Explorations discographiques

Voici un projet que j'ai dans la tête depuis longtemps mais dans lequel je ne me suis jamais (vraiment) lancé : écouter les discographies complètes (ou presque) des groupes que j'aime bien mais dont je ne connais en fait pas grand chose... Et il y en a tellement.
L'idée ici n'est pas de faire ...

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97 albums

créee il y a environ 4 ans · modifiée il y a plus d’un an
Uprooted
6.9

Uprooted (2006)

Sortie : 2006 (France). Indie Folk

Album de The Antlers

Annotation :

Indie Folk / Chamber Folk / Lo-Fi - Slacker Rock
Comme de nombreux groupes, The Antlers est parti de loin, très loin - la preuve avec ce premier album qui frôle l'amateurisme. On est à des années lumières du groupe qui livrera avec Burst Apart (ma référence) un sommet de dream pop racée à la production mirifique. Il y a peut-être des germes à chercher dans ces premiers morceaux brinquebalants, et encore (le titre Uprooted ?), c'est tellement pas produit, le son tellement mauvais tant il n'a aucun relief. Et en même temps, il n'y a pas de groupe car Peter Silberman est seul, avec sa guitare et sa voix, d'où le minimalisme absolu des morceaux et de la production. La plupart des titres sont inaudibles à moins de mettre le son bien fort, alors que quelques rares passages essaient de la jouer plus énervé, accentuant les défauts du mixage en grésillant avec un contraste peu plaisant vis à vis du calme habituel de l'album. Bref, Uprooted n'est jamais satisfaisant dans ce qu'il propose. Il faut peut-être écouter tout ça au casque, en prenant le temps de cerner les différents morceaux. Mais le premier abord ne donne pas spécialement envie de se lancer là-dedans.

Hospice
7.3

Hospice (2009)

Sortie : 23 juin 2009 (France). Indie Rock

Album de The Antlers

Annotation :

Indie Rock / Slowcore / Post-Rock / Art Rock / Dream Pop / Ambient Pop / Chamber Pop
J'avais déjà écouté vite fait Hospice, et je sais que c'est l'album le plus connu de The Antlers (pas pour moi qui ai découvert le groupe avec Burst Apart), mais j'avoue que j'ai du mal à cerner cet album et cette nouvelle écoute le confirme. Il faudrait vraiment que j'écoute Hospice dans des conditions parfaites pour m'assurer de ce qui cloche. Je crois que je n'aime pas la dynamique des morceaux, entre ruptures de tons incessantes, passant du calme à la furie sonore en l'espace de quelques secondes, sans logique ni progression. J'ai parfois du mal à piger ce que cherche à faire le groupe. Je me perds souvent et je n'arrive pas à apprécier les morceaux qui semblent ne jamais développer et mener à terme leurs idées. C'est une musique qui, à mon goût, n'arrive pas à se déployer, paradoxal alors que tout est fait pour proposer un truc plutôt inventif et particulier dans le domaine de l'indie pop / rock - une ambition sonore et intellectuelle qui ne trouve pas écho chez moi. Je préfère largement l'aspect plus classique de Burst Apart avec lequel je sais au moins où je vais avec ses morceaux aux propositions claires - pas tous car il subsiste des trucs hérités de Hospice mais dans l'ensemble c'est plus franchement lumineux, évanescent et touchant. Mais je réécouterai certainement Hospice car ce n'est pas possible d'être aussi hermétique au meilleur album d'un groupe que je sais apprécier par ailleurs. Il y a déjà certains passages qui me parlent plus (Kettering par exemple) mais ils se noient dans une ambiance en dents de scie.

Familiars
6.6

Familiars (2014)

Sortie : 16 juin 2014 (France). Dream Pop, Art Pop

Album de The Antlers

Annotation :

Dream Pop / Art Pop / Slowcore / Chamber Pop
Plus j'écoute les albums de The Antlers et plus j'ai l'impression que ce n'est pas facile d'aimer ce groupe, tant il est versatile d'un disque à l'autre. On dirait que le but du groupe est de ne jamais faire deux fois la même chose. C'est louable mais déroutant. En tout cas après un Burst Apart plus pop et accessible que Hospice, Familiars part dans une nouvelle direction, ou plutôt prolonge l'épure stylistique en éliminant toute forme de ruptures et d'excès pour ne garder que le calme d'une chamber pop délicate, linéaire et sans vagues. Burst Apart proposait quelques envolées sublimes, ici tout semble lissé - même si le groupe conserve ce son particulier, à la fois aérien et pur, un peu maniéré. Familiars est ainsi un album très singulier, encore plus que les deux précédents, car il est aussi sublime que potentiellement plat et ennuyeux. Je comprends qu'on puisse trouver cette musique fade, mais je trouve qu'il y a tout de même quelque chose de fascinant. Si on accepte les partis-pris du groupe et que l'on arrive à être sur la même longueur d'onde que la musique, Familiars se révèle être un moment de grâce d'une grande beauté. L'ensemble est d'une sérénité bouleversante. Et si les morceaux semblent monotones, la production est comme d'habitude incroyable, tout sonne à la perfection, avec une amplitude et une clarté limpides - plus rien ne vient perturber le flow délicat de la musique du groupe. C'est calme mais non dénué d'idées, la preuve avec certains passages vraiment mémorables, où tout évolue et se déploie avec une infinité de nuances : de l'introduction planante et intense avec Palace, au feeling vibrant de Intruders, à l'atmosphère carillonnante de Director, en passant par ce solo de guitare final improbable de Revisited... Il faut vraiment laisser respirer la musique de The Antlers pour en saisir sa beauté et sa finesse. Finalement, Green to Gold, l'album suivant, n'est qu'un prolongement de ce qui a été posé par Familiars, le groupe transposant cette formule langoureuse et étirée dans un registre plus folk. Et c'est tout aussi beau.

