Filmographie de Gabin
Jean Gabin : monstre sacré du cinéma français qui ne voulait pas être acteur. Il rêvait d’être paysan ou conducteur de locomotive. Mais le métier qui était celui de son père va le rattraper et il adopte le nom de scène de son père : Gabin.
Sa carrière a décollé avec Pépé le Moko. Elle a connu ...
36 films
créée il y a 3 mois · modifiée il y a 2 joursLa Bandera (1935)
1 h 37 min. Sortie : 20 septembre 1935. Drame, Romance, Guerre
Film de Julien Duvivier
abscondita a mis 7/10.
Annotation :
"J’ai tourné La Bandera dans la joie. J’ai fait, nous avons fait, de notre mieux pour que ce soit du bon boulot.
Je voudrais avoir le temps de vous parler de ce qui s’est passé en moi depuis le soir où, pour la première dois, j’ai lu le roman de Pierre Mac Orlan, jusqu’à l’après-midi où le film, enfin terminé, fut présenté, en séance privée, aux acteurs et aux collaborateurs qui avaient aidé à le réaliser. Je voudrais pouvoir dire tous les espoirs que j’ai caressés, toutes les alternatives que j’ai traversées, toutes les déceptions que j’ai connues lorsque, à diverses reprises, j’ai cru que le film allait être fait pour apprendre peu après qu’il ne se faisait pas, et le voir enfin terminé, beau, vivant, fidèle, ardent, tel en somme que je le voyais. Mieux, peut-être, grâce au talent du grand metteur en scène qu’est le « petit père Julien ». Mais, cela, seul le public a le droit de le dire
Nous avons tourné La Bandera sur les lieux mêmes de l’action, dans le Maroc espagnol, et cette fois nous avons eu chaud.
Personne n’ignore, je pense, que la bandera est le nom de chacune de ces bannières des différents bataillons de la Légion étrangère d’Espagne. Celle-ci mit tout en œuvre pour nous faciliter la tâche avec une bonne volonté à laquelle nous fûmes très sensibles, et le séjour que nous avons fait parmi ces rudes gars me fut particulièrement agréable. Sans être militariste, j’ai compris l’attrait que le légionnaire exerce sur le cœur des foules et l’espèce d’auréole dont les cœurs simples le parent. Il existe un esprit de la Légion. Dans le mystère qui l’enveloppe, on retrouve celui qui entoure les grands aventuriers d’hier ou d’aujourd’hui, corsaires, chevaliers, forbans, capitaines et conquérants, dont les exploits forcent encore l’admiration de tous ceux qui en lisent le récit. (...)
La Bandera sera pour longtemps le plus beau souvenir de ma carrière. C’est la première fois que je tourne un film que j’ai choisi, et cela n’est pas une petite satisfaction. Pareille occasion se représentera peut-être et j’en serai heureux, mais elle n’aura pas la saveur de la première fois."
La Belle Équipe (1936)
1 h 41 min. Sortie : 15 septembre 1936. Drame
Film de Julien Duvivier
abscondita a mis 7/10.
Annotation :
À sa sortie en 1935, La Bandera, qui vogue sur la mode du film de légionnaire, rencontre un vif succès. Mais c’est avec La Belle Équipe que Jean Gabin connaît la consécration.
Le film, sorti à l’automne 1936, voit une bande de copains ouvriers gagner à la loterie et ouvrir une guinguette en bord de Marne. Au printemps précédent, la gauche enfin réunie a triomphé aux élections et gouverne le pays. C’est l’époque où tous les espoirs sont permis pour la classe ouvrière. Ils seront des millions à se reconnaître dans le personnage de Gabin, bon camarade, ouvrier aux plaisirs simples.
Par son évocation de la solidarité de classe et des dimanches dans les guinguettes, La Belle Équipe devient l’œuvre de référence de toute une génération. Mais la fin heureuse n’est pas celle qu’avaient voulue Gabin et Duvivier. La leur était bien plus noire. Mais le producteur, alarmé par les résultats décevants des avant-premières, avait demandé à Duvivier de tourner une fin alternative, plus optimiste. Duvivier y consentit mais réclama l’arbitrage du public. Furent organisées des projections test, comme on en pratiquait à Hollywood, à l’issue desquelles le spectateur était invité à choisir parmi les fins qui lui étaient proposées. Le public invité préféra la fin heureuse, contraignant Duvivier à remonter sa dernière bobine, la mort dans l’âme.
