Films vus en 2019
189 films
créée il y a presque 6 ans · modifiée il y a presque 5 ansUn beau voyou (2018)
1 h 44 min. Sortie : 2 janvier 2019 (France). Comédie
Film de Lucas Bernard
Patrick Braganti a mis 6/10.
Annotation :
Ce premier film ne manque pas d'idées et de qualités d'écriture en réservant donc quelques belles séquences (souvent au cours de repas et au sein de familles qui témoignent sans ostentation d'un certain fossé générationnel et des difficultés des jeunes aujourd'hui). L'ensemble pêche toutefois par son côté un peu décousu et dilatoire qui masque du coup l'absence réelle d'enjeu. Le plaisir naît aussi du jeu des comédiens et de l'ambiance générale doucement dingue sans aucune vulgarité, ce qui après tout n'est déjà pas si mal.
Qui a tué Lady Winsley ? (2019)
Lady Winsley
1 h 30 min. Sortie : 2 janvier 2019 (France). Comédie, Policier
Film de Hiner Saleem
Patrick Braganti a mis 6/10.
Annotation :
Derrière ses apparences de western ou de comédie policière façon Cluedo, le film se révèle plus profond et grave en abordant par le biais la question primordiale de l'opposition entre turcs et kurdes. Le réalisateur a l'intelligence d'y venir peu à peu, sans porte-voix, mais avec nuance et sans cacher sa propre opinion. Mais cette enquête très british sait aussi être drôle avec une galerie de personnages plutôt truculents.
Asako I&II (2018)
Netemo sametemo
1 h 55 min. Sortie : 2 janvier 2019 (France). Drame, Romance
Film de Ryusuke Hamaguchi
Patrick Braganti a mis 6/10.
Annotation :
Le thème de la disparition continue à inspirer le réalisateur japonais qui, cette fois, la place à la base de l'histoire d'amour à épisodes (au moins deux) de la tendre, mais déterminée, Asako. L'ambiance douce et parfois éthérée des conversations ne parvient pas une fois encore à dissimuler la violence de certains échanges. Cependant, en dépit de la qualité indéniable de sa mise en scène, le flm ne réussit pas toujours à retenir l'attention, le spectateur ayant matière à rêver ou à s'évader.
Les Invisibles (2019)
1 h 43 min. Sortie : 9 janvier 2019. Comédie dramatique
Film de Louis-Julien Petit
Patrick Braganti a mis 8/10.
Annotation :
S'il n'évite pas quelques facilités dans deux ou trois passages tire-larmes, le film est cependant plus convaincant dans sa drôlerie et son énergie à dépeindre le quotidien d'un centre d'accueil pour femmes à la rue. Une bonne double trouvaille est d'avoir mélangé comédiennes connues (dommage qu'elles soient seules sur l'affiche) à de 'vraies' victimes et de ne pas laisser les premières (placées dans des rôles où on ne les attend pas forcément, y compris Corinne Masiero plus sobre que d'habitude) prendre le pas sur les secondes. Entre documentaire et fiction, le film témoigne avec finesse et justesse de l'observation, sans manichéisme surtout, de la difficulté de l'engagement social qui peut aller jusqu'à l'obsession de la réussite (de sortir les gens de leur galère). Derrière son côté Full Monty (force du collectif et habillage musical), Les Invisibles rend aussi compte de la véritable précarité (actuellement oubliée ou rejetée au second plan par d'autres préoccupations). Les Invisibles : un film à voir de toute évidence.
In My Room (2018)
2 h. Sortie : 9 janvier 2019 (France). Drame
Film de Ulrich Köhler
Patrick Braganti a mis 4/10.
