Journal de Bord - Cinéma (2020)

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02/01 - Vu

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03/01 - Vu

Je ne sais pas si j'aime toujours le cinéma de Desplechin, ou si c'est simplement que Rois & Reine met en exergue les limites que je trouve à son cinéma, ou en tout cas fait ressortir tous les aspects qui peuvent me crisper chez lui. Déjà l’an dernier, en découvrant Roubaix une Lumière quelque chose m’avait tout de suite tenu à distance : les aspérités fantastiques, merveilleuses qui font que son cinéma boîte constamment entre le naturalisme (enfin quoi que ce terme ne semble pas juste) et le genre en donnant au film une certaine artificialité rendant risible « l’irréel » et inauthentique les scènes de vie et les personnages. Je ne peux m’empêcher d’y voir un cinéaste – sans doute – sensible, admirant ses maîtres – et hélas le plus mauvais côté de Truffaut – mais dont l'expérience de la vie se limite à ce qu'il a vu chez eux, et il ne sait que faire avec cela. C’est assez touchant dans la passion qui s’en dégage et parfois ça fonctionne (la fin entre Amalric et l’enfant) mais je regarde bien trop souvent ça d’une manière mi-amusée, mi-moqueuse. J’ai repensé au Cœurs d’Alain Resnais qui fait ouvertement le pari de l’artificialité dans un cadre codifié du cinéma français, mais qui lui arrivait pleinement à braquer sa caméra sur les cœurs, les âmes, comme si cet « irréel » était devenu le réel et que tout, des décors aux dialogues n’était que matière des sentiments.

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04/01 - Vu

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05/01 - Vu

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09/01 - Vu

J’ai longtemps eu une crainte avec Sokourov, celle de voir l’œuvre d’un cinéaste méprisant son art et délaissant par conséquent son essence et ses particularités pour imiter les beaux-arts. Il y a peut-être un peu de ça chez lui, mais à la différence de beaucoup de cinéastes ayant cette même pensée et se contentant d’imiter bêtement des tableaux en faisant de beaux-cadres, très polis, bien photographiés, bref de la photographie-filmée, Sokourov pense constamment à comment le faire grâce à l’outil du cinéma. Il y a un geste radical chez lui qui montre une rupture avec une bonne partie du cinéma, celui de travailler directement la pellicule, c’est radical car cela témoigne d’une chose, sa matière n’est pas le réel, le tangible mais l’image même et par extension sa matière c’est l’émotion, les impressions, les sentiments, la pensée. L’image-sensible, l’image-pensée, l’image-métaphysique, il rejoint certains cinéastes expérimentaux en ce sens mais voir cela porté à cette extrémité et dans le cadre de la fiction, du récit me fascine. J’aurais bien du mal à parler précisément de ses films, malgré toute l’érudition et l’intelligence qu’ils peuvent déployer parfois, ça reste un cinéma de « l’extra-sensibilité » sur lequel nos mots bien trop concrets et limitants auraient du mal à se poser.

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13/01 - Vu au cinéma (Le Cinématographe)

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14/01 - Revu au cinéma (Le Cinématographe)

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15/01 - Vu

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20/01 - Vu au cinéma (Katorza)

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21/01 - Vu au cinéma (Le Concorde)

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25/01 - Vu au cinéma (Katorza)

La réalisation-performance est définitivement devenue le nouvel académisme. 1917 n'est qu'une preuve supplémentaire d'un cinéma - et d'une cinéphilie - qui a abandonné l'idée même de penser les images et pour qui la mise en scène (qui n'est plus clairement définit chez eux tant elle est confondue avec la photographie) n'est qu'un échafaudage technique devant montrer les muscles et marquer. On a presque l'impression d'être réactionnaire en ressortant ce qui a une époque était une évidence dans la cinéphilie, mais apparemment il faut le répéter : la mise en scène est un regard sur le monde et pour reprendre JLG « une affaire de morale ». Pris de ce point de vue le film de Mendes est au mieux stupide au pire profondément honteux. On est dans une telle non-conscientisation du rapport aux images - hors effet technique bien entendu - dans une telle innocence niaiseuse qu’on a bien du mal à être énervé contre le film et qu’on se préoccupe plus de la maturité et de l’intelligence de son auteur. Sam n’a rien à dire, ne pense pas, il n’a aucune vision de l’homme – et aucun regard humain -, aucune vision de l’histoire, aucune vision de la guerre, rien. Sam fait joujou à la guerre. On a rapproché le film du JV dans sa trame scénaristique mais c’est dans son rapport aux images virtuelles que le film me frappe. C’est comme si pour Mendes l’histoire et les guerres passées étaient entrées dans le domaine du virtuel à cause de leur éloignement et de leur représentations modernes, plus rien n’a de corps, de tangibilité, l’histoire est une toile de fond, les balles ne tuent plus vraiment, les hommes ne souffrent plus et ne sont plus que des PNJ et on s’amuse à traverser tranchées et villes en ruines comme s'il s'agissait d'un territoire virtuel à explorer. La première guerre mondiale, un des plus grands massacres de l'histoire n'est plus qu'une aventure proprète bon qu'à faire joujou au grand cinéaste, à l'esthète. On ne croit à rien.