Depuis, le film a été restauré et monté avec la fin voulue par Duvivier, c’est celle que j’ai vue.
Lors de la scène durant laquelle il marche au bord de la Marne avec un accordéoniste, Jean Gabin chante Quand on s'promène au bord de l'eau qui deviendra un succès de l'époque.
Le restaurant La Belle équipe à Paris, tire son nom de ce film L'établissement a été l'une des cibles des attentats terroristes la nuit du 13 novembre 2015.
Les Bas-fonds (1936)
1 h 31 min. Sortie : 11 décembre 1936. Drame, Policier, Romance
Film de Jean Renoir
abscondita a mis 7/10.
Annotation :
Les Bas-Fonds marque la rencontre de Renoir et Gabin. Le cinéaste est bluffé par le naturel de l’acteur. « De grands effets avec une grande économie de moyens » (J. Renoir). Gabin est étonné par la liberté du « gros » – c’est le surnom dont il a affublé le cinéaste. En effet, Renoir a l’habitude de laisser entrer la vie dans ses films, laissant place à l’improvisation, saisissant au vol les propositions de ses acteurs et techniciens, et modifiant son script au jour le jour. Dans l’histoire qui va suivre, cette capacité à s’adapter à tout type de situation va s’avérer des plus salutaires.
« Vous pouvez vous imaginer combien j’avais hâte de tourner avec Jean Gabin, et je n’ai pas besoin de vous dire que je ne fus pas déçu. Nous nous entendîmes immédiatement comme larrons en foire, et tourner avec lui, comme dans tous les films que je tournai avec lui après, fut une espèce de…, même pas tout à fait de la recherche, mais une sorte de longue conversation à bâtons rompus de laquelle il émergeait des scènes, comme si ça venait tout seul. C’était véritablement un travail facile et agréable. » (Jean Renoir)
Gueule d'amour (1937)
1 h 34 min. Sortie : 15 septembre 1937. Drame, Romance, Guerre
Film de Jean Grémillon
abscondita a mis 7/10.
La Grande Illusion (1937)
1 h 53 min. Sortie : 4 juin 1937. Drame, Guerre
Film de Jean Renoir
abscondita a mis 8/10.
Annotation :
"Gabin était au maximum de sa forme. Il était heureux, épanoui, avec un magnifique instinct de son métier. Il exigeait dans les gros plans qu’un petit projecteur éclaire ses yeux pour qu’ils soient bien clairs.
C’était drôle de le voir en face de Fresnay. Gabin était chaleureux. Il tutoyait tout le monde. Fresnay était plutôt froid, distant, très protestant." (Françoise Giroud: scripte sur le tournage)
Elle raconte encore que Renoir disait toujours qu’il fallait « laisser la porte ouverte sur le plateau ». Il consultait son scénario d’un œil distrait pour mieux lui faire des infidélités. Ce qui est une très bonne manière de faire tourner Gabin, puisque l’improvisation le libère de scènes qui pourraient paraître artificielles.
Pépé le Moko (1937)
1 h 34 min. Sortie : 28 janvier 1937 (France). Policier, Drame, Romance
Film de Julien Duvivier
abscondita a mis 7/10.
Annotation :
Duvivier et Gabin partagent une maxime, selon laquelle un acteur n’est grand que par la relation qu’il entretient avec ses partenaires. Et Pépé le Moko est plein de seconds rôles excellents.
La Bête humaine (1938)
1 h 40 min. Sortie : 23 décembre 1938 (France). Policier, Drame
Film de Jean Renoir
abscondita a mis 6/10.
