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53 livres

créee il y a environ 1 an · modifiée il y a 7 mois
L'Oeil vivant
8.2
1.

L'Oeil vivant (1961)

Sortie : 1961 (France). Essai

livre de Jean Starobinski

Marie_Vrgnl a mis 8/10.

Annotation :

Lecture achevée le 7 juillet. 17/20.

Que Jean Starobinski soit un critique littéraire de génie est un fait que L’Oeil vivant vient corroborer. À travers cinq études consacrées à Racine, Corneille, La Bruyère, Stendhal et Rousseau, il s’intéresse ici à la manière dont le dévoilement de soi et le regard d’autrui ont forgé la poétique de ces auteurs.

La plus brillante des études est la première, consacrée à Corneille, qui se trouve ainsi résumée :
« Chez Corneille, tout commence par l'éblouissement. Mais celui-ci est précaire, il n'occupe que l'intervalle fugitif d'un instant. Sensible à la séduction des objets éclatants, le héros cornélien se défend de leur appartenir et de les adorer par force : la conscience éblouie s'arrache à sa condition passive et aspire à renverser les rôles. Elle se veut à son tour éblouissante, source d'éclat et de pouvoir. C'est par la parole généreuse qu'elle réclame d'abord ce privilège. Pourtant le discours glorieux ne suffit pas : il faut en venir aux actes que cette parole, peut-être imprudemment, promettait. La jactance valeureuse oblige, elle rend inévitable la décision qui consacre la grandeur du héros. Alors, l'acteur naît à la destinée admirable qu'il s'est inventée : il s'offre triomphant aux yeux de l'univers. Son plus haut bonheur ne consiste isolément ni dans l'acte de voir, ni même dans l'énergie du faire : il est dans l'acte complexe de faire voir. Or quel exploit, quelle volonté auront le pouvoir de produire et de répandre un éblouissement impérissable ? Le seul effort efficace, le seul assuré de son « effet » sera le sacrifice de soi, le mouvement par lequel l'être retourne contre lui-même toute son énergie, se niant tout entier pour renaître à jamais dans le regard des générations humaines prises à témoin. Ainsi se fonde un nom immortel. Il y faut toutefois le consentement et la complicité vigilante des peuples : qu'on vienne à mettre en doute la mémoire du genre humain et la pérennité du nom, tout alors s'effondre dans l'obscurité et la vanité, il ne reste qu'un poudreux décor de théâtre, et le héros généreux se retrouve comédien de soi-même, acteur dérisoire d'une "illusion comique" ».

Leçons de stylistique
2.

Leçons de stylistique

Sortie : 26 octobre 2011 (France). Essai

livre de Frédéric Calas

Marie_Vrgnl a mis 9/10.

Annotation :

Lecture achevée le 12 juillet. 18/20.

Manuel de stylistique d’une clarté et d’une intelligence magistrales.

Malgré son chapitrage générique qui rendrait aisée une lecture parcellaire, lire l’ouvrage in extenso permet de prendre la mesure de toute l’importance de la stylistique dans l’exégèse littéraire, et de se doter d’outils extrêmement efficaces pour le commentaire de texte.

La Nuit
6.8
3.

La Nuit

Vivre sans témoin

Sortie : 15 février 2017 (France). Essai, Philosophie

livre de Michaël Foessel

Marie_Vrgnl a mis 6/10.

Annotation :

Lecture achevée le 13 juillet. 12/20.

Essai contenant quelques idées intéressantes sur le thème de la nuit. Deux principales innervent l’ouvrage :
1) adoptant une perspective phénoménologique, M. Foessel montre que la nuit provoque un bouleversement du système perceptif ;
2) dans le prolongement implicite de l’analyse foucaldienne du panoptique, il s’intéresse à la manière dont la nuit est appréhendée comme un problème politique que l'État s'approprie.

On retiendra en outre la référence kantienne au ciel étoilé, symbole du sublime.