Annotation :
Sauf à le voir comme une parabole naïvement écologique et philosophique, ce curieux film est par ailleurs truffé d'invraisemblances qui achèvent de le déprécier. Ce n'est pas tant le postulat de départ, certes irréaliste, que l'évolution du protagoniste qui pose problème. On peine à imaginer le cameraman maladroit se métamorphoser en homme à tout faire : jardinier, éleveur d'animaux, couturier, cuisinier, réparateur de génie,...Quand l'autre survient (sous les traits d'une sexy jeune femme, évidemment), renouer avec les usages anciens semble la seule issue. Tout ça pour ça, vraiment ? Comme l'impression qu'on se fout de la tête du spectateur dans cette longue et ennuyeuse dérive existentielle qui prête davantage à la moquerie qu'à la réflexion.
Border (2018)
Gräns
1 h 48 min. Sortie : 9 janvier 2019 (France). Drame, Fantastique
Film de Ali Abbasi
Patrick Braganti a mis 7/10.
Annotation :
Venu de Suède, un film bien construit qui mêle habilement fantastique et thriller, réalisme et magie. Investissant l'univers fantasmagorique de la forêt et de tous les êtres qui peuvent la peupler, le réalisateur venu d'Iran et de l'architecture tisse une histoire complexe qui fait aussi l'éloge de la différence et un certain état des névroses humaines. Flirtant avec le malsain et le glauque sans jamais tomber dedans, cette curiosité nordique adaptée d'un thriller dont les scandinaves ont décidément le secret est effectivement une belle réussite.
L'Heure de la sortie (2019)
1 h 43 min. Sortie : 9 janvier 2019. Thriller
Film de Sébastien Marnier
Patrick Braganti a mis 5/10.
Annotation :
Ce qui s'annonçait comme un thriller haletant et anxiogène avec la paranoïa et la pulsion de mort comme moteurs se révèle assez vite un camaïeu disparate où la narration s'étiole et peine justement à s'étoffer pour susciter l'angoisse attendue. L'impression de voir un croisement inabouti entre Michael Haneke, Jeff Nichols, Paul Verhoeven et Bertrand Bonello (Nocturama) sans l'audace et l'exigence esthétique de ces références. Enfin le surcroît d"explications finit par tuer toute forme d'ambiguïté et d'imaginaire. Mais Laurent Laffitte excelle toujours dans les rôles troubles à susciter le danger ou le dérèglement.
Doubles Vies (2019)
1 h 47 min. Sortie : 16 janvier 2019. Comédie dramatique, Romance
Film de Olivier Assayas
Patrick Braganti a mis 5/10.
Annotation :
Dans ce nouveau film très discursif, la dialectique a donc le bon rôle et il vaut mieux entendre le mot double ainsi, plutôt qu'en écho des relations amoureuses triangulaires qui n'ont pour le coup aucun intérêt. Le réalisateur qu'on a certes connu plus inspiré - mais ses derniers longs-métrages semblent le placer sur une mauvaise pente - saisit cependant l'air du temps capté dans le milieu de la littérature et de l'édition en proie à l'évolution numérique. Derrière les trop nombreux clichés accrochés à ce milieu privilégié de l'entre-soi, quelques échanges plus nourris surnagent. Mais la vacuité n'est jamais très loin, territoire miroir de ces tristes individus si persuadés de détenir la vérité et le bon goût. De quoi nous faire encore moins aimer les temps actuels.
Ayka (2018)
1 h 49 min. Sortie : 16 janvier 2019 (France). Drame
Film de Sergeï Dvortsevoy
Patrick Braganti a mis 3/10.
Annotation :
Le plus gênant dans ce film terriblement oppressant n'est pas tant l'usage de grosses ficelles pour susciter avec une complaisance détestable le malaise et la nausée, ni le recours à une mise en scène qui cadre au plus près avec caméra à l'épaule, lumières glauques et bruits incessants (cris, sonneries, aboiements, trafic de la rue). Non ce qui provoque surtout le rejet c'est dans quelle condition tient son personnage (et donc son actrice) le réalisateur. La froideur clinique de son regard où ne se lit jamais la moindre empathie finira par cumuler dans l'abandon de son héroïne. Quelques idées de cinéma (surtout l'utilisation de la neige comme décor omniprésent) ne sauvent pas l'ensemble et on en vient à penser que le Prix d'interprétation devient ici celui du courage masochiste.
