La transidentité dans les films

Annotation :

Premier film avec des personnages transgenres que je me souviens avoir vu enfant. Wasabi est un film de commande, très médiocre sur bien des points, mais que j’ai adoré, vu et revu toute mon adolescence. Néanmoins, sur le point très précis de la transidentité, l’introduction du film est au mieux problématique. Erronément qualifiées de “travelos”, sexualisées, mégenrées et ramenées à leurs attributs mâles, une représentation qui n’aide pas à s’identifier…

Le film est un excellent exemple de la confusion entre travestissement et transidentité. Les personnages s’interpellent au féminin, s’habillent de manière féminine dans toutes les scènes où on les aperçoit, les policiers s’adressent à iels au masculin en utilisant des prénoms masculins (ce que les concerné•es ne contestent pas), il est donc difficile de savoir si les personnages sont pensés comme travestis ou comme un agrégat informe (et surtout mal informé) de clichés sur les identités queer.

Annotation :

À revoir, car ça date un peu dans ma mémoire. Souvent décrié comme transphobe, ce n’est pas le sentiment que le film m’a laissé. Si le personnage de Katia est gentiment ridicule, c’est aussi un le cas de tous les autres. Sa féminité sert évidemment de ressort comique (ce qui reste problématique), mais Katia sait aussi défendre sa dignité sans être systématiquement ridiculisée. Reste l’acteur, Christian Clavier, qui laisse un goût amer tant celui-ci s’illustre depuis dans des comédies réac’ du plus mauvais goût.

Annotation :

Encore un film taxé de transphobie, à tort selon moi. Certes, reste le problème de la personnage transfemme jouée par un homme, un débat qui n’est pas si tranché pour moi, même s’il est a priori légitime de demander que les personnes concernées soient castées en priorité pour ce type de rôles.

Outre l’acteur, le fait de centrer le récit sur la dysphorie du personnage par rapport à son sexe a été reproché. Il s’agit néanmoins d’un problème que rencontrent BEAUCOUP de personnes trans dans leur parcours et il y a un réel enjeu autour de ça. Maintenant, le film cumule un peu : réalisé par un homme cis, joué par un autre homme cis, avec une histoire qui tourne autour du sexe du personnage… c’est un peu le bingo du male-gaze sur les personnes trans. Maintenant, EN SOI, si on fait abstraction des conditions de production (qui ne sont pas anodines, qu’on soit bien d’accord), le film reste néanmoins touchant, aborde une réalité qui touche les personnes trans et n’est certainement pas malveillant envers ces dernières.

Annotation :

Comme Girl, un film belge récent centré autour d’un personnage trans (ce qui a fait dire à certain•e que le cinéma belge était particulièrement dynamique en la matière… deux films les cocos, on s’calme).

Ici, pas d’obsession génitale, pas d’acteur•ice cis pour jouer un personnage trans, un récit crédible et touchant sur l’auto-acceptation et l’importance de la reconnaissance des proches. Très beau film que j’ai vu au bon moment de ma vie.

Annotation :

Vu il n’y a pas SI longtemps et pourtant un souvenir très émoussé du film en lui-même. Je garde surtout un sentiment de cringe absolu qui ne me donne pas du tout envie de le revoir. Combo habituel : réal cismec, acteur cismec, dégoulinant de clichés noyés dans des bons sentiments qui n’enlèvent rien à l’immense gêne que ce truc m’a laissé.

Annotation :

Un film avec un personnage transmasculin! Beaucoup plus rare… et il s’agit généralement de personnages enfants (un sujet de thèse intéressant, non?). Plus difficile de me reconnaître ne s’agissant pas de mon parcours, mais globalement, le film touche pas mal de traumas communs : le sentiment de décalage, l’envie de vivre et d’être perçu différemment, le fait de pouvoir jouer avec les codes (jusqu’à un certain âge), la lutte permanente pour vivre ce qu’on ressent, le fait de ne pas être pris au sérieux parce qu’enfant et de subir avec violence une assignation qui ne fait pas vraiment sens…

Annotation :

Par où commencer? Immense film, maîtrisé de bout en bout, un personnage au genre fluide traversant les époques, les dilemmes, les injonctions, dont les portes s’ouvrent ou se referment alors qu’iel passe d’un genre à l’autre.

Émouvant, intelligent, une interprétation magistrale de Tilda Swinton et cette réplique adressée aux spectateur•ices qui reste gravée dans ma mémoire : “Same person, no difference at all… just a different sex.”

