Journal de bord - Lectures (2022)
29 livres
créee il y a presque 3 ans · modifiée il y a presque 2 ansL'Origine (1975)
Die Ursache
Sortie : 1975. Autobiographie & mémoires
livre de Thomas Bernhard
Alifib a mis 7/10.
Annotation :
Janvier
« C'est précisément ici, sur ce sol mortel qui m'a été donné à ma naissance que je suis chez moi et je suis plus chez moi dans cette ville (mortelle) et dans cette région (mortelle) que dans d'autres. Aujourd'hui, quand je parcours cette ville et que je crois que cette ville n'a rien de commun avec moi parce que depuis longtemps je ne veux avoir plus rien de commun avec elle, tout de moi (intérieurement et extérieurement) vient d'elle. Cette ville et moi nous formons une relation de toute la vie, une relation inséparable bien que terrible.»
« Nous sommes procréés mais non promis à l'éducation. Avec toute leur stupidité nos procréateurs agissent contre nous après nous avoir procréés, ils agissent avec toute la maladresse qui détruit un être humain. Dès les trois premières années de sa vie ils ruinent tout chez un nouvel être humain dont ils ignorent tout, sauf, à supposer qu'ils le sachent, qu'ils l'ont fabriqué inconsidérément et irresponsablement et ils ignorent par là qu'ils ont commis le plus grand des crimes. Dans une ignorance et une bassesse complètes, nos procréateurs il faut bien dire nos parents, nous ont mis au monde et, une fois que nous sommes là, ils ne réussissent pas à en finir avec nous. Toutes leurs tentatives pour en finir avec nous sont des échecs, ils abandonnent de bonne heure la partie mais toujours trop tard, toujours à l'instant où ils nous ont détruits depuis bien longtemps car c'est dans les trois premières années de la vie, les années décisives de la vie, dont cependant nos procréateurs faisant fonction de parents ne savent rien, ne veulent, ne peuvent rien savoir parce que durant des siècles tout a toujours été fait pour favoriser cette ignorance qui est la leur, c'est donc dans ces trois premières années que nos procréateurs nous ont détruit et anéantis avec cette ignorance, toujours détruits et anéantis pour toute notre vie.»
La Cave
Der Keller
Sortie : 1976 (France). Autobiographie & mémoires
livre de Thomas Bernhard
Alifib a mis 8/10.
Annotation :
Janvier
« J’ai tout écouté et je n’ai rien suivi. J’expérimente encore aujourd’hui, ne pas savoir comment cela finira, cela fascine l’homme seul que je recommence à être. Depuis longtemps je ne me suis plus interrogé sur le sens des mots qui ne font que tout rendre de plus en plus incompréhensible. La vie en soi, l’existence en soi, tout est lieu commun. Lorsque, comme je le fais à présent, nous nous remémorons le passé, tout se règle peu à peu de soi-même. A perpétuité nous sommes en compagnie d’êtres qui ne savent pas la plus petite chose sur nous, mais prétendent continuellement tout savoir sur nous ; nos parents et nos amis les plus proches ne savent rien parce que nous-mêmes, nous ne savons pas grand chose à ce sujet. Toute notre vie, nous sommes en train de nous explorer, nous allons sans cesse à la limite de nos moyens intellectuels et nous renonçons. Nos efforts finissent dans l’inconscience totale et dans une dépression fatale, sans cesse mortelle. Ce que nous-même nous ne nous risquons jamais à prétendre, parce que nous sommes nous-mêmes effectivement incompétents, d’autres se risquent à nous le reprocher en négligeant à dessein ou non de voir tout de notre personne physique et morale. Nous sommes constamment des êtres rejetés par les autres qui, chaque nouvelle journée, doivent se retrouver, trier, assembler leur morceaux, se reconstituer. Nous portons nous-mêmes, à mesure que nous progressons en âge, un jugement de plus en plus sévère et il nous faut accepter, du côté opposé, un jugement deux fois plus sévère. »
« Ainsi, chacun, peu importe ce qu'il est, peu importe absolument ce qu'il fait, est sans cesse renvoyé à lui même, il est un cauchemar seulement alimenté par lui-même. S'il en était selon les désirs des autres, je n'existerais plus et chaque journée qui arrive et qui est devenue réalité en est la preuve. J'ai l'impression d'exister comme sourcier à l'intérieur de ma propre tête. Suis-je une pièce ou une victime de la machine à existence qui tourne de plus en plus vite, brise et broie sans cesse tout ce qui est en elle ? Je me le demande. Il est impossible que la réponse arrive. Mon caractère est tous les caractères réunis, mes désirs sont tous les désirs réunis, mes espérances, désespoirs, bouleversements. Seule la dissimulation me sauve provisoirement puis de nouveau le contraire de la dissimulation. Là où nous cherchons refuge, nous trouvons l'incompétence. »
La Raison dans l'Histoire (1822)
Die Vernunft in der Geschichte
Sortie : 24 mai 2012 (France). Essai, Philosophie
livre de G. W. F. Hegel
Alifib a mis 8/10.
