Gabin vingt fois

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1935: Les grands débuts du mythe. Gabin devient avec ce film de Duvivier le numéro 1 des jeunes acteurs de l'époque. Assassin d'occasion et légionnaire par force, traqué et amoureux, solide et cependant victime, idéaliste proche du désespoir, son personnage de "La Bandéra" préfigure presque tous ceux qui suivront pendant cinq années éblouissantes.

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L'idéalisme des années "Front Populaire" à travers cette histoire de potes en autogestion. Mais aussi la misogynie de l'époque avec la présence d'une garce vénéneuse qui vient tout gâcher, notamment la belle amitié masculine. Ouvrier amical, séducteur, optimiste, mais trompé par le destin déguisé en diablesse, et victime de ses démons: beaucoup du Gabin d'avant-guerre est là, dans ce film au charme fou.

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Un mauvais garçon qui régne sur la casbah mais rêve d'une autre vie avec une femme fatale: Gabin porte superbement les couleurs de cet exotisme d'époque, dans un des rares films français qui tienne la dragée haute aux meilleurs films noirs d'Hollywood.

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Un bel uniforme de spahi, une gueule d'amour, un bon copain, une femme fatale, le petit ouvrier amoureux de cette garce entretenue, le pavé de Paris et les cailloux de Provence: toute une époque, dans un beau film de Grémillon. Et au centre, Gabin, comme une évidence.

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Entouré par von Stroheim et Fresnay, accompagné par Dalio, Carette et les autres, Gabin ne domine pas ce chef-d'oeuvre, mais il en est sans doute la pierre la plus indispensable. Notamment dans la dernière partie du film, lorsque le simple soldat qu'il incarne porte l'essentiel du message de Renoir, à travers un beau moment d'amour.

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1938. La Tragédie approche. Triste comme le brouillard, mélancolique comme la sirène d'un bateau, poêtique et implacable, ce sommet du romanesque d'avant-guerre est porté d'un bout à l'autre par Gabin, une fois de plus viril jouet du destin.

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Le sommet du mythe Gabin d'avant-guerre, dans un des très grands films du cinéma français. Le petit peuple, l'amour, la perte des innocences, le destin. Un Carné inoubliable, un Gabin irremplaçable.

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Aprés 1945, Gabin ne retrouve pas immédiatement sa côte. On ne l'oublie pas pourtant, y compris pour ce très beau second rôle, sous la baguette du magicien Ophüls. Le rôle d'un paysan normand qui s'amourache d'une prostituée un jour de communion solennelle. Et c'est avec une admirable finesse qu'il incarne ce personnage de Maupassant.

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Après ce qu'on appelle avec un peu d'exagération une "traversée du désert", le roi va retrouver son sceptre grâce à ce petit bijou signé Becker. Oublié le jeune premier, Gabin est désormais un quinquagénaire aux cheveux blancs qui a parfois besoin de lunettes. Mais reste la séduction, l'autorité... face au Destin qui rôde encore.

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L'un des rares rôles "en costume" de Gabin, dans ces retrouvailles avec Renoir. Comme dans "le grisbi", la jeunesse est partie, l'existence est à un tournant, mais le personnage reste plein d'allant et de projets et cette fois le Destin n'est pas trop sévère. Un rôle d'énergie et d'autorité. Le sceptre est bien en mains.

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Plusieurs fois dans ces années-là, Gabin a endossé l'habit de personnages taraudés par la jeunesse - la leur qui s'enfuit, celle de demoiselles qui s'approchent-. Ici Autant-Lara adapte Simenon, et Gabin incarne avec une profonde vérité ce grand bourgeois tourmenté par Bardot la magnifique.

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Finis les tourments de quinquagénaire. "Les Grandes Familles" marque les débuts de Gabin patriarche. Ici grand patron sans états d'âme, interprété avec une autorité sans faille. Impressionnant.

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Produire "Les Misérables" dans les années 50 sans Gabin était impensable. Aprés l'immense Harry Baur en 1934, avant Lino Ventura mal servi par Hossein, Gabin est un Jean Valjean d'une très grande humanité. Et d'une totale vérité d'un bout à l'autre, dans tous les états de l'un des héros les plus marquants de la littérature.

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Ce film attachant n'est pas un chef-d'oeuvre mais montre, un an après "Les Grandes Familles" l'art de Gabin à changer de costume. "Gabin fait du Gabin" était une critique stupide. Ici nous sommes toujours certes avec un patriarche mais le grand patron est redevenu ouvrier, non plus sans états d'âme mais tendre et attentif avec ses enfants. Et douloureux et parfois perdu aussi. Un beau personnage.

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Comme Jean Valjean, Maigret ne pouvait échapper à Gabin. Le pas lourd suffisamment, la parole rare et bien servie, le regard attentif, Pépé le Moko est devenu un commissaire ô combien recommandable. Et avec, ici, au fond de l'oeil (et du scénario) la nostalgie mélancolique de l'homme qui sur les lieux de son enfance voit combien le temps a irrémédiablement passé.

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Le patriarche est entré en politique. Mais il reste quelque chose du rebelle des jeunes années. Ce Président-là, vaguement inspiré de Clémenceau, dénonce les turpitudes de ses collègues avec une force et une intransigeance que les dialogues d'Audiard, dans la bouche de Gabin, rendent inoubliables.

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Un film qui annonce "Les Tontons Flingueurs" -que Gabin a failli jouer-. Deux ou trois ans plus tôt, il a repris goût à la comédie. D'autres films de ce genre suivront, dans les années 60, avec souvent moins de bonheur. Ici, dans un film quasiment sans faille, Gabin est d'une étonnante force comique, tout en sobriété pince-sans-rire

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Un Gabin débridé, soulard, lyrique, mythomane, dans un film devenu culte, y compris pour la rencontre avec Belmondo. Ce rôle-là ne ressemble à aucun autre, et son humanité loufoque le rend plus qu'attachant.

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Un film de box-office. Mis à part Belmondo, les grands de l'époque sont à l'affiche. Autour du patriarche, Delon et Ventura. Ils ont beaucoup de mérite à tenir la route face à ce Normand mué en Sicilien. Taciturne, décidé, Gabin le patriarche est ici un impressionnant parrain.

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Sans doute le point d'orgue de cette immense carrière. Face à une Signoret à sa hauteur, Gabin, sans effets, presque sans un mot, percute le spectateur d'un bout à l'autre du film.