Journal de classe 2024
222 films
créée il y a 12 mois · modifiée il y a environ 14 heuresHow to Have Sex (2023)
1 h 31 min. Sortie : 15 novembre 2023 (France). Drame
Film de Molly Manning Walker
Peaky a mis 5/10.
Annotation :
1/1
Sorte de Spring Breakers qui se perd en chemin. Avec trois jeunes anglaises qui partent faire la fête en Crête dans l’espoir de se mettre complètement à l’envers, la réalisatrice Molly Walker veut aborder le thème de l’ambiguïté du consentement.
Et franchement, vu comment ça partait, je pensais que le film allait faire la triplette avec Saltburn et Bottoms, mes deux films préférés de 2023. Malheureusement, il n’en est rien.
Je trouve qu’il y a une bonne retranscription de l’ambiance de ce genre d’endroits sortis des enfers (pour en avoir fait l’expérience). Et malgré son esthétique souvent réussie, le film tourne complètement en rond. Le scénario est inexistant, les personnages ne subissent pas d’évolution. Puis j’ai peut-être halluciné, mais une des trois filles disparait une nuit, on commence à se mettre à sa recherche, puis il y a une sorte de flashback et puis c’est complètement oublié, on en fera jamais mention.
Bref, pas du tout convaincu.
Dream Scenario (2023)
1 h 41 min. Sortie : 27 décembre 2023 (France). Comédie, Fantastique
Film de Kristoffer Borgli
Peaky a mis 8/10.
Annotation :
1/1
Dans la série Community, je me souviens d’une scène où le cerveau d’Abed explosait suite à la question « Est-ce que Nicolas Cage est un bon acteur ou pas ». Et bien si il y avait encore le moindre doute, la question est définitivement scellée.
Déjà, quel plaisir d’avoir une idée aussi originale. Un professeur d’université commence à apparaitre dans les rêves de plein de gens. Pas seulement de ses connaissances, mais aléatoirement à travers le monde. Evidemment, le phénomène lui attire une popularité qu’il va essayer de gérer.
Mais une fois cette idée établie, on se demande où le film va nous emmener, ce qu’il va faire de cette idée. Et je trouve la réponse giga intéressante, y a plein de choses qui se dégagent de ce film (sur la conscience collective, sur la cancel culture). C’est un film très riche, bien rythmé, très bien interprété. Vraiment, je ne pense pas l’oublier de si tôt.
Reality (2022)
1 h 22 min. Sortie : 16 août 2023 (France). Drame, Thriller
Film de Tina Satter
Peaky a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
2/1
Le film est une retranscription mot pour mot de l’enregistrement audio d’une perquisition du FBI, enquêtant sur Reality Winner, une linguiste qui avait accès à des documents confidentiels.
Ce procédé ne laisse que très peu de liberté aux acteurs et à la réalisatrice, on pourrait presque dire que n’importe aurait pu adapter cette histoire. On ressent quand même une tension très pesante du début à la fin. Les enquêteurs se comportent de manière vraiment bizarre, alternant paranoïa et décontraction. Leur comportement est presque frustrant, certains dialogues sont surréalistes.
L’histoire est certes très intéressante mais le film en lui-même n’a que peu de valeur « cinématographique », si ce n’est la performance de Sidney Sweeney, actrice continuellement exceptionnelle et promise à un immense futur.
Fermer les yeux (2023)
Cerrar los ojos
2 h 49 min. Sortie : 16 août 2023 (France). Drame
Film de Victor Erice
Peaky a mis 5/10.
Annotation :
2/1
Pas du tout accroché à ce film de Victor Erice, qui revient à l’âge de 83 ans, après plus de 30 ans d’absence. Si j’étais déjà passé à côté de son film L’esprit de la ruche qui était hyper métaphorique, celui-ci m’a juste ennuyé.
C’est l’histoire d’un ancien réalisateur qui est contacté pour participer à une émission de télévision sur la disparition non résolue d’un de ses acteurs. Il se replonge dans cette époque, à travers le matériel du film et les personnes qui y ont participé.
Il y a une certaine lenteur, un certain flegme qui m’a fait décrocher, c’est terriblement amorphe. Et là où le cinéma Ceylan sublime ses longueurs par des images bouleversantes, ici la réalisation est juste sans génie, enchainant les champs / contre-champs. Ca m’a fait penser aux derniers films d’Almodovar.
