Journal d'un cinéphile : année 2019

Liste des coups de coeurs :

Janvier :

- Retour à Howards End 8/10
- Jeux Dangereux 8/10

Mars :
- La solitude du coureur de fond 8/10
- Travail au noir 8/10
- A bout de course 8/10

Avril :
- Blow Out 9/10 ...

Afficher plus
Liste de

144 films

créée il y a presque 6 ans · modifiée il y a presque 2 ans
Les Figures de l'ombre
7.1

Les Figures de l'ombre (2017)

Hidden Figures

2 h 07 min. Sortie : 8 mars 2017 (France). Drame, Biopic

Film de Theodore Melfi

Marius Jouanny a mis 4/10.

Annotation :

1 janvier. Premier visionnage.

Je comprends pas trop l'engouement pour ce genre de biopic américain d'une banalité un peu affligeante. Ce n'est ni mal réalisé ni mal interprété, mais c'est tellement convenu... Il y a cela dit quelques scènes drôles, et l'intention générale de démontrer la double-oppression raciste/sexiste est louable. Mais pas de quoi tomber en pâmoison, sur le plan cinématographique il n'y a pas grand-chose à se mettre sous la dent.

Miraï, ma petite soeur
6.6

Miraï, ma petite soeur (2018)

Mirai no Mirai

1 h 38 min. Sortie : 26 décembre 2018 (France). Animation, Drame, Fantastique

Long-métrage d'animation de Mamoru Hosoda

Marius Jouanny a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

5 janvier. Vu au cinéma.

Hosoda parvient merveilleusement bien à renouveler son cinéma avec Miraï. Certes, il s'agit toujours d'une opposition entre un monde onirique et le monde réel, mais les différents points de vue qu'il adopte, celui des parents comme d'autres personnages à différentes époques, enrichit la narration. Il s'avère qu'à cause de cela, le récit manque d'homogénéité et s'éparpille un peu trop, là où la relation entre les parents et leur fils aîné aurait pu être plus développée. Mais cette mêlée de scènes oniriques prend un tout autre sens, presque cauchemardesque, dans la dernière partie du film. Et cela permet à Hosoda de s'aventurer vers des chemins cinématographiques qu'il n'avait que peu abordé. Finalement, il s'affirme encore comme l'un des rares (si ce n'est le seul ?) à pouvoir reprendre le flambeau des studios Ghibli au sein du cinéma d'animation japonais, celui d'un cinéma qui transcende les générations avec une pudeur et une ambition visuelle incontestables.

Bienvenue à Marwen
6.5

Bienvenue à Marwen (2018)

Welcome to Marwen

1 h 56 min. Sortie : 2 janvier 2019 (France). Biopic, Drame, Fantastique

Film de Robert Zemeckis

Marius Jouanny a mis 7/10.

Annotation :

8 janvier. Vu au cinéma.

Au vu de la carrière de Zemeckis après "Seul au monde", ce nouvel opus tient presque du miracle, tout en étant parfaitement logique dans son parcours. Tiré d'une histoire vraie incluant des passages en animation, ce "Marwen" est une synthèse de ce que Zemeckis a fait jusque-là. Les thèmes du trauma et du poids des normes sociales, il ne les avaient pas développés depuis ses deux opus avec Tom Hanks, et c'est peut-être cela qui donne une consistance nouvelle à sa réalisation. Ils donnent un sens intime et touchant à l'univers qu'il développe. Le film est donc loin de se réduire à une simple prouesse visuelle. Mais c'est pourtant bien sa mise en scène, qui multiplie avec ingéniosité les ruptures entre imaginaire et réalité, entre la perception handicapée et traumatisée du personnage principale et celle des autres personnages qui marque le plus.

Surtout, cette mise en scène multiplie les registres en évitant de tomber trop dans le pathos misérabiliste, la comédie ludique ou le drame sentimental. L'équilibre est très précaire et certainement un peu bancal, mais tellement plus inventif, réjouissant et cohérent que tout ce qu'il se fait dans le genre biopic... Et puis il s'agit tout de même de la renaissance d'un réalisateur, alors pourquoi bouder son plaisir ?

Emmy : 6

Nuages flottants
7.9

Nuages flottants (1955)

Ukigumo

2 h 03 min. Sortie : 15 janvier 1955 (Japon). Drame, Romance

Film de Mikio Naruse

Marius Jouanny a mis 8/10.

