Films vus en 2023

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Le problème c'est que je déteste Adam Driver donc je peux pas être objectif...

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À mi-distance entre la misère et le soleil

C'est comme un enchaînement de plan fixe sur une existence camusienne dans un désert prolifique et silencieux. L'exil approche alors Malika s'attache à son royaume : "- pourquoi restes-tu ici ? - C'est tout ce que j'ai. J'observe les dunes". C'est la question de la condition humaine qui persiste dans le balai sans repos des étrangers du 143 rue du désert. Personne ne se comprend. Face à face, imam ou polonaise, la communication s'efface, comme si l'entreprise en perdition avait enseveli la solidarité. Et pourtant, c'est derrière un mur et des barreaux que les rides du sourire déformeront son visage marqué. Mais le sourire s'efface, car il est l'heure de commencer une nouvelle journée. "Nouvelle" ? À quel titre ? "Eternelle" serait plus juste. Sans début ni fin. Le soleil vert disparaît, les voitures se croisent, la chaise remplit son rôle. C'est la jouissance qui nous sépare de Malika, rien que ça, le reste est semblable. Alors face au chant sans voix du désert qui nous tient comme un pain chaud au creux de ses deux mains, que reste-t-il ? La révolte : "-Reste jusqu'à que tu reprennes ta place, résiste. Comme tu l'as toujours fait ! -Si j'étais plus jeune, je pourrais résister."
Peut-être que ce que l'on apprend lorsqu'on vit à mi-distance du soleil c'est que le bonheur est humain et l'éternité quotidienne. Voilà ce qui compte : "On m’a laissé une place dans ce monde, évidemment que je suis là".

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Trois scénarios qui parlent de relation. L'utilisation des personnages féminins fait beaucoup penser au film "La Femme qui s’est enfuie".

Dans le 1er on retiendra le long plan fixe dans le taxi servant d'introduction au récit ; l'évocation d'une rencontre que les spectateurs auront aucun mal à projeter dans leur vie passée ; le plan fixe de la 2nd jeune fille dans le bureau ; mais surtout ce zoom à la fin de l'histoire qui vient balayer une alternative toxique.

Dans le deuxième, on retiendra, le glaçant : "si vous fermer la porte, alors la ça sera du harcèlement" (si tout le monde voit l'humiliation alors ça ne peut pas être du harcèlement car personne ne s'élève contre lui, ce qui devrait pourtant être le cas dans une telle situation. C'est le modèle de société hiérarchique et autoritaire Japonaise qui est précisément critiqué.) ; le titre de l'histoire qui résonne à chaque seconde ; la performance de l'actrice récitant le passage érotique du livre ; l'écart délirant entre la pudeur de l'un et l'ouverture de l'autre (l'intégralité du passage dans le bureau est excessivement bien écrit) ; enfin ce baiser 5 ans plus tard sur les lèvres de celui qui a entaché sa vie en guise de revanche. On oubliera certainement l'erreur d'orthographe du mail pour faire avancer le récit (quelle aurait été l'alternative ?)

Dans le dernier, on retiendra ce passage burlesque (à mourir de rire si vécu) ou les deux supposée "amies d'enfance" comprennent qu'elles ne se connaissent pas ; ces deux moments magiques d'improvisation dans lesquels elles vont dévoiler à une inconnues de longs moments d'introspection jamais dévoilés auparavant ; les deux plans dans les escalators : la rencontre et la révélation du prénom de sa vraie amie d'enfance. Ce dernier scénario pose exactement comme l'avait fait "La Femme qui s’est enfuie" la question de l'existence de la femme "mère" dans la société japonaise et/ou coréenne (voir occidentale) relégué à un rôle de procréation.

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Comme d'hab Colin Farell est incroyable dans son rôle de simplet. Les rôles sont trop bien écrits.

