Et on tuera tous les affreux
Elle m’a dit non, T’es trop moche, T’as pas d’ pèze, T’es qu’une cloche, Va t’ faire dorer chez ta mère... (P. Perret)
Laideur des femmes et des hommes, tourments et folies qu'elle provoque, et les histoires qui s'ensuivent (romans, contes, nouvelles, pièces de théâtre).
77 livres
créée il y a presque 8 ans · modifiée il y a environ 1 anEt on tuera tous les affreux (1948)
Sortie : 1948 (France). Roman
livre de Boris Vian
Annotation :
"Nous marchons en silence et Mike secoue la tête, désolé.
– C’est pas une vie, dit-il. Schutz a raison, à bas les affreux ! Ils prennent tout.
– Votre point de vue est faussé, Mike, dis-je. Vous êtes là
au milieu de déesses qui couchent toute la journée avec des
types aussi beaux que vous... Elles en ont marre...
– D’ailleurs, conclut-il, moi aussi, j’en ai marre. Elles sont
trop parfaites..."
"Il s’est arrêté. Sa colère éclate d’un coup.
– Les femmes sont des salopes ! Vous vous cassez le cul pour vous faire des muscles, pour être un beau gars, pour avoir l’air propre, pour ne pas puer de la gueule, pour marcher droit, pour ne pas incommoder vos voisins avec vos pieds, pour être sain et bien bâti... et le premier mal foutu qu’elles trouvent, elles lui sautent sur le râble et le violent avant même d’avoir vu qu’il a, en plus, un râtelier et les poumons en passoire. C’est dégueulasse. C’est abusif. C’est injuste, c’est immérité et c’est inadmissible..."
Ferdydurke
Sortie : 1937 (France). Roman
livre de Witold Gombrowicz
Annotation :
"Je ne connais rien de plus affreux qu’un être humain à qui un autre être humain a fabriqué une gueule. Tout est bon au second pour renforcer le premier dans le ridicule, la mascarade, le grotesque, car la laideur accrue de l’un nourrit la beauté de l’autre. Croyez-moi : le cucul qu’on peut fabriquer à un autrui n’est rien en comparaison de la gueule !"
L'Homme total (1964)
The whole man
Sortie : 1964 (Royaume-Uni). Roman, Science-fiction
livre de John Brunner
Annotation :
"There's a... a general difformity"
"One shoulder higher than the other, one leg shorter than the other, spinal difformity - pretty much of a mess."
"... he was a passive child... he accepted discomfort as a fact of existence, because his distorted body was uncomfortable simply to live in."
Cyrano de Bergerac (1897)
Sortie : 1897 (France). Théâtre
livre de Edmond Rostand
Annotation :
"- Qui j'aime ? ... Réfléchis, voyons. Il m'interdit
Le rêve d'être aimé même par une laide,
Ce nez qui d'un quart d'heure en tous lieux me précède ;
Alors, moi, j'aime qui ? ... Mais cela va de soi !
J'aime - mais c'est forcé ! - la plus belle qui soit !"
"Regarde moi, mon cher, et dis quelle espérance
Pourrait bien me laisser cette protubérance !"
Fouché (1929)
Sortie : 1929. Biographie
livre de Stefan Zweig
Annotation :
Il n'était pas bel homme, loin de là. Un corps maigre, sec, presque fantomatique, un visage osseux, étroit, aux lignes anguleuses, laid et désagréable.
Acéré le nez, acérée et étrécie la bouche toujours close, les yeux froids comme ceux d'un poisson sous les paupières lourdes, fatiguées, les pupilles d'un gris de chat, semblables à du verre en bille.
Tout dans cette figure, tout en lui évoque un manque de substance vitale : on penserait voir un homme à la lumière d'un bec-de-gaz, verdâtre et blême. Nul éclat dans ses yeux, nulle sensualité dans ses gestes, nul acier dans sa voix. Le cheveu fin et raide, des sourcils à peine visibles tirant sur le roux, des joues grisâtres.