L'Ordre des médecins (2018)
1 h 33 min. Sortie : 23 janvier 2019 (France). Drame
Film de David Roux
Patrick Braganti a mis 6/10.
Annotation :
S'il dépeint plutôt avec justesse l'activité d'un hôpital, aussi bien du strict point de vue médical que de celui des patients et leurs proches plongés dans l'attente et l'angoisse, le réalisateur ne convainc guère dans la construction de son personnage : un pneumologue froid et arrogant confronté dans sa sphère intime à l'échec de sa pratique incapable d'empêcher l'évolution de la maladie de sa mère. En effet, David Roux abandonne rapidement cet aspect pour se consacrer à ce qui se joue au sein de la cellule familiale du praticien (le père et la sœur). Avec ses étapes obligées de fêtes entre carabins, d'épisodes sentimentaux, le récit peine du coup à s'étoffer et laisse le spectateur sur sa faim. Dommage car il y avait là une belle matière qui reste en partie inexploitée.
La Mule (2018)
The Mule
1 h 56 min. Sortie : 23 janvier 2019 (France). Drame, Gangster, Thriller
Film de Clint Eastwood
Patrick Braganti a mis 3/10.
Annotation :
Ce n'est pas tellement ce vieil homme ruiné après une dure vie de labeur, réactionnaire sur les bords (ah les séquences avec les gouines motardes et les nègres en panne sur l'autoroute) qui gêne à la vision du nouveau film (toujours académique) de l'increvable (mais toutefois vieillissant) Eastwood. C'est surtout que ce long film construit sur le principe itératif des courses, de Chicago au Texas, se révèle vite d'un ennui abyssal. Entre l'enquête policière inexistante et à peu près incompréhensible dans ses moyens de fonctionner et d'avancer et la vision grotesque des membres du cartel mexicain, on ne sait plus où donner de la tête pour compter approximations et facilités alors que se déverse le sirop épais de la rédemption (tardive) et de la réconciliation familiale (comme ciment ultime de la culture nationale). Hormis quelques salves humoristiques, l'ensemble frôle l'indigence.
Green Book - Sur les routes du Sud (2018)
Green Book
2 h 10 min. Sortie : 23 janvier 2019 (France). Drame, Biopic, Road movie
Film de Peter Farrelly
Patrick Braganti a mis 6/10.
Annotation :
L'inversion des rôles (le Blanc subalterne et plouc chargé de conduire le Noir cultivé et raffiné) constitue donc le principal intérêt d'un film lent à démarrer, véhiculant pas mal de clichés avant de mettre en relief la tchatche maligne et pétrie de bon sens de l'italo-américain grandi dans le Bronx et la lucidité teintée de tristesse et de solitude du pianiste doué. Le voyage vers le sud est celui vers des états de plus en plus racistes et aussi vers le rapprochement, certes prévisible mais qui réserve néanmoins encore quelques surprises, entre les deux hommes.
Continuer (2019)
1 h 24 min. Sortie : 23 janvier 2019. Drame
Film de Joachim Lafosse
Patrick Braganti a mis 4/10.
Annotation :
Par l'économie des moyens et la rareté des événements ou des actions, qui peuvent être néanmoins aussi brefs que violents, le film réussit sans doute à restituer l'épure de l'écriture de Laurent Mauvignier. Mais curieusement le film en affadit ou en aplatit la singularité pour devenir une itinérance à cheval dans les magnifiques paysages kirghizes. Hélas rien de plus qu'une carte postale ethnographique à peine ponctuée de quelques séquences soudain inspirées qui laissent entrevoir ce qu'aurait pu être cette ambitieuse, mais inaboutie pour ne pas dire ratée, adaptation.