À cette lecture, on préférera la préface d’Alain Montando au Dictionnaire de la nuit (éditions Champion), plus dense et davantage problématisée. L’ouvrage de M. Foessel lui doit, semble-t-il, beaucoup…

Matière solaire
4.

Matière solaire (1980)

Le poids de l'ombre et Blanc sur blanc

Sortie : 2004 (France). Poésie

livre de Eugénio de Andrade

Marie_Vrgnl a mis 8/10.

Annotation :

Lecture achevée le 14 juillet. 15/20.

Trois beaux recueils du poète portugais Eugenio De Andrade centrés autour du topos de la lumière, de son éclat, et de son éclatement.

La nuit sera calme
7.8
5.

La nuit sera calme (1974)

Sortie : 1974 (France). Roman

livre de Romain Gary / Émile Ajar

Marie_Vrgnl a mis 7/10.

Annotation :

Lecture achevée le 20 juillet. 14,5/20.

Cet ouvrage se présente sous la forme d’entretiens fictifs entre Romain Gary et François Bondy.
Le début et la fin contiennent de superbes pages théorisant notamment l’amour, et le rôle maternel.

En revanche, Gary se perd en son milieu dans de nombreuses considérations géopolitiques surannées et inactuelles. Il en résulte une sorte de ventre mou qui résiste difficilement au temps qui passe.

La Promesse de l'aube
7.9
6.

La Promesse de l'aube (1960)

Sortie : 26 avril 1973 (France). Autobiographie & mémoires, Roman

livre de Romain Gary / Émile Ajar

Marie_Vrgnl a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Lecture achevée le 25 juillet. 19/20.

Ce roman autobiographique illustre à merveille l’idée sartrienne suivante : « un enfant, ce monstre que les adultes fabriquent avec leurs regrets ».

Il y est question d’une mère qui transpose sur son fils tous ses espoirs de gloire déchus, si bien qu’elle se sent vivre par procuration à travers les exploits de sa progéniture. Par amour pour sa mère, le jeune Romain Gary fait tout ce qui est en son pouvoir pour la rendre fière, des choses les plus risibles à celles les plus héroïques.

La régie narrative offre une conjugaison de différentes perspectives : le regard enfantin et innocent du je narré se confronte à celui plus sarcastique et distancié du je narrant. Il en résulte une superposition de voix qui est la condition de la tonalité humoristique et ironique du récit, lui procurant toute sa légèreté.
En parallèle, le regard tendre et affectueux porté sur la mère permet le déploiement d’une rhétorique pleine de pathos.
Cette oscillation rend la lecture extrêmement prenante.

Malgré quelques longueurs, ce roman contient une superbe surprise finale, avec le plus bel excipit, peut-être, de la littérature française.

La Maison
7.6
7.

La Maison (2023)

Sortie : 30 mars 2023. Récit

livre de Julien Gracq

Marie_Vrgnl a mis 5/10.

Annotation :

Lecture achevée le 26 juillet. 9/20.

Le Tout-Paris s’était extasié de ce récit resté inédit. L’œuvre de Gracq n’aurait, à mon sens, rien perdu à ne ce qu’il ne soit jamais rendu public. Ce petit livre est sans aucun intérêt, comme en témoigne l’importance de l’appareil critique et des annexes, cache-misères qui ne suffisent pas à masquer la vacuité de ce récit vendu 15€.

La Vie devant soi
7.9
8.

La Vie devant soi (1975)

Sortie : 14 septembre 1975 (France). Roman

livre de Romain Gary / Émile Ajar

Marie_Vrgnl a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Lecture achevée le 28 juillet. 18/20.

L'Âge d'homme
6.8
9.

L'Âge d'homme (1939)

Sortie : 1939 (France). Autobiographie & mémoires, Récit

livre de Michel Leiris

Marie_Vrgnl a mis 5/10.

Annotation :

Lecture achevée le 29 juillet. 11/20.

Conceptualisation liminaire intéressante consacrée à la littérature comme tauromachie. L’autobiographie y est conçue par le prisme de la mise en danger qu’elle implique pour l’auteur.

