Itinéraire ensoleillé
Pour ceux qui adorent "J'veux du soleil" et "Le lundi au soleil" mais qui aiment aussi les chansons un peu plus profondes sur l'astre du jour, voici un itinéraire qui, je l'espère, saura vous illuminer. J'ai tâché de rassembler surtout des chansons dont le soleil est le sujet principal, ne se ...
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créee il y a presque 10 ans · modifiée il y a presque 10 ansHere Comes the Sun
03 min.
Morceau de The Beatles
Kantien Mackenzie a mis 10/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Au printemps de 1969, alors que les Beatles connaissent une période tendue, George Harrison rêve d'évasion. Un après-midi, il se rend chez son ami Eric Clapton et est frappé par la beauté du jardin ensoleillé où il se promène. Cela tombe bien, il avait emprunté une guitare acoustique à son ami. "Here Comes the Sun" paraît donc sur l'album Abbey Road en 1969.
Le titre signifie littéralement "voici le soleil". L'originalité tient à ce que le poète-narrateur se tient dans une posture de contemplation platonicienne un peu désabusée, et non pas de réclamation enfantine. Dire "voici le soleil" plutôt que clamer "je veux du soleil", cela montre une maturité philosophique renforcée par le vers suivant : "it's alright".
Le soleil n'est pas ici un dû ni un privilège, c'est une fatalité ! Mais une fatalité heureuse. Pour montrer que la présence du soleil est souhaitable et bonne, la beauté de la mélodie suffit. Mais le lien entre soleil et joie est exprimé clairement par le vers "the smiles returning to the faces". Au-delà de la joie des sensations que procure le soleil, le poète est tout simplement frappé par une certaine beauté du monde.
Harrison a l'art d'en suggérer beaucoup en disant peu. Ainsi, les deux mots "little darling" suffisent à faire le lien entre le soleil et l'amour. "it's been a long cold lonely winter" suggère un passé qui aurait été difficile. L'hiver peut, soit dit en passant, renvoyer à la période glaciale des Beatles empêtrés dans des tracas financiers. Toutefois, il y a toujours chez Harrison un léger doute sur ce qui lui arrive : "I feel that ice is slowly melting", "it seems like years since it's been clear" incluent des modulations d'incertitude qui donnent de l'innocence à la chanson.
La chanson progresse inéluctablement : d'essence acoustique, elle se fait de plus en plus empressée et riche. Le synthétiseur joué par Harrison et les orchestrations de George Martin contribuent à cette richesse qui renvoie à celle de la nature dont on retrouve l'authenticité. La mélodie lumineuse suggère les rayons dorés de soleil frappant l'herbe verte du jardin de Clapton. Le chant semble rendre de plus en plus certain le constat du soleil qui vient : "Sun, sun, sun, here it comes", martèle Harrison. Le voilà les yeux levés au ciel en train d'apostropher l'astre du jour. La chanson continue et s'achève dans une réelle ivresse mélodique. Tout est limpide, c'est la bande-son idéale des beaux jours naissants.
Fat Old Sun (1970)
Fat Old Sun
05 min. Sortie : 1970 (France). Pop rock
Morceau de Pink Floyd
Annotation :
Atom Heart Mother contient la perle "Fat Old Sun" composée par David Gimour. Ce titre s'accorde parfaitement avec la pochette, sauf que ce n'est pas une vache qui fait sentir son poids écrasant sur l'herbe verte, mais le soleil. Cette chanson calme et intimiste était parfois rallongée démesurément lors de leurs concerts. Il y est peu question du soleil, mais pourtant il occupe toute la place. "Fat Old Sun" signifie "ce bon vieux soleil", ce qui donne à l'astre un aspect familier. En chantant "When that fat old sun in the sky is falling", Gilmour fait donc un oxymore qui suffit à illustrer le caractère incompréhensible du soleil et de la vie, accentué par la mélodie imposante de la guitare. Il est d'ailleurs question du moment où le soleil disparaît, ce qui montre son caractère insaisissable.
