Cover Journal de Bord 2018 - Films
Liste de

193 films

créée il y a presque 7 ans · modifiée il y a presque 6 ans
La Vie privée de Sherlock Holmes
7.1

La Vie privée de Sherlock Holmes (1970)

The Private Life of Sherlock Holmes

2 h 05 min. Sortie : 23 décembre 1970 (France). Aventure, Comédie, Policier

Film de Billy Wilder

Jurassix a mis 7/10.

Annotation :

♦ Vu le 2 janvier ♦

Le film est pratiquement parfait si on se limite à ses intentions. Le ton est donné dès les deux premières scènes : les récits de Sherlock Holmes sont "déterrés", le personnage n'est pas seulement démythifié, il est réinterprété par Wilder. Il lui injecte ses obsessions toutes personnelles (jeu de dupes, quiproquos, personnages faillibles, amitiés solides et amours tortueuses), et à travers elles, dévoile une part sensible du détective jusque là masquée par les œuvres de Conan Doyle. Ainsi, si Watson romance les aventures de son compère, certaines des exagérations que Holmes pointe du doigt semblent être en réalité des éléments qu'il aimerait taire, garder pour lui (le violon qui rappelle au personnage un amour de jeunesse). Ces quelques détails sont disséminés ici et là au fil du film, l'air de rien, et prennent assez vite le pas sur une enquête boiteuse et peu passionnante. C'est là tout l'intérêt du film de Wilder : camoufler un film très intime derrière une affaire d'espionnage de grande échelle (Monstre du Loch Ness, Reine Victoria, services secrets allemands etc...) qui tombe (intentionnellement) à plat. L'audace est on ne peut plus louable, mais elle est quelque peu ternie par une seconde partie en Écosse qui délaisse certains de ses personnages (Watson, alors quasi-faire-valoir comique) et agence ses scènes d'enquête de manière un peu trop mécanique. On sent les coupes assassines. Mais l'ensemble reste délicieusement écrit et réalisé, et distille sans problème la douce mélancolie souhaitée à l'origine du projet.

[7,5/10]

L'Adorable Voisine
6.3

L'Adorable Voisine (1958)

Bell, Book and Candle

1 h 46 min. Sortie : 10 mars 1959 (France). Comédie romantique, Fantastique

Film de Richard Quine

Jurassix a mis 6/10.

Annotation :

♦ Vu le 3 janvier ♦

L'une de ces comédies très agréables mais inachevées, auxquelles il manquerait ce petit quelque chose en plus pour viser plus haut. En l'état, "L'Adorable Voisine" me paraît ne pas prendre assez de recul sur son sujet. Il manque un scénariste visionnaire qui sache quoi creuser, sur quels éléments se focaliser. Il manque probablement un Evan Hunter à l'écriture pour tirer Quine vers le haut comme sur "Liaisons Secrètes" qui m'apparaît de loin, comme un petit miracle isolé dans la filmographie du monsieur. Tout le dilemme moral de "L'Adorable Voisine" repose sur deux problèmes : peut-on pousser quelqu'un à nous aimer ? Le peut-on au détriment de quelqu'un d'autre ? C'est bien sûr cette seconde question qui va faire cogiter (à raison) l'ami Jimmy. Pour le spectateur, nul besoin de se chauffer les méninges, la demoiselle rejetée par Stewart suite au sortilège lancé par Novak est décrite comme une menteuse hypocrite et délatrice, indigne de confiance. Pourquoi alors s'occuper de son sort ? Le personnage est odieusement sous-exploité (de façon générale, l'ensemble des personnages secondaires fait tapisserie) alors qu'il était la clé de tout : pourquoi elle plutôt qu'une autre ? Quine préfère se réfugier derrière la magie toute rationnelle (et éculée) du coup de foudre et signe une comédie bien tenue, et superbement jouée (Stewart fidèle à lui-même, Novak incandescente), mais parfaitement inoffensive.

[6,5/10]

Les malheurs de la jeunesse

Les malheurs de la jeunesse (1934)

Tao li jie

1 h 41 min. Sortie : 1934 (France). Drame

Film de Yunwei Ying

Jurassix a mis 7/10.

Annotation :

♦ Vu le 4 janvier ♦

De ce que j'en ai vu (un peu moins d'une dizaine de films), il y a une vraie unité tonale dans le cinéma chinois des années 30. Beaucoup de pathos mais aussi beaucoup de pudeur. La raison est, je pense, que le muet a résisté longtemps au parlant en Chine ("Les Malheurs de la jeunesse" est le premier film entièrement sonorisé via des procédés chinois), et les réalisateurs n'ont pas pu abandonné leurs habitudes aussi vite que les voisins occidentaux. Le dialogue va donc à l'essentiel, les scènes sont succinctes, les plans sont très simples, nombre de séquences-clé sont entièrement muettes (l'ouverture, la dernière minute)... La douleur est silencieuse, viscérale. L'influence toujours prégnante du cinéma muet n'empêche pas toutefois pas d'expérimenter de nouvelles formes de narration à divers endroits du récit : conversations téléphoniques en split screen, répétitions sonores (une claque, une musique) qui marquent les malheurs cycliques des personnages etc... Avec nos yeux d'aujourd'hui, nous pouvons déplorer que ce drame social cède à un manichéisme un peu facile (les patrons sont tous des salauds capitalistes), mais j'apprécie la netteté de l'engagement politique (à gauche) et l'investissement des acteurs. Beau film.

[7/10]

La Vie passionnée de Vincent van Gogh
7.3

La Vie passionnée de Vincent van Gogh (1956)

Lust for Life

2 h 02 min. Sortie : 15 janvier 1957 (France). Drame, Biopic

Film de Vincente Minnelli et George Cukor

Jurassix a mis 8/10.