Annotation :

9 janvier. Premier visionnage. Vu au cinéma.

Ce Naruse m'a fait mieux comprendre ce qui m'empêche d'apprécier pleinement son cinéma : sa mise en scène très statique qui fait rentrer la narration dans une monotonie qui est paradoxalement aussi une force de son cinéma. Car puisqu'il filme les tracas quotidiens, la misère sociale ou la peur de cette misère sur le temps long, il est tout à fait logique que sa mise en scène épouse la mélancolie étouffée de son propos. En l'occurrence, j'ai préféré celui-ci aux autres de ses longs-métrages car le contexte qu'il décrit avec un regard presque documentaire (Tokyo dans l'après-guerre) m'a donné des repères qu'il me manquait, et rajoute une consistance à la dramaturgie. Tout comme dans "L'ange ivre" de Kurosawa, il mêle des destins avec une mémoire collective douloureuse qui brouille leurs espoirs dans l'avenir et leur manière de vivre.

Et surtout, ce film m'a aussi fait comprendre pourquoi j'aime tant le cinéma de Naruse malgré tout, car il épouse le regard féminin avec une justesse qui n'a pas d'équivalent. Ici, le destin de cette jeune femme éperdue et sans avenir ne peut que toucher profondément, laissant un sentiment de gâchis qui fend le cœur. Pourquoi s'est-elle évertuée à vouloir aimer cet homme qui l'a sans cesse repoussé ? La question restera à jamais gravée dans ma mémoire.

Black Mirror: Bandersnatch
6.1

Black Mirror: Bandersnatch (2018)

1 h 30 min. Sortie : 28 décembre 2018. Drame, Science-fiction, Thriller

Film de David Slade

Marius Jouanny a mis 3/10.

Annotation :

11 janvier. Premier visionnage.

Netflix donne l'air d'avoir inventé l'eau chaude avec ce film interactif labellé Black Mirror, et on aimerait bien le croire. Mais bon sang, qu'est-ce que c'est régressif et superficiel ! Alors que le jeu vidéo a depuis longtemps trouvé des moyens intelligent pour conduire la narration par le choix du spectateur/joueur, ici le film se cantonne principalement à de bêtes détours narratifs avec un aspect "méta" pour gratifier le spectateur.

Enfin, cela n'aurait pas été dommageable si le récit se tenait en lui-même. Mais nous voilà avec une banale histoire geek qui représente les années 80 avec un fétichisme tellement vu et revu que la lassitude arrive très vite.

Emmy : 3 ou 4

Retour à Howards End
7

Retour à Howards End (1992)

Howards End

2 h 22 min. Sortie : 13 mai 1992 (France). Drame, Romance

Film de James Ivory

Marius Jouanny a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

13 janvier. Premier visionnage. Vu au cinéma.

La photographie est somptueuse, les interprétations mettent en valeur deux personnages féminins auxquels on s'attache fortement, la narration est très bien rythmée (ce qui est appréciable pour les drames romantiques de ce genre qui tirent très facilement en longueur), bref c'est un grand plaisir de cinéma que celui que procure James Ivory. Formel me diriez-vous ? Il n'en est rien, car il explicite avec subtilité des enjeux de pouvoirs entre genre et classe dans l'Angleterre d'il y a un siècle. Et mine de rien cela rend le récit passionnant à suivre.

An Elephant Sitting Still
7.9

An Elephant Sitting Still (2019)

Da xiang xi di er zuo

3 h 50 min. Sortie : 9 janvier 2019 (France). Drame

Film de Hu Bo

Marius Jouanny a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

18 janvier. Premier visionnage. Vu au cinéma.

Bi Gan réalise une sorte de conte maladif et mélancolique dont la richesse peut se résumer en deux volets : celui d'une explicitation sensible de la dépression, comment elle se manifeste et s'exprime, et celui d'un portrait tout aussi sensible de laissés-pour-compte de la société chinoise. L'ambition de l'oeuvre (4 heures de métrage, mêlant onirisme et réalisme) a tout du chef-d'oeuvre inaugural d'une carrière cinématographique qui n'aura malheureusement jamais lieu, à cause du suicide de son jeune réalisateur. Il y aurait mille choses à dire sur la mise en scène chorale à hauteur des individus qui évoque Gus Van Sant, sur cette dernière partie fortement onirique qui laisse le spectateur fasciné et meurtri, sur les décors et la dominance du gris qui se répondent dans une humeur presque post-apocalyptique... Du grand cinéma.

