des choses essentielles sur le monde de 2022. Et évidemment, Florence Pugh est absolument impériale à chaque instant.
8

Annotation :

Sans renouveler l'exploit du premier film, car un peu plus avare sur son univers, entre la justification bancale du retour du colonel Quarritch et la rétention de conclusion sur plusieurs thématiques en vue d'un troisième opus, James Cameron réalise tout de même une suite époustouflante qui parvient avec brio à surpasser le premier film visuellement tout en approfondissant l'univers établi pour préparer le reste de la saga. La technologie HFR fait absolument vibrer chaque plan, et après avoir été inégalé pendant 13 ans, la saga Avatar remet une nouvelle claque et réhausse le standard du blockbuster pour plus d'années à venir. Encore une fois, des critiques seront adressées à l'histoire qui reprend les schémas du premier film, lui-même reprenant des schémas connus en fiction, mais encore une fois ce serait passer à côté, je trouve, de la richesse du film sur les relations de ses personnages entre eux ou avec la nature, et de la maîtrise avec laquelle le monde de Pandora est construit. Le fossé entre la qualité visuelle et la qualité narrative du film est certes immense, mais la forme et le fond sont plus liés qu'on n'aimerait le croire : si cette suite est une telle épopée, c'est aussi la preuve que l'univers et la saga en a sous le pied. Après avoir réaffirmé les choses, il ne reste plus à Cameron qu'à concrétiser et prendre des risques autres que financiers sur les prochaines suites, en continuant à nous faire voyager...
8

Annotation :

Entré dans la salle sans avoir aucune idée de la nature du projet, je me suis demandé pendant trente minutes "mais c'est quoi cette merde" jusqu'à considérer partir... avant de passer l'heure suivante absolument plié en deux et à applaudir le film d'avoir aussi bien joué son coup. L'acte final est extrêmement malin et se permet même de livrer une certaine morale d'un cinéma solidaire et familial très juste. Je sais qu'il s'agit d'un remake et je ne peux pas juger le film ainsi, n'ayant jamais entendu parler de l'original avant la version de Michel Hazanavicius, mais j'ai adoré l'expérience.
8

Annotation :

(rewatch du MCU en cours)

Annotation :

Une tranche de vie positive et pleine de bons sentiments qui n'a pas peur de ce qu'elle est. Je ne suis pas familier avec la filmographie de Cédric Klapisch qui, il semblerait, procède souvent ainsi, mais j'ai été totalement happé par ce En corps qui prend un postulat simple, celui d'une femme dont la passion est brisée qui va renaître à travers la danse moderne, pour en faire un film très réussi qui mêle le cinéma et la danse avec une belle maîtrise. Tous les seconds rôles sont inégaux (celui de François Civil, piégé dans un rôle mi-tragique mi-comique, m'a fait un peu sortir du film), mais la relation entre l'héroïne et son père, son amant ou avec le personnage de Muriel Robin donnent toutes lieux à de très bons dialogues et une fin touchante.
8

Annotation :

Une course éprouvante qui prend une actrice, un sujet et un medium, et qui se donne pour mission de nous plonger dans une réalité précaire sans compromis et sans nous laisser de répit pendant 1h30. Le résultat est saisissant, on arrête littéralement de respirer pendant le film. Avec un background pourtant minimal, impossible de ne pas s'identifier au parcours de la protagoniste, qui semble se battre pour arriver à ses objectifs avant la fin du film. Malgré les critiques évoquées sur l'irréalisme et la gratuité du climax dans la grève, le scénario du film ne perd jamais de vue le véritable ennemi de l'héroïne, à savoir le système lui-même, celui qui l'a plongé là où elle à cause d'un parcours pourtant pas si hors du commun. A ce titre, la toute dernière scène est incroyablement forte et marquante, un genre de fin pseudo-ouverte qui résume tout le propos du film jusque dans son dernier plan très bien choisi sur le manège.
8

Annotation :

Un film de science-fiction étonnamment intelligent et surprenant.