Music of Hair
6.7

Music of Hair (1996)

Sortie : 1997 (France). Folk

Album de Andrew Bird

Annotation :

Contemporary Folk / Chamber Folk / Romani Folk Music
Je n'aurais pas imaginé une seule seconde que le premier album d'Andrew Bird soit de cet acabit : une musique traditionnelle menée par un violon omniprésent qui donne une touche celtique ou plutôt d'influence rom visiblement. C'est... inhabituel. Non dénué de charme mais tellement loin de mes habitudes d'écoute qu'il m'est difficile d'écouter trop longtemps ce genre de musique alors que l'album dure près d'une heure. C'est dingue n'empêche l'effet que peut produire cette musique qui semble au croisement d'un tas d'influences. On se croirait à la fois dans un saloon au farwest, dans une plaine d'Irlande, en train de danser le sirtaki dans un film de Bollywood autour d'un feu dans un camp manouche. On est évidemment à mille lieux du folk teinté de pop (ou l'inverse) avec lequel j'ai découvert et apprécié Andrew Bird. Ce premier album n'est donc pas très accessible mais étonnant.

Weather Systems
6.9

Weather Systems (2003)

Sortie : 2002 (France). Indie Folk, Indie Pop

Album de Andrew Bird

Annotation :

Indie Folk / Indie Pop / Chamber Folk
Ce second album est à la fois sympathique et sans grand intérêt car c'est véritablement un brouillon de ce qui va suivre et notamment de l'album suivant (et le meilleur) Andrew Bird & The Mysterious Production of Eggs. On y retrouve Sovay et Skin dans des versions primitives qui cristallisent assez bien l'intérêt que l'on peut porter à Weather Systems. On est tout de suite dans une autre dimension par rapport au premier album d'Andrew Bird, puisqu'on est déjà en présence d'un folk accessible voire pop, mais qui manque encore de finesse et de maîtrise. La preuve donc avec ces deux versions de titres qui seront sublimés sur l'album suivant, et notamment Sovay qui est tout simplement mon morceau préféré d'Andrew Bird et qui malgré toute sa douceur et sa grâce paraît bourru et mal dégrossi ici. C'est dire ! Cette version reste néanmoins charmante. Ailleurs, Weather Systems se fait plus élégiaque, moins entraînant (la chanson titre, très lyrique avec son violon), mais c'est déjà assez beau et chouette. L'album ne semble pas très abouti mais Andrew Bird délimite son périmètre d'action et pose les bases de ce qui va suivre avec délicatesse.

Armchair Apocrypha
7.2

Armchair Apocrypha (2007)

Sortie : 20 mars 2007. Chamber Pop

Album de Andrew Bird

Annotation :

Chamber Pop / Indie Pop / Chamber Folk
Je saute Andrew Bird & The Mysterious Production of Eggs - que je connais suffisamment bien - pour en arriver directement à Armchair Apocrypha que j'ai déjà eu l'occasion d'écouter. J'en garde étrangement un souvenir qui s'est amélioré au fil du temps alors que cet album m'avait paru classique. Je crois aussi que c'est là où je vais me confronter à une barrière avec la discographie d'Andrew Bird : j'ai peur de tourner vite en rond car je ne sais pas si la musique du bonhomme se renouvelle tant que cela. Le gars est avant tout un artisan qui confectionne des albums indie folk (rock) méticuleux et agréables mais qui demandent aussi et surtout pas mal de temps pour être appréciés à leur juste valeur - car la finesse et la justesse des mélodies mettent du temps à percer derrières les apparences classiques et déjà entendues mille fois de la musique. D'ailleurs c'est comme ça qu'Armchair Apocrypha a grandi dans mon estime, avec le recul - après avoir arrêté de l'écouter. C'est un album encore plus classique que Mysterious Production of Eggs, moins créatif au niveau des arrangements, mais c'est possiblement un des meilleurs d'Andrew Bird car tout est parfaitement dosé - folk et doux mais énergique, sans en faire trop, toujours sur une tonalité juste. J'aime bien notamment la fin de l'album douce et touchante à la fois qui nous laisse sur une bonne note. Bref, Armchair Apocrypha est une digne suite de Mysterious Production of Eggs dans une version plus classique mais toute aussi consistante.

Noble Beast
7.2

Noble Beast (2009)

Sortie : 20 janvier 2009. Chamber Pop, Folk Rock

Album de Andrew Bird

Annotation :

Chamber Pop / Folk Rock / Folk Pop / Indie Folk
Noble Beast me fait l'effet inverse de Armchair Apocrypha : la première impression fut excellente mais les quelques écoutes qui ont suivi m'ont paru moins concluantes. L'album paraît en fait plus accessible au premier abord, la musique est enjouée et semble renouer avec la spontanéité et la légèreté de Mysterious Production of Eggs en restant dans un registre plus classique et bucolique, mais je pense qu'au final elle est moins profonde et touchante que sur Armchair Apocrypha. Le premier morceau de Noble Beast (Oh No) est - comme d'habitude chez Andrew Bird - excellent, rafraîchissant, immédiat et donne envie d'en écouter plus. Mais la suite est moins efficace. Il y a bien cet aspect plus léger, presque nature - à l'image de la pochette - mais c'est un peu lent, long et parfois trop traînant. Noble Beast n'est pas un mauvais album, loin de là, mais il montre peut-être pourquoi la musique d'Andrew Bird ne fonctionne pas à tous les coups. Tout est maîtrisé, bien interprété, mais certaines idées font moins mouche et se retrouvent étirées sans grand intérêt, faisant ressortir la préciosité assez plate des arrangements et des ambiances. C'est délicat et tranquille, mais un peu monotone. Surtout ici vers le milieu de l'album où il y a un combo de morceaux qui s'éternisent sans raison : Tenuousness, Nomenclature - ok celui-là il est court -, Not A Robot, But A Ghost (surtout, un gros point faible), Anonanimal, Natural Disaster, The Privateers... Oui, en fait je viens de me rendre compte que le début de l'album est pas mal mais qu'il plonge à la cinquième piste et qu'il a du mal à briser le faux rythme qui s'installe. Dommage, l'ambiance de Noble Beast est pas mal, mais c'est vrai que ça reste paresseux en terme de compositions.

