Henry Miller et compagnie

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Ce livre est tout simplement extraordinaire, un petit bijou du monsieur, léger, frais, drôle, redoutable. L'histoire d'un odieux raseur à qui Miller donne tout, pour qui Miller se plie en quatre, à qui Miller passe toute les fantaisies irritantes, et qui se conduit comme un ingrat. Délectable.

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Ouh qu'il est faible celui-là ! Oulala !

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Fantastique. Incroyable. Prodigieux. Miller au soleil en grèce, pendant la guerre, ayant fui comme un lâche (et c'est vrai qu'il a fui comme un lâche, une vraie peur panique), et qui s'exalte, tout solaire, moins cynique, moins grinçant, épanoui.

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Ce livre je l'ai vraiment bien aimé ! Je me suis reconnu dans un des personnages. A l'époque j'avais cité un passage le décrivant sur facebook, quand j'avais un compte personnel. Une amie m'a commenté : "pffffffff lol, c'est tro pa crédible com perso, ça existe plu ça". Il se trouve que cette fille là je l'aimais. Bien qu'elle ne comprenne rien à la littérature. Qu'elle n'ait aucune finesse et qu'elle ne sache pas y regarder. Encore heureux qu'on n'aime pas les gens pour leurs qualités.

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A la rigueur, ne mérite d'être lu que pour la discussions de Salon où l'un des convives parle de Rembrandt et de ses tableaux, qui est tout ce que je recherche dans un livre, et que j'ai dû lire au moins dix fois.

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Je l'ai commencé, tout de suite après l'avoir acheté, il m'est vite tombé des mains. C'est Miller sans Miller, les mêmes histoires, réduites à peau de chagrin, pour ce que j'en ai lu, le graveleux sans les grandes envolées lyriques, sans les digressions culturelles. Une curiosité, au même titre que les Venus Erotica, dont on pourra se passer si on n'est pas fana du bonhomme.

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En bon Bataillien que je suis, le Minotaure, dans un titre, moi ça me parle, ça m'intrigue, ça me donne envie. Et bien j'ai vite déchanté, j'accroche pas à ses romans, j'adore absolument ses journaux, la correspondance, mais ses cités intérieures, je les trouve vraiment fades. Sans charmes. Pas séduit pour un sou.

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Des passages m'ont fait rire, mais dans l'ensemble, c'est bien plat. Pourtant avec ce sujet, on se serait attendu à des merveilles mais non, pour moi, ça tombe à plat. Il s'en sort bien mieux dans l'article paru jadis à la NRF, dans lequel il parlait du pain américain.

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De nos jours, qui encore écrit des lettres ? C'est ce qu'on se disait il y quelques jours avec un pote. On parlait des souvenirs que l'on garde, même s'ils sont bêtes et passés. Réponse unanime : les lettres. On garde nos lettres parce que plus personne n'en écrit. C'est triste. Moi j'en écrit. On s'en moque, je sais. Tout ça pour dire que chaque fois que j'arrive chez quelqu'un qui possède ce livre, qui possède ou écrit des lettres, je me sais en bonne compagnie.

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Et bien ce livre-là, je le lis en anglais et je suis conquis. Parfois je me lis des passages au hasard, souvent le tout début, à haute voix, y mettant les intonnations que je peux, et je laisse trainer les mots, les syllabes roulent dans ma bouche, j'appuie, j'insiste, je monte dans les aigüs, je redescendant, accélérant, là, je prend mon temps, je délie les sons, jusqu'à tuer le sens. jusqu'à m'arrêter, rêveur ... alors je relis certaines phrases, parmi les dernières, encore et encore, jusqu'à en être tout à fait imprégné, et je continue, lentement, et oui, c'est tout à fait fou et c'est bête et c'est beau en même temps, tous ces mots qui coulent en moi et qui me font l'amour, comme ça, l'air de rien.