Winter Break (2023)
The Holdovers
2 h 13 min. Sortie : 13 décembre 2023 (France). Comédie dramatique
Film de Alexander Payne
Peaky a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
4/1
Film de Noël très réussi, The Holdovers raconte la cohabitation compliquée entre des étudiants devant rester dans leur internat pendant les fêtes et leur sévère professeur chargé de les surveiller. Le film prend un tournant assez inattendu après 45 minutes, en réduisant drastiquement le nombre de protagonistes mais malgré ça, il continue de fonctionner.
Les anglais ont un terme très approprié pour ce genre de films, c’est « heartwarming », littéralement, qui réchauffe le coeur. A côté de Paul Giamatti, il y a des acteurs débutants qui livrent d’excellentes performances (Dominic Sessa est bluffant, on dirait qu’il a fait toute sa vie).
Après ça reste un film de Noël, et on devine tout le film avant même qu’il ne commence. Les trajectoires de tous les personnages sont tracées à la latte (allez non, sans blague que le professer allait finir par s’adoucir). C’est ultra sympa mais ne commencez pas à parler de film de l’année ou de course aux oscars pour ce genre de film de circonstance assez lambda.
Marcel le coquillage (avec ses chaussures) (2021)
Marcel the Shell with Shoes On
1 h 30 min. Sortie : 14 juin 2023 (France). Animation, Comédie, Drame
Long-métrage d'animation de Dean Fleischer-Camp
Peaky a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
4/1
C’est mignon comme tout mais vu que je suis hyper aigri, ça fonctionne deux minutes avec moi, pas nonante. Je veux dire, on ne me fera pas changer d’idée que ça aurait mieux fonctionner en tant que court ou moyen métrage. Puis ça m’a fait penser aux parents qui filment et exploitent leurs enfants juste pour se faire de la tune sur YouTube.
Je dois quand même dire que c’est une des rares fois où le mélange prise de vue réelle / animation (stop-motion ici) fonctionne vraiment. C’est le genre de projet indépendant qu’il faut absolument saluer.
Le Cercle des neiges (2023)
La sociedad de la nieve
2 h 23 min. Sortie : 4 janvier 2024 (France). Drame, Historique
Film de J. A. Bayona
Peaky a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
5/1
Très franche réussite, le nouveau Bayona ouvre le bal des sorties 2024 et a déjà des chances de finir dans les tops de fin d’année. Le film relate l’incroyable vraie histoire de la survie d’une équipe de rugby, après que leur avion se soit crashé dans les Andes.
Dès l’exceptionnelle scène du crash (certainement le meilleur porté à l’écran), le film se révèle être violemment sensoriel. On est physiquement atteint par ce crash, je me sentais compressé, écrasé, j’ai carrément arrêté de respirer comme si je vivais moi-même l’expérience. Ensuite, c’est le froid glacial qu’on ressentira. Le film ne laisse aucun répit, quand on pense les personnages être au fond du trou, ils creusent encore leur tombe.
Si le thème qui monopolise le récit est le cannibalisme, le cercle des neiges est aussi un film sur la foi. Car autant que la chaire humaine, c’est aussi la nourriture spirituelle qui peut faire tenir, faire avancer ces survivants.
Dans des décors de montagnes enneigées absolument splendides, Bayona nous sort son meilleur film, une expérience immersive et marquante.
Je verrai toujours vos visages (2023)
1 h 58 min. Sortie : 29 mars 2023. Drame
Film de Jeanne Herry
Peaky a mis 7/10.
Annotation :
5/1
Je verrai toujours vos visages nous parle de la Justice Restaurative, qui a pour but de mettre en contacts des criminels et des victimes, notamment dans des cercles de parole. L’approche de la réalisatrice est très documentaire, anti-spectaculaire. Les histoires sont très touchantes. Il y a des moments qui m’ont vraiment agrippé alors que je ne m’y attendais pas du tout (l’histoire de Miou-Miou par exemple). Les acteurs sont tous assez formidables.
Par contre, je dois quand même parler d’une chose qui m’a quand même dérangé. J’avais l’impression de voir une gigantesque pub pour la justice restaurative, sans remise en question. C’est limite on essaie de nous vendre un produit infaillible (jusqu’à totalement dénigrer le travail des psychologues, les « amis payants »). Puis c’est toujours le même problème avec les films incapables de choisir entre docu et fiction, y a un entre-deux qui me dérange (d'un côté il y a peu de qualités purement cinématographiques, de l'autre les deux histoires ne se mélangent jamais, il manque une vision d'ensemble).
Yellow Door : Laboratoire underground du cinéma coréen (2023)
1 h 24 min. Sortie : 27 octobre 2023. Cinéma
Documentaire de Lee Hyuk-rae
Peaky a mis 5/10.