Cf. mon classement des films Pixar pour plus de détails :
https://www.senscritique.com/liste/classement_commente_pixar/1984418

Annotation :

Après un début à la narration un peu confuse, on se prend vite au jeu de l'arnaque centrale orchestrée par un Pierre Niney et une Marine Vacth au top, qui retranscrivent toute la perversité et l'humour de l'histoire. Sans aucun temps mort, le film jongle avec ses personnages et avec un spectateur qu'il rend complice du jeu jusqu'à nous berner dans un acte final particulièrement prenant. La morale un peu douteuse à la fin sur la vision des femmes séductrices m'a fait dire qu'on a eu peut-être un "twist de trop", un twist qui détruit les sentiments établis pendant le film. Pourtant, le film propose suffisamment de ruptures du quatrième mur pour remettre en cause ce même twist. Dans mon headcanon, ou plutôt mon heartcanon, j'aime à croire que les sentiments des personnages étaient sincères et qu'ils ont su trouver un amour le temps d'un coup monté, qu'ils se sont pris à leur propre jeu et qu'ils n'ont pas su échapper à leur condition, notamment Margot. J'aurais préféré une fin peut-être plus clichée et plus romantique quitte conclure l'histoire de façon fermée, mais c'est aussi la preuve que le film a su me berner à mon tour. Je suis malgré tout assez fan des scénarios ambigus où différentes interprétations sont possibles, et ce jeu de faux-semblants, qui plus est très bien mis en scène avec un gros taff sur les décors notamment, laisse un souvenir assez saisissant.
7

Annotation :

Un requel réussi qui s'attaque aux résurrections de franchise à travers un scénario malin et osé.

Cf. mon classement des Scream pour plus de détails :
https://www.senscritique.com/liste/Classement_Commente_Scream/3388823

Annotation :

Un film classique sublimé par son animation inventive.

Cf. mon classement Dreamworks pour plus de détails :
https://www.senscritique.com/liste/classement_commente_dreamworks/1995685

Annotation :

"Ce qui me hante, c'est qu'ils auraient tous pu le faire" : un film qui explique ouvertement à son spectateur tout son propos, mais qui le fait dans une démarche que j'ai trouvée sincère et juste. Dès le début du film, on sait qu'on aura jamais le fin mot de l'histoire, et le but n'est donc pas de résoudre l'enquête mais bien de voir ses effets sur toutes les personnes qu'elle a touchées. Si certains points de vue auraient mérité un peu plus de voix et de lumière (la victime ou sa victime), et que certaines péripéties très liées à l'enquête étirent le film un peu trop en longueur sans ajouter beaucoup au propos, le film reste touchant quand il aborde le deuil et pertinent dans sa critique du système, jusqu'à rendre cohérente et satisfaisante la frustration causée par son inévitable fin ouverte.
7

Annotation :

Je suis assez fan de la version de Peter Ustinov de 1978, et même s'il faut passer outre les fonds verts et le rythme inégal de cette version de 2022, Kenneth Branagh arrive à donner du coeur inattendu à son détective avec cette sous-intrigue inventée du protagoniste, très décriée, qui donne pourtant selon moi une identité et une cohérence au film, en complémentant la (toujours excellente) révélation finale. C'est le whodunnit par excellence avec un casting de folie, un suspens à toute épreuve et quelques libertés prises qui ont du sens selon moi. Une meilleure adaptation que l'Orient Express à mes yeux.
7

Annotation :

Malgré une durée un poil longue pour le contenu du film, et quelques jumpscares pour meubler alors que le sujet ne s'y prête pas forcément, Abuela m'a beaucoup plu pour toute l'inversion du tabou autour du body-horror : l'histoire revisite les sorcières et le rapport au corps féminin dans une intrigue qui est plus troublante psychologiquement et physiquement que par des effets chocs. J'aurais aimé que le lore sur les pouvoirs, en l'état trop simpliste, soit plus approfondi, mais le concept reste assez fort et j'aime le fait que toutes les clés nous étaient données dès l'étonnante première scène.
7-

