Le moi dans la littérature française
D'où vient cette affirmation du moi dans notre littérature ? Retour sur ses origines.
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créée il y a presque 10 ans · modifiée il y a plus de 3 ansPlaton
Philosophe
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LES ORIGINES...
Homère était effacé derrière son oeuvre. Il avait pour tâche d'écrire le mythe et de parler des dieux et des héros. On retrouve cette manière d'écrire dans la Bible, où c'est Jésus ou Dieu qui parlent au travers de narrateurs impersonnels et anonymes. Le sujet, le mortel, étaient des thèmes proscrits, impurs. Chez les grecs anciens, la perfection n'est pas terrestre.
Pourtant, Platon fait l'inverse. C'est au travers de la personnalité de son mentor, Socrate qu'il installe tout un système de pensée. Pour la première fois nous suivons l'histoire d'un personnage réel, au travers d'une interrogation du monde qui se veut toute subjective. C'est la maïeutique. Affirmant qu'en chacun de nous, une part de l'âme détient de la vérité, Platon et Socrate tendent à diviniser l'être humain, devenu le coeur de toute réflexion et de tout regard porté sur le monde. Ainsi, on peut voir les doutes, les sentiments, les interrogations, les éléments de réponses accouchés au cours de longues conversations, échanges de points de vues, d'opinions et richesse de l'âme humaine.
Ce qu'on retient chez Platon ce n'est pas que des mythes, des histoires divines ou de grandes idées, c'est avant tout l'affirmation du philosophe, de ce sage capable de penser et de réfléchir, d'apporter lui-même ses réponses et d'expliquer le monde sans rendre de compte, sans se cacher. Le moi, dès lors, n'avait plus honte de s'affirmer.
Michel de Montaigne
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Montaigne, cet auteur célèbre pour "ses essais", réflexion au sens large sur le monde et sur lui-même, Montaigne, cet auteur qui écrivait debout, un des premiers grands noms de la littérature française à oser le "je", à oser se centre sur lui-même.
Les Essais, comme il les nomme ne sont pas véritablement des essais au sens moderne du terme. En effet, si l'on y trouve bien des exposés d'idées et des argumentations, le liant de tout cette colossale entreprise littéraire c'est bien Montaigne lui-même. L'essai, dans la forme montaignienne est donc davantage une sorte de tâtonnement permanent où le "je", timidement, s'interroge face à la complexité du monde. Le sens du monde est défini dans la subjectivité qu'en fait l'auteur et les Essais sont à cet égard une sorte de pensée en mouvement, en construction, reprise plus tard par Descartes et Pascal.
René Descartes
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"Je pense donc je suis"
Avec Descartes, c'est le moi qui s'affirme, dans toute sa certitude. Pour cela, une méthode, fondée sur l'observation. Alors qu'il regarde une simple bougie de cire fondre, il constate que "cependant la même cire demeure". Le constat est là : la cire a simplement changé d'état, elle n'est plus présente sous la même forme, puisqu'elle a fondu, mais elle demeure. De la même manière, la pensée perdure, même si l'homme change. C'est donc que le "je", que le "moi", lui demeure. C'est donc que penser est consubstantielle à la conscience et donc à soi. C'est la pensée qui nous constitue et qui fait qu'on est.
Cela parait évident à énoncer de cette manière, mais c'est quelque chose de fondamental pourtant, dans l'histoire de notre pensée, puisqu'à présent c'est l'homme qui est au centre de toute pensée et constat, qu'il soit philosophique ou scientifique. Ainsi, donc, seul l'homme, peut penser le monde, puisqu'il a la capacité à formuler un concept, à l'éprouver, voire à l'imaginer. Il peut pressentir le présent, le passé et le futur et émettre un postulat. C'est séparer la conscience de la connaissance. Je peux dire avec certitude que j'existe, sans pour autant savoir pourquoi et qui je suis.
La voie de la conscience, ouverte par Descartes, c'est la mise en avant du sujet qui prime sur l'objet. La littérature s'en souviendra.
