Journal de lecture 2024

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Février
Court texte duquel on apprend assez peu de choses. On retiendra la tripartition des influences européennes de Marx et Engels : à l'Angleterre, la découverte du capitalisme et de l'industrie ; aux Allemands, la méthode philosophique et la clarté du raisonnement ; aux Français l'élan révolutionnaire et la nécessité de se saisir du pouvoir.
Je retiendrai également le rappel de la nécessaire unité du prolétariat, de ses meneurs et de ses théoriciens : "Un marxiste qui pousserait une divergence théorique jusqu'à la division d'une organisation de combat prolétarienne n'agirait pas d'une manière marxiste". Il rappelle également que, pour concilier les masses, la méthode de Marx reposait davantage sur une analyse du capitalisme qui, grâce à ses fondements scientifiques, ne peut diviser, que sur une capacité de proposition de réformes et d'institutions. Je comprends mieux maintenant pourquoi il m'a souvent semblé chez beaucoup d'auteurs marxistes que j'ai lu, qu'il manquait quelque chose pour se projeter dans l'après. Leur critique est toujours impitoyable, et souvent leur horizon me semble flou. J'en trouve sûrement ici une raison.

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Mars
Une nouvelle courte mais efficace, où l'influence janséniste et classique indéniable rend hommage, dans un style des plus clairs, à la musique, questionne la possibilité pour l'artiste d'arriver à dire l'indicible. Une réflexion sur le lyrisme et l'art sans effusion.

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Mars
Excellente découverte. On m'avait offert ce livre pour Noël il y a déjà deux ans et c'est sur la recommandation d'un ami que je m'y suis enfin frotté. Le procédé narratif de mise en abîme est assez simple, peut-être pas nécessaire à mon avis. De même, la référence à Zamiatine au début et à la fin de l'ouvrage est très intéressante mais aurait mérité un traitement plus approfondi. En effet, la référence, essentielle au début, s'éclipse soudain tout au long du récit pour ne réapparaître que dans les dernières pages. Par ailleurs, la mise en regard du dispositif totalitaire et comptable de Zamiatine avec le développement d'Internet de nos jours m'a semblé pertinente (et effrayante).
Autrement, le style est très agréable à lire et on suit la montée en puissance de Poutine avec le plus grand intérêt. Tiré du KGB par les oligarques qui ont avili l'idéal de liberté et de démocratie qui avait eu raison de l'URSS, mis à la présidence en quelque sorte par hasard car sous-estimé, puis inflexible, tirant profit de chaque crise (Tchétchénie ou Révolution Maïdan) pour renforcer son pouvoir autoritaire. Ma foi, bonne plongée dans le coeur de l'âme russe et sa tradition d'autocrates.

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Mars
Lorsque j'ai du mal à lire, je lis Ernaux. C'est souvent court, percutant, sec et ça se lit vite. Parfait pour relancer la machine. J'apprécie son effort quasi sociologique d'excaver les réalités sociales hors de l'individu, et, en retour, de dissimuler, autant que se peut, le romanesque et le psychologisme. Loin d'être atones, ses écrits y gagnent et ses personnages s'épaississent. D'une part, elle ne trahit pas leur identité, de l'autre et les rend universels. Il est toujours, dans un Ernaux, quelques phrases d'une simplicité absolue qui soudainement vont me tordre les tripes. Dans "La Place", c'était le "Dis je ne t'ai pas fait honte hein", ici, le "Je pourrais venir vivre chez toi, te faire le ménage". Je m'identifie sûrement un peu trop.

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Mars
Première découverte de Marie Darrieussecq, souvent recommandée par une amie. J'ai été séduit, comme beaucoup, par le titre de l'ouvrage. C'est avec bonheur que j'ai découvert la vie et l'oeuvre de Paula M. Becker, ses prises avec une soif de liberté et d'indépendance gâchée par une mort précoce et un oubli injuste. La figure de Rilke planant sur l'ouvrage est très intéressante. Il est l'ami et l'admirateur, l'amant ou l'amoureux peut-être, qui, finalement, s'est tu. Mystère arbitraire et décevant.
Le style de l'autrice est agréable à lire, sobre avec quelques écarts lyriques. Curieux de découvrir le reste de son oeuvre.