Annotation :

Après un premier acte qui laissait planner le doute sur le ton du film, Bullet Train prend de plus en plus son envol en gérant bien sa galerie de personnages hauts en couleur et ses fusils de Tchekov comiques qui reviennent aux moments les plus opportuns. J'ai explosé de rire à certains moments (la valise qui s'ouvre), et je me suis retrouvé étonamment très investi dans le sort de certains personnages. Mais ce schéma perd un peu de son charme quand le film prend trop au sérieux son "lore", et traîne en longueur dans une conclusion moins maligne qu'elle n'y paraît, avec une surenchère en trop. J'ai quand même passé un très bon moment grâce au casting et au fun communicatif de l'histoire.
6+

Annotation :

Très fan de Jordan Peele, j'ai été un peu déçu par Nope qui m'est apparu un poil trop simpliste pour le créateur. Les personnages sont légèrement trop faibles et irritants pour un film qui, dès le titre, souhaite renverser les poncifs d'épouvante de type "décision irréfléchie". Le montage essaye de remplir le temps plus que de l'exploiter. En revanche, l'histoire est si originale que je ne peux qu'apprécier le film malgré tout : le travail sur le son est super, et comme toujours le mix de genres fonctionne bien, avec les thématiques sur les animaux bien gérées (la scène du singe !) et le fond politique sur la première bobine de cinéma. Ce dernier point me semble tout de même un poil survolé, je n'ai pas bien saisi le lien que veut faire Peele avec la menace du jour. Peut-être que comprendre les origines d'un art - ou d'une menace alienne - permet de mieux appréhender le medium qu'est le cinéma ? J'y réfléchis encore, preuve que le film a son petit effet, même si globalement il est un peu longuet et moins fascinant que ses précédents.
6

Annotation :

(MCU en cours de rewatch)

Annotation :

Le casting de Pattinson en un Batman à ses débuts : incertain, idéaliste et débraillé, est un coup de génie qui permet de capter immédiatement mon attention. Pendant un temps et malgré des énormes longueurs de rythme, c'était suffisant pour me convaincre, avec une Zoe Kravitz également convaincante et une histoire de classes très prometteuse. Je suis beaucoup moins fan du dernier acte, qui selon moi n'assume pas ce que le film entreprenait au départ. En revenant à un happy-end assez classique où Bruce endosse le rôle d'un héros sans compromis jusqu'à réussir à sauver la société de l'effondrement dans un climax cliché, le film perd toute son originalité et fait un rétropédalage sur la vision d'un monde occidental pourri par les richesses qui appelaient à des mesures radicales. J'espérais ainsi vraiment que le film se serve du héros pour proposer quelque chose de neuf et une morale moderne moins manichéenne que d'habitude, mais puisque l'histoire s'est contentée du minimum, il ne me reste alors qu'à constater que trois heures pour une nouvelle origin-story classique, c'est beaucoup trop long. Matt Reeves cherche-t-il à garder des réserves pour relancer la saga ? C'est ce que la scène post-générique laisse malheureusement imaginer. En espérant alors que les prochains opus exploitent jusqu'au bout cette violence effleurée de cette introduction.
6

Annotation :

Un film absurde qui m'a pris par surprise, n'étant pas familier avec la filmographie de Quentin Dupieux. Si j'ai trouvé le temps trop court et la fin très brutale, juste pour subvertir encore plus nos attentes sur la construction d'un film, j'ai été malgré tout emporté dans cet univers loufoque et marquant. Le passage le plus drôle et le plus cru du film, celui sur l'histoire du poisson, laisse sans doute entrevoir ce que le film cherche réellement à raconter (l'absurdité du cinéma pour oublier le vrai monde), mais cela n'empêche pas le film d'être assez généreux et tordant par moments (le rôle de Poolevorde, le triangle amoureux avec le rat ou le segment de Blanche Gardon, sont tous assez hilarants). Le casting est dingue et les registres de chaque histoire sont suffisamment variés pour qu'on y trouve son compte, même si forcément, il y a un certain déséquilibre et une frustration dans tout ça, de par la nature-même du film.
6