Jean-Jacques Rousseau
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Le 17ième siècle est sans nul doute le siècle du basculement de la littérature. Le moi s'affirme, les idées aussi et, des figures intellectuelles se détachent de part leur engagement et leur idéaux.
C'est probablement Rousseau qui témoigne de cette transition sans précédent, notamment lors de ses célèbres Confessions où il entend se dépeindre tel qu'il est, un homme faillible, brillant mais aussi condamnable dans son comportement et sa vie. Le voilà marchant dans les Alpes à la recherche d'un sens. L'idée, ici, c'est celle d'un moi qui s'affirme, se cherche, emporté par ses sentiments, dans la plus pure des humanités. La façade dorée et rigide des essais, des exposés s'effrite pour laisser ici transparaitre l'homme dans toute sa faillibilité. Il en résulte une sincérité et une mise en scène du moi magistral. Le sujet n'est plus l'idée, le sujet c'est le "je".
Victor Hugo
Auteur
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Homme adulé de son vivant et toujours depuis, l'homme présent sur les frontons des grands boulevards, dans toutes les villes, chef de file de la littérature française voire européenne du 19ième siècle, novateur, charismatique, lyrique, emporté, engagé et touche-à-tout.
Il n'est pas seulement un écrivain, il a véritablement porté la création française à son apogée, notamment en la conduisant dans le romantisme. Poète lyrique et exalté dans les Contemplations, pamphlétaire quand il parle de Napoléon III comme d'un Napoléon le petit, romancier hors pair dans les Misérables, homme d'idées dans le Dernier Jour d'un Condamné, homme de théâtre révolutionnaire dans Ruis Blas, Victor Hugo, partout, détonne.
Mais ce qui est le plus touchant chez cet homme, c'est vraisemblablement la sincérité de ses engagements, à tel point qu'il s'impose dans toutes les catégories de la littérature. Il suffit de plonger dans ce formidable roman qu'est Les Misérables, roman fleuve, d'une immense densité, aux personnages atemporels et allégoriques, pour se rendre compte de l'exagération d'Hugo à certains moments, si forte qu'elle en devient un peu pathétique et maladroite. Emporté par un lyrisme qui entend tout raser sur son passage, sublimer le verbe, Hugo se perd parfois dans une lourdeur pataude mais touchante. Ainsi, la scène où il décrit la bataille de Waterloo est tellement puissante qu'elle a remplacé la vraie histoire, au détriment de la vérité historique. Coup de génie, et en même temps admiration sans borne et limite naïve d'un Napoléon Bonaparte dont la figure, assurément, a hanté Hugo toute sa vie, tous deux qu'ils étaient, animés d'un sentiment de grandeur inbu. Dans sa puissance lyrique, Victor Hugo, l'homme, apparait, touchant, comme lorsqu'il évoque la mort tragique de sa fille dans un de ses plus célèbres poèmes, ou encore sa colère et sa détermination contre la peine de mort dans le Dernier Jour d'un condamné. Et puis, il innove, sans cesse, dans les Djinns, où les vers prennent une forme graphique pour évoquer leur passages, ou au théâtre, quand il fait durer ses pièces trois heures, quantité de personnages, règles de l'unité balayée en deux vers.
"Quand je vous parle de moi, je vous parle de vous". Hugo a personnifié à outrance son oeuvre, partagé sa pensée, ses obsessions, ses peines, comme personne. Même dans un roman à la troisième personne, son "je" apparait en aparté, comme s'il débordait de la page. Le romantique à l'état pur.
Émile Zola
Auteur
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A l'inverse, le pendant de Hugo de ce siècle, c'est peut-être Zola, naturaliste, réaliste, détaché du romantisme, enterré avec Hugo quelques années auparavant. Voici l'heure du roman social en quelques sortes, fondé sur une stricte observation scientifique, sur l'enquête, quasi journalistique, sur l'engagement de l'écrivain, pourtant détaché, effacé derrière ses personnages.
