Films (re)vus en 2018

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01/01/18 -- 20h05
Cinéma // VOST

Une bouillie visuelle aussi immonde qu'elle est inutile (pourquoi mettre autant de blé dans des effets spéciaux alors que toute l'intrigue est en huis-clos ?). Brannagh n'a rien compris à Christie et son film trahit l'oeuvre en plus de la tourner en ridicule : dialogues affreux, personnages inexistants, galerie de stars mal dirigés, narration en roue libre, mise en scène tape à l’œil... Il n'y a pas grand chose à sauver de ce naufrage, à part peut-être quelques passages mélodieux de la jolie bande originale et un Brannagh en surjeu total qui en devient ainsi presque attachant. Berk.

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02/01/18 -- 20h30
Cinéma // VF

Un tableau de famille touchant et pudique, d'une rare humilité dans sa mise en scène pour un premier film. La direction d'acteurs est remarquable, les deux rôles des parents absolument bouleversants. Un très beau petit film, simple et touchant, sans être pour autant un inoubliable.

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04/01/18 -- 22h15
Cinéma // VOST

Intéressant biopic dans sa structure (ne s'intéresser qu'à ce printemps 1940 plutôt qu'à l'ensemble de la vie de Churchill), un Gary Oldman au sommet et complètement méconnaissable dans ce qui pourrait bien être le rôle de sa vie, et une mise en scène très démonstrative mais particulièrement léchée de la part d'un Joe Wright qui arrive décidément à rendre n'importe quoi joli, même un film de bureaux. A défaut d'être un moment de cinéma saisissant, Les Heures Sombres parvient à mettre en scène un intéressant jeu de pouvoirs et à dévoiler les coulisses de la Bataille de France avec un soin assez rare porté aux décors et à la photographie. Mais Oldman demeure la vraie star. Classique, mais solide.

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06/01/18 -- 22h10
Cinéma // VOST

Clooney n'est pas un mauvais réalisateur mais ce "Suburbicon" se subit avec un ennui profond : laborieuse comédie noire, basée sur un scénario des frères Coen qui apparaît assez sage et classique, même de leur part. Le casting, très solide, sauve le film du naufrage total mais pas le spectateur de l'endormissement. Un chloroforme filmique où aucun effet ne semble marcher, qu'il s'agisse de ses réflexions sur l'Amérique ou de ses tentatives comiques.

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16/01/18 -- 18h00
Cinéma // VOST

Une fresque underground tantôt laborieuse, tantôt sublime, aussi poétique que rugueuse, au sein d'une ville et d'un pays qu'elle rend foisonnants, passionnants, cosmopolites et pluriels. La Thaïlande devient le personnage central de cette histoire de l'Asie du Sud Est racontée comme un récit d'amours, de déceptions et de réussites de personnages d'horizons différents, coincés dans ce cluster où classes sociales et langages se mélangent, que ceux-ci soient ceux des anciens colons ou des nouveaux tyrans. De la Guerre du Vietnam à Pol Pot, en passant par la prostitution et le Miracle Japonais. Brillant, complexe, terrassant.

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22/01/18 -- 21h40
Cinéma // VOST

Difficile de se faire un avis sur le dernier film d'Alexander Payne, qui ne pèche pourtant pas par son manque d'idées : le réalisateur américain s'intéresse une nouvelle fois bien plus aux crises existentielles profondes de ses personnages, et plus particulièrement d'un Matt Damon saisissant, plutôt qu'aux grands sujets de son high concept passionnant. Si sa critique de l'american way of life et sa satire maline de la lutte des classes et de l'hypocrisie des classes moyennes ressortent parfois, c'est finalement cette lente décomposition de la dépression d'un individu ne trouvant pas sa place dans l'utopie humaine ultime (écologique, économique et sociale) qui finit par saisir. Parfois longuet, parfois niais, mais toujours d'une justesse incroyable : un portrait miniature intime et grinçant, sous forme de conte futurologique dopé au Capra, qui empreinte de multiples chemins pour finalement retrouver sa véritable utopie. Cette utopie, elle n'est pas sociétale, elle est individuelle. Vertigineux et important.