Emmy : 7

Sixième Sens
7.4

Sixième Sens (1999)

The Sixth Sense

1 h 47 min. Sortie : 5 janvier 2000 (France). Drame, Thriller, Fantastique

Film de M. Night Shyamalan

Marius Jouanny a mis 6/10.

Annotation :

20 janvier. Premier visionnage.

On ne peut pas dire que j'ai vu le film dans les meilleures conditions : on m'avait spoilé la fin il y a bien longtemps, et je l'ai vu sur un écran d'ordinateur. Cela ne m'a tout de même pas empêché de profiter de la très bonne interprétation de Bruce Willis et des quelques bonnes idées de mise en scène qui développent une trame narrative traînant quelque peu en longueur. On sent qu'en voulant ménager la surprise finale, Shyamalan tourne la sauce un peu trop longtemps.

Emmy : 5 ou 6

Casque d'or
7.3

Casque d'or (1952)

1 h 36 min. Sortie : 13 mars 1952. Policier, Drame, Romance

Film de Jacques Becker

Marius Jouanny a mis 8/10.

Annotation :

20 janvier. Premier visionnage. Vu au cinéma.

Becker exploite une veine lyrique de son cinéma qui s'incarne de manière sublime par l'interprétation de Simone Signoret. Elle symbolise à elle seule toute la lucidité bienveillante dénuée de tout mépris qu'il porte sur ceux dont certains diraient qu'ils "ne sont rien". La narration dramatique fonctionne à merveille, porteuse de grands moments d'émotions. Mine de rien, sans aucune lourdeur démonstrative, Becker filme toute la perversité de la domination masculine. Doublant cette critique de celle d'une société où la police est complice de la délinquance, et l'on a tout de même un drame sublime doublé d'une satire sociale pertinente, même si elle n'est peut-être pas aussi aiguisée que celle d'un Clouzot.

Spider-Man : New Generation
8

Spider-Man : New Generation (2018)

Spider-Man: Into the Spider-Verse

1 h 57 min. Sortie : 12 décembre 2018 (France). Action, Aventure, Science-fiction

Long-métrage d'animation de Bob Persichetti, Peter Ramsey et Rodney Rothman

Marius Jouanny a mis 7/10.

Annotation :

20 janvier. Vu au cinéma.

Il est clair que je ne partage pas complètement la hype énorme autour de ce film. Mais force est de constater qu'après "Les Indestructibles 2", le cinéma d'animation prouve une fois encore qu'il bat à plate couture les blockbusters de super-héros en terme d'inventivité, de maturité de mise en scène et d'écriture. Certes, il y a dans les deux films une profusion assez peu utile de personnages secondaires, qui parasite un peu le potentiel dramatique de ce que vivent les personnages principaux. Il n'empêche, l'entrée dans l'adolescence est mise en scène avec des scènes très réussites, et la figure paternelle que représente ce Spider-Man cinquantenaire raté fait tout aussi mouche. Et que dire finalement de la réalisation, explosion de couleur et d'image qui subvertit l'aspect too-mush de la pyrotechnie du genre pour en faire quelque chose de quasiment psychédélique. Difficile de bouder son plaisir, en somme.

Voyage à Tokyo
8

Voyage à Tokyo (1953)

Tokyo Monogatari

2 h 16 min. Sortie : 8 février 1978 (France). Drame

Film de Yasujirō Ozu

Marius Jouanny a mis 6/10.

Annotation :

22 janvier. Premier visionnage. Vu au cinéma.

Je m'y suis trop ennuyé pour pleinement apprécier l'expérience. A retenter.

Jeux dangereux
8.2

Jeux dangereux (1942)

To Be or Not to Be

1 h 39 min. Sortie : 21 mai 1947 (France). Comédie, Guerre

Film de Ernst Lubitsch

Marius Jouanny a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

24 janvier. Premier visionnage. Vu au cinéma.