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Mars
Pour être tout à fait honnête, j'ai trouvé ça assez décevant. J'aimais bien Bégaudeau en interview - quoique je le trouve quelquefois un peu répétitif -, et souhaitais découvrir sa prose. D'abord, il faut admettre que la forme dessert le fond. Cela ressemble à une longue litanie qui ne rend justice ni à la vivacité de la discussion initiale, ni à la clarté du discours politique. Il tâche de s'en justifier dans une postface peu convaincante. Pour être confuse la première partie l'est donc, et pour qui l'a déjà écouté en interview, il n'y aura rien à apprendre. La deuxième partie, censée fournir une boussole politique - en observant le social et ses formes avec une plus grande acuité -, est plus intéressante. Les pages consacrées au problème décolonial et Houria Bouteldja (sujets que par ailleurs je ne maîtrise pas) m'ont parues intéressantes. Quelques réflexions sur la saisie de l'institution judiciaire - conservatrice - par les forces progressistes. De temps à autre quelques tournures heureuses et concepts pertinents (ex, libéral-autoritaire). Cependant, je n'ai vraiment pas accroché à son style, qui, quoiqu'efficace, m'a paru pénible à la longue - en particulier sur la fin avec son très lyrique éloge de la marche quand on est fatigué. Une déception en somme.

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Mars
Grosse claque. Souvent révolté et bouillant à la lecture. J'étais curieux du mouvement des établis et trouve une certaine noblesse à leur engagement qu'ils ont su pousser par-delà la théorie. Les descriptions des procédés industriels, l'explication des roueries des capitalistes, le tableau de la dignité des travailleurs m'ont touché. Je ne pouvais m'empêcher de songer à la jeunesse de mon père, à l'usine, à la vie usée de mes grands-parents sur les chaînes de production. J'ai été surpris de la diversité ethnique des ouvriers de la fin des années 1960. Je savais effectivement qu'une bonne partie de la main d'oeuvre était immigrée, mais, peu représentée dans les oeuvres, elle échappe souvent à notre imaginaire. Linhart leur restitue leur juste importance.

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Avril
Courte, peut-être trop, synthèse biographique d'un philosophe cher à mon coeur et dont je souhaitais approfondir ma connaissance sur le versant historique. Malheureusement, je n'ai pas appris beaucoup plus que dans les notices biographiques et commentaires de mon édition des "Pensées pour moi-même" ou de Pierre Vesperini. Les explications de ce dernier sur le rapport de Marc-Aurèle aux classiques, à la superstition et à la magie sont ainsi de bien meilleure facture. Quelques éclairages, notamment sur la vie culturelle romaine, et le grand didactisme de l'ouvrage sont cependant à saluer. Le lien entre Marc-Aurèle et Galien, exploré par l'autrice dans son travail de chercheuse, est très frais et intéressant. Somme toute un bon ouvrage, particulièrement recommandable au néophyte.

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Avri
J'ai lu ce livre afin de préparer un colloque sur la thématique des feux de forêt en France. Le moins que l'on puisse dire est que j'ai découvert un enjeu du réchauffement climatique des plus inquiétants, et qui m'avait jusqu'alors plus ou moins échappé. Que des scientifiques de la NASA envisagent sérieusement que des pays entiers puissent être ravagés par des feux devenus incontrôlables fait froid dans le dos.
L'approche, au croisement de la phénoménologie existentielle - qu'est-ce que la destruction d'un paysage nous révèle sur notre rapport au monde ? - et d'une mise en perspective historique du care - comment prendre soin de notre environnement, comment renouer avec une culture du feu ? -, est intéressante dans le cadre de l'objet restreint qu'elle se propose d'examiner mais demeure assez faible conceptuellement. En bref, un bon essai de philosophie appliquée.

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Avril
Voici un livre pour le moins étrange qui conjugue une symbolique qui m'a beaucoup plu (l'histoire soviétique, les paysages de taïga et de steppes, la symbolique du bouddhisme Vajrayana) avec une narration des plus troublantes (changements de police lorsqu'un changement des registres et des styles s'opère, jeux de narration, confusion entre le il / je). L'oeuvre assurément, est difficile, à lire, à comprendre - suis-je bien sûr de l'avoir saisie entièrement ? -, à digérer aussi. L'emprise paternelle, le viol, l'inceste, l'absurde, la mort, le rêve, l'idéal, la liberté. Voilà pour n'en citer que les plus évidents, quelques-uns thèmes traités dans ce roman où les protagonistes sont les pantins d'une volonté supérieure qui les violente, et qui sont pris, de la liberté à l'emprise, du désir à la folie, de la mort au rêve, dans une latitude floue dont ils ne peuvent s'extraire.