Le récit autobiographique est cependant trop centré autour d’expériences requérant une sensibilité masculine, peut-être, pour que j’y sois sensible.

Mémoire de fille
7.3
10.

Mémoire de fille (2016)

Sortie : 1 avril 2016. Roman

livre de Annie Ernaux

Marie_Vrgnl a mis 8/10.

Annotation :

Lecture achevée le 31 juillet. 15/20.

Passionnantes trente premières pages. Elles offrent une réflexion extrêmement intéressante sur la (dis)continuité de l’identité dans le temps, et la difficulté à pouvoir désigner par « je » celle qu’elle fut un demi-siècle auparavant.
L’écriture se constitue dans le creuset de la recherche d’une identité qui aurait été dissoute par la relation abusive mais ambivalente entretenue avec un moniteur de colo. Ce qu’il reste de soi après une expérience aliénante est toute l’interrogation thématique et stylistique qui traverse l’œuvre.

Le Bleu du ciel
7.4
11.

Le Bleu du ciel (1957)

Sortie : 1957 (France). Roman

livre de Georges Bataille

Marie_Vrgnl a mis 8/10.

Annotation :

Lecture achevée le 3 août. 15/20.

Récit transgressif qui pousse à son paroxysme les fantasmes nécrophiles de son auteur. Et pourtant, ce livre comporte de superbes percées poétiques, notamment lors des évocations du Soleil. Elles rachètent à elles seules tout l’immoralisme bataillien.

La Vie mode d'emploi
7.9
12.

La Vie mode d'emploi (1978)

Sortie : 1978 (France). Roman

livre de Georges Perec

Marie_Vrgnl a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Lecture achevée le 6 août. 20/20.

Roman acheté par hasard dans une librairie vénitienne qui proposait une vingtaine d’ouvrages français, alors que je n’avais plus rien à me mettre sous la dent. Et quelle découverte !

Le Solitaire
7.6
13.

Le Solitaire (1973)

Sortie : janvier 1990 (France). Roman

livre de Eugène Ionesco

Marie_Vrgnl a mis 8/10.

Annotation :

Lecture achevée le 8 août. 16/20.

S’il est vrai, comme l’affirme Camus, qu’un roman, c’est une philosophie mise en image, alors Le Solitaire serait la mise en image de l’angoisse métaphysique heideggerienne.
Unique roman de Ionesco, il conte l'histoire d'un narrateur dont la vie se trouve bouleversée lorsqu'il perçoit un mystérieux héritage provenant d'un grand oncle américain. Cessant son activité professionnelle du jour au lendemain, il se livre un temps à l'oisiveté, sur le mode de l'inauthenticité heidegerienne. Il s'en dégage ensuite, et se retrouve alors en proie à une angoisse métaphysique qui l'amène à éprouver l'absence de fondement de l'Être, de l'Univers, et à se questionner sur le Warum. Confronté au vide, il manifeste cette angoisse par l'accumulation de phrases à modalités interrogatives demeurées sans réponse (procédé stylistique manifestant son absolu solitude dans cette quête métaphysique).

Après un bref ménage avec une serveuse qui tente de le sauver en lui offrant son amour, mais abandonne constatant qu'elle ne peut lutter contre sa neurasthénie, il sombre dans la folie. Des visions apocalyptiques de guerre qui confinent au registre fantastique le traversent. Il en résulte un changement de paradigme : le narrateur apparaît désormais non fiable, si bien que la suspension de la crédulité s'en trouve entachée.

Espèces d'espaces
8.2
14.

Espèces d'espaces (1974)

Sortie : 1974 (France). Essai, Récit

livre de Georges Perec

Marie_Vrgnl a mis 7/10.

Annotation :

Lecture achevée le 8 août. 14/20.

Le Marteau sans maître
7.4
15.

Le Marteau sans maître (1934)

Sortie : 1934 (France). Poésie

livre de René Char

Marie_Vrgnl a mis 7/10.

Annotation :

Lecture achevée le 9 août. 11/20.