Un sommet de mise en scène et d'écriture comique. Le jeu des faux-semblants, celui des jalousies du couple principal, que de trouvailles ! Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas autant ri au cinéma.

Emmy : 7 coup de cœurs

La Mule
6.7

La Mule (2018)

The Mule

1 h 56 min. Sortie : 23 janvier 2019 (France). Drame, Gangster, Thriller

Film de Clint Eastwood

Marius Jouanny a mis 5/10.

Annotation :

26 janvier. Vu au cinéma.

Quelle déception ! Les quelques bonnes idées de mise en scène de "Sully" et surtout le grand retour de Clint devant la caméra m'avait fait beaucoup espéré en ce film. Finalement, il n'a pour seul intérêt que l'interprétation de Clint lui-même, tant la réalisation paraît avoir été confiée à n'importe quel tâcheron d'Hollywood. Ce n'est pas mauvais, mais qu'est-ce que c'est plat et redondant. Certes, une pointe d'émotion parvient à surgir dans la dernière partie, mais le déroulement est bien trop laborieux et sans inventivité cinématographique.

Haute pègre
7.8

Haute pègre (1932)

Trouble in Paradise

1 h 23 min. Sortie : 2 juin 1933 (France). Comédie romantique, Gangster

Film de Ernst Lubitsch

Marius Jouanny a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

29 janvier. Premier visionnage. Vu au cinéma.

Lubitsch déploie les astuces de mise en scène, basés sur les faux-semblants et le jeu des apparences qui font la marque de son cinéma, avec un génie certain. C'est drôle, prenant, bien rythmé... Même s'il est vrai que la satire sociale aurait pu être plus acerbe, et le triangle amoureux un peu mieux traité. Mais c'est du pinaillage, tant le plaisir cinématographique est là.

Emmy : 6/

It Comes at Night
6

It Comes at Night (2017)

1 h 37 min. Sortie : 21 juin 2017 (France). Épouvante-Horreur, Thriller

Film de Trey Edward Shults

Marius Jouanny a mis 6/10.

Annotation :

30 janvier. Premier visionnage.

Il faut préciser que je n'ai pas vu le film dans les meilleures conditions (écran d'ordi) mais j'ai tout de même pu apprécier ce film post-apocalyptique peu commun. Jouant la carte de l'épure narrative, il nous plonge dans un huis-clos familial éprouvant. Le plus étonnant reste finalement que, loin de chercher un antagoniste horrifique comme le film le laisse entendre, c'est par le pur onirisme que la réalisation entend effrayer le spectateur, et cela fonctionne plutôt bien. Pour pleinement aboutir la proposition, il aurait fallu s'écarter plus encore de l'esthétique horrifique habituelle et surtout étoffer les personnages, qui restent à l'état d'archétype.

Emmy : 7

Minuscule 2 : Les Mandibules du Bout du Monde
6.8

Minuscule 2 : Les Mandibules du Bout du Monde (2019)

1 h 32 min. Sortie : 30 janvier 2019. Animation, Aventure

Long-métrage d'animation de Thomas Szabo et Hélène Giraud

Marius Jouanny a mis 7/10.

Annotation :

5 février. Premier visionnage. Vu au cinéma.

L'univers Minuscule s'étend avec un deuxième long-métrage qui charme encore plus que le premier. Plutôt que de tenter de rivaliser avec les productions américaines en terme de virtuosité visuelle, cette réalisation française animée s'avère étonnamment contemplative : certains plans prennent le temps d'installer les décors, les émotions des personnages-insectes... Tout en développant quelques scènes d'action sacrément bien fichues (les mantes religieuses ont dû être un calvaire à animer !) qui ponctuent le film à merveille. Certes, le déroulement narratif n'invente pas l'eau chaude, et reste assez conventionnel. Mais quel plaisir ludique, loin d'être régressif tant il s'avère être autant un divertissement qu'un poème doux sur la vie fantasmée des insectes (des scènes comme celle du rite de guérison dans la fourmilière atteignent une intensité insoupçonnée).

Emmy : 7

Macadam à deux voies
7.1

Macadam à deux voies (1971)

Two-Lane Blacktop

1 h 42 min. Sortie : 4 janvier 1973 (France). Drame, Road movie

Film de Monte Hellman

Marius Jouanny a mis 6/10.

Annotation :

Février. Premier visionnage. Vu au cinéma.

