Frénésie littéraire - 2020
Littérature - Philosophie - Essais divers.
En deux années, j'ai lu frénétiquement plus de livres que durant les vingt autres. Ceci doit sûrement cacher quelque chose de trouble mais je compte bien continuer ce périple.
Finalement cette année sera sans doute celle où je vais ...
41 livres
créée il y a presque 5 ans · modifiée il y a presque 4 ansUn virus souverain (2020)
L’asphyxie capitaliste
Virus sovrano? L'asfissia capitalistica
Sortie : 22 octobre 2020 (France). Essai
livre de Donatella Di Cesare
Reminiscences a mis 6/10.
Annotation :
(Décembre)
Di Cesare rappelle de nombreux lieux communs et n'apporte pas grand-chose quant à une réflexion sur le Covid19. C’est bien dommage quand elle soulève, parfois, des points intéressants qui mériteraient d’être creusés. C’est pardonnable dans la mesure où le livre a sûrement dû être écrit dans l’urgence. Au moins, elle aura eu le mérite de m'inspirer pour la rédaction de mon article de M2.
Le Ravissement de Lol V. Stein (1964)
Sortie : 1964 (France). Roman
livre de Marguerite Duras
Reminiscences a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
(Décembre) - Relecture
Race et histoire (1952)
Sortie : 1952 (France). Essai, Culture & société
livre de Claude Lévi-Strauss
Reminiscences a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
(Décembre)
Malgré le titre qui peut horrifier certains dont moi, ce court texte de Lévi-Strauss est une véritable ode à la diversité des cultures, une déclaration d’amour à l’anthropologie et l’ethnologie. Il est tout simplement question de comprendre l’autre, les autres dans leurs diversités, loin des considérations sur leurs évolutions ou différences. Mais aussi de travailler avec l’autre tout en laissant la diversité des cultures se développer.
Au travers de ce simple essai humaniste Lévi-Strauss arrive à illustrer très simplement son anthropologie structurale basée sur la linguistique et à rendre merveilleux des choses tout à fait banals par une compréhension mathématique du phénomène en question (cf. l’exemple du mariage en Australie).
Comprendre la diversité des cultures sans porter de jugements, promouvoir l’apparition de nouvelles cultures, éviter l’ossification de l’humanité. Lévi-Strauss propose ici une très belle réflexion dont les propos de Jean Pouillon en postface explicitent davantage la position de Lévi-Strauss et sa nouvelle façon de faire de l’anthropologie.
« L’humanité en progrès ne ressemble guère à un personnage gravissant un escalier, ajoutant par chacun de ses mouvements une marche nouvelle à toutes celles dont la conquête lui est acquise ; elle évoque plutôt le joueur dont la chance est répartie sur plusieurs dés et qui, chaque fois qu’il les jette, les voit s’éparpiller sur le tapis, amenant autant de comptes différents. »
« C’est le fait de la diversité qui doit être sauvé, non le contenu historique que chaque époque lui a donné et qu’aucune ne saurait perpétuer au-delà d’elle-même. »
« La tolérance n’est pas une position contemplative, dispensant les indulgences à ce qui fut ou à ce qui est. C’est une attitude dynamique, qui consiste à prévoir, à comprendre et à promouvoir ce qui veut être. La diversité des cultures humaines est derrière nous, autour de nous et devant nous. La seule exigence que nous puissions faire valoir à son endroit (créatrice pour chaque individu des devoirs correspondants) est qu’elle se réalise sous des formes dont chacune soit une contribution à la plus grande générosité des autres. »
Aucun de nous ne reviendra (1965)
Auschwitz et après, tome 1
Sortie : 1965 (France). Récit
livre de Charlotte Delbo
Reminiscences a mis 7/10.
Annotation :
(Décembre)
Je ne sais pas s'il est possible de noter ce genre de livre, j'ai tant que bien donné une note, mais je ne pense pas qu'elle vaille grand-chose.
Delbo dénonce l'horreur du camp de Ravensbrück à travers des fragments d'évènements faisant de ce livre quelque chose de très déconstruit et paradoxalement d'assez poétique compte tenu de l'horreur qu'elle a vécus.
J'ai été très déstabilisé par cette écriture fragmentaire, m'attendant plus à un témoignage historique du type journal, et certains passages m'ont laissé de marbre.
Si vous cherchez un livre d'histoire pure, vous allez sûrement être déçu.