Annotation :
Yellow Door est un documentaire mené par Bong Joon-Ho, sur un groupe de cinéma estudiantin dont il faisait partie. C’est le tout début la nouvelle vague coréenne, qui voit l’émergence de jeunes cinéphiles qui bouillonnent de passion.
C’est sympathique comme tout, entre Bong Joon-Ho parler c’est du bonheur. Malgré tout, on a l’impression d’assister à une réunion de vieux copains (c’est le cas), sans y être vraiment invité. Ils se remémorent plein de détails insignifiants pour nous.
Concrete Utopia (2023)
Konkeuriteu Yutopia
2 h 10 min. Sortie : 1 mai 2024 (France). Drame, Thriller, Science-fiction
Film de Uhm Tae-Hwa
Peaky a mis 7/10.
Annotation :
6/1
La Corée a fait son choix, c’est ce film qui représentera le pays aux Oscars. Alors ça ne veut pas dire que c’est ce que le pays a fait de mieux cette année (coucou Anatomie d’une chute), mais c’est tout de même un petit gage de confiance et de qualité.
Concrète Utopie est un film catastrophe, où un gigantesque séisme frappe la Corée, détruisant absolument tout, excepté un seul immeuble qui devient objet de tous les désirs. Une véritable nouvelle société va se créer parmi les résidents.
Alors ce n’est pas du tout un film catastrophe qui respecte les codes du genre, on ne voit pas les choses habituelles et logiques. Par exemple, les survivants n’essaient même pas de s’informer via la radio / tv (rien n’est mentionné à ce sujet). Il n’y aura jamais le moindre signe de quelconque renfort, même international. Le sujet est totalement ailleurs, il s’agit d’explorer le comportement humain face à la situation (sujet qui, admettons-le, a déjà largement été abordé).
C’est tout de même extrêmement bien rythmé, très divertissant et Lee Byung-Hun (JSA, J’ai rencontré le diable, A bittesweet life…) s’en donne à coeur joie. J’aime assez bien la fin aussi.
Othello (1951)
The Tragedy of Othello, the Moor of Venice
1 h 30 min. Sortie : 19 novembre 1952 (France). Drame, Romance
Film de Orson Welles
Peaky a mis 7/10.
Annotation :
7/1
D’un point de vue strictement technique, Orson Welles c’est une pure dinguerie. Il met une mandale à tous ses contemporains, c’est une leçon de cinéma ahurissante. Tout y passe, et particulièrement : un énorme travail sur les perspectives, sur les lignes directrices (la première scène de funérailles mon dieu), sur les jeux d’ombre et de reflets, sur les angles de vue qui ont toujours une signification et enfin sur les ordres de grandeur (dans des décors médiévaux encore une fois fabuleux).
C’est d’autant plus remarquable que Orson Welles disposait d’un très maigre budget. Il dû étalé le tournage sur trois ans, faire des pauses pour toucher des cachets d’acteurs et voler des costumes et des caméras.
D’un point scénaristiques / dialogues, j’ai un peu de mal avec les adaptations fidèles shakespeariennes (que Welles raffole). C’est toujours délicat à suivre, surtout que la traduction n’est jamais complètement fidèle au texte original. En outre, je n’ai pas compris quelles étaient les motivations du méchant Iago pour vouloir à tout prix détruite Othello. Et il y a beaucoup de choses qui ne sont pas expliquées, Orson Welles fait des coupes partout dans le texte original (1h30 de film au lieu de 3 heures de pièce). Le montage est ultra rapide, c’est pas évident.
Shiva Baby (2020)
1 h 17 min. Sortie : 11 juin 2021 (France). Comédie, Drame
Film de Emma Seligman
Peaky a mis 3/10.
Annotation :
8/1
Après l’énorme coup de coeur Bottoms (littéralement proche d’être mon film préféré de 2023), j’étais obligé de voir le premier film d’Emma Seligman.
Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ce fut la douche froide. Le film se déroule presque en temps réel, lors d’une shiva (une réception mortuaire juive). Et c’était juste l’enfer. Le film n’est déjà pas drôle (mais je ne pense pas qu’il cherche à l’être), mais il est plutôt angoissant et énervant (notamment avec son horrible musique qui veut créer une tension insupportable). Ca m’a vite taper sur les nerfs, à aucun moment c’est agréable. En fait, c’est presque plus un film d’horreur à la Get Out qu’autre chose.