Annotation :
Janvier
« Se produire, se faire l’objet de soi-même, se connaître soi-même : voilà l’activité de l’esprit [...] L’esprit se produit et se réalise selon sa connaissance de lui-même ; et il agit en sorte que ce qu’il sait de lui-même devienne une réalité. Ainsi tout se ramène à la connaissance de soi de l’Esprit. Quand il sait qu’il est libre, c’est tout autre chose que lorsqu’il ne le sait pas. Quand il ne le sait pas, il est l’esclave et se satisfait de sa servitude ; il ne sait pas que l’esclavage est contraire à sa nature. C’est seulement l’expérience de la liberté qui libère l’Esprit, bien qu’en soi et pour soi il demeure toujours libre »
« La première connaissance de l’Esprit, tel qu’il apparaît sous la forme de l’individu humain, nous montre qu’il est sentant. Il n’y a pas encore ici d’objectivité. Nous nous trouvons déterminé de telle ou telle façon. Je cherche à me dégager de cette détermination, et en procédant ainsi je me divise d’avec moi-même. Alors mes sentiments deviennent un monde externe et un monde intérieur. Mais en même temps apparaît un autre aspect de la condition humaine : je me sens déficient, négatif ; je trouve en moi une contradiction qui menace de me dissoudre. Mais j’existe ; et je le sais, et j’oppose cela à cette négation, à cette déficience ! Je me maintiens à l’existence et je cherche à supprimer cette déficience. Ainsi je suis désir. L’objet du désir est alors l’objet de ma satisfaction de la reconstitution de mon unité. Tout ce qui est vivant a des désirs. Ainsi nous sommes des êtres naturels, et le désir appartient au monde sensible en général. Les objets, dans la mesure où je les désire, sont des moyens d’intégration, ce qui constitue le fondement général de la théorie et de la pratique. Mais dans la perception de ces objets du désir, nous nous trouvons immédiatement plongés dans l’extériorité et devenons nous-même extérieurs. Les perceptions sont particulières, sensibles. Le désir l’est également qu’elle que soit son contenu. [...] l’homme se connaît soi-même et par là se distingue de l’animal. Il est pensant ; mais penser c’est connaître l’universel. Par la pensée le contenu est réduit au simple et l’homme lui-même se simplifie, c'est-à-dire s'intériorise et s’idéalise. A vrai dire, c’est moi qui suis l’intériorité et la simplicité : c’est seulement dans la mesure où je transpose le contenu dans cette simplicité qu’il devient universel et idéal »
Le Souffle (1978)
Der Atem
Sortie : juin 2007 (France). Autobiographie & mémoires
livre de Thomas Bernhard
Alifib a mis 7/10.