Il est conscient de la laideur de son visage repoussant, peu fait pour les médailles ou les emblèmes, l'ostentation et la popularité. Sur ce front, nulle couronne de lauriers ne saurait conférer une once d'héroïsme à l'homme.
(pas de vf, don des ponts d'autoroute, Rdb pour la trad)
Jane Eyre (1847)
(tradution Sylvère Monod)
Sortie : 2012 (France). Roman, Romance
livre de Charlotte Brontë
Annotation :
"Vous avez l'air embarrassé, me dit-il, et, quoique vous ne soyez pas plus jolie que je ne suis beau, cependant un air embarrassé vous va bien : d'ailleurs cela me convient, c'est un moyen d'éloigner de ma figure vos yeux scrutateurs et de les reporter sur les fleurs du tapis."
"Il est temps que quelqu’un vous humanise, dis-je en séparant ses cheveux longs et épais ; car je vois que vous avez été changé en lion ou en quelque autre animal de cette espèce. Vous avez un faux air de Nabuchodonosor."
"Les jeunes filles ont un remarquable talent pour vous montrer qu'elles vous trouvent dépourvu de charme ; le dédain du regard, la froideur des manières, la nonchalance de la voix, expriment assez leurs sentiments."
Parzival (1210)
Sortie : 1210 (Allemagne). Récit, Roman
livre de Wolffram Von Eschenbach
Annotation :
À propos de Gahmuret :
"Sa bouche luisait tel un rubis, cramoisie
comme sous l'effet des flammes ;
des lèvres pleines et non pas fines.
Brillante était sa personne, où que le regard se posât.
Claire et bouclée la chevelure,
qui s'échappait de sous le chapeau,
un couvre-chef de grande valeur."
À propos de Cundrîe :
"Portée haut sur le chapeau, sa tresse se balançait,
si longue qu'elle effleurait le dos de sa mule,
noire et raide, sans blondeur ni lumière,
et molle comme les soies d'une truie.
Sa figure arborait une truffe de chien.
De sa bouche sortaient deux longues canines porcines [...]
Cundrîe avait les oreilles comme celles d'un ours."
Erasme
Grandeur et décadence d'une idée
Sortie : 1935 (France). Biographie
livre de Stefan Zweig
Annotation :
Cet homme si riche d'esprit n'a guère été gâté par la nature, elle ne lui a donné qu'une chiche mesure de force et de vitalité : un tout petit corps à la tête fine au lieu d'un organisme solide, sain et résistant.
Elle lui a mis dans les veines un sang léger, pâle, sans tempérament, et a tendu sur ses nerfs sensibles une peau délicate, maladive, couleur d'intérieur, qui se plisse avec les ans comme un parchemin gris et fragile, et se défait en mille rides et runes.
Partout, ce défaut de vitalité se fait sentir ; le cheveu trop fin et pauvre en pigment encadre d'un blond incolore les tempes aux veines bleutées, les mains, que le sang n'atteint pas, ont la blancheur transparente de l'albâtre ; trop acéré et aussi pointu qu'une plume, le nez jaillit de la figure d'oiseau ; trop étroites, trop sibyllines, les lèvres se pincent sur une voix faible et atone ; trop petits et voilés, les yeux, malgré toute l'intensité du regard ; nulle couleur forte ne brille, nulle forme pleine ne s'arrondit dans ce sévère visage de studieux et d'ascète.
(pas de vf sous la main, courtesy Rdb pour la trad)
Brefs entretiens avec des hommes hideux (1999)
Brief Interviews with Hideous Men
Sortie : 2005 (France). Recueil de nouvelles
livre de David Foster Wallace
Annotation :
"Les personnages de Wallace (...) sont des êtres hideux, en proie aux dépressions et aux ratiocinations. Ce sont des êtres sans chair qui incarnent les obsessions de l’auteur, lesquelles concernent principalement l’incommunicabilité ontologique à la base des relations humaines (...)