Useless Creatures
7.1

Useless Creatures (2009)

Sortie : 20 janvier 2009 (France). Rock, Folk Rock, Indie Rock

Album de Andrew Bird

Annotation :

Orchestral / Indie Folk / Chamber Pop
Useless Creatures est un album un peu à part car il est uniquement instrumental. Il faut imaginer Andrew Bird composer une bande sonore pour un improbable film documentaire animalier sur des insectes vivant dans une forêt. Après on projette ce que l'on veut mais ça cadre bien avec la pochette, le titre, et l'ambiance pastorale, délicate, subtile, soignée et parfois étrange aussi. On y retrouve les sonorités habituelles chez Andrew Bird, en plus lent, étiré, presque cinématographique avec ce violon en fil rouge qui semble à la fois faire office de personnage principal et de narrateur. Ce n'est pas inintéressant en soi mais je n'accroche pas plus que cela, c'est un peu redondant et long.

Break It Yourself
7.1

Break It Yourself (2012)

Sortie : 2 mars 2012 (France). Chamber Pop, Indie Folk

Album de Andrew Bird

Annotation :

Indie Folk / Folk Pop / Indie Pop
Break It Yourself est une bonne surprise. Même s'il part sur des bases a priori similaires à celles de Noble Beast au niveau des inspirations folk légères et de la longueur (60 minutes), les morceaux possèdent beaucoup plus de nuances et l'album semble baigner dans une douceur vraiment réconfortante et émouvante. Le charme de la musique d'Andrew Bird s'épanouit dans cette tranquillité délicate, caressante, classique mais d'une sensibilité touchante. Sans en faire trop. Comme sur Armchair Apocrypha mais en mettant encore plus l'accent sur le folk intimiste. Il y a juste ce qu'il faut d'énergie, de légères embardées, et surtout c'est bourré de mélodies justes, d'arrangements brillants et discrets, le tout étant constant dans la qualité et le plaisir d'écoute. Break It Yourself est sans doute un des meilleurs albums d'Andrew Bird (voire le meilleur, mais vu que je ne l'ai pas assez écouté on ne va pas s'emballer).

Hands of Glory
7.1

Hands of Glory (2012)

Sortie : 30 octobre 2012. Indie Folk

Album de Andrew Bird

Annotation :

Indie Folk / Bluegrass / Americana
J'aurais tendance à dire que Hands of Glory n'est pas un album canonique dans la discographie d'Andrew Bird. Mais bon, c'est une appréciation sans doute personnelle. En tout cas cet album est sorti à peine 7 mois après Break It Yourself et l'ambition et la finition de l'écriture semblent moins au rendez-vous, en tout cas ce n'est pas vraiment l'objectif affiché. Non seulement Hands of Glory dure seulement 34 minutes, mais l'atmosphère générale est plus relâchée, plus décontractée, et renoue souvent avec les influences traditionnelles chères à Andrew Bird. Le violon par exemple occupe une place importante et son utilisation et ses sonorités tirent les morceaux vers le bluegrass et l'americana. Je pensais que ce serait même pire mais les mélodies restent plutôt accessibles quand elles sont là. En fait, Hands of Glory a tout d'un album classique d'Andrew Bird qui serait un peu moins fignolé en terme d'arrangements, et un peu plus spontané sur l'énergie countrisante traditionnelle. Pas mauvais donc, mais pas fondamental.

Echolocations: Canyon
6.7

Echolocations: Canyon (2015)

Sortie : 3 février 2015. Minimal, Ambient, Chamber Folk

Album de Andrew Bird

Annotation :

Minimalism / Ambient / Chamber Music / Chamber Folk
Je ne m'étais pas rendu compte à quel point la discographie d'Andrew Bird est émaillée de projets parallèles qui prennent des formes vraiment différentes et particulières. Le gars est un véritable touche à tout qui semble avoir une faim insatiable pour défricher de nouveaux horizons musicaux, quelle que soit leur pertinence a priori pour l'auditeur. J'avoue qu'Andrew Bird me perd un peu. Et même si ses digressions plus ou moins expérimentales ne sont pas dénuées d'intérêt, et peuvent même se laisser apprécier dans le cas d'Echolocations: Canyon, il y a un côté annexe qui ressort trop, justement à cause de cette dimension plus exploratoire et aléatoire, la musique dérivant vers des territoires moins fondamentaux. Le minimalisme ambient d'Echolocations: Canyon, porté par le violon parcimonieux de Bird, est loin d'être désagréable mais il reste suspendu dans un univers qui s'étire souvent sans raison, tisse une toile de fond qui habille mais ne brille pas par la puissance ou l'ingéniosité de ses ambiances. On ne sait pas trop où va cette musique même si elle y va avec une certaine légèreté. Bref, je préfère largement quand Andrew Bird fait des albums de folk plus classiques.

Things Are Really Great Here, Sort of…
6.7

Things Are Really Great Here, Sort of… (2014)

Sortie : 3 juin 2014 (France). Indie Folk

Album de Andrew Bird

Annotation :

Indie Folk / Alt-Country
Andrew Bird continue son exploration de l'americana et va même encore plus loin que sur Hands of Glory. Ici, le violon paraît un peu moins présent, mais ce sont les influences générales et les morceaux qui respirent la country à pleins poumons. En fait, Things Are Really Great Here, Sort Of... est une compilation de reprises du groupe americana The Handsome Family (dont Bird avait déjà repris des chansons par le passé). Bien sûr, il y a la voix et le style d'Andrew Bird qui maintiennent l'ensemble dans le sillon creusé par l'artiste jusque-là mais Things Are Really Great Here, Sort Of... est clairement l'album le plus americana de Bird. C'est encore un album court qui peut aussi paraître moins important - dans le prolongement de Hands of Glory - mais c'est aussi, grâce à l'effet des reprises, plus maîtrisé dans l'approche, plus cohérent et homogène que ce dernier, qui en mélangeant le style plus pop aux sonorités parfois plus traditionnelles ne savait pas toujours sur quel pied danser. En écoutant Things Are Really Great Here, Sort Of..., on entend l'amérique profonde, la guitare et le violon country au coin du feu, l'énergie légère et entraînante attachée aux racines d'un genre solidement ancré dans la culture américaine. Ce n'est pas le registre que je préfère mais ça reste bien fait.