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23/01/18 -- 12h40
Cinéma // VOST

S'il n'atteint jamais la poétique noirceur de son "Bons baisers de Bruges", le dernier film de Martin McDonagh parvient à trouver un équilibre malin entre sa comédie noire (située quelque part entre le raffinement british de son réalisateur et la peinture grinçante de la nature humaine des Coen) et le mélodrame américain pur, polar sombre et désenchanté sur le sens de la justice entre Peckinpah et Dennis Lehane. Frances McDormand est incroyable, mais c'est Sam Rockwell qui crève l'écran en antihéros absolu, navigant entre les notions floues de protagoniste et d’antagoniste. C'est brutal, c'est drôle, c'est beau. McDonagh se confirme comme l'un des cinéastes anglophones les plus passionnants de sa génération.

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27/01/18 -- 19h00
VOST

L'intérêt du dernier film de David Wain c'est peut-être de rappeler à quel point "Man on the Moon" était une réussite incroyable. Si on sent que Wain est intimement lié à son sujet (il y avait, dans "Wet Hot American Summer", l'esprit du National Lampoon), il n'en retrouve jamais la folie et la subversion malgré quelques tentatives narratives (souvent ratées). Même s'il en est la star, Will Forte ne se fond jamais vraiment dans son rôle et ce sont Domhnall Gleeson et Joe McHale qui lui volent la vedette. Reste au final un biopic assez plat, bien trop sage pour son sujet. Anecdotique, dommage.

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28/01/18 -- 22h25
VF

Un mélo grinçant porté par un duo inattendu de "gens de la télé" (Bedos et Tillier), tous les deux assez impressionnants dans deux rôles de cinéma dont la relation, à travers les époques, les difficultés et les passions, ne les rend que plus bouleversants (et tragiques). La plume de Bedos se retrouve dans des dialogues toujours frais, malins, justes - sa mise en scène, quelque part entre l'expressivité généreuse d'un van Dormael ou d'un Malick et la sensibilité d'un Bergman, mérite le détour et parachève une comédie romanesque et subtile tout aussi surprenante que plaisante. Une réussite incontestable, sophistiquée tout en restant mauvais enfant, comme ses personnages.

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30/01/18 -- 21h35
VOST

Un mélodrame sensible et académique qui vaut surtout pour les performances exceptionnelles de son duo d'acteurs principaux (Bob De Niro et Robin Williams), dans la lignée évidente d'un "Rain Man", dont le film de Penny Marshall n'atteint pourtant jamais vraiment l'émotion brute qui ressortait de la relation des deux personnages au centre du film de Levinson. Demeure un "film du dimanche soir", agréable et tendre - parfois subtilement cruel, parfois infiniment poétique, comme dans cette partie centrale de redécouverte de la vie. Dommage que tout ceci ne transcende jamais son classicisme un poil barbant : si la première heure passe à merveille, on finit par trouver le temps un tantinet longuet.

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03/02/18 -- 15h30
Cinéma // VF

Les films de Robert Guédiguian se suivent et se ressemblent beaucoup. Ce "La Villa" n'échappe pas aux passages obligés qui savent se trouver un public et se mettre à dos un autre : mélodrame coi, parfois maladroit dans ses grosses ficelles, parfois aussi presque ethnologique. Mais cette fois, une mélancolie ironique s'empare de son film, et il parvient, comme souvent, à toucher - tout en finesse et en avarie d'effets. Le casting est, comme à l'accoutumée, parfaitement dirigé - de quoi lui pardonner la relative innocence de son propos politique et ses bonds scénaristiques toujours aussi abruptes.

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04/02/18 -- 11h30
VF

Nakache et Toledano font une nouvelle fois preuve de leur savoir-faire de la comédie populaire : "Le Sens de la fête", comme "Intouchables" ou "Nos jours heureux" avant lui, est rythmé et élégant, porté par un casting choral très bien dirigé. On regrettera le côté "scénettes" de la plupart des situations, la prévisibilité de son potentiel comique et ses répliques trop écrites et poussives -- mais tout ceci ne manque indéniablement pas de charme : un film attachant, qui finit malheureusement pas se révéler très limité et répétitif.