Annotation :

♦ Vu le 4 janvier ♦

Malgré le nom de Minnelli, malgré la question de la fidélité d'une œuvre de fiction à des événements réels à laquelle il est communément admis de répondre par "faites comme bon vous plaît, du moment que le film soit réussi", on ne peut qu'être méfiant à l'idée de voir la vie de Van Gogh passée au crible de la machine à spectacles hollywoodienne. Les péripéties les plus spectaculaires (et on le sait aujourd'hui, partiellement fausses) de la vie du peintre sont mises en scènes avec tous les excès qu'on attendrait de ce type de productions (le tranchage de l'oreille et l'humiliation publique qui s'ensuit sont deux moments très gênants). Van Gogh est lui-même présenté comme une sorte de messie christique, ayant une foi absolue en l'Humain, en la Nature, prêt à vivre misérablement pour soutenir les souffrances des pauvres gens, qui aimerait par sa peinture réveiller la part lumineuse du cœur des Hommes. La grande idée de Minnelli, c'est d'opposer sa vision des choses à celle de ceux qui l'entourent. Des conversations passionnantes avec Paul Gauguin nuancent le rapport du film à la qualité purement théorique d'une création artistique, Van Gogh et ses réactions impulsives, naïves, écervelées, passe pour un fou aux yeux de sa cousine Kay, de sa première compagne Christine, du seul artiste qui lui montrait de l'intérêt, Paul Gauguin, encore. Van Gogh revu par Minnelli et Kirk Douglas (habité par le personnage) est complètement détraqué, presque illuminé, souvent effrayant.

[8/10]

Au bord de la mer bleue
7.1

Au bord de la mer bleue (1936)

U samogo sinego morya

1 h 09 min. Sortie : 20 avril 1936 (Union Soviétique). Comédie dramatique, Romance

Film de Boris Barnet et S. Mardanin

Jurassix a mis 8/10.

Annotation :

♦ Vu le 5 janvier ♦

Mon commentaire sur "Les Malheurs de la Jeunesse" à propos du rapport muet/parlant pourrait très bien valoir pour ce superbe film, qui alterne littéralement scènes de cinéma muet et scènes de cinéma parlant. L'harmonie est merveilleuse, surement aussi parce qu'avec "Au bord de la mer bleue", il est question de découvrir un nouveau petit monde, pas si éloigné de la Russie maternelle des personnages (l'Azerbaïdjan est territoire soviétique, Youssouf et Aliocha travaillent dans un kolkhoze). L'adaptation n'y est pas difficile, mais nombreuses y sont les petites curiosités. Du connu et du neuf. Ainsi, Boris Barnet nous fait tous, spectateurs et personnages, naviguer entre plusieurs états. Distanciations puis rapprochements, et rapprochements puis distanciations sont ce qui définissent la relation entre Youssouf et Aliocha, jaloux, en froid puis réconciliés par leur incapacité à percer le mystère Macha, jeune femme sublime et lumineuse, devant laquelle tomberaient tous les hommes. Dans un autre registre, ce cinéma de quiétude, de pur plaisir, m'a beaucoup fait penser à Rozier. Et j'aime énormément ces films où l'apparition du son était ressentie comme quelque chose de magique, presque féérique.

[8/10]

L'Oie sauvage
7.7

L'Oie sauvage (1953)

Gan

1 h 44 min. Sortie : 15 septembre 1953 (France). Comédie dramatique

Film de Shirô Toyoda

Jurassix a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

♦ Vu le 7 janvier ♦

Les années 1953 et 1954 furent furieuses au Japon. "Les Contes de la Lune...", "L'Intendant Sanshô", "Les 7 Samouraïs", "Voyage à Tokyo", "Le Grondement de la Montagne"... De la folie pure, de grands classiques instantanés tournés pratiquement en même temps. Et pourtant, au beau milieu de cette profusion phénoménale d'œuvres pionnières, il existait des cinéastes qui déjà cherchaient à faire évoluer les formes classiques du mélodrame japonais. Peut-être Toyoda est-il une anomalie (je ne crois pas mais je ne connais pas assez) mais je suis resté pantois devant la splendeur de la réalisation, qui se réinvente en permanence. Même chez Naruse, Hideko Takamine ne m'a rarement semblée aussi bien filmée, sous tous les angles, toutes les lumières. La mise en scène se veut picturale, toute en reliefs finement sculptés, mais cette recherche du plan original est toujours porteuse de sens et d'affects (les deux ombrelles, de la femme et la maîtresse de l'usurier, que l'on découvre identiques par un savant plan zénithal, les subtils travellings latéraux successifs de la dernière rencontre qui font passer Okada de l'extrême gauche à l'extrême droite du cadre pour appuyer ses hésitations à rejoindre Otama au centre du plan). L'habileté de la mise en scène traduit l'intelligence du scénario, niant toute sorte de manichéisme malgré les apparences (l'usurier fut victime comme les autres des inégalités sociales du Japon d'après-guerre, les mensonges sources du concubinage ne sont pas de son fait), et ne cède ni au pathos habituel des drames japonais, ni à un optimisme déplacé par rapport au sujet. Et signalons-le, Hideko Takamine est une fois de plus exceptionnelle.

[8,5/10]

The Peach Blossom Land

The Peach Blossom Land (1992)

An lian tao hua yuan

1 h 46 min. Sortie : 10 septembre 1992 (Taïwan). Drame, Comédie dramatique

Film de Stan Lai Sing-Chuen

Jurassix a mis 5/10.

Annotation :

♦ Vu le 9 janvier ♦

Il paraîtrait que la pièce "Secret Love in Peach Blossom Land" a connu un succès considérable dans les théâtres taïwanais, tant sur le plan critique que commercial. Brigitte Lin y a tenu le rôle principal pour quelques représentations, et l'on devine alors alléchante pour le metteur en scène Stan Lai l'idée de transposer sa pièce sur grand écran. Pas de chances, Lai est tout sauf un homme de cinéma, et "Secret Love in Peach Blossom Land", tout méta qu'il est, se révèle n'être ni plus ni moins que la définition même du théâtre filmé. La pièce est surement brillante, et son postulat, génial : suite à un malentendu, deux troupes de théâtre se retrouvent à répéter ensemble, chacun de leur côté sur la scène, deux pièces de prime abord radicalement différentes, un drame contemporain et une farce (?) en costumes. Petit à petit, les histoires dialogueront sans le vouloir jusqu'à se confondre, et il en jaillira un sujet commun profondément chinois, le peuple chinois poussé par l'Histoire à quitter leurs foyers. C'est une œuvre très ancrée dans le patrimoine culturel chinois, autant dire que je n'avais pas du tout les clés pour en comprendre le fond. Tout de même, le format cinématographique n'est pas du tout adapté. Mais il nous reste Brigitte Lin, qui n'a jamais été aussi belle et cinégénique qu'en ces débuts de la décennie 90's, seule véritable raison de visionnage (et dès le départ, je ne souhaitais voir le film que pour elle).

[5/10]

La Place de la femme
7.4

La Place de la femme (1962)

Onna no za

1 h 51 min. Sortie : 14 janvier 1962 (Japon). Drame

Film de Mikio Naruse

Jurassix a mis 7/10.

