Discographies - Hip Hop

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A Tribe Called Quest (1988-2013)
Hip-hop - USA

People's Instinctive Travels and the Paths of Rythm* (1990) - 6/10
The Low End Theory (1991) - 5,5/10
Midnight Marauders* (1993) - 6,5/10
Beats, Rhymes and Life (1996) - 4/10
The Love Movement (1998) - 4/10

A Tribe Called Quest est un collectif de hip-hop à vocation artistique, dont l'essentiel de la production a lieu au début des années 90. Il est composé des MCs Q-Tip et Phife Dawg, et du DJ Ali Shaheed Muhammad. En solo, seul Q-Tip a par la suite une carrière notable. Leur premier album fonde l'esthétique jazz rap (jazz-hop) ; il se caractérise par de nombreux emprunts à l'univers du bebop. Il manque cependant d'unité, car trop long et trop éparpillé. Il est également faible lyricalement, en dépit du timbre de voix si particulier de Q-Tip. Le deuxième disque de A Tribe Called Quest est considéré comme un classique. Il fait suite aux revendications du groupe, lequel déclare produire un rap "abstrait", par opposition à l'étiquette de "jazz rap" qui lui a été imposée. N'ayant plus le monopole du genre (Gang Starr sort, début 1991, Step in the Arena, à la production jazzy et aboutie), A Tribe Called Quest s'engage sans grand succès dans la voie du minimalisme. Cela donne lieu à une production dépouillée et focalisée sur les basses (le bassiste Ron Carter contribue au disque sur Verses From the Abstract). Thématiquement, l'album est également plus sérieux, s'inscrivant dans le courant émergeant du rap conscient. Midnight Marauders reste l'opus du groupe le plus convainquant. La production y est de nouveau complexe et gagne en hardiesse (sur l'excellente Award Tour, mais aussi sur 8 Million Stories ou Midnight) tout en présentant des titres accessibles. L'album innove également par l'ajout d'une narratrice dont les interventions parcourent le disque, matérialisée par une voix robotique. L'inspiration vient à manquer sur les deux derniers disques du groupe, qui semble trouver là les limites de son esthétique abstraite.

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Boogie Down Productions (1986 - 1992)
Hip-hop - USA

Criminal Minded (1987) - 5,5/10
By All Means Necessary (1988) - 4/10
Ghetto Music: The Blueprint of Hip-hop (1989) - 3/10
Edutainment (1990) - 3/10

Boogie Down Productions est un collectif de rap conscient / gangsta rap dominé par la figure de KRS-One, lequel poursuit d'ailleurs sa carrière en solo. Criminal Minded est un album de moyenne facture à la production datée, qui revêt cependant une importance historique à l'échelle du genre. Sa pochette est l'une des premières sur lesquelles des armes à feu sont clairement visibles ; l'intérieur du disque est à son image, proposant une description crue du style de vie des gangsters de l'époque. Par sa -relative- glorification de ce dernier, Criminal Minded influence le courant du gangsta rap ; mais parce qu'il contient aussi des titres moins optimistes (par exemple The P is Free), l'album influence également le rap conscient. La mort par balle de Scott La Rock, officiant alors comme DJ du groupe, fait que leur deuxième opus, By All Means Necessary, s'enfonce encore davantage dans la critique sociale. Cette politisation de leur musique ne fait dès lors que croître ; sur les deux albums suivants, Boogie Down Productions adopte une position afrocentriste similaire à celle du collectif Public Enemy.