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Avril
Franche déception que ce bouquin dont j'attendais plus. Des petites histoires qui s'égrènent, sans difficulté ni plaisir particuliers. Le titre m'avait bien plu, et le thème des hauts et des bas, des flux et des reflux de l'inconscient, du désir, de la liberté d'être sont bien présents, mais le traitement ne m'a guère convaincu. De plus, j'ai trouvé l'écriture de Pontalis très fade.

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Mai
Excellente pièce. La réécriture du mythe d'Oreste, en s'intéressant de plus près à celle qui pousse au matricide, est une réussite. L'écriture, d'abord, est très belle, et l'auteur, que je connaissais mal, me semble intégrer la révolution des sens surréaliste en échappant à certaines de ses lourdeurs. Une interprétation politique du texte, entre Egisthe, "héros fasciste" pour Brasillach, et le peuple sourd de la révolution, est particulièrement féconde. De belles lignes sur l'exigence de justice face à la raison d'Etat, quand bien même il s'agirait d'une justice aveugle et destructrice. A relire !

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Mai
Comme toujours, Césaire ne déçoit pas. Son interprétation du phénomène colonial est servie par une langue sans pareille. La filiation entre procédés coloniaux et horreur du nazisme est particulièrement convaincante. Et comment oublier un si bel exorde, qui a gardé toute son actualité, si ce n'est qu'il faudrait ajouter aux problèmes de la libération du prolétariat et de la (néo ou dé)colonisation, celui de la crise climatique. La civilisation occidentale, bourgeoise et capitaliste, n'est pas sortie du bain de fange dans lequel elle était plongée il y a 70 ans.

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Mai
Un bel (et trop court) hommage à la civilisation occitane. Je l'ai lu alors que je me rendais, précisément, à Albi, voir la cathédrale rouge et contempler les coteaux tant aimés de mon cher Jaurès. J'ai découvert un trésor inconnu, servi par la juste plume de Simone Weil. Moi-même ariégeois, je n'avais jamais vraiment mesuré la profondeur et la richesse du legs qui était le mien. Cela nécessiterait tout à fait des lectures complémentaires. De belles pages sur la résistance, puis la submersion, de l'esprit chevaleresque face à l'esprit bourgeois. Je comprends qu'il y avait là, effectivement, une ligne de crête sur laquelle l'on aurait pu cheminer de l'éthique antique à la justice socialiste.

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Mai
Une belle biographie du célèbre inconnu, que je connaissais finalement assez mal (l'assassinat, l'Humanité, la SFIO). Jean-Pierre Rioux offre un portrait intellectuel saisissant de l'homme, et met en lumière la cohérence de son engagement politique avec son propre cheminement philosophique et existentiel, du Tarn à Paris. La rivalité avec Jules Guesde est particulièrement exploitée, de même que les liens avec les grandes figures de la IIème Internationale. On en sait assez peu cependant de ses liens avec d'autres figures du socialisme français d'alors, Vaillant, Allemane ou Brousse. Un grand livre pour un grand modèle. Et vive le Nouveau Front Populaire !

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Juin
Un bouquin intéressant malgré le caractère quelque peu aride de son sujet. Démontre ce qu'il fallait démontrer : les enquêtes publiques et la démocratie participatives sont des farces au service d'une République de façade aiguillée par des intérêts privés industriels.

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Juin
Il y a de tout dans ce livre. Des claques d'abord. J'aime cette forme fragmentaire, ces maximes, qui dépeignent une éthique nuancée. J'en ai besoin. Cela résonne souvent en moi, et à force de répétition, je crois, m'aide à diriger mon existence, affronter les épreuves, garder le cap. Force est de constater que certains propos du maître Isoguchi font mouche. En revanche, le simulacre narratif, entre code Budo et héritage stoïcien, a quelque chose d'un peu absurde. Et quelquefois, le style accroche, en particulier lorsque l'auteur s'aventure dans des métaphores japonisantes (la rivière et son lit, les montagnes et leur force, l'arbre dans la forêt etc) paraît lourd ou risible. De même pour ses propos sur la paix, la guerre, l'immigration (si si ...). Un avis mitigé donc. Il y a de la part d'un véritable aventurier, je crois, de belles maximes à retenir. On les reformulera à son goût si besoin est.