Un road-movie du cinéma indépendant de la période du Nouvel Hollywood, ce film était bien parti pour me plaire ! Mais la narration en roue libre dont les errances empêche de donner de la consistance aux personnages m'a un peu égaré en route. Dommage. Dans le même genre, la proposition bien plus radicale de Gregg Araki qui s'est certainement inspiré de ce film pour "The Doom Generation" est bien plus appréciable à mon sens.

Un grand voyage vers la nuit
7.1

Un grand voyage vers la nuit (2018)

Di qiu zui hou de ye wan

2 h 18 min. Sortie : 30 janvier 2019 (France). Drame, Film noir

Film de Bì Gàn

Marius Jouanny a mis 8/10.

Annotation :

Février. Vu au cinéma.

Les ambitions de Bi Gan sont trop formelles pour remporter pleinement mon adhésion. Tout en restant aussi évasif, anti-chronologique et presque ludique dans le développement du récit, il aurait pu donner plus de chair aux tourments de son personnage principal. Le film aurait en effet gagné en empathie si l'univers onirique déployé avait été en plus étroit lien avec son vécu. Sur ce point, Bi Gan reste en deçà de ses inspirateurs que sont des cinéastes comme Wonk Kar Wai, Tarkovski ou Lynch. Mais il n'empêche, quelle balade époustouflante ! J'ai adoré me perdre dans ce film et ses motifs visuels, rester le souffle couper devant des images fabuleuses reposant beaucoup sur des couleurs tranchées... Les expérimentations développées et la virtuosité avec laquelle elles sont proposées ne peuvent que me satisfaire. Mais quel chef-d'oeuvre cela aurait pu être avec quelques éléments narratifs plus concrets. Un exemple : pourquoi ne pas montrer plus de scènes sur l'enfance du personnage, puisque celle-ci se révèle importante pour comprendre la dernière partie du film ?

Ma nuit chez Maud
7.6

Ma nuit chez Maud (1969)

1 h 50 min. Sortie : 4 juin 1969. Romance

Film de Éric Rohmer

Marius Jouanny a mis 5/10.

Annotation :

Février. Premier visionnage. Vu au cinéma.

Il faut croire que j'ai un problème avec la Nouvelle Vague. Je reprocherais surtout à Rohmer d'avoir écrit son film comme un roman plutôt que comme un film, tant il se repose sur les dialogues plutôt que sur les images pour construire le système narratif de son film. La réflexion qu'il propose sur les relations humaines est donc loin d'être inintéressante, mais pour beaucoup de scènes je trouve l'apport cinématographique trop faible, tant il se contente de filmer des dialogues en plans fixes sans chercher à transmettre des idées par l'image ou le montage. Si donc Godard avec "A bout de souffle" tombe dans le formalisme pur, c'est un peu tout l'inverse avec "Ma nuit chez Maud". Je ne me découragerais pas pour autant à découvrir ses autres films, mais ce sera avec moins d'attentes...

Tout ce qu'il me reste de la révolution
6

Tout ce qu'il me reste de la révolution (2019)

1 h 28 min. Sortie : 6 février 2019. Comédie

Film de Judith Davis

Marius Jouanny a mis 5/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Février. Vu au cinéma.

Voilà une comédie on ne peut plus attachante, qui marie bien l'humour et le drame, la légèreté avec une réflexion militante qui touche juste, dissertant à la fois sur l'engagement et l'aliénation néo-libérale... Mais il y a deux problèmes de taille : l'interprétation des acteurs est franchement moyenne (même si celle de l'actrice-réalisatrice Judith Davis est un cran au-dessus des autres) et beaucoup de scènes paraissent mal écrites ou mal improvisées, tout dépend comment cela s'est passé sur le tournage. Parfois il manque des scènes ou des dialogues, parfois il y en a clairement en trop pour que le tout soit cohérent. On pourrait me rétorquer que je pinaille sur des licences poétiques... Mais en vérité, il y a quelques scènes d'humour et de poésie plutôt réussies. D'autres sont juste à côté de la plaque.

Emmy : 5 coups de coeur

Le Jeune Karl Marx
6.3

Le Jeune Karl Marx (2017)

1 h 58 min. Sortie : 27 septembre 2017. Drame, Historique, Biopic

Film de Raoul Peck

Marius Jouanny a mis 6/10.

