Il suffit de lire // Lectures 2021

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Assez surpris du succès de ce roman assez anecdotique. Le livre se lit et s'oublie, l'écriture glisse sans déplaisir mais sans génie particulier, et je ne cesserai de me questionner sur la filiation oulipienne dont se réclame l'auteur, si ce n'est dans une pirouette finale qui ressemble davantage à une capitulation d'un auteur ne sachant comment conclure un roman-concept qu'un véritable engagement stylistique.

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J'aime Sylvain Tesson, son ironie mordante, son sens de la formule totalement décomplexé, son érudition parfois trop étalée... Enchaîner L'anomalie et ce recueil de nouvelles me fait prendre conscience que le roman "à personnages" de Le Tellier ne parvient jamais à donner de l'épaisseur à ses protagonistes, là où Tesson réussit en quelques pages à donner une rare épaisseur aux trognes qui parcourent ses nouvelles.
J'ajouterai que l'exercice du recueil de nouvelles est extrêmement délicat, et que Sylvain Tesson représente un des essais les plus concluants que j'ai eu l'occasion de lire.

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Me voici bien embêté par ce roman que j'ai su apprécier de bout en bout, mais qui me laisse le sentiment étrange d'avoir suivi d'excellentes parcelles d'intrigue qui ne forment malheureusement pas un tout convaincant. La partie la plus audacieuse est évidemment celle consacrée aux pérégrinations rigolardes du Diable sous toutes ses formes au sein de la société russe, et le relativisme moral qu'il injecte par ses actions. L'homme, par sa lâcheté et sa médiocrité, n'a t-il finalement pas vaincu le Diable à son propre jeu, faisant du Malin un personnage sympathique et dont on vient à souhaiter la réussite dans une société moscovite mesquine et hypocrite ? Et, après tout, cette bassesse est-elle le fait de la modernité, ou le propre de la condition humaine, remontant même au crime originel que Ponce Pilate commit contre le Christ ?
Là est pour moi le cœur de ce roman qui occupe la première partie. Et puis les choses se gâtent lors de l'arrivée de Marguerite. Car le principal défaut du Maître et Marguerite est à mes yeux la relation des deux personnages éponymes. Malgré ses 500 pages, le roman ne laisse pas le temps à cette relation d'exister et il me serait bien difficile d'y projeter l'une des plus belles romances de la littérature. Même la relecture du mythe faustien ne semble pas vraiment intéresser Boulgakov, qui s'épanouit bien plus dans la satire sociale que dans le romantisme. Il faut peut-être alors se détacher du roman et aller chercher dans l'histoire de sa création, et la mise en abyme d'un auteur sur son lit de mort dictant les derniers chapitres de son œuvre maîtresse à son épouse pour prendre conscience de toute la valeur symbolique de cette romance.

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Lecture agréable qui laisse cependant un petit goût d'inachevé. Le portrait de Mizuno, écrivain médiocre obsédé par la conception de son chef d’œuvre machiavélique, est captivant. Le flux de pensée tendu qui parcourt le roman a des relents très dostoievskien. Mais le roman se termine là où il devrait s'emparer totalement de sa métatextualité et faire basculer le propos de l’œuvre.

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Encore un bel exercice de style pour John Dickson Carr (en collaboration avec John Rode). L'exercice du meurtre en chambre close transposé dans un ascenseur permet aux 2 auteurs de s'amuser avec les codes du genre, déroulant 4 possibles solutions au mystère, ludisme renforcé par un duo d'enquêteurs très attachant et une satyre du monde de l'édition. Le roman a aussi pour qualité d'aller droit au but et de ne pas se perdre dans des digressions ou sous-intrigues qui alourdissent souvent inutilement les intrigues de John Dickson Carr.

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Je suis peut-être un peu sévère. Peut-être aussi un peu lassé de l'écriture de Pierre Lemaître, malgré son talent évident quand il s'agit de prendre par surprise ses lecteurs. Robe de mariée est une lecture dérangeante, sans doute l'un des thrillers les plus sombres que j'ai pu lire. Mais la violence psychologique invoquée m'a semblé un peu gratuite au vu de la finalité de l'ensemble. Le roman souffre d'un mauvais dosage, forçant trop son sadisme pour finalement proposer une conclusion mollassonne.

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Très touché par un roman qui aura mis du temps à infuser et à me dévoiler la beauté de son grand projet. On retrouve d'ailleurs beaucoup du film documentaire Adolescentes de Sébastien Lifshitz dans ce kaléidoscope d'une jeunesse démunie qui n'attend que l'été pour essayer d'apprendre à vivre, trop pressée de devenir adulte, franchir un seuil dans l'espoir d'échapper au déterminisme social. Nicolas Mathieu cerne avec beaucoup de bienveillance et d'amertume une société fantoche où chaque acte est lourd de conséquences, même des années plus tard.

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Le bilinguisme est un sujet qui me fascine, Luba Jurgenson s'en empare à travers un essai autobiographique qui le représente comme une malédiction, un interstice dont on ne s'évade jamais vraiment. L'écriture est extrêmement belle, évocatrice par son jeu permanent avec la langue. Par la distance qu'elle porte en elle vis-à-vis du langage, Luba Jurgenson parvient finalement à créer un style unique, qui prouve toute la valeur de ce funambule qu'est le bilingue.

