Le XXe siècle - les abîmes totalitaires

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Phrase marquante :
"Dieu n'existait pas. Il a été inventé par les riches, pour que les pauvres puissent lui confier leurs misères. Seuls les lâches peuvent prier."

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Roman écrit en 1989 alors que l'auteur découvre Coyoacan, dernière demeure de L.D Trotsky, où il fut assassiné par Raymond Mercader.

Son épouse Natalia Sedova, qui le connaissait mieux que personne, écrivait 'L.D. est seul. Nous marchons dans le petit jardin de Coyoacan, et nous sommes entourés de fantômes aux fronts troués... Bien des fois ses amis le surprennent parlant seul avec les fameuses ombres aux crânes transpercés par les balles du bourreau, les amis d'hier devenus des âmes en peine, atterrés par les mensonges et les infamies, accusant L.D., le camarade Lénine... Il voit Rakovski, ce frère très cher qui avait royalement offert son énorme fortune au mouvement révolutionnaire, Il voit Smirnov, brillant et joyeux... Mouralov, général aux énormes moustaches, héros de l'armée rouge... Il voit ses enfants, Nina, Zina, Liova, ses chers Blumkine, Ioffé, Toukahatchevskin, Andreu Nin, Klement, Wolf. Tous morts.Tous. L;D. est seul.

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Témoin et critique de l'expérience concentrationnaire, Primo Levi a décrit Auschwitz comme du technicolor, alors que sa libération et son retour en 1947 à Turin, ont été vécus comme 'un noir et blanc extrêmement douloureux' ainsi que le rapporte sa biographe N. Anissimov.
'En camp, s'habituer, c'est perdre son humanité. Un certain nombre de déportés se sont posés en observateur, c'est une façon de tenir.'
Il dira aussi à Philip Roth : 'J'avais la curiosité du naturaliste, qui se retrouve transplanté dans un environnement effroyable mais nouveau. Effroyablement nouveau.'
Il se suicidera le 11 avril 1987, quelques jour après avoir dit, 'on survit à Auschwitz et on se pisse dessus.'

Claude Lanzmann de rappeler dans le Lièvre de Patagonie, "il était communément admis qu'il n'y avait pas d'images des chambres gaz, des hommes, des femmes et des enfants juifs en train d'y être asphyxiés. Le fait est que les gens y mouraient dans le noir et que jusqu'à présent, 65 ans après les faits aucune image photographique n'est apparue.

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La guerre de 14-18 et ses dessous.
Sous l'angle des sombres faits de bêtise et corruption, ce livre détricote avec moult détails, le quotidien des gradés comme des sans grades, des officiers, poilus, mobilisés ou démobilisés, qu'un implacable Etat que le remord n'atteindra jamais, cautionne.
Non content de la destruction d'une génération d'hommes, l'étau d'incompétence et faiblesses se déploiera vite après guerre, et l'auteur montre une émulsion de profiteurs s'épandre au delà de l'imaginable, dans cette fange d'irrespect et mépris déploiée pour les plus malchanceux, ceux survivants de l'enfer orchestré, dont le retour ne sera récompensé d'aucune faveur tangible.
Cette France dite reconnaissante, aveugle à ses travers, ne pourra renvoyer proprement ces pauvres types chez eux, les contrôlera interminablement sans même leur serrer la main, leur dédiera au plus un jour commémoratif, des monuments ou stèles de marbre, sur lesquels glissera son indifférence crasse.
En même temps, et c'est le coeur de ce roman, l'industrie de la magouille et crapulerie en tout genre allant du commerce de récupération, à celui plus morbide des pompes funéraires, sera ce compost post guerre, comme si rien d'autre ne pouvait sortir d'un tel conflit meurtrier...

Parmi toute cette toile de fond, une subtile focale s'attendrira sur un duo de poilus, l'un défiguré, golem pétrifié dans la dépression hostile et l'autre, genre pied nickelé coeur tendre, qui tentera de sortir sa pomme et son compère de ce marasme mortifère.