Are You Serious
6.9

Are You Serious (2016)

Sortie : 1 avril 2016. Chamber Folk

Album de Andrew Bird

Annotation :

Chamber Folk / Indie Folk / Indie Rock
Are You Serious n'est pas un album aussi classique que cela, même si c’est le premier truc à peu près normal que sort Andrew Bird depuis Break It Yourself. Si l’ensemble renoue avec une approche pop folk, c’est un peu moins évident et calme que ce que Bird a pu faire par le passé. Il y a à la fois une énergie plus tranchante par moment, et des divagations moins canalisées à d’autres (Saints Preservus et The New Saint Jude semblent parfois vouloir revenir vers les influences tziganes de Bird). Capsized, le titre qui ouvre l’album, a quelque chose de plus percutant et incisif avec son chant presque rappé et ses notes de guitare stridentes. C’est pas mal, mais il y a un truc qui ne sonne pas forcément comme du Andrew Bird classique. Il y a peut-être un peu moins de sensibilité que d’habitude dans l’album, un peu moins d’emphase sur les arrangements aussi, mais le côté plus net peut aussi être appréciable. Et puis il y a toujours de bonnes choses, à commencer par l’excellent Truth Lies Low au flow réconfortant, qui m’a carrément donné envie d’écouter du Fishmans - les fioritures à la guitare (et au violon ?) ainsi que les motifs laid-back dans le fond sonore émulant à la perfection le feeling du groupe japonais. Fiona Apple vient faire coucou sur Left Handed Kisses. Are You Serious est un tube à la Andrew Bird. Et puis c’est à peu près tout, mais l’album reste sympathique.

Spiderman of the Rings
7.5

Spiderman of the Rings (2007)

Sortie : 8 mai 2007 (France). Happy Hardcore, Experimental, Electronic

Album de Dan Deacon

Annotation :

Indietronica / Chiptune / Post-Minimalism / Neo-Psychedelia / Glitch Pop
J'adore le dernier album de Dan Deacon (Mystic Familiar), mais j'ai beaucoup plus de mal avec Spiderman of the Rings, premier véritable album du bonhomme. En vérité, il y a déjà quelque chose dans cette manière de manipuler l'électronique et le glitch pour façonner une musique malgré tout mélodique et très ludique, bondissante et énergique. On retrouve par bribes cette fantaisie électronique, mais ce sont des fulgurances au milieu d'un ensemble plus chaotique, où les sonorités sont azimutées, frénétiques, voire bordéliques et pas toujours très écoutables (ce premier morceau improbable avec le rire en continu de Woody Woodpecker). Après, l'album est néanmoins charmant et attachant, l'énergie fonctionne et quelques morceaux sont vraiment excellents comme Pink Batman, toujours avec ce son finalement assez particulier, moins organique que ce que fera Dan Deacon par la suite (en tout cas sur Mystic Familiar) et plus "assisté par odinateur", un rendu très informatique qui constitue la signature sonore de l'album. Wham City avec ses 12 minutes est la pièce maîtresse de l'album mais c'est aussi la preuve - avec sa structure éclatée et pas toujours cohérente - que Dan Deacon est généreux mais a encore une marge de progression pour affiner son art.

Bromst
7.4

Bromst (2009)

Sortie : 24 mars 2009 (France). Pop, Experimental, Electronic

Album de Dan Deacon

Annotation :

Indietronica / Neo-Psychedelia / Post-Minimalism / Progressive Pop
Bromst est dingue. Dan Deacon est dingue. Mais Bromst est un sacré bond en avant dans l'ambition et la maîtrise par rapport au premier album du bonhomme. C'est limite trop, notamment en terme de longueur, car le tout balance 64 minutes bien copieuses avec une floppée de titres de 6, 7 ou 8 minutes. J'ai écouté l'album plusieurs fois mais souvent par petits bouts : le début, la fin, le milieu, la fin, le début... Car une fuite en avant perpétuelle qui dure plus d'une heure peut s'avérer épuisante ! Malgré toutes les qualités de l'album car quand on s'attarde sur les morceaux on se rend compte que tout est déjà dinguement sublime et maîtrisé. Dan Deacon a progressé dans l'écriture et la composition, dans la gestion des ruptures et la qualité de la production. Bref à tous les niveaux. Et il y a déjà une tonne de sonorités démentes qui lui sont propres comme ces notes de piano tourbillonnantes et cristallines. Ce que j'aime le plus chez Dan Deacon c'est cette dimension hyper ludique, presque enfantine et merveilleuse de balancer des sonorités merveilleuse et émouvantes, touchantes, tout en créant des morceaux très entraînants, voire radicaux dans les rythmes, sans concession en terme de dynamique et de folie hyperactive. Le mélange est explosif, addictif, rayonnant et dégage une énergie positive incroyable. Snookered par exemple, c'est du n'importe quoi érigé en mantra cathartique, ça part sur un calme zen avant de virer dans la démence débordante, et ça tient sur un équilibre miraculeux par la grâce d'une énergie communicative. C'est la musique du bonheur et de la générosité par excellence. Bromst en est rempli ras la gueule. De manière excessive certainement. Mais si j'ai parfois eu l'impression que l'album baissait de pied et qu'il aurait pu s'arrêter après le 5ème ou 6ème morceau (il faut avouer qu'ils sont tous plus ou moins calqués sur la même formule), il y a en fait encore tellement de passages sur lesquels s'enthousiasmer que l'on peut difficilement faire la fine bouche devant cet étalage de frénésie.