Les Estivants (2019)
2 h 08 min. Sortie : 30 janvier 2019. Comédie dramatique
Film de Valéria Bruni-Tedeschi
Patrick Braganti a mis 4/10.
Annotation :
L'unité de lieu (une villa luxueuse sur la Côte d'azur), la famille et sa cohorte de non-dits, de névroses et l'ambiance générale, mélancolique et indolente tissent sans conteste des liens avec l'univers de Tchekhov. Hélas ceux-ci se distendent souvent au contact du nombrilisme exacerbé de la réalisatrice et de la vacuité générale qui suinte l'ennui et la mort. L'apparente légèreté cache mal la noirceur du propos comme c'était déjà le cas dans les opus précédents de la cinéaste qui, au fond, traite toujours du même sujet. Il y a des bons moments (l'épilogue comme l'acmé évident) et quelques belles fulgurances. Mais il y en a beaucoup d'autres qui agacent, irritent et ennuient. Avec la même conclusion que chez Olivier Assayas : le spectateur mis à l'écart d'un monde qui n'est manifestement pas le sien. Dommage.
Si Beale Street pouvait parler (2018)
If Beale Street Could Talk
1 h 59 min. Sortie : 30 janvier 2019 (France). Drame, Romance
Film de Barry Jenkins
Patrick Braganti a mis 5/10.
Annotation :
La délicatesse et la subtilité de Moonlight ont fait place ici à la mièvrerie et à la sensiblerie, ce qui ne rend pas grâce à l'écriture de James Baldwin. Nous sommes donc davantage dans le registre du mélo et de l'histoire d'amour prise dans les rets de la tragédie du racisme américain et son problème (toujours d'actualité) avec la population noire. Reconstitution léchée dans une mise en scène parfois chichiteuse pour un film avec assez peu de matière (ce n'est ni un film de procès, ni une enquête, ni un plaidoyer). Juste les ravages de la bêtise sur un jeune et très charmant couple.
La Dernière Folie de Claire Darling (2019)
1 h 34 min. Sortie : 6 février 2019. Comédie dramatique
Film de Julie Bertuccelli
Patrick Braganti a mis 5/10.
Annotation :
Ce film sur la mémoire, le passage du temps et l'ultime confrontation à la mort joue à fond sur le mélange des temporalités en passant d'un âge à l'autre avec trop d'artifices. Il réserve néanmoins quelques bons moments, ceux des retrouvailles entre Marie et Amir. Pas certain que c'était une excellente idée d'adapter ce roman et, surtout, encore moins sûr qu'il faille en confier le rôle principal à Catherine Deneuve jouant sans réelle conviction une vieille femme qui perd la tête. La réalisatrice en fait n'est jamais parvenue à retrouver la grâce et la délicatesse de son premier long-métrage, Depuis qu'Otar est parti. On espère encore...
Un grand voyage vers la nuit (2018)
Di qiu zui hou de ye wan
2 h 18 min. Sortie : 30 janvier 2019 (France). Drame, Film noir
Film de Bì Gàn
Patrick Braganti a mis 7/10.
Annotation :
Ce film sur la quête amoureuse est d'abord un prétexte à une longue rêverie éveillée où le spectateur est tenu d'abandonner toute tentative d'explication et de lâcher prise. L'exercice qui reste plutôt vain se résume d'abord à son formalisme et ses partis pris de mise en scène. Sa seconde partie est ainsi constituée d'un unique plan-séquence de près d'une heure qui n'est pas que virtuose, mais aussi la traduction par l'image et la fluidité du mouvement de l'état d'esprit du héros. Il faut donc s'y perdre, s'en agacer et même éprouver de l'ennui sans quoi l'expérience sera encore plus stérile. Reste à savoir comment le film vieillira dans nos mémoires. Geste prétentieux ou objet singulier d'une proposition de cinéma ?