Puis le film tourne en rond continuellement, y a très peu d’idées (toutes les trois minutes on demande au personnage principal si elle a un copain et ce qu’elle va faire après ses études ; le personnage ment et ceux qui savent qu’elle ment essaient de la mettre dans le mal en faisant des sous-entendus devant tout le monde ).
Le Bonheur (1965)
1 h 20 min. Sortie : 10 février 1965. Drame, Romance
Film de Agnès Varda
Peaky a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
10/1
Et bien, j’ai beaucoup aimé ! Ca me plait largement davantage que Cléo de 5 à 7, c’est autrement plus joyeux et agréable. Alors c’est certes très documentaire, on est dans la vie de tous les jours, les petits moments du quotidien mais qu’est-ce que c’est joli.
Puis quel travail exceptionnel sur les couleurs, fortement inspiré de tableaux impressionnistes. Il y a tellement d’attention porté à la mise en scène, il y a presque quelque chose de Wes Anderson.
J’aime beaucoup la fluidité du film mais surtout son optimisme à tout épreuve. C’est assez intéressant de traiter le thème de l’infidélité d’une manière aussi positive, sous le prisme strictement de la joie, du plaisir, du bonheur.
C’est un petit bonbon, c’est assez révolutionnaire pour l’époque et surtout, hier comme aujourd’hui, ça fait du bien.
Miraï, ma petite soeur (2018)
Mirai no Mirai
1 h 38 min. Sortie : 26 décembre 2018 (France). Animation, Drame, Fantastique
Long-métrage d'animation de Mamoru Hosoda
Peaky a mis 5/10.
Annotation :
11/1
J’aime énormément Hosoda, j’ai aimé tous ses films (excepté les Digimon que je n’ai pas vu). Mais alors celui-ci, je le trouve beaucoup plus mineur et inoffensif que les autres. Je trouve qu’on avait la place pour faire un court-métrage, et que le film s’étale inutilement, sans provoquer la moindre émotion si ce n’est l’agacement face aux caprices du gamin.
Dans cette étude de la jalousie chez le jeune garçon qui voit arriver une petite soeur dans la vie de famille, on évite pas de gros problèmes de rythme. Ce n’est pas une aventure, la chronologie n’a presque pas d’importance (on aura pu intervertir plein de scènes). A peu de choses près, le film aurait pu s’arrêter à n’importe quel moment. Du coup, je n’étais jamais investi dans le film.
Alors la fin est certes super chouette (à partir de la gare) et on retrouve le chara-design et le style d’animation charismatique d’Hosoda, reconnaissable au premier coup d’oeil. Mais ça reste une déception pour ma part.
L'Enlèvement (2023)
Rapito
2 h 15 min. Sortie : 1 novembre 2023 (France). Drame, Historique
Film de Marco Bellocchio
Peaky a mis 6/10.
Annotation :
13/1
Je suis assez embêté. Déjà, parce que j’avais beaucoup aimé Il Traditore, et qu’à nouveau, je trouve que la qualité de l’image est juste exceptionnelle. Je ne sais pas quelles caméras Bellochio a utilisé, mais qu’est-ce que ça rend bien. Le sujet est lui aussi très intéressant (l’Eglise qui kidnappe un enfant juif afin de le convertir, stratégie impulsée par le Pape Pie IX).
J’étais donc très emballé au début, mais finalement, je trouve que la sauce ne prend véritablement jamais. Le film s’enferme dans un académisme et un didactisme très lourd. Il s’en tient à raconter chronologiquement les faits, sans vigueur, sans émotion. Je dirais même que le film prend très peu position, effleure à peine son sujet. Je ne me suis jamais senti investi, la plupart des personnages sont détestables.
Je vais peut-être trop loin dans l’analyse mais j’ai l’impression que le film échoue à raconter la grande histoire (les pratiques de l’Eglise mais aussi le processus d’unification du pays au XIXe) et que la petite histoire (celle du garçon enlevé) ne se suffit pas à elle-même
Bonjour (1959)
Ohayô
1 h 30 min. Sortie : 12 mai 1959 (Japon). Comédie
Film de Yasujirō Ozu
Peaky a mis 6/10.
Annotation :
15/1
Dans Bonjour, Ozu nous parle des difficultés de commutation entre générations, notamment liées à l’évolution de la société japonaise. Ainsi, les formules de politesse qui sont vues comme inutiles par les enfants mais qui sont le ciment de la société pour les adultes. Autour de ce fil rouge, le film aborde plein de thématiques différentes. Il y a des combats au niveau des adultes (les rumeurs dans un petit village, les commérages, les malentendus) et au niveau enfants (l’arrivée de la télévision dans les foyers, la désobéissance).