America
7.2

America (2012)

Sortie : 27 août 2012 (France). Electronic, Experimental

Album de Dan Deacon

Annotation :

Indietronica / Neo-Psychedelia / Art Pop / Noise Pop / Post-Minimalism
America est le premier album de Dan Deacon qui semble structuré avec une véritable réflexion, que ce soit dans l'agencement et l'enchaînement des morceaux ou bien dans l'écriture elle-même qui est bien plus variée qu'auparavant. Les deux albums précédents sont de joyeux fourre-tout mais il est difficile d'en tirer une cohérence ou une progression réfléchie. America apporte donc un peu de réflexion et de recul dans la musique de Dan Deacon. Il y a par exemple des titres plus calmes et reposants comme True Thrush (dans une certaine mesure) et Prettyboy qui alternent avec des titres électroniques plus entraînants et nerveux. Et puis il y a la suite USA composée de quatre morceaux qui s'enchaînent et proposent eux aussi des atmosphères différentes et complémentaires. C'est plaisant de voir Dan Deacon faire évoluer sa musique, l'élaguer pour essayer d'en retirer l'essence et de ne conserver que les moments forts. On perd certes un peu en folie (Bromst c'était quelque chose) ce qu'on gagne en cohérence. Amercia pâtit peut-être un peu du galop d'essai, car les excès font pâle figure face à ceux de Bromst et le rayonnement de la musique de Dan Deacon se fait un peu moins transcendant. On se sent moins emporté par la spontanéité, en tout cas le flow général fonctionne un peu moins, surtout sur les titres plus longs qui sont habituellement l'occasion pour Deacon de lâcher les chevaux dans un mix fun entre sonorités ludiques et rythmiques démentes. USA III : The Great American Desert qui semble être la pièce de résistance avec ses 7 minutes décolle paradoxalement lors de son final qui vient rompre avec des sonorités crissantes pas forcément emballantes. D'ailleurs ces sonorités glitch au rendu très électronique informatique sont omniprésentes et c'est peut-être elles qui me posent le plus de problème. L'énergie était plus joyeuse sur Bromst, et sera plus organique sur Mystic Familiar. Ce dernier ressemble d'ailleurs pas mal à America avec sa structure bâtie autour d'une suite de quatre morceaux, mais il me semble plus réussi avec un meilleur équilibre entre excès électroniques et mélodies débridées. America reste malgré tout un bon album qui réussit peut-être mieux dans ses moments plus calmes et atmosphériques. L'énergie folle de Dan Deacon fonctionne moins bien, la faute encore une fois à des sonorités et à une production qui me conviennent moins.

Gliss Riffer
6.3

Gliss Riffer (2015)

Sortie : 20 février 2015 (France). Experimental, Electronic

Album de Dan Deacon

Annotation :

Indietronica / Neo-Psychedelia / Art Pop / Glitch Pop / Progressive Electronic
J'ai l'impression que Gliss Riffer est à ce jour l'album le plus faible de Dan Deacon - sans forcément que j'arrive à expliquer précisément pourquoi. Car on retrouve tout ce qui fait le style du bonhomme, ces sonorités singulières, ces rythmes frénétiques et cette folie ludique... sauf que ça ne fonctionne pas trop - encore moins que sur America qui tentait au moins de donner une cohérence et une forme à la musique de Dan Deacon. Gliss Riffer semble tout de suite moins ambitieux et cherche peut-être à être plus immédiat, plus pop dans une certaine mesure, l'électronique étant évidemment toujours centrale, mais parfois plus dans une logique d'accompagnement pour de véritables mélodies chantées (Sheathed Wings, When I Was Done Dying). Et quand Deacon repart dans des structures plus fleuves sur les trois derniers morceaux c'est étonnamment plat et linéaire, sans break ou twist mémorable. Gliss Riffer paraît juste plus convenu, moins bien écrit tout simplement, incapable de retrouver l'étincelle doux dingue et la musicalité euphorisante dont est capable Dan Deacon, celle qui fait briller Mystic Familiar par exemple et qui en deux morceaux - Become a Mountain et Sat by a Tree - résume tout ce qu'échoue à faire Gliss Riffer. Finalement, parmi la discographie de Dan Deacon, je retiens surtout Bromst, pour sa véritable folie désordonnée mais revitalisante, et Mystic Familiar qui me semble un aboutissement stylistique à l'équilibre idéal.

We'll Build Them a Golden Bridge
4.9

We'll Build Them a Golden Bridge (1996)

Sortie : 16 juillet 1996 (France).

Album de Destroyer

Annotation :

Lo-Fi-Slacker Rock / Indie Rock
Dan Bejar part de très très loin, et en même temps ça ne m'étonne pas de le retrouver ici en train d'expérimenter et de triturer des sonorités et des instruments détraqués pour proposer une musique lo-fi brinquebalante. On est évidemment à mille lieux de ce que fera le bonhomme, surtout en terme de production et de rendu sonore - tout sonne amateur ici - mais finalement pas tant que ça dans l'esprit. Ce premier album n'est pas vraiment plaisant ou agréable, notamment dans ses moments les plus lo-fi / bruitistes, et on est plus proche de l'ébauche et de démos par moment (l'album et les morceaux sont courts) mais il y a déjà une originalité qui perce et une sorte de mélancolie désabusée émouvante sur quelques titres comme Saddestroyer. En fait c'est déjà charmant.

City of Daughters
6.5

City of Daughters (1998)

Sortie : 1998 (France).

Album de Destroyer

Annotation :

Lo-Fi-Slacker Rock / Indie Folk
On saute directement au troisième album - City of Daughters -, Deezer ne proposant pas Ideas for Songs, album sorti uniquement en cassette en 1997. Mais apparemment ce n'est pas une grosse perte (j'imagine que c'est dans la lignée du premier album). Du coup on passe tout de suite dans une nouvelle dimension : la musique paraît moins amateur, les chansons plus abouties, il y a une meilleure production et quelques arrangements... mais ce n'est pas encore ça. L'ensemble est encore très limité, un peu répétitif, trop minimaliste - et trop folk - pour faire ressortir l'esprit fantasque de Dan Bejar. La chanson No Cease Fires! laisse néanmoins entrevoir le potentiel de Dan Bejar mais reste étrangement lettre morte sur la suite de l'album qui est bien plus dépouillé et moins exubérant. La dernière chanson, Son of the Earth, est également excellente. Mais c'est à peu près tout.