La posture de Wallace est celle de l’érudit névrosé qui assume difficilement de recourir au genre galvaudé de la fiction et redoute avant tout de ne pas avoir l’air intelligent. Wallace gratte les croûtes du narcissisme inavouable et de l’aigreur érigée en constituant moteur de l’existence. Ses hommes hideux ne sont pas méprisables (trop facile, pas assez intelligent) mais profondément attristants."
sarah cillaire
http://www.lelitteraire.com/?p=2483
Crasse Tignasse
Der Struwwelpeter
Sortie : 1970 (France). Conte
livre de Heinrich Hoffmann
Annotation :
« As-tu vu comme il est laid ? On dirait un vieux balai ! Longue et sale est sa tignasse ! C'est bien lui : Crasse-Tignasse ! Jamais, jamais il ne veut qu'on lui coupe les cheveux !... »
Belle du Seigneur (1968)
Sortie : 1968 (France). Roman, Romance
livre de Albert Cohen
Annotation :
"Honte de devoir leur amour à ma beauté, mon écoeurante beauté qui fait battre les paupières des chéries, ma méprisable beauté dont elles me cassent les oreilles depuis mes seize ans. Elles seront bien attrapées lorsque je serai vieux et la goutte au nez ou, mieux encore, sous la terre en compagnie de ses racines et de ses silencieux vermisseaux ondulants, tout vert et desséché dans ma caisse disjointe, et elles me trouveront moins succulent alors..."
" Ma beauté, c'est-à-dire une certaine longueur de viande, un certain poids de viande, et des osselets de bouche au complet, trente-deux, vous pourrez contrôler tout à l'heure avec un petit miroir comme chez le dentiste..."
"Cette longueur, ce poids et ces osselets, si je les ai, elle sera un ange, une moniale d'amour, une sainte. Mais si je ne les ai pas, malheur à moi ! Serais-je un génie de bonté et d'intelligence et l'adorerais-je, si je ne peux lui offrir que cent cinquante centimètres de viande, son âme immortelle ne marchera pas, et jamais elle ne m'aimera de toute son âme immortelle, jamais elle ne sera pour moi un ange, une héroïne prête à tous les sacrifices."
"Mais si deux dents de devant m'avaient manqué la nuit du Ritz, deux misérables osselets, serait-elle là, sous moi, religieuse ? Deux osselets de trois grammes chacun, donc six grammes.
Son amour pèse six grammes, pensait-il, penché sur elle, la maniant, l'adorant."
Notre-Dame de Paris (1831)
Sortie : 1831 (France). Roman
livre de Victor Hugo
Annotation :
" La grimace était son visage.
Ou plutôt toute sa personne était une grimace. Une grosse tête hérissée de cheveux roux ; entre les deux épaules une bosse énorme dont le contrecoup se faisait sentir par devant ; un système de cuisses et de jambes si étrangement fourvoyées qu’elles ne pouvaient se toucher que par les genoux..., de larges pieds, des mains monstrueuses..."
"Jamais je n'ai vu ma laideur comme à présent. Quand je me compare à vous, j'ai bien pitié de moi, pauvre malheureux monstre que je suis! Je dois vous faire l'effet d'une bête, dites.
Vous, vous êtes un rayon de soleil, une goutte de rosée, un chant d'oiseau !
Moi, je suis quelque chose d'affreux, ni homme ni animal, un je ne sais quoi plus dur, plus foulé aux pieds et plus difforme qu'un caillou !"
"Nous devons dire qu'elle était peu affligée de cette absence volontaire du pauvre bossu. Au fond du coeur, elle lui en savait gré. Au reste, Quasimodo ne se faisait pas illusion à cet égard...
Ce qui n'est pas beau a tort d'être ; la beauté n'aime que la beauté. Avril tourne le dos à janvier."
La Prisonnière (1923)
À la recherche du temps perdu / 5
Sortie : 1923 (France). Roman
livre de Marcel Proust
Annotation :
"Le plus souvent l’amour n’a pas pour objet un corps, excepté si une émotion, la peur de le perdre, l’incertitude de le retrouver se fondent en lui.
