I Saw them all

Annotation :

Je vais pas arrêter de le répéter, Saw est un chef-d'oeuvre du cinéma horrifique. S'ouvrant comme un huis-clos où deux hommes sont attachés dans une salle de bain plongée dans le noir, la symbolique de la découverte et de la haine de l'autre, de la rancoeur et de la confession est déjà présente au sein de chaque plan. Les personnages se mentent et ainsi s'interdisent de comprendre leur situation, un menteur et un voyeur se retrouvent en pleine possession des moyens de coopération qu'ils échouent à mettre en oeuvre par égoïsme et méfiance. L'écriture de cette situation est le véritable concept du film et à mon avis sa vraie réussite tant elle est efficace et terrifiante de la même manière. Les scènes de torture et l'enquête policière permettent à la fois de tenir le rythme en jouant sur la balance espoir / désespoir si propice à impliquer le spectateur tout en autorisant de véritables audaces de réalisations marquantes et terrifiantes à la première découverte. Jamais, avant le dénouement, les scènes extérieures ne prennent le pas sur notre envie de suivre le déroulé de l'évolution des personnages dans la salle de bain, sans pour autant créer deux intrigues distinctes (une des tares récurrentes les plus énervantes de la saga). Enfin, les découvertes et la structure en retournement final (dont la fine ouverture sera malheureusement refermée 6 films plus tard) parachèvent la réalisation d'un plan dont l'ingéniosité participe sans triche à la terreur que l'on ressent à le voir aboutir.
Le film laissera dans son sillage la création d'un genre péjoratif, le torture-porn, dont il n'avait pourtant pas été le véritable instigateur. Les moments gores du films sont rares et plutôt softs, ce qu'ils laissent en sensationnalisme, ils gagnent en pertinence. C'est à travers leur évocation et non leur démonstration que l'on ressent la véritable terreur qui habite les personages.

Annotation :

A la sortie d'une école de cinéma assez moyennement réputée en Australie, les deux jeunes diplômés James Wan et Leigh Wannell veulent produire leur premier film. L'industrie locale ne leur promet ni financement conséquent, ni une garantie de pouvoir faire le film eux-mêmes, on leur conseille alors de se tourner vers Hollywood. Pour maximiser leurs chances, ils décident de réaliser un court métrage pour prouver aux studios qu'ils sont capables, pour Wan de réaliser le film, et pour Whannell (scénariste) de jouer un des rôles principaux. Après avoir pu trouvé un peu d'argent (dont une part importante est apportée par Whannell lui-même), un court-métrage est finalisé et servira de vidéo promotionnelle, à la manière de Within the Woods pour l'Evil Dead de Sam Raimi. Celui-ci, disponible en libre accès sur YouTube, contient les éléments fondateurs non-seulement du premier film mais aussi de toutes les suites. La scène du piège à ours inversée reprise à l'identique dans le long-métrage, la présence de l'inspecteur de police ainsi que la marionnette annonçant les règles du jeu, tout est déjà là (le film est déjà écrit à l'époque). Les idées de réalisation et notamment le plan en rotation complètement fou lors de la séquence du piège, ainsi que l'interprétation convaincante de Whannell suffiront à convaincre Gregg Hoffman, seul loup de la meute à offrir une liberté artistique totale au duo pour la réalisation de Saw. Il produira les suites jusqu'à sa mort en 2005, et sera crédité aux génériques de l'ensemble des films de la saga.

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Le 3e film, supposé donner une conclusion à une trilogie bricolée tant bien que mal, parvient au moins à raconter une histoire à peu près intéressante. On y trouve un Jigsaw mourrant qui désire au moins parvenir à assister à la réalisation d'un ses "jeux" les plus signifiant jusqu'alors. On va alors suivre 3 intrigues, la traque policière, le jeu (un homme dont la vie se concentre sur la vengeance de sa fille renversée par un conducteur ivre) et également une course contre la montre où une chirurgienne va devoir maintenir Jigsaw en vie en réalisant une opération à crâne ouvert, générant des tensions jalouses avec la complice de Jigsaw, Amanda.
Après ce postulat ambitieux, à voir comment le rythme des différentes intrigues peut être géré. C'est là justement que réside la force de cet opus, qui arrive à construire progressivement une tension forte et renouvelée. La partie en face à face avec Jigsaw est particulièrement bien exécutée et on sent une véritable volonté d'aller exploiter les enjeux de cette situation complexe. Du coté de la réalisation, les pièges sont parmi les plus marquants de la série, ils sont variés et certain sont effectivement déjoués. D'ailleurs, le parti pris de faire subir une terreur psychologique en + d'une simple douleur physique (qui est sensé faire tenir le propos initial) est poussé et le dénouement de certaines situations permet de maintenir la tension et de renforcer l'impact des échecs, même si certains n'échappent pas à l'incohérence (cf. le pistolet).
Une plutôt bonne surprise qui conclue une première trilogie et achève d'inscrire le format de la saga qui sera conservé par la suite.

NB. La machine dont Jigsaw nous confie qu'elle est sa préféré est aussi la mienne et permet un climax assez extrême.

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Après la réussite éclair et la rentabilité extrême du premier opus, un ensemble de suite sont rapidement mises en route. Wan reste à la production mais refuse de réaliser et Whannell participe à l'écriture (et au 3). C'est alors Darren Lynn Bousman qui reprend le projet, un Yes-man capable du moins pire comme du pire sur les films qu'il réalisera pour la licence (II-III-IV-Spirale). Dès le début, on se rend compte que l'efficacité de l'écriture a été échangée avec un rush qui fait perdre du poids et de l'enjeu à l'intrigue. La plupart des défauts d'écriture et de montage apparaissent dès cet opus et seront conservés ensuite, bien que l'opus reste correct. Le personnage principal est (et sera) maintenant le detective chargé de l'enquête contre Jigsaw. Celui-ci est d'ailleurs retrouvé et capturé dès le début du film, celui-ci faisant se dérouler le jeu aux yeux des flics. Cette idée, voulant offrir un déroulé original en déplaçant l'enjeu de l'intrigue et permettant de justifier le jeu qui va se dérouler en parallèle, l'annihile presque tant il fait passer tous les protagonistes pour des abrutis finis. La force des personnages écris dans Saw résidait dans la mobilisation de leur ruse et de leur intellect, dont ils pensaient qu'elle pouvait combler leur manque d'honnêteté et les faire gagner le jeu en en détournant les règles (la scène de la cigarette en est sans doute le meilleur exemple). Ici, le personnage principal cesse de réfléchir et use de force brute, perdant toute crédibilité aux yeux du spectateur.
On sait maintenant que l'intrigue du jeu provient d'un projet que Bousman n'a pas pu mener indépendamment et qui a été intégré tant bien que mal pour donner une suite au film de Wan. Ainsi, deux histoires se déroulent en parallèle et elles ont encore le mérite d'avoir un lien, à défaut d'avoir un grand intérêt. Les ficelles qui tiennent les personnages sont énormes et tout est au mieux convenu, au pire un peu agaçant (même le traditionnel twist). Malgré tout, l'ensemble se tient grâce au relatif effort pour maintenir une écriture à peu près cohérente et grâce aux tentatives de Bousman d'insuffler un peu de l'audace visuelle du premier film, offrant quelques plans efficaces. On est encore loin du pire.