Annotation :

Février.

Tout comme pour son documentaire sur James Bladwin, Raoul Peck valorise l'intelligence d'une pensée en s’éclipsant derrière elle, tout en faisant preuve d'une grande intelligence cinématographique. Dans l'un comme dans l'autre, il parvient à saisir les enjeux et l'essentiel de la pensée des auteurs sans la trahir. Mais l'opus sur Marx s'avère bien plus classique tant il reprend la narration et l'esthétique du biopic. Sa grande originalité est de traiter de la vie d'un penseur tellement important qu'on se demande encore pourquoi ça n'a pas été fait avant. Son grand défaut est d'adopter le seul point de vue de Marx, préférant par exemple un regard dogmatique sur sa querelle avec Proudhon qu'une véritable confrontation dialectique. Vous me direz que le format (un biopic de 2 heures) n'aurait pas permis d'aller beaucoup plus loin, et c'est certainement vrai. Il n'empêche, cela reste un poil trop scolaire à mon goût

Paul Sanchez est revenu !
5.8

Paul Sanchez est revenu ! (2018)

1 h 51 min. Sortie : 18 juillet 2018. Drame

Film de Patricia Mazuy

Marius Jouanny a mis 4/10.

Annotation :

Février.

Ce film remplit beaucoup trop de cases dans la catégorie "poncifs du cinéma d'auteur français depuis la Nouvelle Vague" pour emporter mon adhésion. Certes, la dernière partie un peu plus surprenante que le reste finit le film sur une bonne note. Mais il n'empêche, beaucoup d'éléments semblent des cache-misère à la sous-écriture du film : l'humour absurde et un certain comique de répétition pour contrebalancer le manque d'enjeux, les dialogues décalés pour masquer la vacuité psychologique des personnages... Vu que les Cahiers ont adoré le film, j'avais quelques appréhensions négatives qui s'étaient dissipées en regardant la bande annonce. Ce n'est pas foncièrement mauvais car il y a quelques bonnes idées, à commencer par tout ce mystère autour du personnage. Mais si on prend cette pierre angulaire du film, elle est à l'image de tout le reste inaboutie tant le sujet sous-jacent du film (l'aliénation et la déréalisation de la cellule familiale) est traité par-dessus la jambe.

Emmy : 7.

The Yards
7.3

The Yards (2000)

1 h 55 min. Sortie : 1 novembre 2000 (France). Drame, Thriller, Policier

Film de James Gray

Marius Jouanny a mis 8/10.

Annotation :

Février.

The Yards est une sublime variation de ce que proposait déjà Little Odessa, lorgnant toujours vers le thriller intimiste new-yorkais aux accents tragiques. On pourrait lui reprocher de ne pas ajouter grand chose de nouveau, mais la justesse incroyable de la forme, du rythme et de l'interprétation balaye toute réserve. Maintenant que j'y pense, celui-ci évoque beaucoup par le duel fratricide qu'il met en scène "Rocco et ses frères" de Visconti. L'ironie tragique, le sacrifice, James Gray déploie sa narration avec une maturité incontestable...

Don’t Worry, He Won’t Get Far on Foot
6.4

Don’t Worry, He Won’t Get Far on Foot (2018)

1 h 53 min. Sortie : 4 avril 2018 (France). Drame, Biopic

Film de Gus Van Sant

Marius Jouanny a mis 7/10.

Annotation :

Février.

Voilà un film de Gus Van Sant bien sous-estimé ! Je m'attendais à un biopic empêtré de classicisme. Et je me retrouve finalement avec une narration éclatée admirable qui enchevêtre les étapes de la rédemption et du dépassement du trauma avec une grande pudeur et une inventivité cinématographique indéniable. Tout est rapporté au passé, dans un désordre qui montre que les moments de douleur et ceux de joie ne sont pas à opposer dans un récit pareil. Il n'y a pas de moments où le personnage franchit réellement un cap, il avance dans une tension continuelle entre bouffée d'air et déchéance. En cela, Gus parvient à créer un mouvement vital qui échappe en grande partie à ce qu'on pouvait attendre sur le récit tiré d'une histoire vraie d'un alcoolique tétraplégique devenant dessinateur de presse. Et mine de rien il importe quelques propositions expérimentales dans un film faisant clairement parti de sa veine grand public, ce qui est très appréciable. A noter enfin que la réussite du film tient aussi dans son excellent casting.

