Johnny Cash

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Fin 1954, Phillips, de Sun Records, trouva Johnny Cash assis devant sa porte, il voulait auditionner. Il avait quelque chose dans la voix, Sam Phillips l'entendit et se dit qu'il pouvait faire un autre coup de maître. Johnny voulait chanter du gospel mais Sam lui dit qu'il ne vendait pas des disques de gospel: "Ecris autre chose et je l'enregistrerai".

Johnny Cash mit en musique un poème qu'il avait lu "Hey Porter" racontant un voyage en train. Il commença à répéter, accompagné de Luther Perkins à la guitare électrique et Marshall Grant qui apprenait à jouer de la contrebasse. Ils se baptisèrent Johnny Cash and the Tennessee Two.
https://www.youtube.com/watch?v=kvzl6cBHkaA

Pendant un moment, Elvis Presley et Johnny Cash furent envoyés ensemble en tournée, principalement dans le Sud et le Sud-Ouest. Ils faisaient la 1e partie de stars de la country. sur la route, Johnny Cash et Elvis Presley se lièrent d'amitié. Elvis surnommait Cash "le vieux", parce que Cahs avait trois ans de plus que lui. Cash surnommait Presley "le danseur fou" et l'imitait parfois sur scène.

La musique née dans le studio de Sun Records fut appelée "rockabilly" et elle commençait à décoller.

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En Juillet 1956, Johnny Cash fit sa première apparition au "Grand Ole Opry" où quelqu'un dit à un journaliste: "Il fera mieux qu'Elvis parce que Johnny est vrai chanteur de Country alors qu'Elvis ne l'est pas et ne l'a jamais été."

Une nouvelle chanson de Cash venait alors de devenir son plus grand succès de country. Il l'avait écrite pour sa femme Vivian qui s'inquiétait qu'il ne succombe aux nombreuses tentations féminines des tournées. Après avoir parlé des inquiétudes de Vivian avec Perkins, Cash dit qu'en tant qu'homme marié, il filait droit. Perkins lui répondit : "tu le tiens ton titre!" : I Walk the Line. Cette chanson voulait rassurer sa femme en lui disant: je te serai fidèle, ce qui était un mensonge...

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En 1959, Johnny Cash était une star, il enchaînait les tournées et les concerts. Il ne tenait pas plus de 10 jours chez lui, il devait sans cesse reprendre la route. Il faisait parfois jusqu'à 4 concerts par jour. Il était au bord de l'épuisement jusqu'à ce que quelqu'un lui dise: si tu veux tenir le coup, prend ces petites pilules. Et il a tenu ainsi en prenant de la drogue et en consommant de grande quantité d'alcool.

Folsom Prison Blues était l'une de ses chansons signatures. Pour beaucoup de fans, elle reflètait sa propre expérience. Cash n'avait jamais fait de prison, mais se sentait proche de ceux à qui c'était arrivé.

Le 1e janvier 1959, il se produisit à la prison de haute sécurité de San Quentin, le public n'était pas gagné d'avance et était sans pitié. Les détenus l'ont adoré, ils sentaient qu'il s'identifiait à eux et qu'il aurait pu se trouver avec eux.

Merle Haggard était parmi les détenus, il avait déjà fait 17 séjours en prison. Il se promit que s'il sortait, il esssaierait de marcher dans les pas de Johnny Cash.

https://www.youtube.com/watch?v=AeZRYhLDLeU

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Johnny Cash et June Carter entamèrent une relation amoureuse alors qu'ils étaient tous les deux mariés, June à son 2e mari et tous les deux avaient des enfants à protéger.
June posa ses émotions en mots et écrivit une chanson avec Merle Kilgore. https://www.youtube.com/watch?v=HnplCRQVLDM

Sa soeur Anita, l'enregistra: https://www.youtube.com/watch?v=OlWGsaorj6U

Ring of Fire parle d'un amour réel et passionné et de la peur que ça génère: "J'ai échoué dans un anneau incandescent." La chanson ne fut pas un succès.

Mais en mars 1963, Johnny Cash décidé de l'enregistrer lui-même. Il voulait un son nouveau et des trompettes mexicaines. Il fit appel à Jack Clement, un ami de ses débuts chez Sun Records, qui vivait au Texas. Le morceau resta 7 semaines en 1e place des hit-parades country.

Vivian, la femme de Johnny Cash, détestait cette chanson et essayer de ne pas l'entendre à la radio, qui la passait en permanence. Elle l'associait à June Carter, dont on entendait la voix sur la chanson car elle faisait les chœurs avec ses sœurs.

https://www.youtube.com/watch?v=1WaV2x8GXj0

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June Carter a sauvé Johnny Cash de son addiction à la drogue. Avec sa famille elle s'est mobilisée pour l'aider et elle lui a posé un ultimatum: se faire soigner pour en sortir s'il voulais qu'elle accepte sa demande en mariage.

Au début de l'année 1968, il était sevré et prêt à enregistrer un nouvel album.