Horror Humanum Est
Quelques belles pages de l'histoire de l'humanité
Sortie : octobre 2020 (France). Histoire, Beau livre
livre de Cédric Villain
Reminiscences a mis 8/10.
Annotation :
(Décembre)
Superbe livre reprenant les épisodes de la série YouTube (Cédric Villain présente une sélection des pires atrocités que l'homme a pu commettre en liant ces événements à l'histoire et en illustrant ses propos - de la castration à la bombe nucléaire en passant par l'enfumage tout y passe).
La reliure est belle, le papier est de bonne qualité, les illustrations sont au top. Que demander de plus ? Il trône dans ma bibliothèque.
Très content de l'avoir obtenu grâce à la campagne de financement !
Zone Autonome Temporaire
T.A.Z Temporary Autonomous Zone
Sortie : 1 novembre 1998 (France). Essai, Politique & économie
livre de Hakim Bey
Reminiscences a mis 6/10.
Annotation :
(Décembre)
Une réflexion politique sympathique, remplie d'éléments intéressants sur la piraterie ou encore sur D’Annunzio (Trop rapidement évoqué, car l'épisode de Fiume ne se résume pas qu'à ça. Et là c'est clairement une lacune historiographique de l'auteur qui donne l'impression de ne rien connaître de la géopolitique italienne post Première Guerre Mondiale). De plus, Bey a beaucoup trop confiance au "web" pour ne pas voir que ces TAZ sont difficilement possibles. Et n'a clairement pas de clairvoyance face à son projet.
Je cite "La TAZ n’est pas le présage d’une quelconque Utopie Sociale toujours à venir, à laquelle nous devons sacrifier nos vies pour que les enfants de nos enfants puissent respirer un peu d’air libre. La TAZ doit être la scène de notre autonomie présente, mais elle ne peut exister qu’à la condition que nous nous reconnaissions déjà comme des êtres libres.", le problème c'est que tout son discours tourne autour d'une utopie, qu'il le veuille ou non. Les relations de pouvoirs ne laissent pas de grandes possibilités de liberté et prendre l'exemple de la piraterie semble totalement scabreux pour un livre qui sort fin XXe siècle. L'exemple des free party (comme illustré sur la page Wikipedia du livre) semble judicieux, mais bon il faut croire qu'il ne connaît pas non plus l'un des genres musicaux les plus importants tout droit sortis de Détroit.
Je n'ai pas compris le lien avec Nietzsche, j'ai clairement l'impression d'une très mauvaise lecture de sa part (si quelqu'un peut m'expliquer ?).
En bref, une lecture à mi-chemin entre réflexion politique utopique et poésie qui peut être intéressante, mais qui présente beaucoup de lacunes.
La Zone du dehors (2001)
Sortie : 2001 (France). Roman
livre de Alain Damasio
Reminiscences a mis 5/10.
Annotation :
(Novembre)
Décidément la science-fiction n'est clairement pas mon genre préféré en littérature et même quand celle-ci mélange de la philosophie et une réflexion politique.
J'ai juste eu la terrible impression de subir ces 600 et quelques pages.
Le scénario est sympathique, mais on devine très vite ce qui va arriver, les personnages sont caricaturaux (au point où j'ai cru, au début, lire un roman érotique avec le personnage de Boule-de-chat), j'ai mal compris le système du changement de narrateur qui n'est pas du tout intuitif et j'en passe d'autres sûrement.
Les références à Foucault, Deleuze et Nietzsche sont sympathiques bien que très banals et finalement apportent très peu à ce livre si ce n'est son ancrage politique. Et pourtant, j'ai fait mon mémoire de philosophie sur deux de ces auteurs donc je devrais aimer, mais là je n'ai pas du tout accroché.
Je tenterai possiblement de lire La Horde du Contrevent quand j'aurai à nouveau le courage nécessaire.
Les Black Blocs (2010)
La liberté et l'égalité se manifestent
Sortie : 10 mars 2010 (France). Essai
livre de Francis Dupuis-Déri
Reminiscences a mis 7/10.
Annotation :
(Octobre)
Les Black Blocs comme meilleurs philosophes politique du moment ? Je ne suis pas si certain des propos de Nicolas Tavaglione mais force est de constater que Francis Dupuis-Déri donne ses lettres de noblesse à une forme d'action bien trop souvent incomprise.