Annotation :

♦ Vu le 12 janvier ♦

La chronique familiale m'a, comme assez souvent chez le cinéaste, un peu perdu les premiers temps. Difficile pourtant de reprocher à Naruse la complexité de son récit tant tout est rigoureusement construit. Relations d'amour rejeté ou refoulé entre les personnages, soit par le poids social, soit par la fidélité à ses sentiments, conflits passionnels, contradictions entre les désirs et les actes, c'est son programme fatidique traditionnel qu'il applique une nouvelle fois, celui où rien ne se passe comme prévu, où les personnages qui souffrent et qui meurent sont ceux que l'on entend le moins. Le soin de narration, de réalisation et de direction d'acteurs est méticuleux, et c'est avec la plus grande empathie que l'on observe les muses narusiennes (Hideko Takamine, Yôko Tsukasa) lutter pour maintenir un équilibre familial allant à l'encontre de leurs rêves d'émancipation. Des femmes sacrifiées qui, par une force de vie surhumaine, résistent, parviennent à rester debout malgré tous les malheurs et injustices qui les accablent. "La Place de la femme" est moins puissant que les plus grands Naruse, mais a tout à fait sa place parmi ses portraits de femme les plus aboutis.

[7/10]

Let the Bullets Fly
6.3

Let the Bullets Fly (2010)

Rang zi dan fei

2 h 12 min. Sortie : 16 décembre 2010 (Chine). Action, Aventure

Film de Jiāng Wén

Jurassix a mis 5/10.

Annotation :

♦ Vu le 13 janvier ♦

La grosse pagaille. Véritable pestiféré pour la censure chinoise, on sait les grandes difficultés que connaît Jiang Wen à monter ses projets de films. Au premier abord, il peut paraître surprenant de le voir s'engager dans une superproduction de cette ampleur mais au regard de l'esprit éminemment satirique de l'entreprise (toutes les figures impérialistes sont tournées en dérision, les officiels sont incompétents, menés en bateau sans interruptions par une bande de voleurs), on comprend, un peu par dépit, que Jiang, comme une grande partie des artistes chinois bridés par la censure, a cédé au cynisme. Accepter de travailler pour le système afin d'en dénoncer les travers, telle semble être la nouvelle ligne directrice de la carrière de Jiang Wen réalisateur. Il y a des thèmes intéressants (le flou et les outrances qui ont bâti la légende de "Pocky" Zhang, dont ce dernier tire profit) mais l'ensemble s'avère bien trop hétérogène, mal rythmé et mal construit pour passionner. Les ruptures de ton sont mal amenées (l'éventrement du fils adoptif de Zhang), les personnages mal définis, et même si la mise en scène a ses morceaux de bravoure, tout est bien trop lourd, boulimique, chargé pour en apprécier l'inventivité. Tristesse pour un auteur autrefois aussi prometteur du cinéma chinois.

[5/10]

Confessions d'une épouse
7.6

Confessions d'une épouse (1961)

Tsuma wa kokuhaku suru

1 h 31 min. Sortie : 29 octobre 1961 (Japon). Drame, Thriller

Film de Yasuzō Masumura

Jurassix a mis 7/10.

Annotation :

♦ Vu le 15 janvier ♦

Au départ, on pense à un lointain cousin de "La Vérité" de Clouzot, mais "Confessions d'une épouse" en est finalement très éloigné. Toutefois, la comparaison avec le genre du film de procès à l'occidentale (pour faire large) ne me semble pas inappropriée. Le cinéma japonais produit très peu d'œuvres du genre, et en conséquence, les modèles hollywoodiens n'ont surement pas été une mince inspiration pour Masumura. Mais l'écriture japonaise, par nature radicalement opposée au style américain (peu de goût pour le beau mot, la répartie cinglante, la réplique "qui claque"), déplace les enjeux du procès sur un autre terrain que celui du tribunal. Nous ne serons pas surpris qu'à peine les plaidoiries importent-elles, le combat se livre non pas entre les juristes mais entre les deux (voire trois) protagonistes, contre eux-mêmes, hors de la cour, hors de portée des avocats qui, de toute manière, ne pourraient pas comprendre. L'héroïne incomprise de Masumura est exceptionnelle, car plus que chez n'importe quel cinéaste "de femmes" japonais, les actes qui la mettent au ban de la société sont foncièrement criminels, à punir, mais aussi épouvantables puissent en être les conséquences, c'est le geste de pure foi, psychologiquement sacrificiel, déraisonné et passionnel qui l'anoblit. Poussée dans ses derniers retranchements, elle refuse le compromis, franchit le point de non-retour et s'abandonne au choix qui répond le plus justement à ses sentiments, le choix humain.

[7,5/10]

Paris nous appartient
6.6

Paris nous appartient (1961)

2 h 15 min. Sortie : 13 décembre 1961. Drame

Film de Jacques Rivette

Jurassix a mis 7/10.

Annotation :

♦ Vu le 16 janvier ♦

Le titre : "Paris nous appartient". L'épigraphe : "Paris n'appartient à personne". Rivette annonce par cette opposition tout un esprit de contradiction qui animera les films de la Nouvelle Vague par la suite. Et du même coup le flou de son intrigue, les erreurs de jugement, les errances des personnages qui, quel que soit leur bord (membre de l'organisation secrète présumée ou entièrement extérieur à l'affaire), se retrouvent à se questionner sur leur propre individualité, sur le pouvoir exercé sur eux-mêmes et sur les autres. Les lignes droites des routes, emmurées par les hauts immeubles parisiens, donnent à la ville, vaste et composite, froidement organique, des airs de labyrinthe, qui ne sauraient mieux convenir à la trajectoire d'Anne, faite d'atermoiements, d'hésitations, de doutes. Elle se lance dans une aventure initiatique dont elle ne possède aucune des clés, dont elle ne fera que subir le cours. La familiarité du cadre, et l'extrême simplicité des théories conspirationnistes, laissées intentionnellement à l'état d'ébauches, ajoutent au mystère un trouble qui m'a l'air assez neuf, hérité certes des grands films à énigmes hollywoodiens, des films noirs, mais avec ce cachet authentique, et à la fois très abstrait, qui fait toute la différence.

[7,5/10]

Madame porte la culotte
7.2

Madame porte la culotte (1949)

Adam's Rib

1 h 41 min. Sortie : 18 novembre 1949. Comédie romantique

Film de George Cukor

Jurassix a mis 7/10.