Thief
6.7

Thief (2000)

Sortie : septembre 2000 (France). Rock, Indie Rock

Album de Destroyer

Annotation :

Chamber Pop / Indie Rock / Indie Pop
On assiste ici à la véritable naissance de Destroyer : Thief est une suite logique - encore légèrement bancale - mais salutaire vers une pop plus flamboyante, tout en conservant cet aspect déglingué et fantaisiste qui sont la signature de Dan Bejar. Thief n'est pas un album totalement fini sur les bords mais on franchit un énorme palier en terme d'écriture et de production. Et Dan Bejar semble avoir découvert le piano / clavier / clavecin, instrument qui va venir irriguer ses compositions, bien secondé par des guitares électriques utilisées avec une science de l'intervention tranchante bien étudiée. Du coup, on est déjà au stade où l'on ne cherche plus forcément à compter les bonnes chansons, mais où l'on se laisse porter par le flow de l'album, de l'introduction Destroyer's the Temple, en passant par le refrain entêtant de The Way of Perpetual Roads, le piano sautillant de In Dreams et Queen of Languages, et plus globalement l'énergie échevelée de l'ensemble à base de breaks et de ruptures dans tous les sens. C'est peut-être là-dessus que l'écriture de Dan Bejar a encore une marge de progression. Les morceaux sont encore dans des formats balisés qui débordent peu. De toute façon, Thief peut être vu comme un brouillon de l'album suivant : Streethawk: A Seduction.

Streethawk: A Seduction
7

Streethawk: A Seduction (2001)

Sortie : 26 avril 2001 (France).

Album de Destroyer

Annotation :

Chamber Pop / Indie Rock
Streethawk: A Seduction est le premier classique de Destroyer et franchement à deux doigts d'être un chef-d’œuvre. J'ai déjà eu l'occasion de l'écouter, peut-être qu'avec le temps il finira par trôner aux côtés de Destroyer's Rubies dans mon panthéon personnel. En tout cas, Streethawk sonne comme un premier aboutissement pour Dan Bejar, tant il perfectionne la formule éprouvée auparavant par Thief. Il maîtrise désormais sa musique, je trouve que cela se ressent notamment dans sa manière de gérer ses morceaux, les breaks éclatant de manière plus évidente. Il n'hésite pas par exemple à étirer les motifs, à les faire tourner pour en accentuer l'effet étrange et addictif. Dan Bejar a une capacité pour trouver des décalages fantaisistes, pour saisir des gimmicks sonores mélodiques qui rendent sa musique immédiatement attachante et singulière, en utilisant ici une nouvelle fois un délicieux mélange de piano et de guitare électrique qui le fait presque passer pour un Bowie tendance glam-rock modernisé. C'est assez euphorisant et unique. Il y a déjà cette exubérance décomplexée réjouissante qui rend la musique de Destroyer si vivifiante et qui me fait du bien à chaque fois que je l'écoute. Il suffit d'écouter The Bad Arts et sa partie finale dingue, le piano d'English Music et de Farrar, Straus & Giroux (Sea of Tears), les breaks de The Very Modern Dance, le final de The Crossover, la délicatesse d'Helena... Si je devais reprocher quelque chose à l'album, c'est le fait qu'il brille peut-être plus au niveau instrumental que dans les parties de chant. Même si la voix nasillarde de Dan Bejar a toujours fait partie de son charme, elle n'a pas encore atteint sa pleine maturité. Par extension, Streethawk: A Seduction a encore un feeling d'indie rock à l'ancienne, notamment en ce qui concerne la production qui manque parfois de souffle. L'album paraît presque dépouillé à côté de la richesse et à la complexité foisonnante de Destroyer's Rubies. Mais à part cela, Streethawk: A Seduction est un excellent album et le premier jalon de la discographie de Destroyer, clairement.

This Night
6.9

This Night (2002)

Sortie : 7 octobre 2002 (France). Rock, Experimental, Indie Rock

Album de Destroyer

Annotation :

Indie Rock / Chamber Pop / Indie Pop
This Night constitue une petite régression par rapport à Streethawk: A Seduction. Non pas que l'album soit foncièrement mauvais mais il n'a plus le même entrain, la même exubérance et la même énergie. Soit Dan Bejar opte pour une nouvelle approche - moins dans l'immédiateté - soit il commence à être au bout du rouleau après avoir enchaîné trois albums en 2 ans. Toujours est-il que This Night ne retrouve pas la fraîcheur et les accroches originales de Streethawk (et même celles de Thief). Il y a un côté plus lent, avec moins d'éclats et de tubes potentiels, un truc tout en légères variations, en clair-obscur, plus blasé d'une certaine manière. L'album a aussi le défaut d'être trop long (68 minutes, sans doute le disque le plus long de Destroyer), ce qui renforce le faux rythme des morceaux. Le piano a également disparu, laissant les guitares électriques occuper toutes seules le spectre sonore quand les choses s'emballent, donnant un résultat plus poussif. Bref, il n'y a pas la légèreté que j'affectionne tant chez Dan Bejar. Je ne dirais pas que l'album est mauvais pour autant - surtout après une seule écoute - mais au premier abord ce n'est pas le truc le plus inspiré qu'ait réalisé Destroyer.

Your Blues
7.6

Your Blues (2004)

Sortie : 8 mars 2004 (France). Rock, Indie Rock

Album de Destroyer

Annotation :

Chamber Pop / Indie Pop / Art Pop / Synthpop
Your Blues opère un léger tournant dans la discographie de Destroyer - ce peut aussi être vu comme une sorte de spin-off dont les développements interviendront peut-être plus tard dans la carrière du groupe. L'album est en tout cas beaucoup plus calme et posé, plus atmosphérique aussi. Les morceaux sont moins exubérants que sur Streethawk et Thief, et brillent surtout par l'ambiance qu'ils instaurent. A ce niveau, Dan Bejar a progressé et propose un univers sonore enrichi et plus fouillé, en utilisant notamment des synthétiseurs qui traînent constamment dans le fond, sous forme de nappes enveloppantes. Ce sont les premières incursions synthétiques dans la musique de Destroyer, c'est donc un petit événement car cette dimension deviendra centrale dans le répertoire du groupe durant les années 2010. Ici c'est encore utilisé dans un registre d'habillage, pour enrichir la base indie folk rock du groupe, mais c'est assez réussi. Dan Bejar arrive encore à trouver des motifs uniques, mélodiques et envoutants pour transporter sa musique dans des univers fantastiques et hallucinés qui trouveront aussi un écho dans Destroyer's Rubies. Il y a aussi un côté ambiance de jeu vidéo pas déplaisant - et même carrément charmant - notamment quand les morceaux mettent l'emphase sur les arrangements orchestraux ou les petites rengaines synthétiques (An Actor's Revenge, The Music Lovers, Mad Foxes) qui donnent une vibe sonorités de jeux vidéo 90's. Your Blues est donc un projet atypique qui conserve l'aura et la singularité de Destroyer tout en l'habillant différemment. Je pense même que c'est un album qui doit gagner à la réécoute, tant les ambiances doivent mûrir et s'épanouir de manière envoutante et élégante.