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04/02/18 -- 16h00
Cinéma // VOST

Bollywood dans ce qu'il peut avoir de plus exubérant et de plus généreux, avec un premier degré tantôt ridicule, tantôt jouissif. Si l'introduction est (bien) trop longue, "Padmaavat" devient un beau morceau d'épique et de spectaculaire dans sa seconde partie, avec notamment une scène de bataille finale qui a de quoi faire rougir même les plus grosses productions US, rappelant même la volupté quasi-mythologique qui faisait la saveur de "Ran" de Kurosawa. Mais ce serait mentir que de dire que le nouveau film du réalisateur de "Devdas" n'est qu'une énième resucée shakespearienne : sa fougue et sa plénitude kitsch en fond un bon gros délire manichéen qu'on appréciera déguster comme un fruit exotique rare.

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04/02/18 -- 19h45
VOST

Le vengeance movie musclé de série B se transforme en thriller politique un peu fade, faisant du nouveau film de Martin Campbell un actioner bancal qui tente beaucoup de choses mais n'en réussit pas beaucoup, à part dans cette première partie solide où un Jackie Chan tragique donne à "The Foreigner" un semblant d'humanité ainsi qu'une réflexion amère sur les effets du terrorisme. Imparfait, mais plein de bonnes choses : dommage que la deuxième heure ne tienne absolument pas la route alors que le film décide finalement de faire Brosnan la vedette.

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04/02/18 -- 22h10
VOST

Un buddy-movie longuet et cliché qui réussit, comme à l'habitude pour les comédies policières coréennes, surtout ses scènes de combats. Les situations supposément drôles, quant à elle, tombent trop souvent à l'eau. Demeure un divertissement sympathique, fondamentalement attachant et empli de bonnes intentions, dont on aurait pourtant apprécié qu'il soit plus corrosif ou, mieux, plus surprenant.

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05/02/18 -- 20h40
Cinéma // VOST

Un road-movie mélo touchant, qui vaut principalement pour ses trois acteurs principaux - un Cranston de grande classe, un Steve Carell bouleversant et un Fishburne tout en retenue - et pour le charme de nostalgie ouatée que Linklater parvient à impulser à ce récit de "vétérans", qui raconte le passé sans jamais le montrer, qui écrit des personnages (morts ou ayant changés) par les mots et les histoires. Un peu longuet, un peu bavard, mais d'une rare justesse et d'une tragique mélancolie, comme souvent chez son réalisateur. Anecdotique mais infiniment sensible et simple.

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11/02/18 -- 12h30
Cinéma // VF

Coup d'essai, coup de maître. Le premier film de Xavier Legrand, quelque part entre Pialat, Farhadi, K. Kurosawa, Costa-Gavras et Fincher, fait de son sujet si simple un prétexte de cinéma menaçant, troublant, profondément dérangeant. De ce simple fait social, il tire du mystère, de l'épouvante, de l'humain, un large panel d'émotion : les non-dits, les inconnus deviennent les démons de ce film de genre qui n'en est pas vraiment un. Entre le mélo, l'horreur et le thriller, Legrand joue du spectateur et de ses personnages, informant en compte-goutte, laissant planer le doute et l'incertitude, pour finalement signer le film français le plus impressionnant depuis des mois - sa mise en scène est d'une incroyable maîtrise, son écriture d'une rare subtilité, ses acteurs sont au sommet de leur art. Brutal, fort, mémorable. Un grand film.

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12/02/17 -- 20h55
VOST

Voilà, bah, c'est plein de bons acteurs jouant mal qui se trouvent dans une station spatiale gris-bleue, y a un accélérateur de particules qui déconne et après ça se transforme en sous-"Alien" dopé au "Solaris" façon série B attardée : y a le russe, l'américain, la chinoise, le sidekick rigolo. Contrairement au malin et fun "Life" sorti l'an dernier, "The Cloverfield Paradox" est cependant d'un ennui mortel : tout s'étire en longueurs inutiles à travers des scènes de dialogue interminables et mal écrites, pas un seul moment de tension réussi. On se fait juste chier. Pas grand chose à en dire au final, un navet à 50 millions de dollars dont tout le monde se serait foutu si y avait pas l'étiquette "Cloverfield" dessus. C'est juste dommage de voir Brühl, Oyelowo ou Zhang Ziyi cabotiner dans une daube sans saveur pareil, filmée sans aucune espèce de talent. A jeter.