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C'est faiblard. Mon dieu qu'est-ce que c'est faiblard. Alors c'est expliqué, le pourquoi, mais tout de même, c'est faiblard ... Même en anglais du reste ...

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Il me semble que c'est déjà ce que l'on trouve dans le "journal de l'amour" en pochothèque. C'est donc qu'une question de calibre.

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Lui aussi, je le lis en anglais (avec Winter of artifice). Très beau. Un récit très étrange, très onirique, qui mêle beaucoup de choses que je ne démêle pas bien. Ce qu'ils en disent dans l'excellent film Henry et June ne m'aide pas, du reste.

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J'aime bien les correspondances, c'est fou comme j'aime ça. Les journaux aussi. Entrer dans les laboratoires secrets des oeuvres et des auteurs, parfois dans leurs laboratoires clandestins, entrer dans le secret des dieux, voir des personnalités s'afficher librement, s'attardant sur des choses futiles, balayant en deux phrases ce qui dans un livre serait un chapitre entier, ou alors s'effaçant radicalement derrière une concision remarquable, ne s'occupant que de questions techniques comme le faisait généralement Bataille. J'adore moi. J'adore. En plus Nadeau, depuis que j'ai lu son Histoire du surréalisme, je l'aime.

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Brassaï. Photographe extraordinaire. Se double d'un écrivain très précis, très fluide, et tout aussi étonnant. Il arrive à donner un portrait vivant de Miller, amusant, quelque peu démystificateur, soucieux de vérité, de rendre en même temps l'extravagance et la poésie du personnage. Livrant des anecdotes impayables, comme l'échange de lettres, peu connu, entre Miller et Céline. Oui ! Ainsi que la rencontre ratée avec les surréalistes.

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Intéressant si on veut une vue d'ensemble de la vie de Miller. Le GROS PROBLEME : il se base trop sur ce que Miller écrit lui-même dans ses livres, or Miller est un menteur patenté ! Génial, hilarant, formidable, mais un menteur, et Fifi cherche pas à démêlmer le vrai du faux, comme le fait en deux trois occasions Brassaï, il y va, il quote. C'est un choix.

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Dire que ce livre n'était même pas référencé, ou alors c'est que j'ai mal cherché, mais ça me semble bizarre, c'était pas le seul m'enfin bon, celui-là, ça m'a rendu perplexe.
Parfois, j'ai l'impression qu'elle ment, elle le dit, qu'elle enjolive, qu'elle enrobe, qu'elle masque, qu'elle détourne les choses à son aventage, qu'elle se donne un bon rôle, une attitude conquérente, sûre d'elle, courageuse, pour faire mentir les faits. A la fois sa vie, et le fantasme qu'elle s'en fait. C'est deux fois elle qui s'écrit là dedans, du coup, et le Riton qui appelait ça méchamment "la baleine" dans le dos de Nanis, faisant rire tout le monde, il n'avait peut-être pas si tord, de dire qu'elle se faisait dévorer par son journal. Reste qu'elle n'est pas toujours tendre avec lui, et que ça, il l'a bien cherché.

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Le texte qui a fait pleurer Anaïs Nin ... Pourquoi ? Parce que ce texte, ce n'est ni plus ni moins que Miller émerveillé-jaloux essayant d'écrire son "propre" House of Incest, pillant quelque peu sa Nanis et plâtrant à fond comme il s'est le faire. Ca reste un texte qui a ses bons passages, mais même pour deux euros, c'est pas par là qu'il faudrait commencer.

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Là non plus j'ai pas accroché c'est rageant, j'ai très vite laissé tombé, plat, plat plat plat.

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Une petite gâterie pour les fans, une courte correspondance (seules les lettres de Miller sont publiées, hélas, pas celles du Jacquot), annotée, accompagnée de photos, photos des lettres, des livres mentionnés, des auteurs prises à l'époque, etc, avec de petits commentaires, qui viennent situer le tout, ce qui en fait un livre tout à fait charmant.