Annotation :
« Peu avant la guerre en 1939, MM. Hakim, producteurs, eurent l’idée de tourner La Bête humaine. Ils pensaient que Gabin jouerait le premier rôle. Je ne sais si Hakim et Gabin vinrent me voir en personne, mais dans tous les cas, c’est Gabin qui demanda à ce que je réalise le film. Gabin vint me voir, puis les frères Hakim. J’y pensai, et me dis « J’aimerais quand même savoir de quoi il en retourne ». Je dois avouer que je n’avais pas lu le roman. Je le feuilletai, cela me sembla passionnant, et je donnai mon accord. Nous dûmes commencer tout de suite. Je suis très fier d’un exploit sportif qui consiste en ceci : j’écrivis le scénario en douze jours, ce qui n’est pas mal ! Je le pris avec moi pour le tournage, mais nous ne le suivîmes pas, je vous le dis tout de suite. Mais nous l’avions sous la main, ça fait toujours bien d’avoir un scénario quand on commence un film, et nous commençâmes à tourner. Pour s’y préparer, Gabin et moi voulions nous renseigner sur les chemins de fer, et sur les locomotives, parce que la locomotive est un des personnages les plus importants du film. C’est en gros une sorte de trio avec deux femmes et Gabin. L’une de ces femmes étant Simone Simon, et l’autre étant la locomotive. Donc Gabin, et Carette avec, apprirent à piloter des locomotives. Gabin conduisit le train plusieurs fois du Havre à Paris avec de braves gens, des braves touristes dedans qui venaient d’Amérique et qui ne se doutaient pas qu’ils étaient conduits par un grand acteur. Peut-être qu’ils n’auraient pas été rassurés d’ailleurs, et qu’il valait mieux ne pas leur dire… » (Renoir)
Le Quai des brumes (1938)
1 h 31 min. Sortie : 17 mai 1938. Policier, Drame, Romance
Film de Marcel Carné
abscondita a mis 7/10.
Annotation :
"Quand j’ai su que Marcel Carné m’engageait pour Quai des brumes, que j’allais avoir comme partenaire Jean Gabin, je fus très impressionnée. On ne m’avait pas présenté le caractère de Gabin sous un jour très flatteur… En réalité, j’ai découvert un homme charmant, très simple, très compréhensif. Il m’a beaucoup aidée dans mon travail, a été plein d’attentions pour moi, et cela, avec une grande discrétion." (Michèle Morgan)
Au sujet de la scène du baiser : "Je m’en souviens de ce jour-là. Je ne connaissais pas très bien Jean Gabin, d’ailleurs je ne le connaissais presque pas, je l’avais rencontré quelques jours auparavant. Et il était très taquin, et moi j’étais très jeune, et je prenais tout très… comme ça, quoi, très sérieusement. Et alors, il s’était amusé à me taquiner, juste avant de tourner cette scène-là, et il me disait : « Oh ben, toi, t’es môme, tu ne sais pas embrasser, évidemment. Tiens, moi je viens de tourner avec Annabella, alors elle, elle sait embrasser, tu comprends ? » Alors, je n’osais pas lui répondre, j’étais tellement timide à cette époque… Je le suis toujours, d’ailleurs. Et ça me gêne horriblement de vous raconter ça, mais enfin… On m’a demandé une anecdote sur ce jour-là. Bref, il m’a tant taquinée, qu’au moment de faire ce baiser, j’étais toute tremblante, je ne savais pas comment faire ni où regarder, alors on a commencé à tourner… et il m’a embrassée. Et il m’a embrassée pour de bon, je veux dire, il m’a embrassée tellement que Dieu merci j’avais du maquillage, sans ça j’étais rouge pivoine jusqu’aux oreilles, je ne savais plus où mettre mes yeux ni regarder… Enfin, ça a été très charmant, après nous avons ri, et j’ai pu tourner ensuite beaucoup de films avec Jean Gabin. Ce qu’il y a de merveilleux chez Jean Gabin, c’est qu’on apprend beaucoup avec lui. Comme j’ai eu la chance de tourner avec lui au début de ma carrière, j’en ai appris presque la moitié de mon métier. Il parle si juste quand on l’à en face de soi, il vous parle sur un ton tellement vrai…, c’est-à-dire qu’il ne joue pas du tout la comédie, alors…, on est obligé de prendre le même ton que lui…, on ne joue pas… Et on apprend tellement de choses. On apprend à écouter, et…, enfin, c’est merveilleux. Et ce baiser a été pour moi un immense pas de fait." (Michèle Morgan)
Remorques (1941)
1 h 31 min. Sortie : 27 novembre 1941. Action, Drame, Romance
Film de Jean Grémillon
abscondita a mis 6/10.
Annotation :
En 1939, Gabin reçoit le scénario de Remorques, le scénario lui plaît. Il impose comme partenaire Michèle Morgan.
le tournage a lieu à Brest.
" (...) En somme, Remorques et la mer vengent Gabin de votre infidélité sur le fleuve dans La Belle Marinière ?