Emmy : 5 coup de coeur

La Solitude du coureur de fond
7.5

La Solitude du coureur de fond (1962)

The Loneliness of the Long Distance Runner

1 h 45 min. Sortie : 27 janvier 1965 (France). Drame

Film de Tony Richardson

Marius Jouanny a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Mars. Premier visionnage. Vu au cinéma.

Quelle claque ! Si le pitch peut paraître somme toute assez classique (la vie dans une maison de redressement, la relation entre son directeur et un détenu) Tony Richardson propose une forme magistrale. Les moments de silences, les accélérés, les gros plans s'attardant sur les visages, les scènes d'extérieurs qui sont autant de bols d'air frais, il truffe le film d'inventions de mise en scène qui enrichissent la narration, accentuant aussi bien son aspect dramatique que parfois comique. Les flash-back éclairent toujours le récit au bon moment, caractérisant le personnage principal tout en l'inscrivant dans un contexte social crédible. Et puis, il y a les scènes de course dans la nature que je pourrais me revoir en boucle sans m'en lasser... Cela ferait presque oublier la charge contestataire du film, qui n'en est pas moins importante que le reste, montrant que le sentiment de révolte peut s'insinuer partout, de la cellule familiale à la cellule carcérale.

Le Chant du loup
7.3

Le Chant du loup (2019)

1 h 55 min. Sortie : 20 février 2019. Action, Drame, Thriller

Film de Antonin Baudry (Abel Lanzac)

Marius Jouanny a mis 7/10.

Annotation :

Mars. Vu au cinéma.

Film français de sous-marin pariant sur l'imminence d'une guerre nucléaire, "Le Chant du loup" est une très bonne surprise. Il tombe certes dans quelques poncifs, principalement à cause de l'écriture qui survole quelques personnages (surtout concernant le seul personnage féminin développé) et propose quelques rebondissements un poil éculé. Mais pour son premier film, Antonin Baudry propose quand même une réalisation convaincante distillant un sacré suspens, qui tient à sa bande-sonore particulièrement travaillée et à un univers d'anticipation très crédible. Le réalisateur ayant anciennement travaillé au ministère des affaires étrangères (qu'il relate dans la BD Quai d'Orsay), il a parfaitement conscience des enjeux internationaux qu'il imagine, jouant sur la paranoïa médiatique autour de la Russie et des djihadistes. Comme pour Quai d'Orsay, il s'évertue aussi à rendre compte du fonctionnement d'un métier depuis l'intérieur, celui de marin dans une boîte de conserve à des centaines de mètres de profondeur, qui a toujours fasciné le cinéma depuis "Le Bateau" de Wolfgang Petersen. Certes, il n'égale pas ce chef-d'oeuvre, mais il rivalise largement avec ce qu'à pu proposer le cinéma américain dans le même genre, confirmant le pouvoir de fascination du cinéma de sous-marin lorsqu'il est bien réalisé.

Les Éternels
6.9

Les Éternels (2018)

Jiang Hu Er Nu

2 h 15 min. Sortie : 27 février 2019 (France). Drame, Romance, Film noir

Film de Jiǎ Zhāng-Kē

Marius Jouanny a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Mars. Vu au cinéma.

Ne connaissant pas du tout le cinéaste, je ne m'attendais pas à une telle proposition aussi protéiforme. C'était assez surprenant, dans le bon sens dans un premier temps puis le film m'a un peu laissé sur le bas-côté dans la dernière partie, mêlant des aspects surnaturels pas vraiment justifiés (pourquoi des ovnis ?) et une conclusion qui traîne trop en longueur. Peut-être que je ne sais pas apprécier à leur juste valeur les passions destructrices, où un couple reste ensemble sans être capable de s'aimer. Ce genre de situation narrative a dû mal à m'impliquer, tout simplement.

Ceci mis à part, il faut quand même avouer que l'auteur dresse un portrait très fin de la société chinoise de son temps, entre portraits individuels insolites et démonstration des bouleversements sociaux et géographiques qui vient renforcer le pathétique du destin des personnages. Et puis, il y a toute la première partie très intrigante qui me restera en mémoire. Elle introduit très bien les personnages au milieu de la pègre locale et suit en filigrane la déchéance des ouvriers du charbon en la traitant comme un élément de décor, rendant crédible la situation narrative initiale.