Mais couleurs ou non, on ne changera pas Ozu, fidèle à lui-même. On est toujours à 100% de plans fixes, toujours une caméra placée au sol (les fameux « tatami shots »). Même si la composition des cadres est intéressante et travaillée, l’absence total de mouvement reste l’antithèse de ce que j’aime au cinéma. Et puis y a rien à faire, le thème des pets au cinéma, ça a beau être Ozu, c’est juste non. Il s’essaie à plus de légèreté, il introduit des éléments comiques dont il peu habitué afin de répondre aux demandes mercantiles, mais pas ça Ozu, pas toi.
Frantic (1988)
2 h. Sortie : 30 mars 1988 (France). Policier, Drame, Thriller
Film de Roman Polanski
Peaky a mis 7/10.
Annotation :
17/1
C’est toujours la roulette russe quand, en désespoir de cause, tu lances un film un peu au hasard sur Netflix. Et bonne pioche pour le coup, pour ce film noir très hitchcockien où Harrisson Ford retourne toute Paris pour retrouver sa femme kidnappée. Il s’y perd dans une recherche labyrinthique, désespérée. Il semble être pris au piège par la ville, et de ce fait correspond parfaitement aux critères du film noir (le critère ultime du film noir, c’est de mener l’enquête, de tomber le premier sur un cadavre et d’être suspecté du meurtre).
Le portrait de la France, ou plutôt de Paris, du point de vue d’un étranger, vise dans le mile. C’est cinglant et délicieux. Le rythme est parfaitement géré. Pas révolutionnaire mais tout à fait respectable.
Napoléon (2023)
Napoleon
2 h 38 min. Sortie : 22 novembre 2023. Biopic, Drame, Historique
Film de Ridley Scott
Peaky a mis 8/10.
Annotation :
17/1
En 2023, Napoléon est le seul film qui osa la décadence (Babylon étant un film de 2022). La mise en scène est grandiose et démesurée. Chaque image impose sa grandeur. Les scènes de bataille sont particulièrement majestueuses, s’articulant autour de milliers de figurants filmés simultanément par onze caméras. Même le choix de la musique est baroque et décadentL
Le portrait dressé de Napoléon est certes ambigu, mais il reflète bien tous les paradoxes du personnage névrosé. Impitoyable avec les hommes, il est impuissant face aux femmes (Joséphine évidemment, mais aussi sa mère). Un personnage qui veut tellement la paix, qu’il fait la guerre à tout le monde. Et qu’est-ce qu’on s’en contre-carre des légers raccourcis et facilités historiques. On a fait tout un foin autour de ça alors que l’analyse géopolitique des grandes puissances est assez rigoureuse et édifiante.
A l’intérieur de Napoléon se terre un grand film, limité seulement par sa durée raccourcie qui ne lui permet pas de raconter toute son histoire. Nul doute qu’un prochain Director’s Cut rétablira la vérité. Il est temps que l’inconscience collective cesse.
Adieu ma concubine (1993)
Bàwáng bié jī
2 h 51 min. Sortie : 27 octobre 1993 (France). Drame, Romance
Film de Chén Kǎi-Gē
Peaky a mis 8/10.
Annotation :
21/1
Chen Kai-Ge aura eu le courage de faire ce que Zhang Yimou n’a jamais osé. En étant le premier (et presque le seul, avec Lou Ye) réalisateur chinois à dénoncer ouvertement les déboires de la révolution culturelle, il donne à son film une force et une authenticité rare.
C’est une immense fresque de la Chine qu’il livre, à travers le destin de deux apprentis du théâtre chinois qui deviendront de grandes stars. Et cet art ancestral du théâtre chinois demande les plus grands sacrifices, plus encore que la gymnastique soviétique. D’ailleurs, la maltraitance sur enfants est complètement abusée, faut bien s’accrocher. C’est un art tellement précis, tellement demandeur, que le personnage de Leslie Cheung, magnifique acteur, va complètement se perdre dans son personnage, ne faisant plus qu’un avec lui.
J’ai trouvé une copie vraiment parfaite du film, je peux enfin télécharger de très gros fichiers avec mon nouvel ordi, ça fait la diff. Et quel plaisir de pouvoir admirer la qualité visuelle de ce film. J’ai adoré le début et la fin du film, j’ai eu un peu plus de mal avec le milieu. Je trouve qu’il y a parfois un manque de fluidité et qu’on se perd dans la fresque. L’histoire chinoise est tellement riche et complexe, que même en s’y connaissant (je donne cours sur ce sujet et je lis beaucoup de livres sur la période), on est vite dépassé par le manque de repères.