— Eh oui ! Cette fois-ci, c’est lui qui n’est pas gentil avec moi… Mais dans le film seulement. Car dans le travail, j’ai retrouvé le même camarade épatant que j’ai toujours connu, identique à lui-même. Non seulement il ne coupe ni un effet ni un profil à ses partenaires, mais encore il guide au mieux et conseille dans l’intérêt du film. Et ce n’est pas, croyez-le bien, parce qu’il n’a pas besoin de tirer la couverture à lui : cela arrive à des gens célèbres et pleins de talent ! Non, c’est parce qu’il a tout à la fois le sens du cinéma, de la caméra et de la camaraderie." (Interview de Madeleine Renaud)
Au-delà des grilles (1949)
Le mura di Malapaga
1 h 35 min. Sortie : 5 octobre 1949 (France). Drame
Film de René Clément
abscondita a mis 7/10.
Annotation :
Gabin parle de cette période :
"C’était pas brillant. Bah, forcément, tu sais, je suis parti, j’avais trente-sept ans. Je suis parti en plein boom, puisque j’avais fait tous les bons films que tu connais – et puis la guerre est arrivée, et puis je suis revenu et j’avais les cheveux tout blancs. Alors, tu sais ce que c’est, il a les cheveux tout blancs…, enfin, ça changeait le personnage. Alors, j’ai tourné des… Enfin. Non, j’ai tourné un très bon film avec Clément, Au-delà des grilles, mais c’était pas reparti pour autant… Les gens croient que c’est reparti après le Grisbi, mais c’est pas vrai, c’est reparti un an après le Grisbi. En attendant, fallait bouffer…"
Le Plaisir (1952)
1 h 37 min. Sortie : 29 février 1952. Comédie dramatique, Romance, Sketches
Film de Max Ophüls
abscondita a mis 7/10.
Touchez pas au grisbi (1954)
1 h 36 min. Sortie : 17 mars 1954. Drame, Film noir
Film de Jacques Becker
abscondita a mis 8/10.
Annotation :
C'est le film qui a relancé la carrière de Gabin après 15 ans d'éclipses. Il a initié le second âge d'or de l'acteur. Il a joué dans la carrière de l'acteur le même rôle que Pépé le Moko qui a lancé le premier âge d'or.
L'Air de Paris (1954)
1 h 45 min. Sortie : 24 septembre 1954. Drame, Romance, Sport
Film de Marcel Carné
abscondita a mis 7/10.
Annotation :
Depuis le succès de Touchez pas au grisbi,, Gabin est de nouveau courtisé par les producteurs, et il est parvenu sans mal à décrocher ce qu’il considère comme le véritable signe du progrès : la provision contractuelle de pouvoir choisir ses rôles et d’avoir son mot à dire sur l’équipe. De cette manière, il redevient, comme entre 1935 et 1939, le rassembleur qui décide, par sa participation, si un film se fera.
L’Air de Paris est de ceux-là. Depuis La Vierge du Rhin, Gabin emmène souvent Jacques Sigurd et Jacques Viot, qui en étaient respectivement scénariste et dialoguiste, voir des matches de boxe. Son copain de régiment Marcel Thil, auquel il doit ses plus beaux souvenir de caserne et de ring, est devenu entraîneur, et Jean emmène souvent ses collègues du métier voir les boxeurs de son club. Avec Sigurd, il va régulièrement au Central Sporting Club, rue du Faubourg Saint-Denis. Carné est moins amateur, mais il apprécie les possibilités cinématographiques du noble sport et sa place dans la culture populaire parisienne.
L’Air de Paris n’est pas qu’un film de boxe. Choisir le Central comme décor du match décisif, c’est placer une institution parisienne au centre d’une intrigue qui, comme souvent dans les travaux de Sigurd, de Gabin et de Carné, même indépendamment, traite de fractures sociales, de déshérence et de survie.
French Cancan (1955)
1 h 42 min. Sortie : 29 avril 1955 (France). Comédie dramatique, Comédie musicale, Romance
Film de Jean Renoir
abscondita a mis 7/10.
