Cover Henry Hathaway - Commentaires

Henry Hathaway - Commentaires

Ses plus ardents défenseurs disent d’Hathaway qu’il est une personnalité multiple dont le statut de simple artisan ne rend guère compte. Ma méconnaissance à son égard ne peut infirmer ou confirmer cette appréciation ; je me contenterai donc pour le moment de constater qu’il a réalisé l’un des plus ...

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10 films

créée il y a presque 5 ans · modifiée il y a plus d’un an
Les Trois Lanciers du Bengale
6.9

Les Trois Lanciers du Bengale (1935)

The Lives of a Bengal Lancer

1 h 50 min. Sortie : 1 mars 1935 (France). Drame, Aventure

Film de Henry Hathaway

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Le premier (Gary Cooper), aux yeux clairs et à la fine moustache, est l’aîné juvénile qui materne la bleusaille. Le deuxième (Franchot Tone), est un dandy capable de réciter un poème victorien avant de justifier le sacrifice ultime qui l’attend. Le troisième (Richard Cromwell) incarne le novice en butte aux gentilles moqueries des autres, qui devra faire ses preuves et conquérir son amour-propre. Dans le désert exotique du Raj, ces sous-officiers s’ébrouent au fil d’une série d’aventures menée sans surprise ni génie, sorte de matrice des films sur la colonisation britannique à travers la vie d’unités militaires en caserne ("Gunga Din" de George Stevens viendra peu après). Hathaway parvient parfois à concrétiser l’idée selon laquelle la stylisation doit étayer le réalisme pour que prose et poésie fassent bon ménage.

Peter Ibbetson
7.7

Peter Ibbetson (1935)

1 h 25 min. Sortie : 4 février 1936 (France). Drame, Romance

Film de Henry Hathaway

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Objet d’adoration de la part des surréalistes, ce conte d’amour fou se rattache à un courant éperdument romantique duquel relèvent aussi "L’Heure Suprême" et "Pandora". Il se fonde sur l’idée que l’esprit (ou plutôt l’âme) a autorité sur la matière, et envisage la télépathie, le voyage dans le temps ou le téléscopage de l’espace comme de véritables actes de foi. Par la poésie féérique de ses images, le lyrisme et la pureté de son récit, il impose d’évidence la croyance absolue en la toute puissance de la pensée, qui permet d’élever sur le même plan le réel et l’imaginaire, et exalte la victoire du rêve sur les vissicitudes de la vie sociale et de la fatalité. Il donne ainsi à percevoir le surnaturel comme une donnée tangible, compréhensible par tous ceux capables de vibrer devant la magie du cinéma classique hollywoodien.

L'Impasse tragique
6.9

L'Impasse tragique (1946)

The Dark corner

1 h 39 min. Sortie : 13 juin 1947 (France). Drame, Thriller, Policier

Film de Henry Hathaway

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Protagoniste aliéné, angoisse existentielle, obsession du passé, monde envahi par l’obscurité… Hathaway imprime ici à la série B un ton, une qualité d’écriture dans l’efficacité qui en ont peut-être fait un support essentiel à certains films noirs de Fleischer, Siodmak ou Fuller. Représentation typique de cet art structuré, aux dialogues rapides et coupants, au montage sec, aux cadrages étudiés, aux éclairages signifiants, aux brèves scènes de violence, ayant donné une impulsion brutale, réaliste et stylistique au genre policier. Des acteurs de second plan y sont installés en première ligne et soutiennent le choc d’un climat de huis-clos emboîtés, d’un suspense sombre et net, lardé d’humour, dont les formes iconographiques et les inventions de détail accentuent parfois crûment la valeur propre de l’image.

Le Carrefour de la mort
7.2

Le Carrefour de la mort (1947)

Kiss of Death

1 h 39 min. Sortie : 28 juillet 1948 (France). Policier, Film noir, Thriller

Film de Henry Hathaway

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Motif classique du genre criminel, le chemin du repentir et de la réinsertion sociale amène régulièrement le malfrat à trahir ses anciens amis. Victime à la fois de la corruption et du chantage exercé par la justice, il se voit souvent broyé dans un engrenage infernal. Telle est la trajectoire que suit le héros de ce polar de facture traditionnelle, mais dont le contraste entre l’effet documentaire et le contenu est atténué par le souci d’exactitude topographique et la volonté du cinéaste à tourner sur place, en intérieurs et en extérieurs. Sans atteindre les sommets du film noir, le film creuse ainsi une veine réaliste apte à renverser les préceptes de la moralité traditionnelle. Et impossible de ne pas se laisser fasciner par Richard Widmark en tueur sardonique, glacial et névrosé, aussi dangereux qu’un serpent à sonnettes.

Appelez Nord 777
7.2

Appelez Nord 777 (1948)

Call Northside 777

1 h 52 min. Sortie : 27 août 1948 (France). Drame, Policier

Film de Henry Hathaway

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Une fois de plus, Hathaway ouvre son film par une annonce avertissant que l’histoire est authentique a été filmée autant que possible dans les lieux mêmes où elle s’est déroulée. Spécialiste de ce quasi sous-genre qu’est le polar semi-documentaire, il promène d’un site "réel" à un autre (le pénitencier Statesville, le journal et ses activités, divers extérieurs de Chicago, des postes de police, des bars louches, des quartiers polonais misérables, tous saisis par une photographie brute et réaliste) et fait évoluer le registre dramaturgique habituel du thriller criminel vers un suspense d’investigation qui annonce certains grands jalons à venir. Car c’est bien le rôle de la presse qui est ici mis en évidence, ses vertus de probité, de justice et d’engagement, tout comme les réticences de la police à admettre ses erreurs.