Baraka (1992)
1 h 36 min. Sortie : 12 janvier 1994 (France). Nature, Expérimental
Documentaire de Ron Fricke
Peaky a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
22/1
Baraka donne cette vivifiante impression que tout sur terre est connecté. Hommes, animaux, paysages… tout est relié, il n’y a pas de frontières, l’énergie circule partout. L’enchainement des images tournée à travers le monde est très bien choisie. Chaque image est un nouveau choc, chaque image est une claque. C’est une usine à fond d’écran mais pas seulement. Il y a quelque chose de mystique qui ressort de cette expérience.
Ron Fricke, directeur de la photographie sur Koyaanisqatsi, continue ici son travail sur le timelapse. Et on voit aussi toute l’influence que ce documentaire à pu avoir (je pense notamment aux documentaires animaliers de Netflix qui est allé piquer des idées, mais aussi à certains docus d’Herzog).
Cependant, je n’ai pas eu ce côté « fascination », « hypnotisant », faut quand même se le farcir le docu de 90 minutes avec juste des images et de la musique, sans voix off ou texte explicatif. Les liens, les métaphores, les interprétations tu les fais tout seul dans ta tête, on ne va pas venir t’aider.
Wonka (2023)
1 h 52 min. Sortie : 13 décembre 2023 (France). Aventure, Fantastique, Comédie musicale
Film de Paul King
Peaky a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
23/1
C’est un peu la version Wish de the Greatest Showman, c’est la même ambiance, le même moule. Et même si la comédie musicale est mon genre préféré au cinéma, j’ai tout de même été déçu. Il y a trop de choses qui ne vont pas, c’est trop peu ambitieux, très caricatural, peu intéressant, visuellement raté et, plus grave encore, les chansons sont tout sauf mémorables.
La magie n’arrive pas à prendre totalement pour moi. Cela dit, Chalamet sait vraiment tout faire et voir Jim Carter (Carson de Downton Abbey) qui chante, ça suffit à mon bonheur.
L'Insoumise (1938)
Jezebel
1 h 44 min. Sortie : 5 octobre 1938 (France). Drame, Romance
Film de William Wyler
Peaky a mis 7/10.
Annotation :
24/1
Wylliam Wyler est très fort, épisode 8.
L’insoumise est un drame romantique très avant-gardiste, dans un contexte de tensions entre le Nord abolitionniste et le Sud esclavagiste. C’est aussi la période de la fièvre jaune, le Covid de l’époque, épidémie qui provoque une paranoïa. C’est l’adaptation d’une pièce de théâtre, c’est donc très confiné au niveau des décors mais iça n’empêche que William Wyler reste le boss, il s’en sort admirablement dans de plus petits espaces.
Bette Davis, qui recevra l’oscar de la meilleure actrice pour sa performance, interprète un rôle féminin fort, qui ose briser les conventions, ne se laisse pas faire, un personnage moderne, presque autoritaire. Pour moi, je trouve qu’ils rendent son personnage un peu trop insupportable au début, égoïste et capricieuse. Et quand vient le temps de la rédemption, il nous manque un peu d’empathie. Quant à Henry Fonda, je l’ai trouvé particulièrement excellent.
Past Lives - Nos vies d’avant (2023)
Past Lives
1 h 46 min. Sortie : 13 décembre 2023 (France). Drame, Romance
Film de Celine Song
Peaky a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
24/1
Le regard face caméra de la première scène, il n’en faut pas plus pour me désarçonné. Je suis très sensible à ce genre d’histoires de destins croisés, d’individus qui se frôlent, style final de Your Name.
Le film est très doux-amer, délicat et subtil. Il est très décevant de ne pas voir l’actrice principale récompensée pour sa performance, énième preuve que l’académie a toujours récompensé l’acting en quantité qu’en qualité (et c’est pareil pour le montage et le son par exemple). C’est le premier film de la dramaturge Celine Song, il est ultra autobiographique et ça se sent.
Le seul problème quand on encense tellement un film, c’est qu’on a trop d’attentes et qu’on finit presque toujours par être déçu. Mais ça reste une douceur très agréable.
Pauvres Créatures (2023)
Poor Things
2 h 21 min. Sortie : 17 janvier 2024 (France). Comédie, Drame, Fantastique
Film de Yórgos Lánthimos
Peaky a mis 8/10.