Annotation :
French Cancan est un film bruyant, joyeux et coloré. Ce que Renoir disait de Gabin avant la guerre, sur l’intensité d’expression de son jeu rentré, est bien sûr encore vrai, mais, dans un contexte aussi expressif, il se lâche, fait le pitre, renoue avec sa première carrière, le music-hall. C’est un film qui lui tient beaucoup à cœur, puisque tous les jours il lui donne l’occasion de parler à des personnages qui lui rappellent ses parents, et de renouer avec le maelström montmartrois dans lequel il est né. Cependant, il ne ressemble pas à ses autres films : c’est une comédie de mœurs dont les personnages frisent la caricature et dont les intrigues multiples frisent le désordre.
Razzia sur la chnouf (1955)
1 h 45 min. Sortie : 7 avril 1955. Policier, Drame, Thriller
Film de Henri Decoin
abscondita a mis 7/10.
Le Sang à la tête (1956)
1 h 23 min. Sortie : 10 août 1956. Drame
Film de Gilles Grangier
abscondita a mis 7/10.
Annotation :
Interview de Gabin par Chazal:
"— Avec Grangier, on avait fait Le Fils Cardinaud… Ils avaient appelé ça Le Sang à la tête, je sais pas pourquoi d’ailleurs. Moi, j’appelle ça Le Fils Cardinaud, et c’était un bon film.
— Ben, Le Sang à la tête, avec Gabin, c’était l’époque où on disait que tu te mettais tout le temps en colère, non ?
— Bôh… Oui, enfin, c’est tes collègues qui disent ça. Dans le temps, ils disaient que si je n’avais pas une scène de colère, je ne tournais pas. Tu parles, il n’y a rien de plus fatigant, alors j’y tiens pas du tout, moi, à tourner des scènes de colère. Pas du tout.
— Ils avaient même écrit que c’était dans tes contrats.
— Oui, enfin, belle connerie, entre nous.
— Enfin, ceci dit, ils ont peut-être de l’imagination, mais tu avais quand même beaucoup de scènes de colère, dans tes films.
— Ben, mon vieux, j’avais des scènes de colère, j’avais des scènes de colère… parce que c’est les gars qui m’en claquaient, des scènes de colère. C’était les sujets qui voulaient ça. Moi, personnellement, j’y tiens pas du tout. Moi j’aime mieux tourner un petit truc peinard, moi, tu sais. Moins j’en fais, plus je suis content, moi."
Voici le temps des assassins (1956)
1 h 53 min. Sortie : 13 avril 1956 (France). Drame, Thriller
Film de Julien Duvivier
abscondita a mis 7/10.
Annotation :
"Le film Voici le temps des assassins immortalisa notre jeunesse et un certain cinéma. J’avais une passion pour Julien Duvivier et pour tous ses films bien que je ne sois pas de la même génération. Je n’imaginais donc pas qu’il puisse faire appel à moi et lorsqu’il demanda à me rencontrer, je me sentis dans mes petits souliers. Ce premier rendez-vous est encore très présent dans ma mémoire. Duvivier était très impressionnant, sec, précis. Il me parla d’une traite de son film, me demanda de lire le scénario pour lui donner rapidement ma réponse. À prendre ou à laisser : apparemment d’autres actrices étaient déjà sur les rangs.
Sidérée par la pression qu’il mettait sur mes épaules, je lus tout le script dans ma voiture garée le long d’un trottoir. Plus j’avançais dans sa lecture, moins je comprenais pourquoi Duvivier avait pensé à moi. Cette diabolique jeune femme au visage d’ange capable de mensonge, de sournoiserie, de meurtre, je pouvais donc la jouer ? Manipuler Gabin, le mener par le bout du nez, en faire mon jouet, était-ce possible ? Y croirait-on ? Le défi était de taille. Je dis oui immédiatement, sentant que ce rôle pourrait peut-être me projeter vers autre chose. Et puis, tourner avec Gabin, comment ne pas courir ? […]
Le tournage s’étalait sur dix semaines. Sur le plateau de Billancourt, on avait reconstitué les vieilles Halles de Paris. Décors à l’identique comme on les fabriquait à l’époque. Et, sur quelques mètres carrés, une petite chambre avec le lit nuptial pour Jean, restaurateur des Halles, et moi, sa jeune épousée. […] Perché sur son tabouret, Duvivier gardait les yeux fixés sur nous comme un oiseau de proie. […] Oui, ce fut un vrai cadeau pour moi que cette histoire glauque d’un restaurateur abusé par une meurtrière qui se faisait déchiqueter par le chien de sa victime. Personnellement, j’en ai gardé un grand souvenir. On apprend beaucoup auprès des grands." (Danièle Delorme)
La Traversée de Paris (1956)
1 h 20 min. Sortie : 26 octobre 1956. Comédie dramatique, Historique
Film de Claude Autant-Lara
abscondita a mis 8/10.