Un recueil poétique de jeunesse. La veine surréaliste y est si présente que le sens se délite. Quelques jolis passages, qui ne suffisent pas à compenser l’hermétisme du reste.

Un homme qui dort
7.9
16.

Un homme qui dort (1967)

Sortie : 1967 (France). Roman

livre de Georges Perec

Marie_Vrgnl a mis 8/10.

Annotation :

Lecture achevée le 10 août. 16/20.

Perec reprend implicitement à son compte l’idée calderonienne que « la vie est un songe ». Se portraiturant en homme qui dort, en homme dans une chambre, il fait l’expérience de pensée d’un homme qui vivrait en vase clos. Il construit mentalement un microcosme, où le temps, flottant, semble s’être absout de toute pesanteur.

"Tu as tout à apprendre, tout ce qui ne s’apprend pas : la solitude, l’indifférence, la patience, le silence."

Fureur et Mystère
7.6
17.

Fureur et Mystère (1948)

Sortie : 1948 (France). Poésie

livre de René Char

Marie_Vrgnl a mis 9/10.

Annotation :

Lecture achevée le 10 août. 15,5/20.

Les Matinaux
8
18.

Les Matinaux (1969)

suivi de La parole en archipel

Sortie : 1969 (France). Poésie

livre de René Char

Marie_Vrgnl a mis 8/10.

Annotation :

Lecture achevée le 11 août. 16,5/20.

Le Ravissement de Lol V. Stein
6.9
19.

Le Ravissement de Lol V. Stein (1964)

Sortie : 1964 (France). Roman

livre de Marguerite Duras

Marie_Vrgnl a mis 2/10.

Annotation :

Lecture inachevée. 3/20.

Par sa syntaxe insolite (pour ne pas dire fautive), l’écriture durasienne cherche à créer une atmosphère éthérée et vaporeuse qui confine au genre poétique. La régie narrative en tire cependant une dimension fumeuse très agaçante.

La Côte sauvage
7.5
20.

La Côte sauvage (1960)

Sortie : janvier 1997 (France).

livre de Jean-René Huguenin

Marie_Vrgnl a mis 7/10.

Annotation :

Lecture achevée le 13 août. 14/20.

Un roman de jeunesse de Jean-René Huguenin, mort prématurément à 26 ans.
Malgré un style un peu ampoulé et une intrigue parfois nébuleuse, ce roman déploie de superbes passages poétiques où le passage se mue en paysage état d’âme. Le traitement stylistique autour de la lumière, des ombres, et du clair-obscur est admirable.
Cette lecture ne vaut toutefois pas pour l’histoire qui y est narrée, assez anecdotique et inintéressante.

Vers le phare
7.8
21.

Vers le phare (1927)

(traduction Françoise Pellan)

To the Lighthouse

Sortie : 1996 (France). Roman

livre de Virginia Woolf

Marie_Vrgnl a mis 7/10.

Annotation :

Lecture achevée le 14 août. 14,5/20.

W ou le souvenir d'enfance
7.1
22.

W ou le souvenir d'enfance (1975)

Sortie : 1975 (France). Roman, Biographie

livre de Georges Perec

Marie_Vrgnl a mis 7/10.

Annotation :

Lecture achevée le 16 août. 15/20.

Fils de parents juifs n’étant jamais revenus des camps de concentration, Perec a tenté par cet ouvrage de constituer un roman des origines.

Deux récits s’entremêlent : l’anamnèse autobiographique centrée autour de son enfance d’une part ; et la fiction dystopique de W., lieu insulaire où l’idéal olympien y régnant est progressivement miné pour laisser s’y découvrir un univers concentrationnaire. Ces deux fils d’Ariane s’enchevêtrent progressivement au moyen de références intertextuelles. L’on y comprend alors que la fiction est le moyen détourné pour Perec d’imaginer l’atrocité vécue par ses parents. Par son oblicité, elle seule est à même d’envisager le locus horribilis.

Journal de deuil
7.5
23.