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13/02/17 -- 20h15
Cinéma // AVP // VF

"Orange Mécanique" cross "Sa Majesté des Mouches" vs "Lame de Fond" en mode Terayama / Wakamatsu / Epstein, le tout sous beaucoup d'acides. L'univers baroque est tout aussi assommant que fascinant, et visuellement cela tient du coup de maître, mais c'est le travail sonore qui ressort particulièrement du premier long-métrage de Mandico, véritable oeuvre d'orfèvre, précise, pointue, et planante. Pour ce qui est du fond, et de son sous-texte questionnant la sexualité de ses protagonistes (et donc de ses potentiels spectateurs), on reste plus indécis : étouffé par le poids de ses influences idéologiques et cinématographiques, la fantaisie sensorielle du film de Mandico se retrouve (bizarrement) parfois prisonnière de l'intellectualisation pourtant pas si complexe de ses thèses profondes fortes. Si ce n'était pas son intention première, "Les garçons sauvages" ressemble bien trop au conte philosophique et pas assez au trip psyché sensitif.

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18/02/18 -- 20h00
Cinéma // VOST

Spielberg replonge dans son cinéma plus bavard et académique, mais sa maîtrise de la mise en scène du dialogue est toujours aussi incroyable -- le scénario, lui, est dense et actuel, quoi que moralisateur, mais c'est un solide Tom Hanks qui finalement ressort de ce long-métrage assez anecdotique dans la filmo du cinéaste : dans un style similaire, on reste bien loin de Le Pont des Espions ou de Arrête-moi si tu peux ; qui avaient pour eux un sens de la narration que Pentagon Papers n'atteint jamais vraiment. La maîtrise purement visuelle est complète, mais ce film on l'a déjà vu.

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18/02/18 -- 22h15
Cinéma // VOST 2D

Complètement survendu. Y a bien que l'incroyable Michael B. Jordan (dans le rôle du seul bad guy réussi sorti du MCU en quasiment 20 films) qui vaille le coup. Le reste des personnages est d'une fadeur infinie, Coogler signe une bouillie visuelle qui ressemble à un Besson des mauvaises heures qui aurait décidé de faire un film en Afrique (malgré quelques bonnes idées de mise en scène éparpillées ici et là, mais il faut les chercher), c'est ennuyant en plus de ressembler à tous les autres films du MCU en termes d'enjeux, de rythme, de situations. Même la BO estampillée Kendrick Lamar, au sein du film, est décevante. On nous avait vendu une micro-révolution chez Marvel, mais c'est au final toujours la même recette. Et c'est même dans le milieu-bas du panier.

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19/02/18 -- 23h00
VOST

Après m'être endormi devant hier soir, je l'ai fini aujourd'hui. Du Buñuel très acerbe qui met très cher à la "bonté chrétienne" et autres charitables bourgeoisies, illustrant avec beaucoup d'ironie (et de très gros sabots -- à l'image de cette Cène de pouilleux) tout le paradoxe et la candeur de la générosité religieuse. Viridiana est un film courageux, visuellement très inventif - presque baroque - qui ne pêche sans doute que par la virulence pas vraiment toujours justifiée dont le cinéaste fait preuve vi à vis de l'idéologique qu'il tourne en ridicule : à être aussi moqueur, son discours n'en devient que plus caricatural lui aussi. Cela reste maîtrisé de A à Z, même dans les ramifications plus grossières de ses réflexions.

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21/02/18 -- 20h10
Cinéma // VF

C'était géant. Une frappe atomique. C'est loufoque, tragique, drôle, passionnant, intelligent, dérangeant. En plus d'être une comédie excessivement drôle, "Ni juge ni soumise" propose une réflexion profonde sur la justice, la criminalité, l'institution, le réel -- monté à la perfection, avec jusque ce qu'il faut de recul et de second degré pour rendre ça hallucinant. Et tout cela devient magistral quand, dans son dernier quart, le film des créateurs de "Strip Tease" vient nous interroger en tant que spectateur, avec ce qui restera comme l'un des regards-caméra les plus glaçant, terrifiant et nécessaire de l'histoire du cinéma. Un grand docu, une grande comédie : un grand film.