Or ce genre d’anxiété a une grande affinité pour les corps. Il leur ajoute une qualité qui passe la beauté même ; ce qui est une des raisons pourquoi l’on voit des hommes, indifférents aux femmes les plus belles, en aimer passionnément certaines qui nous semblent laides."
Le Portrait de Dorian Gray (1890)
The Picture of Dorian Gray
Sortie : 1891 (France). Roman, Philosophie
livre de Oscar Wilde
Annotation :
"- Je ne joute jamais contre la beauté, dit-il avec son inclinaison de main.
- C'est une erreur, croyez-moi. Vous mettez la beauté trop haut.
- Comment pouvez-vous dire cela ? Je crois, je l'avoue, qu'il vaut mieux être beau que bon, Mais d'un autre côté, personne n'est plus disposé que je ne le suis à reconnaître qu'il vaut mieux être bon que laid."
Le Parfum (1985)
Histoire d'un meurtrier
Das Parfum, die Geschichte eines Mörders
Sortie : 1985 (France). Roman
livre de Patrick Süskind
Annotation :
"Lui, Jean-Baptiste Grenouille, né sans odeur à l'endroit le plus puant du monde, issu de l'ordure, de la crotte et de la pourriture, lui qui avait poussé sans amour et vécu sans la chaleur d'une âme humaine, uniquement à force de révolte et de dégoût, petit, bossu, boiteux, laid, tenu à l'écart, abominable à l'intérieur comme à l'extérieur, il était parvenu à se rendre aimable aux yeux du monde. Se rendre aimable était trop peu dire ! Il était aimé ! Vénéré ! Adoré !"
Les Mots (1964)
Sortie : 1964 (France). Autobiographie & mémoires, Récit
livre de Jean-Paul Sartre
Annotation :
"J'ai changé. Je raconterai plus tard quels acides ont rongé les transparences déformantes qui m'enveloppaient, quand et comment j'ai fait l'apprentissage de la violence, découvert ma laideur – qui fut pendant longtemps mon principe négatif, la chaux vive où l'enfant merveilleux s'est dissous – par quelle raison je fus amené à penser systématiquement contre moi-même au point de mesurer l'évidence d'une idée au déplaisir qu'elle me causait."
Les Métamorphoses (2009)
(traduction Georges Lafaye)
Metamorphōseōn
Sortie : 2009 (France). Poésie
livre de Ovide
Annotation :
Narcisse - Livre III
Un jour, alors qu'il s'abreuve à une source après une dure journée de chasse, Narcisse aperçoit son reflet dans l'eau et le trouve si beau qu'il en tombe amoureux. Il reste alors de longs jours à se contempler et à désespérer de ne jamais pouvoir rattraper sa propre image. Narcisse finit par mourir de cette passion qu'il ne peut assouvir. Même après sa mort, il cherchera encore à distinguer ses traits dans les eaux du Styx.
Le Miroir déformant (1883)
Krivoe zerkalo
Sortie : 1967 (France). Recueil de nouvelles
livre de Anton Tchékhov
Annotation :
"Je vis dans le tain une femme d’une aveuglante beauté, telle que je n’en avais jamais rencontré de ma vie. C’était un prodige de la nature, une harmonie de beauté, d’élégance et d’amour. Mais qu’est-ce donc ? qu’était-il arrivé ? Comment ma femme, laide et disgracieuse, me semblait-elle, dans le miroir, si belle ? Pourquoi ? Mais parce que le miroir déformant faussait, de tous côtés, la laide figure de ma femme, et que, par suite de ce bouleversement des lignes, elle devenait par hasard très belle. Moins par moins donnait plus. Et maintenant, ma femme et moi, nous restons tous les deux devant le miroir, et nous nous y regardons sans nous en détacher un instant. Mon nez escalade ma joue gauche, mon menton se dédouble et s’en va de biais, mais le visage de ma femme est ravissant. Et une passion folle, enragée, s’empare de moi, et je ris sauvagement :
– Ha ! ha ! ha !
Et ma femme murmure d’une voix que l’on entend à peine :
– Comme je suis belle !"