Annotation :
25/1
Plus Lánthimos que ça, tu meurs. De Canine à La Favorite, c’est une synthèse de son cinéma. C’est chouette aussi, les réalisateurs qui ont une vraie identité, un style inimitable, reconnaissable par milliers. Et en même temps, et même si on tourne autour d’une réinterprétation tordue du mythe Frankenstein, c’est toujours un plaisir autant d’originalité à tous les niveaux. Moi j’adore ça plus que tout, on se fait bousculer, la proposition de cinéma, qu’on l’aime ou pas, est unique et jusqu’au-boutiste.
Je ne sais pas encore où je me positionne par rapport au film mais je sais une chose : j’ai passé une bonne séance et j’ai envie de revoir ce film un jour. Il y a tellement de choses à dire, à digérer. Rien que sur les décors, complètement baroques, dans une architecture mélangeant vieil Hollywood et idées futuristes. Des décors surréalistes qui poussent vers l’irréel, presque comme si on était dans Alice au pays des merveilles, avec en arrière-plan des couleurs apocalyptiques. Pareil pour le travail sur les costumes et le maquillage, il y a tellement de boulot.
Puis c’est un film d’acteurs aussi, où Emma Stones se livre corps (beaucoup) et âme (aussi) à son personnage. Mark Ruffalo m’a beaucoup impressionné, il se réinvente complètement.
Bref, le jury rendra son verdict une autre fois mais en attendant, je suis 100% défenseur de ce film.
Indiana Jones et le cadran de la destinée (2023)
Indiana Jones and the Dial of Destiny
2 h 34 min. Sortie : 28 juin 2023 (France). Action, Aventure, Science-fiction
Film de James Mangold
Peaky a mis 6/10.
Annotation :
28/1
J’ai découvert la trilogie originelle très tard, mais je l’ai tellement aimée. Par dessus tout, j’avais aimé sa noirceur, sa brutalité, son sarcasme, son sens inégalé de l’aventure. Indiana Jones, ça ne te ménage pas, c’est capable de surprendre à chaque instant.
Et c’est un peu une tristesse de la voir sombrer. Alors, entendons-nous bien, ce n’est pas un naufrage, j’ai même été assez séduit par le dernier tiers. Le film tient bien sa longueur, joue correctement sur le vieil âge de Harrison Ford (même si on est très loin de Logan par exemple, du même James Mangold). Les idées scénaristiques de la dernière partie sont palpitantes et intéressantes.
Mais voilà, il faut se faire à l’idée qu’Indiana Jones est devenu un divertissement familial assez lambda. C’est même très peu inspiré visuellement (faut arrêter avec les rajeunissements numériques, et tous les autres effets visuels sont passablement catastrophiques). Tout est très formaté, semble déjà vu, sans aucune prise de risques. Je veux dire, à tous moments, on pourrait confondre le film avec Uncharted par exemple. Un objet qui attire toutes les convoitises et qui s’échange inlassablement de mains en mains, c’est quand même la paresse absolue du film d’aventures.
Puis y a un truc que je n’ai pas compris. Ils disent qu’Archimède s’était rendu compte de la dangerosité de sa création, alors pourquoi il y a une énigme pour retrouver la deuxième moitié ? Ca n’a juste aucun sens.
May December (2023)
1 h 57 min. Sortie : 24 janvier 2024 (France). Comédie dramatique
Film de Todd Haynes
Peaky a mis 4/10.
Annotation :
30/1
Je ne vais pas mentir, j’ai trouvé ça presque catastrophique, ou du moins dénué d’intérêt, c’est une giga déception.
J’avais beaucoup aimé Dark Waters, au sujet ultra intéressant et à la narration bien ficelée. Mais quelle douche froide ici, surtout au niveau de l’écriture (nommée aux oscars cela dit).
En fait, le film est très avare en informations, on découvre les choses très lentement. Il faut non seulement soi-même assembler les pièces du puzzle, mais parfois il faut même les construire. Je veux dire, y a des scènes où je me demande qui sont les personnages et on est vraiment pas aidé. Et vraiment, si la seule façon de rendre intéressant ton film, c’est en cachant des infos, on va pas aller très loin.
Je sais pas, même la musique et la réalisation, je trouve ça cata. Tout le propos du film, c’est tellement fin et peu intéressant. Et même Portman et Moore, elles ont déjà tellement été mieux mise en valeur.
The Beekeeper (2024)
1 h 45 min. Sortie : 17 mai 2024 (France). Action, Thriller
Film de David Ayer
Peaky a mis 2/10.
Annotation :
31/1
Probablement le pire film de l’année. Il va falloir être très fort pour battre ça.