Journal de deuil (2009)

Sortie : février 2009. Correspondance

livre de Roland Barthes

Marie_Vrgnl a mis 8/10.

Annotation :

Lecture achevée le 17 août. 17/20.

Journal que Roland Barthes a tenu après le décès de sa mère. Cette forme rend sensible la temporalité d’un deuil, entre émotion brute et conceptualisation de l’expérience vécue.

La lecture prend certainement une autre dimension encore lorsqu’on fait soi-même l’expérience du deuil.

L'Écriture comme un couteau
7.5
24.

L'Écriture comme un couteau (2003)

Entretien avec Frédéric-Yves Jeannet

Sortie : 2003 (France). Entretien

livre de Annie Ernaux et Frédéric-Yves Jeannet

Marie_Vrgnl a mis 7/10.

Annotation :

Lecture achevée le 21 août. 15,5/20.

Cet entretien littéraire est brillamment mené par Frédéric-Yves Jeannet. La finesse de ses questions offre à Ernaux un espace pour exposer sa poétique.
Abordant enjeux stylistiques, narratologiques et éthologiques, les cinquante premières pages se révèlent d’une richesse que la suite ne parvient malheureusement pas à égaler. Les considérations politiques et militantes décentrent l’entretien, tandis que la discussion patauge autour de redites. L’on gagnera donc à ne lire que le premier tiers de ce livre.

Les îles
8.1
25.

Les îles

Les îles

Sortie : 1933 (France). Essai

livre de Jean Grenier

Marie_Vrgnl a mis 9/10.

Annotation :

Lecture achevée le 22 août. 18/20.

Aux Îles, Albert Camus a consacré une préface dans laquelle il évoque :

Les Cerfs-volants
8.2
26.

Les Cerfs-volants (1980)

Sortie : 1980 (France). Roman

livre de Romain Gary / Émile Ajar

Marie_Vrgnl a mis 8/10.

Annotation :

Lecture achevée le 25 août. 17,5/20.

Formidable roman de Romain Gary où la poésie toute enfantine et décalée du narrateur se mue en héroïsme résistant.

Le narrateur, alors encore enfant lorsque le récit débute, est élevé par son oncle, faiseur de cerfs-volants. Ces objets volants insolites (ils sont figuratifs) sont présentés comme une école de la vie, lui enseignant certaines réalités tragiques de l’existence.

Les premières pages du roman laissent présager une intrigue centrée sur une histoire d’amour. Ludo fait l’expérience d’une amourette enfantine qui, par sa mémoire extraordinaire, se mue en grande histoire d’amour au fil du temps.

On comprend cependant lorsque la guerre éclate que cette fidélité à l’être aimé est le creuset d'un amour patriotique. Dédié "à la mémoire" en épigraphe, ce roman explore la nécessité du souvenir d’une certaine grandeur passée chez les Résistants qu’ils visent à préserver au péril de leur propre vie.

Mais parce que la signature des œuvres de Romain Gary est avant tout la légèreté, cette période de l’Occupation est abordée avec un humour qui donnerait envie de rire aux éclats, si le sujet n’était pas aussi grave : travaillant dans un restaurant trois étoiles, le narrateur en fait le bastion de la Résistance française, au sein duquel il lutte contre les Allemands, avec l’aide de quelques-uns de ses camarades de l’ombre.

Et, au bout du compte, la poésie, qui rachète toutes les horreurs de la guerre.

Albert Camus
27.

Albert Camus (1968)

Souvenirs

Sortie : 1968.

livre de Jean Grenier

Marie_Vrgnl a mis 5/10.

Annotation :

Lecture achevée le 28 août. 11/20.

Sentiment mitigé à l’issue de cette lecture. Ancien professeur de philosophie d’Albert Camus, Jean Grenier entreprend de narrer de façon quelque peu rhapsodique les souvenirs qu’il garde de son ancien élève devenu écrivain de génie.