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DJ Quik (1970 - ????)
Hip-hop - USA

Quik is The Name (1991) - 4/10
Way 2 Fonky (1992) - 5/10
Safe & Sound (1995) - 5/10
Rythm-al-ism (1998) - 4/10
Balance & Options (2000) - 3/10

DJ Quik est l'un des producteurs les plus importants de la scène West Coast. Dès son premier album, il pose les bases de son style musical, qui se caractérise par des productions chaleureuses et accessibles, avec des hommages appuyés aux univers de la funk et de la soul. Il le raffine sur Way 2 Fonky et surtout Safe & Sound, deux disques emblématiques du son G-Funk. Si DJ Quik évolue au niveau technique, adoptant par exemple la talkbox chère à Zapp & Roger, il stagne au niveau lyrical. Les mêmes thèmes reviennent sans arrêt sous sa plume : l'argent, la drogue, les gangs, et surtout une fétichisation obsessive de l'acte sexuel. Il faudra attendre Rythm-al-ism, et surtout Balance & Options pour voir ses textes mûrir et sa production faiblir.

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Gang Starr (1985-2006)
Hip-hop - USA

Step In The Arena* (1990) - 6,5/10
Daily Operation (1992) - 4,5/10
Hard To Earn (1994) - 5/10
Moment Of Truth* (1998) - 6/10

Formé par le MC Guru et le légendaire DJ Premier, Gang Starr livre, avec Step In The Arena, l'un des premiers disques donnant à entendre des samples de jazz. "Primo" y trouve déjà son style, imprimant de sa patte un opus plus abouti que celui de A Tribe Called Quest sorti la même année. Le groupe peine à se renouveler sur Daily Operation, qui parait deux ans plus tard ; la production, quoique toujours bonne, ne parvient pas à enthousiasmer. Elle n'est plus aussi inédite, et pâtit du flow apathique de Guru. Sa diction paresseuse tire également Hard To Earn vers le bas. Ce dernier a cependant le mérite de proposer des beats plus vigoureux et plus proches du boom bap, donnant lieu à quelques bangers efficaces (la très bonne Code of the Streets, par exemple). La discographie de Gang Starr se clot sur le colossal Moment of Truth. Le groupe y aspire à se mettre à jour ("we update our formulas", déclare Guru en intro), et réussit plutôt bien sa transition vers des sonorités plus modernes. Sur Moment Truth, Gang Starr semble avoir trouvé une forme de compromis entre accessibilité et profondeur ; Work et It'z a Setup sont parmi leurs meilleurs titres. Bien que relativement homogène, ce double album reste tout de même un peu long.

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Goodie Mob (1991 - ????)
Hip-hop - USA

Soul Food (1995) - 5,5/10
Still Standing (1998) - 4/10

Goodie Mob, composé de quatre MCs d'Atlanta, est un collectif de rap conscient. Dès Soul Food, les membres s'inscrivent dans une démarche de critique sociale ; ils traitent de sujets graves : misère, gangs, racisme, etc. Still Standing sort trois ans après, et s'inscrit dans la même optique, avec une production un peu moins bonne .

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Kool G Rap (1965 - ????)
Hip-hop - USA

4,5,6* (1995) - 6/10
Roots of Evil (1998) - 4,5/10
The Giancana Story (2002) - 3/10

Icone du gangsta rap, Kool G Rap contribue à le renouveler ; délaissant la thématique initiale du genre, il lui substitue des références à l'univers du luxe et aux figures de mafiosos. Ses textes polyrythmiques, qu'il livre avec un débit et une endurance surprenantes, influencèrent également de nombreux rappeurs. 4,5,6 est son album le plus abouti ; il est suivi de Roots of Evil, dont la production, moins intéressante, est compensée par des bangers techniques (One Dark Knight, Foul Cats). The Giancana story, pour sa part, manque cruellement d'inspiration.