En effet, Zola décrit des ouvriers, des prostituées, des malheureux, des familles entières, il fonde une saga familiale les Rougon-Macquart, représentatifs de la société de son temps, de ses travers, surtout. L'écrivain laisse l'histoire se dérouler et lui, ne dit rien, ne commente pas, en apparence. Le "je" de Hugo et son ego surdimensionné, semblent avoir disparu.
Semblent, parce que dans de nombreux romans de Zola, aussi bien la Curée par exemple, l'Assomoir ou Germinal, l'écrivain, ça et là, revient, se moque, fulmine. Zola, qui se faisait le parangon du naturalisme faillissait à sa tâche. Il aimait ses personnages, les défendaient, sans cesse, contre les châtiments que le destin dans ses romans leur réservait.
Il est l'illustration qu'un auteur qui a pris tant de temps à créer et animer ses personnages ne peut pas vraiment les détester, que la neutralité en littérature n'existe jamais, que tout est subjectif. D'ailleurs Zola triche avec la réalité. Les personnages cumulent les tares les plus invraisemblables, sont tellement blâmables qu'ils en deviennent des héros presque grecs, tragiques, ballotés par les évènements.
Et puis Zola, c'est "j'accuse", ce "je" qu'il s'est refusé à montrer bien souvent dans ses romans (exception à la nouvelle La Mort d'Olivier Bécaille, que je vous conseille), l'engagement ultime d'un homme déjà vieillissant qui a profondément marqué le roman, non par son réalisme en soi mais par sa puissance narrative. Le réel est décidément la meilleure des sources d'inspiration.
Pierre Loti
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Voici un auteur contemporain de Zola, mais bien moins connu. Auteur, je devrais dire un voyageur, car c'est sa première caractéristique et qui est le fondement de son oeuvre, l'aventure, le voyage, l'exotisme. En effet, en tant qu'officier de Marine, il traversa le globe et écrivit tout au long de ses voyages, ce qu'on peut qualifier de carnets de voyages romancés.
En effet, sans tomber dans une psychologie de bas étage, le "cas" de cet écrivain est fascinant, arraché à la France, il semble, au gré de ses escales et de ses phrases, se perdre, à jouer les transfuges, à s'imaginer un officier Turc, à s'imaginer japonais lorsqu'il se marie avec une japonaise pour quelques semaines, où lorsqu'il tombe éperdument amoureux d'une fille d'un harem d'Istanbul, Aziyadé.
Ce dernier roman est le plus illustratif de son style. A la fois roman autobiographique, épistolaire, autofiction, vision fantasmagorique d'un orient fascinant, le Pierre Loti, officier français, au fil des pages, s'efface pour devenir toujours plus turc. Peu comme lui on décrit les coutumes, on fait résonner des mots turcs entre des phrases de français, avec tant de poésie. Il connait les peuples qu'il croise. Il se fond avec eux. A la fin Loti est un officier turc qui part à la guerre, le français à disparu, l'écrivain aussi. Sa fascinante capacité d'acculturation, sa tolérance impressionnante pour l'époque, très peu raciste, juste un peu condescendante ou naïve, est touchante et incroyable.
Auteur par excellence du déracinement il en résulte un jeu avec la narration, où l'on ne sait plus si Loti raconte son voyage ou se l'invente, si c'est vraiment Loti qui parle où le Loti qu'il s'imagine être. Une oeuvre fascinante, parfaite lorsque l'on voyage, que ce soit au Maroc, en Turquie ou au Japon entre autres. Tout ce qui est dit est passionnant pour connaitre l'intérieur de la culture d'un pays, un peu comme un guide de voyage, mais avec énormément de style. Le "je" est autre.
Marcel Proust
Auteur
Annotation :
Peu d'écrivains peuvent se targuer d'avoir un tel style. Proust, pourtant, c'est dans sa réflexion que se trouve son génie. Éternel nostalgique, chétif, malade, Proust replonge dans son passé, à la recherche "du temps perdu". Son entreprise maladive et obsesionnelle le poussera à rédiger une oeuvre colossale centrée autour de cette même idée, celle du souvenir. En témoigne, très tôt dans l'oeuvre ce fameux passage de la madeleine, où le narrateur - qui est en réalité Proust derrière un masque - se remémore dans un simple geste stylisé et sublimé, le souvenir de son enfance et de sa famille.
