Classement Commenté \ Pirates des Caraïbes

Annotation :

Le pari fou de Disney donne naissance à ma saga d'enfance préférée. J'en prends plein les yeux, je chantonne les musiques, je tombe amoureux de Keira Knightley et Orlando Bloom, je veux devenir Jack Sparrow, je regarde le DVD en boucle tous les weekends. Et même avec mes yeux d'adulte, je continue d'y voir un blockbuster incroyable : je redécouvre le pastiche de la piraterie, le second degré ambiant, l'excellent travail sur le script dont pas un détail n'est laissé de côté. Le rythme est assez fou et les personnages moins linéaires qu'en apparence. Certes, malgré des plans excellents, le budget de 2003 fait parfois peu honneur à la grandeur de l'univers, misant donc plus sur un aspect historique que fantastique... mais le film fait de cette limite une force en excélant dans le détournement constant du mythe de la piraterie idéalisée, avec la moindre légende cassée par une idée insensée et fabuleuse. L'histoire est donc assez riche et certaines séquences sont parfaites à tout point de vue, notamment cette première scène introduisant Jack Sparrow qui résume déjà entièrement le personnage et le ton de la saga, et marque l'histoire au fer rouge du pirate des Caraïbes.
9-

Annotation :

Plus sombre, plus visuel, plus sérieux, plus délirant, Pirates des Caraïbes prend confiance et livre un deuxième opus qui se retrouve malheureusement contraint à devoir reporter un réel dénouement au dernier élément de la trilogie, mais qui n'en demeure pas moins un excellent accomplissement en tant que soi. Rempli d'auto-références, toujours aussi soigneusement écrit et introduisant bon nombre d'éléments clés dans l'univers de la saga, du mythique Kraken au phénoménal Davy Jones, "Le Secret du Coffre Maudit" est le séquel parfait qui parvient à capturer l'esprit de l'original, sans l'imiter toutefois puisqu'il impose sa propre patte macabre encore unique dans la saga, prolonge la mythologie, baigne dans une atmosphère absurde et complètement enivrante !
8+

Annotation :

Plus qu'un bouquet final, "Pirates des Caraïbes : Jusqu'au bout du monde" est l'aboutissement de toute une trilogie, mixant tous les éléments de la saga les plus iconiques tout en livrant une conclusion à peu de choses près parfaite. L'univers est gargantuesque, le scénario complexe et jouissif à suivre, le tout étant conçu comme un gigantesque jeu de plateau au milieu d'un "sea-opera", en quelque sorte. L'action et le climax en particulier sont excellents et le rythme parfait pour une durée pourtant proche des trois heures. Quant à la bande-son, elle est tout bonnement phénoménale, probablement l'une des meilleures compositions qui existent. Au milieu de tout ce raffut, la caractérisation des personnages et plus précisément des antagonistes demeure extrêmement juste, tandis que le film vogue de genre à genre et traverse plusieurs thématiques, d'une ode à la liberté à la métaphore de la mort, du blockbuster à la tragédie. J'en ai tellement rêvé de ce film quand j'étais gosse... certains diront que je ne suis pas objectif, peu m'importe, personne ne l'est jamais, nulle part. En ce qui me concerne, la fin douce-amère absolument terrassante me laisse un souvenir impérissable et m'a littéralement traumatisé. L'avoir en tête et revoir toute la saga provoque en moi un sentiment de nostalgie indescriptible. Pirates 3 est un film personnel, mais un film grand, ambitieux, et épique, et qui tout comme "l'âme des pirates, jamais ne mourra"...
10

Annotation :

Jusque là, la saga allait crescendo à mes yeux même si les trois premiers films sont finalement très proches en termes de qualité. Succéder à la trilogie initiale n'était pas chose aisée. Malheureusement, Pirates 4 échoue. Si la quête de la fontaine permet un divertissement facile et une extension de l'univers fantastique de la série, elle n'a pas le charme de la trilogie originale, la faute à un scénario basique et peu ambitieux, voire parfois incohérent. A l'image des nouveaux personnages, quasiment tous ratés - Penélope Cruz en tête, l'aventure sonne creuse. Johnny Depp cabotine alors qu'il n'a jamais été le centre d'attention de la série. La scène finale rappelle difficilement les souvenirs du bon vieux temps de la piraterie, symbole de liberté et de protestation, des thématiques timidement présentes au début du film et à travers le personnage de Barbossa, rien de plus. Geoffrey Rush tire d'ailleurs son épingle du jeu et parvient donc à rappeler l'esprit Pirates des Caraïbes, mais la saga a vieilli. Sans l'ancrage émotionnel du couple Willizabeth et avec aucun substitut décent, le bateau Pirates a pris l'eau. On aboutit avec beaucoup de mal à un film d'aventure certes sympathique en soi mais qui ne suscite qu'amusement passager et désintérêt croissant, bref, aucune émotion durable, à part peut-être celle de la déception...
6-

Annotation :

Revigorer toute une saga morte depuis 10 ans, ce n'est déjà pas chose aisée, mais c'est encore moins facile quand on pense que nos personnages eux aussi ont pris 10 ans... et que le spectateur également. Dès lors, tout notre rapport au film en tant que fan dépend de ce contrat passé dès l'entrée en salle de faire co-exister une ancienne génération et une nouvelle ère.

Tous les éléments du film peuvent s'inscrire dans une thématique de fanservice et/ou de nouveaux apports à la mythologie du monde des Caraïbes. Les meilleurs aspects du film combinent les deux : le personnage de Barbossa et sa conclusion déchirante mais ô combien cohérente en est le meilleur exemple. Le spectacle est toujours garanti et l'action plus inventive que jamais, avec des idées géniales d'un casse de banque en mouvement au décor de Moïse comme climax, en passant par des requins-zombies en guise de jet-ski. Un accent est mis sur le contexte historique fictif mais ancré dans le réel, avec des thématiques un peu actualisées telles que la science et la place des femmes. Mais... mais en parallèle, certains éléments sont totalement à côté de la plaque, notamment l'intrigue désastreuse de Salazar et l'histoire incohérente du compas, ou bien un personnage de Jack complètement lessivé (avec lequel le film tente néanmoins de s'amuser en brisant parfois le quatrième mur), qu'on aurait peut-être dû laisser tranquille pour ce film en ne gardant que son origin-story, quitte à bien plus assumer cette dernière au lieu de la limiter à une (excellente) scène.

Alors parfois, il semblerait qu'il y avait peut-être une incompatibilité entre vouloir un film inscrit dans la saga, et un blockbuster qui développe sa propre histoire en standalone. La quête du Trident par exemple, justifiée et en lien avec la saga, est ultimement assez brouillon et loin d'être inoubliable. Les nouveaux personnages ne sont certes pas assez présents, mais on a vite fait de s'y attacher.

Ah, et j'ai chialé. Ouaip, impossible de se retenir en encaissant l'énorme claque lors de la fin du film, pleine de bons sentiments mais d'une sobriété classe et d'un impact émotionnel indescriptible. Cela contribue peut-être plus que cela ne devrait à mon ressenti, mais je m'en tape. Pirates 5 a peut-être un méchant pourri, un Jack au plus bas et un humour discutable, il reste un très bel effort de fusion de générations, et surtout, il offre un point de chute à ma saga préférée, ce qui est en soi un accomplissement plus qu'honorable.
7-