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3 films

créée il y a 2 jours · modifiée il y a 2 jours
Rio Lobo
6.5

Rio Lobo (1970)

1 h 54 min. Sortie : 10 mars 1971 (France). Western

Film de Howard Hawks

Azguiaro a mis 8/10.

Annotation :

Le dernier film d'Howard Hawks est aussi la seconde reprise de la configuration de 'Rio Bravo', imaginée par sa fille Barbara H. McCampbell dans l'une de ses nouvelles, après 'El Dorado'. Reprise dans la topographie, avec une ville comme décor, et une prison servant de forteresse improvisée. Mais surtout, reprise dans les types de personnages : le vieux loup chargé d'expérience, toujours incarné par John Wayne, le propriétaire terrien malfaisant, le jeune homme plein d'énergie, le vieillard actif… Ou encore la jeune femme, jouée par une Jennifer O'Neill qui se distingue d'Angie Dickinson et de Charlene Holt par son relief, son humour espiègle, nuançant la fragilité inhérente aux intérêts amoureux féminins d'alors. Mieux, ce type fini divisé en trois : Shasta est rejointe par Maria (Susana Dosamantes), et Amelita (Sherry Lansing). Les femmes sont toujours moins fortes que les hommes en apparences. C'est par leur regard que le film déplore la violence, qu'elle soit subie ou initiée légitimement. Shasta est choquée d'avoir dû tirer sur un bandit pour survivre. Maria pleure d'impuissance devant son amant qui se fait passer à tabac. Amelita, qui assumera pourtant sa vengeance, s'effondre d'avoir assassiné le shérif véreux qui l'a balafrée.
'Rio Lobo' propose d'autres ouvertures dans l'itération, dont la plus conséquente fait toute sa première partie, et s'infuse dans le reste : la guerre de Sécession. En terme d'humanité, les braqueurs sudistes sont au même niveau que le yankee McNally. Le respect mutuel est possible car aucun ne pense le conflit avec ses fondements politiques, mais avec un fatalisme pour les campements forcés. Peut-être est-ce faible pour justifier que le colonel ne garde aucune rancune envers ceux qui ont tué le jeune homme qu'il a vu grandir. Mais cela n'efface pas la question de l'honneur, car il faut par contre faire payer les traîtres de son propre camp. McNally se liera avec les fermiers sudistes pour défaire Victor French.
Dans son dernier tour de piste, Hawks rit affectueusement de la figure de John Wayne. Ce dernier, quelque peu encroûté, est décrit comme plus lourd qu'un bébé baleine par les sudistes, et comme "confortable" par Shasta. Le dentiste, qui offre la séquence la plus drôle du film, formule une raillerie à double sens quand il le pique réellement pour simuler une vraie intervention :

"– Mais vous l'avez fait réellement ?!
– Si vous étiez meilleur comédien je ne l'aurais pas fait."

La Grande Attaque du train d'or
6.8

La Grande Attaque du train d'or (1978)

The First Great Train Robbery

1 h 50 min. Sortie : 18 avril 1979 (France). Aventure, Policier

Film de Michael Crichton

Azguiaro a mis 7/10.

Annotation :

Des moments remarquables dans cette adaptation par le cinéaste de son propre roman. Edward Pierce et la femme du banquier, dans des plans de plus en plus rapprochés, se chauffant par des phrases au sous-texte salace. L'évasion de Willy "l'anguille" en parallèle des cris de joie du public de l'exécution, et l'intrusion de Pierce par le toit du train en marche, que les acteurs ont exécutées eux-mêmes. Ou encore les séquences de vols de clés, de plus en plus tendues. Montés par David Bretherton dans un rythme efficace, ils confirment le talent de Crichton pour diriger du beau divertissement. Face à l'apparente impossibilité du casse est raconté un plan méticuleux, mais qui ne peut échapper aux aléas, bénéfiques (le majordome puis le gardien de gare distraits au meilleur moment) ou au contraire funestes (la trahison de Willy, l'oubli d'un habit propre).
Le traitement de la complice Miriam, manipulée par Edward, en empathie avec la pendue et convoitée par le répugnant Fowler donne le gros du sous-texte féministe. Plus globalement, c'est toute l'Angleterre victorienne qui reçoit un portrait acide. Les femmes sont soumises aux mariages arrangés, ou à la prostitution. La perspective qu'elles aient le droit de vote passe pour une aberration aux yeux des hommes riches du film, qui affirment le pouvoir patriarcal de l'empire britannique.
Au milieu de tout ça, Edward vit pour le plaisir du vol et du mensonge. Il sait que personne n'est légitime à lui faire un procès. Le juge se gargarise de grands mots sur les lois et les valeurs morales de sa société, mais cet ordre se maintient au prix d'injustices tolérées, et d'individus sacrifiés. L'anti-héros retournera cependant l'opinion du peuple. La foule, qui acclamait une pendaison organisée par l’État, célèbre à la fin la fuite du criminel condamné.
Les plus méprisables restent ceux de l'oligarchie hypocrite, résumés par la plus merveilleuse phrase du film : "Aucun homme respectable ne peut être à ce point respectable."

Le Corsaire noir
5.3

Le Corsaire noir (1976)

Il Corsaro nero

2 h 06 min. Sortie : 20 septembre 1978 (France). Aventure, Action

Film de Sergio Sollima

Azguiaro a mis 6/10.

Annotation :

Du livre éponyme d'Emilio Salgari, son adaptation par Sollima reprend la passion de l'exotisme, et la camaraderie virile des bandits des Antilles fantasmées du 17ème siècle dont les meneurs sont des bonnes âmes, des idéalistes. Dans le film, le second point s'épuise sur la fin pour que le premier domine, et transforme tout le récit en quête spirituelle. Le milieu très masculin de la flibuste fait la part belle à l'honneur guerrier et aux combats. L'apogée sinistre est la scène de nuit d'encre où Le Corsaire Noir, devant les corps de ses deux frères, réclame une aide au Diable pour l'aider à tuer le duc Van Gould et tous ceux qui portent son nom. Émilio de Roccabruna, à la tête d'un équipage aussi vindicatif que lui, incluant Noirs et Amérindiens rescapés de massacres qui rappellent l'orientation anticoloniale de Salgari, est aveuglé par la vengeance. Il sous-estime la cruauté du Diable jusqu'au moment où il doit livrer la fille de Van Gould à la mort en mer, alors qu'il en est tombé fou amoureux.
Néanmoins, le cœur d'Émilio, qui s'est alors ouvert à la douceur, ne saura tenir sa promesse occulte. Les fantômes de ses frères passaient d'abord pour des avertissements quant à la véritable identité de son amante. Ils se révèleront en tant qu'émissaires amenant le héros à fuir la violence pour trouver la paix intérieure. Un état qui sera accessible sur la plage paradisiaque de la fin, où hommes et femmes sont en harmonie avec le monde. Il y retrouvera Honorata, avec laquelle il partira pour recommencer une nouvelle vie.
Les dialogues parfois trop explicatifs rendent certains moments un peu lourds. Point notable de mise en scène : les plans composés qui sont à la fois larges et rapprochés sur les visages des personnages, de quoi appuyer des performances des acteurs.

Azguiaro

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