Annotation :

♦ Vu le 17 janvier ♦

Spielberg a recommandé "Adam's Rib" pour la promotion des "Pentagon Papers", un film qu'il pourrait "voir et revoir en boucle". En réalité, il s'agit d'un film dont le mordant politique prend aujourd'hui toute sa pleine mesure, à l'heure des débats enflammés à propos de l'égalité de sexes, qui virent au boxon hystérique sans nuances, sans prise de recul. On ne cessera jamais de louer les immenses qualité de moraliste des comédies de mœurs hollywoodiennes de l'Âge d'or. Celle-ci s'amuse autant à égratigner le machisme ordinaire que la furie féministe et dévoile chez Pinky comme Pinkie la grand part d'aveuglement volontaire dont ils font preuve pour exposer leurs idées, leurs opinions très tranchées vis-à-vis du sexisme, du rapport de la société américaine au genre. D'une affaire un peu grotesque qui ne demandait pas tant de battage (impression renforcée à la fin, où les deux parties s'affichent grand sourire avec leurs enfants devant les photographes), le procès devient un règlement de compte féministe grand-guignolesque, qui n'aboutira sur rien. "Homme = femme mais vive la différence !", voilà comment résumer grosso modo cette bagarre de bac à sable. Au-delà de la satire, j'ai beaucoup aimé cette mise en scène de la vie domestique en couple. Des plans très longs, peu de mouvements de caméras, un homme et une femme complémentaires qui fonctionnent en paire, les actions de l'un étant dépendantes de l'autre et vice-versa (cuisine, massage etc...). Subtile et tendre illustration à l'écran de la complicité du ménage, plus émouvante encore quand on connaît la relation dans la vraie vie entre Spencer Tracy et Katharine Hepburn.

[7,5/10]

Les Hommes du président
7.4

Les Hommes du président (1976)

All the President's Men

2 h 18 min. Sortie : 22 septembre 1976 (France). Thriller, Historique

Film de Alan J. Pakula

Jurassix a mis 6/10.

Annotation :

♦ Vu le 18 janvier ♦

Du dossier filmé ? J'abuse, je le reconnais, mais je peine à trouver beaucoup d'intérêt à un film qui se borne à ce point sur son enquête et n'en démord pas. Pourtant, s'il y a bien une qualité à concéder aux "Hommes du Président", c'est qu'il est globalement crédible et vivant. Même désintéressé par ses personnages, on ne peut retirer à Pakula un talent pour créer et faire vivre un environnement (les bureaux du Washington Post), nous faire croire à son petit monde. Donc je crois à ce que je vois, je crois à l'amitié toute professionnelle liant Dustin Hoffman et Robert Redford, mais rien ne se produit du strict point de vue émotionnel. Il n'est même pas question de surprofessionnalisme, d'obsession du travail, ce sont deux journalistes qui font leur métier, qui enquêtent et on suit leur avancée. Mais Pakula ne discute pas d'autre chose. L'enquête sinon rien. Bon, je trouve déjà le choix du sujet mal orienté, mais la réalisation m'a aussi laissé perplexe à plus d'une reprise. Ces scènes de conversation ridicules dans le parking souterrain avec Gorge Profonde, la demi-bonnette lourdingue sur un groupe de journalistes en arrière plan à gauche pour "activer" le décor le temps d'un long gros plan sur le visage de Dustin Hoffmann à droite, et j'en passe... J'aurais tendance à penser que le film est plein de bonnes idées et de bonnes intentions, mais pas assez pensé dans sa globalité.

[6,5/10]

Gone with the Bullets
4.8

Gone with the Bullets (2014)

Yi bu zhi yao

2 h 20 min. Sortie : 18 décembre 2014 (Chine). Action, Comédie dramatique

Film de Jiāng Wén

Jurassix a mis 5/10.

Annotation :

♦ Vu le 20 janvier ♦

La grosse pagaille bis. Il fut un temps où l'on parlait de Jiang Wen comme l'héritier chinois de la comédie à l'italienne, aujourd'hui on l'affilie à Baz Luhrmann. Le pire étant que je ne trouve pas l'association des deux noms hors de propos dans le cas présent. Même surcharge visuelle, même type de reconstitution clinquante et fantaisiste des années 20 mi-romantique mi-satirique... Bon, Jiang essaie de dépasser cela mais comme son précédent essai, il se perd dans son bazar, l'humour ne fonctionne pas, le délire est mal calibré... Pas de sens du dosage, celui qui lui réussissait tant sur ses deux premières œuvres. Le mauvais goût est de mise. J'ai du mal à saisir les raisons de l'échec. Quand bien même il aurait subi des pressions politiques, rien ne justifie l'inégalité de la réalisation, qui tue dans l'œuf une direction artistique de bonne facture et une vraie envie de cinéma. Des travellings latéraux s'enchaînant jusqu'à la nausée, une virtuosité calquée sur mille clichés de spectacles musicaux filmés (Busby Berkeley, etc...), un montage sans idées, sans rythme (les conversations à deux sont d'une platitude de découpage...)... Mais c'est coloré, jovial, énergique, bien joué (Jiang Wen charismatique, Shu Qi merveilleuse de fraicheur). Et il y a bien une poignée de séquences qui relève le niveau (la virée en voiture sous l'emprise de l'opium). Mais je pense qu'il est temps pour Jiang Wen de remettre son cinéma en question.

[5,5/10]

Le Soleil se lève aussi
6

Le Soleil se lève aussi (2007)

Tai yang zhao chang sheng qi

1 h 55 min. Sortie : 13 août 2008 (France). Drame

Film de Jiāng Wén

Jurassix a mis 6/10.