Petit historique du mode d'action, explication de l'action en elle-même, limites du mouvement et représailles policières; un petit concentré du mouvement en 300 et quelques pages.
À mettre dans toutes les mains des gens qui se demandent "Mais qui sont-ils ? Mais pourquoi ils cassent ? Ce sont des stupides casseurs ! - tout ce que racontent tes parents à table devant TF1".
"Cette tactique n'est pas miraculeuse ni parfaite. Mais elle semble être encore une source d'inspiration et, à tout le moins, répondre aux besoins ou aux désirs de plusieurs, dans un contexte de destruction accélérée de la planète et du durcissement des inégalités et des injustices inhérentes au capitalisme."
Communauté, immunité, biopolitique (2009)
Repenser les termes de la politique
Sortie : 4 mars 2010 (France). Essai
livre de Roberto Esposito
Reminiscences a mis 8/10.
Annotation :
(Octobre)
Hitchcock / Truffaut (1967)
Sortie : 1967 (France). Entretien, Cinéma & télévision, Beau livre & artbook
livre de François Truffaut et Helen Scott
Reminiscences a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
(Octobre)
Pilier de la littérature cinématographique, Hitchcock-Truffaut est plus qu'une simple interview de Truffaut face à l'un des plus grands réalisateurs du cinéma.
Hitchcock se dévoile, revient sur sa carrière et détruit la quasi-totalité de ses films. On aimait Vertigo ? Hitchcock pas vraiment. On se demande pourquoi de l'uranium dans du sable pour le film Notorious ? Le MacGuffin est sans importance répondra Hitchcock. On se demande pourquoi tant de scénarios irréels ? Hitchcock répondra qu'il ne fait pas de documentaire.
Plus qu'une simple interview, Hitchcock nous offre une petite leçon de cinéma, le MacGuffin, le travail de l'espace environnant, différents procédés, les astuces utilisées pour certaines de ses scènes, le principe du suspense etc.
Plus qu'une simple interview c'est un livre hommage d'un "petit" réalisateur français face à l'un de ses idoles. Truffaut arrive à pénétrer dans la vie et la psychologie d’Hitchcock pour nous offrir cette œuvre. On clôt ce livre les larmes aux yeux par cette magnifique postface, merci Truffaut et Hitchcock.
« Hitchcock faisait partie d’une famille, celle de Chaplin, Stroheim, Lubitsch. Comme eux, il ne s’est pas contenté de pratiquer un art mais s’est employé à l’approfondir, à en dégager des lois, plus strictes que celles qui en régissent le roman.
Hitchcock n’a pas seulement intensifié la vie, il a intensifié le cinéma. »
L'Appel de la forêt (1903)
(traduction Pierre Coustillas)
The Call of the Wild
Sortie : 2000 (France). Roman, Aventures
livre de Jack London
Reminiscences a mis 7/10.
Annotation :
(Septembre)
Classique de la littérature pour enfants que je n'avais jamais lus, L'Appel de la forêt m'a paru d'une violence extrême. Que ce soit les chiens ou les hommes le monde est violent au point d'être quelquefois absurde. Si cette violence omniprésente m'a marqué j'en ressors avec peu de souvenirs. Un scénario banal presque tracé dès les premières lignes du roman, des personnages assez creux (par ex. les trois et leur traineau surchargé), un style assez simple même si beaucoup de mots en anglais (notamment archaïques ou littéraire) m'ont demandé de sortir un dictionnaire.
Cet "appel" est sûrement l'élément le plus intéressant du livre, celui qui donne envie d'en savoir plus jusqu'au plot-twist final.
Le Capitalisme comme religion (1921)
Sortie : 1985 (Allemagne). Essai
livre de Walter Benjamin
Reminiscences a mis 6/10.
Annotation :
(Septembre)
Ensemble de cinq courts textes de Benjamin.
Malheureusement les textes "Le capitalisme comme religion" et "Fragments théologico-politique" sont trop fragmentaires ou inachevés pour proposer quelque chose d'intéressant. Certes "Le capitalisme comme religion" esquisse quelques grandes idées mais qui restent en suspens.
Les deux articles sur Keller et Scheerbart semblent plus être là pour combler le livre. Finalement c'est peut-être l'article "Panorama impérial" qui est le plus intéressant. On reste sur notre faim et l'annexe reprenant un extrait de Le Capital ne sert pas vraiment à grand-chose si ce n'est à rendre un peu plus volumineux ce court livre.