Le Cas du docteur Laurent (1957)
1 h 50 min. Sortie : 3 avril 1957. Comédie dramatique
Film de Jean-Paul Le Chanois
abscondita a mis 7/10.
Maigret tend un piège (1958)
1 h 59 min. Sortie : 29 janvier 1958 (France). Policier, Drame
Film de Jean Delannoy
abscondita a mis 7/10.
Annotation :
"Maintenant, je ne vais plus penser à Maigret qu’à travers Gabin et Delannoy. C’est très fâcheux : pour mon prochain livre, ils vont me demander des droits d’auteur !" (Simenon)
Les Misérables (1958)
3 h 37 min. Sortie : 12 mars 1958 (France). Drame
Film de Jean-Paul Le Chanois
abscondita a mis 8/10.
Annotation :
La perception que Gabin avait de son personnage : "C’est l’aventure d’un pauvre gars qui, après avoir fait un mauvais coup et s’être évadé du bagne, se réfugie chez un évêque qui lui fait cadeau de deux chandeliers. À cause de ce don, Jean Valjean se croira obligé de devenir bon. Bon, mais bon ! Bon que c’en est un malheur…"
Rue des Prairies (1959)
1 h 30 min. Sortie : 21 octobre 1959. Comédie dramatique
Film de Denys de La Patellière
abscondita a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Archimède le clochard (1959)
1 h 25 min. Sortie : 8 avril 1959 (France). Comédie
Film de Gilles Grangier
abscondita a mis 8/10.
Annotation :
- Je me suis demandé si vous ne tourniez pas un personnage de ce genre pour réagir un peu contre l’emprise d’autres personnages que vous avez joués par le passé.
— Non, je ne l’ai pas fait pour ça, mais enfin, je crois que le propre du comédien est d’essayer toujours de se renouveler. On ne peut pas toujours aller voir le même personnage. Ceci dit, c’est très difficile de se renouveler, parce qu’il faut trouver des sujets, il faut trouver des personnages, il faut changer ses habitudes… C’est ce qui devient de plus en plus difficile, d’ailleurs, pour moi. Mais enfin, j’essaie toujours de trouver de nouveaux personnages.
— C’est également difficile de ne pas être catalogué une fois pour toutes, et vous avez réussi à traverser ce péril, car il y a des gens qui seront toujours un certain type d’acteur, qui n’en changeront jamais.
— Oui, mais je crois que j’ai beaucoup été aidé. Vous vous rappelez, une fois, je vous avais dit que j’avais eu de la chance, et je continue avec cette chance. J’ai beaucoup été aidé, par exemple, de par mon physique. Mon physique a changé, mon physique a évolué, ce qui me permet de changer de personnages. Il y a des gars dont le physique n’évolue pas, et ils continuent à jouer les vieux jeunes premiers, si j’ose dire.
— Pour revenir à Archimède, c’est un personnage qui ne veut pas s’intégrer à un groupe qui ne lui plaît pas, c’est ça ? Il le fait bien ou il le fait mal, il le fait d’ailleurs par petites étapes ; ce n’est pas un film spécialement cohérent.
— Non, Grangier appelle ça un libertinage.
— Et je pense que cette attitude de votre personnage, d’Archimède, est un peu, toutes proportions gardées, la vôtre ? Je ne voudrais pas tirer des conclusions hâtives, mais je crois que, lorsque vous n’aimez pas quelqu’un, ce n’est pas la peine que la personne en question essaie d’insister…
— Oui, j’ai cette réputation, je sais, oui…"
(Interview de Gabin par François Chalais)
Les Vieux de la vieille (1960)
1 h 25 min. Sortie : 2 septembre 1960. Comédie
Film de Gilles Grangier
abscondita a mis 8/10.
Le cave se rebiffe (1961)
1 h 38 min. Sortie : 26 août 1961 (France). Comédie, Policier
Film de Gilles Grangier
abscondita a mis 8/10.
Annotation :
Jean Gabin, passé un certain âge, ne voulait plus quitter la Normandie où il avait sa principale résidence, sa ferme. Lorsqu'on lui annonce qu'il va devoir tourner des scènes du Cave se rebiffe en Amérique du Sud, l'acteur menace de quitter le projet. Le tournage a donc eu lieu en Normandie, où quelques plantes vertes font office de décor censé rappeler le pays des incas.