"Le thème de la rédemption a toujours été présent dans la vie et la carrière de mon père. A chaque concert, chaque jour de sa vie, il a passé sa vie à se battre et à essayer de se racheter. Il chantait :"J'ai tué un homme à Reno, juste pour le regarder mourir." et "Etais-tu là quand ils ont crucifié Jésus?" dans le même concert." (Rosanne Cash).

Le rêve de Cash était d'enregistrer un concert dans une prison. Il en rêvait depuis le 1e concert qu'il donna en prison dans les années 50. Il espérait que ça relancerait sa carrière. Il le fit à la prison de Folsom en Californie.

Le 13 janvier 1968, il arriva avec les Tenessee free, Carls Perkins, les Statler Brothers et June Carter. 3000 détenus s'étaient rassemblés dans la cantine de la prison. Durant tout le concert, il semblait s'adresser directement à chacun et les prisoniers le considéraient comme l'un des leurs. Il chanta des chansons parlant de solitude, d'enfermement, de malchance, de mauvais choix et de rébellion incontrôlable et se moqua du directeur de la prison.

Quand June le rejoignit sur scène, ce fut de la folie
https://www.youtube.com/watch?v=GPLKCGTkzgo

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Mais le meilleur du concert arriva à la fin quand Cash chanta "Greystone Chapel", chanson écrite par un des détenus Glen Sherley, assis au premier rang. Cash et ses musiciens avaient appris la chanson la veille, mais il avait insisté pour la chanter à la fin du concert parce qu'elle laissait entendre que le salut existait, même pour le plus grand des pécheurs.
https://www.youtube.com/watch?v=fGMVRoXelNs

L'album enregistré fut encensé par les critiques musicaux de tous horizons. Les fans de country propulsèrent "Folsom Prison Blues" en tête du hit parade et l'album restera dans les hit-parades pop pendant plus de 2 ans. Johnny Cash était devenu une super star.

https://www.senscritique.com/album/at_folsom_prison_legacy_edition/6133734

https://www.youtube.com/watch?v=LYPSjkPWKug&list=PLyaLEKnBHCVoWjJqCBRXedZasCeMywOzz

Un mois après le concert à la prison, en février 1968, il renouvela sa demande en mariage à June Carter et le fit devant son public au Canada. Cette fois-ci, elle accepta. Il écrira: "Cette année a été la meilleure de mes 36 années de vie."

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Kris Kristofferson a écrit cette chanson: "Je décrivais ce que je vivais à l'époque. Cette chanson a été ... une bénédiction". (K Kristofferson)

"C'est une chanson remplie de tristesse et de désolation, mais qui étrangement a aussi un côté plein d'espoir." (Rodney Crowell, chanteur, compositeur)

Quand Johnny Cash entendit cette chanson, il eut l'impression de l'avoir écrite lui-même: 'Les paroles de la chanson me hantaient. Je pouvais m'identifier à chaque mot." (J. Cash). Il décida de la chanter lors de son émission télé.

"Une phrase dans la chanson disait: "je donnerais tout pour un peu de drogue." La chaîne ne voulait pas que papa chante ça à la télévision nationale. Il s'est disputé avec eux, mais ils n'ont rien lâché. Kris était dans le public ce soir-là. Papa ne pouvait pas changer les paroles de la chanson alors que son auteur était dans le public. Et il a chanté la phrase en insistant sur le mot "drogue". Kris était aux anges. La chaine, beaucoup moins." (Rosanne Cash)

Cash demanda à Kristofferson qui avait écrit ces paroles, cet homme timide qui n'aimait pas sa voix, de rejoindre son émission. "Johnny m'encourageait toujours. Il était toujours à mes côtés. Il m'a fait passer dans son émission. C'était la première fois que je chantais devant des gens. Je n'ai plus jamais eu à travailler pour gagner ma vie après ça." (Kristofferson)

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Au début des années 70, les disques de Johnny Cash passaient en boucle sur les radios de country. Mais il était aussi idôlatré par beaucoup de membres de la contreculture. Pendant ses concerts, il faisait le signe de la paix mais refusait de critiquer publiquement le président Richard Nixon. Lui et June essayèrent aussi d'aider Jan Howard après la mort de ses fils en l'emmenant sur les tournées avec eux.

"Il est allé jouer pour les soldats au Vietnam alors qu'il criait haut et ort son opposition à cette guerre. C'était tout lui. Il pouvait avoir deux avis opposé sur le même sujet et croire comme fer aux deux avec la même passion et la même vigueur." (Rosanne Cash)

Le président Nixon l'invita à chanter à la Maison Blanche et même si beaucoup de ses fans s'insurgèrent, Cash répondit qu'il était honoré d'accepter. Puis, il apprit que le président voulait qu'il chante "Welfare Cadillac", de Guy Drake, populaire sur les radios de country à l'époque mais qui dépréciait les pauvres qui dépendaient de l'assistance publique pour s'en sortir. Il refusa. A la place il a chanté What is truth. Une chanson sur ceux qui s'opposaient au statu quo par la musique qu'ils écoutaient et la longueur de leurs cheveux, des gens qui dénonçaient la guerre et l'injustice.

https://www.youtube.com/watch?v=b3k_exJLYJQ

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En vieillissant, J. Cash s’est mis à écrire des lettres poignantes à ses filles, leur demandant de le pardonner pour ses absences répétées. Sa fille Rosanne avait emménagé à New York. Quand son père vint pour y donner un concert, il lui demanda si elle voulait bien chanter une chanson avec lui. Il l’avait co-écrite et enregistrée en 1958.