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23/02/18 -- 19h15
Cinéma // VOST

Yuasa à son paroxysme : son inventivité visuel n'a d'égal que son inventivité narrative, "The Night is Short, Walk on Girl" est un plaisir déluré d'1h30, regorgeant d'idées de tous les côtés. Tout est fou, imprévisible, absurde, et pourtant le dernier Yuasa est d'une cohérence créative absolument implacable. Chaque centimètre carré de pellicule relève du détail savamment placé, réfléchi, déliré. Superbe.

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15/03/18 -- 20h15
Cinéma // VOST

On attendait le nouveau "Ed Wood", on a eu un téléfilm dont la démarche écrase tout le reste : si James Franco est éblouissant, son film l'est beaucoup moins, n'arrivant jamais à capter cette folie, ce nihilisme quasiment apocalyptique qui règne chez Wiseau. "The Disaster Artist" est rarement drôle en dehors de ses références au film, il n'est jamais touchant malgré ses tentatives louables. Il est surtout trop sage, trop cadré, trop observateur, trop frat-pack, pas assez "The Room".

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15/03/18 -- 22h20
Cinéma // VOST

Del Toro plonge une nouvelle fois dans le conte et livre une oeuvre apaisante, faite d'archétype et de symboles, sur la marginalité, la différence et l'intolérance. En lieu et place de grands discours sur l'acceptation de cette diversité, il préfère en dresser l'éloge, faisant de ses freaks et minorités (l'handicapée, le monstre, l'homosexuel, l'opposant politique, l'afro-américaine et le fou psychotique) des êtres de cinéma passionnants, vibrants, bouleversants, comme une métaphore des discriminations profondes qui rythment l'Amérique depuis sa fondation. De la part d'un mexicain et à l'époque de Trump, c'est fort. Dommage que sa mise en scène en fasse des caisses, ne cultivant aucun mystère, tout en ne parvenant paradoxalement jamais à faire vivre cet univers qui avait pourtant l'air fascinant. Plutôt que d'émerveiller, The Shape of Water finit par frustrer : tout cela a beau être infiniment poétique, ça manque de rêve.

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18/03/18 -- 22h15
VF

On m'avait vendu une comédie potache et pleine de joie de vivre à la Capra, j'ai eu une revisite fade du "film de noël", ennuyante et prévisible, malgré un Alain Chabat qui se donne en effet beaucoup de mal en tant qu'acteur - on est plus proche d'un Marsupilami que d'un Mission Cléopâtre, avec un humour gamin un peu assommant, et quelques vannes un peu plus grinçantes qui font rarement mouche. Visuellement c'est très moche aussi. Pas grand chose à en dire, c'est juste infiniment médiocre et anecdotique.

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20/03/18 -- 20h15
Cinéma // VOST

Portraits d'une ville, d'humains, mais surtout de femmes. Un film coloré, aussi coloré et léger qu'il peut être lourd de sens et d'émotions. On en ressort quand même avec le sourire, l'envie de voyager, de rencontrer, de vivre -- empreint d'une infinie mélancolie, "Jerico" n'est pourtant jamais réactionnaire. Il vit l'instant, il le capte, le transmet. On pense à Varda, ou aux classiques feel-good movies US, mais il y a une humanité et une sincérité qu'on ne trouve que chez très très peu de cinéastes. Magnifique.

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22/03/18 -- 20h00
Revisionnage // Cinéma // VOST

Erice installe un temps de cinéma unique, quelque part entre Kieslowski et Tarkovski. Chaque plan est un tableau, chaque mot un poème -- à la photographie, un génie également, avec un jeu d'ellipses lumineuses absolument monumental. Esthétiquement sublime, d'une sensibilité rare, d'une poésie infinie, en plus de porter un message politique fort doublé d'une douce mélancolie sur l'innocence de l'enfance : on peut dire sans honte de "L'Esprit de la ruche" qu'il est un chef d'oeuvre.

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22/03/18 -- 22h00
Cinéma // VOST

Film maudit dont le tournage a été stoppé en plein milieu, "Le Sud" joue de cette frustration avec une maîtrise qu'on se doit d'admirer. Une merveille de mise en scène, de sobriété, mélancolique et subtile - comme dans "L'Esprit de la ruche", les jeux d'éclairage sont déments. A défaut d'être aussi merveilleux, "Le Sud" est tout aussi fascinant. Si le précédent citait Tarkovski, celui-ci invoque Bergman. Sublime.