L'inaccessible
Ici, pas question de traverser l'écran, et plus la féminité devenue divine semble s'en approcher, plus elle devient inaccessible.
18 films
créée il y a environ 9 ans · modifiée il y a environ 9 ansLoulou (1929)
Die Büchse der Pandora
2 h 13 min. Sortie : 30 octobre 2019 (France). Drame, Muet
Film de Georg Wilhelm Pabst
Annotation :
Difficile de donner un aperçu à la hauteur de ce chef-d'oeuvre qui inaugure la mythologie cinématographique de la femme destructrice, n'attirant les hommes que pour s'évanouir quand ils croient la saisir. Il n'y a que le génie de Baudelaire pour condenser la multiplicité, la variété des victimes, qui permet de répéter sans jamais lasser ce scenario destructeur : "astrologues noyés dans les yeux d'une femme, la Circé tyrannique aux dangereux parfums".
Gilda (1946)
1 h 50 min. Sortie : 28 mai 1947 (France). Drame, Romance, Film noir
Film de Charles Vidor
jeanbaptistevoisin a mis 8/10.
Annotation :
En semblant se plier à l'érotisme et s'offrir, la divinité impassible ne devient que plus sculpturale.
La Dame de Shanghai (1947)
The Lady from Shanghai
1 h 27 min. Sortie : 24 décembre 1947. Film noir
Film de Orson Welles
jeanbaptistevoisin a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Le visage, le corps de Rita Hayworth envahissent l'écran, avant d'être dénoncés comme mirages.
La Griffe du passé (1947)
Out of the Past
1 h 37 min. Sortie : 30 mars 1949 (France). Film noir
Film de Jacques Tourneur
jeanbaptistevoisin a mis 9/10.
Annotation :
C'est l'imprévisibilité du coeur féminin qui établit la distance, alors même que sa présence physique, bien que désexualisée,est devenue familière.
"Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes."
Stromboli (1950)
Stromboli (Terra di Dio)
1 h 43 min. Sortie : 18 octobre 1950 (France). Drame
Film de Roberto Rossellini
jeanbaptistevoisin a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Là déjà, la féminité vue par Rossellini en Ingrid Bergman ne peut se réaliser dans l'humain et ne s'accomplit qu'en un appel à Dieu, à qui elle s'en remet pour son enfant à naître.
Pandora (1951)
Pandora and the Flying Dutchman
1 h 59 min. Sortie : 19 septembre 1951 (France). Drame, Romance, Fantastique
Film de Albert Lewin
jeanbaptistevoisin a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Enchère d'inaccessibilité entre la déesse qui brûle ceux qui tentent de l'approcher, et l'énigmatique Hollandais.
Europe 51 (1952)
Europa '51
1 h 58 min. Sortie : 15 avril 1953 (France). Drame
Film de Roberto Rossellini
jeanbaptistevoisin a mis 10/10.
Annotation :
La mort de son enfant et le remords consécutif vont conduire l'héroine à un abandon total des éléments de son identité, statut social, conjugalité, au profit d'un retrait dans une sorte de sainteté absolue dont rien ne pourra la détourner. Seule la féminité propre à Ingrid Bergman, aussi sensuelle qu'éthérée, rend crédible ce parcours.
La Comtesse aux pieds nus (1954)
The Barefoot Contessa
2 h 08 min. Sortie : 15 juin 1955 (France). Drame, Romance
Film de Joseph L. Mankiewicz
jeanbaptistevoisin a mis 10/10.
Annotation :
Apogée de la carrière d'Ava Gardner: on accède à l'intimité souffrante de la beauté sublime, privée de l'amour par sa perfection. La compassion du tiers masculin amical (Bogart) permet cette médiation entre la déesse et la femme.
Sueurs froides (1958)
Vertigo
2 h 08 min. Sortie : 12 décembre 1958 (France). Romance, Thriller, Film noir
Film de Alfred Hitchcock
jeanbaptistevoisin a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Scission en une même femme entre la face charnelle et la pureté du sentiment. Pour vivre son désir, l'héroine doit se plier au fantasme idéalisant de l'homme qu'elle aime. Un minuscule détail fait échouer ce compromis.
L'Avventura (1960)
2 h 24 min. Sortie : 14 septembre 1960 (France). Comédie dramatique, Road movie, Romance
Film de Michelangelo Antonioni
jeanbaptistevoisin a mis 10/10.
Annotation :
La beauté transparente de Monica Vitti emprunte à celle de ces déesses qui vont devenir le passé du cinéma pour exprimer la distance qui se creuse entre l'attente de sens dans le monde moderne, et l'urgence du désir masculin.