Destroyer’s Rubies
7.6

Destroyer’s Rubies (2006)

Sortie : 21 février 2006 (France). Rock, Indie Rock

Album de Destroyer

benton a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Chamber Pop / Indie Rock / Indie Folk / Folk Rock
Je ne sais pas s'il est utile de mettre Destroyer's Rubies dans cette liste car je le connais très bien et pour cause : c'est avec cet album que j'ai découvert Destroyer, et c'est le seul album du groupe que j'ai dans ma discothèque. Cela ne rentre pas vraiment dans le cadre de la découverte et de l'exploration. Mais à mon sens on ne peut pas parler de Destroyer et mettre en perspective la discographie du groupe sans passer par Destroyer's Rubies, sans mentionner cet album qui en est la pierre angulaire. J'ai vraiment appris à aimer cet album au fil du temps, pour au final en arriver à l'aduler. Mais je n'ai pas envie de trop m'étaler, j'en parlerai peut-être ailleurs. Toujours est-il que je pense que Destroyer atteint ici un sommet, tout ce que Dan Bejar a développé depuis le début de sa carrière se trouve condensé et transcendé ici d'une manière brillante et émouvante - voire carrément surprenante : des explosions pop détraquées de Streethawk aux ambiances hallucinées de Your Blues, en passant par le rythme plus sinueux de This Night. Le tout est mixé pour un résultat unique, de rock étrangement psychédélique qui éclate tel un kaléidoscope de sensations et de trouvailles sonores fantastiques, d'une expressivité totale et rayonnante. On a rarement fait pop aussi communicative.

Trouble in Dreams
6.9

Trouble in Dreams (2008)

Sortie : 17 mars 2008 (France).

Album de Destroyer

Annotation :

Indie Pop / Indie Rock / Chamber Pop
Trouble in Dreams occupe une place compliquée dans la discographie de Destroyer, coincé entre les deux albums les plus réputés du groupe : Rubies d'un côté et Kaputt de l'autre. Deux albums par ailleurs très dissemblables, la fracture dans la carrière de Dan Bejar - et la transition vers une musique plus synthétique, moins rock - s'opérant clairement à ce moment. Avec Trouble in Dreams au milieu donc, album qui n'apporte en fait pas beaucoup d'eau au moulin. Il se retrouve dans une situation comparable à celle de This Night ou Your Blues, une sorte d'album de transition sans en être un et qui végète sur des acquis sans trouver une manière de les sublimer et de s'affirmer en tant qu’œuvre importante et à part entière. Un album qui a du mal à trouver sa place en somme. Mais loin d'être un mauvais album. Il est en tout cas meilleur que This Night. Plus mélodique, plus inspiré. Ce n'est parfois pas si loin de Rubies dans certaines envolées instrumentales, mais c'est comme si la musique était dépouillée de sa production miroitante et de la folie gracieuse pour retrouver une énergie plus simple et directe. Il y a moins de ruptures et de moments mind-blowing. Après il y a clairement de quoi se faire plaisir - notamment avec les deux pièces principales placées au milieu de l'album : My Favorite Year et Shooting Rockets (From the Desk of Night's Ape). Sans oublier tous ces petits moment qui font de Destroyer un groupe unique, notamment dans cette manière de conclure les morceaux avec une beauté émouvante, à base de claviers et de chœurs enchanteurs. Trouble in Dreams ne fait pas partie des meilleurs albums de Destroyer mais ça reste un bon cru très appréciable et c'est aussi l'album qui clôt en quelque sorte la période commencée avec Thief et qui a vu le groupe déployer un rock et une pop flamboyants uniques en leur genre.

Kaputt
7.5

Kaputt (2011)

Sortie : 25 janvier 2011 (France). Rock, Indie Rock

Album de Destroyer

benton a mis 9/10.

Annotation :

Sophisti-Pop / Art Pop / Indie Pop / Ambient Pop
Voici enfin Kaputt, LE tournant dans la discographie de Destroyer, à la fois en terme de registre mais aussi de reconnaissance pour Dan Bejar. Perso, j'ai complètement raté le coche à sa sortie, alors que j'aimais déjà beaucoup Rubies. Mais je ne suivais pas vraiment l'actualité musicale à l'époque. Donc je connais encore assez mal Kaputt mais je trouve amusant que cet album ait connu un tel succès. Il est assez représentatif d'une tendance qui n'a fait que se confirmer tout au long des années 2010 : l’aseptisation de la musique, la fascination pour une pop synthétique lustrée et classieuse. Car tout ici ou presque se pose en contradiction avec ce qui avait fait la force de Destroyer : oublié le rock, oubliées les mélodies détraquées et kaléidoscopiques, place à la sophistication, aux arrangements référencés, aux atmosphères contrôlées. Mais ce qui pourrait paraître fade au premier abord se transforme en or dans les mains de Dan Bejar qui déploie à nouveau son talent d'écriture dans un registre a priori étonnant mais qui lui permet de dévoiler de nouvelles facettes et d'amener sa musique sur de nouveaux territoires. Si on ne doutait pas de la classe innée de Dan Bejar elle éclate sur les morceaux de Kaputt. En épurant la musique, Bejar endosse le rôle du crooner au chant délicat et subtil, à la fois métronomique dans sa manière de rythmer les morceaux et chaleureux - presque caressant - dans sa manière de les habiter. J'aime aussi beaucoup la façon avec laquelle la musique joue avec les sonorités synthétiques 80's. Dan Bejar ose tout et ça fonctionne, même les arrangements jazzy qui pourraient être kitsch et mièvres mais qui se fondent dans un flow naturel assez irrésistible. Kaputt est en ce sens un digne prolongement de ce qui a précédé, en terme d'évidence, de facilité, de musicalité et de trouvailles sonores. S'il arrivait déjà à Dan Bejar de prend un malin plaisir à étirer ses morceaux, ici ça leur donne une autre dimension : l'épure stylistique les rend encore plus immersifs, entêtants et langoureux. Les meilleurs morceaux sont d'ailleurs les deux titres les plus longs : Suicide Demo For Kara Walker et Bay Of Pigs. Mais tout est baigné d'un charme quasiment égal, notamment Chinatown, Blue Eyes et ses choeurs, et Song For America. Je suis curieux de réécouter Poison Season et ken mais il me semble que Kaputt reste la matrice de Destroyer depuis sa sortie.