Annotation :
Janvier
« Ce séjour à l'hôpital lui était apparu tut à fait soudainement comme une nécessité inévitable, absolument pas au sens médical mais dans un sens existentiel ; ici, à l'hôpital, dans ce district de la souffrance incitant carrément, selon lui, à avoir des pensées d'une importance vitale et qui décident de l'existence, il en était arrivé à une réflexion fondamentale sur sa situation et aussi sur la mienne. De temps en temps, de pareilles maladies, effectives ou non, selon son expression nous étaient nécessaires pour pouvoir nous créer ces idées auxquelles l'homme ne parvient pas sans avoir temporairement une pareille maladie. Si nous ne sommes pas tout simplement contraints de la façon naturelle, donc du fait de la nature, à aller dans ces districts de la pensée comme le sont sans aucun doute ces hôpitaux et, au sens large, ces hospices, il nous faut aller de la façon artificielle dans ces hôpitaux et hospices même si nous devons d'abord découvrir, inventer ou même artificiellement produire en nous ces maladies qui nous contraignent à entrer dans les hôpitaux et, au sens large, dans les hospices parce que autrement nous ne seront pas en état de parvenir à l'activité de la pensée importante pour la vie et qui décide de l'existence. [..] A présent que j'avais franchi le mauvais cap, j'avais aussi moi-même la possibilité de considérer mon séjour à l'hôpital comme un séjour dans un district de pensée et d'exploiter ce séjour en accord avec cette idée. Toutefois il ne doutait pas que j'aie eu moi-même cette idée depuis bien longtemps et que je me sois déjà mis à exploiter cette possibilité. Un malade est un voyant, personne d'autre n'aperçoit plus clairement l'image du monde. Quand il aura quitté l'Enfer, ainsi avait-il qualifié désormais l'hôpital, les difficultés qui, ces derniers temps lui avaient rendu le travail impossible seront écartées. L’artiste, l’écrivain en particulier, qui ne va pas de temps en temps dans un hôpital, donc ne va pas dans un de ces districts de la pensée, décisifs pour sa vie, nécessaires à son existence, se perd avec le temps dans l’insignifiance parce qu’il s’empêtre dans les choses superficielles… L’artiste, l’écrivain qui, pour quelques raisons que ce soit, se défile devant ce fait est à priori condamné à l’insignifiance absolue. Si nous tombons malades de la façon naturelle et devons aller dans un pareil hôpital, nous pouvons dire que nous avons de la chance. »
Le Froid (1981)
Die Kälte
Sortie : janvier 2001 (France). Autobiographie & mémoires
livre de Thomas Bernhard
Alifib a mis 8/10.
Annotation :
Janvier
« Tout à coup, je ne me défendais plus contre cela, je ne pensais plus à tricher avec le nouveau malheur. Obéissant à une logique d'une clarté stupéfiante je m'étais plié, j'avais fait abandon de moi-même, je m'étais soumis [...] j'avais ma place non en révolté, non en protestataire, j'avais ma place dans la société qui s'éteint, dans la société qui s'en va. Je m'enfonçais dans cette pensée, qui tout à fait subitement n'étais nullement absurde pour moi et j'en arrivais à la conclusion : c'est ici que je veux être ! Où donc ailleurs ? {..] J'avais accepté la misère humaine et je ne voulais plus souffrir qu'on me la prenne, que rien, que personne ne me la prenne. [...] Comment pouvais-je croire avoir ma place là où la pourriture et l'absence d'espoir absolu étranglaient l'âme, éteignaient le cerveau ? Vraisemblablement il m'avait été plus facile de me laisser tout simplement tomber que de me révolter, d'être en opposition, la vérité est aussi simple que cela. Nous cédons souvent, nous abandonnons souvent la partie pour notre confort. Mais au prix de la vie, de l'existence totale, dont je ne pouvais évidemment pas savoir combien au fond elle était précieuse [...] J'avais choisi le confort, la bassesse de m'adapter et d'abandonner la partie au lieu de résister de toutes mes forces, d'engager un combat, peu importe quelle ne sera l'issue. Par goût du confort et par lâcheté j'avais pris exemple sur ces millions qui étaient entrés dans la mort »
«J'avais vraiment toujours été près d'étouffer tant que j'avais été à Salzbourg et, en ce temps-là, je n'avais qu'une pensée : la pensée du suicide ; toutefois, pour me suicider réellement j'étais trop lâche et également beaucoup trop curieux de tout, toute ma vie j'ai été d'une curiosité impudente, cela m'a toujours empêché de me suicider, je me serais mille fois tué si je n'avais pas été retenu à la surface de la terre par mon impudence curiosité. Toute ma vie je n'ai rien admiré davantage que ceux qui se suicident. Ils me dépassent en tout, ai-je toujours pensé, en tout, je ne veux rien et je suis attaché à la vie, aussi abominable et médiocre soit-elle, aussi répugnante et vile, aussi bas soit son prix et aussi abjecte soit-elle. Au lieu de me tuer, je conclus les compromis les plus répugnants, je m'abaisse au niveau de tout un chacun et je me réfugie dans la mollesse comme dans une fourrure nauséabonde mais qui réchauffe, dans la pitoyable survie ! Je me méprisais parce que je continuais à vivre. »
Hegel (2012)
Sortie : 11 octobre 2012. Essai, Philosophie
livre de Kostas Papaioannou
Alifib a mis 9/10.