Annotation :

Après un premier acte où on est tour à tour très enjoué, frustré et terriblement gêné, qui culmine avec une surprise choc (je n'avais vu ni trailer ni synopsis), le réalisateur met en scène un deuil lent et cruel, d'un point de vue d'un jeune adolescent qui n'a pas eu le temps de saisir ce qu'il se passe. C'est assez fort et on subit tout le film le coeur serré. En revanche, les longs plans rapprochés, les travelling répétitifs pour témoigner de l'avancée ou du recul des personnages, la musique très tire-larmes : malgré tout ce pathos bien souligné et très insistant, je n'ai finalement pas ressenti toute l'émotion attendue. Je sais bien que le but est de montrer des sentiments ambivalents et une difficulté à extérioriser et communiquer, et le film brille à certains moments grâce à ça (la superbe relation entre Leo et son grand frère notamment, ainsi que le deuil du père). Mais le film en devient aussi trop avare en dialogues notamment, ce dont j'ai personnellement besoin pour mieux vibrer. Tout n'est que suite de désamorçages jusqu'à une résolution finale particulièrement frustrante à ce titre. On se dit que Rémi est parti trop tôt, avant qu'on n'ait eu le temps de saisir vraiment toute leur relation. Là où cela reste fort, c'est que cela immite bien l'impression d'un souvenir d'enfance dont on n'a pas assez profité, qui tient en 3 ou 4 moments charnières, avant de basculer à l'âge adulte, d'arrêter de courir pour faire face. Et le plan final est particulièrement bien choisi pour cela. Bref, je ressens un décalage entre le potentiel émotionnel du film et à quel point j'ai été réellement touché, ce qui me dit que quelque chose ne collait pas tout à fait bien, mais le film reste assez marquant.
6

Annotation :

C'est un film un peu trop long pour moi, et je ne suis pas sûr de la pertinence de la sous-intrigue du fils qui vient un peu nous sortir du récit : il donne certes de la cohérence sur la "négligence" de ses parents, mais il n'y avait selon moi pas besoin de justifier ça. Le coeur du film reste super marquant et je suis fan de cette introduction inattendue tournée en plan séquence scindé en deux d'une tranche de vie réelle, qui donne déjà les clés pour comprendre la déchéance qu'on s'apprête à vivre. L'actrice Françoise Lebrun en particulier est excellente et nous fait ressentir toute l'émotion du script.
6

Annotation :

Le film passe à deux doigts d'être une superbe revisite du célèbre genre du Whodunnit, en nous invitant à le comparer sans cesse aux célèbres enquêtes d'Agatha Christie... ce qui ne lui rend pas honneur au final, la faute à une histoire assez tarabiscotée et surtout, une fin extrêmement banale et peu satisfaisante, qui ne raconte rien de spécial. Dommage, car avec son excellente idée de twist à mi-parcours où la jeune recrue, incarnée par l'excellente Saoirse Ronan, suspecte son propre superviseur, le tout aussi talentueux Sam Rockwell, on tenait là un discours surprenant et intéressant, qui aurait pu, à défaut d'être totalement inédit, totalement renverser nos attentes et unir toutes les thématiques du film. Mais non, le film abandonne cette idée qu'il traite comme une blague passagère, avant de reprendre une route sans trop savoir comment la conclure. Le meta trouve vite ses limites quand Agatha Christie elle-même est dépeinte dans l'acte final, sans que rien ne soit vraiment raconté par sa présence. Il aurait fallu agencer toutes ces bonnes idées différemment. En l'état, Coup de théâtre reste un Whodunnit divertissant et bien rythmé, surtout porté par un casting 5 étoiles même dans les seconds rôles - ce qui le fait aussi tomber dans le piège classique de les avoir surcastés... L'humour assez réussi et le duo d'enquêteurs assurent donc le spectacle, mais en tant qu'amateur du genre, je suis sorti avec un goût amer en bouche.
6