Le Président (1961)
1 h 50 min. Sortie : 1 mars 1961 (France). Comédie dramatique, Thriller
Film de Henri Verneuil
abscondita a mis 7/10.
Annotation :
— Jean Gabin, des Grandes Familles au Président, vous incarnez des symboles de classe sociale. Est-ce que cela a posé des problèmes au Gabin que j’appellerais traditionnel ?
— Ben, ça en pose un peu dans le sens où il faut changer de personnages, mais enfin, ce n’est pas une chose insurmontable. Pour moi, il y a une chose assez facile, c’est le costume. Quand je m’habille d’une certaine façon, j’arrive à être un certain personnage, quand je m’habille d’une autre façon, j’arrive à en être un autre.
— Vous avez tourné deux Maigret, vous avez tourné Le Baron de l’écluse, vous tournez en ce moment Le Président, vous avez été l’interprète de Simenon plusieurs fois. Peut-on expliquer ce goût pour Simenon par une relation entre les personnages écrasants de Simenon et votre personnage écrasant ?
— Non, je crois que c’est une coïncidence. Parce que Simenon a écrit des bouquins où très souvent les personnages sont dans la force de l’âge ; ce sont des personnages qui ont très souvent entre quarante-cinq et soixante ans, et c’est pour ça que depuis un certain temps je tourne très souvent des Simenon. Et parce que Simenon, d’autre part, est une source de sujets pour le cinéma.
Un singe en hiver (1962)
1 h 45 min. Sortie : 11 mai 1962 (France). Comédie dramatique
Film de Henri Verneuil
abscondita a mis 7/10.
Annotation :
"— (...) Dès que Belmondo est arrivé, Gabin et lui étaient tous les deux sur des fauteuils, l’un à côté de l’autre. Comme Gabin ne parlait pas, Jean-Paul respectait son silence et il ne parlait pas non plus. Gabin a dû lui adresser la parole une fois, à cause des répétitions. J’ai connu Belmondo sur d’autres films où il était plus extraverti, plus farceur. Sur celui-là, il était plus réservé, car il respectait infiniment Gabin qui l’impressionnait. Il mesurait la chance qu’il avait de jouer avec lui. Il avait le souci de faire le poids. Avec une telle personnalité, il pouvait craindre d’être estompé complètement par Gabin, de disparaître. Il était très motivé pour faire le mieux possible et, en même temps, avec une simplicité qui ressemble à Jean-Paul." (Jean-Claude Pinoteau, assistant de Verneuil)
Jusqu’au jour où Belmondo demande à Gabin s’il peut échanger son Paris-Turf contre son Équipe. La glace est brisée, et, à l’image de leurs personnages, ils nouent assez vite une relation d’amitié et d’admiration mutuelle.
"Brusquement, un jour, Gabin m’a parlé avec une chaleur retenue que j’ai prise pour celle de l’amitié et je ne me trompais pas. Visiblement, il m’aimait bien. Mieux que ça. Nous sommes devenus de grands copains. Il a déclaré à tous les journalistes de passage que j’étais son successeur et que j’aurais pu tenir ses rôles d’avant-guerre aussi bien que lui." (Belmondo)
Mélodie en sous-sol (1963)
1 h 58 min. Sortie : 19 mars 1963. Policier, Drame, Romance
Film de Henri Verneuil
abscondita a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Le Tonnerre de Dieu (1965)
1 h 31 min. Sortie : 8 septembre 1965 (France). Comédie dramatique
Film de Denys de La Patellière
abscondita a mis 7/10.
Annotation :
C’est à partir du Tonnerre de Dieu (Denys de La Patellière, 1965) que le Gabin dernière manière se dessine. L’acteur y joue un vieux vétérinaire acariâtre qui recueille les chiens perdus, au propre comme au figuré, puisque ses bâtards à poil court et à poil long sont rejoints par une jeune prostituée (Michèle Mercier) que le retraité vient de prendre sous son aile. Aucune romance entre le protecteur et la protégée.
Du rififi à Paname (1966)
1 h 38 min. Sortie : 2 mars 1966 (France). Policier, Drame
Film de Denys de La Patellière
abscondita a mis 7/10.