Une intime conviction (2019)
1 h 50 min. Sortie : 6 février 2019. Drame
Film de Antoine Raimbault
Patrick Braganti a mis 8/10.
Annotation :
Par la tension et l'attente qu'ils génèrent, par la théâtralité des lieux et des intervenants qui les peuplent, les films de procès sont toujours de bons films. Celui-ci ne déroge pas à la règle et rejoint même le haut du tableau. En mélangeant une affaire réelle (la disparition jamais élucidée de Suzanne Viguier) à la fiction (le personnage de Nora), le réalisateur parvient à saisir les enjeux et l'essence de la justice en mettant en exergue la question corollaire du doute et son lot d'hypothèses plus ou moins délirantes, échafaudées avec obsession et, parfois, aveuglement. Les deux comédiens sont excellents et le montage énergique et découpé ajoute au plaisir captif et haletant de l'ensemble. Intimement convaincu au final d'avoir vu un grand - premier - film.
Deux fils (2019)
1 h 30 min. Sortie : 13 février 2019. Comédie dramatique
Film de Félix Moati
Patrick Braganti a mis 7/10.
Annotation :
Une comédie douce-amère, mélancolique et pas loin d'être cafardeuse sur les relations complexes entre un père dépressif (un médecin qui se rêve écrivain) et ses deux fils, mais aussi le lien distendu entre les deux frères dont l'aîné est un thésard velléitaire et le cadet un ado en pleine crise mystique. Ce premier film de l'acteur Félix Moati (fils de Serge dont on sait la personnalité attachante et imposante) souffre parfois d'un trop-plein d'écriture, d'une recherche avortée de la séquence drôle ou décalée, alors qu'il en jette davantage dans les moments intimes de confessions transitives. Une atmosphère générale de clair-obscur, d'un sous-éclairage permanent renforce le malaise grandissant dans le trio où les non-dits voisinent avec les actes d'amour et d'attention. Encore imparfait, mais réellement prometteur.
Le Silence des autres (2018)
The Silence of Others
1 h 36 min. Sortie : 13 février 2019 (France).
Documentaire de Robert Bahar et Almudena Carracedo
Patrick Braganti a mis 8/10.
Annotation :
Documentaire réellement passionnant qui revient sur quarante années d'histoire de manière très documentée et limpide pour nous éclairer d'une part sur les exactions commises sous la dictature franquiste et d'autre part les actions entreprises depuis plusieurs années pour dénoncer les lois d'amnistie et le pacte de l'oubli et obtenir réparation et justice. La force du film n'est pas seulement de faire œuvre de mémoire, mais aussi de se placer à hauteur d'hommes et de femmes en faisant entendre des paroles et des témoignages dignes et bouleversants. D'une force et d'une rigueur implacables, ce film est absolument nécessaire.
Tout ce qu'il me reste de la révolution (2019)
1 h 28 min. Sortie : 6 février 2019. Comédie
Film de Judith Davis
Patrick Braganti a mis 6/10.
Annotation :
Le spectacle que fut d'abord le projet ne se fait jamais oublier tant on perçoit la première place de l'écriture et du comique de situation (l'entretien de licenciement et les réunions de groupe comme les meilleurs moments). On regrette que le film ne maintienne pas le cap en s'orientant de plus en plus vers une énième crise familiale et on aurait aimé que la réalisatrice comédienne creusât davantage le sillon de la croyance en l'utopie, en un monde meilleur et la difficile, sinon impossible, adéquation entre paroles et actes qui frappe de plein fouet les enfants sacrifiés de la génération de mai 68. Dommage car Judith Davis a du talent, du rythme et de l'humour qu'elle délaye dans une dernière partie qui frôle le pathétique (la réconciliation) et le ridicule (le pétage de plombs du beau-frère). Ah si, dernière chose, revoir à l'écran Mireille Perrier suffit déjà à notre bonheur.