Annotation :

La revisite vampire joue bien son jeu sur tous ses actes d'exposition, avec des parallèles modernes bien vus sur les inégalités de traitement et de patrimoine. Le film veut clairement s'inscrire dans la lignée de la nouvelle horreur engagée lancée par Get Out, avec sa protagoniste attachante, sa sidekick amusante et ses thèmes politiques. Mais dommage que malgré des acteurs/actrice très convaincantes, le climax soit trop rapide et pas assez abouti. Je trouve globalement les critiques très dures avec ce film de genre qui reste bien plus intéressant que la moyenne.
6

Annotation :

Un conte atypique et visuellement léché, qui se prend je pense un peu trop au sérieux et plus intelligent qu'il ne l'est vraiment : l'ambiguité sur la réalité et la fiction est assez vite comprise, et la fin a beau livrer un message assez fort, tout le troisième acte à Londres est trop survolé pour qu'on soit vraiment touché. Je trouve le film assez déséquilibré entre ses segments poétiques et sa fin, ce qui fait que j'ai trouvé le temps assez long, et je n'ai pas vraiment cru à la romance. C'était sans doute en partie le but du film, mais je pense que cela dessert le propos, plus intéressant, sur la crédulité de l'héroïne. Cela reste un film avec une identité originale qui le rend assez marquant finalement.
6

Annotation :

Un film avec un nombre étonnant de bonnes idées ! On sent qu'au milieu de la vague Marvel, sur laquelle le film surfe allègrement, la "bande à Fifi" a aussi une vraie âme de fan de comics et propose une histoire dont la morale se voit venir, mais qui imite étonnamment bien celle du genre de super-héros, où n'importe qui peut réaliser des actions extraordinaires, tout ça. Bien sûr, quelques gags sont lourdingues, mais on ne peut pas leur reprocher de ne pas aller au bout du concept, et les twists fonctionnent étonamment bien.
6

Annotation :

Après avoir adoré Manbiki Kazoku (Une affaire de famille), j'ai été assez déçu par ce film. Kore-eda livre une certaine vision de la Corée en se basant sur les baby box, un concept plus terrifiant et mémorable que le reste fictif constitué par une histoire assez tirée par les cheveux, à la fin plus que frustrante et floue. Les personnages sont attachants et les acteurs très convaincants, mais ultimement ils sont tous trop lisses par rapport au sujet pour que les sentiments prennent. La partie sur la backstory du bébé et de Moon est particulièrement loupée, tout comme les rôles des deux policières qui retiennent trop d'informations au spectateur, ce qui fait que la fin part vachement en freestyle et est très peu satisfaisante. Le rythme est donc plutôt bancal et même si on s'est attaché, on reste sur notre faim.
5

Annotation :

Visuellement c'est super, et la morale du film est aussi joliment mise en scène que toutes les scènes de combat et de force brute. Mais cela reste beaucoup trop long à mon goût, avec un duel final très en-dessous du reste qui plus est. En retirant 45 minutes, on aurait une vraie épopée marquante, plutôt qu'un film qui semble trop intéressé par l'image et moins par ce qu'il raconte.
5

Annotation :

L'humour loufoque du duo incarné par les excellents Kiberlain et Lacoste suffit à passer un moment pas désagréable, mais j'ai trouvé fort dommage que le film soit aussi avare dans son aspect espionnage. Le scénario a des idées intéressantes mais semble, vers la fin, se débiner totalement et ne pas aller au bout du concept. Tout l'aspect "whodunnit" du traître de la troupe est complètement survolé par exemple, tout comme les personnages secondaires, et l'hommage à la BD entamé au début n'aboutit pas vraiment. Le film aurait mérité quelques relectures pour le rendre plus cohérent et abouti.
5