La préface de Baptiste Mylondo lisant Benjamin comme précurseur de la décroissance me semble très critiquable, réductrice et finalement peu intéressante.
Une petite déception.
Proust (1930)
Sortie : 1930 (France). Essai
livre de Samuel Beckett
Reminiscences a mis 9/10.
Annotation :
(Septembre)
La mémoire, les réminiscences, le temps - Beckett trouve les mots juste à seulement 24 ans, une attitude désinvolte dans son étude qui cache un génie.
Superbe analyse qui va a l’essentiel sans oublier la petite touche d'humour anglaise.
Magnifique tout simplement.
« Mais Albertine est une fugitive et l’expression de sa valeur ne saurait être complète si elle n’était pas précédée d’un symbole qui, en sciences physiques, signifie la vitesse. Une Albertine statique serait bientôt conquise, serait bientôt comparée à toutes les autres conquêtes potentielles que sa possession exclut. L’infinité de ce qui n’est pas mais pourrait être serait bientôt préférée à la nullité de ce qui est. L’amour, il le répète, ne peut coexister qu’avec un état d’insatisfaction né soit de la jalousie, soit de ce qui l’a précédée, le désir. »
« L’amitié, selon Proust, est la négation de la solitude irrémédiable à laquelle tout être humain est condamné. L’amitié implique une acceptation presque pitoyable des valeurs superficielles. L’amitié est un artifice social, comme le capitonnage d’un fauteuil ou la distribution des poubelles ; elle n’a aucune signification spirituelle. Pour l’artiste qui ne s’en tient pas aux surfaces, le refus de toute amitié n’est pas seulement chose raisonnable, c’est une nécessité. Car le seul renouvellement spirituel possible se trouve en profondeur. La pulsion artistique ne va pas dans le sens d’une expansion, mais d’une contraction. L’art est l’apothéose de la solitude. »
« C’est un style fatiguant, mais pas pour l’esprit. […] Au bout d’une heure, ce n’est pas l’hébétude mais l’épuisement et la colère qui vous gagnent, submergé, anéanti que vous êtes par l’écume et le déferlement d’une métaphore après l’autre. Le reproche fait à ce style d’être alambiqué, plein de périphrases, obscure et impossible à suivre, est absolument sans fondement. ».
Le Temps retrouvé (1927)
À la recherche du temps perdu / 7
Sortie : 1927 (France). Roman
livre de Marcel Proust
Reminiscences a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
(Août)
Que de chemin parcouru entre Du côté de chez Swann et Le Temps retrouvé, que de temps passé à côtoyer les Verdurin, les Guermantes et tous les personnages peuplant l'univers de La Recherche. Du jeune Proust que l'on connaît, avec ses peines de cœur, son aspiration à la littérature, nous plongeons dans un monde nouveau. Du cocon dans lequel Proust nous berçait tendrement, malgré quelques soubresauts, nous passons au chaos, à la destruction totale. La guerre, le temps, le changement des mœurs; nous assistons à la fin d'une ère et d'une grande œuvre. Ultime livre, chef d’œuvre absolu. Le Temps retrouvé ou comment une bibliothèque et le tintement d'une cuillère contre une assiette peut déclencher toute une réflexion sur le temps, les souvenirs, l'art, la littérature, la vie.
Merci Marcel pour ces trois été passés avec toi.
"Mais il faut se résigner à mourir. On accepte la pensée que dans dix ans soi-même, dans cent ans ses livres, ne seront plus. La durée éternelle n'est pas plus promise aux œuvres qu'aux hommes."
Moderato cantabile (1958)
Sortie : 1958 (France). Roman
livre de Marguerite Duras
Reminiscences a mis 6/10.
Annotation :
(Août)
Toujours cette terrible impression de passer à côté des romans de Duras. Une leçon de piano, un crime passionnel et ces étranges moments de conversation.
Les différentes critiques présentes dans la version Minuit double des éditions de Minuit aident un peu plus à cerner l’œuvre mais elle m'échappera pour toujours.
Le pire c'est que Duras arrive à m'ancrer ses livres au plus profond de mon cerveau.
Le Principe sécurité
Sortie : 4 octobre 2012 (France). Essai, Philosophie
livre de Frédéric Gros
Reminiscences a mis 7/10.