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C'est le journal de 60 années ancrées dans ce terrible siècle, un récit haletant parfois immodeste avec des allers retours survoltés, des temps de recul, de deuils, de passions où l'on croise parmis les plus fidèles, Beauvoir,Sartre...
A travers les nombreux conflits de ce siècle ahurissant, se déploient, réflexions et atermoiements aboutissant au plus grand pan de son oeuvre, la fondation de Shoah, son film majeur, issu d'un 'art plat', comme il a pu caractériser le cinéma.
Lanzmann n'a pas réalisé Shoah, écrit-il mais "pour répondre aux révisionnistes ou négationnistes. Un choeur immense de voix dans mon film - juives, polonaises, allemandes - témoigne, dans une véritable construction de la mémoire, de ce qui a été perpétré."
De savoir ainsi en termes de choix du titre du film, que le terme Shoah signifiait de façon plus ou moins précise : "catastrophe, destruction, anéantissement, déluge... "
Et que les rabbins dénommaient l'holocauste, la chose.
Pour Lanzmann qui a hésité avant de retenir ce nom, Shoah "c'est un signifiant sans signifié, un mot impénétrable, infracassable..."
Ce fut dès lors, à partir de ce film, un acte radical de nomination, puis de dénomination de l'événement dans son absolue singularité. Il est devenu un nom propre...
"Celle qui doit être enterrée dans un silence de mort..."

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Ce livre s'ouvre sur la réunion du 20 février 1933, réunissant Hitler, Goering, et les 24 sphinx de l'industrie allemande de cette époque, afin "que ces messieurs passent à la caisse" pour que le parti Nazi se rengorge pour son projet d'alors.
"Les entreprises ne meurent pas comme les hommes, ce sont des corps mystiques qui ne meurent jamais."
Les entreprises impliquées seront les très connues BASF, BAYER, Agfa, Opel, IG Farben, Siemens, Allianz, Telefunken...
Incarnées ce jour là au Reichstag, par des hommes, "prêtres du Ptah", que l'auteur précise comme "24 machines à calculer aux portes de l'enfer".

Cela précédent de 7 jours seulement, l'incendie du Reischtag, l'ouverture de Dachau, la stérilisation des malades mentaux, la nuit des longs couteaux...

Puis l'auteur détaille l'entrevue du Berghof de 1938 et l'ultimatum d'Hitler avec le chancelier d'Autriche, Schusschnigg, qui sera les prémisses de l'invasion allemande en Autriche, selon une machinerie de chat et de souris, puis très rapidement d'insatiables rapaces..

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Œuvre méconnue de Kessel, probablement parce que rééditée depuis assez peu de temps (2013) mais pour quelle raison.
Car de configuration historique, ce récit est un document qui nous happe de façon vertigineuse dans une époque sombre de 39 45 que l’on pensait largement défrichée. Le début anodin et structuré de façon classique colle à la biographie d’un certain Félix Kersten, devenant spécialiste en massage thérapeutique, presque par défaut. Celui ci
réussit au cours de cette activité étonnante, à sauver des milliers de vies, en profitant de la fragilité de l’un de ses patients, le tout-puissant Heinrich Himmler, chef de la Gestapo et bras droit de Hitler.
’En œuvrant dans l’ombre, en gagnant vie par vie, en négociant âprement des échanges ou des délais que Felix Kersten parvint à sauver près de 100 000 personnes'.

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Récit tétralogique, trans générationnel, en canon vocal, dont l’écho se répercute de la fin agonique de la seconde guerre mondiale en Allemagne jusqu’au début du 2ème millénaire aux Etats Unis.
Le fil narratif repose sur la voix d’enfant de 6 ans qui au sein d’une même famille, du petit fils à l’arrière grand-mère, semble être courroie de transmission d’une souffrance commune (dont la peau porterait la trace indélébile). De façon plus sociétale, il universalise le propos sur l’histoire meurtrière (guerres, terrorisme) qui constitue le soubassement de cette œuvre chorale, à lire absolument.