Annotation :

♦ Vu le 21 janvier ♦

Ça m'intéresse toujours, pour les films venus d'Orient, de mettre en parallèle les retours critiques asiatiques et occidentaux. En Europe, l'accueil du "Soleil se lève aussi" fut assez tiède (voire froid) alors que la critique chinoise en a fait un quasi-classique instantané. Pour ma part, je comprends tout à fait certains reproches. La narration est trop brumeuse et alambiquée, les visuels trop triviaux et trop jolis pour échapper au piège éternel du beau livre d'images (le bébé sur son tapis de fleurs, la récurrence des levers et couchers de soleil...)... La fantaisie loufoque propre à l'univers de Jiang Wen ne fonctionne que par intermittences (le perroquet convainc peu, et au contraire le lever du soleil façon bulle de savon est très beau) et peine décidément à trouver sa place. Mais il y a toujours de l'invention, beaucoup d'imagination (le rythme trépidant du montage et du filmage qui suit la cadence soutenue de Jaycee Chan), une solide direction d'acteurs... Et par dessus tout, pour ce qui est du fond, il me semble évident que le gouffre culturel qui nous sépare, français et chinois, joue beaucoup dans notre (non-)compréhension du propos de Jiang Wen. Toutes les qualités de sous-texte, tout le rapport à l'Histoire de la Chine, dans la droite lignée de "In the Heat of the Sun", m'ont complètement échappé, par manque de connaissances. À ceux qui souhaiteraient une explication de texte renseignée et accessible, je recommande chaudement l'article de Brigitte Duzan :
http://www.chinesemovies.com.fr/films_Jiang_Wen_Le_soleil.htm

[6/10]

Loving You
6.3

Loving You (1995)

Mou mei san taam

1 h 24 min. Sortie : 1 juin 1995 (Hong Kong). Policier, Drame, Romance

Film de Johnnie To

Jurassix a mis 6/10.

Annotation :

♦ Vu le 22 janvier ♦

Le premier film "personnel" de Johnnie To justifie à mes yeux que l'on se penche aussi sur ses premières réussites, dans l'ombre de sa période Milkyway. Plus qu'un film de rupture, c'est un film de transition qui s'appuie sur un sens de chroniqueur du quotidien de Hong Kong qu'il avait pu aiguiser sur "All About Ah-Long" par exemple. L'enjeu principal est le sauvetage d'un couple à la dérive, le rôle et la place du père auprès de son enfant est interrogé, les premiers plans filment un quartier délabré dont les éboueurs vident les poubelles... Le film s'adresse très directement aux classes populaires hongkongaises, et n'a pas encore dérivé vers le cinéma d'abstraction, de figures, de motifs, de pur genre finalement, qui allait faire sa notoriété par la suite. Le récit manque de finesse, il a ses défauts de structure et d'enjeux (entre autres l'absence de poids narratif des séquelles que Lau Ching-wan garde de son arrestation ratée, réduites à un "détail" en plus qui pousse le personnage à se remettre en question), l'action est parfois trop grandiloquente par rapport au ton sérieux et réaliste de l'ensemble (la course-poursuite sur les toits en ouverture, les explosions dans les locaux de la TVB), mais "Loving You" est bien tourné, neuf et sincère.

[6,5/10]

Le Lutteur et le Clown
7.2

Le Lutteur et le Clown (1957)

Borets i kloun

1 h 38 min. Sortie : 9 décembre 1957 (Russie). Comédie dramatique

Film de Boris Barnet et Konstantin Youdine

Jurassix a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

♦ Vu le 22 janvier ♦

Cet immense film porte l'art de la concision à un point de perfection pratiquement jamais atteint parmi tout ce que j'ai pu voir à ce jour. Il suffit de quelques secondes à peine pour saisir la chaleur et la profonde tendresse des relations humaines mises en scène par Barnet. L'amitié entre un lutteur et un clown scellée en une rencontre déterminante sur le chemin menant au cirque, l'affection réciproque d'Ivan pour Mimi, trapéziste talentueuse à la santé fragile, le désarroi de Dourov au décès de son fils, invisible aux yeux du spectateur... et tant d'autres personnages, foncièrement bons, sans ambiguïtés, dont les sentiments à l'égard des autres s'expriment en une poignée de plans. "Le Lutteur et le Clown", c'est le triomphe des gens simples sur le monde corrompu. La vision de Barnet est utopique, en total déphasage avec la réalité des choses, trop optimiste et naïve, mais c'est aussi là toute la puissance du cinéma soviétique : celle de fédérer les foules, indigner, montrer la noble marche à suivre : pour faire tomber un système injuste, il suffit simplement de refuser de jouer son jeu. Refuser de poursuivre un combat truqué, refuser de lisser son numéro comique au mépris du politiquement correct, refuser tout ce qui tend à nous déposséder de notre intégrité d'artiste, et donc d'homme. Nous pourrons être rejetés, mais tôt ou tard, l'honnêteté paiera, le méfait sera sanctionné. Film humaniste, porteur de belles valeurs, magnifiquement dirigé.

[9/10]

The Disaster Artist
6.6

The Disaster Artist (2017)

1 h 44 min. Sortie : 7 mars 2018 (France). Biopic, Comédie, Drame

Film de James Franco

Jurassix a mis 3/10.

Annotation :

♦ Vu le 23 janvier ♦

Je n'ai jamais été branché nanars mais "The Room"... C'est un culte, du mystère, des délires à n'en plus finir... J'ai beau revoir une scène pour la cinquantième fois, j'en rigole encore... James Franco aussi, on le comprendra. Son "Disaster Artist", c'est un fan-film, une blague entre potes. Il faut savoir que tout l'humour du film est volé d'Internet, je connaissais déjà tout. Et donc j'ai ri, grassement, parce que ça me rappelait des souvenirs. Mais disons-le, cinématographiquement, c'est du vent. Pas d'histoire : tout est ellipsé pour en venir vite aux anecdotes de tournage les plus farfelues. Pas de mise en scène : c'est téléfilmesque au possible, sans aucune recherche autre qu'imiter décors et costumes du film original. Pas non plus de jeu d'acteurs : Franco se paie la tête de Wiseau comme il l'aurait fait pour un sketch du SNL. La moindre scène un tant soit peu "sérieuse", pour nous faire croire qu'il y a quelque chose à raconter (une histoire d'amitié, un dur constat sur la difficulté d'un jeune acteur à s'imposer à Hollywood), est plombée par la roue libre de Franco, qui s'amuse, mais ne campe pas de personnage. Il singe des traits de caractère rigolos de ce sacré Tommy Wiseau. Les cartons de fin "Tommy Wiseau n'a toujours révélé ni son passé, ni son âge, ni d'où vient sa fortune" nous rappellent à quel point "The Disaster Artist" n'a pas de sujet. Franco est resté au stade du "lol c'est qui ce type ?". Tu avais tout un film pour y réfléchir mon grand. :/

[3/10]

La Vengeance d'un acteur
7.1

La Vengeance d'un acteur (1963)

Yukinojo Henge

1 h 53 min. Sortie : 13 janvier 1963 (Japon). Drame

Film de Kon Ichikawa

Jurassix a mis 7/10.