Annotation :
(Août)
Frédéric Gros entreprend une généalogie du concept (ou principe) de sécurité à travers quatre grands foyers de compréhension; l'Antiquité et la sécurité comprise comme la sérénité du sage (ataraxie chez les stoïciens), la sécurité comme absence de danger dans les croyances millénaristes, la sécurité comme garantie par l'État dans les théories contractualistes et théories modernes de l'État et enfin la bio-sécurité comme contrôle des flux.
L'influence foucaldienne de Gros se ressent beaucoup et donne l'impression de lire un travail de Foucault lui-même. Un travail détaillé, quasiment historique et très peu philosophique finalement. Néanmoins, ce souci du détail est assez rébarbatif. Je comprends cette volonté de la part de Frédéric Gros, celle d'être complet et extrêmement précis mais finalement cela empêche la progression dans la lecture. On s'y perd quelquefois, on comprend plus où il veut en venir, pourquoi il compare telle chose à celle-ci (j'ai dû lire cet essai très rapidement, je suppose qu'en prenant son temps la lecture est plus simple).
En bref, un essai qui reste très intéressant et bien documenté mais dont la lecture m'a pas vraiment été agréable.
Ce renversement du principe de sécurité à la fin de l'essai est clairement digne des plus grands plot twist du cinéma et mériterait vraiment un travail. La sécurité comme catastrophe voilà le monde dans lequel on vit. Et Benjamin, à nouveau, aura entraperçu une idée assez remarquable.
Un petit article bien fourni sur cet essai: https://laviedesidees.fr/La-securite-toute-une-histoire.html
Cancioneiro (1988)
Sortie : 1988. Poésie
livre de Fernando Pessoa
Reminiscences a mis 8/10.
Annotation :
(Août)
Anthologie de Pessoa sous son orthonyme avec quelques poésies en portugais pour la beauté de la langue et ceci dans une superbe édition proposant une introduction à Pessoa lui-même et ses différents hétéronymes. On cerne mieux le personnage, on découvre autre chose que Le livre de l’intranquillité, en bref un bel ouvrage pour les amateurs de Pessoa.
"O cloche de mon village,
plaintive dans le soir calme,
il n’est un de tes battements
qui dans mon âme ne résonne.
Il est si lent, ton rythme,
triste ainsi que celui de la vie,
que le premier coup a déjà
l’accent d’une redite.
D’aussi près que tu résonnes,
quand je passe, éternel errant,
tu m’es un songe quasiment,
en mon âme tu retentis lointaine.
A chaque coup que tu égrènes,
vibrant dans le ciel sans frontières,
je sens plus lointain le passé,
je sens la nostalgie plus proche."
Le Décaméron (1350)
(traduction Giovanni Clerico)
Il decameron
Sortie : 1350 (Italie). Recueil de nouvelles
livre de Boccace
Reminiscences a mis 6/10.
Annotation :
(Juillet)
Un début de lecture grâce au super projet de Sylvain Creuzevault publié sur LundiMatin (https://lundi.am/Decameron-19), une nouvelle par jour durant la période de confinement et celle-ci lue par un acteur. Très grosse surprise de pouvoir entendre Jean-Luc Godard lisant du Boccace "À bon rat bon chat" et partir dans un délire durant quelques minutes.
Malheureusement, le projet s'est clos en laissant de côté une vingtaine de nouvelles que j'ai pu retrouvé sur ce site (https://www.ebooksgratuits.com/html/boccace_decameron.html#_Toc162622998).
Concernant mon ressenti, cette lecture m'a paru très redondante. Les mêmes motifs reviennent sans cesse (une histoire d'amour, une trahison etc.). Néanmoins, Boccace délivre un beau tableau des mœurs de son époque, tableau qui paraît très cru certaines fois. La critique de la religion catholique est omniprésente, Boccace y dénonce les prêtres et autres membres de l'Église s'enrichissant, ne suivant plus les préceptes des premières pères. À mi-chemin entre une critique de son époque et un divertissement, le Décaméron de Boccace est sûrement un bel objet pour comprendre le 14e siècle en Italie mais peu de ses nouvelles sont vraiment marquantes à l'exception de quelques-unes qui méritent vraiment d'être lues.
En attendant Godot (1952)
Sortie : 1952 (France). Théâtre
livre de Samuel Beckett
Reminiscences a mis 4/10.