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Organized Konfusion (1989 - 1997)
Hip-hop - USA

Organized Konfusion** (1991) - 7/10
Stress : The Extinction Agenda** (1994) - 8/10
The Equinox (1997) - 4/10
Internal Affairs (solo) (1999) - 4/10

Formé par les rappeurs Prince Po et Pharoahe Monch, Organized Konfusion reste à ce jour l'un des collectifs de hip-hop les plus admirables. Leur premier album est révélateur de leur potentiel ; les beats y sont denses et complexes, avec un usage du sampling particulièrement abouti. Musicalement, l'album use d'un héritage varié, de la soul (Walk Into the Sun, Fudge Funk) au jazz (Fudge Pudge, Open Your Eyes), en passant par le funk (Audience Pleasers, Jiminez Criqueta) ; on y trouve aussi des productions plus audacieuses, comme la cyberpunk Releasing Hypnotical Gases. Les textes traitent de thèmes variés, tantôt graves, tantôt plus légers, avec un usage bien senti des métaphores et jeux de mots, encore renforcé par le flow chantonnant des deux MCs. On peut cependant s'interroger sur la pertinence de certaines chansons (par exemple Who Stole My Last Piece Of Chicken), l'album étant tout de même assez long. Ces défauts sont corrigés sur l'excellent deuxième opus du groupe. La production s'y fait plus minimaliste et plus mémorable. Le style des MC se raffine, avec des schémas rythmiques complexes (3-2-1), une narration innovante (la personnification, à la première personne, d'une balle sur la célèbre Stray Bullet), et un flow plus abstrait. Organized Konfusion tente ensuite de donner naissance à un concept album narrant l'ascension et la chute de deux adolescents des rues, un peu sur le modèle d'un film de Scorsese, sans grand succès toutefois. En solo, Pharoahe Monch retourne à une production plus jazzy et très proche du boom bap ; il donne également plus de place aux featurings, jusqu'ici négligés. S'il conserve un certain lyricisme, Internal Affairs n'est que de moyenne facture.

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Outkast (1992 - ????)
Hip-hop - USA

Southernplayalisticadillacmuzik (1994) - 5,5/10
ATLiens* (1996) - 6/10
Aquemini* (1998) - 6,5/10
Stankonia (2000) - 5,5/10

Duo musical formé par les MCs André 3000 et Big Boi, Outkast est surtout connu pour ses tentatives d'échapper à l'esthétique hip-hop traditionnelle. Leur premier album, Southernplayalisticadillacmuzik, ne laissait pas présager de telles ambitions : ce dernier développe des sonorités typiques du sud des Etats-Unis, avec des beats funky évoquant ceux sur lesquels Scarface où UGK posaient à la même époque. ATLiens, qui tend vers le concept album, est déjà plus original : les textes se font plus introspectifs et philosophiques, les beats proposent quelque-chose de plus minimaliste et loufoque à la fois (Two Dope Boyz, ATLiens, Mainstream). Aquemini est encore plus abouti; embrassant un héritage musical varié, l'album est soutenu par une instrumentation live. Les compositions vont du blues (Rosa Parks, avec son beat folk et son harmonica) au spoken word (SpottieOttieDopaliscious et sa romance sur fond de beat soul qui évoque assez le "By the Time I Get to Phoenix" d'Isaac Hayes), en passant par le gospel (Liberation). André 3000 et Big Boi tentent de raffiner les acquis d'Aquemini sur l'opus suivant, Stankonia, mais l'album est globalement décevant.

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The Roots (1987 -????)
Hip-hop - USA

Organix (1993) - 3/10
Do You Want More ? (1995) - 5/10
Illadelph Halflife* (1996) - 6/10
Things Fall Appart (1999) - 4/10
Phrenology* (2002) - 6,5/10
Game Theory (2006) - 5/10
How I Got Over** (2010) - 7/10
Undun (2011) - 4/10
...And Then You Shoot Your Cousin (2014) - 4/10