Je vous jure que ce film a été écrit par une IA, c’est obligé. On lui dit « fait un film de vengeance style John Wick autour du thème des abeilles » et ChatGPT s’est exécuté. Evidemment qu’il y a un filtre jaune miel horrible partout (même les afro-américains dans ce film ont l’air de chinois avec ce filtre). Évidemment aussi, tous les accessoires, les décors sont jaunes. On prononce des milliers de fois les mots « ruches », « abeilles », « apiculteurs », « reine », ça tourne au risible. C’est tellement comique de faire tout un film autour de ça et penser que ça lui donne une originalité. On est carrément chez Winnie l’ourson. Je me suis carrément étranglé à la réplique « to be(e) or not to be(e) ».
Le nouveau film de David Ayer (Suicide Squad) avec Jason Statham, tout un programme.
La Terre des pharaons (1955)
Land of the Pharaohs
1 h 46 min. Sortie : 10 novembre 1955 (France). Historique, Drame, Péplum
Film de Howard Hawks
Peaky a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
L'Éclipse (1962)
L'eclisse
2 h 05 min. Sortie : 25 août 1962 (France). Drame, Romance
Film de Michelangelo Antonioni
Peaky a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
2/2
J’ai un peu le même avis que pour l’Avventura. C’est-à-dire que la qualité de réalisation d’Antonioni est tellement dingue que le film en devient uniquement cérébral. Je me pose mille questions sur la mise en scène, j’essaie de m’expliquer chaque plan, chaque position de caméra, chaque jeu de lumière. Et derrière, il n’y a plus de place pour l’émotion ou pour le développement d’une quelconque histoire (une rupture, puis une nouveau prétendant).
Sur la forme, il a tout du film culte. Ces décors urbains sont fous, particulièrement quand les images sont nocturnes. Je suis encore sous le choc de cette image d’Alain Delon sortant de sa décapotable, surgissant de l’ombre. Le couple Delon Monica Vitti est iconique. Mais derrière, il y a des séquences qui ne trouvent pas leur place dans le récit (ou qui demandent un niveau d’analyse qui rebute).
Puis il y a cette séquence sur le Kenya absolument lunaire, où des blanches « jouent au nègre » à coup de blackface et se plaignent des « singes » qui se prennent tous pour des ministres. C’est d’un racisme qui même pour l’époque est ahurissant, c’est éprouvant de voir ça avec nos lunettes actuelles.
Bref, Ettore Scola réussit systématiquement là où Antonioni échoue.
Le Règne animal (2023)
2 h 07 min. Sortie : 4 octobre 2023. Science-fiction, Aventure, Drame
Film de Thomas Cailley
Peaky a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
2/2
(Le film arrive quand même à être plus gênant que Saltburn, faut le faire).
Je dois avouer que je ne sais pas trop quoi en penser. Le film a autant de qualités que de défauts. Ce qui est certain, c’est qu’il est très chouette d’avoir du cinéma de genre français qui propose de vraies idées et qui cartonne.
Personnellement, j’ai du mal à passer outre les dialogues catastrophiques. A plein de moments, c’est involontairement comique parce qu’on est dans un niveau de gêne absolu. C’est particulièrement le cas pour les répliques des ados ou quand c’est des acteurs amateurs qui ne peuvent que s’en tenir au texte (par exemple, Duris s’en sort très bien, mais certainement parce qu’il arrive à rendre naturel son texte). Juste pour le kiff et la postérité, j’en ai retenu deux sympas :
« On va trianguler la zone puis on quadrillera vers l’Ouest ».
« Ils ont attaqué le club d’équitation. C’est une vraie boucherie. Une boucherie chevaline j’ai envie de dire » MDR
Puis surtout, je trouve le double discours à la fois un peu lourd et trop généraliste. Parce que tout y passe, pendant deux heures on veut bien te faire comprendre que la société rejette des gens qu’elle ne devrait pas rejeter. Mais qui en particulier ? Dans un premier temps, je me suis dit : il dénonce clairement le traitement aux personnes atteintes de maladies mentales (qu’on parque dans des établissements, les médecins qui n’y connaissent rien). Puis j’ai même cru qu’il dénonçait la maltraitance animale. Puis c’était le traitement réservé aux étrangers (les inscriptions sur les murs, les « on en veut pas chez nous », les discours ségrégationnistes , « on leur laisse la forêt »).
Bref, un projet intéressant avec des visuels sympas et de belles ambitions, lesquelles ne sont pas totalement atteintes à cause d’un manque de profondeur et des dialogues douloureux.