Joe Dante - Commentaires
J’éprouve beaucoup de sympathie pour cette personnalité gentiment subversive et iconoclaste, déjà parce qu’il est l’auteur de deux des films les plus chéris de ma jeunesse, et aussi parce que son humour malin et débridé ont apporté une vraie fraîcheur au cinéma américain de son époque.
9 films
créée il y a plus de 12 ans · modifiée il y a plus de 4 ansHurlements (1981)
The Howling
1 h 31 min. Sortie : 21 janvier 1981 (France). Épouvante-Horreur, Fantastique
Film de Joe Dante
Thaddeus a mis 7/10.
Annotation :
Difficile de ne pas confronter cette variation lycanthrope avec "Le Loup-garou de Londres", sorti au même moment. Et la comparaison ne lui porte pas préjudice car son approche horrifique s’avère peut-être plus entêtante que le second degré recherché par Landis. La conviction de Dante et l’amour qu’il porte d’évidence au genre qu’il revisite avec respect portent leurs fruits : tout en peaufinant scènes spectaculaires et passages obligés (les transformations à vue envoient du bois), il sait ménager le contre-pied (l’entame en mode polar urbain bien noir) et créer des personnages aptes à nous convaincre que leur vie ne compte pas pour du beurre. Son sous-texte politique rend même la conclusion étonnamment émouvante, d’autant que la maman d’Elliot est aussi jolie qu’impeccable.
Gremlins (1984)
1 h 46 min. Sortie : 5 décembre 1984 (France). Comédie, Fantastique
Film de Joe Dante
Thaddeus a mis 9/10.
Annotation :
Comment tordre le conte de fées disneyen classique en farce méchamment décapante, dopée à l’humour noir et à la loufoquerie anarchique ? Réponse dans ce joyeux jeu de massacre, qui s’amuse à dérégler une Amérique idéale tout droit sortie de chez Capra pour la livrer à un traitement de choc carnassier. Produits d’une mutation, d’une métamorphose, créés par une société qui engendre des monstres, les gremlins mettent toute une ville à feu et à sang sans pour autant que l’horreur prenne le pas sur le rire et réciproquement. S’il ne se refuse pas quelques authentiques plages de terreur (toujours atténuées par le délire et la vigueur de la satire), Dante offre surtout un bijou de folie frénétique, qui passe les valeurs bien-pensantes de l’american way of life au rouleau compresseur et témoigne d’une dérision sainement subversive.
Top 10 Année 1984 : http://lc.cx/UVv
Explorers (1985)
1 h 49 min. Sortie : 18 décembre 1985 (France). Science-fiction
Film de Joe Dante
Thaddeus a mis 5/10.
Annotation :
D’un postulat de SF (trois geeks surdoués reçoivent en rêve les instructions pour construire un vaisseau spatial), le cinéaste accouche d’une déroutante concoction qui se laisse aller à la plus invraisemblable fantaisie. Le merveilleux y est désamorcé à mi-course tandis que la boîte à savons intergalactique les conduit à rencontrer deux pachydermes déformés d’un vert pomme particulièrement seyant, gentils patapoufs lobotomisés par la télévision américaine et ne sachant communiquer qu’en imitant Bugs Bunny, Tarzan, W.C Fields, Groucho Marx ou Bob Hope. Difficile de définir où s’arrête la cocasserie de la satire et où commence la vulgaire insipidité de la caricature : farce bâclée et infantile ou premier film expérimental pour moins de dix ans, "Explorers" est une sorte de monstre, de phénomène de foire.
L'Aventure intérieure (1987)
Innerspace
2 h. Sortie : 16 décembre 1987 (France). Comédie, Science-fiction
Film de Joe Dante
Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Un des films qui ont bercé ma jeunesse. Modernisant et dynamisant le postulat génial du "Voyage Fantastique", le cinéaste signe un pur joyau récréatif, boosté par l’énergie galvanisante d’un formidable trio d’acteurs : Dennis Quaid en tête brûlée, Martin Short en hypocondriaque stressé et Meg Ryan en journaliste à croquer. Et il y a tout le reste, le rythme endiablé des péripéties, la musique de Goldsmith, les affreux réjouissants interprétés par Kevin McCarthy et Fiona Lewis… Ce n’est pas seulement un suspense fantastique dopé à l’humour burlesque si savoureux du cinéaste, c’est aussi ce qui se fait de plus subtilement touchant dans le registre de l’aventure initiatique, une formidable histoire d’amitié à travers laquelle le type le plus angoissé du monde, guidé et stimulé par une petite voix intérieure neutralisant ses inhibitions, apprend à devenir un héros.
Top 10 Année 1987 : http://lc.cx/UVy
Les Banlieusards (1989)
The 'Burbs
1 h 41 min. Sortie : 17 février 1989 (États-Unis). Comédie, Thriller
Film de Joe Dante
Thaddeus a mis 5/10.