Riquet à la houppe (1697)
Sortie : 1697 (France). Conte
livre de Charles Perrault
Annotation :
"Il était une fois une reine qui accoucha d'un fils, si laid et si mal fait, qu'on douta longtemps s'il avait forme humaine. Une fée qui se trouva à sa naissance assura qu'il ne laisserait pas d'être aimable, parce qu'il aurait beaucoup d'esprit."
"La même fée était présente, et pour modérer la joie de la [deuxième] reine, elle lui déclara que cette petite princesse n'aurait point d'esprit, et qu'elle serait aussi stupide qu'elle était belle. Cela mortifia beaucoup la reine; mais elle eut quelques moments après un bien plus grand chagrin, car la seconde fille dont elle accoucha se trouva extrêmement laide.
- Ne vous affligez point tant, Madame, lui dit la fée ; votre fille sera récompensée d'ailleurs, et elle aura tant d'esprit, qu'on ne s'apercevra presque pas qu'il lui manque de la beauté."
"La cadette enlaidissait à vue d'oeil, et l'aînée devenait plus stupide de jour en jour [...] Quoique la beauté soit un grand avantage chez une jeune femme, cependant la cadette l'emportait presque toujours sur son aînée dans toutes les soirées. D'abord on allait du côté de la plus belle pour la voir et pour l'admirer, mais bientôt après, on allait à celle qui avait le plus d'esprit, pour lui entendre dire mille choses agréables, et on était étonné qu'en moins d'un quart d'heure l'aînée n'avait plus personne auprès d'elle, et que tout le monde s'était rangé autour de la cadette."
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Le Vilain Petit Canard
Den grimme ælling
Sortie : 1842 (France). Conte
livre de Hans-Christian Andersen
Annotation :
" Et fi ! quelle mine a l'un de ces canetons ! Celui-là, nous n'en voulons pas !
Et aussitôt une cane de voler et de le mordre au cou.
- Laisse-le tranquille, dit la mère, il ne fait rien à personne.
- Non, dit la cane qui avait mordu, mais il est trop grand et cocasse, il faut le taquiner.
- Ce sont de beaux enfants que vous avez, la mère, dit la vieille cane ornée d'un ruban à la patte. Tous beaux à l'exception de celui-là ; je voudrais que vous puissiez le refaire."
"Mais le pauvre caneton qui était sorti de l'oeuf le dernier, et qui était si laid, fut mordu, bousculé et nargué, à la fois par les canes et les poules."
"Le pauvre caneton ne savait où se fourrer, il était désolé d'avoir si laide mine et d'être la risée de toute la cour des canards."
"Je vais voler vers vous, oiseaux royaux, et vous me massacrerez, parce que j'ose, moi qui suis si laid, m'approcher de vous ! Mais peu importe ; plutôt être tué par vous que pincé par les canards, battu par les poules, poussé du pied par la fille de basse-cour, et gelé pendant l'hiver."
"Peu importe qu'on soit né dans la cour des canards, si l'on est sorti d'un oeuf de cygne. Il était enchanté de toute la misère et des tracas qu'il avait subis ; il apprécia d'autant mieux son bonheur, et la splendeur qui l'accueillait."
La Belle et la Bête
Sortie : 4 mai 2015 (France). Conte
livre de Mme Leprince de Beaumont
Annotation :
"Belle ne put s'empêcher de frémir, en voyant cette horrible figure : mais elle se rassura de son mieux."
"Vous n'avez qu'à me dire de m'en aller, si je vous ennuie ; je sortirai tout de suite. Dites-moi, n'est-ce pas que vous me trouvez bien laid ?
- Cela est vrai, dit la Belle, car je ne sais pas mentir, mais je crois que vous êtes fort bon.
- Vous avez raison, dit le monstre, mais, outre que je suis laid, je n'ai point d'esprit : je sais bien que je ne suis qu'une bête.
- On n'est pas bête, reprit la Belle, quand on croit n'avoir point d'esprit : un sot n'a jamais su cela."
