Classement Commenté \ Scream

Annotation :

Je suis fan de cette suite que je trouve même supérieure à l'original sur plusieurs points. Libéré de la contrainte d'introduction de la franchise, Wes Craven peut s'adonner à son plaisir favori : décortiquer son propre film d'horreur et toutes les ficelles attendues d'une suite au passage. Dès la première scène mettant en scène le film "Stab", la parodie de "Scream" au cinéma, le ton est donné : tout est prétexte pour parodier la parodie et détourner tout ce qu'on peut détourner. Ce n'est pas un hasard d'ailleurs si l'acte final se déroule dans les décors d'une pièce de théâtre aux allures de tragédie grecque : le film sait qu'il se veut encore plus grandiloquent et théâtral pour égaler le phénomène du premier opus. Wes Craven exploite donc l'imagerie très marquante de la saga lancée par le premier opus, de Ghostface aux couteaux en passant par ses climax nocturnes très visuels et l'intégration de nombreux formats d'image dans la réalisation. Avec un scénario plus abouti, des personnages plus fouillés (le retour du présumé coupable du premier opus, la relation Gale/Dewey qu'on sait forcément innocents...), ainsi que plus d'humour, le film est construit en miroir au premier film mais approfondit tous ses aspects et prend à revers les discours sur les suites. Scream 2 surmonte ainsi un challenge encore plus compliqué que démarrer une saga : celui de la poursuivre. C'est encore plus impressionnant dans le genre de l'horreur qui doit par définition se renouveler constamment et éviter d'être prévisible.
8

Annotation :

Wes Craven comprend tout ce qui fait l'intérêt d'un bon film d'horreur et créé au passage un vrai sous-genre avec ce slasher moderne qui n'a presque pas pris une ride en 30 ans. La mise en scène extrêmement efficace utilise des procédés classiques mais exemplaires en termes d'anticipation et de surprises, et même si ce n'est qu'un premier opus, le scénario a déjà parfaitement conscience des poncifs du genre (le film s'appelle littéralement "Scream") et opère tout un commentaire méta intéressant sur son propre fonctionnement... en plus de réserver quelques surprises bien placées, quoiqu'un peu grosses. De quoi être juste ce qu'il faut d'exagéré et d'addictif, et de donner envie de voir un séquel que le film prévoit déjà ouvertement !
8

Annotation :

Sixième opus et la saga est plus vivante et bourrée d'idées nouvelles que jamais, c'est juste génial ! La grande force du film c'est sa capacité à être à la fois :
- un remaster subtil du 2, avec l'analyse meta de la recette d'une suite et l'acte final où un parent du tueur du précédent opus se met en scène dans un décor de mise en abyme assez sublime (même le nom des réal est révélé de façon anticipée pour coller au plan sur le grand écran),
- une suite à l'opus 5 réussie, poursuivant la réflexion sur le fanatisme avec cette belle idée de reprendre une théorie de fans sur l'implication de Sam pour la tourner contre elle. Un joli rappel engagé que les héroïnes ont rarement l'opinion publique derrière elle quand un petit groupe la harcèle. Sam prend ainsi vraiment de l'ampleur, plus que Sid n'en a jamais eu d'ailleurs,
- une proposition originale sur pas mal de tableaux, avec le twist final, l'excellente scène d'intro, l'utilisation du changement d'ambiance vers une grande ville pour des scènes d'action haletantes variées... donnant au film sa propre identité,
- et surtout, une véritable lettre d'amour à la saga, encore plus que le précédent. Libéré du poids de faire revivre une franchise (un terme que les personnages citent enfin) sans paraître trop fanservice, cet opus se lâche en décortiquant clairement le passé de Scream sous forme d'hommages aux anciens tueurs dans ce musée fanfic. Les persos legacy sont de nouveau très pertinents : l'inattendue Kirby en faux-coupable parfait, et Gale qui confronte pour la première fois Ghostface, toujours renvoyée à son addiction maladive à cette saga, ce qui rappelle intelligemment Courteney Cox au passage. Même l'influence des absents (Sid, Dewey) plane sans faire de l'ombre aux nouveaux.
Et c'est encore un film qui a la magie de dire à son audience tout ce qu'il va faire tout en restant surprenant, nous menant dans 5 directions différentes avant de conclure par la plus logique (les proches de Ritchie revenant se venger, teasé par plein d'indices) dans un climax épique. Lorsque l'héroïne assume son rôle d'héritière de Ghostface en embrassant la violence, on obtient même un propos assez rafraîchissant annonçant un 7ème opus peut-être encore plus sombre.
Bon, la plot armor des personnages est clairement trop grosse, c'est vraiment ce qui nuit au plus le film, mais ne boudons pas notre plaisir face à une production si pertinente et bien réalisée, qui est encore plus riche et complète que la précédente.
8

