Dionysiaques princeps 2020

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Un énorme travail, dense et solide. Indispensable pour aborder l'histoire du Moyen-Orient.

Edit : la première moitié est extrêmement intéressant et ouvre d'incroyables remises en perspective de ce qu'à pu être l'histoire de cette région, du berceau même de notre civilisation. L'imaginaire commun sur la Mésopotamie, pour ceux qui savent de quoi il s'agit, se limite souvent à un imaginaire fait de barbes tressées, d'écriture, de ziggurats et de Babylone.

Imaginez seulement combien de fois les mœurs, les modes et l'esthétique ont bougé en seulement deux ou trois siècles. Par exemple, voici 305 ans que Louis XIV est mort. Imaginez maintenant cela sur plusieurs millénaires. Et pourtant ! nos représentations de ces périodes antiques sont tellement hiératiques... Une porte bleue, un peu de poussière rouge, quelques canaux entourés de champs verdoyants, toujours ces barbes épaisses et tressées.

D'innombrables empires, cités et royaumes ont eu le temps de naître, d'atteindre leur apogée puis de mourir. Des fleuves de sang ont été déversés. Les bases de la Bible posées. Les pires horreurs commises : massacres, supplices et déportations. L'écriture inventée, la civilisation et la société sorties de l'argile rougeâtre du Tigre et de l'Euphrate.

PS : Complété par la lecture du chapitre correspondant (Asie occidentale ancienne) de l'encyclopédie de la Pléiade. Histoire de faire un peu d'épistémologie maison...

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Tout cela vaut bien un Dumas. Très romanesque, à prendre dans son jus...

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Pourquoi est-ce que je n'ai pas lu Conrad avant ? C'est puissant, habité et ambigü ; dire qu'il n'est même pas considéré comme une de ses œuvres majeures !

PS : Rokhaya Diallo en détresse respiratoire, livre raciste à interdire absolument...

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Un exemple de littérature évanescente, où Auster nous perd en pistes et en fausses pistes, où les affaires sont surtout des mystères, dont la conclusion n'en est jamais vraiment une et la ville seulement un lieu de passage. Comme un Kafka qui ne serait pas kafkaïen et dont les protagonistes n'erreraient que devant leur reflet dans un miroir.

Annotation :

Si l'on en apprend beaucoup plus sur la Weltanschauung de Baudrillard que sur l'Amérique en elle-même, reste qu'il s'agit d'un objet fascinant d'une lucidité souvent crue.

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Edition lue : Le Livre de Poche, octobre 1999, traduction par Philippe Brunet et commentaire de Marie-Christine Leclerc

Rapport qualité-prix imbattable, exhaustif et parfaitement adapté au lecteur non spécialiste, même pour ses parties les plus complexes à appréhender.

Théogonie : Mais également cosmogonie et anthropogonie, les bases du panthéon sont posées. Aussi indispensable que l'Edda, la dimension eschatologique en moins.

Les Travaux et les jours : Principalement intéressant pour les précisions apportées au mythe de Pandore et de l'âge d'or, la suite du poème est surtout illustrative des élements triviaux de la vie quotidienne et de l'idéal laborieux grec de l'époque.

Le Bouclier : Poème certainement apocryphe. Le principal problème est que le bouclier d'Hêraklễs est un drôle de patchwork, malgré quelques bonnes idées. Pour le reste ça vaut bien un epyllion de Triphiodore.

Fragments : Quelques passages intelligibles au milieu d'un immense et parcellaire fatras de noms. D'un intérêt limité pour le non spécialiste.

La Dispute d'Homère et d'Hésiode : Un bonus sympathique bien qu'un brin hors sujet...

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Enfin terminée après ces quelques années avec un tome tous les deux ans. Je pense que je vais finir par acquérir la Risset et la Pézard, il manque clairement quelque-chose au travail de Danièle Robert...

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Comment parler de l'altérité ? Michaux y répond en assumant ses biais plutôt qu'en les masquant, en portant son regard purement occidental sur une Asie qu'il ne peut comprendre, que l'on ne peut comprendre.

Cela pourrait être de l'essentialisme mais la subjectivité assumée, la distance prise avec ses impressions et ses observations de voyages ainsi qu'avec les conclusions qu'il en tire est telle que l'hypothèse doit être écartée.

Une fois débarassé de cet espèce de relativisme poli, qui fait s'extasier les gogos sur les manifestations les plus pitoyables des civilisations un tant soit peu exotiques (Oh ! regardez moi donc ce bon sauvage, qui se trémousse avec une feuille dans le fion en crachant du feu ! N'est-ce pas admirable mon cher Henri ?) le livre fait preuve d'une exemplaire légèreté.

Alors que les bonnes âmes d'aujourd'hui trouverait tout cela fondamentalement toxique et raciste, voilà à mon sens le véritable antidote : juger l'altérité comme on jugerait les siens, une chose du monde qui peut être belle ou laide, que l'on trouve stupide, désagréable ou sublime, qui renvoie parfois à ses propres aberrations et tropismes culturels, sans arrière pensée.