Annotation :

♦ Vu le 24 janvier ♦

Énorme mise en scène qui compense les faiblesses d'un scénario un peu maigre. Mais celui-ci a pour lui le mérite d'être clair et solide du point de vue de la dramaturgie. C'est le minimum, et on peut imaginer que sur le papier, "La Vengeance d'un acteur" ne proposait pas plus quand il fut commandé à Kon Ichikawa. Lequel s'est alors attelé à la transformation de fond en comble d'un jidai-geki très balisé, taillé pour son acteur principal (qui fêtait son 300ème film) en une œuvre expérimentale, un exercice de style profondément original, d'une somptueuse beauté picturale. Jouant un rôle pour infiltrer les cercles du shogunat, Yukinojô Nakamura, comme Kon Ichikawa, ne quitte pas un instant le théâtre kabuki qui ouvre le film. Il reste onnagata, conserve ses manières, sa gestuelle, sa sentimentalité, et ses vêtements féminins, théâtre et réalité ne font plus qu'un : voilà le prétexte à un tour de mise en scène passionnant autour de la fusion entre kabuki et cinéma. Les éclairages fantasmatiques, les nuits charbonneuses au cœur desquelles s'y découpent les silhouettes flamboyantes des personnages, la précision des compositions..., le film est un régal pour les yeux. Sans que le reste soit négligé, l'excellence des comédiens (Kazuo Hasegawa parfait dans un double-rôle, Ayako Wakao aussi troublante que chez Masumura) et la forte expressivité des ambiances ne manquent pas d'émouvoir.

[7,5/10]

Pentagon Papers
6.7

Pentagon Papers (2017)

The Post

1 h 56 min. Sortie : 24 janvier 2018 (France). Biopic, Drame, Historique

Film de Steven Spielberg

Jurassix a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

♦ Vu le 25 janvier ♦

Deux bémols, deux impératifs politiques que Spielberg s'est assurément imposés lui-même : un plan sur Meryl Streep, baignée dans une lumière angélique, qui marche fièrement au travers d'une foule de femmes (que des femmes), béates d'admiration. Une scène finale d'ouverture sur le scandale du Watergate qui ferait passer Nixon/Trump pour le Docteur Gang d'Inspecteur Gadget. Deux petits bouts de gras que le contexte actuel nous donne du mal à pardonner, mais que je réévaluerai, pour sûr, avec la même bienveillance que les excès idéalistes de Capra ou de Ford, une fois les tensions de notre époque apaisées. Parce qu'autrement, "Pentagon Papers" est une réussite exemplaire, d'une intelligence d'écriture extrêmement rare de nos jours, qui confirme son auteur comme l'un des portraitistes d'une Amérique dévorée par la peur de l'échec, les plus fins et essentiels du cinéma hollywoodien d'aujourd'hui. Film féministe, qui ne fait pas l'éloge de Kay Graham sur le dos de ses collègues masculins. Son manque d'assurance, le fait qu'elle se sente illégitime à la tête du Post, son copinage avec les grandes figures de pouvoir américaines, tant de paramètres qui s'ajoutent aux mentalités machistes des 70's pour "expliquer" la prudence du conseil d'administration à son égard. Mais davantage que ces considérations un peu futiles qui faussent notre regard, je retiens la précision de caractérisation des personnages, qui s'expriment chacun en un gros plan, une légère mimique, un certain degré de tension vis-à-vis de la publication des rapports. La mise en scène, et non l'écriture, donne intégralement vie aux personnages secondaires, ces passeurs oubliés, anonymes, qui relaient les informations jusqu'aux rédacteurs. Il y a le courage de la directrice et d'un rédacteur en chef mais avant tout le courage de l'intégralité des maillons d'une chaîne humaine, fragile devant la loi, unie et soudée pour un idéal de vérité commun. L'acuité de la mise en scène est époustouflante, et la complexité du propos mise en rapport avec la simplicité des valeurs, d'une justesse qui ne peuvent que me laisser admiratif.

[8/10]

Sazen Tange, le pot d'un million de ryôs
7.9

Sazen Tange, le pot d'un million de ryôs (1935)

Tange Sazen yowa : Hyakuman ryô no tsubo

1 h 32 min. Sortie : 15 juin 1935 (Japon). Aventure, Comédie

Film de Sadao Yamanaka

Jurassix a mis 8/10.

Annotation :

♦ Vu le 29 janvier ♦

L'affiche est trompeuse, et on comprend, le film une fois vu, pourquoi Yamanaka fut proche d'Ozu. Non pas que les deux réalisateurs aient beaucoup en commun et puissent être comparés avec pertinence (pour ce film-ci du moins) mais "Sazen Tange, le pot d'un million de ryôs" dépasse largement le cadre de son genre, et narre avec bienveillance une fable familiale, alliant drame et comédie, dans un esprit plus proche de celui d'Ozu que celui des réalisateurs de films de samouraïs. La force du métrage réside en grande partie dans la drôlerie des personnages, et le ridicule des situations. Poissards émérites, le seigneur, son frère, Sazen Tange, se retrouveront en possession d'un pot très laid dont ils n'apprendront la valeur improbable d'un million de ryos qu'après s'en être débarrassé. L'amorce alors sans cesse reconduite d'un formidable jeu de dupes où le dupé s'essaie dupeur. Par bêtise, orgueil mal placé et hypocrisie, le pot leur échappera toujours. Il faudra le geste généreux et désintéressé d'un petit orphelin au centre sans le savoir de toutes les convoitises, pour récupérer l'objet, symbole finalement de la grandeur insoupçonnée des hommes infortunés (l'orphelin donc, et ses parents adoptifs, le samouraï manchot et borgne, et sa "mécène", la tenancière d'une maison de jeux).

[8/10]

Manhunt
4.1

Manhunt (2017)

1 h 46 min. Sortie : 23 novembre 2017 (Hong Kong). Action, Thriller

Film de John Woo

Jurassix a mis 2/10.

Annotation :

♦ Vu le 30 janvier ♦

Cette catastrophe... Rien ne va, RIEN. Juste pas de mots, allez zou aux oubliettes.

[2/10]

Priest of Darkness
7

Priest of Darkness (1936)

Kôchiyama Sôshun

1 h 22 min. Sortie : 30 avril 1936 (Japon). Drame

Film de Sadao Yamanaka

Jurassix a mis 7/10.

