L'encre de la mélancolie

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Depuis longtemps déjà, des médecins avaient considérer le théâtre non comme un moyen d'extérioriser l'idée fixe et de la détruire dans son image concrète, mais comme un simple moyen de l'oublier. Cependant, l'on avait quelque allusion à la situation du malade de façon à le captiver. Ainsi, dans une pièce de John Ford, " The Lover's Melancholy", le médecin Corax tente de guérir un prince mélancolique en lui présentant un ballet où défilent et dansent différents types de mélancoliques.

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La comédie de la fraude pieuse n'est qu'une chimère. Mais elle est séduisante parce qu'elle donne l'espoir d'en finir en une seule fois avec la conviction délirante. Il vaut la peine, semble-t-il, de faire les plus grandes dépenses de mise en scène, si c'est en vue de provoquer le miracle d'une guérison soudaine. Pour tirer le malade de sa dépression, où rien ne semble le toucher, il faut une brusque révolution, un "coup de théâtre". La plupart du temps, malgré toute sa bonne volonté, le médecin en reste pour ses frais. La lourde machinerie qu'il met en branle ne dit rien au malade, et celui-ci est assez lucide pour reconnaître la ruse et s'en moquer. Le "Henri IV" de Pirandello ici d'illustration.

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Lors de la grande mode élisabéthaine de la mélancolie, l'une des figures les plus typiques de l'atrabilaire est apparue sous la forme du "malcontent traveller": il a parcouru l'Europe, il s'est dissipé en Italie, et iil en a ramené une humeur sombre, un exécrable athéisme, une misanthropie à tout épreuve. ( Le Jacques de "As You Like It" en est un spécimen très éloquent.)

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La mélancolie se gagne à courir le monde. Voyez les sonnets romains de Du Bellay, et toute la littérature sur la nostalgie, qui se développera à partir du XVIIè siècle. La nostalgie - variété particulière de mélancolie - se guérit le plus simplement du monde par le retour au pays natal.