Pour ressortir de ces considérations – même si c’est lié – ce cinéma-performance me fait rire d’un pur point de vue du spectacle et du point de vue émotionnel, rien ne fonctionne. Exemple concret au début du film : les deux héros s’apprêtent à quitter la tranchée pour aller sur le champ de bataille, là où une peur, une tension devrait naître chez le spectateur une seule chose arrive et c'est une interrogation : à quelle prouesse technique va-t-on avoir le droit ?

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26/01 - Vu

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28/01 - Vu

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28/01 - Revu

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29/01 - Vu au cinéma (Le Cinématographe)

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29/01 - Revu au cinéma (Le Cinématographe)

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02/02 - Revu au cinéma (Le Cinématographe)

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03/02 - Revu

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05/02 - Vu

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07/02 - Vu au cinéma (Katorza)

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08/02 - Vu au cinéma (Le Cinématographe)

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09/02 - Vu au cinéma (Le Cinématographe)

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10/02 - Vu au cinéma (Le Cinématographe)

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11/02 - Vu au cinéma (Katorza)

Je suis assez partagé, à vrai dire chaque intention de Kossakovsky me parait aussi intéressante et pertinente, qu’agaçante et poseuse. Mon premier point porte sur la mise en scène, tout le gigantisme du dispositif de Kossakovsky témoigne d’une volonté d’ancrer son point de vue non pas du côté de l’homme face à la nature, mais du côté de la nature même, de l’eau en l’occurrence, comme une entité écrasante, polymorphe, indomptable. Il faut prendre « point de vue de l’eau » de façon littéral, la mise en scène est à ce point impérieuse qu’elle est bien la seule à ne pas se faire écraser par la force de l’eau, à partir de là, le film propose bien des choses : filmer l’eau dans tout ses états, comme une matière en perpétuelle mutation, en perpétuel mouvement, subissant les affres du désastre écologique avec violence par la fin d’une stagnation paisible. L’eau sous tous ses contours également, comme une matière vivante, expressive ; à ce titre j’aime beaucoup les plans vus du dessus qui donnant mille expressions aux mouvements de l’eau. Seulement on franchit bien trop souvent la ligne du pur geste plastique un peu vain et vite lassant tant il veut se montrer, et surtout, dans cette optique l’utilisation de la musique, en plus de témoigner d’un très mauvais goût (On est tout de même face à un sommet de vulgarité musicale) fait sombrer le film dans le formalisme et le fait sortir de ce « point de vue de l’eau », le bruit seul de la mer aurait dû dominer le film, d’autant plus que lorsque le film s’intéresse au son il en devient d’autant plus fascinant et évocateur (le glaciers qui s’effondrent et se détachent). Mon second point porte sur la narration du film, j’aime beaucoup sa façon de créer une dramaturgie et un discours par le mouvement seul de l’eau et ses conséquences, c’est une histoire, une tragédie qui se crée sous nos yeux, sans aucun témoin humain. Il y a quelque chose d’assez fascinant dans toute la force crépusculaire que cela génère. Cependant il y a quelque chose d’assez simpliste dans le discours du film, et à ce titre faire commencer le film sur le lac Baïkal en filmant les agissements d’hommes simples me semble être un peu facile. Ce qui me pose problème c’est que Kossakovsky semble pointer du doigt des responsabilités individuelles et tombe dans le discours moralisateur du vilain homme face à la nature, au lieu de s’intéresser aux problèmes structurels, aux idéologies productivistes, capitalistes et mondialistes.

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12/02 - Vu

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14/02 - Vu

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15/02 - Vu

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16/02 - Vu

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17/02 - Vu

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18/02 - Vu