Annotation :

♦ Vu le 31 janvier ♦

Détail involontaire qui fait sens à mes yeux : la présence au casting de Setsuko Hara et Daisuke Katô, actrice et acteur dont j'associe l'image aux gendaigeki des trente années à venir (image partiellement fausse, Katô a tourné beaucoup de chanbaras par exemple, mais je ne parle que pour moi). Il correspond bien au désir de Sadao Yamanaka : dissoudre les frontières qui séparent gendaigeki et jidaigeki. On retrouve ainsi un procédé de narration similaire au "Pot d'un Million de Ryos", une déclinaison japonaise du McGuffin hitchcockien, un objet perdu/volé de grande valeur, qui va mettre en branle tout un microcosme et toucher aussi bien les "chasseurs de trésors" que les hommes extérieurs à l'affaire. Le couteau volé est donc bien sûr un simple outil narratif, un prétexte pour révéler la vraie personnalité des personnages, et par là, alterner scènes légères et graves. Malheureusement, le récit traîne un peu la patte, la faute à une multitude de personnages et de sous-intrigues qui font perdre de vue les enjeux. La trame est confuse, les personnages trop peu creusés, et le final ampoulé s'accorde mal avec le dépouillement de la première heure. J'ai un peu perdu le fil, même si l'identité du cinéaste est très précieuse.

[7/10]

Désir
7.4

Désir (1936)

Desire

1 h 35 min. Sortie : 29 avril 1936 (France). Comédie dramatique

Film de Frank Borzage

Jurassix a mis 7/10.

Annotation :

♦ Vu le 1er février ♦

Dietrich et Cooper de retour devant la caméra conjointe de Borzage et Lubitsch a de quoi allécher. Si l'on se demande au départ si la sophistication bourgeoise de Lubitsch ne risque pas d'atrophier la puissance emphatique du cinéma de Borzage, tous nos doutes s'évaporent dès que l'idylle entre Dietrich et Cooper se met en place. À n'en pas douter, Tom Bradley est un personnage auquel s'identifie pleinement Borzage, loin des canons lubitschiens. C'est un petit homme du peuple, pas très malin, même un peu concon, aux plaisirs communs, dépourvu de l'éloquence du Gary Cooper de "Sérénade à trois". Un bourrin quoi, mais avec un cœur d'or, un franc-parler et une sincérité dont on ne peut douter. La caméra n'a donc aucune crainte à s'en rapprocher, à capturer en gros plans sa conquête d'une Marlene Dietrich séduite par surprise par son charme puéril. Les grands discours romantiques fonctionnent par décalage (Cooper qui déclare sa flamme à une Dietrich feignant de dormir, qui baille en réponse), et évidemment, l'humour subtil, la délicatesse de la mise en scène, et la finesse des interprétation du couple d'acteurs, emportent sans forcer l'adhésion du spectateur.

[7,5/10]

A Hero Never Dies
6.9

A Hero Never Dies (1998)

Chan sam ying hung

1 h 38 min. Sortie : 14 janvier 2021 (France). Drame, Action, Gangster

Film de Johnnie To

Jurassix a mis 5/10.

Annotation :

♦ Vu le 4 février ♦

Film un peu neuneu sur les bords quand même, qui frime tellement qu'on se demande si cette boursouflure de chaque instant n'est pas gentiment parodique. La partition épique de Raymond Wong était-elle la plus adaptée pour une scène où le héros urine ? Que penser de ce face-à-face au bar, hilarant de bêtise, où les deux amis rivaux s'amusent à casser leurs verres de vin "avec style" (comprendre "maîtriser la force") ? L'heroic bloodshed est pompeux par essence, rarement il n'eût été aussi grotesque. L'humour est au ras des pâquerettes, le mélo ne saurait être plus attendu, les personnages sont tous stéréotypés, Lau Ching-wan fait le job, Leon Lai est inexistant, les seconds rôles assurent le minimum... À quoi peut-on encore d'accrocher ? Au savoir-faire de mise en scène de To, à son aisance de découpage, à un plaisir de filmer communicatif... Et à quelques détails éclairants sur sa filmographie : des exubérances stylistiques mises en scène comme un jeu qui annoncent "Exilé", un chevaleresque assez rare chez lui, qui nous rappelle d'où il vient, un désir de social pas encore complètement éteint (mais ça reste survolé ne nous emportons pas). Pas difficile de comprendre pourquoi "A Hero Never Dies" est devenu un objet de culte pour une communauté de HKphiles mais ça ne vole pas bien haut.

[5/10]

Pauvres humains et ballons de papier
7.4

Pauvres humains et ballons de papier (1937)

Ninjô kami fûsen

1 h 26 min. Sortie : 25 août 1937 (Japon). Drame

Film de Sadao Yamanaka

Jurassix a mis 8/10.

Annotation :

♦ Vu le 5 février ♦

Point de fioritures ici, point d'épate, point de grandiloquence, et nul besoin cette fois d'affirmer une identité, de rédiger en lettres majuscules la note d'intention. Les ambitions de Sadao Yamanaka sont claires et limpides, telles le seront la mise en scène et l'écriture, d'une magnifique sobriété, dans la continuité logique du processus d'appropriation "réaliste" du jidaigeki aperçu dans ses deux précédents films (non disparus). "Pauvres humains et ballons de papier" déroule son récit tout en retenue, et laisse de côté les personnages extravagants, l'humour sarcastique, les fulgurants mais non moins jouissifs combats au sabre qui émaillaient les œuvres du passé. Il reste un fort caractère social, qu'un humour noir discret et une très grande galerie de personnages viennent accentuer. On peut se perdre à nouveau dans les fils enchevêtrés du récit mais la force des personnages, pauvres, laissés pour compte par les puissants d'un Japon en pleine récession, subtilement incarnés par des acteurs de théâtre, suffit à suivre sans baisse d'attention un film dont le pessimisme et le funèbre cyclique des images prennent une autre dimension compte tenu de la carrière tragiquement écourtée du Jean Vigo japonais.

[8/10]

Le 15h17 pour Paris
4.7

Le 15h17 pour Paris (2018)

The 15:17 to Paris

1 h 34 min. Sortie : 7 février 2018 (France). Drame, Thriller, Biopic

Film de Clint Eastwood

Jurassix a mis 6/10.