Long Way Home (2018)
Night Comes On
1 h 27 min. Sortie : 13 février 2019 (France). Drame
Film de Jordana Spiro
Patrick Braganti a mis 6/10.
Annotation :
Cette histoire de retrouvailles entre deux sœurs séparées par un drame joue volontiers la carte de la modestie et de l'épure sans recherche de grandiloquence ni de pathos. Grâce à l'interprétation des comédiennes, le film qui manque par instants d'épaisseur et de personnalité n'en reste pas moins touchant, même s'il en demeure aussi prévisible et balisé. La peinture d'une Amérique des outsiders n'est pas inédite mais elle est réalisée à hauteur d'adolescentes qui se battent déjà avec une histoire chargée en essayant de s'en extraire, puis de s'en libérer.
Euforia (2018)
1 h 55 min. Sortie : 20 février 2019 (France). Drame
Film de Valeria Golino
Patrick Braganti a mis 4/10.
Annotation :
Encéphalogramme plat pour un film qui empile les clichés en nous dépeignant une relation fraternelle compliquée sur fond de maladie et d'homosexualité mal vécue. Le tout dans un monde friqué et superficiel au cœur d'une Rome qui ressemble beaucoup à celle déjà dépeinte dans La grande bellezza. Donc du toc et un sentimentalisme débordant qui ne nous fait jamais éprouver la moindre sympathie, et encore moins d'intérêt, pour ce long-métrage qui semble faire de sa réalisatrice la version italienne de Bruni-Tedeschi (qui jouait d'ailleurs dans son dernier opus). On tourne en rond décidément.
Les Drapeaux de papier (2019)
1 h 42 min. Sortie : 13 février 2019. Drame
Film de Nathan Ambrosioni
Patrick Braganti a mis 7/10.
Annotation :
Bien sûr il y a bien quelques tics de mise en scène (couleurs surexposées, angles de prises de vues, ralentis et contre-jour) mais ce premier film écrit et réalisé par un jeune homme de dix-neuf ans témoigne déjà d'une réelle capacité à créer une histoire forte entre un frère fracassé et violent (Guillaume Gouix toujours aussi bien, entre fragilité désarmante et danger vénéneux) et une sœur déchirée et brisée (Noémie Merlant qui irradie l'écran de son sourire triste et doux). La dernière demi-heure est chargée d'une intensité qui vrille les tripes. Sans conteste, Nathan Ambrosioni est à suivre de près.
Peu m'importe si l'histoire nous considère comme des barbares (2018)
« Îmi Este Indiferent Dacă în Istorie Vom Intra ca Barbari »
2 h. Sortie : 20 février 2019 (France). Comédie, Drame
Film de Radu Jude
Patrick Braganti a mis 7/10.
Annotation :
Un objet singulier qui se présente comme une mise en abyme ludique, discursive et intelligente sur les positions troubles de la Roumanie pendant la Seconde guerre mondiale au travers de l'évocation et d'une reconstitution théâtrale du massacre des juifs à Odessa en 1941. Un film qui entre en collision avec l'actualité en montrant avec causticité et culot la complexité, la crédulité et la versatilité des peuples. Brillant, déroutant, parfois rébarbatif, mais néanmoins stimulant.
Celle que vous croyez (2019)
1 h 41 min. Sortie : 27 février 2019. Drame, Romance
Film de Safy Nebbou
Patrick Braganti a mis 5/10.
Annotation :
Sur un sujet très contemporain (la porosité entre virtualité et réalité), un film, adapté d'un roman, qui manque de trouble et d'audace, devenant de plus en plus le portrait d'une quinquagénaire bourgeoise qui accepte mal de vieillir, de ne plus plaire, de se sentir abandonnée. C'est dommage car le film démarre plutôt bien en démontant les rouages d'une spirale dont on voit bien qu'elle débouchera sur une impasse. De plus le personnage du médecin agit à la foi comme révélateur et comme double - avec une part d’ambiguïté qui fait donc défaut au reste. La dernière partie finit par gâcher le plaisir et éloigner le projet de son sujet inaugural qui demeure dès lors traité de manière superficielle et incomplète.