Lorsque le soleil disparaît, le narrateur décrit le monde alentours avec les sens qui lui restent : l'odorat ("New mown grass smells so sweet"), le toucher ("Pick your feet up off the ground") mais surtout l'ouïe ("Summer evening birds are calling", "distant bells", "a silver sound from a tongue so strange"). Ces paroles sensuelles sont très belles, et la vue est évidemment la grande absente quand le dernier rayon de soleil disparaît ("The last sunlight disappears"). La coexistence des sens n'est même pas souhaitable, pour une raison obscure : "And if you see, don't make a sound". Etrange et planante, la mélodie de "Fat Old Sun" trouve une bonne place entre le psychédélisme floydien et les correspondances baudelairiennes. Le soleil est ici un élément central de l'appréhension du Tout pas les sens, et s'il n'était pas là, on manquerait évidemment quelque chose. D'où l'idée de chanter le soleil en toute beauté.
Finalement, la disparition du soleil, source de lumière, a quelque chose de peu rassurant. Il faut combler le vide de la vue par des sons, si possible par la musique: "sing to me, sing to me"... On sent un certain malaise derrière le caractère inéluctable des cycles naturels. Lorsque l'évocation du "bon vieux soleil" revient (le temps d'un refrain, la Terre a donc fait un tour sur elle-même), la musique se fait beaucoup plus posée et rassurante. C'est sans doute l'adjectif "fat" qui rend le soleil si présent : il occupe tout l'espace onirique, il est éclatant dans la lourdeur de l'air
Who Loves the Sun (1995)
Who Loves the Sun
02 min. Sortie : 26 septembre 1995 (France). Pop rock, Bande-originale, Hard/metal
Morceau de The Velvet Underground
Annotation :
"Who Loves the Sun" est la première chanson de l'album Loaded, paru en 1970. Mélodiquement, elle est imparable avec ses "papapapa" montants qui ponctuent les interrogations quelque peu blasées "Who Loves the Sun ?", signifiant au fond "qui aime vraiment le soleil ?". On part du principe que tout le monde aime le soleil ou le revendique, puis les questions rhétoriques mettent cela en doute. "Who cares that it makes plants grow ?" rend plus explicite la thèse selon laquelle personne n'aime vraiment le soleil à sa juste valeur : il est la source de toute vie sur la Terre, mais on en a tellement parlé qu'il n'est plus capable d'émouvoir et de faire réfléchir. D'ailleurs, après la question, il y a la réponse : "Not everyone" est ironique et signifie davantage "peu de monde" que "pas tout le monde".
Les vers de cette chanson sont très courts et elle est assez décousue. Il est question de soleil, mais comme dans "Here Comes the Sun", on sent une histoire d'amour en arrière-plan. Elle a mal tourné, cette fois-ci : "Who cares that it is shining, who cares what it does since you broke my heart". Peut-être que cette admiration du soleil est un rebondissement glorieux après une déception, et que cela permet de transformer le poète-narrateur en être capable d'apprécier le soleil à sa juste valeur. Ne devrait-on pas demander plutôt pourquoi aimer le soleil, avec comme présupposé que ce n'est pas vraiment lui qui fait le bonheur, qu'il se contente d'être source d'une vie qui peut tourner en bonheur ou en malheur ? Le poète-narrateur s'en abstient, et il y a un peu d'opportunisme suffisant derrière la question "Who Loves the Sun ?". La réponse implicite pourrait être "ceux qui sont dans un état aussi triste que le narrateur", ce qui rendrait la chanson un peu cynique. A l'écoute, en tout cas, elle apparaît bel et bien amère.
Ce qui est curieux dans cette chanson, ce sont aussi les interrogations annexes "Who loves the wind" et "Who Loves the rain", mises sur le même plan que "Who Loves the Sun". C'est la preuve qu'il y a un certaine ambiguïté dans les sentiments du poète-narrateur à l'égard des objets de la nature. Le soleil n'est pas, dans cette chanson, synonyme de bonheur : il n'est qu'un élément parmi d'autres qui permet aux plantes - et, par extension, aux humains - de se développer. On ne sait pas trop quoi penser, finalement, de cet amour pour le soleil : désabusé ? authentique ? opportuniste ? salvateur ? banal ?
Time to Forgive the Winter
Time to Forgive the Winter
02 min. Sortie : 0001 (France).
Morceau de Girls in Hawaii
Annotation :
Un bon rock actuel et dynamique a toute sa place ici, si tant est qu'il est composé avec classe et talent. Le premier album des Belges de Girls in Hawaii regorge d'allusions à la nature, et la chanson "Time to Forgive the Winter" est son apogée. Il s'agit de pardonner à l'hiver dans un élan de grâce sublime, et d'être tout disposé à accueillir le soleil.. "I want a sunshine everyday", clame le poète-narrateur avec force, et il associe cela avec les plaisirs du temps : "Time to feel good and warm air". On est ici dans la célébration ordinaire des temps ensoleillés. Le mariage entre le lyrisme des paroles et la puissance de la musique crée un cocktail unique.