Annotation :
On sait à quel point l’auteur peut être considéré comme le pendant "poil-à-gratter" de Spielberg. Une nouvelle preuve en est fournie avec cette comédie plus burlesque que noire, qui réinvestit un motif structurant du cinéma américain des années 80, des productions Amblin à Lynch en passant par Burton : la banlieue des "middle class", trop proprette, trop idéalement baignée de nostalgie fifties pour ne cacher quelque horreur refoulée. S’en donnant à cœur joie dans la critique du reaganisme triomphant, poussant la curiosité paranoïaque de ses personnages jusqu’au délire, Dante cultive une forme hybride entre cartoon, satire et épouvante, sans jamais réussir à trouver le point de synergie idéal. En résulte une impression de brouillon inachevé, aux cartouches précocement brûlées les unes après les autres.
Gremlins 2 - La Nouvelle Génération (1990)
Gremlins 2: The New Batch
1 h 46 min. Sortie : 22 août 1990 (France). Comédie, Épouvante-Horreur
Film de Joe Dante
Thaddeus a mis 6/10.
Annotation :
Suite dans la lignée du précédent volet (devenu entre temps un petit classique du genre), avec un peu moins de spontanéité, mais une bonne dose de loufoquerie en plus. Comme s’il matérialisait sur le mode parodique la formule de McLuhan, "medium is message", elle tire son énergie d’une circulation ultra-rapide des signes. Plus ouvertement burlesque que son modèle avec ses moments de délire à la Tex Avery, ses personnages plus déjantés les uns que les autres (mention à Christopher Lee en savant fou), son ton constamment surchargé dans l’absurde, ses gags risquant la surchauffe hystérique et sa satire au pilon (le décor d’un gratte-ciel high-tech situé quelque part entre les univers de Tati et d’Orwell), il s’impose comme un drôle d’objet, très inhabituel dans le cadre de production dont elle relève.
Panic sur Florida Beach (1993)
Matinee
1 h 39 min. Sortie : 28 juillet 1993 (France). Comédie dramatique
Film de Joe Dante
Thaddeus a mis 6/10.
Annotation :
En ce mois d’octobre 1962, l’horreur, la vraie, pour les habitants de Key West aux premières loges du blocus de Cuba, prêts à subir à tout moment le feu nucléaire soviétique. Et l’aubaine pour un réalisateur ruiné et ringard de séries Z : jouer de la psychose ambiante pour faire hurler les spectateurs de son dernier navet. Longtemps trop sage, trop mou, le film ne décolle que tardivement. Mais lorsqu’au bout d’une heure il se livre à un hilarant pastiche parodique et que le délire contamine enfin l’écran, dans un astucieux parallèle qui joue de la confusion entre cinéma et vie réelle, la sauce finit par prendre, et la fusion opère entre amour du septième art, peinture d’une époque, peur de l’apocalypse et récit d’initiation. Bonus tout subjectif, quelle surprise de voir apparaître pendant dix secondes… Naomi Watts !
The Second Civil War (1997)
1 h 37 min. Sortie : 10 juin 1998 (France). Comédie, Drame
Téléfilm de Joe Dante
Thaddeus a mis 8/10.
Annotation :
Un jeu de massacre assez irrésistible, une fable incendiaire qui orchestre une escalade absurde et charge d’un feu nourri absolument tout ce qui bouge : les politiciens, les journalistes, les militaires, les médecins humanitaires… Réalisée pour la télévision, la farce de politique-fiction taille en pièces les valeurs de l’oncle Sam avec une verve, une méchanceté et une drôlerie qui font plaisir à voir. Toutes les sacro-saintes institutions américaines sont passées à la moulinette, personne n’y échappe : armée, gouvernement, médias, intelligentsia, petit peuple mû par un patriotisme cocardier et va-t-en guerre... L’humour féroce de la comédie, son vitriol délirant et dévastateur qui n’exclut pas une réelle finesse dans la satire, en font à mes yeux l’un des meilleurs films de son auteur.
Small Soldiers (1998)
1 h 48 min. Sortie : 21 octobre 1998 (France). Action, Aventure, Comédie
Film de Joe Dante
Thaddeus a mis 6/10.
Annotation :
Brodant sur l’éternelle histoire de l’apprenti sorcier, Dante décline de façon ludique et un peu plus enfantine le principe de "Gremlins", et jouxte à nouveau son goût du démontage idéologique et de la série B aux impératifs du divertissement pour grande audience. Cette micro-aventure pavillonnaire où s’affrontent des jouets pour gamins pourrait être lue comme une version légèrement cauchemardesque de "Toy Story", dopée à l’irrévérence malicieuse de son auteur. Et la morale, bien qu’un peu attendue, est plutôt sympathique et salubre, qui égratigne l’american way of life et rappelle qu’il vaut mieux des déviants de toutes sortes que des militaires implacables réactivés éternellement par la bêtise humaine. Le tout n’est pas mauvais, mais ne porte pas franchement à conséquence.