Plus encore, Proust s'invente tout un univers fantasque, à mi-chemin entre l'exagération et l'autobiographie : ainsi, le visage d'une femme le renvoie à un paysage fabuleux, les vitrines du grand hôtel de Cabourg deviennent un aquarium duquel on peut observer la haute société dans son spectacle. Proust fantasme, affabule, sublime, au point qu'il en fait une réalité plus vraie que la réalité elle-même.
Proust c'est l'introspection, c'est l'esprit d'un homme dans une oeuvre, la subjectivité pure et magnifique. La Recherche c'est le voyage sur les traces de sa propre vie.
Romain Gary / Émile Ajar
Annotation :
Comme Loti, Romain Gary a tout du transfuge. Outre la ressemblance avec Loti dans son incroyable vie, faite de succès hallucinants, une vie de roman, Romain Gary a en quelque sorte multiplié ses identités, à tel point qu'il sera le seul à gagner deux fois le Goncourt sous deux noms différents, ce qui est très fort.
Gary, plus encore que d'autres, est incroyablement touchant, un des écrivains les plus sincères, malgré sa complexe identité, qu'il m'ait été donné de lire. Enfant issu de l'immigration, il n'a cessé de s'interroger sur cette identité, et sur sa vie accomplie. Très tôt il se penche sur ce problème et finalement nous livre, alors qu'il est un homme au sommet, un portrait touchant de son enfance dans Demain des l'aube, un roman autobiographique mais surtout un homme comme on en a jamais fait à sa mère, une mère vue comme une déesse, une reine et, à côté, un pathétique Romain Gary, triste, déçu, incapable d'aimer. "A l'aube la vie vous fait une promesse qu'elle ne peut tenir."
Une phrase prophétique, sur l'amour, sur la vie. Romain Gary se suicidera quelques années plus tard. La vie n'a pas tenue la promesse qu'elle lui avait faite.
Michel Houellebecq
Annotation :
Houellebecq représente une étape intéressante dans la littérature du "je", une littérature chez lui espiègle et cynique, à la frontière permanente entre sincerité et franchise déconcertante et fausse retenue pudique. Ce goût pour l'ambiguité à conduit à toutes les polémiques que l'on connait : Houellebecq, le réactionnaire, Houellebecq l'islamophobe. Mais c'est probablement plus subtile que cela, Houellebecq se jouant de la narration avec malice. En témoigne ce moment étrange dans La Carte et le Territoire où Houellebecq se fait sujet d'un tableau décrit dans le roman et pire encore lorsque Houellebecq est assassiné et décapité sauvagement au sein même du roman, créant un sentiment de malaise, étrange et déroutant, d'un écrivain qui se décrit mort et dépressif à la troisième personne avec une acidité rare, presque cruelle.
Houellebecq n'épargne personne, pas même lui. Il oscille constamment entre réalité et fiction, sa pensée est fuyante et en même temps affirmée. Est-ce lui qui parle, qui semble vomir le monde ? Ou bien est-ce par simple style ?
Il redéfinit en tout cas les frontière du "je" et de l'écrivain car tout est mêlé, tout est flou, tout est violent et acerbe avec lui. Il se représente sans complaisance aucune, presque avec détestation, dans tous ses romans, toujours de la même manière, figeant ainsi son "je" dans un archétype.
Annie Ernaux
Annotation :
Annie Ernaux est une écrivain iconoclaste. Elle n'est pas, si je puis dire, issue du sérail. Fille d'ouvriers, elle est sorti de ce milieu pour entrer dans celui des lettres, deux milieux qui trouvent rarement des points d'achoppements. En résulte une écriture très détachée, simple, à la fois tendre et cynique sur le monde qu'elle a connu, comme le montre son roman autobiographique, La Place, qui parle de sa famille.