Et surtout, n’oublions pas que de leur point de vue, nous nous ressemblons tous...

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Plus historiographique qu'historique, fondamentalement abstrait et ontologique mais indispensable pour aborder le nazisme autrement que par sa perspective mythique.

Attention, ce livre n'est pas tellement facile d'accès et il faut une connaissance solide des évènements du nazisme pour suivre aisément. La chronologie de l'édition poche est un bon rappel mais serait clairement insuffisant pour le novice.

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Que savons-nous de la Grèce antique ? Notre connaissance en est souvent limitée à une période d'environ deux siècles. Une goutte d'eau dans une histoire millénaire.

Ici l'on revient aux fondamentaux, présentés solidement dans une édition cohérente et riche en illustrations dont le seul réel défaut est le prix relativement élevé. Comme pour la Mésopotamie, il permet de survoler de manière satisfaisante une période globalement méconnue par le grand public. C'est une première approche idéale si l'on est véritablement intéressé par le sujet.

Il est simplement dommage que les parties sur le Bronze égéen soient aussi minces vis-à-vis de celles sur la période archaïque (qui doit occuper une bonne partie du bouquin à elle seule). Cela fait quand même beaucoup, bien que le matériel historique disponible joue presque toujours clairement en faveur des périodes plus récentes. Heureusement que cela est compensée par un approfondissement qui ne manque pas d'intérêt.

PS : Complété par la lecture du chapitre correspondant (La Grèce) de l'encyclopédie de la Pléiade. Histoire de faire un peu d'épistémologie maison...

Annotation :

Une bonne approche de la matière pour l'amateur éclairé. Son principal défaut est d'être tout à fait lapidaire. Il ne faut pas oublier non l'encyclopédie pour certains termes et ne pas hésiter à compléter avec quelques éléments biographiques pour certains personnages historiques.

Parce-que si tout le monde replace Saint Louis, Phillipe le Bel ou Frédéric Barberousse, c'est déjà plus complexe pour Charles Ier de Flandre ou Grégoire VII.

Annotation :

On remonte ici aux origines de la fable, bien loin de la délicate sophistication des œuvres de Jean de La Fontaine. C'est un point fort comme cela peut en être exactement l'inverse. Il est simplement dommage que certaines morales soient si peu en rapport avec l'objet du récit associé.

Annotation :

Plus efficace (et moins pénible) que Méridien de sang, sans l'étincelle de la Route. Le roman est cependant plus cinématographique que littéraire, sec comme le désert qu'il dépeint.

Annotation :

Une lecture assez ironique en ces temps de remontées marécageuses, même si la nouvelle de Mann n'a que peu à voir avec les journaux de cette raclure de bidet qu'est Matzneff.

Ici l'on est plus dans l'évocation de la démesure, l'aveux à demi mots de penchants honteux qu'une vilaine cosmétique ne suffit à masquer ; qu'il s'agisse d'un peu de fard ou de rhétorique antique.

Voir Venise sortie de son cadre romantique est également assez plaisant. Les ballades en gondoles valent bien les taxis parisiens, les camelots s'en donnent à cœur joie et l'on ressent tant une lumière glauque qu'une atmosphère méphitique à travers les pages. Tout n'est évidemment pas teinté de gris mais les rares éclats lumineux ne semblent là que pour appuyer l'illusion déraisonnable de cette passion sur le retour.

Retenons qu'à la beauté coexiste absolument la laideur, sain rappel dans un monde où l'aseptisation visuelle de l'idéal prend une ampleur inédite.

Annotation :

J'ai un peu abandonné la critique philologique, les noms de lieux, les époques et les contextes politiques. C'est plutôt difficile d'accès pour ceux qui ne sont pas experts en histoire chinoise. Cela dit, c'est une formidable ouverture vers une littérature des plus lointaine temporellement et géographiquement.

Une autre logique, d'autres référentiels, un autre mode de pensée s'y imposent. On voyage, rien à y redire.

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Subtil et raffiné, empli de la mélancolie et de la tristesse des voies que l'on n'a pas pu ou su prendre, de la fin d'une époque que l'on a à peine connu.

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Des concepts clairs, un cours plutôt bien écrit qui reste encore séduisant après 70 ans et de nombreux changements des régimes politiques. Après, cela reste un cours avec les limites inhérentes que cela peut comporter. Bon on passera un peu sur l'introduction comparant Maurras et Alain, qui n'intéressera pas grand monde.

Annotation :

C'est daté, on le savait dès le départ, mais la perspective est très séduisante. Ses limites lui sont propres (il devait bien être conscient que l'on ne peut appliquer ses catégories à celle d'un peuple vivant voici 5000 ans alors même que l'on ne comprend pas toujours ses propres voisins) mais quand bien même !

Malheureusement la remise à jour des 70s est légère et il mériterait une sérieuse réactualisation. Les découvertes plus récentes invalident certaines hypothèses et font remarquer que l'interprétation de quelques tablettes sont complètement fausses, jusqu'à conduire Kramer vers des extrapolations maintenant grotesques.