Annotation :
Janvier/Février
« La fuite religieuse hors du monde est elle-même conditionné par le monde »
« La religion est fonction et traduction du degré de liberté politique »
« La négativité c’est Dieu et l’homme en proie à leur commune déficience. L’histoire n’est que le conflit perpétuellement renaissant entre le besoin inné du Tout et de l’Infini avec le désir de se reposer dans une figure limitée, le “beau moment” faustien. Hegel a pu voir alors l’univers entier comme une seule et unique tension entre la totalité infinie et ses moments finis. La contradiction devient ainsi l’essence des choses : “toutes les choses sont contradictoires en soi”. La peur de la logique formelle d’accepter la contradiction est la peur devant la vie car seules les choses mortes ignorent la contradiction, mais celle-ci est “la racine de tout mouvement de de toute vitalité ; c’est seulement dans la mesure où elle renferme une contradiction qu'une chose est capable de mouvement, d’activité”. Les anciens dialecticiens avaient raison lorsqu’ils dénonçaient les contradictions que comporte le mouvement ; “cependant il ne s’ensuit pas que le mouvement n’existe pas, mais plutôt que le mouvement est la contradiction même existant concrètement. La contradiction “doit se retrouver dans toute expérience, dans toute réalité, dans tout concept”. L’identité ne correspond à rien de “vivant” : “c’est seulement lorsqu’il est poussé à la pointe de la contradiction que le multiple s’éveille et s’anime, et trouve en elle la négativité qui est la pulsation immanente de l'auto mouvement de de la vitalité". »
« l’aliénation a été le moyen par lequel ce monde objectif a été construit et dans ce monde tout a été un instrument d’aliénation »
« L’univers entier a été fouillé par la raison et transformé par l’action : la chose n’est plus la chose opaque de la perception, mais l’objet façonné par le travail du négatif, posé par l’homme, devenu l’objectivation de l’homme. A ce niveau l’œuvre sociale est devenue “l’œuvre vraie”, la compénétration totale du sujet et de l’objet, mais le créateur de cette œuvre est encore le géant acéphale qui opère aveuglément dans et par la multitude des individus isolés dans lesquels il s’est “dispersé de même que la nature disperse sa vie en figure d’une infinie variété sans qu’y soit présent leur genre”. »
Un enfant (1982)
Ein Kind
Sortie : 1984 (France). Autobiographie & mémoires
livre de Thomas Bernhard
Alifib a mis 6/10.
Annotation :
Février
"Le mot suicide était l'un de ses mots les plus naturels, il m'est familier depuis ma toute première enfance, avant tout dans la bouche de mon grand-père. J'ai l'expérience de la façon d'utiliser ce mot. Pas de conversation, pas d'enseignement de sa part sans qu'ils n'aient été suivis inévitablement de la constatation que le bien le plus précieux de l'homme était de se soustraire au monde par sa libre décision, par le suicide, de se tuer à tout moment qui lui plaît. Lui-même, toute sa vie avait été spéculé avec cette pensée, c'était la spéculation qu'il avait poussé avec le plus de passion, je l'ai reprise à mon propre compte. A toute heure, a tout moment que nous voulons, nous pouvons nous suicider, le plus possible de la façon la plus esthétique, disait-il. Pouvoir tirer da révérence, disait-il, était la seule pensée effectivement merveilleuse"
Trois études sur Hegel
Sortie : 12 septembre 2003 (France). Essai, Philosophie
livre de Theodor W. Adorno
Annotation :
Février
"Hegel a reconnu la priorité du Tout
sur ses parties finies, insuffisantes et contradictoires dans leur confrontation avec lui. Mais il n'a ni déduit une métaphysique du principe abstrait de la totalité, ni glorifié le Tout en tant que tel au nom de la « bonne » forme. Loin de rendre autonomes les parties contre le Tout en en faisant ses éléments, Hegel, critique du romantisme, sait au contraire que le Tout ne se réalise qu'à travers les parties, à travers le déchirement, l'aliénation et la réflexion, bref tout ce sur quoi la théorie de la forme jette l'anathème. Chez lui, le Tout n'existe vraiment que comme ensemble de tous les moments partiels dont chacun tend à son propre dépassement et qui procèdent les uns des autres; au-delà d'eux, il n'est rien."