Annotation :
(Juillet)
Eh bien que dire si ce n'est le fait que je n'ai pas du tout accroché à cette pièce de théâtre.
Je suppose qu'il faut avoir les connaissances a priori afin de pouvoir la comprendre. Ne connaissant ni Beckett, ni l’œuvre, ni les analyse autour de cette œuvre, j'ai juste trouvé cette lecture ennuyante.
J'imagine que cette pièce jouée au théâtre doit être incroyable mais la lecture est très peu intéressante.
Je retenterai Beckett cette année.
Bartleby ou la création (1993)
Bartleby, la formula della creazione
Sortie : 19 août 2014 (France). Essai
livre de Giorgio Agamben
Reminiscences a mis 7/10.
Annotation :
(Juin)
Essai d'Agamben reprenant un texte qui lui est cher, Bartleby d'Herman Melville.
Volonté, pouvoir, acte, puissance, création. Retour à Aristote mais aussi au travail de l'écriture, et référence à certaines disputatio médiévales sur le pouvoir de Dieu; nous sommes bel et bien dans un texte d'Agamben.
Néanmoins, le texte La puissance de la pensée d'Agamben dans le recueil du même nom s'avère aussi éclairant pour comprendre ce "I would not prefer to" que ce court essai sur Bartleby.
J'ai l'impression que les longs écrits d'Agamben manquent de puissance quand certains de ses articles dégagent une impression de fulgurance extrême, un crescendo intellectuel.
Opus Dei (2012)
Archéologie de l'office - Homo Sacer II, 5
Opus Dei. Archeologia dell'ufficio
Sortie : 12 janvier 2012 (Italie). Essai, Philosophie
livre de Giorgio Agamben
Reminiscences a mis 7/10.
Annotation :
(Juin)
(Je me rappelle plus de cette lecture hormis qu'elle ne m'intéressait pas du tout dans le cadre de ma recherche).
Hypérion (1797)
Hyperion oder Der Eremit in Griechenland
Sortie : 25 janvier 1973 (France). Poésie, Roman
livre de Friedrich Hölderlin
Reminiscences a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
(Juin)
Après Proust, je pensais ne pas trouver d'autres auteurs possédant une prose aussi magnifique que Marcel. Hölderlin prenait poussière dans ma bibliothèque, j'ai décidé de prendre Hypérion et, je crois avoir découvert le sublime durant ces quelques jours de Juin à l'odeur du mois d'Août.
Le fragment Thalia m'a ému jusqu'aux larmes par sa beauté. Hypérion c'est le beau, le sublime par écrit.
Et s'enchaine finalement Hypérion où Hölderlin déroule sa pensée du romantisme allemand à travers la mythification de la culture grecque (l'amitié, l'amour, la liberté, la beauté, la nature, la religion). La critique envers l'Allemagne et sa culture est acerbe mais toujours très élégante.
Finalement, on rêverait de partir avec Hypérion, rejoindre Diotima et Alabanda et suivre les traces de la Grèce Antique.
Le fond romantique allemand qui sommeille en moi fut comblé. Être au tant bouleversé par une lecture ne m'était arrivé qu'avec Proust, Hölderlin a lui aussi réussi ce miracle.
"Non coerceri maximo, contineri minimo, divinum est."
"Je sentais partout mon manque, et pourtant je ne pouvais trouver mon but. C'est ainsi que mon maître me trouva."
"L'intellect pur ne produit nulle philosophie, car la philosophie ne se réduit pas à la reconnaissance de ce qui est.
La raison pure ne produit nulle philosophie, car la philosophie ne se réduit pas à l'aveugle exigence d'un progrès sans fin dans la synthèse et l'analyse de chaque substance possible."
Albertine disparue (1925)
À la recherche du temps perdu / 6
Sortie : 1925 (France). Roman
livre de Marcel Proust
Reminiscences a mis 9/10.
Annotation :
(Mai)
Difficile de parler de ce tome sans spoil (ou divulgâcher en bon français) certains éléments essentiels à la Recherche dont de nombreux rebondissements inattendus.
Albertine disparaît certes nous le savons déjà par le titre. Là où Proust est extrêmement fort c'est encore une fois dans la minutieuse étude psychologique du narrateur. Et qui de nous n'a jamais vécu une séparation comme celle-ci ? dont Proust nous offre sûrement la meilleure description possible.