On peut distinguer deux grandes périodes dans la discographie de The Roots, collectif musical formé à Philadelphie en 1987. La première voit le groupe essayer d'allier une instrumentation live à des paroles rappées, comme pour injecter un supplément d'âme au hip-hop. Leurs premières tentatives sont gauches ; elles sont réunies sur Organix, album dépouillé qui sert de prélude aux disques à venir. Leur second album, Do You Want More ? est moins décevant, mais leur esthétique jazzy culmine sur Illadelph Halflife, où la symbiose entre le flow des MCs et le jeu des musiciens est la plus aboutie. Sur Things Fall Appart, le groupe se réinvente lyricalement en se politisant ; l'album est porteur d'une conscience ethnique qu'on ne retrouve pas ailleurs (ou alors dans une moindre mesure). C'est cependant musicalement que s'opère leur renouveau le plus convainquant, notamment sur Phrenology, sur lequel les membres expérimentent, avec un certain succès, des sonorités métalliques et abrasives. Game Theory, sorti quatre ans après, est en quelque sorte le pendant « pop » de leur virage noisy ; les Roots y retournent à une structure plus conventionnelle (la piste Water, sur l'album précédant, dure près de 10 minutes) et à des compositions plus mélodiques. Le groupe s'essaye ensuite au concept album, avec le métaphysique How I Got Over, qui traite du combat d'un homme pour sortir de la dépression. Ses paroles empruntes d'existentialisme trouvent une forme d'écho dans les hooks atmosphériques (choeurs, reverb) qui parsèment l'album. How I Got Over forme un tout cohérent et d'une assez bonne facture ; notons la présence de la chanteuse Joanna Newsom, en featuring sur Right On. Undun est plutôt décevant, car surproduit et n'apportant rien de nouveau ; il en va de même pour le paresseux ...And Then You Shoot Your Cousin, à l'exception du diptyque de bangers formé par Black Rock et Understand.

Annotation :

Three 6 Mafia (1991 - ????)
Hip-hop - USA

Mystic Stylez* (1995) - 6/10
The End (1996) - 3/10
Chpt. 2 "World Domination" (1997) - 4/10
When the Smoke Cleaers : Sixty 6, Sixty 1 (2000) - 4/10
Underground Vol. 1 (comp.) (1999) - 5/10

Three 6 Mafia est un groupe pionnier de l'horrorcore, frange du hip-hop à tendance morbide, caractérisée par des textes crus et des beats plus sombres qu'à l'accoutumée. Leur premier album est assez archétypique du genre : il contient des productions passablement menaçantes (Tear Da Club Up, Break da Law) voire dissonantes (Live By Yo Rep) avec une grande insistance sur les aigus ; les textes sont violents (Gotta Touch'Em) ou ésotériques (Mystic Stylez). Le groupe sort ensuite The End, album moins abouti, qui reste toutefois dans la même veine. Leurs deux opus suivants sont plus accessibles ; la production s'y fait plus classique et plus lourde. La compilation Underground Vol. 1 recense des inédits enregistrés entre 1991 et 1994, avant la parution du premier album. Le groupe y montre un visage différent, usant de motifs répétitifs (Niggaz Ain't Barin' Dat, Paul with da 45), à la croisée du hip-hop et de l'ambient.

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UGK (1987 - 2007)
Hip-hop - USA

Too Hard to Swallow (1992) - 4,5/10
Super Tight* (1994) - 6/10
Ridin' Dirty** (1996) - 8/10

Groupe de gangsta rap formé par deux MCs, Bun B et Pimp C. Leur style émerge dès leur premier album. Too Hard to Swallow se caractérise par sa production lisse et accessible, sur laquelle les deux rappeurs posent leur flow bouncy. Si les beats sont corrects et singuliers pour l'époque, l'album reste lyricalement faible. Super Tight propose un contenu plus abouti, où les MCs ont raffiné leur écriture et leur élocution. Les beats se font également plus flatteurs et typés, avec des synthétiseurs denses, typiques du G-Funk (Feds in Town, Pussy Got Me Dizzy), ou encore des influences latines/funky (It's Supposed to Bubble). Le chef-d'oeuvre du groupe est cependant Ridin' Dirty, où la production, plus doucereuse que jamais, contraste avec des textes qui tendent vers le rap conscient. En résulte un album moins unidimensionnel, empli d'une certaine gravité (One Day, Diamonds & Wood), qui lui donne une richesse que n'avaient pas ses prédécesseurs.