"- Vous avez bien de la bonté, dit la Belle. Je vous avoue que je suis bien contente de votre coeur ; quand j'y pense, vous ne me paraissez plus si laid.
- Oh dame, oui, répondit la Bête, j'ai le coeur bon, mais je suis un monstre.
- Il y a bien des hommes qui sont plus monstres que vous, dit la Belle, et je vous aime mieux avec votre figure, que ceux qui avec la figure d'hommes, cachent un coeur faux, corrompu, ingrat."
La Laide au bois dormant (1992)
Sortie : 25 mai 1992.
livre de Grégoire Solotareff
Annotation :
"La reine eut des jumelles. La première était très belle, et elle l'appela Belle. La deuxième était très vilaine, pas horrible, mais assez moche quand même, et on la cacha au deuxième sous-sol, où une sage-femme la prit en pitié, l'appela Lady, ce qui était joli, et lui donna à manger."
"Et l'autre princesse, la laide, qu'était-elle donc devenue ? Eh bien voilà. Le jour de la naissance des jumelles, les sages-femmes emmenèrent le pauvre petit laideron au deuxième sous-sol du château et remontèrent immédiatement dans la chambre de la reine."
La Cousine Bette (1847)
Sortie : 1847 (France). Roman
livre de Honoré de Balzac
Annotation :
La cousine Bette "était loin d'être belle" :
"Paysanne des Vosges, dans toute l'extension du mot, maigre, brune, les cheveux d'un noir luisant, les sourcils épais et réunis par un bouquet, les bras longs et forts, les pieds épais, quelques verrues dans sa face longue et simiesque, tel est le portrait concis de cette vierge"
Merci Pheroe :-)
L'Enfant (1879)
Sortie : 1879 (France). Roman
livre de Jules Vallès
Annotation :
La grand-tante Agnès du petit Jacques.
"Elle a bien soixante-dix ans, et elle doit avoir les cheveux blancs ; je n’en sais rien, personne n’en sait rien, car elle a toujours un serre-tête noir qui lui colle comme du taffetas sur le crâne ; elle a, par exemple, la barbe grise, un bouquet de poils ici, une petite mèche qui frisotte par là, et de tous côtés des poireaux comme des groseilles, qui ont l’air de bouillir sur sa figure.
Pour mieux dire, sa tête ressemble à une pomme de terre brûlée par le haut, à cause du serre-tête noir, et par le bas, à une pomme de terre abandonnée ; j’en ai trouvé une gonflée, violette, l’autre matin, sous le fourneau, qui ressemblait à grand’tante Agnès comme deux gouttes d’eau."
Vipère au poing (1948)
Sortie : 14 juin 1948. Roman
livre de Hervé Bazin
Annotation :
Description de Folcoche.
"On m'a dit cent fois qu'elle avait été belle. Je vous autorise à le croire, malgré ses grandes oreilles, ses cheveux secs, sa bouche serrée et ce bas de visage agressif qui faisait dire à Frédie, toujours fertile en mots :
- Dès qu'elle ouvre la bouche, j'ai l'impression de recevoir un coup de pied au cul. Ce n'est pas étonnant, avec ce menton en galoche."
Un roi sans divertissement (1947)
Sortie : 28 janvier 1948 (France). Roman
livre de Jean Giono
Annotation :
Portrait de Saucisse :
"Elle avait sa vieille bouche de quatre-vingts ans enfoncée dans des os jaunes par des coups de poings qui avaient dû lui marteler la bouche pendant quatre-vingts ans et n'avaient réussi à lui défoncer que depuis peu. Ses lèvres noires étaient très minces et par-dessus tremblaient les gros poils raides et blancs de ses moustaches clairsemées. Des poils aigus comme des dents de brochet."
Qui le rend bien à ses détracteurs :
"Je pense, poursuivit Saucisse sans s'interrompre, que vous êtes la crème des abrutis et la fleur des imbéciles, avec vos têtes en forme de vide-poches, de crachoirs et de pots de chambre. C'est à vous que je parle."