Poison Season
6.9

Poison Season (2015)

Sortie : 24 août 2015 (France).

Album de Destroyer

Annotation :

Chamber Pop / Sophisti-Pop
J'avais déjà écouté vite fait Poison Season. Dans mes souvenirs il était proche de Kaputt mais en fait c'est plus complexe que cela. Si le virage opéré par Dan Bejar avec le précédent album est toujours prégnant ici - ne serait-ce que par l'approche sophisti-pop, les arrangements très classe, l'ambiance et l'apport des cuivres - la musique est moins synthétique. Poison Season se trouve un peu à la croisée des chemins entre l'ancien et le nouveau Destroyer. La production renoue avec une approche plus simple et classique, tout sonne de manière plus naturelle et si ça ne verse jamais vraiment dans le rock, on sent que le groupe pourrait à tout moment lâcher les chevaux et retrouver l'énergie de Trouble in Dreams. Sauf qu'il ne le fait jamais vraiment (à part sur Dream Lover et Midnight Meet the Rain) et reste dans un registre sophistiqué où les ambiances sont classieuses et hyper chiadées et les arrangements réglés avec une méticulosité clairement héritée de Kaputt. Le mélange est intéressant, et on retrouve d'excellents morceaux mais je pense qu'il me faudrait plus de temps pour apprivoiser Poison Season car ce n'est pas un album si évident. J'aime bien le fait qu'il ait sa propre identité et qu'il ne se contente pas de refaire Kaputt, mais l'ensemble paraît aussi plus éclaté et moins cernable - il n'y a par exemple pas de pièce centrale, de titre pivot à l'image de Suicide Demo for Kara Walker ou Bay of Pigs. Tout se dévoile dans la nuance, c'est moins immédiatement accrocheur que Kaputt.

ken
6.7

ken (2017)

Sortie : 20 octobre 2017 (France).

Album de Destroyer

Annotation :

Art Pop / Synthpop / Sophisti-Pop / Indie Pop
Pour le coup, ken me semble être l'album le plus faible de Destroyer depuis le virage Kaputt. On se retrouve avec un album qui revient vers une esthétique synthpop mais sans les ambiances déliées et sophistiquées de Kaputt, bref sans la classe et le charme qui faisait de cet album un truc au flow unique. Ça tente parfois, sur certains morceaux (les cuivres traînent toujours dans un coin), mais on est plus proche d'une pop aux rythmes et aux sonorités 80's - surtout les percussions - en oubliant la dimension soft pop-rock jazzy qui transformait justement cette vibe pop synthétique 80's en monument de classe lumineuse. Sur ken, la production et l'esthétique en général sont donc à la fois plus stéréotypées, moins aventureuses dans les arrangements et les influences, et l'écriture sans grand éclat. L'album n'est pas vraiment mauvais mais il s'écoule sans illuminations, d'une manière traînante.

Have We Met
6.7

Have We Met (2020)

Sortie : 31 janvier 2020 (France).

Album de Destroyer

Annotation :

Synthpop / Art Pop / Sophisti-Pop
Je ne pensais pas revenir sur Have We Met car je l'ai beaucoup écouté cette année (meilleur album de 2020) et c'est à force de l'écouter que j'ai eu envie de me (re)plonger dans la discographie de Destroyer. Histoire d'essayer de retrouver les ambiances magnifiques que Dan Bejar déploie sur ce dernier album. Il y a évidemment de quoi se faire plaisir partout ailleurs chez Destroyer, mais finalement seul Kaputt rivalise et propose des morceaux aussi déliés, qui s'étirent sur des idées en apparence simples mais déroulées avec une classe incroyable. Du coup, je vois Have We Met sous un nouveau jour et il grandit encore dans mon estime. Je lui laisserai encore du temps mais c'est potentiellement le meilleur album de Destroyer après Rubies. Même mieux que Kaputt oui, car plus constant. En fait Have We Met réussi tout ce que ken ratait dans les grandes largeurs. C'est l'approche sonore synthétique de ken appliquée au génie soft-rock classieux de Kaputt, et le résultat est magistral, autant dans cette maîtrise sonore absolue où tous les effets éclatent avec une précision et une netteté enivrante (la production est dingue), que dans l'interprétation sur le fil, qui occupe l'espace tout en surplombant la musique avec légèreté. On retrouve l'humanité, la beauté émouvante, les moments tantôt tendus (Crimson Tide - improbable morceau heartland synthpop -, Cue Synthesizer) tantôt planants et en apesanteur délicate (l'album s'achève tel un coucher de soleil). Le travail sur le son est vraiment dément. En écoutant Have We Met en début d'année, je trouvais ça bien mais je pensais que Dan Bejar avait fait mieux parmi les albums que j'avais peu écouté (Kaputt, Poison Season et ken), mais en fait non, Have We Met est bel et bien une immense réussite qui ne doit rien à personne.

Chappie, Don't Cry
6.7

Chappie, Don't Cry (1991)

Sortie : 21 mai 1991 (France).

Album de Fishmans

Annotation :

Pop Reggae / Ska / Shibuya-kei / Indie Pop / Pop Rock
Quand on ne connait Fishmans qu'à travers Long Season, ça fait bizarre de se retrouver avec un premier album dominé par des rythmiques reggae. Ce n'est pas mauvais, il y a même une ambiance très chill et chaleureuse qui ressort de la musique, mais c'est sacrément répétitif car le rythme syncopé propre au reggae est omniprésent et similaire d'un titre à l'autre. Il n'y a que les fioritures mélodiques ici ou là qui apportent un peu de variations à l'ensemble, on peut déjà y voir la sensibilité musicale de Fishmans, mais c'est trop redondant à mon goût pour que des passages cruciaux émergent vraiment du lot à la première écoute.

benton

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