Cet ouvrage cependant peine à rencontrer son public. S’il est trop spécifique pour intéresser les néophytes camusiens, il n’est par ailleurs pas assez construit pour offrir aux amoureux de Camus une lecture nouvelle de l’homme et de son œuvre au prisme de ces souvenirs. À l’exception du chapitre III consacré aux écrits de Camus, les quelques idées et anecdotes intéressantes qu’on tire de cette lecture ne suffissent hélas pas à la justifier.

La Pesanteur et la Grâce
8
28.

La Pesanteur et la Grâce (1947)

Sortie : 2002 (France). Journal & carnet

livre de Simone Weil

Marie_Vrgnl a mis 4/10.

Annotation :

Lecture achevée le 30 août. 7/20.

Il faut, pour comprendre l’œuvre d’un auteur, habiter un monde commun. À défaut, la lecture fait l’expérience du divorce du verbe et du sens. Ce fut la mienne à la découverte de la quête de l’absolu de Simone Weil dans La Pesanteur et la Grâce, ouvrage innervé par un mysticisme chrétien à la vigueur rare.

Si le personnage de Simone Weil m’inspire la sympathie par l’éthique exemplaire qu’elle n’a cessé d’incarner, il me faut cependant reconnaître n’avoir absolument pas été touchée par cet ouvrage. Pire : les mots se sont peu à peu mués en coquilles vides, si bien qu’il m’a semblé être confrontée à un phénomène de désémantisation. Je n’ai par ailleurs pas trouvé dans l’écriture weillienne de quoi racheter le fond, Simone Weil ne se présentant ici pas comme une grande styliste.

Toutefois, ce livre ravira sans doute les croyants.

N.B. : on s’amusera du rapprochement que l’on pourrait tenter entre l’isotopie morale de l’énergie et de sa dépense que Simone Weil évoque, et celle déployée par Georges Bataille dans Sur Nietzsche.

Le Coupable
7.8
29.

Le Coupable (1944)

Suivi de L'Alleluiah

Sortie : 1944 (France). Récit

livre de Georges Bataille

Marie_Vrgnl a mis 9/10.

Annotation :

Lecture achevée le 31 août. 18/20.

S’il n’était qu’un livre à retenir de Bataille, il s’agirait certainement de celui-ci. L’univers bataillien s’y épanouit avec une superbe prose poétique. Il ressort de cette lecture une grâce infinie dans l’écriture, qui ferait mentir tous ceux qui rayent cet auteur du paysage littéraire français.

On retiendra notamment ce fragment, qui semble s’inscrire dans la lignée de Camus, faisant l’expérience de l’étrangeté du sublime du monde :

« La voiture prit la route des montagnes à travers les nuages accrochés aux pentes. Impossible d'imaginer un aspect du monde plus triste ; ce qui, sortant des brumes, apparaissait de temps à autre suffisait : la désolation hostile, déserte, donnait un sentiment d'immensité qui chavirait.

Si les nuages s'étaient levés, la beauté d'un paysage incomparable nous aurait fascinés. Une nudité oppressante se serait parée de brillantes couleurs ; l'espace lumineux, à demi céleste, et la variété des plans auraient révélé l'étrangeté, les déchirures abruptes, la richesse. Mais seule l'angoisse liée à la nudité des plateaux et la mélancolie que donne l'espace désert nous auraient maintenus en haleine devant ce spectacle. »

L'Alleluiah, catéchisme de Dianus
8.5
30.

L'Alleluiah, catéchisme de Dianus (1947)

Sortie : 1947 (France). Poésie, Essai

livre de Georges Bataille

Marie_Vrgnl a mis 6/10.

Annotation :

Lecture achevée le 31 août. 13/20.

Le principal intérêt de cette œuvre, tournant autour de la conception bataillienne de l’érotisme, est sa concision.

Quelques fragments méritent toutefois d’être retenus, à la manière du suivant :
« Des amants se trouvent à la condition de se déchirer. L'un et l'autre ont soif de souffrir. Le désir doit en eux désirer l'impossible. Sinon, le désir s'assouvirait, le désir mourrait. »

Marie_Vrgnl

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