Si ça ce n’est pas un Statement…

Annotation :

Un film bien intéressant que celui-ci. Vu totalement par hasard au cinéma, sans bande-annonce, synopsis, rien… et patatra! Mais… mais?! Bon. Je suis probablement la seule à avoir été surprise par le sujet, mais plus encore l’ai-je été par les qualités du scénario. Le principal protagoniste, que l’on peut facilement assimiler à une femme trans ne s’auto-identifie en réalité jamais comme tel. Jamais il ne se définit comme femme, jamais il ne demande à être genré au féminin et jamais il ne demande à ce qu’on utilise un autre prénom. Si son parcours s’apparente davantage à du travestissement, son ambition (devenir « Miss ») et l’énergie qu’il déploie à cet effet le font définitivement entrer dans le (large) spectre de la transidentité. Preuve que toute transition ne se réduit pas à un choix binaire homme/femme.

(Mention spéciale pour la référence au « tucking » que 90% de la salle n’a probablement pas captée)

Annotation :

Voilà le film que j’aurais dû voir gamine. En quelque sorte le pendant féminin de Tomboy, avec un ton moins « sérieux » et plus onirique. Les interrogations, les résistances de l’entourage, la difficulté de faire accepter ce que l’on ressent au plus profond… et des passages qui me serrent toujours le coeur tant ils sonnent vrai (les cheveux coupés…). Outre la thématique et son traitement exemplaire, c’est également un film merveilleusement réalisé, avec une belle progression dans l’image (notamment la colorimétrie) qui accompagne bien l’évolution des personnages.

Absolument recommandé…

Annotation :

Immonde purge transphobe.

Je suis globalement assez peu friande du jeu de Jim Carrey et donc peu sensible aux comédies dans lesquelles il joue, que je trouve globalement lourdingues. Toutefois, ici, outre les exubérances de l’acteur (on aime ou on n’aime pas…), le principal problème est l’antagoniste du film qui est (spoiler, spoiler!) une femme trans caractérisée de la pire des manières : elle est mauvaise, manipulatrice et une fois son terrible secret révélé (elle est trans, quoi…), tout tournera autour de son sexe. Bien entendu, le film nous fera bien comprendre qu’elle est absolument répugnante puisqu’elle provoque la nausée à absolument tous les personnages et figurants.

Belle place au panthéon de la transphobie.

Annotation :

Très beau film d’animation avec une riche galerie de personnages marginaux, dont une femme trans, jamais vraiment reconnue comme telle, parfois un peu ridicule (comme tous les personnages), mais un véritable personnage néanmoins, avec une profondeur, un véritable arc narratif, et pour lequel on ne peut au final qu’avoir de la tendresse.

Annotation :

Très beau film pakistanais sur l'acceptation de soi et la découverte de sa sexualité. Plus juste que beaucoup de productions occidentales quant à la transidentité et se paie même le luxe de montrer une chose que l'on ne voit que rarement au cinéma : le fait que coucher avec une personne trans peut parfois servir de palliatif à une homosexualité refoulée (ce qui n'est évidemment pas très respectueux de l'identité de genre des personnes concernées...).

Culture indo-pakistanaise oblige, on n'est pas dans un rejet absolu des femmes trans, donc pas de misérabilisme : juste un personnage fort, avec un travail, des ambitions, un cercle de femmes trans qui l'entourent et s'entraident, et fait face au même rejet, au même risque de déclassement, aux mêmes regards objectifiants, aux mêmes "enquêtes" pour s'assurer de sa biologie, que dans nos pays.

Un film qui aborde tellement d'aspects de la transidentité de manière très organique et sans jamais en faire des caisses. Le tout interprété par une actrice trans! Quand je dis qu'on est plus avancé que dans certains films occidentaux!

Annotation :

Très belle histoire de relation mère-fils avec un petit garçon trans (assigné fille, donc) qui tente de s’affirmer à une époque (les années 70 en Italie) où la transidentité n’est au lieux qu’un vague concept médical sans existence dans l’imaginaire collectif.

Sans avoir les mots, c’est donc la mère et son fils qui vont devoir s’affirmer, faire exister ce sentiment qu’Andrea a au plus profond de lui-même. La mère passe pour une folle, Andrea pour une (sic.) ado difficile. Plus que l’adversité, ce qui marque est l’inconditionnalité de l’amour de la mère pour son fils : elle ne comprend pas bien, elle ne se pose pas vraiment la question. Car au fond, c’est bien de cela qu’il s’agit, de cette « immensité », l’amour sans limite pour son enfant.