Annotation :

♦ Vu le 8 février ♦

La fin de carrière de Clint Eastwood prend une trajectoire passionnante. De plus en plus modestes, ses derniers films visent paradoxalement à radioscoper l'Amérique à travers les destins variés de personnages nés et élevés dans le système, travaillant et vivant pour sa pérennité. De "vrais américains", patriotes, croyant dur comme fer à la grandeur de leur pays, au bienfondé de leur combat. Patriote, Eastwood l'est aussi, sans pour autant partager le point de vue de ses héros. Eastwood filme, mais ne juge pas, il met tous ses moyens de cinéaste au service de leur histoire, il leur rend hommage, le plus humblement possible. Cette démarche d'authenticité absolue, jusque dans la banalité des dialogues, le voyage "carte postale" en Europe, et évidemment la participation des vrais acteurs de l'évènement, est aussi intrigante que boiteuse. Le voyage humain est un voyage pétri de clichés, mais dans ses conditions, lequel ne le serait pas ? Eastwood les interroge aussi (peu subtilement cependant) mais mon problème avec "Le 15h17 pour Paris" serait la simple idée de croire que l'authenticité à tout prix serait une fin en soi. Si le film vit, il n'en reste pas moins affadi par la mollesse des scènes de vie, qui aimeraient faire du cinéma du quotidien à l'européenne dans un cadre de cinéma hollywoodien. La symbiose s'opère assez mal dans mon cas, même si je reconnais l'audace des parti-pris.

[6,5/10]

Running Out of Time
7

Running Out of Time (1999)

Am zin

1 h 33 min. Sortie : 4 mars 2004 (France). Action, Drame, Thriller

Film de Johnnie To

Jurassix a mis 6/10.

Annotation :

♦ Vu le 11 février ♦

Intéressant qu'en 99 sortaient en salles coup sur coup deux Johnnie To majeurs pour des raisons différentes : "The Mission" et "Running Out of Time", le premier, confirmation artistique d'un cinéaste définitivement consacré auteur-clé du cinéma d'action mondial, le second, énorme succès commercial imposant la Milkyway Image comme studio de premier plan au box-office local. Le premier est un film de mise en scène, le second mise davantage sur son scénario, coécrit par deux Français très cinéphiles et très connaisseurs des règles qui régissent le film policier. Ainsi, "Running Out of Time" est un film à concepts, un jeu (comme le présentent eux-mêmes les deux protagonistes) qui consiste à mettre les personnages dans des situations vues et revues du genre, et à les retravailler, pour surprendre. Un scénario d'apprenti scénariste, non dénué de talent, mais encore trop occupé par ses effets, par la trouvaille du "moment culte". Pas de génie, mais de l'astuce, et une indéniable efficacité, bien soutenue par un Johnnie To sûr de lui, qui sait gérer tension, rythme et élégance avec une belle virtuosité. Encore petit maître mais un potentiel qui s'affine de film en film.

[6,5/10]

Divorce à l'italienne
7.4

Divorce à l'italienne (1961)

Divorzio all'italiana

1 h 45 min. Sortie : 22 mai 1962 (France). Comédie dramatique, Romance

Film de Pietro Germi

Jurassix a mis 7/10.

Annotation :

♦ Vu le 12 février ♦

La comédie est d'une férocité et d'un grotesque tels qu'on oublierait que derrière la satire se cache une véritable revendication : légaliser le divorce en Italie. Interdire le divorce, c'est frustrer, c'est pousser au mensonge, c'est alimenter les tabous sociaux, nourrir l'hypocrisie. Une hypocrisie qui ne touche pas que les couples, mais la société italienne dans son entièreté nous dit Pietro Germi. Tout le monde en prend plein pour son grade, des pécheurs aux curés, des jouvencelles aux hommes mûrs, des prolos aux bourgeois... En privé comme en public (la projection de la "Dolce Vita") ! Pas un pour rattraper l'autre, même l'innocence se révèle corrompue ! "Divorce à l'italienne" se plait donc à s'amuser, par tous les moyens cinématographiques à sa disposition, de cette immoralité globalisée, normalisée. La voix off hilarante de Ferdinando, qui imagine sa défense larmoyante à son futur procès, le vaudeville génial des scènes d'espionnage où le héros écoute sournoisement dans sa chambre sa femme tomber dans les bras (non sans mal) de son ancien amant, les tics de Mastroianni (génial)... et des idées de narration à n'en plus finir... Tout le monde est pathétique mais attachant par leurs rêves de gosses. Finalement, c'est ça, ce sont des enfants qui ne se rendent pas compte de la gravité de leurs actions. Puisqu'ils vivent dans une société où l'on ne sait plus juger le moral et l'immoral.

[7,5/10]

Blue Velvet
7.5

Blue Velvet (1986)

2 h. Sortie : 21 janvier 1987 (France). Drame, Thriller, Film noir

Film de David Lynch

Jurassix a mis 8/10.

Annotation :

♦ Revu le 15 février ♦

J'avais le souvenir du premier grand chef d'œuvre de son auteur, je suis malheureusement un petit peu déçu à la revoyure même si je garde un regard attendri et généreux sur cette matrice définitive de toute l'œuvre lynchienne à venir, qui a tout l'air d'une première œuvre. En tout cas, elle en a les défauts. Dont le premier, inévitable, celui d'être trop gourmand. L'intrigue a beau être simple, et on a beau entendre régulièrement les amoureux du film vanter les mérites de sa concision, je trouve les développements narratifs assez précipités. Quelle place laisser à l'enquête ? Au triangle œdipien Dorothy-Jeffrey-Frank ? Au couple Jeffrey/Sandy ? À chacun de ces arcs ses grands moments, à temps égal. Aucun n'est privilégié, d'où un récit certes équilibré mais un peu coincé, qui gagnerait à digresser, à choisir un chemin (ce côté brusque vaut pour d'autres aspects du film, un exemple comme un autre : ses chansons-phares, stoppées net abruptement, toujours trop tôt). On devine où il veut en venir, on sait que ce qui importe à Lynch, ce sont les contrastes, mais, aussi libres puissent être l'inspiration graphique et les choix de mise en scène, le scénario est encore trop celui d'un étudiant de cinéma qui connaît parfaitement les rouages du film à mystères d'influence hitchcockienne, et partirait de cette base pour la transgresser, et se l'approprier. "Blue Velvet" respire Lynch évidemment mais on sent qu'il lui manquait le temps. Le temps d'explorer son univers, d'interroger le rôle des motifs qui l'obsèdent, de choisir quelle œuvre il souhaiterait construire. Nul doute que pour ces raisons, "Twin Peaks" lui a fait un bien fou, et lui a apporté des réponses.

[8/10] (-1)

Jurassix

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