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Récit :
- très lisible ; filmé sur 3 années, mais suit le schéma des saisons.
- on sent que l'arrivée de la famille était à la fois imprévue et une aubaine pour l'histoire.
- le message est très fort : à partir du moment où on rentre dans une logique boutiquière, on rentre également dans une logique de compétition et de destruction de l'espace d'exploitation. Hatidze récolte le miel selon ses besoins, elle parle à ses abeilles, partage les ressources avec elle. La famille turque développe une façon de produire opposée, dépendante d'une croissance des ressources (d'abord l'élevage, puis la culture du miel et du maïs). Ce paradoxe pose la question de l'exploitation des ressources (et de la force de travail que représentent les enfants - le père le dit lui-même : "faire des enfants, c'est une mine d'or" - ainsi que du partage de ces dernières. Toutefois, il n'est pas question de blâmer la famille, les structures capitalistes poussent les individus à adopter de telles démesures pour survivre.
- Dans la culture de Hatidze, la dernière femme célibataire doit s'isoler et s'occuper des parents jusqu'à leur mort. On comprend mieux pourquoi, les parents semblent avoir refusé de marier Hatidze. Même s'il y a des moments heureux, c'est bien la solitude et les remises en question de cette solitude qui font office d'introspection à l'apicultrice.
- Les plus beaux plans sont les moments partagés entre Hatidze et un des enfants de la famille turque (quand il marche l'un derrière l'autre sur la colline).
- Sûrement la séquence la plus parlante : quand Hatidze va chercher des abeilles dans la souche d'arbre en attirant les abeilles grâce au chant vs. quand le père va découper la souche pour "voler" les abeilles.
- Est ce que la sédentarisation amène a considérer le vivant et à comprendre qu'un équilibre est nécessaire à la survie de chacun ? Après relecture, la réponse est NON.

Réalisation :

- Film réalisé sans comprendre les dialogues. C'est assez bluffant quand on voit la pertinence des moments filmés, notamment le jeu d'aller-retour entre le royaume de Hatidze et celui de la famille turc.
- Le montage est exceptionnel. On sent bien que c'est un montage qui entremêle passé et présent, mais il n'y a aucune erreur.
- Il y a un très gros travail de cohérence, particulièrement dans la structure des séquences. La plupart du temps, les séquences se répondent entre elles.

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Troublante scène qu'est la mort de cette fille. Cadre resserré, contraste entre joie et pénombre, le cadre dans le cadre garanti par le téléphone et puis le feu qui brule sur l'harmonie d'une chorale. C'est cette magnifique B.O qui accompagnera, ce qui peut ressembler à une fiction naturaliste. Naturaliste dans le sens ou les scénaristes ont fait un effort de captation du réel, la ou Bac Nord et Athéna échouent. L'enquête est vouée à l'échec, mais c'est sans grand intérêt ; seul compte les "hommes qui enquêtent sur les crimes d'autres hommes". Et la ou la fiction nous rattrape c'est dans les paradoxes de la fonction judiciaire. Comment être juste dans un monde injuste ?
Comment ne pas croire qu'elle soit morte, car elle était une fille.
Bandeur de Camus donc obligé de faire le rapprochement entre Marceau et Meursault. Personnage figuratif de l'étrangeté d'un monde qui nous dépasse. Pourtant, cette fleur violette semble en dire long sur l'état de sa révolte.
Bref un film merveilleux !

On retiendra :
- le plan du réveil qui s'enchaîne avec un fondu sur le tunnel.
- les dialogues juste assez écrits pour ne pas ressentir le malaise de la récitation.
- les rires du garçon sur son lit

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Une semaine de merde condensé en 1h30. Le pire c'est que tu sais que quoi qu'il arrive, ton réveil sonnera à 7h.

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C'est l'histoire d'un colon qui ne croit pas en Dieu et qui va prendre en photo sa colonie (sauf qu'il ne sait pas monter à cheval). C'est la pire critique à faire (même si elle est vraie) car le film est excessivement beau, le format est (bien évidemment) parfait, la nature est magnifique et le travail de la lumière a dû être colossal. Deux plans marquants en particulier : 1. le plan en plongé, vu du dessus, sur le prêtre et le traducteur qui longe une petite rivière, 2. le plan ou l'équipe traverse la rivière à pied (effet très bizarre dû au traveling sur le côté et le mouvement de l'eau qui va dans le sens de la caméra). Je ne peux pas tout dire, mais les 360, les cuts lors des changements de saisons, les secondes immobiles sur les personnages qui figent... Tout est magnifique. Le seul petit bémol c'est la simplicité de l'histoire, qui ont le comprend est une vraie traversée métaphysique, qui nous laisse un peu en dehors à quelque instant. Et pourtant après ce film on pourrait longtemps parler du sens de la vie, de dieu, du mal, de la jouissance... C'est donc un film très difficile à critiquer.