Pnine (1957)
Pnin
Sortie : septembre 2005 (France). Roman
livre de Vladimir Nabokov
Ratdebibli l'a mis en envie.
Annotation :
Timofeï Pavlovitch Pnine, savant russe qui enseigne à l'université (fictive) de Waindell aux États-Unis, est affublé d'un physique difficile.
"Idéalement chauve, bronzé par le soleil et rasé de frais, il commençait de façon plutôt impressionnante par ce vaste dôme brun, ces grosses lunettes à monture d’écaille […], cette lèvre supérieure simiesque, ce cou massif et ce torse d’athlète[…], mais pour se terminer de façon un peu décevante par une paire de jambes maigres…"
Pour compléter le tableau, il est un peu tête-en-l'air et ne parle pas bien l'anglais, ce qui n'empêche pas ses étudiants de l'apprécier.
Des souris et des hommes (1937)
(traduction Maurice-Edgar Coindreau)
Of Mice and Men
Sortie : 1939 (France). Roman
livre de John Steinbeck
Annotation :
"(George) était suivi par son contraire (Lennie), un homme énorme, à visage informe, avec de grands yeux pâles et de larges épaules tombantes. Il marchait lourdement, en traînant un peu les pieds comme un ours traîne les pattes. Ses bras, sans osciller, pendaient, ballants, à ses côtés."
Thélo (titre et citation) :)
Piège pour King-Kong (1962)
Sortie : 25 mai 1983 (France).
livre de Ed McBain
Annotation :
George N. Harper
"Il arpentait le bureau du capitaine quand j’ouvris la porte et entrai. Un immense gaillard surpris, de plus d’un mètre quatre vingt-dix et qui pesait au bas mot cent soixante-dix kilos.
Il portait une salopette, une chemise de coton bleue et des brodequins de travail de cuir marron.
Il avait d’énormes épaules et une poitrine comme une barrique, un visage grêlé aux narines dilatées et aux épaisses lèvres violettes une coiffure afro et des yeux marrons humides qui me reluquèrent sous de larges sourcils ; il serra ses énormes poings en se retournant ; dans sa surprise, il ressemblait à l’homme de Néandertal."
Thélo
L'Inventeur (2022)
Sortie : 17 août 2022. Roman
livre de Miguel Bonnefoy
Annotation :
À quinze ans, il avait déjà toutes les manies des vieux. Sans cesse contrarié par la cuisson des aliments, il souffrait de maux de ventre, pesait ses repas, digérait mal les viandes mijotées dans des fourneaux en fonte, ce qui le contraignait à se purger régulièrement en faisant des jeûnes prolongés qui lui creusaient les joues. À 16 ans, sa myopie augmenta à une vitesse affolante, si bien qu'il fallut changer ses verres tous les six mois. À 17 ans, il eut l'aube d'une calvitie et des mèches blanches. À 20 ans, Mouchot en paraissait 40.
Dans ses veines coulait un sang tiède mais tenace. Son legs n'était pas celui d'une lignée de géants travailleurs de la terre, qui bâtissent et meurent jeune, ou de génies de l’art, qui sont comme des comètes fugitives. Ses racines frêles se plantaient dans une dynastie de têtus, d’incassables, courbés pendant des siècles sur des poignées de fenêtre et des plis de clapets, dont chaque génération vit cent ans, résiste à tout, s’use sans rompre, reste impérissable sans être prodigieuse.
Ses yeux, petits et enfoncés, ne laissaient apercevoir que des lassitudes et des détresses. Son front, sous une ligne de cheveux courts, était arrondi de bosses causées par d’anciennes migraines. Ses lèvres minces donnaient à son sourire un air de gaucherie et d’embarras. La race austère dont il descendait se montrait dans son squelette fragile, dans ses mauvaises dents, dans ses traits imprécis et peut-être encore davantage dans son pas furtif. Il marchait comme s’il dissimulait un secret et ne regardait jamais les gens de face. Nul n’aurait imaginé à travers ce visage sans grâce, à travers cette silhouette sans stature, un brillant inventeur.
Thélo