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Juin
Collection d'articles sous la direction de Jérôme Mélançon dédiée à la philosophie politique de Merleau-Ponty et à ses échos. J'ai picoré en fonction de mes intérêts et reconnaît la solidité générale des contributions. J'ai particulièrement apprécié les contributions les plus universitaires et les plus rigoureuses. Celle de Claire Dodeman en particulier ne déçoit pas. L'interprétation de Vincent Peillon manque un peu de chien, je l'ai trouvée mollement social-démocrate. L'article de Crépon, malgré quelques remarques intéressantes, ne m'a guère exalté. De belles idées chez Luce Irigaray.

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Juin
Certainement un des bouquins de philosophie les plus difficiles qu'il m'a été donné de lire depuis longtemps. Il me faudra m'y frotter encore pour arriver à bien saisir la totalité de ce qui nous est offert par l'auteur. Le propos, en effet, qui se présente comme une longue dissertation sur le couple acte/puissance chez Aristote, est très intéressant mais est porté par une approche logique rigoureuse et particulièrement abstraite. Il n'empêche que Virno explore ici un problème contemporain qui me semble essentiel et dont je partage le constat. Nous n'avons jamais été aussi puissants, et jamais aussi désemparés, aussi bien individuellement que collectivement, et cet essai tâche d'analyser pourquoi. A reprendre plus sérieusement donc.

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Juin
Une synthèse dont les qualités font les défauts. Louis Renou est un formidable indianiste, connaisseur des textes, dont j'attendais davantage. En effet, j'ai trouvé l'ouvrage confus, quand bien même est-il servi par une langue d'une facture classique admirable. Le caractère ramassé des explications, la concision des chapitres ne rendent pas justice à la complexité d'une religion mal connue, et qui plus est abstruse pour le profane. Il s'agit donc d'un tableau certes complet mais difficile. De plus, le sérieux académique de Louis Renou le pousse à serrer son objet d'étude au plus près, et donc, à se refuser à des apartés historiques, sociologiques ou comparatistes (avec le bouddhisme notamment) qui pourtant aideraient à mieux saisir le tout.

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Juin

Complètement frappé.

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Juin
Comme toujours avec Char la beauté se mêle à l'hermétisme. Particulièrement bucolique, ce court recueil parcourt la Provence de Char où la géographie répond à la vérité du sujet. En se fondant avec les paysages, le sujet lyrique retourne amont, c'est-à-dire à la source de son être, de ses émotions, de la vérité. Une analyse plus serrée du recueil serait fertile. A retravailler à l'avenir !

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Juin - lu en anglais
Ce poème narratif, peut-être le plus connu de la littérature népalaise, n'a, à ma connaissance, pas été traduit en français, même s'il faut souligner le travail pionnier de Rémi Bordes qui vient de publier une anthologie de Devkota. Mon édition, bilingue népali-anglais, est complétée d'un appareil critique et d'une introduction d'un universitaire népalais remarquables.
L'oeuvre en elle-même, si elle ne paraît pas être d'une grande originalité, est touchante, et m'a particulièrement plu, peut-être en raison des forts liens affectifs que j'entretiens avec ce beau pays qu'est le Népal ; de la similitude entre ma propre passion amoureuse et celle magnifiée dans le poème. Madan, en quête de prospérité, part commercer à Lhassa, laissant derrière lui, à Katmandou, sa belle épouse Muna, et sa vieille mère. Solidement ancrée dans le référentiel culturel népalais - entre hindouisme et bouddhisme - l'oeuvre, outre de nombreuses descriptions bucoliques, recèle de beaux vers sur l'amour, le souvenir, le mépris des richesses et la force du destin.
Souvenir cher à mon coeur, une amie népalaise m'en a lu un passage en népali, où la régularité du vers et l'euphonie de sa composition sont un plaisir pour les oreilles. Rien de plus encourageant pour se remettre à l'étude de cette belle langue.