"C'est précisément l'extrême pointe idéaliste de sa pensée, la construction du sujet-objet, qu'on ne peut d'aucune manière attribuer à l'emportement d'un concept déchaîné. Ce qui déjà chez Kant constitue le moteur secret, c'est l'idée que la scission en sujet et objet du monde - dans lequel, prisonniers en quelque sorte de notre propre constitution, nous n'avons affaire qu'à des phénomènes n'est pas le dernier mot. À cela Hegel ajoute quelque chose qui n'est pas kantien: à savoir qu'en saisissant conceptuellement l'obstacle, la limite imposée à la subjectivité, qu'en la perçant à jour comme «simple » subjectivité nous serions déjà au-delà de la limite. Hegel, qui à bien des égards est un Kant parvenu à son accomplissement, est mû par la pensée que s'il y a connaissance c'est, par définition, la connaissance tout entière, que tout jugement unilatéral vise l'absolu par sa simple forme et n'a de cesse qu'il n'ait trouvé son dépassement dans l'absolu. "
Tristesse de la terre (2014)
une histoire de Buffalo Bill Cody
Sortie : août 2014 (France). Roman
livre de Éric Vuillard
Alifib a mis 8/10.
Annotation :
Mars
« Sitting Bull n'a sans doute jamais été si seul qu'à cette minute, au milieu des drapeaux américains, dans la grande machine à divertir. Il n'était pas aussi seul lorsqu'il vivait en exil au Canada, parmi une poignée de proscrits ; l'obscurité première et impénétrable. Et certes, on était seul à cheval, sous la pluie glacée, errant entre les formes imprécises, dans la grande forêt. Oui, on était seul et triste, mais on était libre, on était plein d'une haine brûlante. Et maintenant Sitting Bull est seul dans l'arène ; la grande chose qu'il aimait est restée en arrière, très loin. Et, ici, dans les gradins, ils ne sont venus que pour ça, tout le monde est venu voir ça, simple ça : la solitude »
« Quelques Indiens à cheval tournent autour des rangers en criant comme Buffalo Bill leur a appris à le faire. Ils font claquer leur paume sur leur bouche, whou ! whou ! whou ! Et cela rend une sorte de cri sauvage, inhumain. Mais ce cri de guerre, ils ne l'ont poussé ni dans les Grande Plaines ni au Canada, ni nulle part d'ailleurs - c'est une pure invention de Buffalo Bill. Et ce cri de scène, cette formidable trouvaille de bateleur, ils savent pas encore qu'il leur faudra le pousser sans cesse, dans toutes les mises en scène où on les emploiera à jouer les figurants de leur propre malheur. Oui, ils ignorent encore le destin de ce truc inventé par Buffalo Bill, ils ne peuvent pas imaginer que tous les enfants du monde occidental vont désormais, tournant autour du feu, faire vibrer leur paume sur leur bouche, en poussant des "cris de sioux" ; ils ne peuvent pas imaginer le prodigieux avenir de cette chose grotesque, le fabuleux pouvoir de combustion de sens à travers le spectacle. Et cependant, ils durent en éprouver en secret toute l'horreur »
« Que le bonhomme du Dakota nous pardonne. Qu'il nous ramène de son prétérit, s'il le peut, sa besace de soucis, là où les fragments d'Histoire s'emboîtent comme des mâchoires. Regardons-le une dernière fois.
Aimons sa tristesse, son incompréhension, nous la partageons, ses enfants sont les nôtres, son petit chapeau nous irait peut-être ! Regardons-le. La nuit est blanche. Souffle-moi ce qu'il faut écrire. S'il te plaît, ne me montre plus ton visage, ne me regarde pas. La terre est triste, le corps est seul. Je ne vois plus rien. Et toi, tu es là, roi pauvre, ayant pioché la mauvaise carte. »
Du côté de chez Swann (1913)
À la recherche du temps perdu / 1
Sortie : 14 novembre 1913. Roman
livre de Marcel Proust
Alifib a mis 9/10.
Annotation :
Mars
L'Unique et sa Propriété (1844)
Der Einzige und sein Eigentum
Sortie : 1844. Essai, Philosophie
livre de Max Stirner
Alifib a mis 7/10.
Annotation :
Avril
L'Idéologie allemande (1932)
Die deutsche Ideologie
Sortie : 2005 (France). Essai, Philosophie
livre de Friedrich Engels et Karl Marx
Alifib a mis 9/10.
Annotation :
Avril
Première partie uniquement (Feuerbach), formidable exposé de ce qu'est le matérialisme historique.