Niagara
6.8

Niagara (1953)

1 h 32 min. Sortie : 11 août 1953 (France). Thriller, Film noir

Film de Henry Hathaway

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Bien que tourné en décors extérieurs (et lesquels !), le film est loin du style documentaire cultivé par le cinéaste dans les années quarante. Il se développe sur une intrigue banale du cinéma noir, vaguement détournée du "Facteur sonne toujours deux fois", mais en revivifie les clichés à la faveur de plusieurs éléments. D’abord le Technicolor, présence éclatante, continuelle, éclaboussant un arc-en-ciel comme la robe écarlate de la star. Ensuite la mise en scène, qui ose un baroquisme inhabituel dans la carrière très classique de l’auteur – compositions biscornues, plongées et contre-plongées, effets d’éclairage. Enfin Marilyn Monroe, au faîte de sa séduction, dont la chute de reins rivalise avec celles du Niagara pour exprimer, en contournant les interdits de la censure, la crudité moite et torrentielle du désir.

Le Jardin du diable
7.1

Le Jardin du diable (1954)

Garden of Evil

1 h 40 min. Sortie : 5 novembre 1954 (France). Action, Aventure, Drame

Film de Henry Hathaway

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Il suffit parfois d’une réplique, d’un geste, d’un jeu de scène pour que l’itinéraire d’un personnage apparaisse sous un jour nouveau. Telle est la principale qualité de ce western dont le traitement psychologique rompt avec la tradition du genre, ce qui ne signifie pas qu’il échappe à la convention. L’aventure décape peu à peu les apparences initiales : les motivations de l’épouse modèle se révèlent fort ambigües tandis que le joueur professionnel que l’on croyait cynique (Widmark dans un rôle étonnamment positif) se sacrifie pour ses compagnons, allant jusqu’à tricher afin d’obtenir ce privilège. Chacun s’interroge sur ses sentiments et ceux des autres, se livre à des considérations sur le rapport au pouvoir et l’appât du gain, mais tout cela ne va pas sans d’abondants dialogues et quelques scènes bien statiques.

Le Plus Grand Cirque du monde
6.3

Le Plus Grand Cirque du monde (1964)

Circus World

2 h 15 min. Sortie : 9 décembre 1964 (France). Drame, Western

Film de Henry Hathaway

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Le film n’efface pas les autres moutures de cet éternel mélo que tirent à intervalles réguliers les gens de cinéma de l’univers secret et exubérant du cirque. Fidèle à une ligne tout à fait conventionnelle, il propose le directeur bourru-au-grand-cœur, la trapéziste déchue et l’orpheline radieuse, le vieux régisseur sentencieux et la cohorte des clowns tristes, dompteurs angoissés et écuyères impitoyables. Le cinéaste se contente d’apporter ses soins à l’exécution des scènes spectaculaires (naufrage, numéros périlleux, incendie avec acrobates suspendus entre des lambeaux de toiles enflammées), Rita Hayworth donne une présence émouvante à son personnage, mais l’ensemble à tout des guirlandes un peu fanées de l’arbre de Noël : il si facile d’en fabriquer d’autres qu’on les range assez vite dans la boîte.

Nevada Smith
6.8

Nevada Smith (1965)

2 h 08 min. Sortie : 2 septembre 1966 (France). Western

Film de Henry Hathaway

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Décidé à retrouver et abattre les bandits qui ont tué ses parents, Steve McQueen se lance dans une chasse à l’homme de plusieurs années et exécutera férocement les coupables, tel Horace venant à bout des Curiaces de l’Ouest. Cette histoire de vengeur détruit par sa vengeance revêt un intéressant aspect Monte-Cristo par le goût du pseudonyme qu’affiche le héros et la juxtaposition d’épisodes tout à fait indépendants (dans leurs décors et comparses) qui fait se succéder, comme un roman picaresque, les paysages californiens, les camps indiens et les bayous de Louisiane, "Winchester 73" et "Je suis un évadé". Mise en scène de manière fonctionnelle, sans surplus de vie, de spontanéité ou de sincérité, elle a pour elle quelques situations fortes et un discours qu’on ne saurait taxer d’irresponsabilité morale.

100 dollars pour un shérif
6.7

100 dollars pour un shérif (1969)

True Grit

2 h 08 min. Sortie : 18 février 1970 (France). Western, Aventure

Film de Henry Hathaway

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

À l’heure où le western classique succombe sous les coups de boutoir de Leone et de Peckinpah, le cinéaste réaffirme avec un certain panache l’art du conteur pour qui rien ne semble poser de problèmes. Son sens de la topographie et des allées et venues, la clarté avec laquelle il organise les divers ressorts de l’action, son assurance quasi dickensienne à typer tel ou tel personnage (le marchand de cheveux doucereux et retors, le juge assoupi mais implacable, l’avocat méticuleux), nourrissent de chair et de réalité ce double récit d’apprentissage : tandis qu’un homme vieillissant (le Duke, oscarisé pour l’occasion) cherche à se prouver qu’il existe encore et retrouve dans sa quête l’enfant qu’il avait perdu, une jeune fille orpheline de père réinvestit sous les traits du shérif ivrogne et bourru la figure protectrice.

Thaddeus

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