Annotation :

Intéressant, instructif, factuel. Badinter pioche un peu partout dans ses articles (surtout sa trilogie au Monde de 1977), résume les luttes politiques autour de l'abolition en plaçant judicieusement ses arguments, plein de bienveillance. Il écrit bien, c'est assez fluide mais tout cela devient bien froid, distant même, dès que l'on quitte le prétoire. Le contraste avec sa diction parfois bouillonnante est patent.

Je peux aussi comprendre que la lecture de ce livre soit pénible pour un fervent partisan de la peine capitale. Personnellement, je n'ai ni sa pitié ni sa bienveillance, tout en partageant sa conviction que l'État ne doit pas tuer. Après, nous devons concéder n'avoir jamais assisté à la décapitation d'un homme, derrière un grand dais noir, dans la cour glauque d'une prison à la fraicheur de l'aube. Seulement, que l'on partage ou non ses vues, c'est un indispensable de la culture juridique française. Il a fait l'histoire, tout simplement.

Annotation :

Édition lue : billingue, traduction de Danièle Robert.

Je ne sais si c'est moi ou cette dernière partie mais globalement elle m'a assommé. On sent pourtant que ce Paradis vit dans l'esprit de Dante, on sent qu'il rêve de béatitude dans ces sphères au goût amer de paradis artificiel. Seulement, il est bien plus intéressant quand il casse du sucre sur le dos de ses contemporains. C'est ainsi.

Quant à la traduction... je n'ai pas tellement été convaincu pour ce troisième volume.

Annotation :

Étiemble est fidèle à sa réputation : acéré et parfois obscur pour le néophyte.

Quant au Tao, qu'en dire ? La fameuse sagesse orientale, des lignes altérées par une langue étrangère dont vingt-six siècles nous séparent et les sophismes néssaires à toute philosophie (« La droiture suprême paraît sinueuse », n'est-ce pas le Vieux ?). De toute façon, ses seuls concepts nous dépassent ; trop anciens dans un berceau civilisationnel qui n'est même pas le nôtre. On ne pourra jamais penser comme le Vieux ou maître Kong mais cette modeste approche de la Voie reste fort éclairante pour aborder la pensée chinoise et ses fondements.

Pour la note, cela traduit plus les ambitions modestes de l'édition (peu de notes, variantes, pas d'établissement du texte...) que le texte en lui-même. Heureusement que la préface d'Étiemble et les choix de traduction sont séduisants. Après, je ne suis pas sinologue.

Annotation :

Accessible au néophyte, sérieux et bien sourcé mais malheureusement un peu austère, à s'en trouver presque scolaire.

Je pense relire les Mémoire d'Hadrien et m'occuper du passage correspondant dans l'encylopédie de la Pléiade pour complèter un peu.

Annotation :

Hawking a le fondement entre deux chaises roulantes et sa vulga loupe un peu son coup. Si c'est globalement loin d'être incompréhensible pour quiconque a un minimum de bagage scientifique, ça ne l'est absolument pas pour tout le monde et certains développement abscons ou concepts abstraits désarçonnent même le grand public cultivé.

À revoir avec plus de bagage certainement pour approfondir tout ce qui est théorie des cordes, certains développement du chapitre 8, l'entropie des trous noirs ou les détails des particules genre quark, gluon, graviton...

Annotation :

Instructif mais très succint. Tout cela aurait mérité d'être moins sec.

Annotation :

Une bonne introduction aux mythes mésopotamiens. Malheureusement, comme les autres de la série, le livre est bien court pour son prix. Après, c'est toujours plus rentable que « Lorsque les dieux faisaient l'homme » de Bottéro et Kramer (malheureusement presque introuvable sous les 300€).

Annotation :

Plutôt varié, avec un point de vue intéressant et mesuré. L'exercice a ses limites mais tant que ce n'est qu'une seule fois...

Annotation :

Mann nous offre un motif de narration vu et revu. Si l'angle n'est pas inintéressant et le traitement convenable, c'est tout à fait insuffisant pour emporter l'enthousiasme.

Reste une partition de Wagner admirablement jouée.

Annotation :

Un petit livre dans la même veine que La Nuit des Temps de Barjavel, en à peine mieux, mais pas de quoi crier au génie non plus. Certes, c'est un peu moins niais mais l'on comprend aussi assez aisément pourquoi ce livre a servi de base à un scénario hollywoodien.

Annotation :

Un roman plombé par son absence de style et sa propension à verser dans la surenchère sordide à la première occasion. Et par pitié, il faudrait que les quarantenaires arrêtent de parler des réseaux sociaux.

Annotation :

On s'oriente vraiment dans de la fantasy pur jus avec ce tome. Autant dire qu'il faut être client. Toujours idéal en lecture fast-food, dommage que le manque chronique de profondeur et l'aspect toujours trop lisse des personnages vienne un peu gâcher le tableau.