Le Mépris (1963)
1 h 43 min. Sortie : 20 décembre 1963 (France). Drame, Romance
Film de Jean-Luc Godard
jeanbaptistevoisin a mis 10/10.
Annotation :
La défaillance de l'homme, son indifférence à la présence d'un compétiteur, mue la disponibilité totale de sa femme en une intransigeance aussi inerte que les visages des divinités qui peuplent le film. Beau contrepoint proposé par une autre disponibilité féminine, celle de la secrétaire,prêtant son postérieur comme pupitre au producteur surmâle, et son oreille intelligente aux propos raffinés de Lang jouant son propre personnage.
Musique somptueuse qui donne à tout cela un goût d'éternité.
Fenêtre sur cour (1954)
Rear Window
1 h 52 min. Sortie : 1 avril 1955 (France). Thriller
Film de Alfred Hitchcock
jeanbaptistevoisin a mis 10/10.
Annotation :
Coup de génie de Hitchcock: inverser le sens de la beauté froide de Grace Kelly, en la rendant accessible à tel point que le reporter immobile dédaigne la déesse qui s'offre à lui.
Écrit sur du vent (1956)
Written on the Wind
1 h 39 min. Sortie : 9 janvier 1957 (France). Drame
Film de Douglas Sirk
jeanbaptistevoisin a mis 10/10.
Annotation :
Une déesse démocrate à l'époque de la black list, c'est à souligner. Dix ans après les premiers films de Bacall, Sirk utilise le travail du temps sur ce visage sublime et fait d'une érosion qui n'en a pas encore altéré la beauté le vecteur qui nous rend sa souffrance plus poignante que celle d'une simple mortelle.
L'Année dernière à Marienbad (1961)
1 h 34 min. Sortie : 29 septembre 1961. Drame
Film de Alain Resnais
jeanbaptistevoisin a mis 9/10.
Annotation :
Delphine Seyrig, autre figure de transition entre les antiques déesses et la féminité vue par le réalisme amoureux du cinéma moderne. Comme le décrit si bien Aurea, " le sourire d’éternité d’une femme-apparition, statue d’un parc évoluant dans des couloirs, serrée de questions et les fuyant entre deux portes, belle aux mortels comme un rêve de pierre, à la Baudelaire, mais pourtant pas marmoréenne, dans une fraîcheur qui ne serait pas de frigidité, mallarméenne."
Monsieur Hire (1989)
1 h 20 min. Sortie : 24 mai 1989 (France). Policier, Drame, Romance
Film de Patrice Leconte
jeanbaptistevoisin a mis 8/10.
Annotation :
C'est le crépuscule des déesses. Celle-ci apparaît en soutien-gorge et il a fallu décolorer Sandrine Bonnaire. On croit revoir Hitchcock (le fenêtre sur cour d'immeubles en briques, le héros suspendu à une gouttière). Mais l'inaccessible a définitivement quitté le champ du spectateur et s'est replié dans l'imaginaire d'un personnage dont le rêve ne fait qu'éveiller notre compassion sans que nous puissions le partager.
Les Désemparés (1949)
The Reckless Moment
1 h 22 min. Sortie : 17 janvier 1951 (France). Policier, Film noir, Drame
Film de Max Ophüls
jeanbaptistevoisin a mis 10/10.
Annotation :
Thème extrêmement original que celui du maître-chanteur tombé amoureux de sa proie, la distance entre l'homme de la pègre et la mère de famille bourgeoise et épanouie devient l'épaisseur tragique de l'amour impossible mais inextinguible, qui ne peut s'accomplir que dans le sacrifice.. Formidables compositions de Bennett et Mason,
Sept ans de réflexion (1955)
The Seven Year Itch
1 h 45 min. Sortie : 29 février 1956 (France). Comédie romantique
Film de Billy Wilder
jeanbaptistevoisin a mis 10/10.
Annotation :
J'aimerais presque clore cette liste sur une excellente suggestion d'Aurea.L'inaccessible du fantasme devenu réalité affolante pour l'individu-type de la classe moyenne américaine. Sur fond de Rachmaninov, Wilder étrille joyeusement le mythe.
Autant en emporte le vent (1939)
Gone with the Wind
3 h 58 min. Sortie : 20 mai 1950 (France). Drame, Historique, Romance
Film de Victor Fleming
jeanbaptistevoisin a mis 9/10.
Annotation :
Excellente suggestion d'Aurea, que j'adopte aussitôt. Certes, il faut camper quatre heures devant l'écran, mais on reçoit alors la sublime déclaration de Clark Gable, Don Juan désormais amoureux de celle qui par sa fierté, reste inaccessible : "Je vous aime Scarlett. En dépit de vous, de moi et de ce stupide monde qui s’écroule, je vous aime."