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Juin
Relu dans le cadre de nos impromptues législatives. D'une certaine manière, l'opuscule est davantage d'actualité aujourd'hui qu'il y a dix ans.

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Juin
Un panégyrique simple et efficace, dans une langue souple et élégante. Il est frappant de voir à quel point le portrait de Lévy-Bruhl a irrigué la légende jauréssienne. C'est toujours un plaisir d'explorer la vie de cet homme courageux et génial, que je regarde comme un vieux frère d'un autre temps. La découverte de quelques unes de ses lettres de jeunesse, jeune normalien et agrégé, pour son condisciple et ami Charles Salomon, servies par un style clair et une sincérité admirable, était particulièrement heureuse.

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Juillet
Cela faisait longtemps que je souhaitais lire ce petit essai d'un de mes écrivains favoris. Chez Mishima, sa vie fait presque de l'ombre à son oeuvre, et ces quelques pages l'expliquent en partie. Les réflexions qu'il nous partage sur le langage, nécessaire trahison de la vérité, et sur le corps, nécessaire ancrage dans le monde, sont tout à fait fertiles, et je sais qu'il me faudra plonger à nouveau dans cet ouvrage à l'avenir. L'ensemble est irrigué par une philosophie de la mort conçue comme le moment absolu de vérité. Cet ouvrage s'inscrit dans la filiation de son travail de commentaire sur le Hagakure, mais l'on peut sentir également toute l'influence sous-jacente d'un Bataille et de ses expériences-limites.
Il s'agit en revanche d'une traduction directe depuis l'anglais, Mishima étant satisfait de cette dernière, et souhaitant que ses oeuvres soient traduites depuis l'anglais plutôt que depuis le japonais. Toujours est-il que le texte est ardu, avec des phrases difficiles qui servent un propos parfois abscons. Est-ce un problème de traduction ? Je ne peux vraiment l'affirmer - il me faudrait lire la traduction anglaise, ou mieux, me remettre au japonais.

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Juillet
Réflexion d'excellente tenue : Simone Weil, dont j'attendais beaucoup, ne me déçoit guère. L'étude qu'elle fait, en pleine guerre, du texte d'Homère forme une réflexion sur la violence d'une grande acuité. Elle explique comment la violence s'exerce toujours sur un corps réifié auquel la dignité est confisquée, comment la force, avec une cruauté ironique, s'impose à tous, et menace in fine ses apôtres mêmes à qui elle échappe. Après ces deux courts textes lus coup sur coup, je suis prêt à lire ses ouvrages un peu plus épais !

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Juillet
Ouvrage hétéroclite : synthèse d'un cours donné à Sciences Po auquel est adjoint un ensemble d'articles universitaires. Conclusion écrite à la veille de l'élection de Macron un peu périmée et imprégnée de social-(néo)libéralisme. Quelques articles survolés seulement (sur l'armée et sur les allémanistes) car ils ne m'intéressaient pas au premier chef - j'y reviendrai peut-être plus tard.

Le gros de l'ouvrage, issu du cours donné à Sciences Po, est de bonne facture. J'y ai appris pas mal de choses, notamment sur le socialisme européen, ou des moments que je maîtrisais mal comme la IIème Internationale. L'ensemble est un peu court cependant et s'arrête aux débuts du bolchévisme avec le Congrès de Tours. Une bonne porte d'entrée, sûrement pas la meilleure.

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Juillet
Petite biographie de Jaurès où on en apprend assez peu quand on en a lu de plus conséquentes. La bibliographie est bonne.

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Juillet
J'avais beaucoup aimé Alexis Zorba, j'étais curieux de Kazantzákis lui-même, médusé par cette variété d'influences qui pénètrent son oeuvre et sa vie - socialisme, christianisme, bouddhisme, bergsonisme, nietzschéisme etc -. Aussi, lorsque j'ai appris qu'Ascèse était en quelque sorte la pierre angulaire de toute sa vie, je m'y suis attelé sans attendre. Il s'agit d'un livre déroutant dans lequel tout est effort de l'homme vers l'ordre et hors du chaos, au-delà des limites de la raison, par une raison du coeur, de la race humaine, de la vie même. Il y a quelque chose de cette volonté schopenhauerienne qui régit le monde, et tout ne vise qu'à son exaltation. Intéressant, à relire - Kazantzákis en général mériterait une étude approfondie.