Le soleil exclut ici la pluie, et il est lié avec l'état d'esprit du poète : "It's easier when it doesn't rain to change my mind and stay". En plus d''être source de plaisirs charnels, il est source d'enrichissement spirituel. On retrouve ici la métaphore héritée des Lumières, celle de l'illumination. Il y a peu de paroles mais elles sont percutantes et semblent émaner d'un caprice égoïste : "I want a sunshine on my days". Lorsque il chante "I agree if you say "you're selfish", you're right, that's me", il garde à l'esprit que le soleil lui appartient de droit. Le final est saisissant : à force d'être désireux de soleil, le narrateur s'est confondu avec lui, en adéquation avec l'esprit torride du riff fracassant qui fait qu'on retient aisément cette chanson. "It's time to find a place to dive in sea and burn" - le voilà perdu dans les aigus, le soleil l'a emporté comme Icare.
Waterloo Sunset (2004)
Waterloo Sunset
03 min. Sortie : 15 juin 2004 (France). Pop rock
Morceau de The Kinks
Annotation :
Ray Davies a composé ce petit joyau de pop mélodieuse en 1967, et il cherchait d'abord à décrire un paysage qui représentait sa pensée. Finalement, le coucher de soleil de Waterloo est le paysage sur lequel il s'est fixé. Tout part de la description d'un monde quelque peu déprimant : "dirty old river" pour la nature dégradée par l'Homme, "people so busy, makes me feel dizzy" pour la superficialité des relations humaines. Le poète-narrateur se retrouve seul et s'en accommode : 'I don't need no friends". Son regard rêveur se tourne alors vers l'objet colossal et inatteignable qui, lui, ne réserve pas de surprises négatives. "Waterloo sunset's fine" : à Waterloo, le coucher de soleil est agréable. Admirez l'art de l'euphémisme.
C'est après le constat de cette beauté du soleil qui se couche que nous avons la confirmation que c'est un spectacle quotidien pour le poète-narrateur : "Every day I look at the world from my window". Il ne se préoccupe de rien d'autre que de ce moment où le soleil se couche, c'est pour lui sa raison de vivre : " I don't feel afraid, as long as I gaze on Waterloo sunset I am in paradise". Sa force de conviction est telle que pour le dernier couplet, il embarque les deux personnages secondaires de la chanson (Terry et July) dans son trip, et le "je" devient "ils". Le soleil ne l'a-t-il pas aveuglé à force de contemplation, pour qu'il en vienne à croire que sa passion est contagieuse ? Les choeurs très lyriques semblent aller dans le sens d'interprétation de "Waterloo Sunset" comme une chanson de l'illusion, où le poète-narrateur ne se rend pas compte que les gens alentour se fichent du soleil. Tandis que "Who Loves the Sun" était cruellement lucide, "Waterloo Sunset" est cruellement décalée.
The Sun Is Burning
02 min.
Morceau de Simon & Garfunkel
Annotation :
Sur cette magnifique ballade folk empruntée à Ian Campbell et présente sur leur premier album, Simon & Garfunkel dépeignent un coucher de soleil avec une intensité digne de ce qu'ils font pour leurs propres compositions. Ils l'ont sans doute choisie parce que les paroles étaient aussi poétiques que les leurs. Chaque couplet marque une étape dans le parcours quotidien du soleil, dont la disparition est synonyme d'inquiétude : "Now the sun has disappeared/All is darkness, anger, pain and fear".
Goodbye Blue Sky (1994)
Goodbye Blue Sky
02 min. Sortie : octobre 1994 (France). Pop rock
Morceau de Pink Floyd
Annotation :
"Goodbye Blue Sky" est présente sur The Wall et raconte une nouvelle étape dans la vie du personnage Pink. C'est une chanson contre la guerre, mais on peut aussi prendre les paroles au sens propre, et ce qui nous est raconté est alors une terrifiante disparition du ciel bleu. D'une rare gravité, ce morceau acoustique nous fait se demander si le soleil reviendra jamais. La pollution du ciel dans un contexte de crise écologique peut réactualiser le message de cette chanson.
Sonnentanz
03 min.
