L'énigme de la Sfigx

Annotation :

Phik
monstre à tête et poitrine de femme
pieds et queue de lion
ailes d'aigle

fille d'Echidna et d'Orthos (chien à deux têtes)
ou fille d'Echidna et de Typhon d'où soeur de Chimère, Hydre et Cerbère

Eschyle dit : "arpaxandran" = la ravisseuse d'hommes
Euripide : "vampire anthropophage"
Pindare : "la chienne chanteuse"
Sophocle : "la Sphinge aux chants perfides"
Euripidebis : "la chanteuse des morts au vol sinistre"

Annotation :

l'énigme

"Il est sur terre un être à une voix, ayant
Deux et quatre et trois pieds ; seul il change parmi
Ceux qui vont sur le sol, en l'air et dans la mer ;
Mais quand il marche en s'appuyant sur plusieurs pieds,
C'est alors que son corps à le moins de vigueur."

réponse
"ô chanteuse des morts au vol sinistre, écoute
Malgré toi notre voix qui met fin à tes crimes.
C'est l'homme qui petit, étant sorti du sein,
A d'abord quatre pieds lorsqu'il se traîne à terre ;
Puis vieux, comme un troisième il appui son bâton,
Quand sous le faix de l'âge, il tient courbée la nuque."

seconde énigme, parfois
"Quelles sont les deux soeurs qui s'engendrent mutuellement ?"

Oedipie, "figure emblématique de l'intelligence humaine, capable [...] de soulever le voile de l'inconnu."

Annotation :

chez les romains,

"Vainqueur de la Sphinge mais incapable de résoudre l'énigme de sa propre existence, Oedipe apparaît dans l'iconographie le visage marqué, reflétant dans le moment même de sa victoire l'horreur de sa destinée."

"Le fléau qui accable Thèbes esquisse ainsi, au-delà de la réponse générique à l'énigme, l'énigme personnelle d'Oedipe. Entre le héros monstrueux, incestueux et parricide, et le "monstre rusé", séduisant et puissant, s'instaure un subtil jeu de miroir."

Annotation :

puis,
"Ailée, [la Sphinge] est superficielle et légère ; féminine, elle est séductrice et lascive ; léonine, elle est orgueilleuse et cruelle. Frivolité, volupté et arrogance, telles sont à la Renaissance les trois causes de l'ignorance, condensées dans l'image de la Sphinge."

vs Bacon, philosophe, dans De sapientua veterum
"Le visage féminin de la Sphinge évoque la beauté de la science ; ses ailes, la rapidité de la diffusion des inventions ; sa griffe, la pénétration du savoir"

mais, toujours les énigmes, qui, non résolues "tourmentent et persécutent d'une incroyable façon l'esprit des hommes, le tiraillent en tous sens et le déchirent complètement."

"Si le savoir est un royaume à conquérir, la Sphinge incarne bien le supplice cruel du doute et de l'irrésolution."

"La Sphinge incarne le versant négatif de l'énigme : ignorance, stupidité, cruauté bestial ; le Sphinx représente son versant positif : savoir sacré, sagesse initiatique, grandeur divine."

Annotation :

la Sphinge comme "allégorie politique de l'Inquisition, qui soumet son adversaire à la question et fait payer toute mauvaise réponse par la mort du coupable".

Annotation :

Les lumières :
"La figure de l'obscurité se transforme aisément en emblème de l'obscurantisme."
et
"Oedipe devient le parangon du scientisme triomphant de l'obscurité archaïque des dieux et des croyances."

"Hegel, en soulignant parallèlement le dépassement de la symbolique égyptienne par le concept grec et la force de la réponse oedipienne, précipité simultanément le Sphinx et la Sphinge dans l'abîme de la philosophie."

Annotation :

poème La Beauté

Je suis belle, ô mortels ! comme un rêve de pierre,
Et mon sein, où chacun s'est meurtri tour à tour,
Est fait pour inspirer au poète un amour
Éternel et muet ainsi que la matière.

Je trône dans l'azur comme un sphinx incompris ;
J'unis un cœur de neige à la blancheur des cygnes ;
Je hais le mouvement qui déplace les lignes,
Et jamais je ne pleure et jamais je ne ris.

Les poètes, devant mes grandes attitudes,
Que j'ai l'air d'emprunter aux plus fiers monuments,
Consumeront leurs jours en d'austères études ;

Car j'ai, pour fasciner ces dociles amants,
De purs miroirs qui font toutes choses plus belles :
Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles !

Annotation :

puis,
"Les secrets de l'Univers laissent alors la place à l'énigme de la Nature, le Père tout-puissant à la Terre-Mère. L'Inconnu se féminise. La Sphinx [...] incarne parfaitement cette version féminine du Mystère."

Emerson, philosophe et poète, écrit un long poème The Sphinx.
La Sphinge y déplore "l'incompréhension et l'aveuglement maladifs de son fils, l'homme" qui "ne perçoit plus l'harmonie fondamentale de l'univers."

"La Sphinge se fait Protée, exprimant, au gré de ses métamorphoses, la diversité et l'identité du Grand Tout."

Annotation :

+ à la même époque, fascination vers l'androgyne, qui "illustre la nostalgie d'une unité profonde entre le spirituel et le matériel, entre l'esprit et le corps, entre Dieu et l'homme."

Joséphin Péladan, "auteur symboliste de formation ésotérique" parle d'"androgynosphinx" !

puis,
"Conséquence ironique de la sacralisation qui l'a rendue inaccessible, la déesse se métamorphose en allumeuse cruelle"
ou
"A la déesse inaccessible se substitue la prostituée"
(comme la Joconde, Isis, Cléopâtre)

Annotation :

la Belcredi

Annotation :

Renée

Annotation :

"La nature hybride du monstre ravive en effet dans l'imaginaire postromantique et décadent le lien fantasmatique entre l'Amour et le Mort, entre Eros et Thanatos."

Ingres, en 1808 : https://holythelemicchurch.files.wordpress.com/2010/10/oedipus_and_the_sphinx_ingres.jpg

du face à face au corps à corps

Moreau, en 1864 : http://en.musee-moreau.fr/sites/musee-moreau.fr/files/o_oedipe-metropolitan.jpg

Annotation :

Heine évoque "le martyr délicieux d'un jeune homme qui éveille sous ses baisers une statue de Sphinx."

car,
"La Sphinge rappelle que toute connaissance a un prix : celui de la souffrance et de la Mort."

Annotation :

1897
la Sphinge comme diabolique, satanique

Annotation :

The Sphinx : http://www.victorianweb.org/authors/wilde/sphinx.html
et
Le sphinx qui n'a pas de secret : http://www.larevuedesressources.org/le-sphinx-qui-n-a-pas-de-secret-1894,651.html

Il y dénonce le mensonge féminin, "Sphinx sans secret", et le mythe même est taxé de vacuité.

"Cliché de l'imaginaire symboliste et décadent, employé dans la fonction générique de femme féline, la Sphinge n'a plus de secret pour personne. La tentative de sacralisation du féminin échoue donc face à la misogynie des décadents."

Annotation :

réécriture du mythe