Sûrement que Sodome et Gomorrhe et La Prisonnière sont meilleurs que ce tome, mais pourtant Albertine disparue m'a paru dégagé une certaine légèreté malgré les thèmes qu'il aborde. Une légèreté pour peut-être mieux reprendre son souffle avant l'ascension finale: Le Temps retrouvé.
Les souvenirs, le chagrin, l'amour, l'oubli, l'envie d'aller ailleurs, de voyager et les soupçons encore et toujours.
De la très haute pauvreté (2011)
Règles et formes de vies - Homo Sacer IV, 1
Altissima povertà. Regole monastiche e forma di vita
Sortie : 10 avril 2013 (France). Essai, Philosophie
livre de Giorgio Agamben
Reminiscences a mis 6/10.
Annotation :
(Mai)
Petite plongée en philosophie médiévale sauf qu'on se rend compte très vite qu'en ayant aucune connaissance en latin la plongée devient vite une noyade.
De façon plus sérieuse, Agamben s'interroge sur les règles et formes de vie à partir des écrits de l'époque médiévale et notamment des écrits monachiques. Dialectique entre "règle" et "vie", retour sur différentes disputatio, débats théologiques et juridiques et j'en passe.
La problématique est la suivante "comment penser une forme-de-vie, c'est-à-dire une vie humaine totalement soustraite à l'emprise du droit, et un usage des corps et du monde qui ne se substantifie jamais dans une appropriation".
Son contenu est très intéressant dans la mesure où il permet de comprendre le concept de "forme-de-vie" dont Agamben utilise à de nombreuses reprises. Néanmoins, les multiples citations latines non traduites m'ont vraiment agacé. Puis la lecture est très peu excitante contrairement à d'autres essais d'Agamben, là nous sommes en pleine généalogie d'un concept et on décroche très vite à moins d'être féru de philosophie médiévale.
Ce qui reste d'Auschwitz (1998)
L'archive et le témoin - Homo Sacer III
Quel que resta di Auschwitz
Sortie : 19 mars 2003 (France). Essai, Philosophie
livre de Giorgio Agamben
Reminiscences a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
(Mai)
Probablement l'un des meilleurs essais présents dans Homo Sacer, Agamben s'attaque à la figure du témoin face à l'inénarrable des camps d'extermination. Un essai dense, tellement dense pour proposer un bon commentaire.
"Et de même que dans le ciel observable la nuit les étoiles brillent cernées d'une épaisse ténèbre, dont les cosmologistes nous disent qu'elle témoigne du temps où elles ne brillaient pas encore, de même la parole du témoin témoigne d'un temps où il ne parlait pas encore, le témoignage de l'homme témoigne du temps où il n'était pas encore homme."
La Prisonnière (1923)
À la recherche du temps perdu / 5
Sortie : 1923 (France). Roman
livre de Marcel Proust
Reminiscences a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
(Avril)
Après de longs mois sans lire de Proust, une sorte de chagrin d'amour inexistant me poussa à nouveau vers Marcel. Comme l'envie de s'échapper du monde pour se réconforter dans celui de Marcel.
Bouleversé après ma lecture de Sodome et Gomorrhe, dont la première partie est tout simple fabuleuse, je ne pensais pas Proust capable de me toucher autant qu'il avait pu le faire.
Je ne pense pas avoir de rapport spécial avec la littérature, je suis juste un simple profane aimant la belle prose, mais mon ressenti sur ce livre fut par plusieurs fois à la limite de l'extase. Cette sensation physique qu'arrive à me procurer Proust est indescriptible. Néanmoins, je pense que tout lecteur a déjà vécu ceci.
Certes, certains passages sont assez longs et il serait possible de trouver d'autres défauts à ce livre mais j'ai tout simplement adoré. Plus j'avance de la Recherche et plus j'ai l'impression d'atteindre le summum même de la littérature. Ma vie après la Recherche sera sans doute très différente.
Cette intrigue sur Charlus qui continue, l'étude de la psychologie d'Albertine, la jalousie et la paranoïa constante puis cette envie de liberté qu'elle vienne d'Albertine ou de Marcel; bref, j'adore.
Le Ciel brûle (1923)
suivi de Tentative de jalousie
Sortie : 1999 (France). Poésie
livre de Marina Tsvétaïeva
Reminiscences a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
(Avril)
Intensité pure. Ici tout brûle ou s'embrase. Je comprends mieux le versant Dionysiaque de Tsvetaiéva.