Morceau de Klang Karussel
Annotation :
Ce titre du groupe d'electro autrichien Klangkarussell signifie littéralement "la danse du soleil". Il existe une version instrumentale et une version avec des paroles. Sur cette dernière, il est question d'un soleil qui brille uniquement quand il y a de l'amour. Mais même sans cela, ce morceau évoque le soleil avec ses petites ritournelles de flûte et de xylophone surplombant avec clarté une rythmique à la fois tranquille et dynamique.
Waiting for the Sun (1990)
Waiting for the Sun
04 min. Sortie : 1990 (France). Pop rock
Morceau de The Doors
Annotation :
Jim Morrison chante les louanges du soleil de façon épique, déclarant avec solennité qu'il attend l'astre lumineux. Ses talents de poète sont éclatants sur les vers "Can you feel it, now that Spring has come/That it's time to live in the scattered sun." Les plaintes dispersées de sa guitare électrique, tout comme les brefs accords évanescents de Ray Manzarek au synthé, peuvent évoquer des rayons de soleil qui viennent frapper la terre.
Sunshine Everyday (1997)
Sunshine Everyday
04 min. Sortie : 11 mars 1997 (France).
Morceau de Swell
Annotation :
Ce morceau est une conclusion parfaite pour l'album génial qu'est Too Many Days Without Thinking. Les synthés lumineux de la longue et belle introduction instrumentale préparent le choc. "Everyday Sunshine", se met à répéter le chanteur avec calme et moult intonations différentes. Puis la batterie s'emballe et une ambiance plus sombre s'installe, mais jamais le soleil ne cesse d'enrober cette chanson stupéfiante.
Sunny Afternoon (2004)
Sunny Afternoon
03 min. Sortie : 15 juin 2004 (France).
Morceau de The Kinks
Annotation :
Sur cette chanson classique des sixities, il est question de ne rien faire d'autre que profiter du soleil un dimanche après-midi.
I’ll Follow the Sun (1987)
I'll Follow the Sun
01 min. Sortie : 21 juillet 1987 (France). Pop rock
Morceau de The Beatles
Annotation :
Paul McCartney nous invite à suivre le soleil sur cette chanson qui parle aussi d'éloignement et de rupture. C'est joli et inoffensif.
Sun It Rises (2008)
Sun It Rises
03 min. Sortie : 3 juin 2008 (France).
Morceau de Fleet Foxes
Annotation :
Un climat chaleureux règne sur ce folk-rock un brin psychédélique des Fleet Foxes. Cette aube heureuse donne le ton de leur somptueux premier album.
Sun Is Shining (1999)
Sun Is Shining
04 min. Sortie : 1999 (France).
Morceau de Bob Marley & The Wailers
Annotation :
"Sun is shining, the weather is sweet now/Make you want to move your dancing feet", entend-on sur ce reggae captivant.
Even in the Quietest Moments (1977)
Even in the Quietest Moments
06 min. Sortie : 1977 (France). Pop rock
Morceau de Supertramp
Annotation :
Pièce centrale de l'album éponyme de Supertramp, où les supplications de ne pas voir le soleil disparaître embarquent irrésistiblement l'auditeur.
Look Into the Sun (1969)
Look Into the Sun
04 min. Sortie : 29 septembre 1969 (France).
Morceau de Jethro Tull
Annotation :
Ici, le soleil est source de révélations voire de bonheur. La chanson est elle-même l'une des plus lumineuses de l'album Stand Up.
Hello Sunshine (2004)
Hello Sunshine
03 min. Sortie : 26 octobre 2004 (France). Bande-originale
Morceau de Super Furry Animals
Annotation :
Syd Matters a fait une reprise superbe de cette chanson évoquant l'aspect vital du soleil : "Hello Sunshine, come into my life".
Sun (2010)
Sun
05 min. Sortie : 20 avril 2010 (France).
Morceau de Caribou
Annotation :
Caribou se contente de répéter "Sun" tout au long de ce morceau électronique, assez prenant pour qu'on y voie un sens profond.
I Like the Sunrise (1968)
I Like the Sunrise
03 min. Sortie : 1968 (France).
Morceau de The Free Design
Annotation :
Les morceaux de ce vieux groupe sont d'une naïveté touchante. Naturellement, ils ne nous ont pas épargné leur amour du soleil.
Always the Sun
04 min.
Morceau de The Stranglers
Annotation :
Eh oui, toujours le soleil. Voici l'une des meilleures chansons new wave des Stranglers. C'était risqué de pratiquer ce style mais ils ont finalement réussi.