« Les pensées de la classe dominante sont aussi, à toutes les époques, les pensées dominantes, autrement dit la classe qui est la puissance matérielle dominante de la société est aussi la puissance dominante spirituelle. La classe qui dispose des moyens de la production matérielle dispose, du même coup, des moyens de la production intellectuelle, si bien que, l’un dans l’autre, les pensées de ceux à qui sont refusés les moyens de production intellectuelle sont soumises du même coup à cette classe dominante. Les pensées dominantes ne sont pas autre chose que l’expression idéale des rapports matériels dominants, elles sont ces rapports matériels dominants saisis sous forme d’idées, donc l’expression des rapports qui font d’une classe la classe dominante ; autrement dit, ce sont les idées de sa domination. [...] chaque nouvelle classe qui prend la place de celle qui dominait avant elle est obligée, ne fût-ce que pour parvenir à ses fins, de représenter son intérêt comme l’intérêt commun de tous les membres de la société ou, pour exprimer les choses sur le plan des idées : cette classe est obligée de donner à ses pensées la forme de l’universalité, de les représenter comme étant les seules raisonnables, les seules universellement valables »
Fin de partie (1957)
Sortie : 1957 (France). Théâtre
livre de Samuel Beckett
Alifib a mis 8/10.
Annotation :
Avril
Antigone (-441)
(traduction Paul Mazon)
Antigónê
Sortie : 1997 (France). Théâtre
livre de Sophocle
Alifib a mis 8/10.
Annotation :
Avril
À l'ombre des jeunes filles en fleurs (1919)
À la recherche du temps perdu / 2
Sortie : 1919 (France). Roman
livre de Marcel Proust
Alifib a mis 10/10.
Annotation :
Mai/Juin
Les Soldats de Salamine (2001)
Soldados de Salamina
Sortie : février 2004 (France). Roman
livre de Javier Cercas
Alifib a mis 7/10.
Annotation :
Juin
Comment lire Le capital de Marx ?
Sortie : 15 octobre 2015 (France). Essai
livre de Michael Heinrich
Alifib l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Juin
Absalon, Absalon ! (1936)
Absalom, Absalom!
Sortie : 1953 (France). Roman
livre de William Faulkner
Alifib l'a mis en envie.
Annotation :
Juillet
Le Livre de l'intranquillité
O Livro do desassossego por Bernardo Soares
Sortie : 1982 (France). Journal & carnet, Aphorismes & pensées
livre de Fernando Pessoa
Alifib a mis 9/10.
Annotation :
Avril à Aout
La Vie de Galilée (1938)
Leben des Galilei
Sortie : 13 juin 1997 (France). Théâtre
livre de Bertolt Brecht
Alifib a mis 9/10.
Annotation :
Septembre
Le Bleu du ciel (1957)
Sortie : 1957 (France). Roman
livre de Georges Bataille
Alifib a mis 5/10.
Annotation :
Septembre
Thésée, sa vie nouvelle (2020)
Sortie : 20 août 2020. Roman
livre de Camille de Toledo
Alifib a mis 9/10.
Annotation :
Octobre
Le Capital, livre I (1867)
Das Kapital : Kritik der politischen Ökonomie
Sortie : 5 juin 2008 (France). Essai, Politique & économie
livre de Karl Marx
Alifib a mis 10/10.
Annotation :
Juin - Octobre
Le Docteur Jivago (1957)
Доктор Живаго
Sortie : 1958 (France). Roman
livre de Boris Pasternak
Alifib a mis 5/10.
Annotation :
Octobre
Abandonné aux deux tiers
Histoire et conscience de classe (1923)
Sortie : 1 mars 1960 (France). Essai, Culture & société
livre de Georg Lukács
Alifib a mis 8/10.
Annotation :
Novembre
Victoire (1915)
Victory
Sortie : 1915. Roman
livre de Joseph Conrad
Alifib a mis 8/10.
Annotation :
Novembre
L'Amérique
Amerika
Sortie : 1927 (France). Roman
livre de Franz Kafka
Alifib a mis 9/10.
Annotation :
Décembre
Petit organon pour le théâtre
Kleines Organon für das Theater
Sortie : 1948 (France). Essai
livre de Bertolt Brecht
Alifib a mis 8/10.
Annotation :
Décembre
Rencontres avec Jean-Marie Straub et Danièle Huillet (2008)
Sortie : 2008 (France). Entretien
livre de Danièle Huillet, Jean-Marie Straub et Jean-Louis Raymond
Alifib l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Décembre