Santiago, Italia (2018)
1 h 20 min. Sortie : 27 février 2019 (France).
Documentaire de Nanni Moretti
Patrick Braganti a mis 7/10.
Annotation :
Essentiellement composé de témoignages et d'entretiens souvent drôles et toujours poignants, avare en images d'archives, le documentaire signé du cinéaste italien revient sur le rôle méconnu que joua son pays - et plus particulièrement les diplomates de son ambassade - après la mort de Salvador Allende et l'instauration de la dictature par Pinochet où des chiliens menacés de tortures et de mort par le nouveau pouvoir trouvèrent refuge avant l'exil en Italie. Outre le rappel historique, Nanni Moretti évoque la position isolée et profondément humaniste de son pays à l'époque, laissant au spectateur le soin d'établir les tristes comparaisons avec ce qu'il est devenu aujourd'hui - comme une répétition de ce que fut le Chili sous la junte militaire.
Les Éternels (2018)
Jiang Hu Er Nu
2 h 15 min. Sortie : 27 février 2019 (France). Drame, Romance, Film noir
Film de Jiǎ Zhāng-Kē
Patrick Braganti a mis 9/10.
Annotation :
Grande fresque romanesque sur 17 ans et presque 8000 kilomètres, le nouveau film du réalisateur chinois est aussi un magnifique portrait d'une femme aimante, résolue, combative et intègre sur fond de transformation accélérée de son pays. Moins frontalement engagé que ses opus précédents, cette nouvelle réussite magistrale d'un des plus grands cinéastes mondiaux n'en parle pas moins de la conversion frénétique au capitalisme qui implique déplacement de populations et concurrence acharnée, ainsi que la transformation des paysages et l'accroissement démentiel des villes. Mais ici c'est d'abord la tragique histoire d'amour entre le caïd Bin et son amoureuse Qiao - extraordinaire Zhao Tao, actrice fétiche du cinéaste - qui prime et on la suit pendant plus de deux heures absolument conquis et émerveillés.
Exfiltrés (2019)
1 h 43 min. Sortie : 6 mars 2019. Thriller, Drame
Film de Emmanuel Hamon
Patrick Braganti a mis 4/10.
Annotation :
Pourtant inspiré de faits réels, le film paraît invraisemblable parce qu'il n'est sans doute pas assez étoffé et joue trop de la multiplicité des parcours sans chercher à les expliciter ni les approfondir. En fait il donne l'impression d'être le pilote d'une série à venir qui pourrait prendre le temps de nous familiariser avec la kyrielle de personnages, leurs motivations comme leurs comportements. On est donc doublement déçus de ne pas vraiment y croire et de rester sur sa faim, en ne ressentant pas la tension ou la peur qu'une telle histoire ne devrait certes pas manquer de susciter. Un ratage donc.
Sibel (2018)
1 h 35 min. Sortie : 6 mars 2019 (France). Drame
Film de Cagla Zencirci et Guillaume Giovanetti
Patrick Braganti a mis 7/10.
Annotation :
Sur le registre du naturalisme, un film fort et original qui, malgré un démarrage assez lent avec une répétition séquentielle et quelques tics de mise en scène (caméra à l'épaule et filmage heurté), finit par gagner en tension tout en restant âpre et radical. Sibel pose la question de la différence au sein d'une communauté villageoise - différence du handicap comme du statut. La jeune actrice fait preuve d'une sauvagerie effrontée et courageuse et imprime à l'ensemble une étrangeté qui n'est jamais loin de basculer dans la folie ou la violence. Poétique et politique à la fois.