« Je lui en voulais pour quelque chose. Quelque chose qu’il avait fait pendant mon enfance, ou quelque chose qu’il n’avait pas fait. Je ne me rappelle même plus quoi. Et je lui ai répondu assez méchamment : « non, ça ne me fait pas envie. » vous imaginez ça ? Il a répondu : « Ok » et il est sorti de la pièce. Et à ce moment-là, j’ai regardé son dos et j’ai repensé aux milliers de fois où j’avais vu son dos, assise derrière le rideau, en coulisses. Je le voyais de dos, avec la lumière qui l’éclairait et qui éclairait sa guitare. Et je lui ai dit : « Papa ! C’est d’accord. » Ce soir-là, il m’a appelée et on a chanté « I Still Miss Someone ». Et tout s’est arrangé, tout est rentré dans l’ordre, d’un simple regard. Il réglait ses problèmes sur scène. C’est là qu’il devenait meilleur, qu’il amenait ses angoisses, ses peurs, ses peines et il s’en débarrassait devant le public. Il était comme ça. Et à la fin de la soirée, il était purifié. Et c’est ce qui m’est arrivé ce soir-là, avec lui. Tout s’est arrangé. » (R. Cash)

https://www.youtube.com/watch?v=4xPQ16Asyoo

Rosanne Cash chantera cette chanson, cette fois-ci seule, lors d'un concert hommage à son père qui eut lieu à l'auditorium Ryman peu après sa mort : https://www.youtube.com/watch?v=9Son79iamHw

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En 1993, un jeune producteur, Rick Rubin, qui avait démocratisé le hip-hop et travaillé avec des artistes de rap, de punk et de hevay metal, proposa à Cash de faire un album avec son label. Les amis et la famille de Cash étaient catastrophés, sûrs que cette collaboration porterait le coup de grâce à sa carrière déjà vacillante. Mais Cash accepta.
« Et ils se sont mis au travail. Tout était connecté à mon père, à la personne qu’il était. Des chansons sur la foi, sur son amour pour ma mère, sur son état d’esprit, sur le côté sombre qu’il portait en lui. » (John Carter Cash)
Sorti à l’automne 1994, l’album « American Recordings » fut encensé par la critique pour ses arrangements épars, la voix profonde de Cash et ses choix de chansons, allant des airs traditionnels aux compositions de Tom Waits, Leonard Cohen, Kris Kristofferson, en passant par la ballade presque centenaire « Delias’s Gone »

« tout était nouveau. Il renaissait. Il avait retrouvé la lumière. Il était très reconnaissant et soulagé que quelqu’un ait su voir qui il était vraiment et ait voulu le montrer, ait voulu qu’il redevienne Johnny Cash. » (Rosanne Cash)

La plupart des radios country ignorèrent l’album. Il se vendit quand même à 150000 exemplaires, plus qu’aucun de ses albums depuis 1971. Il remporta même le Grammy du meilleur album folk.

https://www.youtube.com/watch?v=SSypZulEPDE

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Deux ans après la sortie de l’album « American Recordings » qui fit renouer J. Cash avec le succès, Cash et Rubin sortirent un autre album à succès : « Unchained », avec Marty Stuart, Tom Petty et les Heartbreakers à l’accompagnement. Cette fois-ci, il remporta le Grammy du meilleur album Country.

https://www.youtube.com/watch?v=CGoBuptSkR0

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Les années suivantes, alors que sa santé se détériorait et l’empêchait de faire des concerts, J. Cash enregistra trois autres albums avec Rubin, aux chansons très variées. Des chansons écrites par lui, d’autres de Hank Williams, des Carter. Celle qui attira le plus d’attention fut la chanson « Hurt » écrite par Trent Reznor du groupe Nine Inch Nails. L’album se vendit à presque deux millions d’exemplaires et valut à Cash un autre Grammy. Et pour lui signifier que l’industrie de la country lui rouvrait ses portes, la profession lui décerna le prix de l’album de l’année.
Peu après la sortie de la chanson, June Carter Cash s’éteignit. Johnny lui survivra 4 mois.
« les derniers mois de sa vie, je lui ai chanté beaucoup de chansons des Carter. Ça lui faisait du bien. Et je lui lisais la Bible. La dernière chanson qu’il a entendue était « The Winding Stream ». Je la lui chantais quand il s’est éteint. C’était la chanson des Carter préférée de June. J’aimais la chanter et il aimait m’entendre la chanter. Les chansons des Carter qu’il entendait à la radio, petit, lui donnait la force d’avancer. Et c’est une chanson des Carter qui l’a accompagné de l’autre côté. »

Il meurt le 12 septembre 2003 à 71 ans et fut enterré à côté de June Carter.

https://www.youtube.com/watch?v=CG-1JDi4240