Lana et Lilly Wachowski

Annotation :

Avant de signer leur va-tout rétro-futuro avant-gardiste pour adolescent en quête de philosophie bon marché, les Wachowski avaient tourné ce petit thriller d’intérieurs très guindé, marqué par un goût particulièrement chichiteux (voire éhontément lubrique) pour l’iconographie du stupre croisée à celle du film noir. Le scénario est assez minuscule, mais est développé avec suffisamment de malice pour occuper sur cent minutes, et les Wachowski usent de roublardise pour teinter leur huis-clos d’un certain style : mouvements de caméra dynamiques (dont la furtivité est alimentée de bruits de vent bien démodés), science certaine des jeux de couleur (du blanc, du noir, et un dégradé exhaustif des rouges allant du carmin au sanguin pimpant), bruitages dégoulinants, érotisme gongoriste, l’exubérance est de mise. Le film, que l’on sent influencé par les gialli et par De Palma, a sa personnalité, mais sa préciosité est tout de même assez grotesque : pour croire à cette romance saphique observée par deux vicelards en rut (le rôle de Jennifer Tilly, qui a pu avoir cette idée ?), il faut beaucoup de clémence.