Triple frontière
5.9

Triple frontière (2019)

Triple Frontier

2 h 05 min. Sortie : 13 mars 2019. Action, Thriller

Film de J.C. Chandor

Marius Jouanny a mis 5/10.

Annotation :

Mars. Premier visionnage.

C'est pas foncièrement mauvais mais par rapport à ce qu'on aurait pu attendre de Chandor c'est assez oubliable. On voit bien que c'est dans le script que le bât blesse premièrement : il aurait fallu dégraisser le mammouth pour faire des scènes plus longues et plus intenses émotionnellement. Cela dit, le fond du récit qui est de tirailler moralement les personnages jusqu'à la moelle est indéniablement accompli, mais l'épaisseur que cela donne au film rappelle plus le script d'un blockbuster vidéoludique que celle d'un bon film d'action dramatique. Netflix a cette fâcheuse tendance d'être pour l'instant surtout l'occasion pour de grands réalisateurs à faire des films moyens. Gageons que cela ne continue pas sur cette pente...

Ma vie avec John F. Donovan
6.1

Ma vie avec John F. Donovan (2018)

The Death and Life of John F. Donovan

2 h 03 min. Sortie : 13 mars 2019 (France). Drame

Film de Xavier Dolan

Marius Jouanny a mis 7/10.

Annotation :

Mars. Vu au cinéma.

Peut-être est-ce parce que je n'attendais pas grand-chose du nouveau Xavier Dolan que je suis aussi agréablement surpris du résultat. S'il n'atteint pas en effet les grands moments d'émotion que peuvent procurer "Mommy" ou "Laurence Anyways", il parvient à conférer un intérêt à son sujet et à impliquer le spectateur, alors que le postulat initial semblait assez convenu, et aussi assez nombriliste, tant les deux personnages principaux font écho à Dolan lui-même. Cette réussite tient principalement aux moyens plus ambitieux mis à sa disposition : les plans aériens de New-York, les décors, mouvements de caméras, effets de lumières très travaillés donnent une fluidité à l'ensemble qui est redoublée par un montage qui enchâsse merveilleusement bien les différentes temporalités et les différents niveaux de récit.

Certes, il y a quelques passages outranciers qui poussent certains tics du réalisateur de manière trop ostentatoire pour immerger totalement dans le récit, notamment à cause de la bande-son. Il y a aussi une scène où il justifie sa démarche maladroitement par le biais d'un dialogue beaucoup trop appuyé dont les arguments sont d'ailleurs mal formulés et assez contestables. Mais Dolan réussit l'essentiel de ses intentions, qui tiennent d'abord à la mise en parallèle de deux relations mère-fils bouleversantes. Elles tiennent ensuite à la mise en valeur de ses deux personnages principaux, dont les tourments psychologiques parviennent à faire naître l'émotion et donner consistance à la dramaturgie du film. J'en ressors donc bien plus satisfait que son précédent film.

Emmy : 5

Travail au noir
7.3

Travail au noir (1983)

Moonlighting

1 h 40 min. Sortie : 12 janvier 1983 (France). Comédie dramatique

Film de Jerzy Skolimowski

Marius Jouanny a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Mars 2019. Premier visionnage. Vu au cinéma.

Skolimowski analyse la domination sous toutes ces formes avec un regard d'une finesse redoutable. Dès leur arrivée à l'aéroport, ces quatre travailleurs au noir polonais sont écrasés sous le poids de la surveillance institutionnelle, les questions sur leur séjour en Angleterre, etc. Dans cette optique, les scènes de vol dans le supermarché sont aussi très marquantes, il parvient à en faire un motif narratif qui se renouvelle toujours avec pertinence. Mais c'est surtout la figure du personnage principal qui est éclatante, niant l'intégrité d'esprit de ses trois comparses et profitant de son avantage linguistique sur eux (il sait parler anglais, pas eux) au moment d'apprendre que la Pologne est envahie par les chars russes. Voilà une trouvaille scénaristique géniale, et qu'est-ce qu'elle est bien traitée !

Liste vue 981 fois

7
1