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Ni la scène d'introduction ni les longs moments qui clôturent la fin du film n'ont été convaincants. C'est regrettable, car le temps consacré à la narration des différentes vies du djinn, en plus d'être une psalmodie triomphale, nous encourage à suspecter un génie qui n'aura en fin de compte rien du malin. Car non, ce n'est pas une romance qui aurait dû conclure ce film, mais un twist, un mensonge, une duperie, une imposture. Au lieu de cela, nous avons droit à une pseudorelation navrante et une incarnation du racisme comme jetée au milieu de l'incompréhension.
Alors, l'amour comme clé de voûte des récits humains ? Si le film tente de le démontrer, il échoue amèrement. Il aurait été plus aisé (et plus excitant pour moi) de prouver que la boîte de pandore ne renfermait pas "l'amour", mais bien "la banalité du mal".

Mais en vrai j'ai pris du plaisir

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Le meilleur film de 2023

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Paul thomas Anderson est va l'opposé des récits amoureux classiques. La ou on s'attend à une "histoire d'amour" matérialisé par des jalons, des étapes, des succès, il renverse complètement les codes classiques de la narration amoureuse. La relation amoureuse n'est pas vu comme un parcours linéaire mais comme une succession d'accélération et de ralentissement. C'est comme s'il était saupoudré sur les différentes scénette et qu'il s'incarnait plus dans le temps que dans les mots.
Ce qui fait la particularité du cinéma de PTA, c'est sa capacité à transgresser les codes du récit. L'enchainement des évènement n'est jamais suivi ou précédé de phase "introspective" prenant la forme de bilan d'étape. A aucun moment, il n'est question de faire le point sur ce qu'il vient de se passer. L'action est toujours en suspend, comme s'il était possible qu'elle reprenne vie plus tard. Cette volonté de ne pas consumer l'action se retrouve à un niveau micro (l'action s'enchaine sans conclusion - exemple du casting pour Garry - ) et à un niveau macro (la relation ne se conclut presque jamais, comme si les personnages constamment dans la meilleure phase de la relation : la séduction, la découverte). Il adopte une démarche holistique : le tout est plus que la somme des parties. La succession des scènes prisent dans son ensemble crée une atmosphère particulière, presque mystique faisant entrevoir un amour diffus, bien loin du mythe de "l'histoire d'amour" tel qu'on la présente classiquement.

On se demande si la relation entre les deux personnages est exclusivement contractuelle puisqu'elle s'inscrit directement dans une logique mercantile. A plusieurs moments, on constate que l'érotisation entre les deux personnages est une composante de leur activité commerciale. Il est possible de renversé cette interprétation en posant que l'esprit commerciale est nécessairement sensuelle et érotique (la séduction est un des attribut du boutiquier, en réalité tout repose sur cette qualité : créer le désir). Cette esprit ne viendrait que renforcer et souligner l'érotisme déjà existant entre les personnages. Autrement dit, ils ne seraient pas dans une relation d'intérêts égoïste mais dans une relation de séduction exacerbé par le cadre capitaliste, lui même incarner sous la forme du désir permanent.

C'est surement le film le plus aboutit de 2021, la scène d'introduction est une des meilleure que j'ai pu voir. La scène de fin aurait du s'arrêter sur un "presque baiser".

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Si Östlund prétend faire un film "anthropologique" (ce qui n'est pas sur), il me semble qu'il restreint l'étude de son objet à une seule dimension. C'est donc sans surprise, puisque sans perspectives, que le film nous présente une bourgeoisie telle qu'elle est décrite dans les manuels de science sociale. Heureusement, l'ordinaire de la fresque dépeinte est brillement traitée avec les codes de la comédie. Impossible de ne pas prendre de plaisir devant l'ironie déployée, les corps penchés, les contradictions soulignée. Simplement, connaissant le corpus idéel crié dans le film, on ne peut qu'être déçu par un cinéma qui embrasse les grandes lignes d'un phénomène sans s'engouffrer dans les petits détails qui font le sel d'une oeuvre. C'est par exemple des scènes comme "Balanciaga vs. H&M" qu'on aurait aimé retrouver pendant ces longues 2h30.

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Une histoire un peu attendue qui souffre d'une direction d'actrices en demi teinte. Pourtant les retournements et l'intensité du film ne laisse pas indifférent.

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Les combats sauvent le film