Films vus datant de 2020

Annotation :

Mise en scène talentueuse, inventive, instillant une forte tension au travers de plans-séquences bien dirigés. De manière générale, une écriture visuelle très maitrisée (cadrages, éclairages). La réalisatrice évoque dans une interview cette difficulté répandue chez nos amis les ossètes à verbaliser leurs sentiments (qu'ils ne se sentent pas seuls !). On peut imaginer que ses choix de mise en scène très physiques tendent à retranscrire cette caractéristique, ce ressenti. Est-ce pour autant dans cette optique que le récit semble se déployer en un sur-place qui s'éternise, s'ingéniant à troubler les faits et gestes, les contrariétés entre personnages, bien souvent illisibles ? La clarification révélant tardivement le passé meurtri d'Ada ne change rien à une narration persistant dans la prononciation d'un même ressenti d'enfermement. Reste la scène finale, tout à fait fascinante, énigmatique, déréalisant par une esthétique expérimentale (texture video fragmentée, se dégradant jusqu'à l'abstraction), ce qui s'apparentait à un épilogue libératoire. La réponse au prochain numéro !

Annotation :

Portrait d'une âme mutique, impénétrable, dont l'existence harmonieuse avec son milieu (évidente pour ne pas dire mystique), une nature authentique, perpétue le destin familial. Sans doute un film qui s'illustre en opposition à la réalité urbaine bulgare dont Kamen Kalev a jusque-là décrit l'état de déréliction. Temporalité immersive des plans assez fascinante, onirique, durant la première partie en particulier (des instants évoquant "Few of us" de S. Bartas ou "Le cheval de Turin" de B. Tarr ?).

Annotation :

L'absence de complexité narrative va au prorata d'une approche atmosphérique toute en délicatesse. Réalisme de l'image. Dommage que le regard porté aux hommes soit aussi caricatural, excessif. Cela commence dès la première séquence avec ce jeune spectateur traitant assez gratuitement la protagoniste sur scène, de salope. Rebelote à l'identique avec le père s'adressant à la chienne, en toute désinvolture. Sans parler du voyageur obscène dans le métro (sûrement pas rare, mais là c'est trop !). Personnellement je trouve que ça soustrait énormément de crédibilité, alors que le reste du film est remarquable par sa justesse de ton, son réalisme.