Ce monde, celui d'un passé houleux, elle en parle avec le détachement nécessaire, par le biais d'une écriture neutre, qui ne juge pas, qui dit. En cela, son travail littéraire est également très proche de la sociologie. En témoigne son dernier ouvrage : Regarde les lumières mon amour, un livre court portant un regard sur les gens dans les supermarchés.
Annie Ernaux, c'est donc un moi distant, une sorte de Zola de notre temps, dans une démarche naturaliste et sociale, mais avec la distance pudique et aussi terrible qu'il se doit. Le "moi" de Ernaux est au service de la société.
Emmanuel Carrère
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Emmanuel Carrère est peut-être l'aboutissement du "moi" dans la littérature française contemporaine. Son oeuvre, à cheval entre l'autofiction, l'autobiographique, l'essai, l'enquête témoigne de ses centres d'intérêts très personnels.
Il suffit d'ailleurs de se pencher sur une interview qu'il avait donné il y a quelques années où il disait que son livre préféré était Les Misérables de Victor Hugo, pour précisément les outrances, les exagérations du génie, du moi de l'écrivain.
Et, quelque part, Carrère se pose des questions similaires, mais bien plus modestement. Il est d'une sincérité touchante lorsqu'il évoque sa vie, ses enfants, sa femme, sans même en changer le nom, comme s'il voulait qu'on le croit absolument en ce qu'il dit. Quand il se trompe, il l'écrit, quand il doute aussi, c'est la pensée en mouvement, jamais vaine, toujours passionnante, fascinante et sincère, surtout.
L'aboutissement en est le Royaume, son dernier livre, enquête, essai, autobiographie, interrogation métaphysique fascinante sur le christianisme et la foi, sur soi, remontée dans le temps sur les traces de St Paul, de St Luc et des premiers chrétiens. Il se met dans la peau de ces hommes du passé, retrace leur vie, et s'interroge sur ce qu'on ignore d'eux, comme un écrivain. A la manière d'un Montaigne, d'un Descartes ou d'un Pascal, Carrère nous livre ses pensées, son rapport au monde, sa construction mentale, son évolution spirituelle, dans un ensemble fascinant et iconoclaste.
Mais loin de Carrère l'idée de s'enfermer dans une littérature égotique et auto-centrée. Avec D'autres vies que la mienne, il s'efface volontiers derrière les personnes qu'il a croisé dans la tourmente du tsunami de 2003 ou dans sa belle-famille, pour leur rendre un hommage, pour faire d'eux des héros de l'ordinaire, pris dans le drame de l'existence.
Car Carrère est aussi un journaliste. A ce titre, il s'efface, son "je" est à la fois omniprésent et absent, comme le rappelle l'Adversaire où il parle de lui tout en parlant d'un autre, en l'occurence Jean Claude Romand, meurtrier tristement célèbre. Mais depuis l'Adversaire, Carrère s'est affranchi du reportage, du documentaire, pour aller vers un style plus personnel et intime, conduisant à l'auto fiction, c'est à dire à la place du je dans un récit, à sa place au milieu des autres, que les autres soient les victimes d'un tsunami, Saint Paul ou un meurtrier.
Édouard Louis
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Avec En finir avec Eddy Bellegueule, Edouard Louis annonçait la mort du je, la rupture avec sa propre enfance, sa propre vie. Il haïssait ce qu'il avait été et poussait le "je" dans son ultime retranchement, le plus sordide, celui de l'enfance douloureuse. Pourtant jamais par la suite, il ne semble avoir quitté l'autobiographie. Ses récits, à peine romancé, se sont au fil du temps rapprochés des sciences sociales et politiques, presque de l'essai, en témoigne le dernier titre presque bourdieusien, Combats et métamorphoses d'une femme. Le "je", coeur de son oeuvre, devient l'outil de réflexions systémiques et sociologiques sur la misère, la condition humaine. La littérature ici, est mêlée intrinsèquement aux sciences sociales et à l'essai.