Annotation :

Là où le premier Scream reprenait les poncifs du slasher survival, 25 ans plus tard, ce "requel" auto-défini s'attaque justement aux poncifs des retours aux anciennes franchises, à travers un scénario pertinent qui jongle aussi bien avec les éléments cultes de la série qu'avec des nouveaux. Le casting des jeunes est particulièrement réussi à ce titre. Même si en termes de gestion du slasher, il y a des imprécisions dommageables qui ne sont pas très dignes de la licence (les personnages qui n'enlèvent pas le masque du tueur, entres autres, ce que le film essaie maladroitement d'aborder), la prise de risque sur certains retours est louable, et le décalage comique entre l'ancienne génération et la nouvelle donne lieu à une auto-critique très réussie (particulièrement fan du passage bad-ass où Sid et Gale arrivent dans la maison face à la tueuse qui joue la victime et ne sont pas dupes !). Pour couronner le tout, les révélations finales subliment bien le propos du film, en étant en apparence très classiques, et dans le fond totalement innovantes grâce au mobile 2.0 de haters puristes qui sacralisent le passé. Si les premiers Scream parodiaient les films et les attentes, ce film prend pour cible le fandom et agit comme une réponse à toutes les fanbases reddit que je trouve très toxiques et hypocrites, notamment les haters de Rian Johnson sur Star Wars 8 (ouvertement cité), un pied-de-nez que j'ai beaucoup apprécié. Dans l'ensemble c'est un retour très réussi qui relance la saga avec créativité et modernité, tout en respectant l'oeuvre intemporelle de Wes Craven.
7+

Annotation :

10 ans après le dernier, Scream revient avec un script qui lève un peu le pied sur les auto-références mais qui a tout de même très bien conscience de sa nature de reboot avec sa nouvelle génération de personnages et les schémas toujours identiques au premier film. Si le déroulement n'est pas des plus créatifs ou palpitants, avec encore beaucoup de plot armor pour Gale, Dewey et Sidney, le film est particulièrement réussi grâce à Emma Roberts qui campe une cousine insoupçonnable à l'origine d'un acte final malin, qui reprend celui du premier film mais l'étend vers une mise en scène maligne. Même s'il y a cette notion de "l'ultime survivante" au centre des motivations du scénario, le mot d'ordre n'est plus de parodier le cinéma d'horreur ou la saga elle-même, mais bien la recherche du succès à tout prix en voulant reproduire une formule réussie. Et malgré ses faiblesses, le film est donc plutôt plaisant là-dessus et réussit bien à transmettre sa morale principale.
6

Annotation :

Le plus nul à mes yeux, probablement sorti trop tôt. On voit très vite l'attrait par rapport aux deux premiers : conclure la trilogie, proposer un propos sur le retour aux sources et encore plus de méta sur les scripts qui tournent en boucle... le problème c'est que, malgré toutes les bonnes idées qu'il peut y avoir, le script foire complètement son aterrissage avec cette intrigue de frère caché impossible à prendre au sérieux. La plot armor des personnages principaux commence à être un vrai problème et le cliché semble avoir dépassé le subversif. Les séquences horrifiques et le rythme sont aussi beaucoup plus inégaux, avec des morts souvent bêtes et des décors bien moins impressionants que les deux premiers, qui savaient occuper l'espace avec intelligence. On est ici clairement dans le mauvais film.
4