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Driss Chraïbi fait le portrait d'une génération égarée, en quête de sens, qui ne trouve du sens dans aucune société, condamné à vivre dans les marges. Je suis toujours fasciné par l'écriture-monde de Chraïbi, tout à fait unique et inimitable. La structure du roman est parfois déroutante, mais le fond est malheureusement toujours aussi pertinent.

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La meurtrière est un de ces thrillers psychologiques qui prend plaisir à poser une atmosphère, étirer des enjeux, faire languir son lecteur tout en lui refusant toutes les clés psychologiques de ses protagonistes. En résulte un roman déroutant, par moments moralement très questionnable, mais fascinant dans les nombreuses pistes qu'il laisse à la libre interprétation de son lecteur une fois le livre refermé.

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D'abord rebuté par le style certes truculent mais parfois un peu lourdingue déployé lors du portrait des protagonistes. Mais Le Mystère Sherlock cache une véritable profondeur derrière son apparente gaudriole, une réflexion poussée sur la portée symbolique de l'oeuvre d'Arthur Conan Doyle et sa sémiotique, traitement qui me touche particulièrement. Que ce soit dans l'humour (tour à tour lourdingue et brillant), le propos ou même le récit policier (avec une solution qui ne démérite pas), Le Mystère Sherlock est une petite gourmandise tout à fait recommandable.

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A l'image de son titre en suspens, l'oeuvre de Mariam Petrosyan propose une déambulation dans l'incertitude perpétuelle, une perte de repères spatiaux et temporels qui forcent le lecteur à s'égarer aux détours des couloirs la Maison. Entité omnisciente, forteresse monstrueuse, nid réconfortant, la Maison et le roman ne cessent de jongler avec sa multitude de personnages aux surnoms sibyllins pour questionner cet abîme perpétuel qu'est l'enfance, la difficulté de se construire une psyché et des codes moraux dans un monde où la ruine est la norme. Saisissant.

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Relecture seize ans plus tard de ce petit coup de coeur de ma jeunesse. Le style est assez sommaire, mais Le Testament de Sherlock Holmes reste un petit coup de coeur, un thriller frénétique particulièrement morbide qui ancre Sherlock Holmes dans une certaine mystique du Londres victorien (Houdini, Aleisteir Crowley...) et fait preuve d'une retenue bienvenue dans l'exploration du lore holmesien, ne se sentant pas obligé de multiplier les références pour prouver au lecteur sa connaissance du personnage (Irène Adler seulement évoquée, Moriarty totalement absent). Tout n'est pas parfait, évidemment, les scènes de cauchemar de Watson sont un peu ridicules (et annoncent le très mauvais "Duel en Enfer" que rédigera ensuite Bob Garcia) et la méthode de Sherlock Holmes semble un peu en-deçà de celle du canon, mais le roman parvient souvent à justifier avec humour ses faiblesses lors des échanges chez le notaire ou bien en rappelant au lecteur que Watson reste un narrateur faillible, mais nécessaire à Sherlock comme le prouvent les très réussis derniers chapitres.

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Incroyable pièce de théâtre, outre la valeur métatextuelle de l'ensemble, j'ai apprécié la grande modernité de ses sujets, quelques très beaux monologues qui me restent encore en mémoire.

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La solution apportée par Pierre Bayard est, comme souvent, très satisfaisante. Mais l'essai joue vraiment la montre tant il ne semble finalement pas avoir grand chose d'autre à dire sur son sujet une fois la solution proposée.

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Comment l'auteur du Testament de Sherlock Holmes a-t-il pu écrire un roman aussi décevant ? On est ici plus face à un recueil de nouvelles à l'intérêt très limité, puisqu'on passe plus de temps à se demander la finalité de ces histoires qu'à s'intéresser à ce qu'elles racontent. La résolution est d'une grande pauvreté, avec d'ailleurs quelques erreurs sur le canon holmésien dans la postface, si je me souviens bien. A éviter.

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Recueil de nouvelles amusant pour son "armchair detective" singulier. Sur le plan policier tout n'est pas très original ou passionnant, mais on y revient avec plaisir jusqu'à sa surprenante dernière affaire.

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Première plongée dans Dickens, et une adhésion totale malgré une traduction de Charles Bernard Derosne datant de 1863 qui ne m'a pas du tout convaincu et m'a fait me tourner vers le texte original à plusieurs reprises. Sinon, difficile de parler avec précision d'un texte aussi foisonnant, que ce soit dans sa peinture d'une époque, dans son souffle romanesque (j'ai été totalement saisi par LE rebondissement du roman) et dans sa fin, une des plus parfaites et mémorables que j'ai pu lire (d'autant plus qu'elle n'était pas celle du roman à l'origine).

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Superbe roman, notamment grâce au héros Isidore Beautrelet qui donne une saveur si particulière aux péripéties, une entrée progressive dans l'âge adulte jusque dans son final aussi grisant que cruel.

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Totalement anecdotique. Vouloir rendre un hommage à Allan Poe est une chose, mais il faudrait pour cela avoir un minimum de style ou d'ambition.

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Première partie de roman absolument incroyable, un véritable cauchemar hallucinant dont Maurice Leblanc se délecte. Quel dommage que la fin du roman tourne l'ensemble en dérision à ce point...

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Le postulat de départ est séduisant, le style plutôt efficace. Dommage que le fond de toute l'intrigue soit finalement si anecdotique.