Jamais je n'ai pu lire des poésies aussi puissantes, vertigineuses, flamboyantes. Lire Tsvetaiéva et notamment ses longs poèmes dans Tentative de jalousie c'est arriver à la rupture avec notre souffle. On halète, on n'arrive plus à suivre ces mots défilant à toute vitesse (Sur le cheval rouge ou encore Le poème de la fin). À bout de souffle mais parfois Tsvetaieva nous attendrit, nous nous reposons avec elle loin sa misérable vie. Et c'est alors le temps des envolées lyriques " - Tu n'es point femme mais oiseau,
Alors - vole et chante".
Marina merci beaucoup, j'ai encore beaucoup de choses à découvrir sur toi mais tu m'as déjà conquis. S'il te plaît, continue à scintiller pour l'éternité.
"Et je te dirai - console moi,
Mon cœur blessé se tord,
Et je dirai - le vent est frais,
Le ciel brûle d'étoiles." - 8 septembre 1916.
"De pierre sont les uns, d'argile d'autres sont, -
Moi je scintille, toute argentine !
Trahir est mon affaire et Marina - mon nom,
Je suis fragile écume marine." 23 mai 1920.
Les Blancs, les Juifs et nous (2016)
Vers une politique de l'amour révolutionnaire
Sortie : 15 mars 2016. Essai
livre de Houria Bouteldja
Reminiscences a mis 1/10.
Annotation :
(Avril)
Quelle souffrance de lire un torchon de ce genre !
Des propos incompréhensibles, je ne sais pas vraiment où elle veut en venir. Enfin, j'imagine que pour elle la solution reste une communauté de Nous (?) - Mais uniquement musulman ? ou indigène ? Quid du Blanc ? C'est qui ? Quoi ? Quid de l'indigène ?
Le rapprochement arabo-juif afin d'attirer du monde à sa cause (mdr) - enfin juste les gens pas trop blanc non plus hein.
Glorification de la foi comme seule vecteur d'une communauté - bah bien sûr.
Propos abjects et d'une provocation extrême.
Des banalités grossières. Je pense qu'il aurait suffit de lire Foucault et son concept de racisme pour éviter de se poser les mêmes questions. Pareil, un passage chez Deleuze n'aurait pas été de trop (les machines de guerre des minorités et tout ça) mais je suppose que c'est beaucoup trop pour elle.
Techno Rebels : Les pionniers de la techno de Détroit (1999)
Techno Rebels: The Renegades of Electronic Funk
Sortie : 19 septembre 2019 (France). Musique
livre de Dan Sicko
Reminiscences a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
(Mars)
Petite histoire de l’électrofunk jusqu'à la techno de Détroit et ses dérivés (Bleep techno, IDM, indus, EBM, breakbeat, minimal etc.).
Kraftwerk, Yellow Magic Orchestra, les Belleville Three, Underground Resistance, Richie Hawtin ou encore Speedy J et même Goldie (!), tout y passe ou presque.
Plus qu'une histoire sur la techno, Dan Sicko nous brosse en parallèle un portrait de Détroit pour nous plus grand plaisir. Quelle autre ville aurait pu créer pareil genre musical ? Berlin ?
En complément, une dernière partie très intéressante sur le Drum and bass et le jungle.
Bref, un livre à lire et à écouter.
En complément, un mix de deux heures par Para One sur la techno de Détroit et spécialement Drexciya duo mythique qui malheureusement n'a pas été évoqué par Dan Sicko: https://soundcloud.com/para-one/para-one-drexciya-mix-on-rinse-fr-240215
Le Portrait de Dorian Gray (1890)
The Picture of Dorian Gray
Sortie : 1891 (France). Roman, Philosophie
livre de Oscar Wilde
Reminiscences a mis 9/10.
Annotation :
(Mars)
Quelle incroyable plongée dans le Londres victorien ! La brume, les fumeries d'opium, les quartiers malfamés, les salons victoriens, le dandysme, l'art et la philosophie. Que dire de plus que c'est qui a déjà été dit ?
Cette préface justificatrice de son œuvre est magnifique.
"Civilization is not by any means an easy thing to attain to. There are only two ways by which man can reach it. One is by being cultured, the other by being corrupt."
"There is no such thing as a moral or an immoral book. Books are well writtent, or badly written. That is all."